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Full text of "Le Morvand, ou essai géographique, topographique et historique sur cette contrée"

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LE MORVMD. 



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LE 

MORVAND, 

ou 

ESSAI 

GÊOGaAPHIQDE, TOPOGRAPUIQDE ET HISTORIQUE 

SUR CETTE CONTRÉE, 

PAR 

M. J.-F. BAUDIAU, 

RVrI DS DUN-LBS-PLACBS , MBMDIIK DB £A SOClttA HimXAISK J>B8 LSTT1IBI> , 
SCIBHCBS BT ARTS, DB U 80CI<T< iSDUBX?(B, BTC. 




NEVERS, 



tMPRIMERnS DE I.-H. FAT» RUE DES ARDILUBRS, lé, 

HÔTBL DB LA PBRT<. 

1854^ 



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KE.&1A 
MONACENSIS 



Pierre 



J 



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VOCABULAIRE 

DB 



DIVERS MOTS SCIENTIFIQUËS ET FÉODAUX 

CONTENUS DANS CET OUVRAGE. 



. ABBATE, monastère d'hommes oa de femmes ^de là le 
nom â*9itibé on d'abbesse qae porte celui qui le possède 5 
qui en est snpérlenr. 

Absidb ou ÂPsiDË 9 partie semi-circulaire d'une église où 
se place ordinairement l'aulel et que Ton nomme sanc- 
tuaire. 

AFFRANfiiiissEMKNT, acte par lequel un seigneur, moyen- 
nant une somme d'argent convenue et certaines redevances 
annuelles 9 relâcliait un ou plusieurs de ses sujets du lien 
de la servitude. 

Alllu , terre en alleu ou franc-alleu , c'est-à-dire bien 
qui ne relevait d'aucun seigneur et mouvait directement de 
la couronne, d'oii terres allodiales ou indépendantes. 

Amortissement, renonciation que faisait un seigneur 
féodal des droits de fief et de mutation sur une pièce de 
terre on antre objet relevant de lui C'est ce qui constituait 
un bien de main-morte tels qu'étaient la plupart de ceux 
des anciens monastères. 

Arbalète , arc d'acier» monté sur un affût et qui se ban- 



A 




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iJ VOGA CJLAIRE. 

liait avec un ressort , pour lancer des balles et des traits , 
de là arbalétrier^ soldat armé d'une arbalète. 

Arcade» ouverture formée par un cintre reposant sur 
des pieds droits ou sur des colonnes. 

Arc-dolbleau , cintre en saillie, à Tinlrados d'une 
voûiOy et partant d'un pUier powr aller reposer sur. un autre 
placé vIs-à-vis. 

Ahchéoi-ogii; , science de l'antiquité et des monuments ; 
d'où archéologue , homme versé dans cette science. 

AncHByÉGHÉy siège épisoopal duquel relèvent plusieurs 

autres , que l'on appelle suflraganls. 

ARCuiDiACOMÉ, partie d'un diocèse soumise à un archi- 
diacre , qui est le premier dignitaire ecclésiastique après 
révèque. 

ARCHiPRÊTRÊy district ou étendue de la juridiction d'un 
archiprêtre. H comprenait ordinairement vingt -cinq 
paroisses. (Sette dignité conférait le droit de visite de» 
églises, presbytères..... et n'était pas attaché à un lieu ^ 

mais se confiait au prêtre le plus digue de la circouscription. 

Argent» champ d'argent, c'est-à-dire couleur blanche 
dans les armoiries. 

Argilk> terre grasse» molle et ductile. 

Argilo-siucecx, c'est-à-dire composé d'argBe et de 
silice. 

Armagnacs» faction du quinzième siècle qui avait pxi» 
ee nom de Hugnca» comte d'ArBiagnac » soa chet 

Armes et armoiries , marques de noblesse accordées par 

les souverains. £lles commencèrent aux croisades. 

ARFBirr » ancienne mesure de surface valimt cent penAe» 
de dix-hnit pf eds et donnant environ un demi-hectare. 

ÂRQUERUSE» ancienne arme à feu dans ie genre du fusil, 
mais pitis grosse. 



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% 

VOCABULAIRE, Uj 

AEQiffiBUMBilj solclat armé d'uae arquebuse; membre 
û*mB compafl^ie de jeu d'arquebuse, éomi le but était de 
s'exercer au tir dansuD blanc. 

Abrière-ban» iornàé de kèréban, expression tudesque, 
c'est-àHlire cooTOcatlon de la noblesse au teinps de la 
féodalité : seigneurs d'arrière-fiefs, ou de terres mouvantes 
d'autres terres plus considérables. 

AuMAiLLËS^ bêtes à cornes ou gros bétail. 

ÂzuR 9 l'émail bleu dans les armoiries II se marque , 
dans les gravures y par des raies horizontales sur l'écu. 



Hagheubr , jeune chevalier tàisant l'apprentissage du 

métier des armes* 

Badig^n, couleur blanche , Jaune ou grise, appliquée 
sur un mur ou sur un pilier. 

Baj£, ouverture pratiquée dans un mur ; fenèlre. 

Bauji, ancien Juge seigneuriaL On appelait bailli 
d'épée celui au nom duquel se rendait la Justice dans un 

bailliage royal, et qui marchait, à la guerre, à la tête de 
i' arrière-ban. 

Ban de la noblesse, seigneurs dont les fiels relevaient 
^eotement du roi ; leur convocation pour la guerre. 

BANALiifc, droit qu'avait un seigneur de forcer ses sujets 
à cuire leur pain daus son four, et à moudre leurs grains 
dans son moidbsi; de là four banal, moulin banaL....^ 

Bande , pièce de blason passant par-dessus l'écu , d'un 
angle «i l'autre ou obliquement. 

Bannbrbt, formé de bannière ; cehii qui avait droit de 
bannière à la guerre et marchait à la tète de ses vassaux» 



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if VOCABULAIRE. 

Baniw, droit qo'avalt an seigneur de vendre le vfii de 

son cru , à l'exclusion de tous les sujets de sa terre , dans 
un lemps marqué par la coutume. 

Barbacanb 9 onverture loDgae et étroite dans les forli- 
ficatibns fioor tirer sur rennemf. 

Baron, titre de Dobiesse, d'un degré au-dessus de 
celui de simple gentiibonune. 

Bakonnie, terre ou seigneurie de baron. Anciennement 
elle devait comprendre deux ou trois cliâteileniesy une 
place forte , une abbaye ou un chapitre. 

Base, piédestal d'une colonne; partie lisse comprise 
entre la plintbe et la corniche d'un piédestal, 

Bas-keliep, ouvrage de sculpture, dont le sujet est en 

partie engagé dans le bloc. 

Battoir, autrefois foulon > huilerie. ' 

Beffroi , tour où l'on fait le guet ; charpente qui porte 
une cloche. 

Bexxe-uain, somme principale du prix d'une vente. 

BÉisÉDiciuss, religieux qui suivent la règle de saint 
Benoit 

BÊNÉncB, titre et revenu ecclésiastique » d'où bénéficier 

ou possesseur d'un bénéfice. 

B£tomi£> genre de plantes , de la famille des labiées. 

BiGBET, contenance de quatre mesures anciennes de 

viugt-deux livres. Elle n'était pas la même partout. 

Bisse , serpent» couleuvrcr 

Blairje , ancien droit seigneurial sur les pâturages. 

Blanc, ancienne monnaie de la valeur de deux centimes, 
ou environ deux liards. 

Blason, pièces et meubles qui entrent daus l'écu; 
science des armoiries. 



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TOCABOfJUlB. T 

1$LENDB, mille OU sulfure de zinc. 

Bois de uodlr, bois façonné en bûches de trois pieds i 
et demL 

Bois gris , en terme de flottage , le cbéne et le charme. 
Bois-MORï t c'est-à-dire bois sec dans les forêts. 
Boif BAEiMB 9 madriDe pour lancer des pierres. 

BoRDELAGE , ancien droit seigneurial sur une terre. Il se 
payait partie en argent et partie en nature. En cas de 
partage de Timmeuble, les deux tiers appartenaient au 
colon et l'autre tiers au seigneur. 

Bourg , autrefois gros village fortiûé , ou à marchés. 

B0URGEOI8K9 état de Thomme libre; de là bourgeois, 
c'esl-à-dhre qui a été affranchi de la s^tude. 

Bourguignon, habitant de la Bourgogne; faction du 
quinzième siècle » à la tête de laquelle se trouvait le duc 
de Bourgogne. 

Btsantin, style architectural, originaire de Bysance ou 
Constantinople. C'est le style roman enrichi sur la terre 
d'Orient, oii il avait été transporté par le grand Constantin. 

c 

Calcaire, pierre qui, soumise à Faction du feu, se 
change en chaux. 

Calendes , premier Jour de chaque moto dans la chrono- 
logie romaine. On comptait à reculons; ahisl le 1*' février 
était le jour des calendes ; le 81 janvier était le 2 des 
calendes de février , le 30 était le a , etc. 

Calvin , chef de secte au seizième siècle, de là calvi- 
nisme, et calvtaiiste ou sectateur de Calvin. 

Cannelure, cavité longitudûiale taillée sur le fût d'une 
colonne ou d'un pilastre. 



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fj VOGAJsliLAlRE. 

Capucins, religieux, ainsi nomnéB à oaiise de leur 

- capuce pointu. Ils furent iustilués à Pise, en 1525, par 
Mathieu Bassius , Cordelier observantin. 

€biw» droit sei^etcial sur les héritages teins e» frto- 
clilse ou w roture ; il se payait en argent 

Chamb£Uam» ofiicief de la chambre d'un roi, d'jun prince. 

CHANOSLLBinB, sorte 4e tribunal oh Ton sortait les 

lettres et chartes avec le sceau de l'État. 

Ghapixeac^ couronnement d'une colonne, ordinai- 
rement sculpté. 

Chapitre, corps religieux dans une cathédrale ou une 
église collégiale > d'où chanoine et chanoinesse. 

Chargé» en tefme de blason, on dit d'une pièce, sur 
laquelle il y en a d'autres, qu'elle est ciiargée de.... 

Chartreuse 9 couvent de religieux de l'ordre fondé par 
saint Bruno , en iOBk , au pied d'une montagne de ce nom^> 
située en Dauphiaé ; de là Chartren et Chartreuses. 

Châtelain, seigneur d'une terre érigée en châtellenie; 
celui qui cotiimandait dans un château ; juge qui rendait 
la Justice au nom d'un seigneur châtelain. 

Chatellenik , seigneurie qui avait droit de haute , 
moyenne et basse justice et de marchés ; étendue de la ^ 
Juridiction d'un seigneur châtelain. 

Chef , pièce honorable qui occupe la partie supérieure 
de l'éQu, et qui a pour hauteur le tiers de l'écusson. 

Cheyaierie, sorte d'honneur militaire du premier degré 
dans l'antiquité ; le corps des cbevaUerà e^x-mêmé^. 

Chevaliers de Malte» ordre religieux et militaire» 
fondé en ilO&, sous le nom de Btères hospitaliers» pour 

le soin et la défense des pèlerins de la Terre-Sainte. ïls 
portèrent plus tard le litre de chevaliers de Saint-Jean- 
de-Jérusaiem» et enfin celui de Malte. 



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VOGAfiUUIKK. VQ 

Çnopm, partie d'pne égpia. qai se trouve derrière le 
maltre-auteL 

GiNTSB», ouverture eu demi-cercle. 

Glbp, la dernière i^erre qui ftme une vodte; (^ace 

forte sur les confins d'un état ou d'upe province ; clefs en 
pal, ou adossées et perpendiculaires daus Técu^ teruie de 
blasou. 

< 

Clochston , petite p} ramlde aux ^gles d'un édifice 

ou sur les coutre-lorts. 

GorxATAïAiiXy bas-côtés d'une nef d'église. 

Collation , droit de nommer à uu béiiéfiçe ecclésias- 
tique. 

Cou£eiAUK> cbiQiitre de cbanoiues sans siège épiscopal. 

CôMMENDE , droit donné à un ecclésiastique séculier de 
posséder un bénéfice régulier et de disposer de ses fruits 
pendant sa vie, de là abbé , prieur commendataire. 

€oMTE, autrefois sel^einr de la cour; titre de tioblesse 

au-dessus de celui de baron , d'où coiiUé ou terre ayant 
un comte pour ppssesseur. Ëiie devait renfermer cinq 
clochers. Ce titre ne se donnait andennenient qu'aux sei- 
gneuries avec villes fortes. - 

CownRMATiON , acte par lequel on reconnaissait et 
assurait la possession d'une cliose précédemment donnée. 

GoNTRE-FORT, piller saillant d'un mur pour l'appuyer 
ou soutenir la poussée d'une voûte. 

G0PSIER9 c'est-à-dire sonner, d'où messe copetée. 

GoRDELTEBS, religieux observjsntins , dont l'ordre fut 
fondé par saint François d'Assise , en 1209. Ils ont été 
ainsi nommés en France à cause d'une corde qui leur 
servait de ceinture. 

GORVÉE , travail gratuit dû à un seign^r |>ar ses sujets , 
d'où corvéables ou soumis k la corvée. 



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Viij VOCàBULAlAE. 

G0BBUAI6B9 de cwrrm, courir; ancien droit seigneurial 

dû sur les grands chemins. 

CouLEVRiNE ou CouLEUYRiN£> plèce d'arUUerie plus 
longue que les canons ordinaires. 

CoiR DES AIDES, tribunal qui jugeait les affaires con- 
cernant les impdts indirects. 

Coupole, partie concate d'un dôme. 

Cousu, en terme de blason, clief de métal sur un champ 
de métal, ou de couleur sur un champ de même; de là 
cousu de gueules 9 d'or..., 

CouTi ME , livre qui contenait les usages d'une province 
devenus des lois ; ces lois elles-mêmes ; impôt féodaL 

Croisades, guerres contre les infidèles aux douildnie et 
treizième siècles, d'oli croisés. 14'engage ment consistait en 

une croix d'étoffe que 1 on s'attachait sur l'épaule. C'est de * 
là, sans, doute, que vient l'usage des épaulettes. 

Croisée > partie du plan d'une ^llse qui repi^ésente les. 
branches de la croix. * 

Crypte, souterrain ou tomheau voûté dans une église^ 



D 

Dame, femme qui possédait un fieL 

DÂM0ISE4U , jeune gentilhomme qui n'avait pas encore 
^té armé chevalier. 

Dénombrement , reconnaissance éciîie et détaillée des 

choses tenues eu fief que donnait un vassal à son suzerain.. 

Deztrb, ou côté droit 

Dîmes , portion des fruits de la terre due au clergé ou • 
aux seigneurs. 



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VOCABULAlHfi. IX 

Donjon, partie la plus forte et la plus élevée d'un 
château, ordinairement en forme de tour carrée. 

« 

OouAiRB^ poTtioii des biens du mari dont la veuve 
pouvait disposer, en propriété ou en usufruit, après la 

mort de son époux. De là douairière. 

Di;c» titre de noblesse le plus élevé après celui de 
prince. 

Ddcu£, terre à laquelle est attaclié le titre de di|c. 



Ë 

ÉCAikTELfi, c'est-à'-dire divisé en quatre parties égales; 

se dit de Fécussou dans les armoiries. 

tcasm, ancien nom des maires et adjoints des com- 
> munes. 

ÉcHOiTE OU ÉCHOi ETTE , succcssion d'uu scrf ou homme 
maiu-mortable, qui échéait au seigneur. 

Éct, espèce de bouclier que portaient autrefois les 

cav«iliers ; figure de bouclier sur laquelle se peignent les 
armoiries ; ancienne monnaie , ainsi nommée de la forme 
d'un écu d'armoirie qu'elle portait; de làécu d'argent, 
écn d'or. 

ÉcuYEB, gentilhomme qui accompagnait un chevalier 
et portait son écu ; titre que l'on donnait autrefois 2m 
jeunes seigneurs de qualité jusqu'à ce qu'ils eussent été 
armés cbevallers. 

ÉcussoN , écu sur lequel sont pçintes les armes d'une 
personne ou d'une famille. 

ÉGANMULONNAGB , actiou de marqiler une mesure de 

quantité ou de longueur avec les armes d'un seigneur^ 

^.USE-MÈRE, paroisse dont unq autre dépendaitt. 



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X VOCABULAIRE. 

ÈLBcaofUy Borte de trUNmal pour la répartiikm ées 

impôts et pour juger les différends qui y avaient rapport , 

d'où élu ou officier d'une élection. L'élu prenait ordii^i- 
remeul le titre de coBseUler du roL 

ÉMAIL , couleur des iDéianx en fait de blason. 

Èmm, aneieune mesure. 

Engins ^ rets , filets ; machines de guerre. 

Entablement, assemblage de moulures qui couronnent 
un bâtiment on un ordre d'architecture. Il se compose de 
rarchitrave, de la frise et de la corniche. 

Kntre-coloknement, espace vide entre deux colonnes 
ou piliers. 

ÉPAVES, cboseségarto, «pd appartenaient an teigiear 

du lieu où elles étaient trouvées. 

ÉPOQUE, point fixe dans Thistoire , d'où l'on commence 
à compter les années. 

ÉPOQUE GALLO-ROMAINE , temps qui s'est écoulé depuis 
la conquête de la Gaule par les Uomains, en Tan 52 avant 
Jésus-Christ, jusqu'à l'mvasion des Francs» en aao de 
notre ère. 

ÉTALAGE, droit dû au seigneur sur les marchandises 
exposées en vente dans une lolre. 

ÉTYMOLOGiE, soqrco et origine d'un mot. 

Exempt, oi&cier de police; brigadier de gendarmerie 
d'autrefois. ^ 

Ex-voto , offrande promise par vœu. 

* 

F 

Fasce, pièce d'armoirie traversant Técu horixoutalement 
et séparant le chef de la pomte. 



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VOGABULAIM. Xj 

Fauuoirg, partie d'une ville située eu deliors des for- 
UficatioBs et des portes. 

FfiB^ Vierge gauloise adonnée à la divination. 

Féodalité , le moyen-âge , époque de la puissance des 
seigneurs; la foi l'bommage dus aux seigneurs de ilefs. 

FfiÔDALCMBNT, en veHu du droit de Ûet 

¥iEF, domaine noi)le. 

Fief lige, fief pour lequel le possesseur était tenu à des 

devoirs très-étroits envers le seigneur féodal ou suzerain. 

Fief servant, fief pour lequel il est dû au seigneur 
féodal fol et hommage. 

Fief simple, c'est-à-dire possédé sans droit de justice 
ni d'honneur féodaL 

Filiation 9 se dit d'une abbaye fondée par une autre, 

dont elle est comme la fille. 

Fisc, trésor public, de là procureur fiscal, ou chargé 
de veiller à Ig conservation des droits d'un seigneur haut- 
justicier. 

FLEGMAâ]£9.ou maladie inllammatoîre. 

Fleur-de-us, figure de trois feuilles de lis liées 
ensemble ; celle du miHeu est droite et les disux autres 
sont recourbées en dehors. 

Flottage, action de transporter du lM>is par «an.* 

Flotte, réunion de navires qui ont la même destination, 
soit pour la guerre, soit pour le commerce. 

Foi et hommage, reconnaissance de fief et serment de 
fidélité envers un seigneur suzerain. 

FomuRAGE » droit dû au seigneur pour àjss ioîres. 

Fol ou Fou , tN)ii 4e Miré , que le peuple appelle 
foyard. - ». 

Foi^iN, qui demeure hors de^'eadroit. 



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xij VOCABULAIRE. 

F0RGLU8101I9 exdmioD des femelles par les mâles , au 

même degré , dans les successions collatérales. 

FoRESTAGE, droU payé au seigoear pour passer daus 
une forêt 

FOR-MARiAGË, mariage d'une personne serve en dehors 
de l'étendue d'une seigneurie dont elle dépendait ; droit 
dû au seigneur pour ce fait 

FORT-NiVERNOis , ancienne monnaie ayant cours dans 
cette province. .On pense qu'elle avait pris ce nom de la 
figure d'une forteresse qu'elle portait 

FRANC -ARCHER , soklat d'uno certaine milice sous 

Charles VII ; sorte de gendarme. 

F0VBCHE8, signe patibulaire auquel étaient attacbés les 
criminels. 

FRAPiCHiSE^ exemption de charges seigneuriales. 

FltONDB^ parti guerrier opposé au cardinal Maiarin 
pendant la minorité de Louis XIY. 

Fronton , ornement triangulaire au-dessus d'une porte , 
d'une fenêtre. 

Frustre^ usé par le frottement ; grossier. 

Fut, partie de la colonne entre la base et le chapiteau. 

Futaie , bois âgé de plus de quarante ans ; haute fiitale » 

qui eo compte plus de cent 



G 

Gabelle , impôt sur le sel. 

GàSÈm, mine de plomb eombÉtée avec le sonfke. 

Galërie, sorte de tribune, avec une balustrade continue, 
sous les voûtes d'une église* • ; 



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VOCABULAIRE. xHJ 

Galioie, long bateau couvert dont on se sert pour 
voyager sur un fleuve. 

Gallique^ qui appartient aux Gaulois. 

Gallo-romain, qui concerne les Gaulois et les Romainsi 

. Garde-bois , aujourd'hui garde forestier. 

* 

Gards-Garoieniîe, ancien droit de protectorat d'un 
seigneur sur un monastère fondé par sa femille ou se 
trouvant dans ses terres. 

Gard£-sc£l« officier proposé à la garde du sceau d'un 
seigneur. ^ ' 

Gabdk-notîlk , droit de jouir des biens d'un mineur 
noble , jusqu'à vingt ans pour les garçons et à quinze ans 
pour les II lies, à condition de le nourrir y entretenir et 
payer ses dettes. 

Gakde-]\û1£ , ancien titre des notaires. 

Gêeiérauté, étendue de \^ juridiction du bureau d'un 
trésorier général 

Gélime^ du latin gallina, poule. 

ÔBNmHOMiiB» c'est^i-dire issu de noble race. 

Glèbe, héritage , fonds de terre. 

GoimQUB, architecture ogivale des treizième ^ qua- 
torzième et quinzième slèdes. 

Gr£N£TI£R, officier préposé à un grenier à sel. 

Gros, ancienne monnaie valant six Ifards ou sept cen- 
times et demi. 

Gbuerie 9 sorie de tribunal pour juger les délits commis 
dans les forêts , de là gruyer ou juge en cette partie. 

GuET-ET-GARDE , droit qu'avaient les seigneurs hauts- 
justiciers de faire garder leurs châteaux, en temps de 
troubles, par leurs sujets. 

Gm^LEs , couleur rouge dans les armoiries. £Ue se 



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xiv VUCABULAIRIS, 

marque , dans les gravuies « par des trUts fierpendktiilaires 

sur l'écu. 

GiiCHfiT^ petite porte daus les fortilicatioos d'une ville» 
à Vusage des gens de pied. 

Guidon, oûicier qui portait le drapeau d'une compagnie 
de militaires. 

H 

HAUSau , réunion d'habitations où ii n'y a pas d'église. 

BAeT-ni-ciiAvssBS» bêtement d'homme allant de là 

ceinture aux genoux ; culotte. 

H^mcTçuB 9 demi-cerde. 

HÊMiNE , ancienne mesure valant un demi-setiet ou une 
demi-cbopine. 

HBBMiNEy en terme de blason » champ .d*bermfaies ou 

champ d'argent moucheté de noir. 

Hbrsë» espèce de grille, à grosses pointes de fer» placée 
Jadis entre la porte d'un château ou d'une ville forte « et le 
pont-levis. 

Uëxagomë» figure à six pans. 

Hiéroglyphe y caractère symbolique et mystérieux. 

Hoir « héritier. Hoir de son corps ou iiéritier direct. 

HouiAGB^ devoir dû à un seigneur féodal par son vassa 
à cause de son fief. 

Homme» vassal d'un seigneur. 

Homme ubrb, celui qui a été affiranchl de la servitude. 

Homme uge» vassal lié par les devoirs les plus stricts 
à la personne de son suzeratai» et tenu de le suivre k la 
guerre » de le défendre envers et contre tous. 

Homme vivant e^ Homme mourant » celui qui était élu 



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V0CABDLA11IB. XV 

par uDe coiuinunauté religieuse pour la représenter dans 
la poMe88k>n d'un fief, et sur la tâte cbiqael portaient les 
devoirs seigneorianx ùts poar cette terre» 

Hydraté , c'est-à-dire combiné avec Feau. 

I 

Ides , le quinzième jour de mars, mai, juillet et octobre, 
et le treizième des autres mois. 

Indire, droit qu'avaient les seigneurs hauts-justiciers 
de Bourgogne de faire payer doubles les redevances dues 
par leiirs sujets dans les quatre cas suivants, savoir : l*" à 
leur promotion à Tordre de la cbevalerie; 2^ pour un 
voyage d'outre-mer; pour leur rançon lorsqu'ils étaient 
faits prisonniers ; 4" pour le mariage d'une de leurs filles. 

iNTERSBCTioif , polut d'uD édifice où deux axes se 
coupent , se croisent 

Intrus , celui qui s'est mis en possession d'une charge 
ou dignité ecclésiastique sans mission légitime. 

Invbsuturb, mise en possession d'un bénéfice ecclé- 
siastique ou d'un fief. 

j 

Jlrabl£, chose pour laquelle ou devait le serment de 
fidélité. 

Justice, exercice du pouvoir de faire droit à chacun. 
Sous le régime féodal , la justice se divisait en haute , 
moyenne et basse. La haute était le droit qu'avait un 
seigneur de connaître des cas et crimes punisstUes de 
mort, de la mutilaHon des membm et autres petaet 
corporeileSi La moyenne conslstail^ selon les expresBlons 



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XVj VOCAIIULAiftE. 

do lempsy à bailler el déoeroer tatenrs, faire malD-^mlaes^ 

empêchements, sceller hais et coffres ^ fàire* inventaire , 
subhastations , interpositions de décrets et émancipations. 
I.a basse justice connaissait des prises de l)êtes et de 
délinquants en flagrant délits et des causes des siyets» 
soit an civil, soit au criminel, jusqu'à soixante sous 
tournois d'amende. 

L 

Lamiiel, terme de blason, espèce de brisure formée 
d'un filet ordinairement à trois panneaux et posé horizon* 
talement en chef. 

Lampassé, autre terme de blason : Lion lampassc de 
gueules, c'est-à-dire représenté avec la langue qui sort, 
lorsqu'elle est d'un autre émail que le corps. 

Lkldks . seigneurs francs sous Clovis et ses successeurs. 

Liesse, joie, galté. 

Ligue, confédération qui se fit en France, au seizième 
siècle, pQur exclure Henri IV du trône. 

Lue, du latin Utare, ofiHr; assemblée ou foire du 
premier mercredi de mai , au Beuvray. On voit par là que 

son origine est toute païenne , et qu'elle est un souvenir 
des sacrifices qui s offraient autrefois, à pareil jour, au 
sommet de la montagne. 

LODS ET VENTES , droit de mutation dû au seigneur par 

l'acquéreur d'un héritage situé dans l'étendue de la censive 
on de la seigneurie. 

M 

MACHICOULIS, ouverture pratiquée dans la sailUe des 

galeries des anciennes fortifications pour défendre le pied 
du mur, en jetant de grosses pierres sur les assiégeants» 



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T0GABULA1RB. XVi] 

Mâçonmé> se dit> dans le blason, des l)âUmeiil$> loi'sque 
les ligues qui marqueoi les joints des pierres^ sont d'an 
émail différent 

Maille^ ancienne momiaie de compte qui valait la 
moitié dn denier tournoie 

Main-morte, état des gens de condition serviie, lesquels 
ne pouvaient posséder de ûeis, et dont les biens passaient 
an seigneur s^Us mouraient sans Jiéritiers directs » ou, 
comme Ton disait alors» nés de leur corps ; de Ih, hommes 
main-mortables et biens de main-morte» c'est-à-dire biens 
qui n'étaient pas sujets à mutation. 

AlAisoN-FoaTE > habitation seigneuriale avec tours, 
fossés» ponts-levis.... ; château. 

Maisonnbr, bâtir une maison. 

Maison- Dieu , ancien hôpital 

MALADiftRB» contraction de mâladrerie» ou hôpital de 
lépreux. 

Malte, ordre de Malte; religieux militaires, d'abord 
nommés hospitaliers ou chevaliers de Saint-Jean-de-Jéru- 
salem « ensuite chevaliers de Rhodes» et enfin chevaliers 
de Malte. 

Manant» du latin ihanere, habitant de la campagne» 
d'un village. 

Manoir» du latin mansio; habitation, château. 

Mansb» ancienne mesure de surface valant environ un 
journal de terre. 

Marc» poids de huit onces» ou d'une demi-livre. 

Makéchal-de-camp, grade militaire équivalant à celui 

de général de brigade. 

Maréchaussée» ancien nom de la gendarmerie. 
Marquis» titre de noMesse. entre le comte et le duc. 



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iviij VOCABULAIRË. 

Il fallait être seigneur de cinq clochers an moins pour 
' obtenir ce titre et faire ériger une terre en marquisat. 

MÉDAiiif, ancienne monnaie romaine. 

Metx, du latin mansio, demeure, habitation, métairie. 

M£N£Aiix» traverses perpendiculaires ou horizontales 
qui séparent une fenêtre en plusieurs compartiments^ 

Ménétuier, autrefois joueur d'iustrunionts militaires. 

Mense» revenu d'un abbé ou des religieux d'un monas- 
tère. 

Mëjnlise, terme de flottage, petit bois. 

MesseriEj du latin mesm, ancien droit dû au seigneur 
pour la garde des récoltes^ d'où messier ^ ou officier chargé 
de cette surveillance. 

AlESSiRE» titre d'honneur revenant à celui de monsieur. 

Meurtrière, ouverture dans les murs de fortifications 

par laquelle on peut tirer à couv ert sur les assiégeants. 

ftliNAGE, ancien droit seigneurial pour la vente et le 
mesurage des grains à la halle» 

Mim: et MiNLE, ancienne mesure, particulièrement pour 
le sel. 

MmniES, religieux franciscains, dont Tordre fut fondé 
par saint François de Paule, en \h^h, 

iViiNOT, mesure qui contenait la moitié de la mine. 

Monastère , maison de religieux ou de religieuses. 

MoNOUTUË, coiouue ou autre objet d'une seule pierre. 

Mort-bois 9 espèce de bois qui ne peut servir ni au 
flottage, ni à la construction^ tel qué le saule, le genêt.. 

Mosaïque., ouvrage de rapport qui, au moyen de 
petites pierres de diverses couleurs, représente des 
figures , même des tableaux. 

MoutË , nom donné au bois façonné pour le flottage. 



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VOCABULAIRE. Xi\ 

BioinriEK^ contraction du l^Xtamanasterium, monastère^ 
église. 

Mouvance , dépendaace d'uu lief à regard d'un autre ^ 
de là mouvant et mouvoir. 

Moten-age;, temps depuis Constantin jusqu'à la renais- 
sance des lelti es. 

Mm>9 ancienne mesure comprenant plusieurs IHciiets. 

- N 

Nabthex» porche 9 on lieu couvert à rentrée d'une' 

église. 

Nep« partie d'une église comprise entre le portail et le 
chceun Ce mot vient du latin navis» 

Nervures, parties saillantes sous la voûte d'une église; 
elles forment des côtes sur les arêtes. 

NniBE , auréole ou cercle de lumière que les peintres 

placent autour de la tête du christ ou des saints. 

NiQVET^ ancienne et petite monnaie valant un demi" 
liant 

0 

OBIT5 du latin abitus, mort; service funèbre fondé pour 
le repos de l'âme d'un défunt 

Ogive > arcade curviligne, terminée en pointe^ imitant 
le haut d'une mitre ; de là style ogival. 

OuGJUiTE , se dit d'une mine de fer peu abondante. 

OngqdbS) vieux mot qui signifie jamais» 

Or , couleur jaune dans le blason. Elle se inarque, dans 
les gravures^ par un semé de petits points noirs. 



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XX VOGABbLAlRE. 

Ordre ^ coiupagnie de religieux vivant sous la même 
règle. 

Ordre» collier, rubaii ou autre marque d'un ordre de 
ehevalerie. Chevalier de Tordre du roi, ou du Saint- 
Esprit; chevalier des ordres, c'est-à-dire de Saint-Michel 
et du Saint-Esprit. 

OuGHE, enclos privilégié et mieux cultivé auprès de» 

habitations du Morvand. 

OvolDE , qui a la forme d'un œuf. 

p 

Pal , en terme de blason , pieu perpendiculaire , ordi* 

nairement aiguisé par un hout et qui partage l'écu dans le 
sens de la longueur. 

PAi£FROi , cheval de dame , de parade. 

Parallélogramme, iigure dont les côtés opposés sont 
égaux et parallèles. 

Parti , se dit , en terme de blason , d'un écu divisé 

en deux également par un perpendiculaire ; ainsi , parti 
d'azur.... 

PATRONAGE, droit de nommer à un bénéfice ecdéidas- 
tiquc , comme cure, chapelle, canonicat..; de là patron,. 

ou celui qui exerçait ce droiL . 

PB17LVEN, monument druidique formé d'une grande 
pierre debout et isolée. 

Pied, ancienne mesure de douze pouces, chacun de 
douze lignes* 

PiÉDESTAï, , première partie d'un ordre d'architecture 
sur laquelle repose la colonne. Il se compose de la base> 
du dé et de la corniche. On appelle aussi piédestal la base 
d'une statue, d'un vase.... 



« 



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t 



VOCABVLAlldL Xx) 

PiKD- DROIT, partie du jambage d'une porte, d'une 
fenêtre, qui comprend le chambranle, le tableau, la 
feuillure, l'embrasure et Fécolaçon. 

PiLUiiE BRANLANTE, monument druidique composé de 
deux blocs de rochers superposés, et dont l'un servait 
de pivot à l'autre. Le bloc supérieur était tellement 
d'a{»lomb sur sa base, qu'on seul homme pouvait, quoiqu'il 
fût très-gros , le mettre en mouvement 

Pilastre, pilier carré, en saillie sur un mur, et qui a 
les mêmes proportions que l'ordre d'architecture employé 
dans un édifice. 

Pilori , poteau où Ton attachait les criminels pour les 
exposer aux regards du public» 

PiMT£, sorte de mesure pour les liquides. 
PiBiGB, c'est-à-dlre caotion , garant 

• Pleik-cintre, voûte, porte ou fenêtre en demi-eercle. 

Plein-fibf, qui était dans une dépendance complète dil 
fief dominant 

Pointe, en terme de blason, siguilie l;i partie inférieure 
de récu , qui se termine ordinairement en pointe. 

Pont-aqueduc , qui sert à conduire les eaux. 

Pont dormant, qui est ûie et ne se hausse pas» 

PoNT-LETis, qui s'élève et se baisse à volonté. 

Porche, lieu couvert à l'entrée d une église; portique. 

Portion congrue , somme d'argent que les gros déd-^ 

mateurs devaient pajer au curé ou vicaire perpétuel qui 
desservait une paroisse en leur nom. 

Potte, du latin potesias, pouvoir; gens de potte, c'est' 

à-dire qui dépendaient, sous tous les rapports, de leur 
seigneur ; qui étaient dans sa puissance , ne pouvant rien 
faire sans sa permission. 



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XXij TOCABLLAIRE. 

PoutE HE oot'TUMB, redevance seigneuriale et annuelle , 
qui étail ordinaireineut représentée par une somme de 
dix sous. . 

PB A6MATIQUE- SANCTION 9 règlement en matière de 
religion et de discipline, qui fut dressé à Bourges en 

1438 , sous le roi Charles VII. 

Prébende^ revenu attaché à un cauonicat ;. de là cha- 
noine prébendé on qui Joait d'une prébende. 

pRÉjiîDiAL, sorte de juridiction qui jugeait on dernier 
ressort dans certains cas et poui* certaines sommes. 

Prévôté , Juridiction en première Instance et pour des 

causes ordinaires ; de là juge-prevôt. 

Prj£lré, communauté d'hommes sous la conduite d'un 
prieur, ou de filles sous celle d'une prieure. Un prieuré- 
cure était celui auquel une cure était annexée ; un prieuré 
simple était celui où il n'y avait pas de religieux. 

Prince, titre de noblesse le plus élevé dans la biérarchie; 
de là principauté 5 ou terre à laifueile le titre de prince 
est attaché. 

PYRAMIDAL, c'est-à-dire de forme carrée et terminé eu 
pointe comme une pyramide. 

Q 

Oi AHiK, ancienne inesnre, ordinairement le quart du 
bichet. 

Quint, droit dû au seigneur féodal quand le fief servant, 
ou dépendant du sien , était vendu à prix d'argent ^ 

R 

llAVXUN, ouvrage de fortification extérieure composé 



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VOGADULAIRE. XXÎi} 

de deux faces , qui font un angle saillant « et sert ordinai- 
rement h couvrir une courtioe. 

Rendablb, c'est-à-dire devant être remis en la puissance 
lu suzerain , en parlant d'un château-fort 

Reprendra de vwlf, faire foi et hommage au seigneur 
éodal pour son fief. 

Retenue, droit et liberté qu'avait le suzerain d'accepter 

es iods et ventes, ou de reteuir, pour le prix de vente, un 
ief sur le point d'être aliéué^ 

Retraire (se) , se retirer avec son butin dans une for- 
teresse. C'était la faculté qu'avaient les sujets d'une 
seigneurie tenus au guet-et-garde et aux frais d'eutrelieu 
des fortifications du château dont ils dépendaient. 

Uetrait ugnager, pouvoir qu'avait un seigneur, en 
vertu de sou droit de parenté, de retirer un objet aliéné 
dés mains de l'acquéreur en lui remboursant la somme 
payée par lui. 

Retrayajnts, ceux qui avaient droit de se retirer dans 
une forteresse en temps de foerre. 

REVEBSiois , droit de réunir au fief dominant un fiel qui 
en avait été détaché. 

ROMBOfDE, losange ou figure ayant deux angles aigus 
et deux obtus. 

ROBBURS , genre de pillards du quatorzième siècle. 

UoMAN , style en plein-cintre du dixième et du onzième 
siècle. 

I^OMANO-m sANTiN , siylc rouiau orné des embeUis- 
semenls de l'architecture orientale. 

Rosace et Rose , ornement gothique ressemblant à un 

fleuron , niais composé d'un nombre indéterminé de lobes 
ou divisions. 



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XHV VOCABULAIRE. 

ROTURE, état d'une personne ou d'un liéritage qui 
n'était pas noble ; de là terre de roture , roturiers. 

RocTiERS, nom de pUlards» sortis des vallées de la 
Navarre au quatorslème siède. 

s 

Sable , en terme de blason , la couleur noire. Le sable 
se marque , dans les gravures, par des traits croisés. 

Saisine , prise de possession d*on fief en vertu d'un acte 
donné par le seigneur féodal , d'où oiisaisiner ; ce qui 
était dû au suzerain pour cette prise de possession. 

Salaiianoke , genre de reptiles batraciens , qui pouvait, 
disait-on , vivre dans les flammes. 

Salct-d'Or, ancienne monnaie, ainsi appelée de la 
figure de l'ange Gabriel saluant la sainte Vierge. 

Sarcophage, tombeau en pierre, où Ton renfermait 
les corps que l'on ne voulait pas brûler. 

Sautoir^ pièce d'armoiries qui ressemble à une croix 
de Saint-André. Elle' figure , dit Ducange , Tétrier pour 

monter et sauter à cheval. 

Sauvement, desalvamentis, droit ancien que les seigneurs 
levaient sur leurs siyets pour l'entretien d'une place forte 
où ils étaient censés trouver leur sûreté contre Tennemi. 

SBiGiiEURiE> terre ou fief noble avec Justice; d'où 
seigneur ou possesseur de cette terre* 

Semé, se dit, en armoiries ^ d'un écu, d'une pièce 
honorable, chargé de ileurs-de-lis. 

SÉNfiCHAL, principal officier de certaines justices sel-* 
gneuriales. 

Sénestae, c'est-à-dire côté gauche; de là, en terme 



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VOCABLLAIRE. XXV 

de blason» sénestré, pièces qui en ont d'antres à leur 

gauche. 

Serf, homme qui dépend d'un seigneur et qui n'est 
pas libre ; de là serve condition. 

Sergent, ancien nom des Imissiers seigneuriaux. 

SBRFENTINB9 pièce de canon sur laquelle était représenté 
un serpent. 

Servitude, état de serf. La servitude diffère de l'escla- 
vage, en ce que celui-ci détruit la liberté» tandis que la 
servitude ropj^me seulement L'esclave appartient à son 
mattre comme la béte de somme ; Il est sa propriété. Le 

serf n'est pas libre , sans doute ; mais il n'appartient pas 
personnellement au seigneur, il ne lui doit que des devoirs, 
le fruit de ses labeurs. 

Setibr, ancienne mesure, qui variait selon les lieux. 

Signal , sorte d'observatoires , dressés sur les mon- 
tagnes par les officiers chargés de fahre la carte militaire. 
Les Morvandeaux les appellent tél^rapbes. 

SiGNK PATiBL LAiRE, instrument de supplice, gibet; on 
dit aussi fourches patibulaires. De là les divers noms de 
fourches donnés en Morvand aux lieux où se trouvaient ces 
gibets. 

Silex, caillou, pierre à fusil; quartz compacte, mêlé 
d'une petite quantité d'argile ou de calcaire. 

SiuoE, matière prinrilive; terre quartienie. 

SiNOPLE , dans le blason , couleur verte. Elle se marque , 
dans les gravures, par des traits qui vont de l'angle droit 
du chef de Técu à l'angle gauche de la pointe. 

Sire, c'est-à-dire seigneur, qualiiicatioQ des anciens 
barons. 

SorruRK , ancienne mesure de surface pour les prés. 
Soldée , autre mesure de surface pour les terres. 



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XXVj VOCABULAIRE. 

Souffrance 9 autrement Surs^ange^ délai accordé par 
le seifi^neur féodal à un pupille ou autre vassal malade ou 

absent pour faire foi et hommage de son lief. 

Style 9 se dit des différents genres d'architecture; le 
style roman « le style ogival^ le style grec» le style de la 
renaissance. 

Surdélégation» district d'un subdéiégué de l'intendant 
d'une province. 

Subhastation , vente à l'encan ou à l'enchère. 

Suzerain» seigneur féodal ou possesseur d'un fief do- 
minant 

T 

Tailles» certames impositions qui se levaient sur le 
peuple; de là taillables» ou sv^jets à la taille; à merci» 
c'est-à-dire arbitrairement par le seigneur. 

Taverne» cabaret» lieu où l'on vend du vin en détail. 

Terrier » registre qui contenait le dénombrement et la 

nature des héritages situés dans la censive d'un seigneur^ 
avec le tribut dont ils étaient chargés. 

Thermes» bâtiments destinés pour les bains; les bains 
eux-mêmes. 

Tierces» dimes seigneuriales» qui se payaient ordmal- 
rement de sept gerbes l'une. 

Touriste^ voyageur anglais; celui qui fait un voyage 
instructif et sérieux. 

Tournoi, sorte de fête publique et militaire, où l'on 
s'exerçait à plusieurs genres de combats» soit à clievai» 
soit à pied. 

Tournois» nom d'une monnaie» ainsi appelée parce 



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VOCARULAIRE. XXVij 

qu'elle se fabriquait à Tours. La livre tournois valait vingt 
sous et la livre parisis vingt-cinq. 

Transsept, partie qui, dans le plan d'une église, 
représente les branches de la croix. 

TRILOBES , arcade composée de trois lobes. 

Tympan, partie supérieure d'une porte cintrée ou ogi- 
vale qui ne s'ouvre pas et qui est ordinairement bouchée, 
souvent garnie dé sculptures en bas-relief. 

• u 

Ursvunes, religieuses de sainte Ursule, dont l'ordre 
fat établi à Paris> en 1611 , par une pieuse veuve, nommée 
Marie Lhulllier. 

Us , coutume ; les us et coutumes. 

Usage, droit qu'ont les voishis d'une forêt d'y couper 

du bois pour se chauffer et d'y mener leur bétail; coutume. 



V 

Vassal, celui qui relève d'un seigneur à cause d un lief. 

Yerdier , officier qui commandait aux gardes d'une forêt 
éloignée des maîtrises. 

Yërgobbet , magistrat suprême chez les Gaulois. 

YicoiiTB, titre de noblesse entre le baron et le comte; 

ancien juge. 

ViGoaiTÉ, terre d'un vicomte; étendue de la juridiction 
d'un vicomte on juge. 

Villa , maison de campague chez les Romains. 




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XXViU VOCAHLLAUŒ. 

VnxAGK, réimlou d'tiabUaUoiis ayant une église, mais 
qni ne sont fermées ni de fossés ni de murailles. 

VuiK ROMAINE» grande route militaire sous les Homaius. 

VoussDRB, courbure ou élévation d'une voûte et d'une 
arcade. 



Fli\ D(i V0(;AIU I.AIHR. 



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A VA iSi -PROPOS. 



Bieulôl le Morvaud , sous l'iuilueuce de la 
dvilisatloii moderne qui Tentoare de toutes parts , 
et qui a môme péaétré jusqu'à son cœur, ne cou* 
serveia de sou aucienue physîooooûe que l'aspecl 
paritculfer au pays, ses montagnes coniques et 
ses profondes vallées , ses rivières torrentueuses 
et ses sombres forêts, ses riantes prairies coupées 
de mille cours d'eau et ses champs encadrés de 
baies vives , limites nécessaires entre des voisins 
jaloux. 

Déjà, en effet, rindividnalité morvandelle a 

I 



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II AVANT-PROPOS. 

presque totalement disparu. Bannie des lieux que 
traversent tes nombreuses voies de communicatioD 
qui parcouieoi le pays en tous sens, elle semble 
se concentrer, comme autrefois la nationalité gau- 
loise , autour du Beuvray » devenu comme alors 
son reluge contre un nouveau genre d'invasion 
et de conquête. Encore quelqnes années, et le 
Morvand, celui d'autrefois, n'existera que dan» 
riiistoire et les souvenirs. 

Placé entre un âge qui fuit sans retour et Tère 
nouvelle ouverte devant nous , le moment nous 
a paru lavorable pour recueillir les quelques tra- 
ditions qui nous restent, et pour rassembler les 
divers traits historiques qui concernent ce pays 
que nous aimons. Attendre plus long-lenips, dans 
Tespoir qn'nne main plus habile et pdus exercée 
viendrait remplir cette lâche importante, c'était 
s'exposer à voir lUsparaitre des souvenirs précieux 
et des documents intéressants. Tel a été le motif 
qui nous porta, dès que la volonté du savant 
et zélé prélat qui gouverne si sageuïenl ce vaste 
diocèse , nous eût rappelé au sein de nos monta* 
fçnes, à entreprendre le travail que nous olfrons 
aujourd'hui à nos bien-aimés compatriotes. 

Nous n'avons rien négligé pour le rendre aussi 



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AVAKT-PROrOS. 111 

complet que possible. Nous avons, peur cela, 
luippelé nos souveoirs de jeuoesse, interrogé les 
vieillards, observé les usages et les mœurs des 
habitants. Assis aux foyers bospilaliers de ce peuple 
de la oature , souvent nous avons pris une part 
active à ses conversations auiniées ; nous avons, 
et avant notre élévati(>n au sacerdoce , et pendant 
4|ue nous en exercions les prémices dans l'antique 
capitale de nos montagnes, et surtoul dci)uis notre 
retour sur le sol natal , étudié avec attention ses 
pencb^uis naturels, observé les mouvements divers 
de ses passions bonnes ou mauvaises, apprécié, 
en quelque sorte, ses pensées les plus intimes^ 
Notre qualité de prêtre et de pasteur des âmes 
nous conviait d'aillearis à celte élude , à ces obser< 
valions. 

« Pour écrire Tbisloire , dit Fleury , ou doit 
» préférer Tbabilant du pays à l'étranger, celui 
» qui rapporte ses propres affaires aux personnes 
u iudiilérentes. » Or, qui plus que nous réunit ces 
qualités premières ? Né au centre même du Mor- 
vaud, dans le lieu le plus pauvre , le plus agreste, 
le plus sauvage peul-èlre de la contrée, nous 
avons vécu de la vie simple, austère et frugale du 
Morvandeau , son langage fut notre premier tan- 



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IV AVANT-PAOPOS. 

gage ; ce sont doue nos propres affaires que uous 
allons rapporter. 

Noas aTons, en outre» daos nos moments de 
loisir, visité chaque localité en particulier, étudié 
les monuments élevés par la main de Phomme oti 
produits par la nature. Ainsi , tout ce que nous 
dirous du Morvand, des mœurs, des usages, des 
coutumes des habitants, ne sera que ce que nous 
avons vu de nos yeux , entendu de nos oreilles , 
touché de nos mains. 

Pour écrire T histoire d*un pays ou d*un peuple, 
il ne suffît pas d*étttdier ses monuments, ses 
traditions antiques , d'observer ses mœurs et ses 
usages . il faut encore s'appuyer sur les témoignages 
authentiques des auteurs qui nous ont précédés , 
et s'éclairer de leurs lumières ; aussi avons-nous 
appelé ce puissant moyen à notre secours. Nous 
avons puisé de précieux renseignements dans les 
Commentaires de César, dans Ammierh-Marcellin, 
le GaUia Christiana ; dans les divers historiens 
de France, comme Anquetil, L.onguerue, Ëxpilly... ; 
dans ceux de Bourgogne et du Nivernais , tels que 
Cautiépée, éom Plancher, Guy CoquUlê, Née de 
Iai Rochelle^ ï Album du Nivernais... 

Les historiographes dos villes d'Autun , 



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AVAKT-PaOPOS. V 

d*Auxerrc, de Vézelay, nous oot fourni de nom- 
breux docuuieuls. Les histoires des abbayes de 
Saint-Martin d^Âotiin , de Moûtier- Saint- Jean ; 
quelques noUcea manuscritea sur celles de Regny, 
de Saiut- Léonard de Corbigny, sur Ghâlcau- 
Chinon, Lormea...., ont été dea sources fécondes 
où nous avons puisé avec assurance. 

Nous avons, eo outre, consulté les arciiives 
oationalea; celles dea vUles d*Àuxerre, d'Autun* 
de Cbàteau-Ghinott , de Nevers; des châteaux de 
Bazocnes, de Chaslellux, de Coulon, de La Gour- 
d'Ârcenay , de La Montagne, de La Rocbe-en-Breny, 
de la Rocbe-Milay , de Menessaire, de Saint-Brissou, 
de Tboisy, de Villargoix, de Yésigneux 

Nous avons divisé le résultat de nos veilles et 
de nos recbeixbes en trois parties. Dans la pre- 
mière, nous étudions le pays dans son eusenible, 
et nous relatons sa situation et Tétymolo^ie de 
son nom ; la nature du soi et ses productions en 
métaux et végétaux , ies rivières et ruisseaux qui 
Tarrosent, sa température et ses aspects divers; 
les mouuments celtiques, romains et féodaux qu'on 
y rencontre; les animaux domesliques et sauvages 
qu'il nourrit, les mœurs, les usages«et l'industrie 
des habitants. 



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VI AVANT-PnOPOS. 

Dans la seconde partie, nous mettons sons un 
même coup-d'œil les iails historiques qui coucer- 
nent le pays en général , comme guerres, désastres, 
famines, épidémies, et les épisodes les plus inté- 
ressants, tout eu suivant la chronologie des temps, 
et en les rattachant le plus possible à Tbistoire de 
France. Ou comprend que ce travail a dû nous 
offrir quelques dilficultés, parce que le Morvand, 
ne formant point une province, n'avait pas de gon- 
vernemeut particulier, et partant, ne présentait 
pas une marche régulière et naturelle pour la 
narration des faits. Néanmoins, nous croyons avoir 
triomphé de cet obstacle , et cette partie ne sera 
pas la moius intéressante aux yeux de nos lecteurs 
érudits. 

Daus la troisième, nous donnons sur chaque 
commune et paroisse une notice particulière et 
détaillée , oit nons rapportons tout ce qui la con- 
cerne, soit au civil, soit au religieux, comme sa 
situation, sa distance du chef-lieu de canton , son 
étendue en territoire , sa population , le style de 
l'église et l'époque certaiue ou présumée de sa 
fondation , le patronage de la cure et ses anciens 
droits , les établissements publics qu'on y remar- 
quait audelois et ceux qui y ont été londés de 



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AVAfHT-PROPOS, Vil 

nos jours ; les terres » fiets , justices et seigneu- 
ries quelle renfermait jadis, et la chroBologie des 
seigneurs qui les ont possédés. 

Ce plan nous eipose naturellement à quelques 
légères répélitioDS que nous ii'aurioos pu éviter 
qn*en laissant incomplète Phistoire de chaque loca- 
lité. Nos lecteurs nous le pardonneront en consi - 
dération du désir que nous avious de ineUre sous 
un même coup-d'œil et sans renvois tout ce qui 
intéresse chaque commune. 

On n'est point d'accord sur les limites du pays 
qu*on nomme Morvand. Les uns le restreignent 
aujL dépendances de raucieu comté de Cliàteau- 
Cliinon, les autres à ce qu'on appelle vulgairement 
le Jlaut'Morvand. Mais Topinion publique a tou- 
jours désigné sous ce nom tout le sol granitique 
et monlagncux, tout ce qui tient à cette nature de 

terrain, au type du pays, et c'est celle que nous 
avous suivie. 

Notre entreprise n*est pas sans témérité , nous 
le savons; elle pourra même paraître présomp- 
tueuse, nous ne rigiiorous pas. Mais Tamour de 
notre pays a triomphé de toutes les considérations 
qui auraient pu nous arrêter, et nous nous sommes 
délcrniiné à livrer au publie le fruit de nos rocher- 



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AVANi-FHOi'OS. 

elles.. Puisse-t-il préseuler un iiilérél réel u nos 
chers compatriotes, c'est le vœu que noiis formons 
et la récompense que nous anihitionnons. 




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LE MORVAND, 



Of 



E88AI aéNIRAPHItUe, TOPOGHAPHIQUE ET HltTORIQUE 

SUR CETTE COYTUÉE. 



prëmiërë partie. 



oom-WŒMM, cubrtBAx sua ub vats. 



CHAPITRK 1". 

l^4rinoiocte , SIliMtton, MomatUM «t Forêts , Hollace, Btvlèrcs 
et AoliMMMix , HlttCraoK , Theipnc» et Volcans. 



MORVANI) , en latiu Mortina^ fHKjus , Monennuin, 
Morundia, est le nom sous lequel, de temps immémorial, 
on a touiours désigné le pays 4iue nous décrivons. Les 
savants ne sont point d'aocord sur Forigîne et Fétymologie 
de ce nom. lies tins prétendent, mais sans fondement 
plausible, qu'il vient d une ancienne ville ou bouri? appelé 
Morrennuni , qu'ils placent tautot à Cliîlteau - Cliiuon, 
tantôt à Saulieu, tantôt euûndans les environs de Gervon. 
Les autres en font lionneur à un Uentenant de César, 
qu'ils nomment Marvinus^ et qui aurait reça eette 
fonlrée en récompense de ses éininents services mili- 
taires. Adrien de Valois écrivait Ui>rf -l'on , et prétendait, 
en conséquence , que le pays avait été ainsi nommé de ce 



2 MORVAND. 

qu'il y fait loujoufs du vent; enfin un autre écrivain a cru 

trouver Torigine de ce nom en ce que /e««nr y est froid, 

y mord. 

Ces diverses interprélalions étymologiques nous pai*ais- 
sentoubien liasardées, ou bien puériles; aussi aimons- 
nous mieux , avec les auteurs de V Album du NivemaU (1), 
demander la signification originelle du nom à la langue 
celtique , qui fut celle des premiers habitants du pays. 
Nous pensons donc que Morvaud vient de Mor, qui signifie 
noir 9 et de Vand, montages, ce qui équivaut k Noires^ 
Montagnes. Cette étymologie nous semble la seule admis- 
sible ; du moins on ne peut disconvenir qu'elle satisfait en 
même temps la raison et le bon sens, et qu'elle donne 
ime idée exacte de la physionomie du pays, surtout vu 
des portes d'Autun , d'où ce nom dut lui être appliqué 
pour la première fois» 

Jadis partagé entre la Bourgogne et le Nivernais , le 
Morvand est aujourd'hui divise entre les départements de la 
Côte-d'Or, de la Nièvre, de Saône-et-Loire et de l'Yonne. 
Cette contrée, qui forme, pour ainsi dire, le centre de 
la Ftance» s'étend entre le vingt- unième et le vingt- 
deuxième degré de longitude, et le quarante-sixième et le 
quarante-septième de latitude-nord. Elle présente du nord 
au sud, en partant de la tour de l'horloge d'Avallon à la 
chaîne de i'AppeneUe qui domine la ville de Lusy, un 
Biassif granitique et montagneux de quatre-vingt-huit 
kilomètres ou vingt-deux lieues de long, sur une largeur 
qui varie de trente-deux à quarante -huit kilomètres ou 
douze lieues. 

Le Morvand forma de bonne heure uu canton , pagus, 
ou contrée connue sous ce nom. D^à, en 388, alors que 
saint Amatre> évèque d'Auxerre, le traversa*, pour se 
rendre à Autun, il portait cette dénomination. 11 est à 

{I lomp II, p. 




I 



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LB MORVAND. 3 

croire qo'à cette épociuc, on y rencontrait des bétes 
féroces; du iikhhs Venance Fortuiial, dans sa Wxe de saint 
Germain de Paris, écrite au sixième siècle, l'appelle le 
Pays-dei-ours. Divers noms de lieux ^ comme Vaux-iion, 
le Mmit-des-ours..,», viennent à Tappui de ce témoignage 
et donnent quelque poids à cette opinion. 

Le Morvand, ainsi qin; le décrivait, au neuviôme siècle, 
le moine Héric (1), est un pays montagneux et couvert de 
forêts» Plus élevées à Test et au sud^ ces montagnes 
s'abaissent successivement en collines secondaires vers 
l'ouest et le nord. Les sommets les plus remarquables 
sont : la \ ieillc-Moniagne , h Saint-Honoré , qui coiuple 
cinq cent quarante-deux mètres au-dessus du niveau de 
la mer; le Haut-du-Ghateau , à Dun-les-Places , de cinq 
cent quatre-vingt-dix; le Vieux ^ Château , à Gliâteau- 
Ghinon^ de six cent vingt-six; le Beuvray, de huit cent 
soixante; le Prenelay , à Villapourcon , de huit cent 
quatre-vingt-sept; enfin le principal pic des Bois-ilu-Iîoi , 
à Roussilion , qui atteint neuf cent deux mètres. C'est le 
point le plus élevé du Morvand. 

Tontes ces montagnes, qui couvrent le pays du nord au 
sud, lui donnent, en général, un aspect âpre et sévère. 
Elles ont pour base d'énormes masses de granit dont les 
principaux éléments constitutifs sont le feUl - spath , le 
quartz et le mica. Le premier est une matière pierreuse 
composée de siUee, & alumine et de soude; Il se trouve 
aussi dans presque foutes les roches du terrain primitif et 
dans celles des produits plutoniques. Le second , ou quartz , 
aussi appelé cristal de roche , se compose de silice pure ; 
mais II est susceptible de divers mélanges qui produisent 
des variétés nombreuses. Il est toujours très -dur, et 
fait feu au briquet , excepté la variété dite opale ou silex 
résinite qui coulienl de l'eau dans sa composition. iiC mica 

{WieH€ ratnr Germain d'Àwrenv. 



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u LE MORVAND. 

est un minéral très-biillant et d'aspect métallique dans 

lequel l'analyse chimique ne reconnaît que de la silice, 

de V alumine, de la mayncsic , d(i la potasse, du fer II 

a fréquemment la couleur et l'éclat de l'aident, et on 
l'appelle Tardait des chats; d'autres fois» il ressemble par^ 
iàitement à Tor, et on le nomme Var des chats ;mià&Vi 
suffit d'écraser un peu de cette substance et de la réduire 
en poudre pour se convaincre que ce n'est qu'une matière 
terreuse qui ne contient pas un atôme des métaux précieux 
dont elle offre l'éclat (1). 

Les rocbes du Morvand > selon que l'un ou l'autre des 
deux premiers éléments domine plus ou moins , forment 
donc un grand nombre de variétés passant des unes aux 
autres , et souvent au porphyre , par des nuances insensi- 
bles. Mais la plus commune est le granit rougeâtre rendu 
friable par une espèce de décomposition de la matière 
feld-spathique dont est formée l'arène si souvent employée, 
au lieu de sable , dans les constructions. 

Malgré sa nature granitique , le Morvand offre très-peu 
de ces formes anguleuses et de ces escarpements abrupts 
que présentent ordfaiairemenl les terrains prinyï^ On n'y 
voit point de cols presque infranciilssables comme dans 
les ciiaiiics de la l^zère , des Pi/renécs et des Alpes ; cela 
est dû à II tendance générale du granit à se désagréger. 
Toutes les montagnes » à peu d'exceptions, offrent au 
contraire des penles douces livrées à l'agricutture ou cou- 
vertes de magnifiques forêts, source de ridhesses pour les 
propriétaires. 

Ces forêts , dont les principales essences de bois sont 
le chêne, le hêtre, le charme, le bouleau, le tremhie, 
V aulne ou veme, s'exf^oitent en bois de moule pow 
l'approvisionnement de la capitale , ou se réduisent en 
charbon pour la consommation des forges du voisinage. 

•l .\iA»!e-Boni||R, p. iOO, et m 



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LE MOR\ ANO. 5 

Le gouvernement et quelques riches particuliers coupent à 
blarw, mais la plupart des propriétaires coupent m furetage, 
ce qui se fait en abattant les plus gros arbres seulement 

Ce modo d exploiialion s'appelle encore jardiner. 

Le transport de tous ces bois s'exécute par les rivières 
û* Yonne et de Cure, et leurs principaux affluents» au 
moyen du flottage à àûches perdues, ce qui consiste à les 
lancer à l'eau et à les abandonner ensuite au courant 
L'invention de ce genre de transport , si facile et si 
économique , est due à Jean liouvct , bourgeois de Paris, 
qui imagina, en 1549 , de jeter ainsi des bûches dans la 
rivière de Gure^ en Bas-Marvand» La ville de Glameey, 
en élevant, le 8 octobre 1828 , un buste à cet immortel 
bienfaiteur de nos monti^es» a rempli un devoir sacré 
de juste reconnaissance (1). 

Avant d'arriver au flottage , il faut se livrer à diverses 
opérations préalables. D'abord a lieu la moulée on coupe 
des bois qui se fait pendant Fbiver, puis viennent le charroi 
et l'empilage sur les ports , au bord des rivières et des 
ruisseaux Oottables. Ce travail s'exécute dans le cours de 
l'été. Ëniiu a lieu le martelage , c'est-à-dire l'application 
de la marque de chaque marchand de bois aux deux bouts 
des bâches qui lui appartiennent, afin de les reconnaître 
plus tard. Ce moyen, facile pour éviter les inconvénients 
d'un mélange général, fut inventé en 1598. Avant cette 
époque, les marchands comptaient leurs biiciies et en 
retiraient ensuite une quantité proportionnelle, tant d'une 
essence « tant d'une autre (2). 

LorsqiK le bois est reçu par le facteur ou garde de 
rivière de chaque marchand, cl que le moment du /lot 
est arrivé, toutes les populations du voisinage se lèvent» 
et les bords des rivières et des ruisseaux, que l'on 

(t) L'iSrection do ce buste est due à rinitiative do M. Dupln ainé » alors 
député de la Nièvre. 
(S) Archiv. nationales. 



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6 LR MORVAND. 

grossit à volonté à l'aide d'étangs, se couvreut d'iiomines 
et d'enfants auxquels on donne depuis 30 cent Jusqu'à 
1 tr. 25 cent par Jour. Les uns Jettent le bois à l'eau, 
et les autres, armés de longs crocs, s'échelonnent le 
long du courant pour surveiller le Ilot et empêcher que 
la gouLeiie, ou milieu du lit de la rivière resté libre, ne . 
se ferme. 

Mais rétrolt passage vient-U, par l'Inadvertance ou 
l'impuissance de quelque surveillant , à s'obstruer, alors le 

bois s'amoncelle au loin , et l'oau rclluo ou s'échappe ù 
travers les bûches en bouillonnant. A l'instant la vallée 
retentit de cris confus, et les flotteurs accourent à toutes 
jambes^ d'aval et d'amont, pour déprèndre, 

Rfen n'est plus curieux que cette opération qui exige 
quelquefois des clTorts lon^s et pénibles, mais aussi par 
moment, ne demande que l'arrachement de quelques 
bûcbes. Alors la rôtie ^ ou masse de bois arrêtée, s'ébranle 
tout à coup et s'élance avec un bruyant fracas aux 
applaudissements de tous les travailleurs. On voit , dans 
ces circonstances, les bûches sauter, pirouetier, et quel- 
ques-unes voler en éclats. Le saut de Gouloux surtout 
oifre un intéressant spectacle en ce genre. Le bois , en 
se précipitant de sept à huit mètres de haut, cause un 
tel fracas, que tous les échos de la vallée en retentissent 
au loin. 

Arrivé à Clamecy ou à Vermenlon, le bois de moule, 
retenu par les arrêts placés dans la rivière, est ensuite 
retiré de l'eau et déposé sur le rivage. Alors commence 
une autre opération (1), celle du triage ou séparation de la 

marque de chaque marchand. Ouaud les di\ ers lois sont 
ainsi tirés à part sous la surveillance des facteurs, et que 
les dilTéreutes essences, comme le bois gris ou le chêne 
et le charme, la traverse ou le hêtre, la mcnuise ou le petit 

• 1} Vulgairement te iricagt. 



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LK MORVAND. 7 

bois» ont été placées séparément» les marchands se rendent 
à Paris poor en opérer la vente. 
Les commerçants de la capitale, après Tacquisition» 

viennent à leur tour à Claniccy et à Vermenton , et font 
remettre le bois h l'eau pour le conduire dans leurs 
chantiers ; mais le transport ne s'opère plus de la même 
manière. On lie ensemble» an moyen de karu oo rouettes» 
de longues perdies arec lesqneUes on forme des espèces 
de radeaux» puis on y dépose le bois; c'est ce qu'on 
appelle trains. Chaque train se compose de vingt -cinq 
décastères ou cinquante cordes de bois environ» et il suffît 
ensuite de deux hommes pour le diriger. 

L'invention de cet autre moyen de transport» si utile 
an commerce » est due à Jean Sallonnyer , de Ghâteau- 
Ghinon , et date de 1 598. Cette seconde découverte 
acheva de perfectionner celle de Jean Kouvet, et l'indus- 
trie du flottage fut acquise au Morvand. Néanmoins, il 
restait encore une difficulté à vaincre pour les forêts pla- 
cées à la source des grandes rivières ou éloignées de leur 
cours. Le transport de leur produit, à travers des mon- 
tagnes escarpées , des vallées étroites et roclicuses , était 
extrêmement dispendieux et en absorbait presque la 
valeur. Simon Sautereau» d'Arleuf» mort en 1768^ se 
diargea de parer à cet inconvénient en balisant le lit des 
rivières et des ruisseaux , et en construisant , à leurs 
sources, de \astes étangs, au moyeu desquels ils lurent 
rendus flottables (1). 

Aucun pays n'offre peut-être autant de cours d'eau que 
le Morvand, Du pied et des ûnncs des montagnes il sort une 
infinité de petites sources, qui forment d'abord de légers 
et clairs ruisseaux. Ceux-ci , réunis au fond des vallées, se 
changent tout à coup en torreuts impétueux » et bientôt 
en rivières oii vivent différentes espèces de poissons parmi 

^1; Ari'hiv. nationales i fitscript. lumulairc. 



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8 L£ MORVAND. 

lesquels lu truite tieot le premier rang. Toutes ces eaux 
coulent dans deux directions opposées et sont reeueiUies, 
an sud» par la IMre, an moyen des rivières d'Htvn et 

HtArroux « et , an nord , par la Seine , où elles sont yersées 
par Y Yonne, grossie du Serain et (le la Cure, et celle-ci 
du Oouâain (1) et du Chalaut. 

Les affluents les plus importants de TAron , qui sort d'un 
vaste étang de ce nom^ situé an centre du département de 
la Nièvre, sont : VHalène, qui descend de Luzy ; la Van- 
denesse ou Rivière des vwntagnes , qui vient des vallées 
d'Onlay et de Villapourçon ; YAnizy, formé du Gara et du 
Guignan, qui se réunissent à Moulins-£ngiibert; enfiirle 
Vetum, qui sort des environs de Saint-HIkire. 

Ceux de L'Arroux» dont ta source est en Bourgo* 
gne, près d'Amay-le-Duc , sont : le Méehet, qui descend 
de Verrières; la Vesrre, qui vient de la Celle, et la 
Tiwaine ou Tarnin , aussi nommée Creusevaujc, qui 
descend de Saint- Léger- de -Fourdies. Aucun de ces 
cours d'eau n'étant flottable , les produits des f6réts de la 
partie méridionale du Morvand s'écoulent par le canal du 
Nivernais ou par la ri\ière d'Yonne (2). 

Celle-ci , la plus considérable des rivières qui coulent 
du sebi de nos montagnes, est aussi la plus connue & 
cause de l'honneur qu'elle a de donner son nom à un 
département , et à cause de l'immense commerce de bois 
qu'elle favorise. Sa célébrité n'est pas nouvelle. Dès le 
temps de la conquête romaine, elle était » sous le nom de 
Déesse Icaune, vénérée des Celtes du Morvand et de toutes 
les populations riveraines. M, c'est un autel grossier, 
formé de bloc de rochers de granit, que le droidisme 
élève îi son honneur ; là , ce sont des statues gigantesques 
que le paganisme de Home et de la Grèce lui dédie. Sur 

I (Ml écrit vulgairement CoiMin. mais nous avons préféré roHogrnpho 
(le Cotii (('p<'>(> . comme plus conforme au latin cotaniu. 

{V, Jcuuna. 



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LR MORVAND. 9 

la base d'un monumeat de ce genre , trouvé à Auxerre 
en 1721, on lisait : 

AUG. SAGR. mm, 

ICAUNI 
T. TETRICUS ÀFRICAN. 
D. S. 0. D. 

Auprès de' rinseriptioii gisaient les débris d'une statoe 

colossale qui étaient sans doute , dit l'abbé Lebccuf , leÈ 
restes de celle que T. Tétricus TAfricain avait érigée à la 
gloire de la déesse dont les bienfaits enrichissent encore 
la dtéanTcerroise (!)• 

L'Yonne, ain^ qae les flenves les pins Importants, 
n'est, k son origine, qn'nn faible misseau connu dans 
Tendroit sous le nom de Belleperche. ïl sort d'un petit 
étang, situé en face du hameau des Lamberu, dans la 
eommime de GMix, et se précipite ensuite, de caseades m 
cascades, Jnavi'an fond d'œie étroite vallée couverte d^ 
sombres forêts. Llranible torrent se grossit bientôt de 
dnq ruisseaux , savoir : celui dits Moines ^ ceux de Prc- 
perny, de l2LProyc, de la Mothe et de Fadien, et c'est 
alors seulement que, devena rivière, il prend le nom 
d'Yonne. Une .rigole de dérivation, creusée sur ses bords, 
porte nne partie de ses eaux dans le canal du Nitenais, 
au point de partage de la vallée de son nom et de celle de 
TAroD. 

Les principaux affluents de TYonne wat : VH^iusière, 
formée de trois misseaax flottables qiâ descendent, de 

Frétoy et de Plandiez ; cenx de Mignage et dn Bruys , qid 

hd amènent, l'un les bois d'Ouroux, et l'autre ceux de 
Blismes; VAnguison, qui sert à Fécoulement des produits 
forestiers de Gâcogne et de Yaudaix; VAuxois, qui em- 

(1} htxiavY, riistt. d'Aiixmre, — Cbardou» BUt. dt la viUe d'Atuterr*, 
— Hi.tRY , Uitt. de Seignelay. 

t 



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10 LE UORVAKD. 

mène ceux de la vallée de Lormes; et enfin la Gore, 
qu'elle reçoit à Gravant 

Cette dernière^ la seconde des rivières du Morvand, 
s'appelait autrefois Cfwrs (ChoraJ , du nom d'une ancienne 
ville» située sur ses bords, mais dont remplacement est en- 
core un sujet de controverse parmi les savants. Elle sort d'un 
étang de la commune d'Anost, au département éeSoène^- 
Loire, qu'elle quitte bientôt pour entrer sur le territoire 
de Gien, village du canton de Montsauche, et traverse 
ensuite le vaste marais des Sétons, où elle reçoit le Mar- 
eannay et devient flottalde. On travaillait à convertir cette 
plaine tomrbeuse en un Immense étang, qui aurait présenté 
l'aspect d'un lac, lorsque la révolution de février I8/18, 
en renversant le trône de juillet, lii abandonner ce projet. 
L'exécution de cette entreprise eût -elle été un bien 
pour le Morvand? nous l'ignorons; toutefois, elle était 
en èUe-même peu dispendieuse, puisqu'une chaussée de 
quatre-vingts mètres au plus eût sufll pour réimir les 
hauteurs Outre-Cure et du Mort, et faire refluer les 
eaux de la rivière à plus de quatre kilomètres en amont. Il 
est probable que plusieurs générations s'écouleront avant 
que les travaux des Sétons soient repris. 

La Gure^ après s'être grossie de plusieurs ruisseaux, 
de la rivière de Clialaut, qui vient d'Ouroux , reçoit enfin 
le Gousain ( Cosanus ), son principal et dernier affluent 
Gelui-d, autrefois flottable, est la troisième rivière du 
Morvand. Use forme de la Causaine ou Trindin, qui des- 
cend de SaInt-Léger-de-Fourches, et du ruisseau de Tmir- 
nessac, qui vient de Saint-Didier , et c'est à leur confluent 
seulement qu'il prend le nom de Cousain. Ses bords, aux 
environs d' Avallon , sont extrêmement pittoresques. 



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Le sol du Blorvand étaot exdudvemeiit granitique, on 

peut en conclure que les minéraux doivent y être peu 
nombreux et communément peu abondants. En effet , les 
mines qu'on y remarque ne sont^ à proprement parler, 
qae des accidents presque sans importance. Les princi* 
panx métaux que recèlent les flancs des montagnes , sont : 
Vargenty Yétain, la galène, la blende sulfurée^ le cuivre 
carbonate et le fer hydraté, oligiste et sulfure. Les deux pre- 
miers se rencontrent à La Place, hameau de la commune 
d'Alligny^ où ils furent exploités infructueusement en 16&0. 
Une seconde mine de plomb argentifère lut déoouTertê, 
en 1745, à Pierreperthuis , et une troisième à Uzy près 
de Domecy-sur-Cure, cinq ans plus tard. 

La galène ou plomb sulfuré ^ la blende sulfurée oaiinc^ 
la chaux et la liaryte fluatées^ qui s'accompagnent presque 
toidours, n'offrent aucun gisement inqiortant; on ne les 



12 LE MORVAND. 

trouve même, dit M. (iillot (i), en filons réguliers, qu'à 
Saint'Brisson et sous la montagne de Gamcz, h G lux. Le 
minerai de fer se remarque au Yernet, près de Sémelay, 
<ît h Ghamprobert, au nord de Ghiddes, où il semble avoir 
été exploité anciennement. 

On tire h Saint-Léger -de-Fourcherct, une poudre d'or 
ou mica qu'on emploie daus les environs pour sccber 
récriture. La mine ^ qui se trouve presque à fleur de terre , 

. s^étend^ dit-oo» Jusqu'à Quarré-les-Tombes. On assure 
qu'il existe auprès du moulin de Mont^Jouants à peu de 
distance de Cliiddcs,une masse considérable de /laolin 
ou terre à porcelaine parfaitement blanche > et qu on en a 
remarqué en divers autres endroits. même substance 
avec la couleur rouge est beaucoup plus abondante; 
mais elle ne parait pas devoir être employée de long- 
temps, précisément à cause de sa couleur. 
Au hameau .de Champrobert dont nous venons de 

. parler, se trouve une carrière de calcaire saccharoide, ou 
marbre statuaire blanc, qui semble se prolonger jusqu'à 
celui du Yemet, an nord de Sémelay ; elle sert de gangue 
à un beau minerai de fer oligiste. Les fragments de 
marbre identique, observés dans les ruines d'anciennes 
constructions attribuées aux Bomains, font penser qu'ils 
connurent et exploitèrent cette carrière; les fonlUea 
qu'on remarque dans Fendroit confirment en outre cette 

opinion. 

Un des principaux établissements fondés en Morvand % 
par ces anciens maîtres du monde, est celui des EouaMte- 
NUmé (aqm Nismei), Indiqué dans la carte de Pentinger, 
et connu aujourd'hui sous 1& nom de Sednt-Honori, Ces 
thermes, autrefois célèbres, et maintenant encore bien 
fréquentés à cause de leur efficacité contre les maladiea 
cuttinte, se ocMnposMit de neuf iwits cmséS'au pM 4'ane 

* 

(1) AmwWe dt la Ifièvrt. 



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IB MORYAMIX IS 

botte de six ou sept mètres d'éléfatlon. Après leur rafae , 

en 731 (1) , ils restèrent onze cents ans ensevelis sous une 
masse de décombres accumulés par le temps. 

n parait iodubitable que le sol morvandeau fut antre- 
au moins daas quelques endroits^ bouleversé par des 
lieux soaterrateSL On retrouve, il l'est de MooHns^iigtibert) 
<les vestiges d'anciens cratères et des matières calcinées 
qui en attestent encore l'existeuce. 

Tout le m<Mide sait qu'un sol granitique est naturelle- 
ment péu lèrtile ; auasite BforvandnesedM&iguepaspar 
la variéCé et l'abondamce de ses prodnetfons. M tersahi 
maigrre et sec , qui n'est rendu productif qu'à force de 
soins et d'engrais, une température froide et brumeuse 
s'opposeront toujours à ce qu'il devienne riebe et fertile, 
néanmoins, Fagrieniture y a fait de grands progrès, et la 
plupart des habitants ont va leurs eflbrts couronnés , sinon 
d'un plein succès, du moins d'une réussite capable de les 
encourager. Mais ici , plus que partout ailleurs , les capi- 
taux manquent, et les cultivateurs, généralement pauvres, 
ne peuvent Êdre les dépenses que oomporteralent leurs 
propriétés sous le rapport des améliorations. La diaux, 
qui depuis long-temps est employée en Angleterre , et 
qui a été tentée avec avantage dans le déparlement des 
Landes, l'un ûs& points les plus stériles de la France, 
se trouve trop éloignée, et coûte aussi trop cber pour 
devenir d'un emploi commun. Pourtant on peut dire que 
le Morvand produit aujourd'hui à peu prés tout CQ qui est 
nécessaire ù la consommation de ses habitants. 

Le têigU, à l'aide d'engrais formés avec des détritus 
d'aidmanx et de végétaux, réussit partout On y récolte 
aussi on peu de bié on froment dans les enclos ndgairo- 

ment appelés ouches; ï avoine y abonde. iJX pomtiie de terre, 

<\) Qucli|uos écrivains fout remonter leur destruction au coinincnceDkent 
• <tu cinquième siècle. (T. l'art. 8aint-Eonoré.) 



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14 LE MOUVà.>D. 

dont laeultnre s'est accrue d'une manière prodigieaae, 
y est d'une qualité miment supérieure. 

Ce précieux tubercule, si nécessaire à In subsistance 
de nos Morvandeaux , fut apporté en Kurope par l'anglais 
Walter-Rawelegh, eu 1590, et ne se répandit en France 
que cent quatre-vingts ans tprèSL Une ignorante prévention 
le fit long-temps rejeter tantôt comme occasionnant la 
lèpre , tantôt comme engendrant des lièvres intermittentes. 
On sait qu'il ne se propagea que dans la dernière moitié 
du dix-iiuitième siècle» et que c'est à Antoine-Augustin 
Panneptier, natif de Mondidier, en Picardie , que l'on 
doit cet avantage. Cet liomme, bon pharmacien et agro- 
nome distingué , ayant obtenu du gouvernement une 
concession de terrain de vingt-six hectares dans la plaine 
des Sablons, dont la stérilité n'avait encore pu être 
vaincue» y planta des pommes de terre» et obtint» en 
dépit des plaisanteries publiques» une heureuse récoHe. 
Au mois de juillet, il recueillit des fleurs de la nouvelle 
production et en composa un bouquet qu'il offrit à 
Louis XVL Ce prince , qui avait favorisé l'entreprise » 
daigna en orner sa boutonnière et donna ainsi un nouvel 
encouragement à Parmentier. Un second essaie tenté dans 
la plaine do Grenelle, ayant réussi également, dès-lors 
la culture du précieux tubercule fut décidée. La pomme 
de terre» dit un auteur» aurait dû ê^e» en conséquence» 
appelée Patmentière. 

te sarrasin, venu cent ans plus tôt des contrées brû- 
lantes de l'Asie , ne s'acclimata qu'après un laps de temps 
considérable ; il est lui-même fort répandu, (irâce à ces 
deux utiles végétaux» les habitants de nos montagnes se 
trouvent à l'abri de ces affireuses iîamines qui» autrefois» 
désolaient si souvent le pays, et des terribles ^idémies 
qui en étaient la conséquence. 

La vigne n'est cultivée avec quelques succès qu'à 
basoches» à Pouques» à Dun-sur-Grandry » à Saint- 



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Pérense, à Maalios-EDgilbert, à Saint-Honoré, à Sémelay 

et à Lucenay. La navette et le chanvre réussissent presque 
partout On récolte dans les communes d'AlUgny, de 
Mouxy d'Ouroux^ de Planchez et de Saint-Martin-du-Puy, 
en octobre et en novembre » d'exoeltoits petiu nwtets 
justement renommés et très-recherchés des gonnnet& 

Les fruits sont généralement peu abondants en Morvand 
à cause des gelées du printemps qui surviennent souvent à 
répoqlie de la floraison^ et leur qualité , si peut-être on 
en excepte la pomme , est infârienre à celle des f raito des 
contrées voisines. Les communes d'Ânost, de Gossy, de 
la Grande -Verrière, de Préporché, de Saint -Honoré, de 
Saint-Légcr-sous-Beuvray et de Saint-Prix fournissent des 
noix» et surtout beaucoup de châtaignes^ qui sont, quoique 
petites, esthnées à cause de leur natore forinevae. Les 
montagnes produisent des simples telles que la gealianey 
Teuphraise , la bétonie , la véronique des bois ou thé de 
Bourgogne, la petite centaurée , l'épatique de fontaine, 
la camomille, le pied-de-chat rouge et hlaoc, le serpolet, 
la digitale pourprée et autres. 

Parmi les animaux domesHqQes que nourriHent les 
Morvandeaux, nous citerons, en première ligne , l'espèce 
bovine , l'une des principales ressources du pays , et la 
branche la plus importante de son commerce* l a race 
morvandelle s/à distingue pair la laigenr du coffre la 
beauté des cornes , la régularité des formes et la éMribo- 
tion franche et vive- des couleurs. Elle a généralement les 
jambes grosses et courtes, mais elle est forte et vigou> 
reuse ; c'est un type particulier, uu pur sang. 

Les .bœuis, presqne exclusivement employés dans 
Tagricnlture et le service rural , sont forts et adroits , et , 
par conséquent, très -propres aux charrois auxquels se 
livrent la plupart des habitants. Il est beau de les voir 
cheminant lentement et mesurant leur démarche sur la 
voix chevrotante el le chant langoureux particulier m 



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16 .LE MOKVAKD. 

gens du pu^ s ; {)renaiiC leurs précautions dans les des- 
centes raides et abruptes; s'avançant plus hardiment à 
ces mots prononcés avec assurance : « Va toujours , n'aie 
pas peur; » et enfin luttant , admirables de patience » de 
force et de courage , contre les difficultés presque insur- 
montables d'un chemin étroit et escarpé. Mais cette race 
est , en général , moins propre à l'engraissement que la 
cliaroUaise ou la nivcrnaise. 

Le Morvand possédait aussi jadis une race chevaline qui 
lui était propre. La conformation quelque peu défectueuse 
de ces animaux , leur tête grosse et commune , leurs 
formes souvent peu gracieuses les faisaient repousser des 
. amis du luxe et de l'élégance ; néanmoins , ils jouissaient 
d'une réputation bien méritée à cause de leur excellent 
service^ et se payaient fort cher. Éterés dana les bote 
comme des animaux sauvages , vivant de peu, les chevaux 
morvandeaux étaient agiles , vigoureux et surtout infati- 
gables. Ils étaient très -estimés de Tarmée et regardés 
comme éminemment propres au service de la cavalerie 
légère. Il est fâcheux que Tamour du ûivole et du luxe 
ait ihit d^réfsler cette raoe , tellement que les reproduc- 
tions devenant de plus en plus rares^ il n'en restera IrfentOt 
que le souvenir. 

Les Morvandeaux nourrissent aussi de nombreux trou- 
peaux de moutons et de porc& Les prenden sônt d'une 
maovâlK espèce, et leur laine» courte et irisée, est de 
mince qualité. On peut dire que le climat, en général, ne 
convient pas à la race ovine. Chaque année , en effet , le 
froid, l'humidité et les longs hivers en font périr une 
parUe, tandis que Tautre d^énère de plus «n plus. 

Il n'en est pas de même du porc» que l'on engridase 
fadfemeflt à l'aide de la pomme de terre et du sarrasin; 
sa chair est bonn-j, la graisse et le lard sont excellents. Ce 

■ 

dcfuier sert à Tassaisounement quotidien des mets de nos 
nonrandeaux qui s'en montrent très-ûriands. 



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L£ JttO&VANIX 17 

Bien qu'aujourd'hui encore on Mve beanooup de pimt- 

ceaux dans nos montagnes , cette spéculation a néanmoins 
perdu siuguiièrement depuis l'invention du flottage qui a 
détruit la glandée. Durant l'époque gallo-romaine » diver- 
ses localités comme Préporehé, VlUaponrçott...., étalent 
spédaiement affectées à ce genre d'faidastrie. An moyen- 
âge, les vastes forêts qui couvrent le pays servaient 
encore de paisson à d'innombrables troupeaux de ces 
animaux. Chaque seigneurie , chaque monastère , diaque 
presbytère même nourrissait plus osi moisis ée porcs.- 
L'ablHiye de Begny» entre antres, en avait cent qui 
pacageaient dans l'étendue de la châtellenie de Lormes, 
en vertu du droit que lui en avait donné le haut et puissant 
baron du lieu (1). 

Les forêts du Morvand, ainsi que nous l'avons remaïqué 
plus liant, étaient anfreltols peuplées d'ours et autres bêtes 
fiâroces ; mais aujourd'hui on n'y rencontre que des ioups , 
des renards, des sangliers, des chevreuils, des blaireaux, 

des lapins, des lièvres. Plusieurs terriers seigneu> 

riaux démontrent qu'U y existait aussi des cerûL Celui de 
La Rocfae-Milay , entre autres, U3i réserve , en accordant 
le droit de chasse au seigneur de Bhnères^ des prises de 
cerf ou biche qn'û devait rendre au cliàteau de La Roche, 
sous peine d'une amende arbitraire. 

Le Morvand, dans son ensemble , présente tm aspect 
sombre et sévère qui porte à la raéllmcoUe. Néanmoins, 
11 n'est guère de contrées qui offrent à l'amateur des 
charmes plus variés et partant plus r^écréatifs. Tantôt, 
en effet, le pays se montre riche du travail de ses habi- 

1) Dotn riE(jnut> ViûLK , Uisl. manuscr. de Regny. 

Aubert, sire de Darnay, en Bassiijny, avait octroyé la pcsson por CC. 
pon et touÊea poitum à pon en tom §e$ bois, ix Tabbaye de Horimond. Ce 
monastère comptait plus de vingt porcbeiiw diaaémiaées. daM les forêts 
du Bassigny, et dont chacune contenait de deux h trois cents porcs. 
(L*abbé DvBois, Bitf. de Mùrimwul, p. S46]. 



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18 LE MORVÂTID. 

taiu , les flancs des mcHitagiies et les coteau a^antoent 
couverts de riaiites moiasons; tantôt, an contraire, il se 

présente sous les traits quasi repoussants d'une marâtre 
qui se ferait un barbare plaisir de refuser à ses enfants 
les choses nécessaires à la vie ; à peine prodnit-ii de la 
bruyère et quelques genêts rabougris. Id, coiq^ en tous 
sens de champs cultivés ou en jachère, de prairies que 
l'abondance et la fraîcheur des eaux entretiennent toujours 
vertes , de bouquets de bois où se montrent la digitale 
{K>urprée et le muguet odorant , la nature est riante et 
fleurie comme une Jeune vierge le jour de ses noces; Ut, 
morne et sOendeux, sa teinte rembrunie et sauvage jette 
dans l'âme des sentiments involontaires de tristesse et de 
mélancolie. 

Âu sommet de cette montagne, le spectateur^ joyeux 
et content, respiré un air aussi pur que bienfaisant, tandis 
que ^ ceil se promène avec ravissement sur des villes, 

des villages et des hameaux sans nombre , et ne s^arrête 
que, lorsque fatigué, il se noie dans un liorizon vaporeux 
et n'aperçoit plus que Tair et les montagnes confondus. 
Au fond de ce ravin, an contraire, il sent sa poitrine 
comme oppressée, et no voit , à trayers les rochers et les 
arbres qui s'y cramponnent , que les nuages , en globes 
bizarres , glisser rapidement par-dessus sa tête. 

Le touriste, dans sa course vagabonde, rencontre 
devant ses pas tantôt un ravin profond où bondit un 
tmrrent inqpétaeux, tantdt un rocher gigantesque noird 
par le temps et déchiqueté par les orages. Id , il promène 
avec bonheur ses regards sur une verte et riante prairie; 
là , sur le sommet d'une gracieuse colline , où paissent en 
silence de nombreux troupeaux. A droite, il contemi^e 
avec étonnement un hameau comme suq^endu au flanc 
d'une hante montagne ; à gauche , il Toit^ avec non moins 
de surprise , quelques chaumières comme abimées au fond 
d'une étroite vallée. 



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LE MORVAiND. 19 

La route, à son tour, s'allonge devant lui, tantôt 
comme un gràdeux ruban, bordé de deux h^ales de mois- 
sons^ tantôt en décrivant les plis et replis d'un énorme 

reptile. Ici , il parcourt avec elle de riantes campagnes ; là , 
il s'enfonce avec le cbemin dans une sombre forêt, autre- 
fois séjour de quelque vieux druide dont elle ombrage 
encore le dolmen. 

Le pays , en un mot, est tellement parsemé de mon- 
tagnes et de ravins, de champs et de bois , de prés et de 
ruisseaux y d'étangs et de rivières , de chemins escarpés et 
de routes sinueuses, que Fart et la nature semblent s'être 
entendus pour en faire une contrée à part 

La température du Morvand est généralement firoide et 
très-variable. Les hivers y sont longs et rigoureux, le 
froid dur et piquant. La neige y tombe de bonne lieure et 
disparaît lard; les gelées y sont fortes et fréquentes^ £n 
revanche, pendant Tété, les chaleurs, produites par la 
concentration des rayons du soleil dans les vallées et les 
gorges des montagnes, s'y font vivement sentir. Sou- 
vent il est presque impossible , vers le milieu du jour , de 
demeurer les pieds nus sur le sol, et, tandis que sur les 
montagnes on respire encore un air vif et frais, dans les 
vallons il règne une chaleur vraiment étoitfBuite. Aussi la 
végétation, qui commence ordinairement fort tard, 
marche avec tant de rapidité , que les arbres , en quelques 
jours, se couvrent de feuilles et de fleurs, et tel qui, la 
veille, semblait ne pas ressentir rinfluence du printemps, 
se trouve le lendemain en pleine sève. Les moissons', 
encore en herbe vers la fin de mai, mûrissent presque 
aussi vite que dans les pays de plaines. 

Les orages, attirés par les forêts, sont fréquents en 
Morvand et y causent souvent de grands dégat& C'est un 
moment vraiment effirayant que celui oh des nuages, aux 
flancs ténébreux et chargés d'électricité , s*abattant tout à 
coup sur les montagnes, y éclatent ensuite eu bruyants 



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20 UMtOnVAMD. 

€oap8 de tomerre, cpie répètent au loin les échos des 
bofs et des vallées, n se feit alors on si horrible fracas , que 

l'on serait tenté do croire que le ciel ébranlé va s'aflaisser 
sur la terre épouvantée, ou que celle-ci, croulant sur ses 
fondements, va s'abtmer sous de si fortes secousses. 

Pendant le dlence de mort qui précède les plus pros 
coups, et surtout lorsque l'édair^ en loog serpent de feu, 
sillonne subitement la nue, on voit les femmes et les 
timides enfants, saisis d'effroi » se signer dévotement et 
même se i)oucher les oreiiles. 

Le Monrand est peut- être de toutes les contrées de 
la Fhmce, celle qui conserve les plus nombreuses tra- 
ces des anciennes dominations qui , à diverses époques , 
ont pesé sur la patrie. Les souvenirs et les monuments 
iiistoriques s'y rencontrent presque à chaque pas; on croi- 
rait que c'est là spécialement, sur le sol granitique comme 
le plus solide, que chacune avait voulu imprimer son 
sceau et laisser aux générations futures un témoignage 
autlientlque et toujours subsistant de sa grandeur et de sa 
puissance. Parions d'abord de l'ère celtique. 

Le gouvernement des peuples de Pandenne Gaule était 
easenttdlement théocratique et sacerdotal : les monuments 
du culte devaient donc venir en première ligne ; aussi 
sont-ils à peu près les seuls qui nous restent de cette 
époque oii la nature était presque l'unique arciûtecte 
comm. Ces monuments, bruts et grossiers comme les 
peuples dont ils rappellent le souvenir, se rencontraient 
encore naguère tantôt à la pointe des collines , tantôt au 
fond des plus profondes vallées, mais toujours îi l'ombre 
des forêts les plus solitaires, les plus désertes. C'étaient 
des kramlechs, sorte de longue avenue sacrée faite avec 
des blocs de granit placés en deux files droites et recou*» 
verte de même ; des champs de menhirs, ou enceintes rell- 
gipuses , dont les peuples n'approchaient qu'avec un res- 
pect mêlé de crainte, et qui consistaient aussi en d'énormes 



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us MORYAND. 21 

Uocs de rocberftilcliés en terres espacés entre eux; de» 
dolmens ou autels sur lesquels les dndâes immolaient leurs 

abominables victimes en l'honneur des dieux cruels de la 
Gaule ; ils se composaient ordinairement de trois quartiers 
de roches dont denx^ piUoés verticalement , 'servait 
de bases au troisième, sur lequel était gravée «ne forme 
dé cadavre humain avec des vases bizarres destinés 
à recevoir les diverses parties du corps de la victime 
comme le sang^ le cœur, le foie et les entrailles; des 
peulvens, ou longues pierres verticales et isolées dont om 
ne connaît pas bien l'usage; des pierres branlâmes for- 
mées d'un énorme rocher posé sur un autre qui lui ser» 
vait de base ou de pivot , mais tellement d'aplomb , qu'un 
seul homme pouvait le mettre en mouvement. Les com- 
munes d'AUigny, d'Anost^ d'Avallon, de Ghateau-Ghinon, 
de Ghâtin, de Dnn-les-Places, de Glux, de Lormes^ de 
Marigny-rÉglise, d'Ouroux, de Quarré- les -Tombes , 
de La ilochc-Milay, de Saint-Agnan , de Samt-Brisson, 
de Saint- Andeux , de Saint-I^ger-de-Fourcheret/de 
de Saint-Martin-du-Puy, de Sémday et de Villa- 
poorçon renfermaient de ces sortes de • monuments 
dont la plupart attestaient une force presque snrfanmahie 
chez nos pères. Ils ont disparu depuis que nos I^Iorvan- 
deaux se sont accoutumés à travailler le granit et à l'em- 
ployer dans leurs constructions. On les nommait vulgai- 
rement pierres-de-iarvierge ou rœhes'dei^fées, à cause des 
dmidesses ou vierges gaidoises qtâ pratiquaient l'art dota 
divination et avaient su, par dilférents prestiges connus 
des initiés seuls , en imposer au peuple et se rendre fort 
redoutables à ses yeux. Les habitants.de nos montagnes 
attribuaient à ces prêtresses païennes une puissamoe sans 
bornes^ et Jadis encore tont ce qid frappait ffanagination 
populaire et paraissait, par la rapidité de l'exécution 
ou l'importance de l'œuvre en elle - même , dépasser le 
pouvckhr d'un homme ordinaire , éuit auribué aux fées. 



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22 LE U0RVÀI4D. 

C'étaient elles qui avaient bâti ce vaste cliâtean, sonlevé 
cet énorme rocher, coDStniit ce chemin ferré (1) , détoarné 

cette rivière , élevé cette montagne 

A chacun de ces monuments agrestes s'attachait tou- 
jours une curieuse et souvent e&ayante légende. Ici, 
Cétall une (Me dame bUmehe qak, à eertains moments 
du Jour ou de la nuit, apparaissait sur la pierre et 
semblait s'entretenir mystérieusement avec un être invisi- 
ble; là, une horrible procession qui, pendant les ténèbres 
de la nuit, à la lueur kicertaine d'une torche, tournait 
autour du rocher; puis un bruit conAis, des voix stri- 
dentes, des cris plafantife, des refrahis barbares; puis 

un affreux silence ! Ne retrouve-t-on pas dans ces 

sombres récits Tliistoire des druides et des lugubres céré- 
monies de leur culte sauvage? Ces voii, ces cris, ces 
chants, ne nous rappellent-Us pas leurs cruels et saofl^ts 
sacrifices ? Ne soyéns pas surpris de rencontrer en Hor- 
vand, plus que partout ailleurs, des monuments et des sou- 
venirs celtiques; nous montrerons plus bas que les druides, 
persécutés par les empereurs romains, avaient demandé un 
asQe à nos montagnes, et qu'au sixième siècle, les épaisses 
ftiréts du pays en étaient encore peuplées. 

L'époque gallo-romaine, qui commença en l'an 52 
avant Jésus-Christ, pour finir à l'invasion des Bourgui- 
gnons et des Francs, et dura ainsi près de dnq siècles, a 
laissé aussi sur notre sol de nombreuses traces de son 
passage. Ce sont d'anciens postes militaires ou camps 
retranchés comme au BeuvTay, à Alligny, à Avallon, à 
Dun-les-Places, à Bar, à Gàcogne, à Moux, àlaRoche- 

en-Breny ; des villas dont on retrouve des vestiges 

an Beuvraf, à Ghiddes, à Onlay, à TUlapourçon , à 
Arleof , à Gbâteau-Ghinon-Gampagne, à Ouroux, à lormes, 
k Marigny-r£glise, à Ghastellux, à Quarré-les-Tombes, à 

(1) CeBt ainsi qu*en Iforvtnd on nonim« 1m anciennes tùies romaines. 



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L£ MORVAND. 23 

Bmmj, à Villaigoix. • ... ; des theimes^ des tunes dné- 
ralres^ des staloes, des médailtes saasiioailire, etenfti 

des voies antiques , qui traversaient le pays en tout sens 
et faisaient communiquer l'ancienne Bibracte, capitale des 
Edaens'» avec les autres villes importantes des Ganles. 

Les principales vcdes romaines qol animèrent antrelMs 
le Monrand sont : i* ceUe d' Agrippa , ataisl nommée de ce 
gouverneur des Gaules qni la fit ouvrir ; c'était la plus im- 
portante de toutes : elle partait des portes d'Autun, pas- 
sait au sud de Lucenay , à Liemais , à Saulieu , à Avallon , 
et courait ensuite sur Anxerre et Sens; 2* celle qol^ tn- 
Tersant le nord-est de la contrée, se portait por Saint-* 
Brisson, Quarré-les-Tombes et Saint-i'ùrc-sous-Vézelay , 
dans la même direction; elle est la plus ancienne de 
toutes; Julien l'Apostat la suivit ^ en 356, poorioUer com- 
battre les barbares du cdté de Sens et de Troye& Saint 
Amatre « é?êqae d' Anxerre, la prit, trente-denx ans pins 
tard^ pour se rendre à Autun , et Saint-Gèrmain de Paris, 
au sixième siècle , pour visiter sa patrie ; 3' celle qui se 
rendait à Ëntrains par les communes d'Anost, dePlan-^ 
chez, d'Ouroux et de Lormes. H en restait de beanx firag^ 
ments, que Ton a détruits ponr confeetioMerle clmmiB 
de grande commonlcation qni suit la même Section; 
W celle qui venait d'Autun par les Pasquelins, à l'est 
d'Arleuf ; elle se bifurquait après avoir toucbé la montagne 
de Gbâteau-Ghinon, au nord, et se dirigeait ensuite sur 
Aunay par Saint-Hilaire, et sor Lormes par Mlière. 

Une cinquième rde montait d'Autun au Ben?ray par 
Saint-Prix, atteignait ensuite le village de Saint-Honoré , 
et là, se divisant eu deux brancties, se portait sur Decize, 
d'un côté par Apponay, et de l'antre par la forêt de Fin- 
cence et le Basais. Enfin, deux antres ëesoendalent dn 
Heuvray et se dirigeaient Tune an sud , par les communes 
de La Rociie-Milay , de Chiddes et d'Avrée, et l'autre au 
nord, par Glux, Gbâteau-Cliiaon, Plandies et SauUeu. 



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2 * LE MORVAND. 

Ces antiques voies ayant été rompues par défaut d'entre- 
Um, on abandonnées par suite de la décadence succes- 
sive de la ville d'Ântnn , le Morvand était devenu presque 

inaccessible aux voyageurs, et, par conséquent, étranger 
au commerce et à l'industrie comme a la civilisation 
uoderaei Des diemins escarpés, ravinés et grimpant la 
ptapart péfl^lement aux sommets des montagnes pour 
en redescendre ensidte avec une extrême rapidité » étaient 
les seuls moyens de circulation qu'il offrit. Mais aujour- 
d'hui il n'a , sous ce japport, rien à envier aux pays les 
plus favorisés. 

Au mogren-dge, Favide féodalité se partagea le sol 
maîgra du Biorvand comme le reste du territoire de la 
patrie. Les parties les plus stériles, les plus sauvages, 
tombèrent» dans le domaine seigneurial. Alors on vit le 
pa^s se bérisser d'une infinité de manoirs féodaux, asiles 
de* maîtres ynimants et quelquefois redoutés du peuple 
mois souvent ainsi religieux et bienfiiisants, bons et 
• humains envers leurs sujets. 

£a plupart de ces nombreux castels sont tombés sous 
Id'IlH de nas discordeseiviles du quinzième et du seizième 
slèèlB> 'ott mm le nuurteim déndUsseur des égaUtaires 
de I71MI. On en remarque encore auJomtKInil les débris 
dans les villes, dans les bourgs, villages et hameaux, sou- 
vent aux sommets des montagnes ou au fond des vallées^ 
et jusque dans les sombres profondeurs des. forêts. Pamd 
les cbâteanx qui ont édiappé à la destruction^ on remar^ 
que surtout ceuxde Chastellux, de Basoches, de Thoisy, 
de La Roche-en-Breny, de Chassy, de Menessaire , de La 
Cour-d' Arcenay , de Villargoix..... 
• L'empire des idées catholiques est aussi attesté en Mor- 
vand par des rrines nombrenses d'abbayes, de prieurés . 
antiques, de chapelles mrales et d'oratohnes que la fdétë 
de nos pères avait élevés pour la gloire de Dieu, V honneur 
de la religion et le seilut des âmes. 



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CHAPITRE 111. 



Vaines oliservances..^.. 



« 4y«si un beau pays que le Morvand^ s'éiarie on asteur 
» moderne (1); là, vit une race d'hommes âpre^ et rades 
• «conmie la nature du sol, à la physionomie pleine 
» d'expression, irancliée comme elle; des hommes à la 
9 taille moyenne, trapus et Lien proportionnés ; à Tallure 
» VÊae et alerte, à l'air vif et rusé, à rinstinct prompt et 
« hardi, à rimagiaation forte et ardente; des hommes à 
» la vie de tatlgrues et de tranquillité.... • 

a lis sont grands et robustes, assez bien faits, assez bons 
» iiommes de guerre quand ils sont une fois dépaysés.... » 
écrivait l'immortel Yauban, dans sa Descriptiou de l'élection 
de Vézelay* 

Ces qualités qui distinguent, au ptiysique conmie au 
moral, l'habitant du Morvand, sont dues à son origine, 
;iux habitudes particulières qu'il a conservées jusque dans 
ces dernières années , et enfin à la nature et à la position 
élevée du pays. 

Issu des anciens Celtes qui , pour se soustraire à*remi^ 
et à la domination des envahisseui^ sacrilèges de la patrie, 
s'étaient retirés avec leurs prêtres persécutés dans les 

[\) Voix â» Mùrwuid, p. v. 

3 



26 LK MORVAND. 

sombres forêts du Morvand, riiabitant du pays, malgré 
la distance des temps , maljiîré les mélanges survenus dans 
la suite, n'a pas encore dépouillé entièrement le caractère 
de se» aïeux.; 

Vivant jadis comme eux au fond des bois, sans commu- 
nication avec ses voisins, ne quittant presque jamais le 
coin du monde où il était né, ne connaissant, n'aimant, 
ne chérissant que soun endret, son cliocher, sai maïon, 
il se faisait alors remarquer par sa nature âpre et rude , 
par ses manières brusques et peu polies. Un tempérament 
sanguin , disposé aux phlegmasies , une circulation active 
du sang , une peau ferme et colorée , une sensibilité 
exaltée, conséquences de Tair vif qu'il respire , annoncent 
ordinairement l'homme énergique et capable de grandes 
actions, mais dxxsA Tbomme àrdent, colère et passionné. 

Livré à lui-même, et lorsqu'il n'est pas sous l'influemîe 
des passions, l'habitant de nos montagnes est bon , géné- 
reux, hospitalier. Son secours et sa protection sont acquis 
à rétrabger qui parcourt le pays ; H partagera même 
volontiers avec hd son maigre repas sans^ espoir de rétri^ 
bution. Mais vif comme l'air qu'il respire , naturellement 
peu endurant envers ses voisins, il s'emporte, se fâche, 
se querelle pour les motifs les plus futiles. 

Processif et chicaneur, unl^er délit, on arbre mitoyen, 
un cours d'eau, les limites d'un champ on d'un pré, une 
Injure échappée dans le feu d'une dispute, deviennent 
presque toujours une cause de procès et une source de 
ruine pour les familles. £n effet, un premier procès, par 
Buite de l'esprit de vengeance naturel an Morvandeau 
comme à l'Écossais auquel il ressemble , en engendre 
beaucoup d'autres qui, la plupart du temps ^ ne finissent 
que par la ruine de Tune et quelquefois des deux parties. 
« Il n'y a pas, dit Yauban, dans l'ouvrage cité plus haut, 
» de pays dans le royaume où Ton ait plus d'inclination à 
» plaider que dans celui-là. ^ 



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LE MORVAND. 27 

Très-déflant en matière d'intérêt , le Morvandeau se 
montre^ en fait de chicane , extrêmement crédule et facile 

à exploiter. Aussi, malheur à lui, lorsque poursuivant 
quelque acte de vengeance > il tombe eutie les mains de 
personnes peu délicates; son avoir est sacrifié. 

Généralement sobre et économe, néanmdns^ ainsi 
qn'Ânmiien-MarcelIin le rapporte des anciens Celtes, il se 
passionne aisément pour le vin , et , lorsqu'il s'est laissé 
sotijuguer par la mallieureuse habitude de la boisson , il 
ne connait pins de bornes. Vainement vons loi parleres le 
langage de la raison, inutilement une épouse en larme» 
lui représentèra sa détresse et celle de leurs enfants , qu'il 
va réduire h. une honteuse mendicité, c'en est fait, ses 
excès ne fmiront qu'avec son dernier écu. 

Attablé Je dimandie dans quelque cabaret de village, 
il boit, diante, crie, tâpage, se qner^e, et finit quelque* 
fois par des rixes sanglantes dont les tribunaux ensuite 
retentissent 

Ordinairement pauvre comme le pays qu'il habite « la 
prospérité d'un voisin, plus heureux que lui, excite sa 
Jalousie; il ne voit sa réussite qu'avec une peine secrète 
et un ceil d'envie qui le portent quekpiefois à employer 

des mo5 eus coupables pour la faire échouer. 

Soit qu'il tînt ce penchant malheureux des anciens 
Celtes, ses aïeux, soit que ce fût llmpubion de la pau- 
vreté, rbabitant du Morvand se laissait jadis entraîner 
fadlement à quelque acte de rapme ; aujourd'hui encore , 
il n'est sorte de maraudes auxquelles les charretiers , qui 
s'en vont pendant la belle saison hors du pays, ne se 
livrent presque sans scrupule. La rigueur des lois fores- 
Ittres a singulièrement diminué le nombre des déiUs de 
Mb. 

Habile dans l art de feindre , Il s'est fait reprocher 
souvent la duplicité et le mensonge. Curieux et avide de 
noHvelies, il sinsinue dnuffmrnl j interroge indirecte- 



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28 LR MORTAND. 

ment, va , revient^ tourne sans cesse jusqu'à ce qu'il sache 
ce qui pique sa curiosité. 

Aussi ami du merveilleax qu'irréfléchi et indiscret , il 
admet souvent comme vrais les contes les plus ridicules , 
les plus absurdes, cl les propage ensuite avec une éton- 
nante rapidité. 

Doué d'une imagination vive et ardente , il s'exprime 
avec facilité > aime la conversation » et, dans sa grande 
démangeaison de parler, s'U ne sait autre ciiose, il s'en- 
treticut de son voisin, mais souvent avec plus de légèreté 
que de méchanceté. 

Naturellement religieux , il aime les cérémonies et les 
sotennités de l'antiqne rtiigion de ses pères. Il conserve 
encore cette foi simple du chrétien et cette espérance 
douce et consol^inte en une félicité à venir, qui le 
soutiennent dans les misères et les privations de la vie, 
en même temps queUes le retiennent sur la voie glissante 
du crime et du désordre. Que Dieu lui conserve long- 
temps y pour son bonheur, ces deux inappréciables vertus; 
car^ sans elles, livré à la fougue de passions ardentes , 
n'ayant d'autre frein que les lois civiles, il ne justifierait 
que trop le dicton vulgaire : 

Il ne vient du Idorvand, 
Ni bon vent, ni lionne gent ! 

Pourtant» les populatimis du Horvand» nous le disons 
à regret 5 sont loin ap]ourd'hui de l'antique régularité 
chrétienne de leurs aïeux ! Les vertus patriarchales d'au- 
trefois n'existent plus dans beaucoup de familles ; l'esprit 
d'insubordmation et d'hidépendance a soufflé par là. JLes 
vielUards ne sont plus entourés des tespeeu, des pré- 
venances et de la vénération de tonte la commu&auléi 
La piété filiale 5 jadis si florissante, qui faisait de l'aïeul 



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LE MORVAND. 29 

le chef, le roi de sa petite tribu, u'y existe plus qu'eu 
souvenir. 

Ils sont déjà loin de nous ces temps lieoreux où rien 
ne riefi ne s'entreitrenaU, ri^ ne se faisait sans 

qu'au préalable on eût pris, l'avis du patriarche de la 
maison ! Qu'il était beau , à cette époque de simplicité , 
de paix domestique , de voir toute la communauté , vraie 
ruche humaine^ toi^ours composée de plusieurs géné- 
rations, oliéir sans réplique à la voix d'un vénérable 
vieillard blancU dans la firatiqne des vertus dvites et 
relieuses , et soutenu d'une longue expérience J 

Personne ne se dispensait alors des devoirs prescrits 
par la religion ; l'aïeul partait , et' toute la famille suivait 
son eiemple. L'infidélité d'un seul membre était regardée 
comme un déshonneur > une flétrissure; car on ne lui 
suNNMait natureflement aucone autre cause qu'un vice 
grave, ou une habitude criminelle, qui ne pouvait s'allier 
avec la pratique des devoirs d'un homme honnête et chré* 
tien. L'incrédulité et Tindiffiérence étaient des monstres 
inconnus à nos pôres, et le Uasphéme une chose hioule 
parmi eux. Les seuls jurons que l'on entendit alors, étaient 
tounanc et Loup-verrou. Le premier, tenu pour le plus 
grave , venait , disent quelques écrivams , du nom de 
Tanaris, divinité gauloise que l'on croyait présider k la 
foudre. Mais c'est à tort qu'ils ont demandé à l'antique 
mythologie Forighie d'un mot qui, dans la bouche de nos 
Morvandeaux, n'a jamais eu d'autre signification que celle 
que chacun attache à tonnerre. Le second est la même 
chose que Ump-garùu ou sorcier. Nos bouleversemoits 
politiques et sociaux, les doctrines perverses qui, depuis 
quelques années, ont pén^ré dans nos montagnes, les 
émigrations nombreuses dont nous parlerons bientôt, ont 
opéré ces funestes changements. 

Il n'est peut-être aucun peuple qui n'ait mêlé à la 
pratique de la religion si pure, si belle du Christ, quel- 



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30 



LE MORVAND. 



ques superstitions plus ou motos grossières et ridicules, 
î/habitant du Morvand, lui particulièrement, pouvait -il 
en être exempt ? Mille causes , dans ses montagnes » se 
réunissaient autref<^ pour lui inspirer.de bizarres croyan- 
ces et le porter k la superstition. Le druidlsme^ religion 
sombre et mystérieuse , qui prêchait le culte des foirtaines, 
des rochei*s et des arbres , y avait Jeté de profondes raci- 
nes, et y domina long-temps après la conversion des 
Gaules au diristianisme. Les monuments sacrés de ce cuite 
barbare y étaioit aussi nombreux que vénérés. De là vtet 
la dévotion aux arbres et aux fontaines. 

Le respect que l'on portait aux premiers a disparu depuis 
long-temps avec les troiics antiques qui en étaient l'objet ; 
mais la dévotion aux fontaines s'est conservée Jusqu'à nos 
Jours souB une forme généralement orthodoxe que loi 
donnèrent les apOtres de l'Évangile, en dédiant à quelque 
saint les sources en réputation. GtîUes-ci , dtis-lors , furent 
estimées tirer leur prétendue vertu curative d'autjrefois 
des nouveaux protecteurs dont elles portaient le nom. 

Il n'est pas rare de vohr encore , le matin avant lever 
du sol^, quelques femmes endimanchées s'agenouiller 
auprès de certaines fontaines, prier dévotement pour 
obtenir la ^uérison de la lièvre ou de toute autre maladie , 
' emporter ensuite de l'eau de la source vénérée pour les 
malades qui n'ont pus^y reodre, et même y trenqier te 
linges destinés aux infirmes. 

La croyance aux sabbats, oit Von dansait en rond 
autour du diable , qui y apparaissait sous la forme d'un 
bouc et se faisait adorer, était encore naguères très- 
répandue dans le Uaut-Morvand. Son origine remontait 
aussi au druidisme, qui y canaerm. Jusque dans ces 
derniers siècles, quelques aveugles sectateurs. Ceux-ci, 
faisant un odieux mélange des pratiques chrétiennes et 
des superstitions païennes^ se rendaient régulièrement, 
mais de nuit et en secret, au fond des forêts les plus 



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LE MO&VANIX 



31 



sombres et les plus désertes où quelque vieux druide , dé- 
guisé pendant le jour eu pâtre ou en marcliand , leur prê- 
cbait Tutigae croyance de te caste et les ôiitiait à ses rits. 

Ces rAnlQB» impies et sacrUégn ftireiii désignées sont 
le Doin de sabbat » et ceux qui s'y rendaient sons celui de 
sorciers. L'imagination populaire, qui exagère et défigure 
tout, tenait pour certain qu'ils s'y transportaient à travers 
les airs « an moyen d'une graisse diabolique dont ils se 
frottaient les membres. 

les dnddes et les dmidesses on fées dn Monrand attri- 
buaient au suc de la verveine, cueillie de la main gauche et 
avant le lever du soleil , ainsi qu'à plusieurs autres plantes 
sacrées parmi eux» des propriétés siirnaturelles comme 
de changer les hommes en béleS) d'occasionner des ma- 
ladies secrdtes» même de donner la mort Ces contes 
ridicules firent croire qu'en effet , des hommes avaient le 
pouvoir de se changer en loups , d'enlever les troupeaux 
sans que les armes ordinaires pussent leur nuire (i), et 
les magiciens ftirent craints et redoQtéSb 

On s'Imaginait aussi que des hommes pmers^ antnoyen 
d'un pacte avec le diable et pour une somme d'argent 
convenue, étaient chargés de garder les loups au fond des 
^rêts, et de les préserver de la destruction en les renier- 
mant» au moment dn danger, dans quelque lien secret; 
on les appelait meneurs lie Untpt, lies peisonnes soupçon- 
nées de cet al&enz:mélier Paient on dijet dliorreur dans 
tout le voisinage. 

L'autre, le peut ^ le vilain (2), sous la forme d'une poule 
noire, apparaissait aussi ^ disait*- on, à la croîMée de 
çiMCre ckemmâ, an fond des Mib, à celni qui l'aillait 
pendant la messe du ^ttmaache , et il lui comptait autant 

(1) Pour enlever le charme , il fallait, disait-ou, faire bénir la balle ou la 
mordre. 

{S} Non» par lesquels les Morvandeaux désignent le diable. Us croiraiont 
jurer s'ils prononçaient le vrai nom. 



.12 LE MOKTANIl. 

(l'arp^ent qu'il en désirait, pourvu que ce dernier lut 
engageât son âme pour l'éternité, ' 

Les feoi-foUets, qui se nMmtrent q[aelqaefois an bord 
des eaux pendant Tété, étaient aussi fort redosfés Jadis; 
c'étaient, croyait-on, des etUards on enfuits morts sans 
baptême, qui se faisaient un jeu criminel d'entourer la 
personne qui venait à passer et tentaient de la précipiter 
dans l'eau. Pour s'en débarrasser, il suffisait de lancer 
dans la rivière on l'étang un morceau de bols ou une 
pierre. Ces esprits malfaisants , persuadés qu'ils avaient 
réussi dans leur coupable tentative, s'y précipitaient 
aussitôt en ricanant 

La croyance aux révélants sous la forme bumaine, à 
l'apparition d'âmes en sooffirance, était é?àlem«it très- 
répandue. Sans parler de l'ancienne doctrine païenne, qui' 
représentait les mânes des morts rôdant sans cesse autour 
(les habitations et des rochers, là, tout tendait à frapper 
rimagination des gens simples et à les effirayer pendant 
les ténèbres. Tantôt, en elltet, c'est un sombre rocher qnl 
tout à coup se dresse devant vous, tantôt un animal sau- 
vage qui fuit inaperçu. Ici, on entend comme des cris 
plaintifs s'échapper de la forêt qu'agite le vent ; là, c'est la 
voix du torrent qui bondit dans le l(^tain... Aussi n'est-ii 
pas de hameau qui n'ait ses apparitions à raconter et ses 
légendes effrayantes à transmettre. 

Pendant les longues soirées d'hiver, lorsque la famille , 
à laquelle viennent toujours se mêler quelques voisins , est 
réunie au complet autour d'un vaste foyer, dans lequel 
brûle quelque vieux tronc d'arbre, à la lueur vadHante et 
blafarde d'une lampe nourrie avec rhune de dienevfs, les 
jeunes gens racontent leurs impressions de vovagcs , les 
geUlvachers (1) les divers tours qu'ils ont joués> les vieillards 

(l) Gailvacliera ou vacher» tjaulois ; nom »iue l'on donne aux chanclier? 
qui vont , pendant la belle saison , travailler hors du pays. 



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LE MOnVAND. 



leurs souveDirs dç jeimesse ou les traditions qu'ils tiennent 
de leurs aïeux ; puis viennent les légendes effrayantes de 
afieetm et de fantdmes traînant des ehalnes dans de 
vieux èhâteanxy de serpents monstmenx gardant des 
trésors enfoidSy ou eiiAi les récits de vieilles dironiqnes 
féodales ; puis on redit l'apparition de l'âme de tel voisin • 
défunt, puis les chasses nocturnes de quelque garde 
mauvais chrétien (1)^ puis Taffreux. métier des meneurs de 
loups 9 pois eniB les cures merveillenses que tel ^ougneur 
a opérées à l'aide ûîherbes enchantées ou 4^ quelques 
paroles mystérieuses. 

Pendant ces sombres récits, toujours écoutés avec la 
plus vive attention, souvent la neige^ poussée par le 
froid aquilon^ tombe à gros flocons; de son côté, le 
vent, s'eogouffirant dans le laige tuyau de là chemÉiéey 
ronfle sowdemeot ou s^inslnue en gémiasant par les lentes 
d'une vieille porte disjointe. Alors la jeune fille , trem- 
blante^ n'ose plus mettre le pied hors de la maison 
paternelle» et les petits enfiants, eflirayée, se pressent 
eonvidalvenieiit contre le sein de leur mère. 

n existe dans le Morvand divers usages qui viennent 
évidemment du paganisme ; ainsi c'est encore la coutume , 
dans plusieurs endroits , de mettre une pièce de monnaie 
dans la main du défunt avant de confier ses restes mortels à 
la terre. On sait que diez les païens c^était une récompense 
destinée à Garon^^ nocher des enfers , pour le passage des 
âmes à travers les marais fangeux du Styx. L'usage de 
brûler^ en tout ou en partie , sur le chemin qui conduit au 
cimetière, la palUe du lit sur lequel le mort a rendu le 
dernier soiQiir» vient aussi de la coutume des anciens 
Gaulois, qui brûlaient le eadavve du déflmt et avec lui 

(1) Les garder» foro^tiers ^out ^enéruleincnl délestés eu Morvatid. On 
croit que Dieu , pour les punir d'injustices et autres itiéfaits commis , les 
renvoie dans les forêts ofi on les entend chasser pendant la nuit. 



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34 JUË MORVANa 

tout ce qui avait servi à son usage particulier. Oo n'oubiie 

jamais non plus de renouveler Teau contenue dans les 
vases pour le service de la maison au moment du trépas 
de quelque membre de la famille , moins comme précau- 
ticHi liygiénique qu'à cause de la commune persuasion que 
. râoie dudéfunt^ au sortir du corps» est allée s^y ploiiger 
pour se purifier. 

On ne doute pas que plusieurs personnes , avant le décès 
de quelqu'un des leurs, ne reçoivent un avertissement du 
GieL 

On trouve aussi dans nos mmitagnes une multîtaâeile 
vaines observances; ainsi , 1* il n'est pas de plus ftmeste 

présage que le chant de la pie. Cet oiseau, naturellement 
curieux et babillard , importune souvent de ses cris ies^ 
passants 9 qu'il semble poursuivre. Le Morvandeau, qui 
croit qu'il a sept paUs du diaUe sur la tite, n'aime pas à le 
voir 9 encore moins à l'entendre autour de sa maison, c'est 
un si^e certain de mort ; 2" le vendredi est un jour néfaste, 
durant lequel on ne doit ni changer de linge , ni déména- 
ger, sous peine de mourir dans Tannée; 3* un chien qui 
hurle de nuit devant le logis de son maître , une poule qui 
contrefait le chant du coq, sont d'antres signes de mort 
Aussi malheur aux deux téméraires animaux ! Le premier, 
s'il en est quitte pour une volée de coups de bâton , devra 
s'estimer heureux* Quant à l'imprudent volatile, pondit-ii 
des «euis d'or, s'il est connu, il payera son escapade 
de sa tête ; 4" une belette vient-elle h ertfiter la porte 
d'un malade , plus d'espoir de le sauver ; 5° un qua- 
drupède sauvage coupe-t-il Le chemin devant un voya- 
geur, inutile de continuer sa route, le but en est manqué. 
La rencontre d'une f«nme, an départ, n'est pas de 
meilleur augure ; 6° Si une maîtresse de maison se per- 
met de coudre entre les fêtes de Notîl et de la Circoncision, 
tout le bétail de la ferme devient boiteux. 



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cuÂmjiE iv. 



» 

W— rrim re» IiMg<'vii<', v^^iemeniH, Occupaiiclu, iMmirlc, 

irimigrailons et LaiiMfe. 



Les baliltaiits de nos montagnes vivent ovdlnaliaoïeiil 
fori nsL « Tont ce pauvre peeple» dit Vanban dans sa 

» Description de l'éieetUm de VéteUn^, ne se nourrit qae 
» de pain d'orge et d'avoine dont il n'ôle pas même le 
» son» ce qui fait qu'il y a tel pain qu'on peut lever par 
» les iMiiiJies d'avoine dont ii est mtté. Us se nowniasent 
» eneore de maavais froilSy la plupart sauvages» et de 
• qoelques herbes potagères de leurs Jardii», cultes à 
» l'eau avec un peu d'huile de noix ou de navette , le plus 
» souvent sans ou avec peu de sel. Il n'y a que les plus 
» aisés qui mangent du pain de seigle mêlé d'onge et de 
» ftunncttU » 

Ce triste r^me s'est mi peu amélioré depuis qu'ils se 

sont mis à cultiver avec soin leurs maigres terres, et surtout 
depuis l'introduction du sarrasiu et de la pomme de terre. 
Cette dernière enire aiyourd'iiui dans la compositioD de 
presqœ tons leurs repas. Us apprêtent avec èUe» ou avec 
le sarrasin et Tavoine 5 des bouillies ipi'Usnomment ga%tde$ , 
pouls ou poulites, et dont ils sont très-friands. Cette nour- 
riture, qui est fort saine, se prend ordinairement en 
commun^ c'est-à-dire dans la même gamelle » autour de 
laquelle petits et grands viennent se ranger en cercle. 



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36 LE MORVAiND. 

Ils ne iiiaDgeiU du la viande et ne boivent du viu en 
famille qu'aux principales solennités de l'année. 

Néanmoins, ils jouissent généralement d'une santé 
robuste, vivent long-temps, et toujours avec un teint 
frais et vermeil. Il n'est pas rare de trouver des nonagé- 
naires et même des centenaires conservant encore toutes 
leurs facultés intellectuelles. Ces avantages sont dus à 
leur frugalité habituelle , à la vie calme et tranquille 
qu'ils ont menée jusqu'à nos jours, à la limpidité de l'eau, 
leur boisson ordinaire , et surtout à la pureté de l'air qu'ils 
respirent. 

Si nous jetons maintenant un coup-d'œil sur les pays 
calcaires ou argileux, et en particulier sur le Bazois, nous 
trouvons une population généralement faible et rachiti- 
que , des tempéraments débiles , prédisposés aux fièvres 
intermittentes , une peau flasque et décolorée , un esprit 
lourd et une imagination sans couleur. Nous en trouvons 
aussi la cause dans les eaux croupissantes accumulées dans 
les bas-fonds et dans les marais qu'elles y forment. Ces eaux 
stagnantes , en se desséchant par l'évaporation , dégagent 
des exhalaisons méphitiques qui, respirées avec l'air, 
lorsqu'elles retombent après le coucher du soleil , occa- 
sionnent dans l'économie animale les plus funestes 
elTcts (1). 

Les vêtements de nos Morvandeaux étaient jadis aussi 
simples que leurs habitudes, et aussi peu coûteux que leur 
nourriture. Ils se composaient exclusivement d'étoffes 
fabriquées dans la maison. C'étaient de la toile, du poulan- 
gis, du barraige à l'usage des deux sexes. 

Le costume des femmes n'était ni plus recherché, ni 
plus soigné que celui des hommes; mais cette grande 
simplicité a presque totalement disparu. Le luxe , compa- 

{I . iNoiis avons ailininit»tro pendant dix ans lu paroisse Uc Mont ignj -sur- 
f.ann»'. nous nvons \m vm\s\r\[vv ers frisips rflfcls du climat. 



Dig 



IB MOftYANlX 37 

gnon funeste de noire civilisation moderne , a lait irruption 
jusqu'au coeur de nos montagnes pour y porter l'immoralité 
et le malaise (1). 

Le MoTfandean est, en général, indnstrleox, intelligent 
et »iroit Ses oocapatkms ordinaires sœit : le nomnrlssage 
des bestiaux^ l'exploitation et le flottage des bois, le 
charroi dans les forêts et surtout l'agriculture,, pour laquelle 
il montre aiyourd'hui du goût et dn zèle. Mais Yauban, 
dans Fouvrage déjà dté, nons apprend qu'il en était tout 
antreinentdesontemp& « Les terres, dtoalt-il, en parlant 
» du Monrand / y sont mal eidlirées, les habitants lâches 
» et paresseux jusqu'à ne pas se donner la peine d'ôter une 
» pierre de leurs héritages, dans lesquels ils laissent 
» crottre les ronces et les méchants arbustes. lis sont 
» d'alllenrs sans Industrie, arts, ni manufactures aucunes 
» qui puissent remplir le vide de leur vie. » 

S'ils ont pu mériter ce reproche , le temps et les cir- 
constances les ont tirés de cette négligence et de cette 
apathie. Un heureux changement s'est opéré parmi e«nu 
Laissons pafler Id l'Illustre patron des agriculteurs nhrer^ 
nais : 

a Si ce grand génie pouvait de nouveau visiter ses terres 
» de Bazoches et de Vauban, s'il parcourait les anciennes 
» paroisses de l'élection de Vézelay, il verrait combien de 



(1) Le costume des hommes consistait en une paire de sabots assez 
grossièrement faits, en deux guêtres boutonnées le long de la jambe et 
«ttacbëes au-dessous du genou avec une longue jarr^ffere ea laine; en un 
bant-de-chausses de même ëtoflto, une âanmire on surtout de tofle grise 
toml>ant presque aux talons , un bonnet de laine 

Celui desSHnniesae composait d'une paire de sabots découverts » mais 
sans brides, d'un cotillon ou }upe de toile ou de barraige, d'un cortet ou 
corsage à mnnchfs courtes et celantes; d'un rnouchoir de cou ou fichu 
couvrant à peine les épaules, d'un devarUier, ou tablier en toile; d'une 
coiffe à barbes , aussi de toile. En voyage ou dans les champs , elles so 
couvraient d'une e^ on ecyots de poolangis, asseï semblable, ici, à la 
cucule romaine; Ifc , au ta§wm des Gaulois. 



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38 LE MOaVAKilX 

» UeHX 9 dans ce Morvand si dédaigné, ont diangé de fiwe 

» et présentent aujourd'ui un aspect différent.... ! Il 
» verrait avec bonlieur les habitants presque tous devenus 
» propriétaires 9 logés la plupart dans leurs maisons, et 
» cottivaiit avec un soin particulier leor petit domaine. U 
» voirait combien de terres 5 Jadis dâaissées» obI été 
» mises en culture ! combien de diamps de seigle sont 
» devenus des terres à froment ! Chaque année voit un 
» certain nombre de parcelles, travaillées avec amour..;, 
» revêtir la qualité d'ouches, c'est-à-dire passer dans la 
• classe de ces teires privilégiées^ véritables oasis dn 
» Blorvand , offrant le spectade ^mi sol qui ne se repose 
» jamais, et qui produit, tour à tour , du froment, du 
» chanvre , des plantes oléagineuses et toutes sortes de 
» ]égasûes^ Combien de ces portions de terre ont ainsi 
» passé, presque subitement, de l'évaluation la plus vile 
1 au prix le plus élevé , an point de se vendre jusqu'à trois 
» à quatre mille francs l'arpent (1). » Il est donc certain 
que les Morvandeaux ont fait de grands progrès agricoles 
et qu'ils marchent vers un état d'aisance qUi leur était 
inconnu an commencement du dix-hu(tième siède. 

Bon nombre d'entre eux émigrent as printemps pour 
ne rentrer qu'avec l'hiver. Les jeunes gens vont à Paris 
et dans sa banlieue en qualité de manouvriers. Dans beau- 
cùop de communes^ les cheis de famille, sous le nom 
barbare de gallvachers, descendent des montagnes, chacmi 
avec une ou deux voitures d'une forme particuliôre au 
pays, et se livrent aux charrois dans les provinces voisines 
que , par opposition à la situation élevée du Morvand, ils 
nomment les pays'bas. 

Rentrés dans leur foyers, vers la Saint-Martin dldver, 
nos charretiers s'occupent à réparer ûurs harnais pour la 
campagne suivante, à la moulée dans les forêts, au flottage 

(1) M. Dupin , Comiee$ o^ricolet, p. 90. 



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LE MOliyAND. 39 . 

des bois sur les rivières et ruisseaux , à façonner des sabots 
pour la famille ou à tisser de la toile. D'autres roui aussi , 
eu qualité, de couvreurs en paiUe, dans la Bresse et le 
BouiiNmuais pour réparer les toits de chaonoe. 

Les jeunes femmes, devenues mères, quittent bientôt 
elles-mêmes leurs ménages, leurs maris et leurs petits 
enfants 9 pour aller à Paris nourrir d'autres enfants qu'elles 
n'ont pas portés. Leur santé vigoarense» leur constitution 
rolnste, leur teint frais et Termeil» leur toumore gra- 
cieuse leur obtiennent presque toujours la préférence sur 
les nourrices sur lieu, venues des autres contrées. Le fils 
de l'empereur Napoléon 1% les enfants du roi des Belges, 
les petits-ûls de Louls-Pbilippe et presque tous les enfants 
des grandes maisons de la capitale ont été allaités par des 
Bourguignones du Morvand. 

Il résulte de ces diverses émigrations un relâchement 
déplorable dans la morale chrétienne et un alTaiblissement 
sensible de la foi qtû, tôt ou tard^ auront un fatal résultat 
pour le pays. Déjà l'antique simpncité de nos pères, 
qui était si grande^ dit Née delà Rochelle (1), qu'elle ' 
égalait presque celle où vivaient nos premiers parents , a 
disparu.^ Un demi-siècle a sulli pour en effacer presque 
Jusqu'aux derniers vestiges» Le langage y a gagné beau- 
coup; mais cet avantage est lobi de compenser les incon- 
vénients que nous venons de signaler. 

Le patois morvandeau , que l'on ne retrouve plus dans 
son originalité native que vers le centre de la contrée, par 
exemple à Ârleuf, à Planchez » à Villapourçon, variait 
dtevinage» et même dimhameaa à l'antre. Use compo- 
sait de mots celtiques , latins et français mélangés, confon- 
dus et déligurcs. Ce patois , malgré sa rusticité et .sa 
pauvreté naturelles , est alternativement doux et véhément, 
semé d'images et de comparaisons, tovgours fortement 

(1) Mémain» tur le Nivemaii, p. 964. 



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40 LE MORVANIk 

accentué et souvent hérissé d'énergiques iaterjectioDS. 11 
n'admet oi participes ni adjectifs. 

L'auteur, que nous venons de citer , écrivait en 1746 : 
« qu'il était iîparric«(t>r qu'on aurait pris les MoraudetiK 
» pour des gens d'un autre continent ; qu'il aurait fallu 
» rester long-temps avec eux^ et même s'attacher beau« 
» coup à leurs termes pour les entendre (1). » 

Cette assertion nous a paru un peu exagérée. Four 
donner une idée exacte de ce langage» nous allons racon*- 
ter une l^iende du pays en patois du Hant-Morvand. 



LA VEUVE 
ET LE TE£âOB DU DIMANCHE DES EAMEAUX. 

Aine poore fonne vivot chu Une pauvre feume vivait sur 

reoôté d'aine das moatéw du flanc d'une des nMmtagmsda 

Horvand. 01 v'not d'pardesoon Morvand. EU» venait de perdre 

bonne que n'ii aivot laiché poo son mari , qui ue lui avait laissé 

toot ben, qu'aine mégante pour toute fortune qu'une pau- 

caifaole , aine p'tiote uice et ain vre cabane, une petite oucbe 

zoulis enlàntqu'tototenooi. et un bel enfianl encore à la 

mamelle. 

Opheurline d'vant qu 'date Orpheline avant d'être veuve, 

volve, ol n'aivot don pus qu'son elle n'avait donc plus que son 

p tiot qu'peuïot i'aitaicer ai l'ai fils qui pût l'attacher à la vie. 
vie. 

L'toonneutlifiébentoôtparde Le chagrin tenûl Imat^t 

sai poore zeuneeie et saibiaoté; sa belle jeunesa» et tous 

iotchip*80td'çoorequed'noo8! ses charmes; c'est si peu de 

Sib grooB œiUots nars feuront chose que l'homme I Ses grands 

bentoét çanzés aitoot. Sas zoos yeux noirs forent aussi bientôt 

.1) Mémoire» sur le .yivern^ n. d8l. 



• 



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ateiwtpuBlifiAiiiMtl^itnégreuv (tengéB. Ses joues pâles, U( 

d'son corps montret, hailas, maigreur! de Mm corps, accu* 

Seigneur I qu'ol aivot ben souf- saient , hélas ! de bien grandes 

fri. Son soin s'tairissé. souffrances. Sun sein s'était tari. 

L'hivar feut ben (leur et faut L'hiver fut rigoureux et bien 

ben long aitoot. L'petiot p'sot long. Le peu qu'ils avaient ré- 

qu'oU' aiveient raimaissé en colté dans leur champ, et les épis 

loo çamp et las réjûfis qu'oïl qu'ils avaient ramassés dans le 

aiveient liaanéeB pcndiaumt temps de la moisson étaient en 

rtenps diai mwàmt «teî«it « e p wi l d'être épuisée. . 
dut llp<M d'fini 

l4tt leisére tooxaot aflentoor tamiaève rôdait aatonr deae 

d'sei BaïOD» toot c'nwBt aiii^ maison comme un loup affiavié, 

loup aifenmé qu*airot 9»!M attiré par Todear d'un cadavre. 
Tl^Alt.d'aiD cailabre. 

Quon ol v'not ai penser Lorsqu'elle se prenait à réflé • 

qu'ol n'airot bentoôt pus ran chir qu'ils n'auraient bientôt 

p'ias chubsister , lé et son pooro plus rien , 'pour se nourrir, elle 

petiot , ol s'bootot ai réboler et son enfant , elle se mettait à 

d'toote sai téte zeusqu'ol en pleurer jusqu'à ce qu'elle fût 

feusse ben lasse. 01 iiobé m*Iah bien fatiguée. Enfin eUe .tomba 

de 1 latot impoussibe quoi en malade. 
lériveoBse antenraent 1 

Çaiqi|*ioor» quand lai peur^ Chaque jour, quand lue pDe- 

mére édiarcie da maitingne miers rayons de l*aurore bril- 

baillot, et quoi paiasot au* Uent à tiwm les crêvassus de 

traivars d*sai poore loise du sa misérable çabane, cette mai'^ 

bon Dieu , ç'te mis'rable , que heureuse, après une nuit passée 

n'dremot pas toote lai neut! dans l'insomnie , se tournait 

s'toornot vée son p'tiot, Ter- vers son enfant, le regardait 

gardotpidieusementetl'airoosot avec tendresse et l'inondait 

d'sas plieurs en I biquant; et de ses larmes en le couvrant 

'peus ol le bootot aiprés^ion de baisers ; puis elle le sus- 

loin l'ai Tôtt quot n'y aîToi pu pendait à aon sein ^de» et .en^ 

van^^Enobuit^ ol l'eiÂeatet ehu Jereplaçaitgorsacoucbohiiaâd» 

imeiidiin.i](enmffi.etdM)fied elMda comme la tfaoe. Quant 

qnlai lialoe. Usa lé, bérouse^ â éllMémei etts n'éiaH :pas 

meai ei n*atot pas fijaidélieure* fiileose. i.:»^ 

uÇ'p^ndimanti l'hivar 3'enailpt Cependant lliiver.f^.aUaitb 

4 



ter.Lasabresâtâe&rchtti'poiiiC jours, avalënt-tetranré leur» 

d'ébaumi;inviotdizail8lîdVoîée chants. Les arbres cotWIfttth 

qu'vardissot. D'toot coôté o'atot raient à se couvrir de feuilles et 

d'Iai zouas. Mas lé , lai volve du la vallée se parait do verdure ; 

zeune Morvandiau , toozors fa- de toutes parts on ne voyait que 

bîfce, too2iorsm'Iaide, oln'aivot joie. Mais elle, la veuve du 

pas 'tancheol'rtient l'aitente dè jeune Morvandeau, toujours 

1fM''ei^veDâ> ain ^sâs pobreâ faible, 'totijoars fiialade, tiV 

biauxzoorsi-liai <|0OM<|ia»É0l «vit {Msniène Teapoir 

toote son ercoosolation^ son revenir un seiâ'dè IM' t)baitt 

fior,'<ol<^épériiAioi, quoi! to^ts joumlBou m»v quiftlBaltto&te 

M.*-; ... , • ^ .» ; -<.r> «ni.':!; VH^^œU'.* ^ • -i.: o î 

Ai coôté d'sai loizo , ot y À côtô â»é»'iM(baii«i'<Alir-l»i 

aivot ain groos carté d'raîce îai marquait' un Moc dtrro^tew yjù 

qu'ots dieient quin viot, aine il se faisait diverses apparitions : 

piatrelaivoù qu'lasféfesv'neipnt une crosse pierre sur laquelle 

las autefois s'aichéte. 01 y fiot les druidesses du pays venaient 

éoot d'Qioinmè quéetfu'fois aine s'asseoir autrefois. On y enten- 

pééto ç&rue 1 Itli» Ol y atbt- dàit, èn effet, de temps eaiampaj 

liitvée, ol n'y peurnot pasg^Me^ m ^ttSk 6ffirayaiit^;^is ëUe y 

et poo ben dire, ol n'atot pas éUut m^avmé»; ét liYfidsail 

: : i '•' y- dil«,lBae'n^tpâfrpèiir«^ 

l ' m VMr ^cf Vm\(Â - JSn joUr^ dDnittâleA layèMiéri 

trépocé lasbreognes qù'cnttto^ àôleil àvaifeirt '^jteiW les-ftuiéëé 

neient lai montée, ol ailé qui enveloppaient la méhtagnej 

s'couicer aivou son p'tiot ai Tai- elle alla j avec son enfant, se 

bri darré c'te piarre , du coôté coucher âil soleil , derrière ce 

du goulot; iatot poortchi Tée h)cher ; (tétait tere dik. bettMS 

lai mis-mait'néo. ^ ' duniaiin. - ' - 1; ■r,>".> 

'-'Ylal qn-tooté^ia o<»l^ •< Tont-àeouî^,^ooÉiii6 eUe ë«ttir 

itté or ne'>peitoMit atwni o)'^ ikiéim^iè^kiim^éiïQm^^ 

4riÉe Mpée •d'MiiiM'iMitr tiAïtféfiitft^ jéuâiè'fiaiAeilft 

tlMta mHÀ ^iMriMiat la dtotJeMâeiPflièii qiiiîallid«ttl«ll 

4|Nmd'ft)0sBedè vilfagdl^^0ib8^ gnufliyesât «d» tli^eiv> « 

gueint ain santé qu'dasadfttM sllNtdëtlViâlftfftiâP^i^llellM» 

p1aà <^amps , et qu'moignQt tbot dalt à travers <;henipsèt?illNiait 



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l'église. In viot ben d'iai droit, à l'église, dont Iô clocher 
l'cHeucé qu'teurluot au Boulot, brillait aux rayons du wloil^ 
ÇaBfonnesaiveientenloosmain- EUes avaient dans lwm«M(iii»40 
gnes das p'tiotes brinces vardesr petites branches verte» q^'aUjee 
qu'oir brandineient en l'ar. agitaient dans l'air. Cette me}-* 
C*te poore mis'rable coiwpeiwné bmenae cam^^p alpis que 
quli^totiaifàtadfBâqfiMlIniii oSétaitleJoiif clePAQ^e8fl9afî09,• 
iW ëarBaimettiz. Qoéê.p- lAjourdflsRwneaiB&EUe ne Gon- 
m l . ol Dd o'oufiBSoC. rater mteit, hélas ! le jour que par 
^|pM lai oUarté, las Coinces ia<;lapté, les dimanches que par 
qu'poOilat aoOBÏie das elieuces le carillon des cloches , et toute 
etiaele-sri vie p'iai dooleur ! son existence par la douleur ! 
'> 'Ooi'ç'lai li fiot d'Iai poigne ! Quel tourment 1 Cette pauvre 
01 atot plieino d'erlizion, ç'te femme, elle si religieuse, ni 
poore fomie , et ol u'peuïot ailer pieuse, m pouvait assister À lu 
ai lai messe ain chi biau zoor I messe un si beau jour,! • j 
Oiatot mére, et, en quée- 0 UisteHe I eUe était aèie., 
qu'zoors ol n'airotpusd'paiugM et > 4|HeiqiiM: Jom eatm , ^ 
ai bailler ai BOB poore petîetl alnimil |ilw de paftt & dcton» 
a«4>oe(Mrébiieoner ;cra1ttx^ à aSB.eB&iH I JSUe poussa alors 
pm^'V'S^tCajtB^lu. dis gémMSeMents, des cris arra- 

' ' chés par une tjrop iégiUme dou- 
• ■ ■ ! t leur ! 

- Aiprée quoL-aâvutbeii rébolé , Après qu'elle eut bien pleuré, 

el s^erlevé, et v'Iai quoi s'booté elle so leva et se mit à genoux, 

ai zenoot. — Aipeus ol peurné ayant soin de placer son, en£^ 

son pooro petiot devant lé poo devant elle , et de joindre ses 

njoolte de sai peuriéle en zoi- mains sur sa poitrine pour le 

gnant sas deux maingnes chu aMMrê 4» .m pijidfi^.'BUeiide- 

seun astoonHwlà. 01 d'iMisé laeiiit IfmyteiapB à aM* 
lMg4«nps coome çaL . 

QlittidisaiiiniîélèfiMitfiriie^ ; iM^u'eUe-enlaii^i^ M 0 

tMquelttiiiéic.cOMBpom meapaixira enfant, lui dk^lle, 

peltol, et eîi dint çai , ol le eb le couvrant de baisers et de 

Mliot'alllai m , et peus ol larmes , c est aujourd'hui même 

0Mli«f> 4oozors , iot auz'dé que s'ouvrent les trésors. J'ai 

qu'Ias trésors s'euvront. Y'ai entendu dire maintes fois à ton 

90uW vu dire ai ton poore pauvre père, que Dieu lui fasas 

pére , que l'bon Dieu It fiait pasi paix et miaéricocda 1 <|a'il'y. jid 



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et mis'ricorde ! qu'ot y en aWot 
ain soos ç'te piarre ; chi peuïoos 
don l'voui 1 y prenroos ain 
p'sot d'arzeat poo t'aivoir du 
pifliigaé. » ' 

En ç'pendimam las cttetnr^ 
tidntMeinl ervenis dlaî jioooes- 
sîon %i 8*ataieiit «irotés tà lai 
portede T^ise. L')[>rétecoognot 
ai?ou i'bâton d*lai crouée, en 

çantant : AttoUite portas 

ç'atot Tmoument du miraclihe. 
V^lai qu'toote lai montée s'booté 
ai trimblier; las abres bran* 
lélenl toot c'ment m an oraize ; 
las ouïaixx a'eoôlHéreiit; lai foih 
tidngile , qn'atot ai codtè, M- 
nié, deyiai qalal raioe a'éavré. 
01 *ffié aachitodt aine grand'can 
varne laivoù qu'toot teurluot 
d'dans. Ç"n atot qu'das chan- 
delles , das mirouées , et pcus , 
poor stchi lai , das tas d'oor et 
d^arzent; zaimaa W d'chi 
hm^\ (M«ifot, ce coup lai, 
e^quoldasii^ 

• .. . :,. • 

Toot d'chuito ol se z'té dans 
ç'te gueurdine de caivarne; ol 
no peurné pas tancheul'ment 
rioihi d'pooser son poore petiot 
lâvant qu'd'entrer. V'iai qu'ben 
^ ol le booté cb^n'BMi]^ da 
tous 4*oor, el paaa'ol lampUaié 
ai»B dWanté pendiraent. que 
l'pom énooont a'aiboïoi aivoa 
das récus. Lai v'Iai don partie 
aitoot sai çaigc. 01 s'dépoiçot 



avait un sous co rocher. Si je 
pouvais donc le voir et y prendre 
de l'argent pour t'acheter du 
pain 1 » . ' 

9 

/ 

Cependant las fidèiaa 4p Ui 
paroisse, de retour de la firo^ 
eeasion, s'élaiant anétés â lai 

porte de l'église. Le curé, de*» 
bout , frappait avec le bâton de 
la croix en chantant : Attollit$ 
portas... c'était juste le moment 
du miracle. Toute la montagne 
trembla ; les arbres s'agitaient 
oomnie dans un orage; les o»^ 
seanx ae taraiU ; lalbatiuie, qui 
coulait à c4té» steèta , at le 
rocber, en s'ouvrent , laiBBa>voip 
une grotte ^acieuse où toiit 
brillait de l'éclat le plus enchan- 
teur. De magnifiques glaces , où 
mille lumières venaient se réflé- 
ter, en couvraient toutes les 
parois , et , çà et là , dea «(iules 
d'or et d'argent gisaieiit sur la 
dalle. C^t uficoup-dHeil aoaf 
giqué 1 Le désir de Ja «fOUTe Je 
tRHiyaU aeeompB. •••'".! 

Aussitôt elle se précipite dans 
cette maudite grotte, sans se 
donncT In temps de déposer son 
enfant sur le gazon. Vite elle le 
place ,aanBlB moindre défianoof 
abc uu âumeaéii d'-or, et .Ipiidî^ 
ipie.esl iimooaal SyamuseraiYaQ 
des pièoes da-. JBMMinai^^ :^ 

Mjmplit<sim.tcèliatnqa.*ella.jeiai 
porto dans sa - cabane. Elle as 

perdit pas de tempâ; néanmoifis^ 



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LE HO 

h&n poortant ! Mas quand 
ol ervené p'en preore eacoi , 
lai dieuoe atot wniotte , ' lai 
poooesBion atot entrée dans 
lléglla»; las ^rea afwaent fini 
ét^nàu 'f las ooïëùz aiveient 
*elt»oiiHnBoéd'çanter; liaodiai 
fontaingne coulot toot c*ment 
las autes fois , et v'Iai quoi vié 
aine groosse sarpent que s'sau vot 
p'ias fouillas drait laivoù quoi 
^^atot aiz*soillée poo peorier; 
ol «I iraHaaté^d'fMoii* Maa n'iar 
taknui4^'çal : laî taioe a*alo£ 
«H^otnée «ha: aan pcmri» pelîal. 
iiteg a» fMimi dans^taB 
gneafelBqu'd y peowl . 

« 

. Cte -pooro iiiia*r«ba sHoMi-'é 
fm toonBÉDlée ^u'saiaias. Lêà 
fim 4a s'ioMa'laa biM ». dV«l> 
aaicortepois, deVbeoi^daoler 

60 las ronces et las ^peunes , de 
féro toots las traingnes. 01 cue- 
riot, ol rébolot , enfingne, sans 
companiiïçii d'cueurtien et 
dlnifitame V «i' lieuiot toot 
e^aeiitaiBa loar»qm*airotpndu 
iifp'tiQ«B.ÇBi UM laaplîBM 

";• ' : "«'•.. •.;•. 

Aî/ptée quoi aivut fé toot 
c'breut, ol couéré cez lé, peurnô 
c'gueux d'arzent qu'atot lai 

catiat d-aon tampaat , ol lai^lé 



quand elle rovint , croyant 
faire ua nouveau cbargeoiauLi 
la decha avait ccisé de sonner^ 
et la procession était rsnliéf 
dans* j*éslise ; Isa arbMa .à» la 
itorèt ainaienl caflsé lamaaarda . 
murmures , les oîsaajox fiusaîaitt 
de nouveau entendre lem 
harmonieux ramages, et l'eau de 
la fontaine gazouillait comme à 
l'ordinaire. A son approche, ua 
énorme serpent s'échai>pa' dv 
Ibsu où ellea'était » an peuaiipft- 
nvant , agenottilléapQur prier, 
al fit hnin^ dans sa faita> U» 
IraiUtaakIws qui joniMaiit jla 
tam. Ué frisson, oaumit dans 
tous ses membres. Uaià , ( hoà<^ 
plus terrible ! lo roclior s el ait 
refermé sur son eniant. Tn<te 
aventura, dont la seule pensée 
glacjd.lA lang dans les vainaal ]> 
, Cetta màUMuireusa.M tvMVK» 
doBQ' plus affligée •iiu*aup> 
^paiavant. BUa aa tiwdÔHi.lai 
nmabria, aile , a'arraohaitri las 
chevieiix, se roalait dans les 
ronces et les épines , battant la 
terre de son corps. Elle criait , 
elle sanglottait; ou^^ bors la 
qualité do chrétien et la saintalé 
di| baptême, allalKurlatkeaMka 
oln liHm à la^lla onr «w^ 
airiaiTéapft LotrralaaMX I A Jatoir;) 
en'neipoavait retenir sas laiMM^» 
Apres tout ce désespoir, elle 
court chez elle, prend cet argent, 
la cause maudite de son chagrin; 
•4 lajettaà traveiale&binasona» 



66 



»aiORlAllIk 



ai clian poing dans ias boo- 
choDS , toozoors en cueuriant , 
d'aioe voix eDi«tgiiée|8on jttora 
peliot. 

. 4Oil0«mfflé6, olVQ(mioé.# 

acoutot ch'ol n'entendrot pas 
cnearier son poore enfant ; mas 
ran ! Et lai v'iai d'ercoomoincor 
sàs cris , sas rebolementset toot 
son traingne. 01 daraidoot las 
Jmb0è et k» r'Mlm qu'alaieBi 
^ las oàeamiBBea dM piama; 
«l fié «li beii> quoi pardé ta» 
lktt«es et timbé en ISaibliesse , 
WùB o'naessanœ , préequ'mor- 
te. 

Quand ol ervené ai lé, Tsculot 
atot couicé. 01 s'trâné aivoii ben 
d'iai poigne en sai s'tite caihote. 
Poore fooBe, poore iQîi^r^, 
qoée Tide autoor de lél Toote 
mMi UMto senloahroaMi looiw 
tteatt l^n'iraiirot-y pas^iataaC 

mûrir quan on ai toot pardu ! 

t * ■ . , • t . I , 

■ ' ■ » ' 1 - - 

' 01 zeuré d'paisser l'reiste de 
sas aooFS ai -peurier au pied 
d'iai raièe. Quand ol n'aivut pti 
ll^peitrviooa ,;el Vindé ë^pté» 
<^iiol ahrot.;pycetei; Vfùai$m 
if^i 9i!M ilau ^è4 tm* 
liiagne, tooie sai poore nnri- 
teure. Toot lasmaitingnes I zoor 
lai peurnot ai z'nots vée l'autel 
des Fées, towvles sacte ot h 



en appelant , d'une %'oix rauque 
et eutrecoupée par Ininanglofi, 
aon cher^oiaai. 

*• .' ; ^ ••• 

m 

RmoanÉ MBte. .tp«( ea^ 
aeufBée, eiteMeaiidiaiii>fied 
dtt^roiiBr, applique wnroiriMir 
oontre ses parois , et écoute si 
elle n'entendrait pas la voix éè 
son tendre fils ; mais c'est en 
vain ! Aussitôt la voilà de reconsb- 
mencer ses cris, ate sanglota 
et toute sa douleur ; éûm éérib 
daaii ka hertiea at^laf^ariMae 
q» màmA eté-^m» Inlmtea 
4a roeber; ellafiittnt, qu'dié 
perdit im forna et teaÂMren 
faiblesse , sans connaissance , 
presque morte. 

Lorsqu'elle eut repris ses 
sens, lo soleil était déjà des- 
cendu derrière l'horizon. EUeae 
inAïaalan/aasniiMNite^en ' 
liêf dana an ' Mte- ealMM 
fta^ taona» qàel iida4NMr 
û^éà&i Seule; seala t^vee sa 
douleur! Ah ! ne vaudraitril pas 
mieux mourir quand on a tout 
perdu ? 

£ile fit vœu de passer les 
jouis qui lui restaient à vim A 
prieratDpiMl^ttnMhaii. i^naqne 
aaa pip^piafoM^lîiMt épni^f 
elle vendit par paroèUanjftfiBlIto 
fortune poor se procurer le para 
qui^ alvecroau de la fontaine, 
composait sa maigre nourriture. 
Tous les matins le jour la sur^ 
prenait, à igenoax. prôé de. la 



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|«îchQV(l'moiQiiie;j)Uit^'quiY098 roc^ des Fée»; tous les soir^ U 

. •> :•: . Slliijicii«t(teQoppfnpiiml' *!.. 

Ot y aivoi am «l .fi^liî : K «îi. «Hli W l» fPllQii 

deurot , quand toot d'ain coup qu'elle menait cette triste vlei^ 

lai montée trérooîocissé coome lorsqu'elle sentit tout à coup la 

en aitt trimbeurment d' terre, montagne s'agiter comme dans 

Yatot encoi l'dimoince das Rai- un tremblement de terre. C'était 

meaux, ai lai moinme iieuiia. encore le dimanche des Ra-; 

iMmic^ a'einvéA'qointiaii' • Âmuxr yw ia mém0<li«i«rA« 

roolker • s'osoyiit ficiiioiiYeai^. 

dVMir, .ft'i» .{larai «ûvimiiiifiRmqpwMfi^ 

c'iniea^ ttni^nml toumi^ «ii^H cette pauvre team éprem Ml 

oouérot dans toota las membres, frisson oonyulsif dans tous les 

et toot son toorment s'révoillé : membres , et toute sa douleur 

• t 0 mon poore petiot , quoll se réveilla : « 0 mon cher en- 

s'booté ai dire en rébolant et fant, s'écria-t-elle en sanglot tant 

d'aine voix qu'bouesseient las et d'une voix entrecoupée par 

soupis, laivoù quoi ot don les soupirs, où est-il mon cher 

mon poor enfant 1 » EtpeusoU enfiintl » Puis aussitôt, pion- ■ 

z'té las osillols en Tfond d*lai géant son regard an fond de la 

caîvame, lai yoù quoi le vîé grotte, elle Taperçat, frais et 

quoi atot fros et quot riot en joyeux , s'amusant à faire son- 

fiant sonner las luis d'oorvée las ner des pièces d*or contre les 

piarres. pierres. 

Quéo zoio, mon Dieu ! soun O'^f^^'G joie, grand Dieu ! Son 
ftme n'atot p'aissez grande poo ùme était trop (Hroito pour con- 
t'ni toot son bounheur et son tenir son bonlieur. Ses yeux 
aïeté ! Sas poores œillots qui, depuis loog-temps, n'a- 
n'penïaient plienrer d'peus ben iraient plus de larmes, en re- 
long-temps, mas ot s'y r'boo- trouvèrent alors; elles coulèrent • 
téreot ben 1 Ç'atot toot c'ment sor ses joues comme deux 
deux rouchaux chu sas deux ruisseaux, 
zoos! 

Auchitoôt ol prend couéraize; " Recueillant aussitôt toutes ses 

d'ain élan lai v'iai vée son tlot, forces, d'un bond elle arrive 

d'aine autc enzambée oi atot près de son fils, d'un outre 

d'hiors de ç*le sailooprie d'oai- bond die sort da cette funeste 



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AS LE MOUVÂND. 

wiie qtf*U aîTot bailié aîn chi grotte , qui lui avait causé tant 

l^rttfdleorMf.liMç'éoQpebi de diagrin. Quatto ne fin pasM 

otriBiiipctonotiolmaoftooat Y Joie ! BUe emportait son enftot 

tt%ut pas dtender ch'bl «tôt denettslimt' 
allie! • 

En ç'mooment lai , ain zeune Alors, un jeune homme , vêtu 

honme vitu d'haibits pus bliancs d'habits plus blancs que la 

qu'lai nuize , et quoi n'aivot pas neige , et que , dans sa joie , 

été l'temps d'voui vée son fiot , elle n'avait pas remarqué auprès 

olatotchiaïhel li dîé : c Fenne, de son fils , kii dit : « Feanneî 

ipiloor éa trésor ne ttente pas que l'or du trésor ne te tente 

ai ç'i'ktml Soofins-toi qa'lai plus désomais. •So«iieng«4oi 

plttsi^vosBerioaMed'iiinemére, ^uelapinsgrailde'lîdHBBsed'iine 

ietfonp^ot.'» inète«eMèoiienCuilM 



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■ 

DEUXIÈME PARTIE. 




. • ••• : .« »* • * ) - • • j '•• ; m. ' ' -u . 

: ■ CB4FiïfŒ vl".. . V . : ■ .1 . 

. . '. •••-•'f! . * •,•.1.'..) '»' t\ , ' .;. * i' • N 

• • • 

<:Mip-é*iell sur la Gaulé celtique, »a Capitale, «on GoaVcnMméiil» 
! ' la RcUdon ei le«UMfC4 4e:fuHaiilUBU.. 'i 

♦ » •! • ' : .î . : • . , I 

Les Gaules , au rapport de César, étaient divisées, avant 
l'occapation romaine 9 en trois grandes parties connues 
sébs ta Bonâ dé Cëltiqâé, fielgique et Aqiilta!iilcpie.^'La 
prendète , la ieille d«Mit tioiis ayeiis à noii»"oc!èii|^r, 
s'étendait de la Seine au Rhône/ et du Rhin à rOcéau. 
KUe comprenait plusieurs peuples libres et indépendants, 
qui formaient autant de républiques gouvernées^déspoti^ 
quemimt Celle déii HéduCs tm Bdulens , dont le territoire 
codvndt une iprande partie de la Bourgogne , de^a BI^Ése^^ 
du Lyonnais , ainsi que le Charollais et le Nivernais , 
tenait le premier rang. Plusieurs cités puissantes, comme 
celles des Aellovaques^ -des Bituriges et des Sénons > 
reconnaissaient son protectorat ou viYaient dans sa 
dépendance. Bibracte, sa capitale , que l'on croit com- 
munément avoir été fondée avant Kome , éiail la plus 



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50 I£ MORVAND. 

andemie comme la plus grande^ la plus peuplée et la 
plus opuloite des villes de la Celtique , et même de toutes 
les Gaules. 

Guy Coquille, Vieil historien Di/erûab, prétend, et 
après lui Adrien de Yalois^ Louguerue^ £xpilly (1)^ que^ 
de grande antiquité^ elle occupa le sommet du Beuvray, 
« où se voit, dit-il 5 une grande planure ayant la terre 
» relevée ès-entours , qui sont les vestiges d'une ancienne 
» cité. > Quoiqu'on t n'y i»t r^vi^rq)!^ : iyiiib^4$yu'«Euicune 
ruine importante, on ne doit pas en conclure que son 
assertion soit sans fondement; car, amune il le dit Uen, 
« les Gaulois ne fermaient p<^ leurs vfiles de murailles , 
» naais de grandes travées de bois ficliées eu terre et 
» entassées en grande hauteur (2). » 

« n est vraisembiai)le,}aja«te<-tHU', que les anciennes 
> Tilles, bâties après le déluge, aient été mises ès-dmes 
t des montagnes, et depuis, à cfiiisç de l'incommodité 
» des lieux hauts, aient été transférées «a iieuX' plus bas et 
» de plus facile accès. « Il donne pour exemple Tan- 
denne Gergavia, « qui, du temps de César, était en une 
« fort liai^ moB^gi^e ^[AmeigpA.!eilL4e Mf&^ 
9 toutes parts, qui est le Puy-de-Dôme ^ où se voit une 
f, ibeJi^^,{^e comme eû ,cj^ de la mi4m^iM 

»„i|i;WP^^ <W ^m est de pi^ep^la^ cMé ^ Cfl^rwpt, 
» qui est la ville épiscopale et principale d'Auyj^rgi;i(ç.i 
» comme était Gergovia du temps de .César (,3),.* . , 
Far ces mo^ft,, iji^H^o j|i#i;i§^sM|tw, m^^Smt^ 

X^^vm^i et pour les^iq^s causes,» ^ran^érer \m vilie ^^p 

(1) CouRTÏp^E , Description de Bourgogne, tome m , n, 40I. 
, (S); /ÔMf. J.; . " .11'. I • m.' ■»!. » «MM^I » 'iirt/,; Iff^an'^'llfi'i 



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qne Bibine cQurQQQj^.T^rital^lmeDt an|lr^^^ 

Beuvray. 

Ge^eotimeiity him giie cooU^dil par Saint- Julien de 

et Gonrtépéc^ n'est point pow cela à dé^a%ner« n est 

possible, on effet, que le Morvand, dans une haute 
9QUqpUI^> ait eu l'honneur de posséder, au sein de se^ 

Gaule narbonnaise, ne dédaignèrent pas de nommer la 

sœur et l'cmuie de JXome , et d'admettre ses habitants dans 
)eiir alliance avQç le titre si honorable de frèm, ïottte$t)f|^ 

onn^DeutdG^tttr qa'ii l'^QfPP fie la ^mipé^ ron^^y 
la fière Bibraole n'eût quitté depuis km^rlei^p» la cime 

Beuvray pour descendre , sans retour^ d4QS 1^ pl^ç où 
elle se montre encore aujourd'liui. 

QHe)«uesatttew9i4.aq^pré^¥^ii(l).4lw le9iAlP)>ai^ 
im duHït parle. Cé$ar9«l que- ce go^er fisiit yoMna M 
parents des Eduens, étaient placés entre les rivières û*^Jmks 

d'Arroux et la Loire ; par conséquent, ces peuples devraient 
être reg^dés comme Içs premie;rs l^abitapts 0u,AI^ç^^^k 
{If'autres kpr asstoi^ hd^Qk^SKAi^ po^r paM^ 

Xpnt le monde cm^ a^fi eieimim fmfdv^i0gii%ftfi^ 
émigrations armées, qui remplirent l'ancien monde du 
teruit de la valeur de nos pères. Nul doute que nos mon^ 
tagnes , si surtout a^Ues possédaient .^oi!S l'anU^ii^ ^UMs 

et 'rqn'one partie de leur poputakÂon ne se soit uiûeà Qette 
fikule d^ Q^i^is ^qui.^èrent> sQu^ s^:c«)i3iri!^ 

il) D'AvLkyr.ovm , Trad. de Jules césar. 

Samson , Carte de l'évéché de Nevers et remarqites sur Vanètenne Gaule. 
•;£* jT»u##tuia, IniK)4uct.,.p. sl i i; • i-r. ' •» • • r 




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52 LE MORVAND. 

eir ^eittiàiiefy«il iioré de 1« f$riî UercinUmnè, éti&tM^klA 
Iscfihfilf^lfàh^. Iftf^cmtè éiitedi«*qiiêla}étties0e 

ne' se soit jointe à cette jeunesse inquiète et tifriMflente que 
Bellovèse, pour en décliarger la patrie, conduisit de l'autre 
côté' ides Âlpes où elle ciMiquit l^Insi^rie sur les Xnsces 
û^m'OùàiHài èc MttlC M'^esf de MBah^ êé iPartdb/fle 
Métae'5 tf'AqillIée , deBiMë et de Sienlie. * 

Personne n'ignore non plus cette autre excursion des 
Eduens qoi^ unis aux Sénons et aux Liugons, quittèrent ^ 
riôi dis^Heme les rorétts de la Gftitte^l foadireiiti 
éeitf 'la c&àiMiB dé Brénnu$,'9Èt FEtrarie» Où-Us YbreDf'> 
dit-on , attirés par la douceur du vin de ces climats. lié 
prirent la ville de Clusium , livrèrent un combat meurtrier 
aiUL Rémains, qu'ils vainqaîieiit sorles bords ûe VAJiSû; 
et; 'ittai'eli8iit enMte idirolt àlloiiie/^in|M»fèn!ift iJètte 
nÊLé et là Hirf^èi^< aax Manaes api^ l^aveilr plllëe. • < 

Si on en croit Tite-Live , la fortune changea l)ientôt 
pour nos pères qui, vaincus à leur tour par Camille > au-^ 

0el cette biiBaate afiàire^Mtnât; méi^ le tilM de^tMfiifiéau 
Bomûtii ; n^échUppèMit ^jpi^^ peâl iieiid>irei à'tui ^lilreîix 
iMssacré. Mds Polybe , pIustaiMfèn'et liaMtifi^ partit qâë 
l'Iiistorien latin, dit simplement (|ue les Gaulois, après 
avoir fait la paix, regagnèrent tranquillement leur patrie. 

Ces peuples / flelon d^uidàis aâteurs^ 'dnfem 'lénÉ 
tMtëtré de rilliâ ttiote^ à \e»c6migfs et 1^ leur brtfvoùre 
qu'à leur taille gigantesque et aux cris effroyables qu'ils 
avaient coutume de pousser au milieu des combats, et 
doBt lesRomaiiis furent si époovantéB^qâ'lisjetèreiit HMi 
âmes; et< s^éiftalrent sans disputer la tltlekei Dcrpals^esl 
éféiieinent, si funeste pour Rome, le nom gaulois inspira 
toujours tant de terreur sur les bords du Tibrcque, dans 
les guerres contre cette nation , tout privilège cessait et 
tout citoyen devenait soldat de droit 

On prétend généralement que lés Gaulois bâtirent des 
villes fort tard et quc^ jusque-là, ils menèrent une vie 



« 



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Bomade et Técurent smss dttientea Ht tron?aient aloi» 

dans leurs nombreux troupeaux de bœufs, de porcs, de 
çhèvres et de moutons, ainsi que (isuis la citasse et la 

tiâp-restieiiitft, de la vie pastorale; àpeiae essayaieiit-ilayi 

çàetià, une culture ingrate et stérile. Us mangeaient 
assis par terre sur des peaux de loups et de chiens, 
bovaient tous dans la même coupe , qui passait successive. 
QfntdQ.pIns.aaciea Jasqii'an pl^sjeiuie de la làmlUe^ 4^ 
se saluaient avant d'y mouiller lenrs lèvres, ce qui, plqi^ 
tard , amena l'usage de hoïre à la santé et de trinquer. 
Aucun peuple n'a conservé plus reUgieusement cet antique 
«sage qiifi les Morvandeaux. Boire sans saluernonunémeot 
la pessonnelaplnsconsidéraUiede celles qui soni présentes 
et toute la compagnie, serait regardé conune une grav^ 
impolitesse , ce serait une grossièreté. 
. lAlMMb80^ des Celtes du Morvaad comme celle du lestf^ 
desGaidois^ consistait ordinairementen de la U^pst, du ddiQ 
Qtdes liqueurs fortes qu'ils composaient eux-mêmes. Us ne 
connurent le vin que bien tard; mais dès-lors ils le recher- 
chèrent avep iufeur.; lis i5aaiû^At.so.uvçnt les cjhoaçsi^ 
plus précieuaiM pour ^en .prçiaiuraE;,.aufal Içut/ >itrOi| 
fspiociiér lafiatgré.la fingfltté de tonus wa^^ Vi^eès Ham 
la boisson. Nous avem vu qu'après deux mille ans , la 
même passion se rc^trouve encore dans nosMorvand^^^ 
leurs desceindaals. , , 

avaient lapeau l^anobe, la taiOe-haute, leschevei9x,]>|pi)i|dtif 

ou dorés, les yeux bleus , le regard farouche , et menar 
çaat; .qu'ils étaient proi^pf^ et .q{ier^tieuç$,. )wyf^ut eii 

Pf^sençe.ide Jto^:£Qm^>,fpl s^^ d%^ 
^rtie^mls qa!en.r«nra9^q» fîsfH^ilt doctes, q^wk., 9)9 
savait les flatter, h ajoute que leur passion pû^r, jejf 
{(tait effrénée et leur curiosité proverbiale. 



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au-devant des (Hrangers, les Conduisaient poliment soiis 
leurs tentes et leur servaient, sans rétribution aucune; 
idie j^dik éo^^eùse dàïis lési prdiisioil^ ée lilèudie destMée^ 
im tsoÉié. Jàmâi<^Tb7Sigeary'4itteI qu^ll; ftte, n^ént à se 
plaindre ùé ses'feôtès; dièz eux l'hospitalité était sacrée. 
kms ils ne purent pas en dire toujours autant des étran- 
gêrs, qui abusèrent souvent de lear extrême créâulKéi 
Ces traits divers du càractèi^ dé eès aiiéieisspetfiAes'iie 
i^6séiiteiit-ll!< ntfè ëdalogié fi^i^të' avec 

èéitii de nos Morvandeau^ ? f. .-^ 

Lés métaux étaient peu connus parmi eux , aussi leurs 
instruments étaient preéctue toojoiirs de bois m de pienpfr. 

niardfàtént t&inM la '^olMÂe cônvërte ' d^ 
Attirasse d^)sier on de plke'fej èt portant' à la main une 
hache de pierre, dont la Ibrme et la nature nous sont attes- 
tées par l'iiistoire et les découvertes faites en divers lieitM 
dii fltéi^àml^ ëntreitottcs;^ ik haii«eurto<JNiir», pirès 

dèiiâr^-^rË^faiè.' • • • f- •* . . " ^ 

. Simples dans toutes leurs habitudes, ceé peuples l'étaient 
aussi dans leurs vôtements. Ils ne se couvrirent d'abord 
que des peaux des aniinattx «(u'ils tuàieat à la chasse 
éto ceux '^^m t^vamiSm ^di' tesHesoios de isi fknmna 
Mlfâd lèsrflioc^S, renbmmés par leurs ouvrages en fer 
èt lem^ tissus de toile, s'étant établis en Provence, où ils 
bâtirent Marseille et Nîmes, ils apprirent d'eux Tart de 
travailler les métaux^ où Us excellèrent IdetttOt^ eeltfl dé 
ISiéfe là IdISé ddnt Ib se fii*ênt d^ hÔAts; èi Ééhot^i à 
irtiltrver le chanvre. La laine de leurs troupeaux fut aussi 
utilisée ; ils la convertirent en étoffes propres à les pro- 
téger contre les rfjjuëiits dû fréid^ ët j^èteûi le sagtml 
sèrtë dé'nianleàâ conk qî^tts aî^tàlëift t>à^^ 
iè^fksttcl&y éï if^élr'éëiiibl^le à ceux que portent encore 
ÏÉ«i femmes du Morvand, lorsqu'elles vont aux champs. 

La religion des Celtes du Morvaûd àé Ait d'^bord^'utt 
firHehisme grossier ^ ils ^doiràilettt lés l^latMès ètlèsiai)^. 



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les rochets et les fomaines. Lèvent 4nl^ desséchait lenrs 
campagnes, l'éclair qui éblouissait leurs regards, la foudre 
^ les effirayait par Mm épouvàntaJ»l6 Craeas, leçuréH 
Miis 1ioiÉiiiiàge&:B 6eoi]ile qu'en «Mv ôda dmlt'àfolr ' 
iM'niiCiiréUeméift't^ei' im -pet^^ de iMfgmfiQt'ii'lmdtl 

point été divinement éclairé (1). • • .1. 

• 'Dans le cours du cinquième siècle avant l'ère chrétienne^ 
tttèinidfttuâ6'âQuaiali^ cm&b^ da lioréâeJa 
CMfrtjÉMiie «téê l^ttMjëoitâ^ et lem soi» iaitibii^ 

duitc de IIû 011 Hésus-lc-Puissant , s'avancèrent , après 
bien des combats , jusqu'au cœur de la Gaule et arrivè- 
tm, 'ièttii moiib 'ëilueâs^ aliloord'hid le Mervand (&}* Ces 
éMQgbis'iairaimit amiSÉ wt^ eut kll» pretm cmiim 
i*mWfi(kB[ike êi^^ e'^-à-idlre isages.- GeM-d prêt 
chèrent aux Indigènes leur religion, leur en ensoi<?Mèi eut 
les* dogmes et la morale^ et bie&tôl 1^ croyances 4eà 
deux {leiii^' 6e''teoolG«iâirM "pcm'W^ fûnOBt 'q^ 
i»eilili*lliécaogië et tme tnéim religion ; le cfaruldldteei 
■ Ce culte avait pour base le dogme de l'immortalité de 
Tâme par la métempsycose , et celui de l'unité de TÊtue 
j»|rrêmë yHUi.'qfA «loiinait à sa théologié nne-snlKlMté itt 
tme* «upétloitié lacoatieBlaliles mt'fM&^'ù!» Cëtteà ët 
«m^ës mttàM psâMâMa Sftidovaâe-seitliidnM à eesii^ 

points fondamentaux: t Adorer Dieu, ne faire jamais le 
» mal i se distinguer par sa bravoure. » 
* GoilliiielesPénesrylesdiiâéesn'avadeil^^^ 

plrème, que de prétendre la renfermer dans un lieu ou dé 
la représenter sous la iigure humaine. Le chêne était le 
âii^^ao^l ils afadent jj^ns p»ûcn]ÈtimM^ 
souvenir de sa présence. Cet arbre' étalt> à leurs yeat, 

(1) DitAMDiwi wt Sawt-Espmt , PûBtet d€ toi Pranee « Wfcmw . ' ' 
(9) fWci, tome I. 



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56 l£ MO&YAMO. 

totylnlMle^ti'bnkriie de la diviatté^ itodeiiiviltsl 

disaient Tavenir par le mouveinent de ses feuilles. Ces 
prêtres païens en avaient une si haute idée , ils lui avaiesi 
YOiiéiUÉe 8î profonde TéiiâratiQBy^'Us ponlaienlfinrleiiv 
Imt ,.da)ia toirte» les céniiiioiiiea OnenKeyiine oonroina 
de ses rameaux (1) ! 

. Les druides aimaient, en conséquence^ le séjour des 
plus sombres forôtSi Les lieux isolés, capables d'im^irei; 
de-la crainte etime 8(Nrled'efi)poifeligieaxi éUiieBl mttmA 
vedierdiéft dé ces ûo(!ibem my$tëgimuL et. redontésita 
peuples. C'était là qu'ils cultivaient les hautes sciences 
religieuses, civltes et philosophiques^ car i)a étaient, e^ 
Mtoe temps , ponltfes ^ légîdateiisftj. jngos # m^dedoii» 
pUloaoplies et.poète& Cétait là aussi -fie >ae Iromratait 
les divers monnments de leor eolte. Les forêts du Haut^ 
Morvand, surtout depuis le Beuvray jusqu'à Quarré^lefr: 
Tombes , en renfermaient ja^Us un grand nombre (2). • 

Les druides croyideat ami que. lea lieux éqniiKnils 
dtaient airtaat de sanetnaires éle^ par lanatae è VtUxe 
suprême ; de là leurs établissements au mont Dru , au 
Beuvray, à Sauit-])lacc . (3)... Ils formaient quatre classe^ 
ittstinotes ^rnat'ClHicifte .son rang et ser.attribatiiNHi 
dtaraesL JLcanuMleaf^odaipfdeiit deaitttt 
de la religion, et en enseignaient les dogmes et la morale 
à la jeunesse. Les eubages ou ovates allaient dans le 
monde , étudiaient les sciences natmellfis^ telles que, la 
médecine , rastfoncnnie^ et s'oceupateiit de dtvMioBii 
liisriaiimiddesr^ ataisl nommés du roi S^ifon, Tun deif 
premiers qui régnèrent sur les Celtes et leur contrent 
4eS)iempiU)is p»bli<;$9 ren^ai^ti la jnMpCiet 

(1) jram jmt m vobovum éUgmU lueot, ntsulfai ttem ÊSugeàpronâêeimi^ 
(S) £/gciMiai^<fiiilim, lomeii, p.965. . |.:m 



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LE MORVAND. 



57 



MX «Dotsâts, Safia les imedes eéléfeiatoiit M tettru* 
meiitB le» feitos dvttis el religieuses destitoyens ffiaMm^ 

et les hauts faits des guerriers, qu'ils accompagnaient 
jusque dans les comlitats pour stimuler leur courage > 
soutenk leur arâeiir> et leor inspirer le aiéprii de là 
aiort (I). Leur influenee était si gnmiB, qn^Os • airi^ 
talent quelquefois la foreur des eembattants , et réooln- 
ciliaient deux armées prêtes à se livrer braille et à 
s^entr' égorger. t 

Les-décisioBs des dmides étaient rairemeat tranirei- 
sdes^car, maliiearià qni Teftt osé. H était amrftdt linn^ 
d'anathème , et , par là , exclu de la société même de ses 
proches; on le fuyait^ on l'abhorrait comme un scélérat^ 
VB pe$liféré> qiâ aurait traîné après M le désiieiiiiear> M 
eeatagtott ^ la iDott) o&ae M vesdaitpasittaBièlaJot^ 
ûee. Céttdtf dit César, kt peine là plat ftdmitable^ la 
plus terrible de toutes (2). 

Il y avait aussi en Morvand comme dans le reste des 
Gaules 9 des.draidessea^ vnlfaireHeikt conMes sons 'ls 
nem de /fa on Vierges. De làv ainsi qne noos Ifams 
remarqué plus haut, ces nombreux dolmens du Haut- 
Morvand communément dits pierres de la vierge et rocket 

des fées. £lies &'OGCim>aient de divination et deip^édieUnnsf 
leur inilbenoe était aassl Ibn grande fami Inf peÉJpie^'qai 
tflS'Creyàit capeMes de fiyre les pins 'étonnantes' mer» 
feUles^ et surtout d'opérer les plus terribles maléfices, 
comme de.cbanger les hommes en bêtes ^ de > faire péiiiè 
Ita aidmnnx> d'-eièiter ks tempêtes en tienuputt jnnietf 
ment im* éii^niAe dans Feaa^nno^siiitfie flilee élaiaei 
extrêmement redoutées en Morvand. 



(l)>ikM|innr| Wlf* dlP^MNMl tHMl* • 

ntURDine DK Saint-Esprit . F<rt>l<i» to m m • M tm m , > » 

Chakdo» , Hitt. de imviIktû'Mmsmt \Êm» i» 

(S) De JMto GoUiw. ■ ' 

s 



4 



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58 lift'IfO&VAim 

sacrée parmi enx. On lui attribuait la plus sublime vertu > 
comme de rendre féconds les femmes et les animaux sté- 
rites^^ fil de guérir toutes sortes de maladies, cueillette 
staHitaitle sldème joter dft.la pnoMlèce Imb^et CéHiC 
mM^ém eMM de tmte ims qni était préifKé. Qatft»* 
semblait au solstice d'hiver, c'est-à-dire vers le commen- 
cement de l'année^ pour courir à la recherche de l'arbre 
qà 90ilait:JLa ptote eaciîâe. (ft). i^ffiqu-oo. i'ayail dé- 
ècpiMt^ilfr poÉtUe». sqM d'im oohInmi oortége, et 
rendait an lieu désigné , détaohail l'objet, vénéré aeiee 
une serpette d'or, et en faisait^ par des ministres subal- 
tnmii» >. une distribuUea à toutes les personnes prér 
liDtea €e1leMiie remalHit «vec leii>lei aigiM» dHM 
ettiême déMion^'et le eoMnBifeDt ensuite très-prédt»* 
sèment dans leurs malsons ou sous leurs tentes. Vingt 
lois les sombres lorêts du Morvand, parcourues en tout 
tins par mtt mnltitede refineilUe, tMil jreleitti. du cd 
•MBé: ifrAB^FannentM fingiinb.le» iodi^:et ltn 
édMiB des bois ont répété ce ori reUgie«& de nos pères; Uk 
cérémonie , commencée par des prières publiques , Bt 

\\ fvtftUL \t dniiisaie^ eett» MHgtoa .infMdsiiseLjel 
enintive, qui ne Mfia Jamais m deg^nf» à VémIÊmA 

et se propagea toujours par initiation , n*aviit^ du nMdnt 
en apparence^ heu de profondément immoiaL Mais, i e^ 
ntVwrtj dis Ina d anfliisi v f ^' 'ff' dola^ nH on/ a mn i o wwl 
i^MWgaew< péitteMy dani>.kn:tHapndevfléaiiK«dl:4B 

(1) L'année druidique eomneoçdt ta soiatiee d'hhrar, à la tixièmf nnit 
éê la première lune; on l'appelait nui t »jre ,- comme proaaisaBltlpISaJBe 

«Qtret. Les Gaulois, se disant âls dePkitoaetde.r£rèbe, complatiMtffo 

conséquence , les semaines non par>in>iiimBi » miiai parJe» —it» •> , 

(8) Puni , Itv. XVI. • • • " »* 



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LE MORYÂMO. 59 

mallienpiiliycs, les sacrifloes humâtes « et c'est alors 
qa'dle revêtait im cmclère barbare, bonible, qui la lit 

détester^ et servit au moins de prétexte , aux empereurs 
<le Rome^. devenas maîtres des Gaules, pour la proscrire. 

Lors dope qu'on sacrifice abominable était offiart à Esut, 
ce dleo cruel et sanguinaire , U père du eamage, ou h 
Tentatès, Fami du silence ^ le 
enfin à Dis;,/e père de la jiuit , on voyait un eubage s'ap- 
procher mystérieusement du cadavre de la malheureuse 
irietlme» gisant aux pieds du sacrificateur , en tirer ^ aux 
applauéissemeBts d'une muUitude hisensée, les entrailles 
encore palpitantes , les interroger d'un œil scrutateur et 
inquiet, et prédire ainsi Tissue d'une guerre imminente ou 
la fin d'une calamité désastreuse. 

Outre l'ordre "si 'jouissant dès druides, fl en existait 
encore un autre ches les Cdtes, c'était celui des âieva- 
liera ou nobles qui se transmettait héréditairement. * ' 

Le gouvernement du peuple éduen était une république 
administrée de^tiqnenient par un vergobret, sorte de 
magistrat suprêime , élu chaque année par un sénat com- 
posé des prêtres et des nobles de la nation. Il avait, 
pendant toute la durée de sa charge , droit de vie et de 
mort sur tous les citoyens; mais^ par une précaution salu- 
taire, mû! était défendu de sortir des limites du pays de 
s& domination , et à ses parents d'entrer ati sénat pendant 
tout ce temps. • ' 



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CHAPITRE U. 



ÛM^nêlc iNft HavlM par Im ImbIm* Vmm M avAnt lêMW-Cliritt. 



Tel était l'état des Gaules ^ et en particulier de la 
C€ttt^> ^nifioe 1^ lUNnains^ inattrâ dé. 1^ 
formèreiit avec les Édaens cette conféd^ratloii fomeme 

daDs laquelle ils se donnèrent mutuellement le titre d'alliés 
et de frères (1). 

. Aidés de l'appui de leurs nouveaux ands, les iii»iQiecs 
entreprirent de ndttyeUes conqaûtes^ et les seconds^ gge 
cette alliance rendit pins iers et plos témén^ires, tentè- 
rent d'opprimer leurs voisins. Ils attaquèrent donc , sous 
le commandement d'£porédoxjUL> Içs. Séquanes ou Franp- 
Çonitoi»» qui aiyelèrent k lw..s^iirs- le. J^n^lajfit 
viste, chef de plusienrs tribus gennaine& On.ep vint ^ 
mains , et bientôt les Éduens furent forcés de se repentir 
de leur témérité. Vaincus en deux batailles sanglantes et * 
réduits à la dernière extrémité, ils mirent bas les aimes, 
et imi^orèrent la clémence des vainqueurs. Geux-d les 
obligèrent à livrer leurs enfants en otage , à faire promesse 
de ne jamais réclamer le secours des Homains, et à rester 
éternellement sous leur dépendance. 

(1) AMViM-TBlMiT, Biit, été GtuM», tom. ii. p. 168. 

* 



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A cette funeste nouvelle , toute la République fut dans 
les larmes^ et plus d'une fois les tristes édios du Morvaiul 
nipétàreil les cris âécbkaats des mères qu'on aUatt pd m 
de leurs enfimls. 

Touché du malheur de sa nation, Divkiac qui, cette 
année 5 était revêtu de la dignité suprême de vergobret, 
et qui seul avait reinsé de sousoire à ces ignominieuMS 
cofidUloBS» malgré la loi qui lui interdisait dé quitter 
■a patrie 5 vola à'Reme pour implorer, au nmn des 
traités, Tassislance du sénat. Mais celui-ci, soit que le 
soin de déjouer les projets de Gatilina , qui menaçait de 
renverser le gouv e mèmcpt établi» ae le lui permit pas» 
81^ qu'A fftt guidé par une pofitkqne astxdease , ou que 
son mépris pour des barbares le retînt , ne se laissa point 
toucher par ses instantes prières , et les Éduens et les 
Ségoanes durent régler eux-mêmes leurs a&ires. 
• A oetio époque (1)» les éfénemSDts qui devaient amener 
ente la nrine de l'antique république éduenne , se suooé- 
di'aient rapidement. Il arriva bientôt que les Helvètes (2) , 
mécontents de leurs vallées étroites et stériles, voulurent 
^aller cberdior an loin une patrie plus douce ei plus heu* 
•traeL Us brilèrent donc, poor s'interdire toute pensée 
de retour, leurs villes, bourgs et villages (3), et partirent, 
au nombre de trois cent soixante-neuf mille» pour le pays 
ées Santons (4). 

Déjii ces peuples ^apprêtaient b traverser la PnwiMe 
ntmaine (5) , lorsque la aouv^ en parvint à César, qui 
gouvernait ce pays en qualité de proconsul Accourant 
donc de ilame en toute hâte» ce général ramasse ses 
légiOBS» attaque brusquement les Helvètss et les rtpOMSSi 

<1) An 58 avant Jésus-Christ. 

(S) Les Suisses. - ' * . 

(3) Au nombre de douze villes et quatre cents bourgs. 

(4) Ceat de Saintes. • 
t9) Le Pmenee. 



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62 iM MOâYANO. 

avec perte ; force leur fat de tenler Is pmm^Ê mt m 

aatre point. Us envoyèrent donc des ambassadeurs ant 
Édiifms> ûi, 6u» aileadre leur xiéponse» Ut entières! sur 
le territoire de la Répnbliqoe. 

Ceux-€l aytM pris annltét les mÊès^ vmmAM^Aéjjk 
la ligne de la Saône , lorsque César , avec ses légions , 
aniva à leur secours. Vaincus en deux batailles sanglantes 
et réduits à eeDt dix mine» les fielvètes dareM se soi»- 
Mttie «t rentrer dans lenn vmAagBes»- qu'ils avalent 
eux-mêmes si imprudemment ravagées. Le tyran de la 
Geltiqpie^ Ario^istc , fut aussi deux fois battu ^ et contraint 
de re^aner le Riiiniivec ses Germains (!)• 

iprès aes InlIaBts exploite» les idneai et laiM vai^ 
obéraient que le calme allait reaattps danstleoppatila; 
mais ce n'était, à proprement parler, que le commence- 
ment de ses malbeurs et de son complet asservissement 

Le procoasid, au Hca de raaieaér ses léi^ns dans les 
pays soimils à la doflilDaâoii rmaniae , les eaailonMfc sur le 
territoire qu'il venait de débarrasser des barbares , ce qii 
constitua une violation flagrante du droit des gens, et excita 
riadigaatioa publîqaew Les Belges forma les premieis à 
leler le tri d'alama at à oawir aox aaaas; les Simm les 
Isritèrent Les âdaens, aa ooalmire., toaiôàrs idèies à 
leur vieille alliance avec l'étranger , eurent la faiblesse de 
combattre sous ses drapeaux^ et lui aidèreitf puissaBuneat 
à obtenir la vidoire sar l0at8 vaisin& 

Pourtant nos pères ne iarddreiit pas li aavrirles yeax, 
et comprirent enfin, non sans un morne chagrin, la gran- 
deur du danger que courait l'indépendance nationale. 
Haatenx d'une i^laaer qirt fiamaait à l'asssciùsameBl des 
Gaules > ils prirent 5 mais trop tard 9 la résolution de 
travailler à l'abaissement de l'ennemi commun. Ilscoai- 
mencèrent donc à montrer un refroidissement calculé et 

(1} dMH , lib. Iv. Biêi. deê GanÊMê, tom. it , p. SIS-M. 



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LE umyAam 69 

uneMitatk» q«e Gérar ae paculBl à vaiiicrë qa'k.VM$ 

du parti puissant qu'il s'était, à force d'intrigues, ménagé 
dans la cité éduenne. Ce n'est pas d'aujourd'hui que l'on 
KeacÉDtre .4aiiB la société 4e ces hoiimiies amhiUeuLel 

to«6ote8 «I étalent là^ JorsqoHui évé&enent qui sar» 

vint 9 mit toute la république éduenne dans la rumeur, le 
'tnmble et l'agitatioa; il s'agissait d'une double élection 
de.tevgelNret Une goore cifiie ailait înCtiMMement éetar* 
fer 9 lorsqu'on, réseliit y pènr pnévenlr «i tâ .Mttcknr^ 

d'envoyer une ambassade à César pour le prier d'inter- 
poser son autorité. Celui-ci se trouvait alors à Bourges, 
qu'il venait d'enq^rter ^sè» un aiége auaai long 4|att 
péRfilins(i). 

Mnm édfe ce iiui se pa8Mltiëe>ranine oMédela Mre^ 

le général romain, malgré les embarras d'urne guerre qu'il 
voulait pousser sans désemparer, résolut néanmoins âe se 
lendre m»; raui <de m aHlés.» et cdft?O f> â »cn eona^ 
^|aenee,lieéMt«t tente le neUeaaeéÉnenne à Dédier 
petite ville située danstme tte formée par la Loire. U se 
trouva lui-même au lieu du rendez- vous , le jour qu'il 
avait fixé. De n^émoire d'immme^ les montagnes 4u Morw 
laid n'svatat TU ééfilcr tM Me fto«^^ 
miniit Pnsfne Iw ta çitoyelit 4e MilMè et lee 
hommes marquants du reste de la République se rendi- 
rent, en elTet, à la suite 4u sénat, au Meu désigné pour 
vider im débat des.jj^bB'gvavee. Là^eans |MBdn4e teittpe> 
Qénr^ fll^peant^n- Juge el le «x4e'4es Wê ûê fMf»'.eii 
maln^ éeoule attentivement tesraisens allégnées de pari 
et d'autre; puis, en homme prudent, talide FélecticKi de 
GoBCictolitan, qui était le ;résultâ^jiu concert .du sénal 
des prêtres de la nation, et toce Gotns, bien que dumd 

partisan des Romains, mais dont le cboiz n'avait été fiilt 

, ' \ - ' < .* • 

(1) ]>eM9G«U.,clitp;nivy.St. , . i M 



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que par quelques niiMes an mépris ées atafw Mtiques , à 

se démettre de sa prétendue dignité (1). 

Cette affaire aiasi réglée^ le proconsul, suivi de la 
cavalerie édoeme fiiril s'étak fait amener, se porta, à 
mmfces forcées, lor Gergovie, capitale des Arvenes, où 
ces peuples se trouvaient réanis sous le. commandement 
de Vercingétorix , l'homme le plus considérable d'entre . 
eux. QaelipMS joara après, dix mille hoauBues de pied, • 
fse César avili aussi obtenus de vergobiet et do sénat, 
BovtaieBt de Bteacte, et mardnieiit «tas la mène dim* 
tion sous lès ordres de Litavic , jeune capitaine issu d'une 
des plus ancieones et des plus puissantes familles dQ 
l^Éduimie, et, ensecfet,eflD8mijttrédesRomalas(2). * 

Le proconsul n'ayant pu , malgré des eftots.8urtinMlnfr^ 
se rendre maître de Gcrgovie, abandonna brusquement 
le siège de cette ville ^ où il avait vu sa fortune près de 
paioetnibw soos la valeur ganlDlso, ot se porta da oété du 
pays des Édams. Mais la renommée, fut a«desata,ry 
avaKiH-écédé , et foole la nation 9 att'brnit ^ IMèefM 
venait d'éprouver, s'apprêtait à courir aux armes. 

Informés de œ qui se passait dans leur paiiie, Époré- 
derix, Jemn gnenier aussi remarquable par son comniia 
fris par la néUesie é&.ams arighie, et IMmnsMy ier 
enfant du Morvand (3) , qui commandaient la cavalerie , 
obtinrent du général romain la permission de précéder 
las légions sous prétexte de. calmer les.e8pritset.de laiie 
renlMT leufs oeacttoyem dans le devoir. 
• Aloar a >rl^ > Wev<w, Hs eonnmr^nt atee oertltoée m 
qui se passait à Bibracte. Ne doutant plus que l'heure de 
la délivrance de leur patrie n'eût sonné, ils égorgent la 
éramisén ^: pillent les trésors et les bagages de l'année 

(l) DeMoGoWeo, liv. nu, ch. 88, p. 196. 
tS}iM(l,chap.a8»p.S00. 

On eroil qti'U naquit k Verriêm-sow^onMittMi. 



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Ui MORVANIK M 

romtee', font parttp pour WfÊurMB' 4eB otages êe la 

Gaule que César y avait laissés, et mettent le feu à la 
villfi. Puis ^ sans perdre de temps , ils écheloimeiit des 
pwleBiidlttaimle long dts bords de la Loire pour arrêter 
V&mtBùÈ et le fovoer à se retirer dàns'le pays jde sa domi- 
nation (1). 

Cen était fait des Romains enfermés dans un pays 
saccagé et estourés d'une population soulevée, si la pnn 
deaee oïdfaiaiie de leor général M ^eù^t fiiit délknt dans 
cette périlleuse circonstance'; mais indomptable pro- 
consul d'un coup-d'œil a compris sa position. Accourant • 
donc rapidement vers le nord, U passe « contre Tespérance 
des Gavloift, Mlioireàgùé^eimreslirlepaystaisaigé. 
Cfesl alors qu'il eonnnl-^'fl n'avait pas ail^ seolemenC 
anx Édnens , mais à tout ce qui conservait encore un cœur 
généreux dans la Celtique. En eflfet , nos pères , soit à prix 
d'argent, soit par la pnissaace de lenr ascendant^ soit 
eninpar menace d*égoiger les otages enlevés à Hevei», 
étaient parvenns è soulever lerars voisins, et nne ligue , la 
plus formidable que les Gaules eussent jamais enfantée , 
s'était subitement formée. 

Fondant que l'eminml gnèrroyatt dn cOté de Sens^ o» 
tint à BOmcle tme assemlilée générale. fipir s^entendie 
snr la nouvelle guerre. Tous les peuples des Gaules, i 
l'exception des Rbêmes et des lingons , restés fidèles à 
l'alliance romaine , et des Trévires , occupés contre les 
Gtnnains, s^y maHmÊL Jamais la vMUe cllé édnenne 
nfavalt vn dans ses murs nn conoeofs'de peuple plus 
nombreux et plus animé , aussi jamais affaire plus impor-- 
tante, plus sérieuse ne s'y était traitée (2). 

Une guerre d'extermination contre les Romains y«liil 
nMneii4Hmaninitté, et fiercâigéloHx «ta généraIMme 

(1) De BellùSàlL, liv. vit,-eb. 56» p. tll. ' 
(9) De m. «ièlL,Xïv, ni, oh. 54, p. 316^ - 



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66 Ui MOaVAND. 

des^tnwvmaUlécs par towlet wfîriiges. Celte préMwMt^ 
donée au Armées da» la pewoimc de lewr iMPteoe^ 

blessa vivement l'orgueil éduen. Éporédorix et Virdu- 
mare » iou» deux égaux > sinaa en ^issance, du moin» 
CD courage et en pMotimm , en teflBeatireDt ewloiit «e 
amor chagrin; ce ne Ait qu'avec une exCrtae né p a 
gnmice que ces deux jeunes guerriers de la plus haute 
espérance , l'orgueil de la patrie , se virent contraints 
d'obéir à un ebeC étranger 4 leur république. Anirtaiitto 
ggatité de» cirfiHMtwoBa fit libre tmrt wbiiwHwH, et I» 
dérir de recouvrer 11nd^[>eadanee n^Hamile ételgitt towte 
rivalité dangereuse (1). 

JLegénécal en cbeC» Imnédiatementaprli ao& âection^ 
le fil MMner des oUgw par Ima ta» peopl»» eonflid» 
lé» peur ^eaBurer- de leur idéMé tel de PexdButidn de 
ses ordres, et fixa ensuite le contingent en troupes à 
fournir par chaque cité. Celui des Édnens et des Ségusiens , 
tamsdlieiita^ M dodix nflie boM» de pied» etde Uâ. 
oeiili dierax à l»lfile deuQild» Ai placé IoMm 
rédorix. 

Tandis que ce dernier allait avec ces forces porter la 
gnem dans le Danphim^ > les Anmmes et ceiix du Gévau- 
dMi pWtircit ppw nliiWflrr «le flsneca^ le Bo ue rgute^ le 
Eewf et toH les pays Ha rii pepbea deiaiOaute n a ri w iin al iL. 
Pour Vercingétorix , ce guerrier, bien résolu de ne point 
tenter de sitôt la fortune et de ne point engager d'afliaire 
dMiive^ se Ait apisi, amt tas qpiBiB sdlta bonnes d» 
e»Mleileipi'Qa M amÊt anenés à Bibfaeie:^ à cotrir.ta 
eanpagne, détruisant les babitations , brûlant les IoIm 
et les récoltes, afiad'iafiamer rarakée ennemie^ bétes et 
banune»(2). 

.GéMr»«0'r«)«nl iait deàns.levéaeiatM'ttil^M.eili 

(1) De Bell. Gall., liv. tii , ch. 43 , p. 316. • 
i'î) De Bill. Gall., liv. vu , ch. 44, p. dl7. 



I 



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vers le pays de son gouvernement C'est alors que Vercin- 
g6tarix> dans la crainte qu'il lui échappât^ changea tout 
k «019 4e iMttfvey et le fil viveneat attafuer par ii^ 
tadoi& 

Od combattit de iMurt et 4'a«tre a? ee «fie wtênt^taMm 

et un acharnement désespéré ; mais la fortune trahit les 
aUiés fiui, dans cette première affaire, perdirent Jbeai^ 
otH^^moide» Pami les pxktwmkm reatéi an pomir 
de l'eBMMl^ ae lmif«kail tiolB hmem iéÊtmg OtÈm, 
qui commandait la cavalerie , Cavarillus , général d'infan- 
terie , et ce même Éporédorix qui avait commandé ea chef 
la-naUMinaim ei^iitltion coivbre les Séqiaaiies (1). 

TmA la mféè^mmsit la tiw fanpeue' retn^ de 
VereiBgéleriK tor Ailes 5 4t8pfCile des aiand^fiiens (2), oÉ 
vinrent expirer la liberté et la nationalité gauloises. Cette 
ville était très-forte à cause de sa position au sommet d'une 
watagMb doiit Je pied eat liaigaé |iar dans aividnai. Le * 
gMràl» an mofoidea travasn d%t qu'a yjtealiiânr^ 
la rendit inexpugnable, et s'y renferma avec les qaatie* 
vingt-dix mille hommes d'infanterie et les huit mille che- 
vaux (pû lui restaient C'est là qu'il résolut , après quelques 
aartftes malkweuiet, 4'attiMire lea. ieirfqrta:^'IL anft 
Mt soHkiter daas teitfeft lea Ckmka, et fQrieaiVrta ft 
comptait pour se dégager de la triple circouvallation 4an^ 
toluelle le général ennemi l'avait renfeané (â). 

Gea recfnea» qpeiioe noina mmbTmm^iSA%m.fvM 
pmerit» arfflevèrem uéawndHia .li^ dena aent ivamte 
roUle hommes de pied et buft mille ctaevanx. Dans ce 
nombre, les Éduens et les peuples qui leur étaient soumis 

. . . •• 

<ij De arià -Mv ili> efr« p. m; ^ iAuntflaoMw» Bkti âm iftftMt, 

iS) Aié»qrt*twi>. Simili laming. EU» ««mptll qaii1itii»4>wto ww<ea» par 
des rochers qui forment tout autoor.Gomine une ceinture de muraillM* , 
(3} ne UUo GaU., liv. vii, ch; 79, p. 981. 



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LE MORVAMD. 



dtrerses parties^ Ul GMetm }» terriloire de la répu* 

blique éduenne, où elles furent passées en revue par leurs 
pdndfaax chefs » Comminus d'Àiras» Éporédoiix et Yir- 
dumare^ capitaines édaens, et par YergasUaune» pannt 
4« fMni Ml dief; puis éllês partirent eisiM^ 
de courage , de patriotisme , et pleines de confiance dans 
la victoire qui devait encore cette fois leur échapper (1), 

Ces trwpes ne lurent pas platOt anrivées devant Alise, 
^ntatotttat aoirir noortrier qif achmié t^e nga g ca . ¥et^ 
dftil les dmu Jours et une nnit qn'Ù dwa, tm *fit^ de part 
et d'autre, des prodiges de valeur. On sentait, des deux 
côtés f tout ce qu'il y avait de décisif dans cette affaire , 
et on se ehaigealt atec tonte la fnranr dn déaei pe i r. 
Ibis la taeli^e mffltaire tricnçlia da nombre el*dn cou- 
rage , et la liberté de la Gaule expira avec l'élite de ses 
enfants (2). 

Voyant donc qne lont diait perda, VeriingétorfXy rime 
anffée-de doalenr» saute snr son ehevtf de Imtaitte, qtfû 
«fait fttftrielieaieiit limaclier, et part au galop dn eôié 
du camp ennemi. Arrivé devant la tente du général, il tire 
sa glorieuse épée, la jette aux pieds du proconsul, et 
i^vom tidnen César , sans se laisser toochier par tant 
defé&iroslté et par de si pnrfèndlttinllieinrs, le fisdc aussitôt 
garotter et conduire à Rome, où il est jeté dans un obscur 
cachot Ce guerrier, si digne d'un meilleur sort, y resta 
ainsi privé de toute consolaiifNi Juaqifà ce qne, six ans 
• pl«s tari, 11 pM an tyrtn de sa patrie de ren tirer poor 

(1) /Wd, ch. 75, p. 234. 
(3) ibid, ch. 88, p. 338. 

]« pkiM dm i mmm , sitaée m pied du UM-Âvauiê que eeuroniitit 
Alite, el où M livra lâ bataille^ a pria, di(^, ee nom «& aennidr4a 
eal éft êaumM vMmmk; aar il tarait m e tf i ewp » da nol tonyM, 

larmes. 
(8) /Mtf. ch.SO, p.SM. 



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le ùtae servir à son triomplie, et ce Jour là aitae , H 

tronya^ sons la hache du bourreau^ la ûn de ses souffrances 
et le terme de ses humiliations (1). 

Le proconsul, après Tédatante victoire qui lui assorail 
renqi^ire des Gantes, renvoya anxÉdnens et anx Arvemes, 
parmâiagement ponreesdenx peuples, les plus poissanls 
du pays , ving^ mille des leurs faits prisonniers , et distri- 
bua le reste à ses soldats à titre de récompense. U.vint 
«mite ini-mème pasm rUver à Bitancte, qui s'empressa 
de fad ouvrir ses portes, et s'y Ht amener, des diverse» 
parties du pays conquis , de nombreux otage& De cette 
époque y qui fut l'an 52 avant Jésus -Christ, l'étranger 
gouverna en maître ches nos pères (2)^ 

• . • • . • 
• • . ' • • •• . 

{^MtOùML, Uv, VII, ch. 90, p.SM; Comxitif, Um^tUrP^Vi. • . 



CBAPnM Ul. 

• ' fttv^uc et ç^uÊm «ta M^nmnê; le DroltfltM^ctl »raMrllk> 




Tandis que les ciivers peuples. des Gaules al>aUaes 
s'enq^resNtoit de Yenir éégoKt aux pieds du vaiiiqiiev 
le gage de leur soluiiisflion , mie contrée de l^ÉdniBle n'eo 
parut que plus hostile au nouveau maître, c'était le pays 
des Noires-Montagnes ou le Morvand. U renfermait aku» 
phMieiirs peuplades iort Jalouses de leur iiidépendaiiçe> 
anifaélles s'étalait vem Jobidre qœiqiiis nobles débris 
de l'armée gauloise^ chefr et soldats^ qui avaient préféré 
le séjour des bois à la perte de leur liberté , et une vie 
nomade et à demi-sauvage , à rhamiUatkm générale (1). 

Excitées par les prédications JoamaUéres des druides^ 
qui peopblait lenn sombres forte, sontenues par les 
rapports et les exemples de ceux qui avaient échappé, 
par la fuite, au fer de rennemi, ces audacieuses tribus, 
ainsi que nous r«roni vu dernièrement pour les peuplades 
arabes 4e nos possessions d'AfHqne, juNiit une lurine 
implacable aux Tainqueurs de la patrie , massacrent 
impitoyablement les Romains qu'elles rencontrent, et 
courent ensuite se cacher au fond de leurs inaccessibles 
viUées. Mais ces mouTements partiels n'étaient plus que 

il) I>« BêUo OqU., lib. VIII , ctiap. M, m 



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les dernières pulsations d'une vieille naUonalilé expirante 
et d'iue litarté à l'agonie (1). 

Céwypotir toBtrenbilde oesiemeidianrt^ 
el pour taamm la litarté MiToyagem coMhncnrce, 
établit, pendant les deux ans qu'il passa encore dans les 
Gaules , des postes militaires aux principaux points du 
pays iiisragé^ ai Ub ût saigaensemeat gard^ C^). Qa en 
retrouve ençoredaiMBdgeseldestfi^ 
^ Châtean^hlocÉi^'WiiOiiraix , à^teogne , 9m âUttitt'» à 
La llochc-en-lireny, à Alligny, à Bar-le-Régulier.....' * ■ * 
Entre ces dive^ camps ratranobés se trouve une 
ec>iliiéa''iaar^qatflaia ' et saanrage 4!aMa vaMe ^landaei^ 
DacàaatesaiaHltigbQi IM^staftiTinemaiiliav comme 
ceinture de nmraiUes^ ûmées par la nature pour lui 
servir de remparts et la protéger. Elle fait aujourd'hui 
partie ,du canton de Montsauche ioat elle (orme le eeBli% 



G'e^ là 9 si on en crett la trodltta et quelques antique» 

manuscrits^ que refoulés par la présence des soldats 
romains^ les derniers ennemis de ia domination nouvelle 



résolus de mcfoaiÊ jasqn' a» dender platdl qaa de sabir line 

honteuse servitude. Tandis que ^ protégés par ces retran* 
chements naturels, les femmes et les vieillards veiUent 
sur leurs nombreux troupeaux errant en liberté dans 
les.Ms-el sur le bord des nrissaaax, les liemmes vatt' 
des et ea âat de porter les mnesse répandeitt dans^le» 
pays d'alentour et font aux étrangers , et à leurs natio- 
naux qui ont courbé la téte sous^le joug, une rude guerre 
de partisans. Les soldats isolés sont massacrés^ les voya- 
geurs dépouillés, les convois attaqués sur les votes publi- 
ques et pillés , les troupeaux enle vé& ..... 




s*-étaieat réfugiés avec leaars fo 



el leurs enfants^. 



(9)IN(f. 



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)3 I.B MORVAND* 

.Xe» vJlll^pMllm:MtpallV;^^ tolâm:loiit-Uflwcci:état 
de choses. Uèatùi, en effet» lassés de. ces intaget» qi^Us 
segiardost ceoMie tirtsntd^ brigandages^ ils penseat à 7 

mettre fin, et une guerre d'extermination est arrêtée. Sor- 

Uat.ctaAc de leurs cantonnements, les cohortes romaines 

• 

tfOTfimt .de dircni: points à.la lois et pénètrent dan» 
Tinlérieiv dupais >ien saimt avec précantlûiito 

des bois et les contonrs des nu)ntagne$. - 

Au. nord-ouest de Moux, h deux kilomètres de distance 
environ, se trouve une plaine marécageuse ^ qn'itt taèsr 
aaaten tenrier .de ia selgnenEle :de Menessaire iqppalle 
Hy €hamp'du'^GwUn$ (1); on 7 remarque , ahisi qa'an 
sommet de Mont-Moux, montagne qui domine ces pa- 
rages, des restes de çastramétations » qu'on attribue 
ebmmnMP^ent am Rosnaink C'est ià^ qa'nm 
•Md>m« Irilm dèOdl» «ntt lié .M. M, .qM 
y trouver un asile assuré contre les nouveaux domina- 
teurs. Mais, trompée dans son attente, elle est brusque- 
ment attaquée par les cohortes ennemies^ qid enviant 
«niboiiibie icaumage. Qn.crc^ n ai roi i w a r m aaureair dot 
<»tiiardélidte da» le nom^d'ime métairie, bâtie pins taid 
sur le lieu du combat. En effet, Painierot (2) est évi^ 
dewwiMSnt formé de ces deux mots latins : Pakm^ BffmeH 
mnm9 c'estràrdire ; Victoire des AûanaiiMk . 
lA.rest.do Momsaaalie, su la rivière de la Gm^esL 
reneontreiine autre i^Uûne marécageuse, cooime égale- 
ment autrefois sous le nom de Champ-des- Gaulois (3), 
et.où.la tr<|dition populaire porte qu'il eBlsta andenœ* 
mm.Wgnnàe.m^ U» s^éiairal ftaést» oeuag' daw 

(1) CouRT^p^E , tomoivs iMiiMfiHftfe «jifOM^/lSir// ' 

(2) Aujourd'hui Ponmereau. 

(3) Ce nom revit dans celui de Champ-Galleron (Campus Gallorimj, au- 
jourd'hui champ-Gaxm, han^au bftti duM ces parage». Le peuple proAonce 
encore dumy^arron. . . v t 



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U MORVA?iD. )3 

Ud Usa inaccessible aux tyrans de la Celtique» quelques 
débris de l'ancienne patrie ganl<^8e. Attaquée comme la 

première , celle tribu , malgré une délense acharnée , fut 
Irientùt culbutée, anéantie. Là aussi comme à Moux, le 
souvenir de cette sanglante affaire s'est conservé dans le 
nom dn hameau de Palmaroux , Palma Bomanorum, 

Mais nul endroit n'oUVait, à ce qu'il semble, un refuge 
plus sûr contre les vainqueurs que le territoire de la 
comnmne de Don-les-PlaceSb Son éloignement des liem 
occupés par les légions , les hantes montagnes et les forêts 
qui l'enveloppent de toutes parts , en faisaient comme un 
boulevard naturel contre une armée envahissante; c'est 
pourquoi les GeUes révoltés des environs s'y étaient 
rassemblés en grand nombre. Les druides , penécntés , 
avaient abandonné le séjour du Beuvray et s'y étaient 
eux-mêmes réfugiés. Ils avaient érigé, çà et là, dans les 
foréis, de nombreux dolmens sur lesquels ils offraient 
sans oesse d'abominables sacrifices pour le salut de la 
Gaule (1). La hauteur de Saha-^Mare surtout (3)^ qui 
avait, en quelque sorte, remplacé le Beuvray et était 
devenue la montagne sainte du nord, voyait fréquem- 
ment les tribus accourir h son sommet, où se trouvaient 
réittis presque tons les momments sacrés du €«l(e ga»« 
Ms. Id s^élevalt un ebéne séculaire aux brandies duquel 
pendaient des têtes d'animaux de toutes espèces, des 
armes 9 des vases....; plus loin, un champ de menhirs, un 
peulven redoutable..... Au flanc de la montagie coidail une 
source sacrée dont Feau claire et argentine murmure en- 

'11 Aucun lieu du Morvand ne renfermait plus de monumenls druidique» 
que la commune de Dun et ses environs. À peu de distance du chef-Iieu, un 
remarquait jadis un champ de menhirs et un dolmen, diU l'un Roche-des- 
Pitrre$, 6t rairtr» FfefrMie-rjtfttw. UaiiB la Pem-mt^tie^ oa vlilte la 
Pierrfdêi^éè$i daos eeUe de Bmt 9 Mm , la Pierr»4t-l»-fl0fv» at la 
Ckâteam-diê-Féêi 

(t) KHa a été ainai nannéa d'un anoian priauré fondé tm daaisiéna 
aiècla. 

6 



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lu IX M01U A.:\I). 

core animird'Jiuly en se précipitant par cascades JiM^'ai» 
fond dn ravin. En avant et en arrière de Tantique villa^ 

de Duu, on remarque deux profondes tranchées connues^ 
dans les vieux titres^ comme au Beuvray^ sous le nom de 
fossés de Saint-Marc , et qui coupaient, en courant d'uir 
précipice à Fautre » le seid c6té accessible de la montagne^ 
C'est là, au sein d'une nature déchirée, affreusement 
bouleversée , que le chef des druides , réunissant de 
temps eu temps les peuplades fidèles, leur rappelait Tan- 
tiqqe amonr de leurs pères pour rindépendance et la 
liberté , et leur prédiidt la kaine de l'étranger. Crest là 
qu'il leur racontait l'inimensité des maux qui accablaient 
la patrie vaincue, et les flots de sang répandus par le glaive 
de l'enneni (!)• 

« Enfants de Tentatès, leur disait-Il, i^il nous reste 
» encore une ombre de liberté, si les divinités de la Gaule 
» ont daigné nous ménager, au sein de ces montagnes 
» 8otitaire»« «n asile contre la tyrannie de nos eBsemls, 
» bâtons-nous d'en profiter pour apaiser les dieux irrités. 
» Peut-être que, touchés par nos soupirs et nos supplica- 
» tions, ils feront triompher la justice de notre cause et 
» extermineront les bourreaux de la patrie. O Hésus 1 ô 
» Salkl père du carnage. Dis, et toi surtout loeomparable 
h Tentatès, exauce les verax que poussent vers toi des 
» cœurs généreux , et rends le bonheur et la joie, s'il est 
» possible encore , à des malheureux exilés au sehi même 
> de leur patrie. » 

' Soudain toutes les boudies s'oovrent eoninw à un sIgMl 
donné et répètent la même invocation, mais d'une voix si 
stridente , si forte , que les échos des bois et des vallées en 
retentissent au loin; puis un sourire indécis de joie et 
d'espérance erre sur les lèvres de tous les assistants. 

(1) Annuaire de la Kièw9, 1849 ( Album dn ifwêmai», tomeii; Areàimê 
nationaUii Tradition locale. 



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LE MORVANO. 75 

GoBtinuaM 80D tUscoun: « Bnifésel valeiireiixGMâoISi 
)i dit le drolde , si je ne ne tiroinpe , les desto vous réseï^ 

» vent encore des jours lieureux et prospères; mais 
» hâtez-en le retour psur un sacrifice capable de flédiir nos 
» divinités protectrices. Glioisisseï donc parmi vous la 
» yictime destinée à leur être otTeirle en liolocausle. Que 
» dis-je , la vicliine î les dieux se la sont eux-mêmes 
» choisie^ Ne vois-je pas ici un des ennemis de la patrie ^ 
» nn des bonrreanx de la liberté de la Ganle ? Pourquoi 
» l'ont-ib conduit entre m mains, si «e n'est ainifue son. 
» isàig impie coule en expiation de tant de sacrilèges ? » 

Un cri approbatif part aussitôt de toute rassemblée , et 
en amène , garroté et trend>iant, un Jeune guerrier surpria 
dans nâe embuscade^ C'est un soldat romain qne la mort 
avait épargné sm* les dianqis de bataille et qui va tom]Mr> 
sous le couteau d'un druide barbare. Bientôt , en eflfet , 
des cris lamentables se font entendre , le sang de la victime 
coole, et tandis que la voix des ministres^ oosunençanl 
Fiiyione du sacriice^ couvre ses demleis Têkamts, la 
peuple , en silence > se prosterne la face contre terre. 

Ces odieux sacrifices s'étaient renouvelés déjà bien des 
£oiis^ lorsque apparut l'armée romaine chargée d'en iinfar 
avec ce loyer de la baebaiiOk Les Gantaia» enveloffiés de 
toutes parti, forent passés au fil de Tépée. On en flt un 
si grand carnage^ que la tradition rapporte qu'il n'en 
échappa, qu'un seul (1). Mais il est plus probable qu'un 
iMm nond»re gagna les forêts , ce ^ obligea ks ftnmains 
à se fixer quelque temps sur le plateau de SaintpMarc (2). 

Par suite de ces sanglantes expéditions > le Morvand se 
trouva soumis, et la paix, une paix de mort, régna au. 
centre de nos montagnes. Néanmoins , saint .Germain # 

(1) Là , comine k Moux et à Montoauxsbe, un nom de lieu rap|»elljB le sou- 
venir de cette victoire. 

(9) L'ancienne chapelle prieurale de ce nom est bâtie dans renoeinte 
du camp retranché qu'ils y avaient formé. 



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76 LE MORVAND. 

évèqpie ée Paris» dous appvend qQ'à cliaciai ta mfagfes 
qa*û faMt dans ee pays qui l'avait tu oaHre , « Il en- 

» tendait , en traversant les montagnes , courir à grand 
» brait 5 à travers les forêts, des légions de druides , 
» maw»ai$ génies ^ qui lui criaient du fond des ?aU6es: 
t Lmsse, laisse au meins à des tnisèrables la soUtmU de9 
» bois et la paix du désert (1). » 

Paisibles possesseurs -des Gaules , les Romains s'appli- 
quèrent à les tirer de leur état de barbarie» et commenoè- 
renl resécntieii4e ces nombreuses voies de teumuidcallOD 
ou ekemms ferrés qtA sUkHmaient antrefois le Monrand. Os 
occupèrent à cette œuvre utile les bras de leurs nombreu- 
ses cobortes» devenus oisifs par suite de la cessation des 
gmmesi Lr80inreDir4e la rapidité avee laquelle les légions 
exécutaient ces antiques éheMdns^s^est conservé jusqu'à nos 
jours parmi nos Morvandeaux, qui les croient V ouvrage 
des fées et d'une seule nuit. C'est ainsi que, parmi le peuple 

de nos montagnes, Tbistolre la plus antben(iique*reiiêt, 
avec lo lenps, le «araotère ou rapparencede la fable , et 

que les faits anciens sont généralement cachés sous le voile 
du merveilleux. - 

' Désbrenx» en outre, de se procurer dans leur patrie 
adoptlv« les douoenss et les JoutBBanoes' qu'ils «ratai 
goMéé» dans la Tôloptueuse Itriie , les Yainqaenis s» 

mirent à bâtir des palais, des cirques et des amphithéâtres. 
Il n'y eut pas jusqu'aux simples officiers, auxquels étaient 
échues quelques portions de notre maigro ccmtrée , qui ne 
vodlusselit fff cfiéer dés habitations agréables et com- 
modes ; de là ces nombreuses villas qu'on» remarquait en 
Morvand, et dont on retrouve encore, çà et là, de'ma- 
ffDAflqucs débris; nous citierons, entre autres, la superbe 

(I) Dom PfiBA , A»t. de mbu Léger, p. leo. 

SI de loeif euUit no$ ineamiâtranter ngwlKf , «<I kabUa/ire eonetd» tyl' 
«arum per kHHudinm, vi Uetat ndteriÊ ptr âêteHa muro» mm, (Vlti 
Mocti Gennani , episcopi par.» no 9S, "nmc. 1 Ben.)- 



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LU MOllVANU. 77 

tnosalqve de Oiastellux. La plupart de ces antiqves vlUis 

cleviiireDt, à l'époque de la féodalité, le siège d'autant de 
baroDUies, desquelles relevaient plusieurs fiefs et seigneu- 
HeSb Od m comptait environ trente^iAq en Monrand. 

Mais ee que recherdiaieiit particulièrement les BimaiiM, 
accoutumés dans leur patrie ^ une vie molle et effémi- 
née « étaient les bains dont l'usage était devenu pour eux 
comme un besoin natiarel, une néces^ Aussi se hSt- 
tièrent-ils de toiistmire', sur les sources chandesy ces 
établissements magnifiques que nous admirons encore 
après plus de dix-huit siècles d'existence. C'est à cette 
cause que le Morvand dut les tbermes de Saint-Honoré » 
dans lesquels les vétérans que César avait laissés dans 
le Morvand et la Nivende , sous le commandement d^Ad- 
tistius Refinus^ trouvèrent la guérison d'une lèpre hi- 
deuse (1). Jusque-là, la source morvandelle avait été, 
pour les Celtes, l-olyet d'une profonde vénéralion; m 
humble basdn avait vu souvent des bandeletter sacrées 
eC des ex-^roto, suspendus aux saules, se refléter dans 
son onde ; mais tout s'était borné à cette aveugle supersti- 
tion. Elle trouva dans les Eomaius des appréciateurs plus 
ée&airéSy qui surent mettre sa .vertu ebralive à profit. 
Conne les maladieB cslaiiées étaient ièrl eoumunes dans 
ces temps antiques, il s'y fit bientôt un grand concours de' 
baigneurs; aussi la petite bourgade, bâtie. auprès, acquit 
une importance considérable^ et renferma» adlon cpmlques 
éaivBlm, jusqu'à qoina& mille âmes (2). 

L'embellissement matériel des villes, les chemins et les 
thermes ne furent pas les seules choses qui excitèrent le 
zèle éclairé des vainqueurs; les mceucs et la religion 
itèrent auari leur attetttioii. Us étaient trop judteie» pour 
ne pas sentir toute fenr In^^oftanee tlans une société 

* 

(1) AiiioiK , Hjfft. dt Framêi AltymduNivemoiU, tomct ii , p. la*». 
(9) iMdi Awmiaire «f» la mwe, 1847. 



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78 LE M0RVA91D. 

llsée y et teur nécessité dans tout gouvernemeiit régulier et 
sage. L'empereur Auguste fonda donc à Bibracte , qui , de 
son nom 9 s'appela Augusiodunum dont on a fait Autun^ des 
écoks publiques oà les familles opulentes durent envoyer 
leurs enfants^ et qui acquirent bientôt une célébrité aussi 
étendue que bien méritée.«La langue latine , FMstofare ^ ta 
rhétorique , la philosophie , la législation romaine et les 
sciences physiques y étaient enseignées avec une rare 
distinction. Ces avantages et les nombreux raonumenfes 
dont le prince dota la vieille cité gauloise , en firent une 
ville nouvelle où affluaient les étrangers et qu'enrichit 
le commerce. De cette époque , le code de la législation 
romaine fut mis en usage ^ et il fut défendu aux Juges 
d'an^llquer d'autres lois que celles de VmpYt^ 

Le culte public , d'ordinaire si influent sur les idées et 
les habitudes nationales, ne fut pas seulement profon- 
dément modifié , mais complètement changé. 
' A la rdigien prêchée par les druides et professée par 
tous les Celtes 9 en substitua celle de Rome et de ta 
Grèce. Les cérémonies religieuses les plus solennelles, 
qui, jusque-'là, s'étaient faites au fond des forêts, furent 
prohibées sous des peines sévères , et d'autres plus pom- 
peuses Inslitnées au sein des vines. Les prêtres gaiMs, 
jadis si puissants , si respectés , furent proscrits comme 
leurs sacrifices , et leur tête mise à prix (1). Plusieurs tom- 
bèrent sous le fer de leurs persécuteurs^ d'autres s'expa- 
trièrent et passèrent en àilemagne. Biais ceux du Morvand 
et des environs demandèrent un asDe àses sombres forêts 
et se cachèrent dans les grottes les plus obscures , les plus 
solitaires, où ils vécurent de privations et de misères. 
Auguste» en les proscrivant» voulait, avant tout» éteindre 
dans leur sang ramour sacré de la patrie et de Flndépen^ 
dance, que ces docteurs de la Gaule essayaient de rallu- 

(9) CoonTiréi , tome i; Chardoit , Bit^eirt 4» !• mUéd^Auseemn.. 



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L£ MORVAND. 79 

. mer dans les casars. La politique eut donc autant de part 

dans les motifs qui déterminèrent la persécotion contre 
eux que l'horreur qu'inspirait leur culte. L'empereur in- 
terdit aussi l'exercice de l'ancienne religion anx simples 
citoyens, sons peine de la privation des honneurs et des 
charges publiques, même du droit de cité. 

Le culte des vainqueurs, par le spectacle de la nou- 
veauté et l'attrait des passions, qu'il favorisait, s'établit 
assez fadlement dans les villes. Les lututes classes, guidées 
' par rambltion, la Jeunesse des écoles» poussée par l'édu- 
cation et ses rapports jonmaliers avec les Romains , se 
conformèrent bien vite aux nouveaux rits reliî?ieux ; mais, 
plus que tous les autres, les Autunois, oubliant pour ainsi 
dire leur vi^e nationalité et leur antique indépendance, 
devinrent Romains par le langage et les habitudes conune 
par les lois et la religion. 

Tandis que les Eduens, serviles imitateurs de leurs 
maîtres, s'endormaient amsi dans leurs chaînes dorées, 
les agrestes et robustes babitants du Morvand conservaient 
toujours leur esprit d'indépendance, et continuaieut à 
observer les préceptes et les cérémonies de l'antique 
religion de leurs pères. £rreur pour erreur, autant valait* 
il, en effet, conserver les dopoMS andenSi Néanmoii», 
nos montagnes ne furent pas seules à montrer un profond 
attachement pour le druidisme. L'histoire nous apprend 
que lorsque l'empereur Claude parcourut les villes des 
Gnôles, il reconunt, dans le cours de ses visites, qne 
Fancienne croyance était encore fort enracinée dans 
Tesprlt du peuple , et que les druides continuaient tou- 
jours leurs odieux sacrifices. Il proscrivit, en consé- 
quence, de nouveau ces prêtres, lit mourir tous ceux 
qu'il put découvrir, et en chassa un plus grand nombre 
par la terreur. Il défendit, en outre, sous pebie dé mort, 
de porter ou d'arborer aucun signe qui rappelât l'an- 
cienne religion. 



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80 



LE MORVANl). 



Qui le croirail? Malgré la uouveile peisécuUoa^ eucore 
pins tenibte que la première^ malgré la vigilance extrtee 
exercée par ordre de Tempereur^ tant est grande la force 
de l'habitude chez uu peuple ! tant les préjugés sont difli- 
elles à détruire! lorsque .le christiaulsme pénétra daus le 
Haut-Monrand, il y trouva le druidisme encore dominant, 
et c'est avec loi qu'il eut les plus fortes luttes à soutenir. 
Le concile d* Arles , tenu en 452 , portait : « Si les fidèles 
j» allument des flambeaux ou révèrent des arbres , des 
» pierres, des loutaines, et que Tévéque néglige d'abolir 
B cet usage dans son diocèse, 11 doit savoir qu'il est lut^ 
9 même sacrilège. » Les apôtres de l'Évangile s'appli- 
quèrent^ en conséquence, avec un zèle ardent, à faire 
disparaître les objets les plus révérés de ce culte grossier 
et barbare. Us abattirent les arbres sacrés, renvmèrent 
les dolmens les plus vénérés, et souvent constraisirent des 
chapelles à leur place , comme au Beuvray, à Dun-les- 
Places, à Alligny, à Saiut-Germain«de-Modéon, à Ouroux, 
à Corani^y, à Gb^teau-Ghinon...... Jllais restaient les lonta^ 

«es, auprès desqueUies les fldèles, nouvellemest convertis, 
continuatent h se rendre en dévotion , alliant à la prafiT 
que de la vraie religion une superstition toute païenne. 
)is imagbcièreat, ainsi qu'il a ^té dit, de donner au moins 
ose forme orthodoxe à ces péleriiiageft, en ilédiant les 
sources, les plus vénérées et les pias célèbres, à qudques 
saints des plus connus , et , de cette manière , ils christia- 
nUèrent ce reste 4e dévotion druidique qu'ils ne pouvaienl 
empêcher (1). 

( 1} GouiiT<i><B, Anqvitil, pMmm. 



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|.e (îterltllanlflt e»l prêché en Morvand ; Matiii Autfoclie à ftauUca» 

•alni Marlln aa Beuvray. 



Il y avait éemt rièctes environ qne les Ganles vaincues 

reposaient en paix à l'ombre des aigles romaines; le 
Morvand lui-même, dépeuplé, presque anéanti, s'était 
depuis long-temps soumis à l'empire des Césars, lorsque 
oomnmça à poindre ranrore d'une ère nouvelle» et qne 
le moment, flié par la Providence poilr dissiper les 
ténèbres de l'idolâtrie qui , depuis tant de siècles , enve- 
loppaient nos montagnes, arriva enûn. Déjà Rome et 
ritalie étalent pleines de cbrétiens; dégà Arles s'était 
réfeffiée à la vnix pninante de Tnipliinie ; Lyon liâ-méme 
comptait par milliers les adorateurs du Christ, qu'Autun 
et tous les pays de sa dépendance avaient à peine entendu 
parler du christianisme et des vertus sublimes qu-il sait 
inqpirer. Hais an lolntaitt rivnge, on voit aborder de 
nouveaux apdtres, ce sont AndodM, Bénigne , Andéol et 
Thyi^e, tous quatre disciples de saint Polycarpe, tous 
quatre pleins de zèle et de charité, de dévouement et de 
oevrage. 

A peine oot-ils posé le pied sur le sol gaulois, qu'Us se 
mettent à Tcravre et prêchent l'Evangile sur les bords du 
Rhône où l'un d eux, Andéol, lixe le siège de son apos- 
tolat. Quant à Andoche, Bénigne et ïhyrse, suivant 



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82 LE MORVÀm 

l'ardeur do lèle qui les presse, ils s'avanceDi plus avant 
dans les terres, parcourent les pays riverains de la SaOne 

en annonçant la bonne nouvelle, et arrivent enfin à 
AutUn (i). 

Reçus dans la maison de Fanste , noble sénateur de la 
ville, nos glorieux apôtres eurent la consolation de le 
voir renoncer le premier au culte des idoles pour embras- 
ser celui du vrai Dieu, et sa maison suivre son pieux 
exemple. Tout le monde connaît le glorieux martyre 
de Symphorien, son iils, qui, le premier aussi, eut le 
bonheur de sceller sa foi de son sang. Qui n'a entendu 
parler du courage héroïque d'Augusta, cette mûre émi- 
nemment chrétienne, soutenant de la parole et du geste 
son fils près d'être immolé pour son Dieu 1 Lorsque 
dendèremeat, l'âme émoe, nous visitâmes le tbéâtre du 
martyre de notre saint, il nous semblait entendre cette 
illustre femme criant encore du haut des remparts de la 
vUle : < O mon fils 1 mon dm Symphorleo, legaiée le 
» dél et prends courage; ai^ourd'hui, mon enfant, si on 
» f arrache la vie, c'est pour la changer en une vie meil- 
» leure (2). » 

D'Autan, 011 ils avaient fait briller le flambeaa de la £Di 
durétienBe, nos trois ouvriers évmigâiqim,poiMés par 
le désir de porter plus loin 'la lumière du salut , mardieet 
à de nouvelles conquêtes , et tandis 'que Bénigne se rend 
à D^on, Andoche et Thyrse^ son diacre fidèle > à la 
prière de Fauste 9 se dirigent veis Saulieu. 

Arrivés dans cette pettte viHe tout enorgueillie de son 
fameux temple du Soleil, nos deux héros chrétiens sans 
retard, se mettent à prêcher l'Évangile, et, à leur voix, 
une multitude d'idolâtres renonce à l'erreur et demaade 
le baptême Les prêtres paUens, menacés de voir leurs 

(l) GoDFscARD , Bkdb , Nouveou BrévicUredePaHê, 
' 'f) Jbidi Légtndain d'itHim, tonib n , p. 9Sr. 



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LB MORVANOb 



SS 



Idoles abaudoniiées , en conçoivent un naturel ombrage. 
Ameutant donc la populace, qu'ils soulèvent par la crainte 
de la colère des dieax, ils excitent contre Andocbe et 
Tbyrsie^ une sédition formidable dans laquelle Ils en?^ 
loppent amsl FAIx^ hoMiile midiand» qnllescvait reçus 
dans sa maison (1). 

Saisis par une troupe de forcenés , ces trois hommes 
▼ertnenx; dont tout le crime était d'avoir ▼oolu éclairer de 
misérables aveugles, sont abreuvés d'outrages, pute tral* 
nés par les rues et déchirés à grands coups de verjçes et 
de cordes nouées. £nfln , les membres en laml)eaux et les 
mains retournées derrière le dos^ Us sont sui^endns en 
Pair pendant tome une journée» afin de détoumery par la 
crainte des tourments, ceux qui seraient tentés d'aban- 
donner le culte des dieux du pays. Comme ils vivaient 
encore lorsqu'on les descendit^ ou appliqua sur leurs 
membres meurtris des cbarbons ardents » et les bourreaux 
les achevèrent à coups de leviers» Alors les fidèles, qu'ils 
avaient si douloureusement enfantés à Jésus-Christ , recueil- 
lirent leurs restes mortels et les inhumèrent près du lieu 
de leur supplice. Une chapelle ayant été construite sur 
leur tombeau» il s*y fit» dans la aidte» un concours 
considérable de pèlerins. Les aumdnes qu'on y déposall 
devinrent si abondantes, qu'on songea, au sixième siècle, 
à y élever une abbaye pour loger les moines chargés de 
veOler sur le tombeau des martyn. Qe nmnastèie fut 
sécidarisé vers Fan 1127 (2). 

Le sang des glorieux apôtres du Morvand fut , pour la 
contrée , une semence féconde de chrétiens. Néanmoins le 
paganisme j bien qu'agonisant» au qualiième*8iècle».dans 
toute» les Gaules» conservait encore» dans nos montairnes» 



(t) Uimâaim dràtitm, tome ii, p. âS7. 

(9) Ihiâ, p. SBSttSSO; CovntilMi, tome vi, p. loo. 



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su LË AlOKVANI). 

des sanctuaires vénérés et des sectateurs extrémenent 

entêtés de ses dogmes superstitieux. >lais nulle part le 
culte des Idoles n'était plus enraciné et plus fort qu'au 
Beuvray. 

Sous les dniides, cette montagne était regardée oomiae 

le sanctuaire des dieux de la Gaule ; c'est là , au sein des 
forêts et du silence , qu'avaient lieu les assemblées les plus 
solennelles et les cérémonies les plus pompeuses de la 
religion. C'est sm son vaste plateau, souvent eav^oppé 
de la foudre et des éclairs , dit un écrivain moderne (1) , 
que se rendaient les Eduens tantôt pour adorer l'Être 
suprême , entendre prêcher la haute morale ou la profonde 
plifloaopbie de leurs pontifes; tantôt pour discuter, dans 
les assemblées pi^qoes du printemps ou de l'automne^ 
ou dans quelque antre grande occasion , les intérêts pu- 
blics les plus graves. 11 était même, pour l'Éduinie, ce 
qu'était pour Rome le Capitole » une sorte de forteresse ou 
les femmes, les enûuts et les vieillards trouvaient un asUe 
sitar en cas d'invasion. 

Sous les Romains , non-seulement son plateau reçut les 
cohortes chargées de tenir en bride les tribus insoumises 
du Memnd» maia aussi les dieux de là Gfèce et de Borne. 
Hore, Itfaia, Tune déesse des fleurs et l'autre de la 
jeunesse, Mercure, dieu des marchands, et jui>qu'à l'im- 
pudique Vénus, y eurent leurs autels. 

La jeunesse gauloise , bientût corrompue par les doctrhues 
d'une religion licencieuse, s'y rendait en foule dsms laa 
iMauL Jours d« printemps pour eélArer les fêtes de cetf 
divinités impures. Ainsi continuèrent, sous la nouvelle 
rdigion comme sous rancieme, ces concours périodiques 
qui amenôffent si lons^-temps au sommet de la montagne 
sainte du Morvand , une foule immense de peuple. Ces 
voies indestructibles que, dans leurs moments de loisir, les 

(1) 11. PtBMIQOIll 01 GEMUOVI, iMNMI^ d( la JTt^, ISSP. 



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L£ MORVANO» ^ 

soldats romains avaient construites le long de ses flânes, 

en favorisaient d'ailleurs l'accès (1). 

Telle était, sous le rapport religieux, la situation des 
choses au Benvray, lorsque saint Martin, ce gknplein 
apOtre des Gaules, cet aiblète si redoutable à rerreor^ 
lit^ en 376, son entrée dans An^stodunnin. SimpHclus, 
connu lui-même par son zèle contre le culte des idoles , en 
était alors évêque. Ce vertueux pon^e, malgré ses omis* 
tants efforts, n'était pas encore parvenu à purger tout sou 
diocèse des emurs du paganisme , qui y avadt jelé les plus 
profondes racines. On sait que sous les murs mêmes d'Au- 
gustodunum existaient alors un temple fameux que Martin 
entreprit de démolir, el un cMne sacré qu'il renversa au 
grand p^ll de sa vie. Sur TemplaeemeBtdecedemier^oB 
éleva d'abord une diapeDe , puis une célèbre abbaye qui 
porta, jusqu'à nos jours, le nom du saint cvèque de Tours. 
Après cette périlleuse victoire remportée sur ce puis» 
saut foyer de Temur, le pleur prélat ae pouvait lakMr 
debout, an sommet daf Beuvray , qui se dressait devant M 5 
les autels et les statues des dieux du paganisme. L'aspect 
sombre de la montagne, la réputation de cruauté du 
peuple des environ», rien ne peut FarréleK II pteud donc 
son hunblC' UMmture, et, vétu^d'une lougoe lu u lfu e d 
d'un nianteau noir en tissu de poil, il s^avance vers ca 
nouveau champ de bataille sans autre escorte que quel- 
ques guides . sans autres armes que la piière et sa confiance 
en meu (2). 

Que se pas8Sht«ll alors sur la motag ne^ I/bisloirs se 

tait et la tradition reste muette. Néanmoins on croit que 
Ik^ comme sous les murs d'Augustodunum^ il faillit être 

■ ». 

(1) Guy CoQUiuB, BUMn du WioenutSê, p. 845; ÀUvm du lHo^mai», 
tome I et n; Boujot , BUMre du Beumraiy, p. S ; nmrtvita , Pronmadt au 
Btrnmni Ltgmàaim d^AuHrn, tome n , p. S65. 

(3) M. BvLUOT , U Smoroy , p. 9. 



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^6 Uî. MORVAND. 

laiildé par des paysans ameutés ^ et qu'il u'échappa à la 
mort que par miracle. Tout porte à penser, en effét^ que 
le Beuvray est l'un des deux endroits de TAutunois où sa 
vie courut les plus grands dangers (1). Sa présence y 
était attestée jadis par un ancien oratoire élevé en son 
honneur » et par une fontaine pomr laquelle les fidèles 
des environs professent une grande dévoilons II se fàisalt 
aussi autrefois , aux deux fôtes du saint , un grand concours 
à cet oratoire , que desservait» un moine du prieuré de 
Saint-Symphorien d'Autm» dont les religieux reconnais- 
aident saint Martin cemmè leur père (2). 

Le pieux évôque , après avoir accompli su sainte , mais 
danga*euse mission au Beuvray> en descendit par l'autre 
versant U suivit la vole romaine qui, de cette monta- 
gne, se dirigeait, nar les Eanx-de-Nisiné» du côté d'Ànliy> 
pour aller dans le Bazois renverser un fameux temple de 
Diane qui s'élevait au milieu des forêts, dans un lieu 
connu encore aujourd'hui sous le nom de cette fausse 
divinité Là, pins fid^e> la tradition a conservé un 80we<> 
rir toiijours vivant de son passage an milieu des caaiq^- 
gnes, et les populations ne prononcent son nom qu'avec 
une touchante vénération. Là aussi, comme au Beuvray, 
des Memnnents religieux» oii il se fiait encore4M péle* 
finagea, attestent et sa présence et son apostolat Le 
grand nombre d'abbayes, de prieurés > d'églises et de 
chapelles placés sous son invocation , en Morvand , sont 
peut-être un autre témoignage de la visite de cet illustre^ 
thanmatuEge des Gaules dans nos montagnes 

Cependant la puissance des nmttres du monde ooimnen- 
çalt à s'affaiblir. Tant que Rome eut des ennemis à 
combattre et des provinces à conquérir, elle fut grande, 
forte et invuicihle ; maltresse de l'univers, die s'endormit 

» 

1) Le Beuvray, p. 5. 

(s)) Miêêel du vii« siècie; M. Buiuor, p, 19. 



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LE MORVAND. 87 

dans une vie molle et voluptueuse. Tandis qUe le eourage 
de ses enfai^ s'énervait ainsi dans les douceurs d'une paix 
plus faneste pour ^le qu'une guerre malheureuse, la 

division des chefs préparait sa ruine et amenait la chute 
d'une grandeur acquise par des travaux immeases. L'£m- 
plre^ après de si glorieuses victoires > de si nomàreiBes 
eonquétesy chancelait sur sa base^ déjà m6me il croulait de 

toutes parts. 

£ahai'dis par ce funeste état de choses, les J)arl)ares 
qui^ jusque-là, n'avaient tenté que quelques excorsioDs 
plus ou moins heureuses dans les Gaules, et avaient été, à 
chaque fois; rejetés dans les forêts de la Germanie , repren- 
nent courage. Us se réunissent donc en grand nombre , 
s'acheminent vers cette Gaule ^ objet de leur convoitise 
et forcent de nouveau les frontières de l'Bmpire. Cette 
moltitnde innombrable, composée d'Alahis^ de Burgondes, 
de Cépides, de GoLlis, de Suèves et de Vandales, passa le 
lUiin, du côté de Mayence, le dernier jour de Tannée 406, 
et se mit à ravager le pays, qu'elle parcourut en ton» 
aras. 

Ne trouvant plus dans les Gaules saccagées de quoi 

assouvir leur avidité , les Alains , les Suèves et les Vanda- 
les se dirigent du côté des Pyrénées et passent en Espagne. 
iUAis les Burgondes, ptas pacifiques, s'établissent, .du 
consentement de Constantin, impulssantà les repousser, 
entre le Jura et la Saône, sous le titre d'hôtes et de 
confédctcs (1). Ainsi fixés, ces peuples voulurent se 
donner un gouvernement, régulier et élurent un roi dans • 
la personne de Gondicaire, leur diet Ce prince^ dont 
Tambition croissait à mesure que l'Empire s'affaiblissait , 
résolut de reculer les limites de son petit royaume. Il 
réunit donc de nouveau ses fidèles guerriers, se met à leur 
tête et s'avance du côté de Lyon ; puis, passant le Rhône , 

(1) Coi'HTJÎPéi , tome 1. 



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88 MOR^AIND. 

il «^empare de l*aiitf<tae métropole de Vienne y dont tl.fait 
sa capitalo. Aiitun lui-même tomba bientôt en son pou- 
voir, et le Morvand, ainsi que tous les autres pays de sa 
d^iendanoe^ se trouva compris dans ce premier royanme 
de Bourgogne. 

Jaloux de partager une proie qui seroblaU dévolue au\ 
barbares, les Francs eux-mOmos, qui avaient déj^i fait 
plusieurs tentatives sur les provinces gauloises de r£mpire ^ 
s'avancent de leur côté, et ponssènt leurs cofM^uétes 
jusqu'aux montagnes du Morvand» LTonne, la principale 
rivière de cette contrée , devint la limite des possessions 
des deux peuples conquérants» De cette époque , qui était 
Van notre fxfs fit partie de deux royaunes, sans 
eess^9 pour cela, de rester sous la juridletlon ^Irttnelle 
des évêques d'Autun (1). - 

Pendant soixante-six ans, selon Guy Coquille, les choses 
en restèrent là. Mais enlin les Francs, non moins jaloux 
de leur Indépendwaice au eptritnel qa'«u civil, ^Minrent 
qu'un Bouvean siège épiscopal fftt érigé à Nevevs et quil 
fût donné pour suffragant à la métropole de Sens, qui se 
trouvait dans leurs possessions (2). Dès-lors la rivière 
d^Yœne limita les deux peu^es au qikituel commê éB» 
leslImttaitd^à^uolvfL 

Dans le cours de ces divers événements, le Morvand fut 
visité par saint Germain, évêque d'Auxerré, prélat le plus 
célèbre des Gaules après saint Martin. Le grand nombre 
d'^liset placées sons son invocation , montre que son 
• culte était aussi répandu dans nos montagnes que celui du 
pieux évêque de Tours. Ce prand serviteur de Dieu , par- 
tant pour ritalie afin de remplir une mission de cbarité 
auprès de l'empereur Valentteien, qui tenait alors sa cour 

(1) GoT Go<)oiLi.K, HUt, du KiMim,; dom Martin Bouqvbt, CoUmMom én 
kittor. dt Franc»; de 6iii«iirf . 

(S) tm. 



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L£ MORT AND. 89 

k Baveoiie, prit ia voie d' Agrippa et arriva à Saulieu^ où 
il flfancèta^ pour annoncer la parole de Dieu, et s'age- 
nouiller sur le tombeau de saint Andoclie et de ses deux 

compagnons. Durant le court séjour qu'il fit dans cette 
ville ^ il trouva une occasion d'exercer la noble vertu qui 
lui fit entreprendre 4eux fois le voyage d'Angleterre ^ une 
fois celui d'Arles, et enfin celui de Ravenne, qui devait 
couronner une si belle vie. Soflfronius, illustre citoyen 
d'Alise , poursuivait avec ses gens des voleurs qui lui 
avalent enlevé son argenterie. Ces coupaiiies étaient-ils des 
habitants du Morvand ? On l'Ignore; seulement la direc- 
tion qu'ils avaient prise dans leur fuite le ferait penser. 
Quoi qu'il en soit, déjà Soffronius les avait atteints, déjà 
il s'apprêtait à tirer une horrible vengeance du crime , 
lorsque saipt Germain implora le salut des coupables; il fit 
tant par sa èbarité et l'airtorité de sa parole, que le sei- 
gneur bourguignon se contenta de les faire jurer sur le tom- 
beau des apôtres du pays qu'ils changeraient de vie (1). 

Poursuivant ensuite sa route^ le vertueux prélat arriva 
enfin à Ravenne où la cour le reçut avec tous, les hon- 
neurs dus à son rang et à sa haute réputation de sainteté. 
Sa mission accomplie, Germain s'apprêtait à reprendre le 
chemm de la GaijOe » lorsqu'il tomba malade et mourutle 
M juillet m. 

Cette triste nouvelle étant parvenue à Auxerre , toute la 
ville fut dans le deuil, et son clergé, par un dévouement 
sans exemple^ partit aussitôt et s'avança jusqu'au pied des 
Alpes» pour recevoir soncoqpe et le conduire dans sa ville 
^Iscc^KOe, où fl avait demandé à être Inhumé; Lorsque 
le funèbre cortège traversa nos montagnes au chant des 
psaumes^ on vit les populations se lever en masse et 
accourir avec leurs prêtres sur son passage , pour donner 
aux restes mortels d'un si grand évêque le témoignage 

(1 Court<pIe , tome vi ; Légendaire d'Autun , lonic ii . p. 390. 

7 



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90 LE MORTAND. 

d'une vénération bien méritée. Godescard rapporte que les 

flambeaux et les torches allamés autour du char fiinèbre 
étaient si nombreux, que la lumière s'en faisait remarquer 
en plein Jour (1). 

Parmi la foule qui accompagnait le saint corps, on 
remarquait quatre pieuses vierges italiennes, qui^ par dévo- 
tion , ne voulurent plus s'en séparer. Toutes sont honorées 
d'un culte public dans le diocèse de Sens. Magnance^ Tune 
d'elles, soit fatigue, soit épuisement ou tout autre cause, 
tomba malade dans la traversée du Morvand et y mourut 
Elle fut enterrée sur le bord même de la voie d' Agrippa, 
non loin de l'antique village de Cordcûs , et resta oubliée 
pendant plus de deux siècles (2). Mais enfin ses reliques 
ayant été miraculeusement découvertes, comme nous le 
dirons plus tard , elles ftnrent transférées dans l'église , où 
il se fit un si grand concours de fidèles, que le pays quitta 
son nom et prit celui de la sainte. Dès-lors, le Morvand 
compta un saint de plus (S). 

Quatre ans après, tandis que les B ur g o nde s et les 
Francs, en paix entre eux, jouissaient sans trouble de 
leurs conquêtes respectives, un horrible fléau vint fondre 
sur le pays, à pdne remis des maux que l'invasion de tant 
de barbares lui avaient causés. Les Huns, nation cruelle 
et sanguinaire, sortie de la Tàrtarie^ ayant à leur tête le 
terrible Attila, surnommé le Fléau de Dieu, se portèrent 
sur les Gaules comme un torrent dévastateur, après avoir 
finit trembler Tbéodose sur son trône d'Orient 

Arrivés sur les bords du Rhin, en &52, ces baitares écra- 
sèrent sans peine l'armée burgonde qui tenta de s'oppo- 
ser à leur passage, et pénétrèrent « au nombre de cinq cent 
mille combattants. Jusqu'au coBur du pays, en laissant 

(1) Flte dtMtal fimoAi, S6 joUlet. 
(S) PrcfivtemCairMmm, 

GoomTfrIi , tone vt; tégmèBiiSr€àFMi9mt tome n , p. 4SI. 



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derrière eux «ne langue traînée <le Isa et de sang. Le 
Horvand ^ si on en croit un écrivain moderne (1), lot tra- 
versé par ces hordes sauvages, qui ne le traitèrent pas 
mieux que les pays qu'elles avaient déjà parcourus. Selon 
lui», queiqiies détacbements» las de suirre ce chef aven- 
toranx* seseraient fixés dans i|on montagnes, et le visage 
de nos Morvandeaux conserverait encore beaucoup de 
traits de ressemblance avec celui des Huns. Mais nous 
pensons que cette prétendue ressemblance n'existe qjde . 
dans ilmaginaliœi de ranteon 

Qnoi qu'il en soit 5 les Hnnsy après aToir brûlé Auxerre, 
étaient arrivés sous les murs d'Orléans qu'ils tenaient 
étroitement serrés ; déjà même ils avaient forcé les portes 
de 1» ville. JUes babitants^ consternés, s'attendiaient anx 
ûmim nailMars» lorsque apparat fort à propos une 
puissante année de Romains^ de Burgondes, de Francs 
et de Visigotbs^ qui avaient senti la nécessité de s'unir 
contre cet ennemi commun (2). 

Forcé d'abandonner sa proie^ le féroce Attila, frémis» 
aant de rage, se retira du cdté de la Gbampagne, dans 
les plaines calalauniques , où il fut contraint d'accepter 
le combat qui fut horrible. Avant d'en venir aux mains, 
il barangua ataisi ses faroucbes soldats : c Méprisex ce 
1 ramas d'ennemis désunis par les mœurs et le langage 
• et réunis par la peur. Précipites-Tous sur les Alains 
» et les Goths qui font toute la force des Romains; le 
» corps ne peut se tenir debout quand les os en sont 
9 arrachés. Courage ! que la foreur accoutumée s'allume. 
» Le glaive ne peut rien contre des braves avant l'ordre 
» du destin. Cette foule épouvantée ne pourra regarder 
» les Huns en face. Si l'événement ne me trompe , voici 
» le champ qui nous fot promis par tant de victobreSi Je 

(1) PlIRlBQUIM DB'GiHBLOCX. 

(S) GovMiHw , DetcHft. dt mmrg. , 



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92 ' LE MOAVAND. 

» lance le premier Irait à reimemi : quiconque oserait 

» devancer Attila au combat est mort (1). » 

Il dit, et aussitôt lui et les siens s'élancent au combat 
Le clioc fut tenible et le carnage ailreux. Les vieillards 
de son temps» dit Jornandès, se rappelaient avoir vu le 
ruisseau qui coulait au ndUen du diamp de bataille, gronl 
tout à coup par le sang , devenir un torrent En effet , 
cent quatre-vingt mille hommes , au rapport des auteurs 
contemporains les moins exagérés, et plus de trois cent 
mme, selon Isidore et Idace, restèrent sur le temin. 
Attila , vaincu et réduit à une poignée de monde , se sauva 
en Pannonie , d'où il se porta plus tard aussi terrible sur 
l'Italie (2). 

Près d'un siècle s'était déjà écoulé depuis ce grand 

événement, lorsque mourut Godomar, dernier prlneede 
la maison de Bourgogne , assiégé et pris dans Autun , où 
il af était réfiigié. £n lui finit ce fameux royaume de la 
première Bourgogne, après une durée de cent vbigians, 
sôus quatre générations de rois. Le Horvand et tous les 
autres pays de sa dépendance passèrent alors au pouvoir 
des rois ûrancs. 



(1) lOMAirote , CaàTIAlIBKUlIT. 

Nous avons rapporté ici cette bataille, parce <|ae l'auteur d'une notice 
manuscrite la fait livrer en Iforvand, aux environs de Chalaut, où l'écri- 
vain a cru reconnaître des monuments confirmant ce qu'il avançait. Ainsi , 
il fait des vlats de Chalaut les plaines catalauniques. 11 trouve un souvenir 
des Goths et des Visigoths dans le nom de la ferme des Goths et dans celui 
de Yé»iQMux. 



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GUAPITHE V. 

4 



t 

Le Christianlame devient dominant; Fondations pieuses; suint 
Pérense, saint Éptftde» saint MerrI; les Kormantls cnvaMaseM 
le Uorvand. 



ku milieu de toutes ces agitations , de ces bouleverse- 
ments» qui troublèrent la patrie et cliangèreot la face des 
choKi^ la religiOD da Gbrisi ne laissa pas de répandre 
,a« loiB ses rayons bienâdsants; dès la fin da dnqalèiie 
siècle , toute la France était chrétieuue. Elle avait appelé 
à elle les barbares , qui entendirent sa voix , embrassèrent 
ses dogmes consolanis» sa morale sublime, et lui montrè- 
mt, dans la suite 9 ont aoomisslon tonte finale. 

Pleeée sor le Mne par les rois bmiiondes^ pids, aetee 
plus d'éclat , par les rois francs dans la personne du grand 
Glovis» cette religion de charité, qui avait désarmé des 
perdes Josqpie^là féroces, et les avait amenés à des sen- 
ttaetfts donx et iramains, rayonnait de oette gloire pure 
qu'elle tire de son essence divine. Elle donnait de toutes 
parts de fréquents exemples de ces vertus sublimes et 
faéroiqaes qu'elle senle peut inspirer. Les grands comme 
le peuple ralmateni, la diérissaienl et se soumeflalent à 
ses sages prescriptions. On ne ^en tenait pas là ; chacun 
voulait apporter son tribut à l'édifice spirituel qui brillait 
d'un éclat si pur d'un bout de la France à l'autre. Les 
riches payaient de leur fortune, le peuple de sa personne. 



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9U TX MOEVAND. 

C'est ainsi que s'élevèrent, de tous côtés, des monastères 
où le puissant et le faible , indistinctement , se retiraient 
pour se dérober au monde et rivaliser ensuite de piété et 
de ferveur. 

Le Monrand, an milieu de cet élan général., ne resta 
point indifférent. On vit s'élever, dans ses montagnes, 
Tabbaye de Saint-Péreuse , bâtie sur le tombeau du saint 
martyr de ce nom, que Ton peut mettre au nombre des 
apôtres du pays^ et dont un village rappelle encore le 
souvenir; celle de saint Andoctie de Saulieu^ et celle de 
saint Ëptade de Cervon. Cette dernière fut fondée par un 
saint prêtre , né dans les environs d'Autun (1), et qui , pour 
échapper à rhonneur de r^iscopat, dont 11 se Jugeait 
d'autant plus indigne qu*il le méritait mieux, s'enfiiit dans 
le Morvand. Après avoir parcouru les lieux les plus déserts, 
il s'arrêta à Cervon , qui n'était alors qu'une sombre forêt 
Plusieurs disciples étant venus se ranger sous sa conduite , 
û M, contraint de bAtIr ^ pour les recevoir, le monaetèra 
qui porta depuis son nom, et que C3iailes-'le<^ClNnm 
donna dans la suite à l'église d'Autun. 

Dans le siècle suivant > les montagnes du Morvand 
donnèrent asile à un autre pieux serviteur de Dieu, qui 
vint y cbepcber aussi un refuge contre ce qu'il appelait 
les dissipations du cloître ; c'est saint Médéric ou Merri , 
quatrième abbé de Saint-Martin d'Autun. Sa famille, l'une 
des plus nobles et des i^us^ illustres de cette vUto, s'opposa 
d'abord vivement au dessein qu'A avait formé de se con- 
sacrer k Wm sous rbabit monastique. Mais, bientôt 
vaincue par ses pieuses sollicitations, elle alla elle-même 
le présenter à l'abbaye où vivaient doquante-quaire rett- 
gteux, unis dans un même esprit éè pénUeace et de norti* 
flcatiOB. 

il) Quelques savant» prétendent qu'il naquit h lorroes ou dan< les 
fBDTirons. 



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Meni, associé à ces bons moines, les édifia par son 

humilité^ sa douceur, sa charité, son esprit mortifié et 
rartout par sa profonde obéissance. Tant de vertus lui 
méfitèrent Testime et la confiance de la commananté qoi, à 
la mort de l'abbé , l'élnt unanimement pour la gouverner. 
Mais ce ne fut qu'avec une extrême répugnance que notre 
fervent cénobite accepta rhonneur de commander aux 
iptres. fiependaiit, la crainte de résister à la volonté de 
Dieu le porta à se soumettre. 

Cette nouvelle dignité ayant mis plus en relief les vertus 
et la sainteté de Merrl, une foule de personnes de toutes 
ccmditians venait çbaque jour l'assiéger pour des consul- 
taticas auiipirillefl on se soumettait ensuite avec une reli- 
gieuse exactitude. Mais bientM Thumble aUbé conçut des 
craintes pour ce genre de vie qu'il regardait comme 
dissipé. Un jour que cette pensée agitait son âme plus 
lortement, et «pie de nmnbreuses distractions lui avaient 
inqiké un désir plus ardent de la solitude , il sortit secrè- 
tement de son monastère , et prit la route du Morvand 
qui se montrait sombre et solitaire vers Touest. Il erra 
plusieurs jours aux. scnumets des montagnes les plus âpres, 
ks plus sauvages. H parcourut les vallées les plus pro- 
fondes 9 les plus solitaires, celles où la voix du torrent et 
le cri des bêtes fauves seuls se faisaient entendre, et finit 
par se fixer dans un lieu entoui é de rochers et de préci- 
plces« qui porta d^^ le nom de CeUuU-de-'Saiiu-Jli/^i, 
ailiourd'hoi La CeUe^h^Amlun. 

Ses moines, désolés, le cherchèreul long- temps sans 
pouvoir découvrir le lieu de sa retraite. Enfin , soit 
lumière d'en bautj^ ^t par Teffiet d'un beureux basard, 
ils connurent la direction qu'il avait prise , et bientôt 
l'endroit même où 11 s'était retiré. Us sortent donc de leur 
monastère pleins de joie, accourent auprès de lui, et se 
jetant à ses pieds : 

« Xrès*exceUenl pére^ lui disent-ils, que vous ont donc 



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96 LE MORVAND. 

» fait vos enfants puur que vous les ayez ainsi abandonnés 
» sans guide et sans conseils ? Depuis votre départ^ ils n'ont 
» goûté ni repos ni bonheur. Les maigres racines dont 
» ils se nourrissent n'ont été, pendant tout ce temps, 
n assaisonnées qu'avec leurs larmes. Les dalles du sanc- 
1» tuaire elles-mêmes vous diront , très-excellent père , 
» toute la désolation, toute l'allliction de vos fils en Jésus- 
» Clirist; car elles sont encore liumides des pleor» qnlb 
» ont versés. Prosternés nuit et Jour devant la fsce d« 
» Seigneur, ils le conjuraient de leur rendre ce père, dont 
» la présence *seule sulBsait pour les animer à la vertu et 
» les soutenir dans la voie dffîcile de la perfectioD. Reve* 
» nez, ah! revenez au milieu de vos enfiuits. S% ontpu, 
» par le passé , blesser votre cœur paternel par quelque 
» manque d'égards ou de soumission , oubliez , ils vous 
» eu supplient, tout ce qu'il y a de coupable dans leur 
» conduite. Os vous promettent qu'à l'avenir vous serez, 
» après Dieu, l'objet constant de leurs respects et de^ leur 
» amour. Si c'est leur peu de progrès dans la perfection 
» de leur saint état qui vous a affligé et dégoûté de vivre 
» parmi eux, ils s'engagent, avec l'aide de Dieu, l'appui 
» de vos conseils et de vos exemples, à mardier d^n pas 
» plus ferme dans le sentier de la vertu. » 

Ils allaient en dire davantage , lorsque Merri leur 
répondit: t Non, mesbien-aimésfrères^ non, liteez dans 
» son désert un pauvre pédieur déddé à expier, dans la 
» pénitence et les larmes, ses fautes passées. La solitude 
» des forôts n'est pas trop profonde pour cacher ses 
» misères, ni les rochers trop élevés pour protéger sa 
» faiblesse contre le monde. Si Je suis venu m'meveflr 
• dans ces gorges sombres et solitaires , n'en accusez que 
» moi seul : ali ! j'en rougis encore ; moi qui aurais dû 
» êtie votre modèle conune j'étais votre père , je ne vous 
» donnais que l'exemple d'une vie dissipée et toute ter- 
» restre. Combien de fols votre pieux recn^ement a 



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LE MOIVAND. 



» accusé ma dissipation , et votre ferveur mon relâchement 
» dans le service de Dieu ! Frères charitables , priez le 

• Seigaeur qu'il daigne, dans sa miséncorde^ avoir pitié 

» ¥08 Teitns; k» voax et les pifèn» da pauvre périwr 

» vous y accompagneront Pour moi , il en est temps , il 
» faut que je m'accoutume à la sainte loi du silence et du 
» imieiUeiiMBt;ii&atqBeJec(miiinnoeeiifinÀ»elMrli 
» vie d'un moine. » 

Pendant qu'il parlait ainsi , de grosses htnnes roulaient 
sous sa paupière , et les hons frères pleuraient aussi. Ds 
renouvelèrent plusieurs fois leurs instantes prières et 
lenrs preaniiies sùllloltsâoiiB; BéamMin, Os dmiit ik 
résoudre à reprendre seuls le chenfbi de la ville , et 
à rentrer dans leur monastère aussi tristes et abattus 
qu'ils en étaient sortis joyeui et contents. Quelque temps 
s|»rès, ils firent de imvirileB tentatives, mais toi^ours 
Ils trou v èr en t l^homme de Dieu aussi flerme que le ro^ 
cher qui lui avait ouvert ses llaucs. Désespérant donc de 
vaincre par eux-mêmes sa résolution et de triompher de 
son amour pour la solitude, ils s'adressèrent à révèqae 
de leur cUé, Hermenaire.« piélat d'une hade pMlé et 
digne successeur de Léodégar ou L^ger. Os le conjurèrent 
d'user de son autorité auprès du saint abbé et de le 
ramener au milieu d'eux par quelque moyen que ce 
fût L'évèqne écouta avec bonté leurs snpplicalions et se 
rendit lui-même dans la soMtnde de Merrf • D trouva le 
saint homme livré à une profonde méditation; ^'adressant 
à lui: 

« Revenes, mon père, dit-il, revenez dàns la sainte 
1 maison dont Dieu vous a confié le gouvernement Comme 

» vous , pendant sa vie mortelle , Jésus-Christ voulut s'en- 
» sevelir dans la solitude du désert; mais, au bout de 
» quarante jours , il rentra daus le monde pour travailler 

* à la conversion des banmttk Imites son exemple , ti 




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98 LB MOftVAMD. 

» revenez au milieu de vos ûls spirituels, qui gémissent sur 
t votre absence. » 

Mmi refusa en prétextant son indigiilté et la néceiBité 
de travalBer à sa pmptt aanctUlcalloiL Alors l'éfèque le 
flMmca d'excommimicafion sPfl n^oiiélssalt à m ovim 
Le saint abbé, effrayé, se soumit et reprit avec le prélat 
la route d'Autun , non sans un amer regret de se voir 
arracher h é» Ueia où 11 avait trouvé tant de calne et 
goûté tant de bonheur. 

Merri, après avoir édifié encore pendant quelques 
années les bons moines de Saint-Martin ^ se retira à l'aris, 
où il nonrut, vers l'an 700, dans une granfl^ réputaiioii 
de veM et de sainteté. l4s fidèto étefèieat^ peu de teo^e 
après, snrson tombeau 9 une chapette qui devint dans la 
suite église paroissiale , et qui porte encore aiyourd'hui 
son nom. Sa solitude du Morvand acquit aussi une grande 
célébrité. La celliile, témoin des austérités de;5a vie et de 
la ferveur deaespdères, fot ehaagée^elle-uiftme en une 
chapelle que visitèrent pendant long-temps de nombreux 
pèlerins. C'est actuellemeut une des paroisses du doyenné 
4e Lueenay-rÉvéïpie (i). 

GepeDdaat» des Jouis si heuveua^ si profères pour 



(1) CouaiépÉE , lom. vi ; Gooescard, ri$ des SaùU$t 38 août; U. Boluot, 
Hist. de Suint-Martin d'Autun. 

LWwfe 4o Saint-Martin , ordre de saint Benoit, possédait plusieurs 
«mt 0t yrttnréi en Ifarptiid» «fol lai AirMl ûùmé», en «s. par la 
reine Brnneiiaut, sa tondatrioe. Bainée eo.SSS par une troupe d'impies» 
Gharles^e-Cbauva la tira de dessous ses décombres par tes soins d'un 
religieux, nommé Grégoire, qu'il avait mis à sa téte. Déjà détruite deS>nd 
en comble , en 731 , par les Sarrasins , elle avait été restaurée par le comte 
Badilon, qui s'y fit moine. Son emplacement fut celui d'un chdnc druidi- 
que renversé par saint Martin, son patron. Le papo saint Grégoire-le-Grand 
l'avait exemptée de toute juridiction humaine. Alexandre III permit à 
l'abbé d'officier pontificalement môme avant d'être béni , et la soumit 
direetemeni an saint-eiége. Elle posséda jusqu'à cent mille manass de 
terre on Jonmanz de bcrolii de deux eent <|aarante pieds quarrés cbacun. 
aie «Mit le pttraMge de solualeHleine égUeis. 



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LB MORTAND. 99 

« 

VtglltÊe de France et pour l'État vont bientôt disparaître , 
et des Invasions et des guerres de toutes sortes troubler 
pendant plus de cent ans le bonheur et la paix pabUcs; 
Le Momnd^ enveloppé dans le malliew oomon, va voir 
de nouveaux barbares couvrir ses montagnes, inonder ses 
vallées. Ses paisibles écbos retentiront long-temps du bruit 
des armes et du cri des guerriers. D^à, en effet, l'hor^ 
ion se grossit de nuages dn cMé do sod, et on orage 
épouvantable s'apprête à, fondre sur la ïtance; ses pins 
belles provinces vont être ravagées. 

Les Sarrasins, appelés par Moronte, gouverneur de 
MarseUle, et favorisés par les seigneurs de Bourgogne, qià 
dierchalent à se rendre indépendants , se répandent dans 
la patrie , sur laquelle ils roulent comme un torrent dé- 
vastateur. Lyon, Mâcon^ Chalon-sur-Saône sont pillés, 
saccagés. Autim, enqporté d'assaut, est dévasté et réduit 
en eendres le 22 aoâl 731 (1). 

De cette ville , à laquelle lis portèrent un coup si terri- 
ble qu'elle ne s'en est jamais bien relevée, les Arabes, 
divisés en plusieurs colonnes, qui s'étalent donné rendes- 
irons sons les murs d'Auxerre, traversent le Blorvaad en 
suivant les trois prindpales voles romaines qil le par* 
couraient, et minent les villes, les bourgs et tous les 
villages qu'ils rencontrent. Les villas de Lucenay, de 
Brazey, de LIemais, sont renversées. Saulleu, attaqué brus- 
quement, n'offire blentdt pins, idnsi que son abbaye, qu'un 
monceau de ruines. Mais au milieu des décombres gisait 
un trésor bien précieux , surtout à cette époque de foi : 
c'était le tombeau des apdtres du pays, qid édiappa, 
comme par mirade, aux mains sacril^es de ces barlMnm 
CTMynonsifen doutons pas, à la conservation deareites 
vénérés de saint Ândoche que la ville , comme l'abbaye , 
dut l'avantage de sortir de nouveau de ses tristes ruines. 

(1) GmtIrtfK, tome vi ; don Pmu, ak». dê takU Ugtr. 



« 



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100 LB MOEVAND. 

Sans les véHqves de ce «rtorieux i»artyr, Saullen» GomBie 

tant d'antres villes gallo-romaines , ne présenterait proba- 
blement qu'une masse informe de débris gisant sous terre 
oa dispersés par le soc de la cbarme. Son nom ne nous 
serait penfr-élie pas même conna (i). 

Après le sac de Sanllea» les barbares, poiarsoivanl leur 
roule , arrivèrent sur le territoire de La Roche-en-Breny, 
où ils trouvèrent une bourgade gallo-romaine qu'ils nive- 
lèrent avec le sol; elle ne sortit pins de dessoss ses dé- 
combres. Puis ils se ruèrent snrAYaUon 9 renversèrent ses 
murailles , pillèrent ses maisons et égorgèrent une partie 
de ses habitants. 

Sur la voie du centre, au lieu qu'occupe a^iourd'luri 
Ouron» se trouvait un Amvwift ou magasin de vivres et 
de fourrages d*oli est venu au pays son nom actud; les 
barbares le pillèrent et le brûlèrent, ainsi que l'attes- 
tent les couches de charbon découvertes et là à un 
mètre sow terre (2). O^andennes ruines gallo-romaines» 
trouvées autrefois dans le voisinage 4e Iiormes> prouvent 
que , là aussi , ils exercèrent leur fureur. 

Au sud , les ravages ne furent pas moms terribles. Un 
corps d'année» qui formait la principale force desinfi- 
dèlee, si on en juge par le nombre et la grandeur .des 
désastres qui marquèrent son passage dans nos montagnes 
et le Nivernais, monta au Beuvray d'oii il descendit sur 
les eaux de Nisiné, pilla cette ville et y mit le feu. Les 
dieraies j œnstfuits aveo tant de travant ^ de di^iienses 
par les RomMus, ftirent culbutés et enseveHs sous une 
épaisse couche de débris, dont ils n'ont été dégagés que 
vers 1830 (3). 

De là» les Sarrasins se répandirent en Nivernais» ruiné*' 

(1) Coott<»ii, tom. ui; JfoliMfnAiilf. 

(S) tbid; Tradition loctle. 

(3) Le Jlîvem,t ton. ii, p. ISS; MotkêmÊmtor. 



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, LB MORVANO. iO| 

Km i^lwieiin iNNtfgs et villages, et pronenèreiii le fer 
d le feu jHqo'à Âuerre (i). RepoMés de Seas par le 

courageux archevêque Ebbon, qui fit à la tête de son 
peuple^ une vigoureuse sortie contre eux, ils s'en retour- 
Dàrent par la Bourgogne en commettant les mêmes dé* 
gats (2). Oq sait qa'afant oaé reparaître Vzaaoéd aolYaiile» 
âiarles Martâ , md an dac d'Aquitaine ^ leur Um 
sous les murs de Poitiers une si terrible bataille^ que 
plus de deux cent mille de ces farouches ennemis, avec 
Abdérame, leur dief^ reslèreut sur le tenratai. JDie cette 
époque, le redoutable croissant ne reparut idns daaale 
centre de la France. - 

Après cette éclatante victoire , le vainqueur , pour ré- 
eompenser ses ieodes cpii l'avaient si puissamment secondé 
dans cette Importante et glorieuse dreonstanoe , leur dis- 
trilma les terres des monastères renversés par lai infid^ea. 
Saint- Andoche de Saulieu, Saint-Martin d'Autun , Saint- 
Prix de Flavigny...... perdirent ainsi presque tous leurs 

UtoB du Morvand; mais Gbarlemgney piinoe aussi géné- 
reux <|ue chrétien, létaMit le premier avbo we nagnii- 
cence \Taiment royale , et lui restitua tous ses domaines ; 
c'est pourquoi cette abbaye regarda toujours pieux ce 
monarque comme son véritable fondalcur» et prit le titre 
d'^/tie fvycie. le doolier Wttême, sdnnnié d'un tiQie 
dôme, était destiné par sa finm à n|ipeler la tij|rieeini- 
ronne impériale (3). 

A la mort de Gharlemagne, airivée en 813^ son fils, 
Louis-le-Détwnnidre, prince d'un excellent naturdy mais 
Drible etSMiséneigte^monfasurle tsfln& SonvftgneM 
«extrêmement agité et tumultueux. Victime lui-même de 
son excessive bonté et de la mollesse de son caractère, 

(1] Lebœ; I', nist. d'Àuxerre; Annuafyrê dê la Niivre, 

(2) Col'RTKI'KE, tlomPLAHCHER. 

(3) CouRTÉi>fcB, tom. VI; ExpiLLY, dom Plancher. 



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102 



LB MORf AMO. 



il fut renfermé par ses propres enfants dans on obscur 
cachot 9 d'où il ne sortU que par un effet de la idélité et èi 
déTouemeut de Bernard , comte d'Autnn $ qu'aq^piiyaint 
éMictqaement ses fissaux de FAutnnois el dn Mer-- 
vand (1). Sa mort fut, en 840, le signal de nouYeaux 
troubles et de plus grands malheurs. Ses trois iUs déna- 
tirës se firent^ pour le partage de ses états> one guenre 
Il outrance, qui se termiaa k Fomeiial par ne batiiie 
sanglante oè cent ndlle Français se firent égorger pour la 
querelle de leurs princes. Dans le partage qui suivit , le 
Morvand fit partie des états de Charles^le-Ghauve, qa»- 
trième fils de LooJs, qui devint depuis empereur. Ce priaoe 
rendit à rabbaye de Saint^Martin d'Autnn les teirade 
ta Celle, de Beunas, de Commagny, de Sommant, de 
Thil, de Verrières et autres propriétés andeunement possé- 
dée» en Morvand. Peut-être même qoelquea-unes de ces 
teires fàrem^eHes un don particulier du monarque, doat 
le monastère conserva toujours un profond souvenir. 

Cependant les Normands , auxiliaires des princes aqui- 
tains , qui s'étident montrés de loin sous Cbarlenu^e^ de 
jOm près sous Ciiarle»-le-Cbauve , enhardis ^ lavofiaéi 
par les discordes des enfants de ce dernier, et par l'iin- 
puissance à les repousser où les réduisaient les guerres 
civiles , pénètrent dans l'intérieur de la France , et y 
c omm etten t d'afirenx ravages (2). 

Indignés de tant de brigandages, Févêque d'Amené, à 
la tète de ses vassaux, et les seigneurs du pays, se mettent 
à leur poursuite et les atteignent dans l Avallonnais où 
ils se livraient au pillage. Les troupes épispopales, les 
attaipnmt bnusqnement, tas jettent dans les montagnes dn 
Morvand, et les y sutveat résolument (3). La tradiUon 

(1) CooBTiPfÎB, tom. I. 
(8) Ihid, tom. i,p. 119. 

(3) im, tom, 119j le Nivernais, tom. ii, p. 196; Lsagior. 



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LE MORYAND. 



rapporte qa'arriYés à Quarré-les-Tombes où commeD- 
eent les forêts da Haut-Monrand» les Normands ftarent 
contraints d'accepter le combat qol M terrible » poisqa'il 

resta six mille morts sur le champ de bataille. Bientôt 
forcés de lâcher pied» les barbares se jettent dans la 
Tallée de la Gare, passent cette rivière» et arrivent sur 
les hanteors qol dominent Gbalaut» à Test» où a lien on 
nouveau combat qui achève la destruction de ces pillards. 
On raconte qu'il crût un boisson d'épines sur le tombeau 
de chacun des infiddes» et que des tombes» envoyées da 
del» convrirent le corps de èbaqoe soldat chrétien mort 
pendant l'action. C'est ainsi qne le peuple explique la 
présence , à Quarré , des nombreuses tombes qu'on y re- 
marque et qui ont donné au pays son surnom. 



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CHAPITRE VI 



La Féodalité, ses conséquences; divers ÉtabUsnements rcllfleax, 
eonumc Piicarês, Paroisses; (laerres sclfaeiirlales, eroisades. 



Les discordes dvfles qui divisèrent la patrie, et les 

guerres que la France eut à soutenir dans ces temps 
malheureux , furent la source empoisonnée de toutes les 
calamités qiii> dans la soite^ fondirent sor elle, et engen- 
drèrent cette anarcbie déjdorable connue sous le niHoi 
de féodalité. Tons ceux qui^ dans ces drconsCances, 
jouissaient d'un grade militaire dans les divisions et les 
subdivisions du territoire national^ regardant la contrée 
où Ils commandaient comme leur propriété 5 s^j perpé- 
tuèrent et la transmirent à leurs descendants à titre diiéil- 
tage (1). Comme ces chefs continuèrent à observer entre 
eux la hiérarchie de leurs grades respectifs, de là vinrent 
les ducs, les marquis, les comtes des provinces et des 

viUes, les barons des campagnes. Une ordonnance de 

€!harles-le-Ghauve, de Fan 877, portée à Kercy, confirma 
ces diverses usurpations (2). La permission accordée aussi 
aux évéques, aux abbés des monastères, et généralement 
à toutes les personnes libres, de posséder des fleft, amena 

,lj CiunuoM , Uist. de la ville d'Àuxerre. 
^2) Ibid. 



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L£ MOaVAMD» 105 

c«tte foule de sdgneiirs snlNdterm^ étmi le nombre fut 
tel en Morvand , que chaque paroisse en compta souvent 
depitis im jusqu'à six. Le reste de la popoUOIan, alors 
nélttgée de Gaulois,- de Bomata»^ do BovgnlgDooa et 
de Ftancs^ tondia dans me dépendaMe absdHie, et ae 
connut plus d'autres lois que la volonté de ses maîtres; 
c'est ce qu'on appela le servage. 

Guy Coquille nous donne une Idée ânes Juste de Téten* 
due de la puissance des seigMRsdaas cette aaximequil 
rapporte : « Il n'y a point de terre sans seigneur, et cha- 
» cun , dit-il , est seigneur dans tout le ressort , sur teste 
» et co\, vent et prairie, tout est k lui, forest chenue, 
> oiseattr dans l'air, l)este ap hulssan» doche qui loide, 
» onde qui coule (!)• » Ainsi, le serf n'afaic rien en pro* 
pre , ni ne pouvait rien transmettre ; lui, comme sa femme 
et toute sa lignée, née ou à naître, appartenait à son 
seigMW. Il était tellCBMit attaché à la fl^èlie, que la tem 
ne-ipouivait être vendne sansluiyai.lulsaBs la terre Rien 
ne jYouvait l'affranchir, ni la fuite, ni la prêtrise, s'U 
l'avait reçue sans la permission de son maître , pas même 
Vépiscofat; ainsi eniiit'il^ au quatondème siècle» 4e 
Jean GeimaiD', Hlwtre enfMt du Momad. Ce grtud 
homitae, que Phillppe-le-Bon, duc de Botirgogne, afsit 
fait chancelier de son ordre de la Toison-d'Orj son con- 
seiiier et son ambassadeur; que sa science et son mérite 
punonnel porlèr^. soocessifeiaent survies sièges éplseo^ 
fèm de. Mevers et de CbatonHunHMne, naquit serf et 
moarot dans cette triste condition (2). . 

La féodalité grandit rapidement et acquit bientôt un 
tel degré de puissance, qu'eUe éclipsa pisesque l'aUtoiM 
royale. Le monarque ne M plus qu'un grand seignsvr, 

(1) C<nUum du Nivernaiê. 

(9) GuT Coq., BiM. du Jrivini.; N<i di U Rocbilli , p. 3BS; Dom Pria , 
aUt.dêioihU léger, imiiMirfdf taMnv, p. ISietaulT. 

S 



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106 



LE MORVAiND. 



smeraln de tous les aulm» et se fit soofent dm la né- 
cessité de guerroyer eoatre les gmdt msanz de ta eon- 

ronne, dont l'insubordination était d'autant plus condam- 
nable qu'ils se numtraie&t eia-mêmes plus i^iigeanfs et 
plas impérieux emm leors propres si^ets. 

La Prame eatière offirait idors le p\m triste speetade; 
ce n'était que divisions et luttes continuelles, des guerres 
toujours renaissantes de pays à pays , de province à pro- 
vince» de seigneur h seigMor, de vassal à roi Dm» ees 
gnerres, souvent crneKes et toi^onrs dévastatrioasy an 
pillait^ on brûlait, on égorgeait , et Tbomme libre » ccmune 
le serf, était contraint de prendre les armes et de suivre 
le seigneur du pays toutes les fois que son propre caprice 
eu aeloi de aOB sowraiB l'exlgeatt (1). Eu anadMt aiasi 
les eoUlvateura à leura ètaaoïps , les gueniBs deiveuaient dsa 
causes de fréquentes disettes qui , jointes à celles qu'occa- 
sonnaient les éléments, produisaient de nombreuses et 
terribles famines» D'ailleurs, le Monraud^ à «tte dpofua j 
n^avait pour toutes ressources que le seigle et Tavoine; 
il ne retirait presque aucun produit de ses vastes fbrMl 
Aussi ne sera-t-on pas surpris d'apprendre que , dans ces 
tftotes eoni oueUures , il M tous les huit ou dix aas eu prête 
à drafflneusea disettes. 

A oa geufe de fléau i^eu joignait presque toujours un 
autre non moins terrible , la peste , qui décimait ensuite 
une population malheureuse , exténuée de besoins et de 
privatlona. Notre miséraHe contrée oflhdt, eut outre, la 
plus triste et le plus somiNre aspect le pays étaitgénénir 
lement coupé de landes stériles, de mauvaises prairies 
hérissées de buissons, parsemées de marais et d'étangs 
îungm, dont les émanations dâétères vteiaieBt l'atBMii» 
pbSre. Les babitations étalent basses , bumides et sans ou- . 
vertures qui pussent renouveler l'air. La même pièce 

(1) Cbaudom , BfH, 49 lo wilh #iiiMrrt. 



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U MO&YAND. 



107 



small «ffKoiiremeni d'habitation aux iNMiines et d'étabie 

aux animaux. Si quelquefois il existait une cloison entre 
les uns et les autres^ ce n'était le plus souvent qu'un 
treiUaiB en bolB qui ne ipaniil qa'am ineonvénienls l«a 
pim fram d^we demeare eomme. Ajooloai à cela la 
malpropreté des vêtements, le défaut de lioge.... , et nous 
aurons un aperçu à peu près exact de Tétat de misère qui 
régna dans nos campaipues pendant plusieurs siède& JLea 
¥lll6s a'^MalBBtgiière iiilaix .parta8ée& Bllea n'élaleiilpaf 
pavées^ et Tob meontralt ^ et là des mares d'eaa crov* 
pissante qui infectaient l'air; les rues en étaient étroites, 
tortueuses et malpropres. Les hautes murailles dont il 
lâdtait teantower pwr lea jj^réaamr des dépiédatUns et 
d« pfltaga TOTfaaK se limient Jonrnettement des treapas 
de maraudeurs y empêchaient Tair de circuler librement 
Château -Chinon^ Avallon, Corbigny, Cervon, Immes^ 
Uujs JBoulissrEngilbert^ PlerrerPerthuîa» La Bocbe««ft* 
Hnmf, la Jloclie^liilay et SanMeii se irtnent aind rasBends. 
eatredesBMn cpd eentribnèrent long-temps h lew taa- 
lubrité^ en même temps qu'ils gênaient leur développe- 
ment 

Au diiièma siède, la Morvand, eMOve pe« hablié^ 
sartout Ters le centre» ne ytmufMt bta palIt 
nombre d'étabUsiements religieux. Us consistaient en trois 

ou quatre abbayes^ quelques prieurés et différentes cha- 
pelles desservies de loin en loin, par les uotees» et oii 
se rendaient les .fidèles des enviroBs pour rarxwpMwe 
mmi de leais devoirs spiritiiel& Ces denéèsesy oeoMne 
la plupart des prieurés , devinrent dans la suite le 
siège d'autant de paroisses rurales; mais pendant long- 
teints encore» «Hes ne joidrent p96 da ce titre. A peine 
^PMlfttes-naes avaient-dles» sons le nm maèerte de 
du^^elain , un prêtre attaché à leur desserte. Le titre de 
curé était alors inconnu. Mais quand l'an mil, moment 
si redmiiié des peuples, qui s'hnaginaient que le monde 



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iOB LE HORVAND. 

allait finir, fut passé, et que l'espérance et la jote fàwat 

rentrées dans les cœurs , on vit les pieuses fondations se 
multiplier^ les édifices religieux s'agrandir^ et de nouveaux 
s'élever çà et là. Les prieurés qui existaient déjà à cette 
époque, oo qui furent fondés yers œ tMpa-Ui» étaient 
ceux de Saint- André- les -Uuy, de Sémeiay, d'Avréeet 
de Saint-Christophe de Château-Chinon , qui dépendaient 
de Tabbaye de QuDy ; ceux de GonuDaguy, de Janes, 
de Saint-Martin d'AvalioB» de Swnma&t et "de IMhru^ 
Ammx soumis à l'abbaye de Saint^Marlin d'Autan ; ceux 
d'Anost et de Moux , dans la dépendance du monastère de 
Saint-Symphorien de la môme ville ; ceux de Brassy, de 
Saint^Honoré» de La Vallée» de Vanoise dMiés aux bé- 
nédictins de La Gbarité-sur-Loire; le prieuré de Hont-- 
reuillon , filiation de l'abbaye de Saint-Martin de Nevere ; 
ceux d'Abon et de Poussignol possédés par l'abbé de 
Saint-Léonard de Gorbigny; celui de Bar -le -Régulier^ 
erdre ée saint Augustin; de Saint-^iëger-^e-VourdiefetV 
qui était ii la epsilon de Tabbé de Sainte-Magdelelne de 
Yézelay; eBAn, ceux de Quarré-les-Tombes , de Saint- 
Germain de Modéon^ de Sahate-Magnance et de Saint- 
Marc, qm tqipaitenaleBC à l'abbaye de Saint-Jean-de- 
Réaume e« Hotlier-SaiBthlean. 

On érigea aussi, vei^ ce temps là, quelques paroisses; 
mais la plupart de celles que nous remarquons aiiyourd'hui 
dans nos montagnes, au.nonibre de cent environ, ne dirent 
que dea éettMnw , treUième et qua te r Mè m o aiMea ^ quel- 
ques-unes même n'ont été foaééea qu^au dit-^ptlème. 
Toutes ces paroisses , pour la partie qui dépendait de l'an- 
cien diocèse de Nevers^ étaient comprises dans la circons- 
cription des arddprétrëade GhAtillon-en-Baioiael de Mau* 
Itas-BngObert qui, avec ceux de Dedae et de'lManges, 
formaient le ressort de Parchidiaconé de Decize , vulgaire- 
ment dit du Morvand, Les autres, en plus grand nombre, 
faisaient partie du diocèse d'Autun et des arehiprêtré» 



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LE MOAVAlfa 109 

^AiuMt^ d'Arnay-^e-Mc, d'Aotan , d'Avallon , de Corbi^ 
%ny, (le Luzy, de Quarré-les-Tombes et de Saulieu. 

Si l'époque qui suivit le siècle de torpeur , en excitant 
ift recomateaBoe dss peiqdes envers Dieu, fat favorable 
à la reUgioii, oHe Vit aassi l'ère des guerres , depuis quel- 
que temps assoupies, se rouvrir de nouveau. L'année 1005 
offrit le scandale d'un sujet révolté contre aoD souverain^ 
oa pluiût la trisie nécessité où se trouva un nri de guei^ 
royer contra un des grands vassanr de sa couronne» et 
•c'est sur les cimfins du Morrand que devait venir se termi- 
ner ce grave différend avec les horreurs ordinaires à cette 
époque. 

HenrMt-GfttMly duc de Bonigogne^ étant nunt sans 
poitéilté 9 avait légné ses états à Otte-Guntome , son 

beau-fils^ issu du premier uiarlag^e de Gerberj^e , son 
épouse^ avec Adalbert, roi des lombards et marquis 
d'Ivrée. Mais le roi Bobert refusa de reoonnattre la vali- 
dité de cet nde et arma contre le aonveou due; il entra 
en Bourgogne, où il prit plusieurs places, et vint mettre 
le siège devant Avallon qui lui avait fermé ses portes. Ses 
imopes, cantonnées aux Alleux « position que les Romains 
niaient occupée plusieurs siècles auparavant, se répandi* 
rent , durant le riége qui se prolongea l'espace de sept 
mois^ dans le nord du Morvand , et y commirent de grands 
dégâts. Le pays faisait des vœux pour rélo^ementde ces 
bôtes, lorsqu'il en fut enfin débarrassé par l'occupation 
àe la vlBe qui se rendit par fandne. Le roi, qu'une si 
longue résistance avait exaspéré , ne tint pas compte aux 
habitants de leur soumission tardive ; la place fut pillée , 
démantelée , et la garnison passée au iii de i'épée. Robert , 
son âls pttinéy qui disputait la coofonne à Benil, son atné, 
reparut, en lOSlySons les mond'Avattony et sTen empara 
à son tour. 

A cette époque eut lieu la famine la plus horrible dont 
rbistoire fasse mention. Des pluies torrentielles, n'avaient 



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110 LE MORVAm 

pas pemis d'ensemeDcer conTenablemeiil les terres, ni de 

récolter le peu (lu'elles produisirent. Les moissons , déjà 
très-mauvaises en elles-mêmes , ne mûrirent qu'à demi. 
Aossi la disette qui suivit, et qui conmença en lOM pour 
ne finir qne trois ans q>rès, fat affreuse. La dernière 
année , on broutait l*herbe dans les champs , on arrachait 
la racine et l'écorce des arbres , on disputait aux animaux 
leur nourriture la plus grossière ; on atta^piait les voya*- 
geursydise&t les historiens du temps^ non pins pour les 
dépouiller, mais, ebose à jamais lamentiadMel pour assou- 
vir, avec leurs chairs encore palpitantes, une faim dévo- 
rante. L'histoire nous a conservé le souvenir des borribles 
repas qui furent apprêtés à Mâeon et iiTouransuYeede la 
diair humaine. La peste ^ qui sulriC cette épouvantable 
famine , sévit avec tant de fureur, que les vivants suilisaient 
à peine pour ensevelir les morts (1). 

On comprend aisément ce que nos malheureux pères 
eurent à soullHr dans ces â^tiorabies eteconstniees. Le 
Monrand fut, une seconde fois, presque dépeuplé. On ren- 
contrait çà et là sur le bord des chemins les cadavres 
maigres et décharnés de personnes qui avaient ^v?fwh^ 
dans les tortures affreuses de la fidm; pinsfens mtae 
teent dévorés par les loups. IMeu, après* av«lr épromé 
aussi rudement son peuple , envoya , en 1033, une moisson 
si abondante 9 qu'elle surpassa celle de dnq années ordi-. 
naires (2). 

Dans le courant de ce âiède, les lointains péMnages 

devinrent un des principaux actes de dévotion des chré- 
tiens. On voyait sur les chemins de Rome, de Jérusalem, 
d'^phèse, de Composta et de Tarn, d'hifatigaMiss 
pèlerins marchant bariét de fer et charspéi de dudneu 
ou de meides énormes qu'ils avaient fait vœu de porter 

(1) Arqvitil , aitt. de Frmee. 

(9) QLABIR-IlADVLraB; CoVHtMi, tOm. III, 



» 



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LE MURYAMD. 111 

jOBfif M terme de hmt Yovage (i). De noMbrem IIMes 
éa Morvndy entraliiés par le moavement général, des- 
cendaient chaque année des montagnes , et s'acheminaient 
particalièrement vers ia Judée , témoin des mystères de la 
fie aortelle de THiNiiiiie-Dieik Mais ce fat en. 1005 aar<- 
tout, aion i|ae toute la France émne jusqu'aux larmes 
par les prédications touchantes de Pierre -l'Ermite, se 
levait comme un seul homme pour arracher le tombeau 
du Clurist des mains des Infidèles» qu'on Ttt les seigneurs 
etles prenx cbevaUers du Mmpvaid abaadoaner femmes 
et enfants^ manoirs et seigneuries , pour aller se mesurer 
avec le redoutable croissant. Parmi eux, on remarquait 
Seguin de Lormes, qui donna les dîmes de sa terre de 
caiâleau-<auno» à la cafliédffale de Saiat*Cyr; Bagnes de 
GliastdliR, qui raidit d4iie6ltaiiiede8es'MeBMtsleclHh> 
pitre de Saint-Lazare d'Availon, et acquérait ainsi, pour 
lui et ses successeurs , le droit d'inhumation dans la coUé- 
gialede cette «ille; flngwsde Magny, finiHaame Bbsqib 
étymummOL, Ponce de Glane, GulOanwde La iloolie, 
Guy de La Bussière , Hugues de Marry, et plusieurs autres 
qui se signalèrent par leur courage et leurs aumônes (2). 

Quelques années après leur letour, en 1116 , ces sel» 
gneors et antres de la Itourgogne el dn NivenMds» pue» 
pnâats et aMiés de nMiasIères, s^aehemkièreiil Yen Pan* 
tique manoir des sires de Chastellux , où un rendez-vous 
leur avait été donné pour traiter des affaires, du pays. 
JamalSy depuis sa tedatkm» la titille toteftaie ttodale 
n'avait lémii dans ami epceinle une pins nomlminse et pins 
iMre assemblée (3). 

Un peu plus tard, en 1119, presque tous les habitants du 



(1) KtamuU JMmv, abb.. Fug.; dan Pmu, Uift. ^ toviii i48§rs lilro- 
duct.» p. 

(-2) Covmivéz, tum. i; KoUce munOBCr., GalUa Chriit. 



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112 LE MORYANO. 

Moirand» nobles , bourgeois ei mamito» se levaicnl à la 
nmiFelle de l'anifêe dn chef de rigUse dans len mont»- 
gaes. Le pape Pascal assisté de phiflienffsarelievéqneset 

évêques, se rendit cette année, le jour de saint Thomas, 
à Saulicu, pour consacrer la nouvelle église de Saint- 
Andoche, et faire la translatioii soleanelle des leMyio dn 
saint patron, qoi fierait tkées de la crypte eè elles «glo- 
saient depuis plus de neuf cents ans, et portées dans 
réglise supérieure. Le jour anniversaire de cette impo- 
sante cérémonie amena long-temps, dans cette petite 
iWiBy on eoncoon oonsidénUe de iidèles.qn'y attiraient 
les indulgences accordées par le Pontife. 

Cependant, les affaires des chrétiens de rOri^t^ depuis 
le départ des croisés, étaient allées toujontJ iHnpkanL 
Le trône de Godef roy de Bonâlan n'avait pas eneore nn 
denri-siècie d'eiistence, que déjà il dianodait sons les 
coups sans cesse répétés des Sarrasins , anciens posses- 
seurs du pays. Toiyours aux prises , avec ces irréconcilia- 
bles emiftBiis dn.ncMn cbrétieny affididis par leurs pnapras 
vkateires, les fils des croiiés se virent liieHtdt dans la 
nécessité de tornner leurs regards du côté de l'Occident , 
et d'implorer à mains jointes l'appui et le secours de leurs 
anciens compatriotes, de leurs firte«s. 

Ce no M pas en vain ; car an triste récit ^ ron fit de 
l'état ide détresse où as étaient rédoils, les cœnrs géné- 
reux s'émurent Les Français surtout sentirent se ranimer 
leur ancienne ardeur gnerrière , et une nouvelle croisade 
élidt résolue an fond des âmes. GonvenalMl» en eO^, dn 
laisser périr sons le glaive des infid^ de valrarsnz 
goerriers auxquels on était attaché par les liens dn sang 
et la profession d'une même religion ? 

Aussi lorsque le roi Loois-le-Jenne fit^ aux fêtes de 
1146^ nn ai^ à ses fidèles sqfets^ félanM-il 
général et spontané. Tous les seigneurs du Morvand^ suivis 
de leurs bommes^ se rendirent à Vézelay où saint Bernard^ 



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UJIORVAIUX 115 

aecoMplhMrt 1> mMm que marft ielnl cattftg lepuw 

Eugène III ^ inspira soudainement, par la seule puissance 
de sa parole , un enthousiasine irrésistible à une multitude 
iiMi^lyyhiA de seigneurs , de piéUte» d'abl>és et aalrai 
paiioiiaci'de lewte condiliei aficone des dlverm fnr* 
tiee de- la Franefr «hmit reUgienie , si^ciirdiiwiMi te ni 
présidait lui-même cette assemblée dans tout Tappareil de 
la royauté. 

Qui ne eevMttee cri iaMOse, praupl cmme rdcMr» 
fert codttM lafoiKdiite nw e,ipi, pwtnn éè mm 

les bouches à la fois, fit retentir long -temps la vallée 
d'Asquins : Diex li volt, Diex Li volt, la croix ! Le monar- 
que la reçst le premier ; c'était celle que le pape loi avait 
spMalMBflBl deaUaée. Faré de œ rigne aipiale etmvé» 
LoaiftlFII sT ad ieas e Inl-inéBM à la fode et Imvoque, aa 
nom des chrétieDs de l'Orient, l'appui de la nation géné- 
reuse dont il est le chef suprême, et l'enthousiasme est à 
son comble. Mille boudies s'ouvrent à la fofopmir léeft»» 
mm, uiOiB èraa tféiiiront |MMr recevoir le gagevénéré 
d'on engagement solennél et Irrévocable. Les engagements 
furent si nombreux , que bientôt les monceaux de croix , 
qpie saint Bernard avait apportés , se trouvant épuisés» le 
fieitK 'éiàé ae* vit éMia^la. Bénaarilé> pour saMaite aox 
vÏDSttée laïaaliltHley ia Mitae ses ftÉsanais en pièees. 

Le peuple rivalisait de zèle avec les seigneurs. La popu-» 
lation du Morvand qui, presque tout entière, s'était rendue 
àV^ielaf à kirflBile de ses nûlileamatMs« Isa suivit cb si 
grand nmûmemJnâiÊifqm les viilesyles'lNmgaalles 
villages , comme les ehflteanx , demeurèreat ■ presque dé« 
serts. Dans nos montagnes, comme en beaucoup d'autres 
endroits» c'est à peia« a^il restait wt hmume.pùur mjrt 
femmn (i). 

DHB'cea temps de âé««aeaMnt et dlrffoiftnie de la M 

(1) LtttndêtaimtMÊrtutrdàunmi. Covftxiris. • 



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au ' LIi MORVAND. 

MUgiette, U était d'«ag«^ cbendwr à « mdra la Glei 
pnH[^ ^ pieweafondatlDi»» o« daa amiiiea gM» 

rensement distribuées aux serviteurs de Dieu les plus re^ 
nommés pour leur régularité. Cliaque seigneur s'efforçait 
û'n^ieàtr, par oe geare «Le iMNmes œavres» tm tace» 
aatoar aa laiiolr de aei atem» oa d'à— wr ai «oias aan 
aâlit et sa néBrafere en eas (j&Û siecMâiât mm les feitignes 
et les périls d'un si long voyage. C'est sons de telles inspi- 
rations qu'Artaud de Uàasteliax, eatre autres, près de 
fmnèt€UKm fUè pmw Jént$akm, donna à YMmje de 
flegny, que Pou remarquait sur la rive gaociiede iaCSiTO» 
à quatre kilomètres au sud-ouest de Vermenton , usage et 
pacage dans les terres de sa seignearie. L'acte émioemmeat 
cMtiea qui e» lut dreasé^ et que noua ra]ip«rtiMB tet, 
M pÊÊté «n diâteau d'Avallon, en piéwawa ^flombiit» 
éf êque d' AutuB , d'Odon , duc de Bourgogne , et de plu- 
sieurs autres personnes de distinction, tant ecclésiastiqttes 
qœ séculières. 

i IJo'ii aoU ooDOB de êem les iéimntw présents et à 
9 fCBÉr» dit oeflenc et digne acig n ani , que par ladifinie 
» Providence, Artaud de Gliastellux s'est proposé d'aller, 

• pov aea pédiés^ à Jâmsaiem, avec ses fils et l'armée 
» loiBla^etMraiioiKNMtttqn'impeiit aeiadhéterdela 

• BMrtpar aeaamteea, pamqirilcrt éeritrL'JwndBe 
» déHvre Fbomme de la mort; et le Seigneur , dans son 
» saint Évangile , dit : « Donnez l'aumône, et toutes choses 
» vous aercmt pores; » et Totài : « L'annidne eat> pour 
» cen qui la ftmt, m grand uMtff de conlIaMei > et 
» DanM : c Rachetés m pédiés par ttamOnei » a^étant 
» rappelé toutes ces choses pour le salut et la rédemption 
» de son âme, et de celles de son épouse et de ses prédé- 
» cessears, fl a donné h perpétuité, à l'église de Sainte» 
» liarie de Begny et am>firèraa qol y aamm Man^la . 
» paisson de leurs porcs dans tous les bois situés entre la 

» Cure et le Gousain, et le passage à travers sans indemnité. 



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LE liORVÀMO. 115 

» ainriqiwlepanafeettflmlfliaMfwÉMlicoiiHMflm 

» le nom &a4;cense (1). 

Parmi le grand nombre de seigneurs du Monr and qoi 
soMmDt Tannée royale» JMWcttanmt^ oMeAtfawIde 
Chaatalliii, HttoDy Artaud» Qof et MUMme» aaa lia; 
Hngues P% seigneur de Châtea«43UiiiB et de lûmes , qitf 
lit aussi du bien à Tabbaye de Regny ; Seguin de La Tour- 
nelle , son frère ; JSfard de Magny , Anaeric , vicomle 
d'AnOloD^ Gmf Beam» aeignear de YiOanuMU» €aalkiir 
de FMlea» . Hngues de Sataite'-fllagnaiice, EtIsBMB dt 
Pierre-Perthuis, qui tous furent bienfaiteurs de ce monas- 
tère; Lambert de Bouvray, qui lui légua sa terre de 
Ooorteadel (2) ; GuUamiie de La Roche^eiHtoeny» lastiié'' 
lemsrde UmA, AmuUrne de Saêatb'AaéàvoL, qwà lui légaa 
aoii donaine de TriÉelain; Hugues d'Alligny, Samfc de 
Reclennes, Jean de Roussillon, Jean de La Roche-Milay, 
Renaud de Glane , Pierre de Luzy, Hugues et Guy de La 
tafièra^ Garde Mmj^eeoSÊnff de Haaitty, Odea If 
de Mary» et m flNde d^aidres qi^H serait trop long de 
Mmmer (3). 

Cette e7[pédition, qui d'abord s'était anncrncée sous 
d'JKureia anqpiees^ fiait par des désastres» el la piopaii 
des croiÉés «mmapart miséraWemwd OoaasMat ei»a 
été autrement? L'histoire rapporte que eeUe mnliUide^ 

qui montait à plus de deux cent mille et se composait de 
gens de tout âge » de tout sexe et de toute candldos» 
s'avançait oonteément» sans frein oommesaosconman» 
deant 0te noos apprend eneore qu'a n^est eriases si 

atroces, brigandages si révoltants, actions si honteuses^ 
qu'on ne soit en droit de reprocher au plus grand nombre. 

* * * 

(1) nom Omm Viou , aUt, mmiuet. dt Mgny. 
(9 Leè relisiwz raconnaissants donDèrent oteelof > probablement des 
bijoux, à 6eoflh»y, aon Sia. 
(8) /W«; G&avAai» , HUt. de VégUit drâMun, 



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116 l£ MORVAm 

f^MMMat Bien anraU-tt béBi «le entrepif se dont le but 
était louable et pieux sans donte , mais dont les moyem 
forent si coupables, qu'ils firent maudire le nom chrétien 1 

Si cette expédition ne fut point avantageose aux chrétiens 
de^'Oitent, elle lài u^le an roiy qii vit angn^nfersoB an* 
Mité an dépens de celle des seignenrsy dont la plupart 
périrent en route. Les autres s' étant chargés de dettes pour 
fournir à l'équipement de leurs gens, PhUippe- Auguste 
profita de leur affaiblissement pour leur enlever Tadmi- 
nisteallondelaJnBliee. 11 créa donc à cet efliel lies baitti 
qui' renpkwèient les vioomtes et les seigneurs justieienL 
Jfôentôt la juridiction et la puissance des nouveaux juges 
s^accnit à tel point, qu'on les vit jugeant la noblesse et le 
peuple, mqiant à la gnerre les nobiks de leur ciroon»* 
ctiptioQ 5 penevinA les deniers pobilcs , pourvoyait am 
divers officef subalternes..... Aussi leur autorité porta, à 
son tour , ombrage aux rois et aux ducs de Bourgogne 
qui leur enlevèrent d'abord la direction des finances, puis 
lé.OQaMiandenieBl des armées, et étairtiiiaiit des ^awcr*- 
neurs dans les provinces et les villes. Enfin Charte» VI leof 
donna le dernier coup en leur retirant, en l/il3 , l'admi- 
nistratiiDn.de la justice elle-même pour la (conférer à des 
acâ t en anti» qÊk conttnnèient à la roMbre^aK fisqneseï 
péttts.dcB selglieuiii . 

A lenr retour de la croisade, plusieurs chevaliers^ p&a 
remercier Dieu de les avoir préservés de préférence à 
tant d'autres, des maux qui fondirent sur l'expéditiOBj 
jttèBnt les fondements de nonvtanx étoMissemente rsli- 
^ten. Artaud de Cbasteta, en partienHer, ne montra lort 
reconnaissant et bâtit à grands frais l'abbaye de Cliors 
ou Cure, sur la rive gauche de la rivière de ce nom , où 
on en remarque encore d'imposants débris (1). Nous mon- 

(1) CoDRTirii, tom.'vi, p. 18; leNfvmutit, lom. u, p. 1S6; Archives d« 

ChasteUux. 
» 



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LË MORVAND. 117 

tterom ea soaUm 4pÊe les âlciu ^Bà ont nitrihrt ii 
i^ndatk» de es inoiiasièrci à' Ustait , conteMc de Nevers 

et veuve d Hervé de DoDzy, se sont trompés. 

Tandis que quelques nobles cbeTaliers» comiBe ArtaiMl 
de ClMsldtoL^ en «aat de leur fortune ]»Mr.nMaMdr et 
le fttCB de la rellfien, BiéfHalent TesIfaBe el l'anewr des 
peuples, d* autres, vrais fléaux de rhumanité, pillaient 
les églises , dévastaient les couvents. De ce nomlire lut 
• Gérard de Vieillie^ boiimeiraissaBt et toi4^^ 

avec ses v^Muii Os selgMor, dérogeant à Mbonnear de 
son antique race , commit plusieurs vols sacrilèges et se 
rendit redoutable aux moines qu'il maltraitait inhumaine- 
ment maptè» les avoir dépouillés; les voyagem eor les 
grinds dMmins ti'étaient f9E ptaiea jirolé. IMieain, 
miippe-Auguste arrila ees vfdtoniees. <Je nonarqne étant 
venu, en 1180, à Vézelayj se rendit de là à Pierre-Perthuls, 
oà il avait convoqué les barons de la Bouigogne et du Niver- 
nais» Gérard, sor la somnalion qpl M en aiait élédonndo, 
fl^]r rendit adssi-Ckmvalnett en pldne assemblée des crimes 
qui lui étalent reprochés^ il fut condamné tout d'une voix 
à réparer ses nombreux méfaits. Ce seigneur se soumit à 
la trop légitime sentence qui le fraqppait^ répara e&.efiii 
ses fa^netlees et ses «rimes» et |Nir son eiempin âtoeaset 
les ^é]^éd«rtions de 4Sfm petits tyrans qui « mmnmJnjy 
désolaient les campagnes (1). 

Le douzième siède ne devait point s'écouler sans qne 
le Morvand vit s'élever sur se^ limites méiidiOBiieii,«n 
Imporomt établimement fdigleim t eîétalt la eflAbre dmn* 
ireuse d'Apponay, qui a subsisté pendant 604 ans sous 
soixante - dix prieurs. Ce lieu , aujourd'hui riche de 
onlture y n'était encore « en iias, qn'un désert marée»- 
ginx oà à peine qiet^nes eaam de panvres eeift mon* 

(1) Dom If ARTBNHB, Àmpliuiw^ CoUttHo; Uumn,€à9imlqfÊg iê réttkiVr 
p. 168; le JrlMmalt» toin. n , p. 150. 



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lis L£ MORVAMD. 

ttaim çà et- là leurs taits de mseani. L'évâque de 
• fknm, IUnuM» du eensentenieBl de ton chapitre , le 
donna , cette même année , aux vertueux enfants de saint 
Bruno pour y fonder une maison de leur ordre, mais sous 
la Um— expmaie -que le tout toilft relenr à-MMi éflpUse, 
mu 0ppoikiêm ni emitadktim , tk ce» rellgieai vettept 
un jour à abandonner le nouvel établissement. C'est k cette 
condition sage que la chartreuse dut l'honneur d'arriver 
JaaQQ*a«i mauvais Jomrs de la révolation de lïJBd, sans . 
avoir été aèandoonée par les moines <pd> plqilemfois, 
en éveilla tsntatfeo (1). 

Cependant des divisions intestines bouleversaient le 
royanme de iésrvsalem à l'intérieur^ tandis que les Sarra- 
slMy iQis la omiÉRite d» lÉnmx Saladtn , soltaa d'^Q^ 
d «e Syrie, Fattaqnaleiit à l'extériew. Un trdne déjà si 
faible par lui-même ne pcMivait manquer de s'affaisser 
sons tant de secousses et d'attaques ; aussi le sceptre 
éetappiit41 , en iië7 , des mains de a«7 de lAwigm 
lénwdem se sendalt-elle par eapitnlall^ii^» le.^ ofrtolMOs 
de ia même année. 

fbachés de tant de malheurs, Philippe -Auguste et 
Richard P% roi d'Angleterre, se liguèrent pour arracher les 
lien»SaiiHi des mains des lnfidèies» el se d omùt e t rcj^- 
dci-ms à Véiday eii llB se joignirent m iiOO {^y jks y 
rencontrèrent une foule de seigneurs accourus de tous les 
environs avec leurs écuyers et leurs hommes d'armes. 
Parmi «ln> on lemarqaalt Aabert et Bagnes de Chast^^ 
Bmnes' H de ChftIsais-GhiMMi* Senni n- de. La ToansèUe* 
Bngues de Magny, Ponce de Glane, Jean II de La 
Roche-Milay, Jean II de Roussillon, Arérius de Quarré, 
Ponce de Pierre-Perthuls, Simon 4e .Seosv^ l>aron de 
Luf ; Gwf Bèson seignenr da YiUamoult» €ny om 

(1) «MiteGMM., Gttarle deS>ndctioii, GhfMiique. 
(3) Uartih , Chnmiquf de FAvloy. 



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LK MOKYilMD. 119 

GnUlaimie II de La Roche-en-Breoy^ Hugues de Vernon, 

Hugues de Lanty, Jean d'Alligny, Guillaume de Saulieu et 
beaucoup d'autres. La plupart se signalèrent par leurs 
inenfiiâts envers les diverses maisons religieuses des envi- 
rons. L'ahbaye de La Bussière , celles de Regny^ de Saint- 
Martin de CHiors^ de £(atat-lhntin d'AvUm, de Sept-Fonts» 
de Vézelay...., virent ainsi leur dotation s'accroître sensi- 
Mement Les ecdésiastiqaes et les laïcs qui ne purent, en 
cette droonstance^ prendre part à l'eiq^tion^ forent 
obligés, par ordre da roi » de payer le dixième de leurs 
revenus et de leurs biens meubles pour les frais de la 
guerre. Ce tribut s'appela, de son objet, la dîme saladine, * 

Arrivés devant Saint- Jean-d'Âcre» les croisés en for- , 
mèrent aussItAt le sl^e^ et s^en raidirent maîtres le 
13 juillet 1191. Pinceurs seigneurs do Morvand, entre 
autres, Seguin de La Toumelle et Hugues de Magny, 
guerriers pleins d'audace et de courage ^ succombèrent 
pimisni fattaupie. Lei antWB» apièsqneiqoig mwwiaBaet 
gioiiaaaiwcoès> rentiitent e» fnmce, Tanode •ièraaCe> 
avec le roi (1). 



(1) GoiaiMa, tom. r; dm YNu » MM. mmm * «m» MÈèmm 

nation, et ûe CbasteUta. 



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t 



CHiPlïAË VU. 



AfllrM^cIMcMmcBto divers, Noovellc erolMid« , FonMlMs pkiiiti, 
fomtoa» «€• Ancialt» leur» brif«adasçi....M.... 



«... 

I» ■ • ' ■ • 

Les seigneurs^ Qb)igé&4'équiper leurs hoouDes d'joms 
à 5lim fraift «t de ytnrtoir à IM» liesetei pnênt le 

cours de ces lointaines expéditions, conMctèeent des 

dettes considérables. La plupart furent contraints d'affran- 
chir les villes et les principaux de leurs si]û^^> même 
d'engager Joofs fiefis en tout ou en partie po«r se pro- 
curer tpiélqae argent La ville de Ttelay, la pranière, 
obtint un acte d'affirandiissement de l'abbé de Sainte- 
Magdeleine, et s'érigea en commune. Quelques années 
après, en 1199, le duc de Bourgogne» fiadesIQ, accordait 
la même grâce à celle d'Avallon, qoi pourtant n'est ses 
échevins et son corps municipal qu'en Bien décidé 
à ne plus revenir sur une coucession qu'il avait faite libre- 
ment, le duc, à la prière des Avallonnais, écrivit la 
même année à févêque d'Autun en ces ternies : c Je 
9 prie instamment votre paternité, en cas que je révoque 
» la franchise et la liberté que j'ai données à mes sujets 
» d'Avallon, de mettre ma terre en interdit à leur réqui- 



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LE MORYAND. 121 

^ sltiM> et de lew donner sor ee toute Vaamvnce qu'As 
t vous demanderont (1). § 

Ce prince écrivit aussi dans le même sens à l'évêque de 
Langres> dont le diocèse était compris dans ses étatSi II 
le pria« en cas d'oubli des conventloiis qu'il venait de pren- 
dre, de loi rappeler ses engagements, et de le Gcmtralndre, 
lui et ses successeurs, par tous les moyens que Dieu avait 
mis entre ses mains, à les observer fidèlement (2). 

De tout temps la religion a été Ta^pui et la sauvegarde 
du pauvre contre le Etehe, dn faible contre le fort, et des 
petits contre les grands. Que serait-il. arrivé, si, dans ces 
siècles de despotisme, la foi n'avait été plus vive , les pré- 
ceptes divins plus respectés que de nos jours? La religion 
el ses anathèmes, dont se moqnènt sottement nos pié- 
tendns egprUs finis, étalent alors le seid ùétn qu'on pût 
invoquer efficacement conti^ des maîtres absolus et tout- 
puissants, auxquels il eût été loisible de reprendre le len- 
demain ce qu'ils avaient accordé la veille. Aussi nuUe con- 
vention, quelque peu importante, ne se flilt entre les 
seignevs et leurs sujets, sans que ceux-ci rédamenl 
l'intervention de l'Église. C'est de son concours qu'ils 
attendent la garantie et la sûreté pour l'avenir. 

A peine ùn quart de siècle s'étail-il écoulé depuis cet 
acte d'aHhmcUasemênt, que révéque d'Autnn, Guy de 
Vei^, accordait la môme faveur à ses sujets de Saulieu, 
et faisait ensuite souscrire cette concession par Jean I*% 
abbé de Vézelay et par Guillaume I*', abbé de Gorblgny. 
Vers le même temp&, Hugues m, seigneur de Lormes et 
de Cbâtean^Ghinon , alfrandtealt ces deux petites- villes. 
Le comte de Nevers en fit autant pour Moulins-Engilbert , 
et Jean de Châteauviliain pour Luzy. 

En 1228, comme le monastère de Gorbigny se trouvait 
grevé de dettes, Tabbé Gautbler, pour sortir de cette 

(l) CùnHwÉM, tonit 
(?) IKd. 

9 



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122 



LB MOKVAND. 



fâcheuse position , eut aussi recours k un affrauchissMBOiU 
> n accorda donc à ses sujets» nwyeanant me sanoie de 
500 livres nomiaie de ProYii», et me rente «raielle de 

dix sols par personne, le droit do bourgeoisie à perpétuité, 
et fit. à leur prière, confirmer celte coocesslon. l'année 
saivante, par le pape Grégoire lA. (1). 

Dans ces €onj<nictiires> la Ftance^ cpw Miut ama wa 
porter la guerre si loin de ses foTers» etiirersa gtortense 
épéc contre les ennemis du nom chrétien , fut obligée de 
délendrc, au prix de beaucoup de sang répandu, sa pro- 
pre nationalitô contre des voisins pgfaMntft L'eapemr 
OthoB TV, RIcliard» roi d^Ang^iCenrey FemuMl» comte de 
Flandre , et Renaud , comte de Boulogne , s'avancèrent 
contre elle à la tête d'une armée de cent cinquante mille 
iMMBimes au moins. Les alliés comptaient snr une vktoire 
eertaiatf décisive^ dent la oDnséqoenee dev^t ètro le 
partage de nos belles provlDees^ cijet d*àie lengne et 
incessante convoitise. 

Philli^-Auguste^ de son côté, s'arrêta à ks recevoir 
l ig O Mf c u s em Mit II eonvoipia donc tons ses vasMom; 
moiB il ne put , malgré ses instances et tons ses eAMa, 
réunir que cinquante mille combattants. Il fallut se ré- 
soudre à livrer bataille avec des forces aussi inégales, 
et, le 25 joîllei 1214, on en vint ans mains dana les plaines 
de- BoiivhMB^'ali, le eouage aqppiéant an Mmd>re, les 
FHmçait lemportèfeBl eetle mémorable violoiKe qui sauva 
la patrie. 

la. noblesse du JklorvaBd^qui avait répondu généreuse- 
ment à rapi^ dn monaiq», ae oouviît de fioini dam 
cette brflluite aflUre. Pieire de Ixl TomneOe » nofcAe che- 
valier, issu de l'une des plus anciennes et des plus illustres 
malsons de la contrée, eut l'insigne honneur d'abattre sous 
aen cheval le comte de Boulogne:^ Ton des chefs de Tarmie 

(1) Chronique manuscrite de l'abbayei Archiv. natiou. 



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LE MOBVAND. 



125 



eanenle» el4e TaiiieBer piisoaoier à son roL Cette action 
liardie ne contrilma pas pea an galadelalntaflle^etlni 
aarara Festime et Famitié du prince (1). A ses côtés, com- 
battait vaillamment Hugues de Lormes, son parent, homme 
de tête et de résolution , et aussi le plus riche ^ le plus 
poissant et le pins généreux des seigneurs da ittorvand. H 
eommaBdalt à on bon nombre de clie?aiiers et d'écofers, 
assistés de leurs hommes d'armes, presque tous sortis de 
nos montagnes. 

Hngues» que de vieilles dironiques disent avoir été d'une 
eaDfrlmeitôMicûni^ avant de confier sa vie anx hasards des 
eondiats. fonda son obit à Saint-Martin d'Autan , et fit da 
bien à cette abbaye. Cinq ans plus lard, il légua la grande 
dime de Saint-Germain -dcs-Champs à celle de Begny, ainsi 
ime la paiiscn €t le droit de paca^ pour cent pore» dans 
rétendne de sa châtéOenie de JLormes (3). 

Tandis que notre vertueux baron en usait si bien 
envers les bons moines de Regny, modèles de toutes les 
vérins, d'autres seigpenrs du Moryand» moins religieux 
fue lèor sasdtaient raille tracasseries , ravageaient 
leors terres et maltraHaient horriblement leurs gens. De 
ce nombre furent Guillaume Besors, baron de Villar- 
noult , et Robert de Corbigny^ seigneur du Parc» de Dun- 
Ies*-Place8 et de Quané en partie» tous, deux vassaux de 
Bagtte& Bn 4231 , 0 s^âeva, entre le premier et Tabbé 
Hugues II , un différend qui pouvait avohr les suites les plus 
graves concernant les dons faits anciennement au monas* 
tère par les ancêtres de Guillaume. Le baMm de Larmes, 
ami dé la paix autant «fiie de ktceiigion, se porta média- 
teur entre les deux parties, et fit si bien par ses sages 
conseils et Tascendant de son autorité, qu'il les réconcilia. 
Le sire de Yillamoult se désista non -seulement de ses 
liltustes réclamations, mais encore fit du bien aux moines , 

(1) CfcnmlgiiefiiamMa^c; àtmuéhn <f« la Nihre, 1817. 
(S) Dom VioLB , Biêt. de Btçny. 



i2U IB MORVAND» 

ti vécut 9 dans la suite ^ dans des rapports de bon votai* 
nage avec eux (i). 
L'année suivante, Robert, qui prétendait tûut plein éê 

droits sur Montgaudier, hameau situé près de Quarré, et 
dont les moines de Regny étaient seigneurs^ ne se mit pas 
en peine de faire valoir^ par des voies légales» ses préten- 
tions, n trouva pHis facile et plus expéditif desefeiie, 
selon l'usage des seigneurs de cette époque, justice à 
lui-même. Réunissant donc ses gens à la hâte, le fougueux 
Robert entre snr 1^ possessions des moines et se porte 
anx pins coupables violences, aoxplos graves exoèssor 
ies personnes et les choses. Plusieurs des hommes do 
monastère sont indignement maltraités ou mis à inort> les 
troupeaux enlevés et les maisons incendiées (2). 

Une coBdalte si d^yale» si barbare» mMtalt une 
grave et sévère colrrection; atisri ce seigneur M-fl» lia 
prière des moines , excommunié avec les fauteurs de ses 
désordres. Ce châtiment était le seul qui pût être effica- 
cement employé ccmtre lui; l'Église, jurotectrioe née do 
fidble» ne craignit point d'y avoir recours» f^pé et 
comme atterré par ces foudres spirituelles, Robert se soù- 
mit , reconnut ses torts et promit de les réparer. Mais il 
est probable que la parole de ce seigneur ne parut pas on 
gage suilisant de Texécution de ses promesses » car il îàM 
que le 'baron de lAimes , sm snxerain, se rendit pleiçe 
ou caution pour lut Ce ne fut qu'à cette condition que 
la sentence d'excommunication fut levée (3). 

L'iUustre et puissant seigneur de Lonne» et de GbâMo- 
GMnon , malgré ses Immenses anmOneo 9m0n tes'monai- 
tères, malgré la protection si méritante dont il les avait 
couverts, ne crut pas avoir fait assez pour le bien de la 

(1) DomVioLx; Archives nation. 

(2) Ihxd; Trinclin et Vau-Marin , hameaux situés dans le voisinage, 
qui dépendaient aussi des moines de Regny, eurent môme sort. 

(3) l\nd; Bist. mantuc; Ârchiv. nation. 



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LE MORYAND. 



125 



religion et le salut de son âme; il voulut encore , l'année 
qui précéda sà mort, doter son pays d'un établiasemènt 
religteux qui rappelât aux générations ftitnres et sa moni*- 
ficence et sa piété. Il fonda donc^ pour le sédutdesonâme^ 
pour celles de sa noble épouse , Helvis de Vergy , de leurs 
ftarents vivants et morts, pour le bien spirituel des âmes de 
tous ses pridéceêsewrs , pour la gloire et l'honneur de Dieu, 
de notre sauveur Jésus-Christ, de sa benoiste mère^ de saint 
Jean-Baptiste, de saint Georges , martyr, et de tous les 
saints, un couvent de chartreux qu'il nomma Sainte-Marie^ 
durVal^Saint'^reorges, et qu'il dota riebement (1). Hugues 
fit ratifier,* . la même année , cette pieuse fondalion par sa 
vertueuse épouse , par le comte et la comtesse de Nevers, 
qui prirent ce monastère sous leur garde et leur protection, 
et par l'évôque d'Autun, Guy de Vergy^ son proche pareuL 

Le digne fondateur poussa si loin le zèle pour le nouTel 
âabUssement^ qu'il voulut que les seigneurs de Lormes, 
ses successeurs , fussent tenus de défendre les droits des 
frères comme les leurs propres, et de réparer à leurs frais 
tous les dommages qui poueraftent, dans la suite, leur.étre 
causés de quelque manière que ce fût n pria aussi le 
comte de Nevers, son suterain, et ses successeurs, au cas 
où ils le négligeraient , de les y contraindre sans miséri- 
corde; il conjura de même l'évêque d'Autun de mettre en 
Interdit leur- seigneurie Jusqu'à ce qu'Os eussent satisfait 
à cette obligation, et il soumit, pour cela, tous ses biens 
aax évêques de ce siège (2). 

Telles étaient les précautions que l'on croyait devoir 
prendre dans ces tenips où l'^pire des lois civiles était 
oui, oa plutôt à une époque ob il n'etistatt aucune, loi. 
Cest à tontes ces garanties^ dont le fondateur entoura son 
berceau, que la chartreuse du Yal-Saint-Georges dut le 



(1) Gallia Christ., tom. iv, inter instrum , p. 96. 
(3) /Wd. 



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126 LE IlORTANa 

bonheur de traverser , sans secousses ni désastres , une 
période de 55^ ans (1). Emportée eiiûapar le torrent révo- 
lationnaire de 1789, qui ramna tons les éUUisiements 
religieux^ die n'offire plus c;uère'«ijoiBrd'lHii Ipie des 
débris que les antiquaires peuvent vidter à un kilomètre 
environ au sud de Pouques. 

Cependant le zèle qui entraînait les grands et le peuple 
vers les plages lointaines de la Judée, n'était pas enoove 
totalement éteint Hiibault HT, comte de Champagne^ de> 
venu roi de Navarre , avait fait publier, dans un moment de 
ferveur, une nouvelle croisade, et était ensuite parti avec 
ses yassanx pour la Palestine. Goinme les prîSoédentes, 
cette écpéditlon n'eut pas on résultat hooKiix. TUkaidty 
après l'occupation de Jaffa, qu*il fut bientôt ccmtraiDt 
d'évacuer, regagna sa patrie avec une poignée de monde 
seulement; lé reste avait péri. 

Saint Louis occupait alors le trflne de France. Ge prince» 
sans paraître vimnent affecté du revers de son vassal, 
avait pris néanmoins la résolution secrète de venger les 
victimes mallieureuscs d'un zèle louable à tous égards. 
Une maladie grave, qui lui survint peu de tenips aptèset 
le conduisit am portes du tombeau, le détermina sàm 
retour à exécuter cette résolution généreuse , et il s'en- 
gagea^ en présence de toute sa cour, par un vœu solennel, 
à prendre la cn^ s'il en écliappait. Sa santé s'étant tout à 
tofsp amâlorée, le pieux monarque ne s'ooo^a plie que 
des moyens d'exécuter un engagement auquel il ne dou- 
tait pas qu'il dût son prompt rétablissement il appela 
donc tous les seigneurs à partager avec lui la gloire et les 
dangers de sa périlleuse entreprise , et , à sa voix , la brar 
voure se réveilla anssitdt 

La noblesse du Morvand se montra encore digne de ses 

;1) Une pièce manuscrite, que nous venons de découvrir, nous apprend 
qu'elle fut, au seizième siei le , dévorée par un affreux incendiei mais ell» 
nous laisse ignorer quelle en fut la cause.. 



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L£ MORVAND. 127 

glorieux ancêtres , digne de son roL Hais avant de venir 
se ranger sous l'étendard des lis, chaque seigneur voulut, 
comme ses aleia, aUirer les bénédictions du Ciel sur son 
voyage et s^aamrer, en cas de. moit en route, les suffrages 
de rÉpse. On les vit alors rivaliser de générosité envers 
les monastères et les doter par diverses concessions. Dreux 
de Mello, seigneur de Lormes et de Château - Ciiinon , 
donna, du consentement d'Uelvis, son épouse, pour fonder 
leur obit, h Talibaye de R/sgny, é^k si liâen traitée p« 
ses prédécesseurs, cent soudées de^terre de fart nhernais 
dans sa seigneurie de Lormes , et ratifia toutes les dona- 
tions faites par ses ancêtres. Artaud III de Gliastellux, noi>le 
seigneur bonoré de l'amitié de son roi,;00]Bb|adeno!|a- 
vèl]es foveurs la (kndeUe de Vâielay, qu'il, avait fondée 
quelques années aiqiaravaat Guy Besors III, seigneur de 
Villarnoult , légua à Regny les dîmes de sa baronnie , ce 
qu'amortit gratuitement, pour l'amour de Dieu, £udes, 
duc de fiougogne (1). GuiUaume de La Toumelle, que 
la grande considération attachée à sa personne avait fait 
accepter par le roi de France, en 1217, pour caution du 
serment de Pierre de Courtenay, fit du bien à r abbaye 
de fiellevaux. Odon de GiiâtiUon, sire de La Rodie-Milay, 
en fit aussi an même monastère. Guy de La Roche-en- ' 
Breny et Henri , son frère, lègiièrrât des rentes à l'abbaye 
de La Bussière et au prieuré du Val-Croissant. Henri de 
Quarré, Hugues II de Magny, Jean, Hugues et Guillaume 
de Eonyray, Bernard de Lnsy^ seigneur de Velars, 
Aaselme m de Saint- Andeux, rendirent le monastère de 
Regny dépositaire de leurs bienfaits. Eiifin Guillaume de 
Barges, Hugues de Yésigneux, Renaud de Conforgien^ 
Jean n d'Âlligny, Eudes de Roussillon, Hugues de Glane, 
et un grand nombre d'autres seigneurs morvandeaux sui- 
virent rélan général et se joignirent à l'armée royale (2). 

(1) nom Viou » JKif. mmmÊùT. 4f «m* 

(9) ibtd; Govftttfrli; Arohiv. nttioo. ekdeChiBMIwi. 



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128 . LE MORVAMO. 

Ces diverses expéditions^ et les pèlerinages qoi entraînè- 
rent si souvent les grands et le peuple dans les montagnes 
de la Palestine, eurent un fatal résultat pour l'Europe, 
ce fut d'y introduire la lèpre , maladie affreuse qui , du 
dixième an quatorzième sièele, infecta la popiâation du 
Mervand aussi Irfen qoe celle dn reste dé la Francé. Les 
seigneurs de nos montagnes furent contraints de fonder , 
à côté des villes, bourgs et villages , des établissements de 
cbarité où on jrecaeillait les personnes atteintes da mal 
Atalloft^ Gbâtean-Qiinon, Lormes, Lnzy, Magny-les- 
Avallon, Moulins-Engilbert , La Roche-Milay, Rouvray, 
Saulieu...., eurent à leurs portes des léproseries ou mata- 
dreries dotées à pet effet La religion , qui se dévoue natu- 
rellement an soulagement de toutes les infirmités, Vint an 
seconrs des malheureux lépreux, et les confia an xèle cha- 
ritable et aux soins paternels des frères de saint Lazare, 
La lèpre » la plus ancienne des maladies dont Thistoire 
ftose mentloQ, était aussi la pire de toutes. Gallien , Arnaud 
de nileneave et^elques autres médedns en ont laissé de» 
descriptions qui inspirent de Thorreur et de Teffiroi (4). 

Au retour de la Terre-Sainte , saint Louis se rendit avec 

(1) Cette maladie rend, discnt-ils, la voix rauquc et enrouée comme celle 
d'un cftien qui a long-temp» aboyé. Le visage du patient ressemble à un 
diarbon àdemi-étwst; U est ooetneox, enflé, kilmtetsonédelxmton 
(brk dors dont la raeioe est verte et la jpomle hkmèkê* Ses yeux , saUlanta » 
immobiles , rouges et enflammés , SMrwU eammê tmr dfwn dbot. âa lan- 
gue, noire , sèche , enflée , uioérëe et raeeoufcie, est couverte de sillons et 
de grains blancs. Ses narines sont ouvertes et les eonduits r^réfiie par 
les ulcères. L'aspect général do son corps est repoussant. La peau, sur 
laquelle l'eau coule comme sur un olijet gras et huileux, est couverte 
d'ulcères qui s'amortissent et reverdissent les uns sur les autres ; elle est 
insensible, et soit qu'on la pince, soil qu'on la perce, elle rend, au lieu 
de sang , une eau sanieuse et visqueuse qui dégoûte. Les poils sont oourtSt 
hérissés, déliés, et ne peuvent être srrsohés sans emporter avec eux la 
ekair pourrie 4 la<|neUe 41s aiMrsttt..... I«0n les ersiUee, le net, tes 
doigts , les mains, et quelquefois les membres entiers se détachent, tom> 
bout et préviennent la mort du malade qui Umguit eneere long^mps dans 
ce triste et pitoyable état. (N<b m La KoicBBLtB, p. MU.) 



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I£ liORYANa 



1S9 



les seigneurs de sa suite à Vénlay^ où il assistt» le dix- 
huitième jour d'avril, qui était le dimanche de Quasimodo, 
à la translation des reliques de sainte Marie-Magdeleine. 
Cette cérémonie avait attiré» dans cette petite .ville» une 
foule immense de penoanes de tout âfe et de.iosÉi 
condition^ qui montait , si on en croit quelques anteni», 
à plus de cent mille âmes. Comme il était impossible de 
loger tant de monde flans les hôtelleries, on jondia les rues 
et les places poliligMS de paille que les étrmjaw nfltemè- 
rent à la toise poor y passer la nuit Ce Jour» qaron appdaii 
vulgairement la fête dn pardom ^ amnait chaqne année^ 
à Vézelay, un concours prodigieux de pèlerins, auxquels 
venaient toujours se m61er de nombreux fidàles partis de 
tons les points du Morvaad (1)^ 

Quatre ans après, en nos montagnes eurent à 
déplorer les suites d'une guerre seigneuriale comme nous 
en avons d^à signalé ; d'une de ces guerres où les rè^ 
glas» Gomanément obmrvées a^lourd'lmi» étalent aUm 
remvdaoées par des aurprises et des atrocilés; dfune 
guerre, en un mot, oli le vaincu, s'il n'échappait par la 
fuite, était massacré de sang-froid ou renfermé dans les 
flancs ténébreux de quelque tour> an fond de quelque 
olMGurcacbotyOiiil eiqplalt^le reste de sa vle^ Tancln^ 
et la témérité d'avoir voulu se mesurer avee un voisin ptali 
fort , ou du moins plus heureux que lui (2). 

Le comte de Nevers et l'évêque d'Autun, n'ayant pu 
terntiner ^ raniUlde un ^fiEârend qui avait snigleo^ 
concernant la diâtellenle de Clane (3), dont le sombre nnh 
noir couronnait un rocher escarpé qui ^âève dans les bois» 

• 

(1) Hifl. d^ÂngMetre; Villt, Hiit. de France; Uaktih , Chron. de Véselay. 

(S) CbAteaaMaad riorate qa'nD saigaeur ayaut dtapgoniié el 9b9Mm 
«•us M oImmI MBUÊtmHiitiimt «ta'tjaiit pas alor» d'ëyétptaor r4«N^ 
ger, il Alt oonvena , nir parole » qae la vaiaca attendrait , et <iQ*eB effet , l» 
rainqueur, h son retour, le trouva dans la anéne place. 

(3) Oo dit aiUQvrd*ii«i Gkiae*. 



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1^0 LE MO&VAND. 

à rovest ^ Vcrilèm» en finrent tnx amiM. Il y Mt âes 
meurtres, des ineendies et avtres méfaits graves commis 
de part et d'autre. Après diverses escarmouclies , les deux 
rivaux fireDt entre enx un accommodement tardif dans 

pmt ràism é» Me$mrt$, infraeiimu , ineenâêeê de f4tle$ 
et de maisons faites par les gens de chaque parti (1). » 
« Cest ainsi 9 ajoute l'iii^torien, duquel nous empruntons 
ce fait, ffae les seignenrs se faisaient Justice anx ^Mpens 
én pmms. » 

Fliffîppe-le-Bel, Justement* indigné des graves excès 
auxquels on se livrait dans les guerres privées, résolut 
enfin d'y apporter un terme, et^^par son ordonnance de 
Tan 1303, les prosciivil sons ém pdnes sévères. QMe 
défense 4jhi monarque, en les restait pins -iwes^ ne les 
fit pas cesser entièrement; car nous voyons, cinq ans plus 
tard, Odoard de Montaigu et Érard de Saint-Yerain se 
ttvrisr mm àatâàUe en règleyàlaqnelte pilient pnrt fin- 
simnn seisneoTsmorfandeaRR. DrenxIVde Melto, se%iiear 
de Châtean-Ghinon et de Lormes , cl son frère , s'engagè- 
rent dans le parti du baron de Saint-Verain , leur parent, 
et x:oiiibaltirènt raiUammoit soos ses étendards. DiMx 
sorlcMrt se^ ôoniKiha en liém GeMM^nl, en fiiNnC 
prfionnler ie davptiln d'Auvergne, Béranlt de Mercueil, 
le plus puissant des seigneurs du parti d'Odoard , força la 
victoire à se déclarer pour Érard. 

;PleiB de llcrté, de MirmieB crat qo^ serait t^ 
UMHpotar ioi^è sereniîdre àrai seigneiir qui, quoique 
tfée-aneienne noblesse , était néanmoins inférieur à son 
rang ; il refusa donc opiniâtrément de remettre son épée 
an seigneur de Château -Gliinon, et ne. consentit à la 
déposer qu'entre les mains dn comte de Sancerra Ckwmie 
cette balaffle s^était doanée contre la défense expresse da 

(1) CovKiiriE , DueripiUm de Bourg,, tomo n ; AmmÊin de Nièm, IHI. 



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LË MOAVAKP. iZi 

roi, Érard de Stfait-VeraiB, le comte de Smerre, DreiuL 

de Mello et son frère furent arrêtés et renfermés , savoir : 
les deux premiers à Melun^ et les deux autres dans la 
maison des hoq^italiers de Saiiii-Jeaii-eD-risle près 
Corbeil(l). 

L'ordonnance de Philippe-le-Bel mit déptai singuliè- 
rement à la noblesse, qui regardait le droit de guerroyer 
comme un de ses plus l)eaux pri\11éges ; aussi celle du 
Blorvand^ de la Booigogne > des évédiés û'Aulm el de 
Lanirros s'adressa^ en iZ%S, à Loids4e-Hnfin qtA Tenaii 
de monter sur le trône , et le pria d'avoir égard à ses griefs, 
en lui représentant que depuis saint Louis on avait porté 
plttsienrs atteintes à ses framMses, liberté» ei, coêstmiee 
attctèimef: 

Le roi, frisant droit ii cette reqnto, s'eipitaa idarii 
dans l'article vi de sa réponse ; « Pour que les nobles 
* puissent et doivent user des armes quand leur plaira > et 
» qu'ils puissent guerroyer et coatregaigier» nous, leur 
» octroyons les armes et les gaeires en la mainière qu'ils 
» en ont usé et accoustumé anciennement ; et se de guerre 
» ouverte les uns avoient prins sur l'autre , ils ne ser oient . 
» tenus de rendre (2). » Cette condescendance maiheu* 
reuse perpétua encore pendant mi slède l'usage baiiiave 
qui fit Terser tant desang, et occaaiwaa de graw et noah 
breux désordres en France. 

A cette époque 9 le comté de Ghastellux formait une 
puissante seigneurie en tranio-aUen avec justice somwoine 
qui Tétefalt dÉrectemesA du roi Bn Tertu d'un traité k 
l'amiable, qui eut lieu en 1328^ entre le noble possesseur 
de cette terre et Eudes IV, duc de Bourgogne, alors dans son 
diâteau d'AYallon, et d'une antre transaction^ passée^troia 
ans plus tard» avec le cotttede Nevers^ottiftfaigaewie 

(1) GoT Coquille , BUt. du Nivem^'Album du vévêm. 
(9) Ordùnnauei ém no(9, 9 toi. in-fi>lio , p. S et 166. 



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133 LE MORVAMD. 

deyint motmmte partie du duché de Bourgogne et partie 

du comté de Nevers. Ce fut alors seulement que les deux 
provinces reconnurent des limites certaines de ce côté. 
Far suite de cette demièrè convention, Marigny-rÉgliae, 
Baiodies et leurs dépendances formèrent une puissante 
châtellenle mouvante de Monceaux-le-Gomte, mais qui 
ftit démembrée dans la suite. 

Le milieu du quatorzième siècle Ait une époque de 
malheurs et de calamités pour le Morvand» et même pour 
tMie la Firanee. Sans nous arrêter à cet affireux ourag» 
qui se déchaîna, en i^U9j sur notre contrée qu'il couvrit 
de ruines , et à cette terrible épidémie , le choléra de ce 
teriips-là» qui, sur cent personnes, au rapport d'un con- 
temporain, n'en épargnait que neuf, venons à la désas- 
treuse invasion qui désola la patrie. 

L'Angleterre, l'ancien ennemi de la France ^ comme la 
nonmient les chartes et les chroniques, lança sur nos 
belles provinces ses redoutables bataillons qu'appelaient 
en secret quelques grands vassaux de la couronne. Vain- 
queurs à Crécy, en 1347, les terribles insulaires ne médi- 
tent rien moins que la ruine de la France entière. A peine , 
en effet, la trêve conclue en ces fonestes drconstanœs 
eipirait-elle, que , divfoés en deux corps d'armées, ils se 
Jettent sur elle comme des lions affamés sur leur proie , 
pillant, brûlant et forgeant tout ce qui se rencontre sur 
leur passage. 

Exnpéré par tant de eruantés , le rot Jean , h la tête de 
son armée, s'avance contre la division du prince de Galles, 

Tattaque dans un lieu désavantageux, près de Poitiers, et 
perd, malgré des prodiges de valeur, la liberté avec la 
bataille, le 17 septembre Cette funeste journée 
priva la France de ses plus vaittants détéoseurs. Mnieurs 
seigneurs du Morvand, entre autres Gauthier de Brienne, 
duc d'Athènes, baron de Lormes et de Ghâteau-Ghinon , 
qui venait d'être élevé à la dignité de connétable, y trou- 



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LE MORVAND. 133 

vteeiil nne Mrt i^iteose. Je«i ni de Cyb9lkm, ion 
a?ec lequel fl avait iNfftagé» Faimée précédente, la lift- 

ronnie de Lormes, s'y comporta en héros (1). 

Maîtres du pays» .après leur yictolce de Poitiers, les 
Anglais parcooreiU la patrie comme on torrent de ffsa» 
Arrivés dans T Anxerrois , Os attaqnent l'ablMtye de Regny, 
la prennent et la pillent Ils s'emparent^ en outre, de 
l'abbé qui s'était retiré avec une partie de ses trésors dans 
la forteresse de Vermenton» et ce ne fut ^'an piix do 
grosses sommes d'argent qu'A pot se tirer de len woÊÊm 
De là, les ennemis s'avancèrent do côté du Morvand, où 
ils arrivèrent en commettant les plus tristes dévasta- 
tions. Dixrhuit métairies, appartenant au monastère dont 
aona venons de jpaiier» et situées la pliq[iart dans noa 
montagnes» furent réduitesen cendres le vaste étang de 
Chaux et la ferme de ce nom , qu'on remarquait dans la 
commune de Dun-les-Places, furent ruinés. Lorsque l'abbé 
voulut» en 1377» réparer le premier» U fut contraint 
d'impoter m sujets à cent fraues d'or pomr counir tel 
dépenses (2). 

Mais nul endroit plus que Saulieu n'eut à souffrir de la 
fureur de ces redoutables ennemis de la nationalité Iran- 
çalse. Prise en 1359» malgré les efforts dajjr^ieii wca* 
pitaine qui y avait été étatii en vertu de. rwtoananee de 
Philippe y, de Tan iSl?^ cette ville M pillée» saccagée 
et en partie brûlée ; l'église collégiale ne fut pas mieux 
respectée , et n'oifrit bientôt que des ruines. Urbain Y et 
caément vn» pour en favoriser la restamatfou» acqovdè- 
rent, quelques années après» des indulgences aux fidèkt 
qui y contribueraient par leurs aumônes (3). 

Les malbeurs de SaïUieu et des lieux çirconvoisins jeter 

(1) AroIUv. nation., im ma iw dû ta JWIpn, 1SC7. 

(2) Dom YioLK , Bitt. mtmue. de negny; (ToUteChKil., tott. tn, p. ISl. 

(3) CouaTiritftom.Tifp.m; Euiuv, LoRCVinv». 



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134 LE MORVAND. 

rentloiil lA IliNrvMiddaiislacral^ et la ccNiitflfiiati«iL 

Tremblants pour lem manoirs 9 len seigneurs se hâtent 
de les réparer et d'en augmenter les fortifications. De 
toute part on voit les retrayants occupés à faire guet et 
bonne garde à Tentonr. diastdlnx, Baioclies» lormes et 
Piene*Fertlrals, entre antres, offirent nn aspect vraiment 
guerrier. Enfin, après bien des malheurs et des désastres, 
le traité de Guillon, en vertu duquel il leur fut payé une 
somme de mlU moutmu d'or, débarrassa, en le 
pi^de ees terrfUes bOtes (1). 

La paix et la tranqnillité qni sntrirant le départ des 
Anglais ne furent pas de longue durée. Une bande de mal- 
faitfnrSj vulgairement appelés Écorcheurs , nom qu'ils ne 
portèrent qœ trop légitimement pour le malbeur des pays 

fis pasnlent, vint, quatre ans après, ^Êaà qn'nne troiçe 
de vautours, s'abattre sur le versant oriental du Morvand. 
C'était un débris des grandes compagnies qui s'étaient for- 
mées par suite du. traité de Brétigny, du 8 mai 1360. Les 
gamisens qui sortaient, mécontentes et mal payées, des 
villes et places fortes livrées aux Anglais, se réunirent aux 
Allemands et autres étrangers qu'Edouard, roi d'Angle- 
terre, renvoyait de dessous ses drapeaux, et parcoururent 
la Boongogne, en. ravageant les caAipagnes. Ces misé*. 
fMs» s^ètant emparés, en i36S, dn fort de La Vesvre, 
situé à l'est de La Celle-les-Autun , se répandirent de là 
dans les environs qu'ils rançonnèrent durement Sortant 
«iiàque' matin de leur repaire, Os se livraient pendant le 
Jour à toutes sortes de brigandages et noireinrs, et sou^ 
vent ne rentraient , le soir, qu'à la lueur des incendies qu'ib 
avaient allumés^ Il fallut encore , pour s'en débarrasser, 
Gonqtoser avec eux, et leur compter deux nUUe cinq cenu 
francs <for (2). L'année suivante, le dnc de Bourgogne, 

(1) CouRTlpii , tom. t, p. 17S, ArohiT. d« dMMftolhii. 
(9} iM, tom. I et VI. 



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pooc pré? «Bir le nlw dfan purvil itai, ât ULptMoe, 

et rincorpora à la châtellenie de Glane. 

A peine trois ans se sout-ils écoulés, qu'une autre bande 
de gens de même ei^e se caoUmne au cliâtoaa.de YéA- 
gimoi, pgèH Liii»ay*rÉ?éqae, et cfumaet de Mobla* 
bles dégât» dans les Plages d^alentoor. Ifise ffOMène f 
sous la dénomination de Tard-Venus qu'elle s'était donnée, 
parce que , disaleot ce» jpil]4rd&> ils ne fcUsment que glaner 
êà laurs devanieiars amieiu flMMiMti^^ s'empare de VlUainea» 
les-Prétdtes, et sfy fortifie. Insatiables de ciimes et de 
vols, ces brigands, après avoir ravagé l'Auxois, s'avancent 
sur Saulieu qu'ils se promettent de traiter durement; mais 
le comte de Fribourg^ maréchal de Boargofi^e^ accourt 
à leur rencontre^ les altaqae et les taille en i^èces près 
de Cbantean, Le chef de cette tronpe dliommes sauvages 
portait , sur sa bannière , ces mots écrits en gros carac- 
tères : L'anU de Dieu, L'ennemi des hommes. Qu'on juge 

de là ce que Ton pouvait eqkârer de pareilles gens (1). 
En 1368, une armée de routiers ou robeurs, autre espèce 

de malfaiteurs sortis des vallées de la Navarre, s'avança 
jusqu'à Gravant, dont elle espérait se rendre maîtresse, 
afin d'y exercer ensuite impunément les désordres et les 
excès révoltants auxquels elle s'était livrée partout sur 
son passage. Mais la noblesse du comté d'Âuxerre se met 
aussitôt sous les armes, vole au secours de la place et la 
délivre. Ces misérables, ainsi repoussés vigoureusement, 
se portèrent en désordre du côté du Nivernais et du Mor- 
vand, ob Os pensaient continuer leurs ravages. Mais les 
nobles défenseurs de Gravant les suivirent résolument, 
et ne s'arrêtèrent que lorsqu'ils les eurent entièrement 
défaits à Sémelay, au nord de Luzy (2). 

(1) CouM<pii , tom. VI» p, 801. 

(S) M. GaosRin, ToNmii ^ronologique f Àlbtm du irfMnurit» tom. 
p. 196; Àîumaire de VIoum, 1S40, p. 09. 



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136 LE MORT^O. 

Tant de d^prédalloiiB et de Inr^andages^ qui se renou- 
velaient presque chaque année, firent penser aux habitants 
des villes et des bourgs à se fermer de murs ou à réparer 
lenn andemies fortifications. Les bmarçeais de Moulins* 
B&gllbert obtinrent les premiers^ en 1 386 , de Marguerite 
de Flandre, comtesse de Ne vers ^ de clore leur ville. Ceux 
de Château-Chinon , de Lormes, de Corbigny, de Luzy, 
de La Roche-Milay, de Saulieu^ de La Roche-en-Breny, 
de BoQvray^ de Pierre-Pwtiiitis, firent de mtte peu de 
temps aprèSb 



s 



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CHAPITRE VUl. 



Gaerres civiles» les Ariuagnacs et les Bourgulgfnoas, Cbarles VII 
et PiiUIppe-le-BoD , Prige de Giiâtcaa-€ binon et d'A vallon» le 
maréclial de Ghastellox» Famine « Ligne du Blen-Publlc» LonI» XI 
d Gtartas-le-TCnirnlre.' 



SI le qaatondème siècle n'oflire, sàaû que nous venoos 

de le voir, que des maux et des calamités pour nos mon- 
tagnes et toute la France , le suivant va nous présenter 
le triste spectacle de divisioiks intestines^ de guerres civi- 
les et de tous les maux qu'elles entraînent après eQes. 
Jamais, depuis la conquête romaine, les paisibles échos 
du Morvaud n'avaient retenti si fréquemment et si long- 
îBsags du bruit des armes et du cri des combattantei U 
y avait» en eflét, à pdne quelques amiées qu'il avait 
commencé, que tonte la France, tranquille au dehors» se 
laissait aller, au dedans, aux plus funestes divisions, aux 
plus terribles vengeances. Le duc d'Orléans ayant été 
assassiné le 23 novembre 1407» par des sicaires soudoyés 
par JesMans-Peur» duc de Bourgogne» les haines et les 
ambitions rivales qui semblaient s*apaiser recommencè- 
rent avec plus d'acharnement qu'auparavant. Deux factions 
puissantes» celle des Orléanais» dite des Armagnacs, à 
cause de Bernard VII» comte d'Armagnac, qui en devint 

40 



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MORVAND. 

le clief , et celle des Bourguignons , se partagèrent toute la 
patrie qu'elles remplireiu de saii- et de carnage. Les 
seigneurs du Morvand, et toute la population avec eux, 
s'étant jetés dans le parU Bourguignon, les Armagnacs 
lirent marcher des troupes vers nos montagnes et s'empa- 
rèreiit de Château- Chinon , capitale du pays. 

Maîtres de cette ville, ils se i épandireut dan» les environs, 
prirent Lorme8,le piUèrent et brûlèrent ses deux châteaux. 
Ceux de Vermenoux, de Beauregard, de La Tournelle , de 
Glane , de RoussiUon , de La Roche-Mîlay, de U VieiUc- 
Mojitagne, de Marry, du Bruys, d'Aron, de Maison-Comte, 
d'Arlngette, d^Argoulais, d'Orfeuille, de Saint-Martm- 
du-Puy, et beaucoup d^autres, éprouvèrent le même sort 
Plusieurs ne furent pas rebâtis (1). 

Instruit des maux que ces troupes causaient chaque jour 
sur les terres du roi et les siennes , Jean-sans-Peur prit la 
résolution d'en débarrasser le pays à quelque prix que 
ce fût. n écrivit donc de Bdglque,oîi U était occupé à 
guenoyer, k Marguerite de Bavière, son épouse, tant «i 
nom du roi qu'au sien propre, et la pressa vhremert de 
'ftire mettw le siège devant Château-Chinon , afin d'obtenir 
au plus tôt la reddition de cette place. H écrivit en même 
temps à Renaud de Thoisy, son teeevour général, pour 
qu'U versât trois mille quatre cents »vres pour tes lirais de 
Ucxpémtion; il lui ordonna, en outre, de fournir et éê 
faîrt^amdwre les ptmdres, canons, arbalètes, boulets et 
autres choses mkessmres à i'ànaqwt rèé^Um de ia 
ville (2). 

Marguerite ayant aussitôt convoqué les vassaux du 
dodié, ceux-ci s'empressèrent de répondre à ses ordres, 
et partirent avec leurs éeufers et leurs hommes de 

'm nom PLVNCHEH . m. dt m>m§og.; Com«i, awBNp*- és Bomg-i 

Y Album du Nivernais, tom. n; «atkê mamuHfe mt Va^ tomÊé dr 

(S) nom PXwcMt» , «rt. de Borna.» tom. m , p. 340. 



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LE MUR V AND. 



139 



guerre pour le lieu du rendei-vous. On remarquait» parmi 
les diefe de rexpédition , Jean,*s^giieiir de Rocbefort^ 

chevalier banneret ; Girard de La Guiciie , bailli de Cha- 
rollais ; Jean de Saulx , seigneur de Courtivroo et chance- 
lier du duc; Jeao de Neuch&tel» seigneur de Montaign; 
Guy de Bar» chevalier banneret» seigneur de Presles et 
bailli d'Auxois; Hugnenln de Mont-Saint- Jean , bailli 
d'Autun; Jean de Saint -Hilaire, bailli de Châlons-sur- 
Saône» enfin Jean de Neuville» bailli de Saint-Pierre-le- 
Moûtier. 

Réunies sous les mnrs de la place vers le commence- 

ment du mois de juin 1412, ces troupes, au nombre de 
trois mille hommes , en formèrent aussitôt le si^e. Les 
sommes que le duc de Bourgogne avait destinées pour 
cette entr^rise ftirent bientôt dép^isées» et néanmofais 
la ville tenait bon. Marguerite, qui avait appris que le 
duc de Bourbon , l'un des princes ligués , devait venir au 
secours de la place, fit des emprunts et ordonna de 
poQSper plus vivement raùaque. Les assiégeants» en consé- 
quence, redoublent d'ardeur, et foudroient sans relâche 
les murs de la place sans pouvoir s'en rendre maîtres, 
bien que les secours attendus n'arrivassent pas. Enfin ils y 
entrèrent vers la fin de juillet par ca|dtalation» et le capi- 
taine Baquin-Beul et toute la garnison en sortireiit avec 
honneurs de la guerre (I). 

Les Bourguignons démantelèrent presque entièrement 
la ville» ruinèrent le .château et se retirèrent après avoir 
pris quelques Jours de repos. Gomme l'expédition avait 
coûté au duc des sommes asses considérables, Char- 
les VI, intéressé lui-môme à cette guerre, lui assigna, 
en dédommagement , quatorze cents livres sur le revenu 
des décimes accordés par Im gens d'église des diocèses 
d' Antun » de Ghâlons et de Lyon. 

(1) Dom Plancher , Uitt. de Bourg., toin. m, p. .349. 



140 LE MORYATiD. 

Jean -sans- Peur ayant été assassiné , k son Um, le 

10 septembre 1419, par'xanneguy du Châtel, sur le pont 
de Montereau, Philippc-lc-Bon , son fils et son successeur, 
Jura de venger sa mort d'une manière exemplaire. Pour 
parvenir à cette fin , le prince boorgolgnoii résolut de 
sTonlr aux ennemis de la France, et convoqua , en consé- 
quence, une assemblée de grands seigneurs h Arras, à 
laquelle Henri V, roi d'Angleterre , qui se trouvait alors k 
Rouen , fut invité. Le monarque anglais- s'y étant en eflét 
ren^n» on ébandia un traité qui fat ratifié à Troyes, le 
21 mars de Tannée suivante , et cimenté par le mariage 
de Catherine de France, dernière fille de Charles VI, avec 
Henri. Par ce iiontenx traité^ plus funeste pour la France 
que la malhenrease journée d'Azincomt» et qae signa 
un père en délire, que ratifia une mère dénaturée et 
qu'approuva un conseil aveugle, le dauphin était déclaré 
exclu du trône ^ et la couronne transférée sur la tête d'an 
prince étranger. 

A la mort de son père, arrivée le 21 novendire 1422, 
Charles VII , que ses ennemis nommaient par dérision le 
roi de Bourges, eu appela à Dieu et à son épée, et se mit 
aussitôt en devoir de revendiquer ses droits avec^n petit 
noinbre de sorfets demeurés fidèles. La gaerre qoi s^en- 
suivit ne dora pas moins de vingt ans. Pendant tout ce 
temps , la France fut continuellement divisée et livrée en 
proie au trouble et au carnage. 

Les selgnenrs du Morvand, dévoués à Philippe-lerBon 
comme à son père , se rangèrent en fonle sons ses éten- 
dards , et combattirent avec lui contre les intérêts de leur ' 
légitime souverain. Devons-nous leur en faire un crime et 
les accuser de révolte ? Nous nous y détermlneiimis diffid* 
lemenL Dans ces temps de troubles et de luttes Intestines, 

11 fut souvent dlfllcile de démêler de quel cdté se trouvaient 
le bon droit , le véritable intérêt de la patrie. Les choses 
en étaient venues à ce point, dit Fiévée, « qu'on vit alors 



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LE MORVAND. iUi 

T» dans le royaume deux rois, deux régents, deux conné- 
» tables , deux chanceliers. Tous les grands corps de l'état 
9 toent doubles» les charges enreiil cbacmie deux tit«- 
» labres 9 et la guerre civile se continua sous dés formes si 
» régollères , qu'il était impossible qu'il se fît le moindre 
t mal qui ne fût appuyé d'une autorité reconnue. » 

Aucun des preux chevaliers de nos montagnes ne mon- 
tra, dans ces tristes droonstances» autant de couragB et 
de bravoure que Claude de Beauvoir^ sire de Chastellux , 
que ses brillants exploits ont fait mettre au rang des plus 
grands capitaines de son temps. £n 1423, le bâtard de la 
Beaome et Tannegny du Ghatel» qui soutenaient le parti de 
Charles yu, s'étant présentés devant la viHe de Gravant , 
alors Tune des clefs de la Bourgogne , s'en emparèrent et 
y laissèrent une garnison. Marchant ensuite du côté du 
Morvand, l'armée royale se rendit maîtresse d'Avallon, 
d'oïl elle se répandit dans nos montagnes, et prit plu- 
sieurs diâteain, entre antres, celui de Harant 

Tandis que les royalistes étaient ainsi occupés en Mor- 
Vand, peut-être aussi pour faire diversion et les éloigner 
de ses domaines, le maréchal de Chastellux attaqua hi 
vUIe de Gravant, et s*en rendit maître à Taide de quatre 
cents hommes seulement. 

Informés de ce coup de main, de La Beaiime et du 
GbAtel, revenant aussitôt sur leurs pas, reparurent sous 
les murs de la place, résolus à la reprendre à quelque 
prix que ce fût Us en formèrent donc de nouveau le siège , 
et la tinrent pendant cinq semaines étroitement serrée. 
Le sire de Chastellux ayant alors réparti ses quatre cents 
héros sur les renqi'arts et les tours, se prépara à soutenir 
avec eux l'attaque , et 11 fût assez heureux pour y réusshr et 
attendre qu'une armée de quatre mille Anglais , sous le 
commandement du comte de Salisbury, vint le secourir. Il 
était temps, car les assiégés, pressés par la famine , avaient 
déjà mangé leurs chevaux. Le lendemain 31 Juillet , te 



LE MORVAND. 

maréchal sortit à la tête de sa petite armée , livra un si 
terrible combat aux assi^eants^ qa*il les mit en pleine 
déroute» et leur toat>ii fit prisonniers ciiiq ndlle honmes 
environ (1). 

Mais écoutons plutôt le maréchal rendant compte lui- 
même de cette chaude affaire dans le langage naïf du 
temps : • Sçavoir faisons qne comme naguère la ville 
» de Cravaat» iiéritalge et de tonte ancienneté appaite- 
« nante aux doyen et chapitre de régHse d'Anxerre , M 
» occupée, prinse, et destenue de larrons, pilleurs et 
> robeurs, tyrans mouvais, et se chose licite est de dire 
•^ennemis de Dieu, de resgUse» du roy, du royaidme et 
» du monde , et pour recouvrer iedle et mettre hors de 
» leurs mains pour l'honneur et resvérence de Dieu, de la 
» très-glorieuse vierge Marie et du benoist saint Estienne, 
» prendor msrtfr, patron d'icelle esglise^ et pour nous 

• acquitter loyaulment envers le roj, nostre souverain sei- 
» gneur, nous soyons employez de puissance d'armes avec 
» nos bons parens, amis et alliez en telle mainiesre que, par 
» la grâce de Dieu, nostre benoist créateur, icelle avons 
» reconvrex a grands périls et souffretei de lioe corps, 
» fraix, missions et despens, depuis laquelle recovrance 
» avons en icelle ville este assiesgez par les dessus dits 
» ^np pmig et aultres, l'espace de cinq semaines et plus 

• grande pouretes de vivres et aultres besoins, tant cpie 
» contraints avons esté de flleqœsmangleriiosclievaidx en 
» tres-grande partie et aultres bestes, soflèrt aussi plusieurs 
» assaults. Jusqu'à ce que le siège devant nous apposé par 
» lesdits ennemis en très-grand nombre et multitude de 
» genscommedequiniemilleetplus^ aestelevcletdes- 
» partis par bataille où ont este de quatre a cinq mffle 

» hommes morts, prins et emmenez..... » On voit, par les 

(1) charte de concession de Cravant au chapxlre d Auxerra Kotiee Mit. W 
Àuicem. 



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tannes nitaes 4e la cbarte, que Claude de Beauvoir et 
tous les autres seigneurs du Morvand étalent dans la 

bonne foi , et croyaient combattre pour la bonne cause. Le 
mariage du roi d'Angleterre avec la fille de Charles VI , et 
le traité ratlfiéà Xroyes par ce prince et les grands de la 
cMoronne, araient produit dans eux cette conviction; 

Le narédial de Cbastdlnx ^empressa , après cette brU- 
iaute aflfaire , que l'on regrette de ne pas voir se donner en 
faveur de l'héritier légitime de la couronne , de rendre la 
ville de Gravant au chapitre de bi cathédrale d'Auxerre ijirt 
en était seigneur de toute meietineté, Gehil-d s^en montra 
fort reconnaissant, et lui accorda, pour lui et ses successeurs 
mâles, par ordre de primogéniture , et, à défaut de mâles, 
AU mort de la (Uie ^ui serait dame de ChasteUmx, un titre 
de chanoine avec la jonlssance» h perpétuité» d'une pié- 
bende , et le droit de sépulture dans cette église (1). 

Les royalistes perdirent aussi, peu de temps après, 
la ville d'Âvallon, que défendait le capitaine Jacques 
d'JBqMdlly» dit le capitaine Fartépke, à la tète de deux 
^cents hcHmnes. t Cfétait, dit flfonsirelet (2), la fledr des 
« gens d*annes , roidcs et instruits de la guerre , qui 
» moult vaillamment se défendirent,» lorsque Pierre de 
Chami, Thomas de Yaudrey, Jean>l>Atard de Sahijt-Pol» 
d'Humières» vinrent» en avec un corps d'armée 





EL 




là 



repoussés avec perte , revinrent à la charge , et firent tant 
par leur adresse et leurs engins , qu'ils s'en emparèrent 
malgré le courage et les eflbrts des assiégiés qui» en 
cette grave circonstance , firent deeekr plus ifue d^tutmmee, 

si ce n'est Fortépice. La lâcheté de cet indigne capitaine , 
qui était Nivernais, et son impertinence envers les dames 
de la ville» furent cause de Taneienne antipathie des 



(1) Lbbsuf; Mémoires et Recherches hist. sur Auxerre, p. 9&. 
(3) Chron^pte* ou hist. curieuses ; CoxsAiiriu , tom. v. 



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us IIORVAND, 



Availoxmais contre les habitants de celle province (1). Les 
atriégeants^ maîtres de la ville, la pUlèreai et en traUè- 
rent les bomnes et les femmes avec lieancoup de rigueur 
el d'insolence. 

n y avait près de vingt ans que ces funestes divisions 
désolaient la France, lorsque intervint, en iA38, le tcaité 
d'Aim» où le dnc de Bourgogne fit son accommodement 
avec Cbarles YII, et le reconnut pour son roi et légitime 
souverain. Néanmoins, les Anglais ne furent expulsés 
GOQuplètement de la France qu'en 1450. 

Trois ans après ce trsiité, jque Pbllipperle-Bdn aurait 
dû, pour le bonheur de sa patrie» oondure long-^enips 
auparavant, une famine affreuse, accompagnée d'une vio- 
lente épidémie, vint, à sou tour^ désoler nos provinces Qt 
y porter le deuil et répouvante. U était rare, dans ces 
temps reculés, que ces trois terribles fléaux, la guerre, 
lafàmàie et la peste, ne se suivissent de près. Le boisseau 
de froment monta alors à trente sous et l'avoine à dix , 
somme énorme, .si on se rappelle que, quatorze ans aupa- 
ravant, le seigle ne coûtait qu'un sou la mesure, ainsi que 
le constate le mardbé passé es 1426, entre le curé de 
Gussy, agent d'affaires de Guillaume de Clugny, seigneur 
de Menessaire, et Pierre de i!dontagu> boui^geoi» de 
Sa«aieu(2). 

Dans cette afiireuse circonstance, on vit des piltten de 
personnes succomber chaque jour victimes de la faim et 

de sa cruelle compagne, et expirer au milieu de violentes 
convulsions et d'inexprimables soufirances. Les habitants 
du Iforvand^ qui ne possédaient encore ni le sarrasin, ni 
la pdmme de ferre, eurent recours aux racines de fou* 

gères dont ils composèrent un pain aussi insipide que 
malfaisant; on l'eût facilement pris pour des mottes à 

(1) Du Haillant, Hisl. de France; CovwtMt , tom. p. 583. 
(9) tbid, tom. ri, p. 979; Expii.lt; Pièces manuscr. 



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LB MORTAND. U5 

brMer* Les arcMmée l'abbaye de Solnl-Mafllii d'Autan 

nous apprennent que les pauvres des environs de la ville 
en firent avec une espèce d'argUe que Ton tirait près dq 
monastère (i). 

Aia gverres qne le traité d'Arras avait Mt cesser, derik 
MentAt en succéder une autre plus scandaleuse, celle d*un 
fils confre son père. On a dit de Charles VII qu'il fut 
nuQlieareux par son père et par son fils. En effet , le 
danphitt^ depuis Iionis XI, se réfoltadeox ftris contre toi, 
et le força d'armer pour sa propre défense. Ces nooreanx 
démêlés ne devaient pas encore se terminer sans que le 
Morvand en ressentit les tristes conséquences. £n iUkU , 
LoBis 8'étant enM en Boorgopie, auprès de Gliarles-4e* 
Téméraire, y fMansBttétsaM par les troupes de son père 
qui rencontrèrent ses gens dans l'Autunois, et les disper- 
sèrent Gomme toujours, le pays en souffrit Les faubourgs 
d'Auton furent piUés, le monastère de Saint-Sympborien 
Ufié aux ilanmies, les ffllages de llfontelon, de Eedennes, 
de Hinessalre et antres, en partie incendiés (2). 

A celte époque , le Haut-Morvand , celui qui formait les 
dépendances de l'ancien comté de Gbâteau-Cliinon , était 
régi par mie oontnme particulière. MéedeLaRoclieUe(l), 
et «M notice numnscrite déposée aux archives natfonides, 
nous apprennent qu'en vertu de cette coutume , qui ne se 
composait que de quelques articles, les appels des juge- 
ments rendus dans les baillages de Ghâteau-Gliinon, de 
Lormes, d'Oaroox et de Brass^'et-Dun, se portaient alors 
au parlement de Dijisn (4). 

En 4463, comme ces deux coutumes ne formaient pas 
encore un corps, de lois, mais consistaient seulement en 

(1) BouiOT, Biêt. de Sotnl-^aWm; Jroftce. 

(S) NoUeêkiilùriqm. 

(8) mén&km mtt U ïïimn., p. 491. 
' (4) Cette coutume était régie par celte du rvivemaifli dont le comté d(* 
Gbàteau-Chinoii formait une enclave. 



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l/l6 LF. MORVAND. 

divers usages généraiemeni adoplés» ei qoe de lenr 
élasticité réflidtaleiit natnrdlemeBt diflérents abus, le 

cmnte de Nevers, Charles de Bourgogne, résolut de les 
réunir en un code aulheutique et régulier, duquel les 
juges et autres officiers jniUics ne pussent s'écarter à 
ramir. H omitio^ donc à cet effèt les états de la pro- 
vince H Ifoolins-Engllbert , et se rendit lui-même dans son 
château dont on remarque encore d'imposants débris au 
sommet du rocher qui commande cette petite ville. Les 
seigneurs laïcs et ecclésiastiques du Monraiid répondireni 
à cet appel, et accoururent, comme ceux du reste de la 
province , au lieu du rendez-vous. De mémoire d'homme 
on n'avait vu une multitude plus considérable de per- 
sonnes de qualité ^asseml>ler an confluent du Gam et du 

Pendait tout le temps que durèrent les états, on se 

réunit chaque jour dans la grande salle du château, et 
on y arrêta tous les articles dont se composait la coutume 
du Nivernais, à Texception des neuf derniers sur lesquels 
on ne put ifentendre. On se réunit de nouveau , en lAtO, 
à Nevers, msds cette fois encore sans résultat (1). 

Cependant l'horizon politique de la France se grossissait 
de nuages^ Louis XI, parvenu à la couronne en ià6i, 
traita son royaume en paysoonquis» U ôta aux magistrats 
et aux officiers leurs diarges et leurs dignités pour les 
donner à ses créatures, aux rebelles qui 1 avaient soutenu 
dans sa révolte contre son père. 11 dépouilla les grands, 
ne traita pas mieux le peuple qu'il accalila d'impôts^ el 
abolit la pragmatique-sanction (2). Tant de violences et 
de vexations excitèrent des mécontentements dans tout le 
royaume. Les meilleurs citoyens, poussés à bout, prirent 

(1} fiiLLBT, Annuaire de l'an XIII; ISke de La Uociielle, tom. ii, p. 386^ 
Coutume manuscr. de Saint-Pierre-U-M,; le Mvtrnai»» tom. il, p. ^14. 
(2) AwQUiTiL, Ui$t. de France. 



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L\L MOaVANO. iU7 

une Tésolutioii extrême » celle d'une résiitanoe à mutai» 
armée. Une ligue fomMible, dtte du Bkn-PMk, et 

dans laquelle entrèrent Charles, duc de Berry, frère du 
monarque, le duc de Bretagne, Charles -le -Téméraire, 
comte de CliaroUais et de Gbâteau-Gbinon, le comte de 
Donolf» et la foule deiiméconteats, se forma contre lui. 

Fidèle an rof qui vea^ t d'y établir une ékidion pow 
quarante - deux paroisses , la ville de Château - Chinon 
refusa d'entrer dans le parti de ses ennemis. Àppuyée par 
la garnison que ce prince y avait placée^ elle poussa plu» 
IcriÉ la témérité^ si nous poufons appeler de ce nom sa 
résistance ; elle refosa encore de reconnaître l'antorité de 
Charles-le-Téméraire, qui en était devenu seigneur en 1465, 
par la mort d'Isabeau de Bourbon, sa belle-mère (1). 

Le comte de CharoUais n'était pas bomme II souUr 
que ses droits fussent mécomms inqimiément par ses 
propres sujets. Il se met aussitôt à la tête d'une armée 
d'Anglais qu'il avait à son service , traverse les montagnes 
du Morvand^ en passant par liormes^ et vient mettre le siège 
devant la ville. Les assiégés opposèrent une vigoureuse lé- 
slstance aux ennemis, et montrèrent en cette dfoenstaaee» 
comme en 1412, un courage à toute épreuve; mais enfin, 
malgré leurs efforts^ la place succomba. C'était en 1467. 
Le fougueux comte la livra au pillage> en ruina les 
fortlAcationi et y mit le fou. Le château fàt tolnnême en 
partie détruit. Mais jugeant bientôt que cette forteresse 
pourrait servir plus tard à ses desseins, il la fit réparer et 
y laissa une p^ite gaunison (2). 

Qndques années après, en 1473, comme ce pitaee se 
trouvait à Dijon , il reçnt la nouvelle que la noblesse do 
Nivernais n'attendait, pour se révolter, qu'un signal de sa 

(1) Arrhiv. nation., Notice manuscr. de 1768. 

•2) Dom PLAî«ricER , Hiit. de Bourg.; Annuaire de la Nièvre , 1847; M. CWi- 
NiEH , Tabl. chrunulog. 



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iUS LE MORVAND. 

part Ne pouvant se reftiser à ime si belle occasion, il 

envoya , malgré la trêve de l'année précédente , le comte 
de Roussi, maréchal de Bourgogne , tomber sur cette pro- 
vlnce^ dont il haïssait de tout cœur le comte» Jean de Qi- 
necy» bien qae son proche parent Celni-d s'était déclaré 
pour le roi , c*en était assez pour qu'il le rayât de Tordre 
de la Toison'd*Or, et lui vouât une haine irréconciliable. 
Charles comptait, en outre , sur un appui actif et efficace 
de la part du sire de ChàtiUon-en-Baiois et de plusieurs 
«Bires barons du pays. 

Traversant donc de nouveau les montagnes du Morvand, 
les Bourguignons viennent mettre Je siège devant la ville 
de Moulins-£ngill)ert dont ils s'emparent au mois de 
JuiUet ihlk. De là ib se portent sur La Roche-Milay et 
Gbftffllon-en-llasols qui tombent aussi en leur pouvoir. 
Charles-le-Téméraire , sans perdre de temps , s'occupe du 
soin de conserver ses nouvelles conquêtes» et s'entend 
afec ses vassaux des envfroiB» ain de inettre à* eonvert 
leurs diâteaux contre un coup de main. Jean II» sire de 
Ghastellux, qui, toujours fidèle à son suzerain, combattait 
avec ses hommes d'armes sous ses étendards» reçut, entre 
autres, Fautorisation û'établir dans son château et farte- 
reue de Cka$teUux, p/mr veiller à sa garde, une compagnie 
d^archers en tel nombre tfuUl lui plairait (1). 

Louis XI , de son côté , ne se montrait ni moins actif , 
ni moins vigilant que son rebelle vassal Le duc de Bour- 
bon» par son ordre» réunit les Aranrâ-archers d'Auver- 
gne» du Beai^olais et du Bourbonnais» ranaisse toutes les 
troupes éparses dans le Nivernais, et s'avance à leur tête, 
du côté du Morvand , à la recherche de l'ennemi. Il ren- 
contra^ selon le sentiment le plus probaliie» l'armée bour- 
guignonne entre Moulins-Engilbert et Château-Cbinon» 
près du village de Sermagcs, au nord» et en vint Inconti- 

(1) Àrohiv. de Chastellux. 



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LË MORYAND. 14d 

sent aux matas sur un plateau qui a to^iouit porté éBfnûs 
le nom de Chamfhde'la''BataiUe, On y ééeomlt faiis dea 

fragments d'armes et des ossements humains mêlés à des 
débris de cbevaux ; ce qui prouve évideoiment que Jean 
de Troyea qui> dans sa chronique seandaieuêe, place cetHe 
l»U^e dans le diamp é'Ègaj, au nord de Gbâlea»- 
Clilnon, s'est trompé. On combattit, de part et d'autre, 
avec un égal courage et une même fureur. Les Bourgui- 
gnons, qui avaient l'avantage de la position, repoussèrent 
d'abord vlgoureosement Fattaque de l'armée royale ; mA» 
eelle-d> revenant bientôt à la charge, leur livra on si 
rude clioc, que leurs nombreux bataillons, culbutés et 
enfoncés sur tous les points^ furent contraints de se dé- 
bander et de prendre la fuite. I^e cbamp de bataille resta 
couvert de deux mOle morts; un plus grand noatee était 
tombés an pouTobr des vainqueurs, furent faitst prisonniers. 
Deux cents lances de Lombardie , à la solde du duc de 
Bourgogne, furent entièrement défaites. 

Parmi les prison^ers^ on renarfuadt le gâiéral en cbef 
lui-même, comte de Roussy et de Gliami; Louis de Mont* 
marlln, Hugues de Thoisy, seigneur de Mimeure et de 
La Motte, bailli d'Auxois et chambellan du duc; Jean 
Rdgnier^ seigneur de Montmercy et bailli d'Auxeire^ le 
sire de Longvi, le baron de ride j ceux de Ckmcfaes et de 
MoBtaigu; ie seigneur de DIgnofaie, ceux de Reugny, de 
Chaligny ; les fils du bafon de \itteaux , dont l'un était 
comte de Joigny ; l'enseigne du comte de Beauchamp^ et 
plusieurs autres gentilshommes de distinction, lemanl, 
dauphin d'Auvergne , qui combattait valllanmirat dans les 
rangs de l'armée royale, se couvrit de gloire dans cette 
mémorable journée. On croit que ce fut lui qui arrêta le 
général en cbef ^ et décida, par cette action d'édat, le 
sort du combat (1). 

(1) i)om PuNCHiAflfift. de Bourg, 



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150 LE HORVAlIfiw 

L'année victorieuse , après cette brillante affaire , qui 
se donna le mardi 20 juUlet se rendit à Gbâteau- 
Gbitton» oè elte pitt qoel^pws Jota» de rq^^ et se dir^ 
ensuite sur Antmi et Chniy dont eUe s^empara. Ghâtillon* 

en-Bazois, Moulins-Engilbert, La Roche-Milay, et tout 
le pays 5 rentrèrent dans Toljéissance du roi et du comte 

de Kevers (!)• 
Loids XI Tonliit TOir liri*inéme ses nouvelles conquêtes 

et les lieux témoins de la valeur de ses fidèles sujets. • 
Château-Gliiuon le reçut avec enthousiasme. Les notables 
de la Yille et une foule de peuple le suivirent jusque sur le 
cbamp de iiataille^ ce prince visita avec un vif intérêt 
n y trouva le ccnnte de la province, Jean de Glamecy, 
qui était venu l'attendre à Moulins avec toute sa cour. Le 
monarque^ après avoir passé dans cette ville les jours de 
fête que le comte loi avait préparés à Toocasion de la 
victoire de Sermages, partit avec lui poos Nevers» et de 
là se rendit à Clamecy (2). 

A la nouvelle de la défaite de ses troupes, Charles- ' 
le-Téméraire se laissa aller à un vif chagrin , et, dans 
la perpleiité oii il se trouvait» il leva le siège de la 
peUle ville de Nuits qu'il tenait investie depuis près d'un 

an, et nomma le sire de Chastellux commandeur et conser- 
vateur, dans le baillage d'Auxois, de la ti^ve de dix ans 
qu'il avait laite avec la France » en remplacement du comte 
de Ronsay et de Ghand détenu j^Msonnler de guerre (5). 
Ce prince survécut peu à cet échec, car il Ait tué» le 
5 Janvier \lxll, devant Nancy. Il avait alors quarante-trois 
ans. Marie de Bourgogne , sa fille et unique héritière , 
if aotépousé» la i^ême aimée» MaximiHen d'Antrictie qui» 

(1) Dom Plancher, Hist. de Bourgogne, tome iv, p. 437 : le fiivernaif, 
tome II , p. 914i Àwmaire de 1847, p. 57; TahUtUt de Bourgogne pour 1759, 
p. 31 et 32. 

(9) Ibid, 

(3) Dom PuncHiH, Biet, de Bourgogne, Archiv. de Cli«»t«ll«Y. 



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U£ MORVAN0. * 151 

dans la soMe, devint empereur, loi porta le comté de 

Ghâteau-Chinon, la baronnie de Lormes et tous les grands 
biens de sa maison , à l'exception de la Bourgogne que 
Louis XI f qui la oonvoitait depuis loiig4eiiips, réunit à la 
couromie. Le mouarque^ qnelqne peu ïïwé, prétexta que 
ee irraid apasage étant un flef MBCdln, dorait, par snile 
de la mort du dernier duc sans hoirs mâles, rentrer natu- 
rellement dans le domaine de TÉtat 

Cette préteutiOD a'était pas sans fondement quant à la 
Bouifogne propremait dite; mais elle était beaucoup plue 
eoDtestable pour le comté , autrement la Franche-Comté. 
Maximilien voulut revendiquer les droits de son épouse , 
et commença des préparatifs de guerre. Louis Jkl arma de 
stm eôté> el il s'ensuivit des divisions et des tacdiies. 
SauHett et plusieurs autres villes de la province se ééda«* 
rèrent pour l'héritière de leur ancien souverain , et jurè- 
rent MélM «I Marie de Bourgogne ; la plupart des grands 
vassaux en firent autant Le roi, pour les punir, fit entrer 
ses armées en Bmagogne» et former le siège des villes 
rebelles. Celle de Saulieu, entre autres, qui fut investie 
en 1/478, par les troupes de Charles d'Amboise, seigneur 
de Cbaumont et gouverneur du duché pour le roi « 
se défendit vaillamment pendant plusieurs semaines; 
mais enfin la crainte d'être emportée d'assaut l'obUifea à 
se' rendre. D'iimboise l'imposa à une contribution de vingt 
mille livres qu'elle dut payer sur-le-champ pour se ra- 
cheter du pillage. U y laissa, en ojirtre, une garnison pour 
la maintenir dans le devoir (1). 

Après la reddition de Saulieu , le gouverneur de Bour- 
gogne s'avança vers le Nord, et pénétra plus avant dans 
le.Morvand. Son but était de châtier quelques seigneurs, 
entre autres, GuUlanme de Jaucoort, iMoroade Villamoult, 
et possesseur de treise autres terres avec auimu de ché^ 

(1) Dom FuxcHiB , BiU. dÊ Èmrg«§n§i Bimut, GooRTivéi, tome n. 



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152 * LE MORYAND. 

Mux et maiiOêu fortes avec tomrs, fostés et panis^ieois. Ce 
puissant seigneur étant entré an service de MaxInriHen, 
était devenu son maitrc-d'hôtel , et avait en outre obtenu 
le commandement général de ses armées. On comprend 
qae Louis %l, prince ombrageux et défiant, ne devait pas 
voir cette conduite d'un ceil calme et tranquille^ lyAmboise 
attaqua, par ses ordres, les châteaux du harou, les prit, 
les pilla et les renversa ensuite h coups de canon. Ceux 
de Ruères^ de Saint-Andeux, de Ronvraj, dé Vâlarnoult, 
d6 Maraut, du Vanlfi...., n'oifirirent bientdt plus que des 

' ruines, si ce n'est les tours de ces deux derniers qui 
restèrent debout. Le roi , pour compléter le châtiment , 
confisqua tous ses domaines et les donna à Aul)ert de 
Jaueourt, frère puiné du vassal rebdle. Mais Aubert, en 
bommè désintéressé , les lui rendit après la conclusion de 
la paix en 1Z|93, et donna ainsi un grand exemple d'amour 
et de dévouement fraternels. Hugues, fils de Guillaume, 
s'étant aussi dédaré, malgré le châtiment infligé k son 
père, pour llarie de Bourgogne en M puid de la même 
manière par Charles Vin , qui confisqua sa terre et sei- 
gneurie de Maraut; niais Louis XII, à son avènement au 
trûne, en 1498, lui restitua tous ses biens (1). 

Le quinzième siècle, d;^à si fécond en évâiemenls 
màUieureux , ne devait pas se terminer sans que, de leur 
côté , les éléments vinssent affliger les habitants de nos 
montagnes. En 1490, un hiver, le plus rigoureux qu'ils 
eussent encore vu peut-^tre, les jeta dans une profonde 
désolation. Une épaisse coucbe de neige, qui tomba dans 
les prettiers Jours de norembre, et ne disparut que dans le 
courant de mai , tint le pays comme enseveli pendant six 

. mois sous ce fatal linceul. Les seigles, pour lesquels on 
avait conçu des craintes sârienses, terent en effet grave- 
ment endommagés. Néanmoins, ils avaient repoussé avec 

(1) CooiT^pity tome VI, p. M; Motict mamuerUt. 



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LE MORVAKD. 153 

les chaleurs douces qui suivirent, et déjà ils montaient 
en épis, lorsqu'il survint tout à coup de la neige et une 
gelée si forte ^ que la tige disparut entièrement et avec 
elle l'eipoir des coltivatems. 

' Désolés à la vue de ce fléan , les habitants dn Morvand 

et de l'Autunois eurent recours au Dieu de leurs pères, 
et redemandèrent au Ciel les biens que les éléments leur 
avaient ravl& Les reliques de saint Lazare^ déposées dans 
l'éi^ cathédrale d'Autan^ in^iraient alors aux fidèles 
des environs la plus vive confiance ; ils se vouèrent à ce 
grand saint, et se rendirent processionnellement h son 
tombeau. Les prêtres , revêtus de leurs ornements sacer- 
dotaux « portaient les reliques des saints qui formaient le 
trésor de leurs églises, en chantant des psaumes et des 
Aymn« ; les enfants s'avançaient en chemises; les filles, 
ayant quitté leurs parures, marchaient échevclécs et voilées, 

Idslmmeset ies.hommes tête et pieds nus* On fit noBâ»re 
éb'itmt vlBgt-4ept paroisses, tant du Morvand que des 

environs , qui se rendirent auisî de douze à quinze lieues 
^ Autun (1). 

[D^jai unanimes et si vives supplications ne pouvaient 
Dester sans tait; Ueu les exauça an-^el^ de toute eip^ 
isanoe. An mois de juin, O repoussa d'auties liges au 

pied de celles qui avaient été détruites par la gelée, bien- 
tôt de npuveaux épis reparurent^ et avec eux i'ç^xaqce 
^ ia Joie renfrèiiieit daiKi les ixBW» (2)» . 

(1) CouRTitrés, tome m, p. 411; Hfotiu mapmcrU$. 

• . ■ . ' ■ 



44 



CHAPITRE IX. 



Ftodallté tombe; Loal» XII en Morvand; Pestes; les GalvInMM 
parcourent nos mmOrnsmitê, leiirs ravages» 



Le seizième siècle» où nous entrons j va nous offirir 
encore des pestes» des meurtres» dès gneirres et anfra* 
fléftnx de ce genre; mais anssf nons y Terrons poindre 
l'aurore d'une ère nouvelle. Impatient du joug que la 
féodalité lui avait imposé» le peuple des campagnes» 
coiûme celai des vifles; essayer de se tirter de la 
possession de ses maîtres et obtenir nn comménoement 
de liberté dans les divers affranchissements qu'il achètera 
au prix de sacrifices lourds et pesants. 

Les seigneurs^ bien que trèsi-puissants encore» étalât 
pourtant déjà loin de cette ftmeste indépendance qai en , 
avait fait » par le passé » comme autant de petits rois. 
L'esprit du temps commençait à entrevoir un avenir plus 
favorable au peuple» et tendait à la liberté» mais timide- 
ment encore. Moins soumis à la volonté de leurs maî- 
tres» les campagnards eux-mêmes osaient» de tèmps en 
temps» lever la tête^ et réclamaient hautement contre les 
charges arbitraires qu'on leur imposait » ou contre la vio- 
lation de leurs droits par les 8eigneui& C'est ainsi que 
l'on vit les habitants de Gbalaut et de lllarigny-ri6gûse 



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LB MORVAN». 



155 



lutter jusqu'en parlement contre les tailles exliorbitaiilcs 
qae le sire de Ghastellux exigeait d'eux ; ceux d'Ouebes et 
dé Montmardelin > se refuser à l'acquittement du droit 
à*mdire , impôt extrômement onéreux , généralement 
admis en Bourgogne, mais inconnu en Nivernais (1) ; ceux 
de Saint'-GeriDain-des^Clhamps et du Jtteix, se faire pour- 
suivre en Justtoe pour refos de guet-et-garde autour de la 
forteresse féodale dé la seigèeurle, et enfin les sujets du 
comté de Cliâteaii-Chinon réclamer contre la dilapidation 
que Ton faisait des forêts aux dépens de leur droit d*usage 
et pacage (2). 

En 1 5OI5 Louis XII , que sa Menfaisance et son zèle pour 
le soulagement de ses sujets ont fait surnommer le "père 
du peuple, se rendit en Italie avec un nombreux cort^e. 
À son passage à A?aIlon et à Saulieu, les populations se 
jflressèrent sur ses pas et montrèrent nn ?if enthousiasme 
qu'il récompensa par de nombreuses largesses. Ce prince 
étant revenu , douze ans plus tard , à Âvallon dont il était 
seigneur direct, reçut des Itabitants, pendant son séjour 
dons cette ville, un accueil fSL bienveillant qu'il en ftit tou- 
ché jusqu'aux larmes, et qu'il leur accorda à tous, sans 
exception, un nouveau titre de bourgeoisie (3). 

Six ans après, en 1519^ un hôte bien différent visitait 
les montagnes du Morvand et y portait la désolation et la 
mort Une peste terrible se déelara sur plusieurs pobits à 
. la fois; mais nulle part elle ne sévit avec plus de violence 
qu'à Sauiieu. Elle y faisait chaque jour un si grand nombre 

(1) G» dfoit consistait à paysr double tes eens, routes» tsUles, usages» 
eoQtunies et aatres rederanoes seigneuriales» dans les «inatre oas sul- 

vants , savoir : lorsque le seigneur était promu à l*ordre de la dieva- 
lerie , lorsqu'il mariait sa fille ainée ». on qu*il entreprenait un voyage 
d*outre*mer, 00 enfin pour sa rançon lorsqu'il était ûât prisonnier de 
guerre. 

(8) Ârchiv. de Ghastellux et de Cli&teau-Chinon. 
(3) CuuRTtpÉK, tome v, p. 594. 



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de victimes^ que les habitants abandonnèrent leurs foyers 

et coururent se barrac/uer dans les bois de Ercny. Aussi 
lorsque François l" y fit son entrée ^ le 12 août 1521 ^ il 
trouva la ville presque dépeuplée. Néanmoins 5 les ôcbe*» 
vfns^ fidèles aux usages reçus , lui offrirent des pré^ 
sents dont il se montra fort reconnaissant. Poursuivant 
ensuite sa route , le monarque arriva bientôt en vue 
d'Aulun. Cette vieille cité renfermait alors de nombreux 
monuments et des ruines extrêmement lidies qui la firent 
nommer par ce prince la Rome française. Louis XII 
l'avait surnommée la ville aux biaulx cloichiers (1). 

Deux ai^ plus tard , une troupe d'avepturiecs ^ connus 
sous le nom de robm'9, firent invasion en tforvandy aa 
nombre de bnit cents ^ et dbmmirent de graves excès dans 
les environs de Luconay-l'Évêquc. Des pillages, des meur- 
tres 9 des incendies masquèrent partout leur passage» i^es 
populations, désolées, ne savaient comment se débarrasser 
de ces dangereux b(Hes, lorsque les habitants d^Antun, 
sous la conduite du vierg Charvot, s'avancèrent contre 
eux> les attaquèrent courageusement et en firent une 
borrible boucberie. Le roi, pofir récompenser cette belle 
conduite , accorda de nouveaux privilégies vOle (2). 
(Ses robeon toent les denders qui panveat.en Mor- 
vand. 

£n 1535, une cause bien différente remuait les popu- 
lations de nos montagpes. Le chapitre d'Axallmi , qfd 
venait de faire exécuter une magnifique ditae d'argent, 

fit annoncer une translation solenoelle des reliques de 
saint Lazare, son patron. Cette cérémonie, qui dura dix 
Jours entiers, attira dans la ville une iouie de pèlerins qui 
sPéleva, d'après l'apprédation commune, à'iriius de cent 
mille. La Bretagne, la Normandie , la Picardie^ le Poitou, 

(1) GovmTirli » tome vi. 
(9) iMdttomevi. 



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LE MORYAND. 



157 



la TonralA^y f AUemagne même, foanilreDt leur coutin-' 

gent Les habitants du Morvand ne restèrent point indiffé- 
rents. Oo les vit chaque jour descendre en foule de leurs 
montagnes, bannières d^loyéés^ pouf aller gagàer l'in- 
dulgence e( s'en retmmer dans le. même ordie, an chant 
des psaumes (l). 

Mais le moment approchait où une guerre terrible, 
teieose^ allait être déclarée à ce genre de dévotion alors 
si populaire et si généraL Déjà les érrenrs pernldeoses de 
Lnther, ce moine orgueilleux, impudique et apostat, qui 
avait commencé, en 1517, à doi^maliser en Allemagne, 
pénétraient en France et y excitaient une sourde rumeur 
pdur y porter bientôt des fruits demalédietton. A peine» 
ên eHèt, quelqu^ années se sont-elles écoulées, que les 
fanatiques partisans de la nouvelle hérésie s'attroupant 
audacieusement , attaquent avec fureur l'antique religion 
de leurs pères, piHent et brûlent les églises, profanent et 
détntfsent les bïjets les ptas vénérés dû cidie. Paitovt eù 
fis passent, ils manâient à la lueur des incen^es et les 
pieds dans le sang. 

En 1 563, le Morvand , pour la première fois , ressentit les 
iiiiiesles eiéts de lenreraanléi Le oaMiiste Naiot, maié- 
chal de la compagnie de La FiFfettOi 1^ tapitaino HMié de 
Mônceau , siem* de mainiay, et Loid»de Blosset, seigneur* 
de Précy, de retour de la bataille de Dreux, perdue par 
les huguenots le 19 décembre de Taunée précédente^ se 
présentèrent le ta Janvier, an point du Jour, sbos-tse mors 
éé (Mbigny, eli fls pattfcirM à slBtPodolre aVeè lem 
gens par la trahison de leurs coreligionnaires de la vlUe. 
Aussitôt entrés dans la place , ils se mirent en devoir de 
venger lèurdéfsdte de Dreux. L'abbaye de Saint-*Léonard 
ftit pillée et dévastéè^les rettqnes furent briflées, les élises 



(3) CooirtfNi: Jfol^ «aitiMe. 



158 



LE MORYAND, 



profanées^ les prélre» et les moines IqhamaiiieiBeiit mal- 
traités ou égeigés (1). 

De cette petite ville, les sectaires se portèrent dans tous 
les environs et y commirent les mêmes excès. L'église de 
Mouron fut pillée, celles de Gâgognc» de Mbère, de Roère^ 
d'Ourom, furent brûlées. Le château de Goulon servit 
de prMie aux calvinistes du voisinage. Une pièce de l'aile 
gauche porte encore le nom de .Salle des commandements, 
à cause du décalogue qu'on y voit écrit en lettres d'or et 
selon le texte de r£xode (2). 

Six ans plus tard, en 1569, le duc des Deux- Ponts, 
Wolfang-le-Cmel, qui se portait avec vingt mille Allemands 
et vingt pièces de canon au secours de ses coreligion- 
naires de La Charité, traversa le nord-est du Morvand , el 
ooauQit mile dégâts depids Sanlleu Jusqu'à Avalloo. Arrivé 
sous les murs de cette ville, et la jugeant sans doute 
un poste important et utile au parti, il tenta de s'en 
emparer. JUais les Ayallonnais, par crainte des buguenota 
qui jmrneUei^t 4fnestۈm et assaUUknt la uiUe^ .a?alenl 
eu soin de fermer de murs les deux Ccustdnâ et de réparer 
les fortifications de la place ; aussi furent-ils assez heureux 
pour rendre inutiljss tous les efforts du farouche dùcForcô 
d'abandonner sa proie, Wolfang eut recours aux moreun 
ordinaires de la secte, et mit lâchement le feu aux fou* 
bourgs et aux villages voisins ; puis , à la lueur de l'inceu- 
die, il s'avança du côté de Vézelay (3). 
; Au mois de juillet de l'année suivante « l'amiral de CoU-> 
gny, à la téte fie l'armée buguenote, rayagea, ^ son tour, le 
sud du Morvand. Ce ehef du protestantisme, seul chargé des 
intérêts et de la direction des affaires du parti depuis la 
mort du prince de Gondé, tué à Jarnac le 1^ niars 1569» 
n'en était devenu que plus ardent et plus entrq[»milt. An 

♦ 

(1) CSironiq. mamÊcriU. 

(9) Regist. paroiêi. 

(3) EipiLLT ; Comifit , tome r, p, 



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LE MORVANO. 159 

aortii>dft la iMMalUed'Aniay-le-Diic» gagnée le 3» jyéoi^JO, 
sur le niBféchal éa Goiié-IMme, n se dirige 

hommes du côté d'Autun ^ et arriva sous les murs de la 
place le 29 du môme mois. Grâce aux mesures de sûreté que 
les habitants avaient prises d'avance^ et k la lionne garde 
qoe l'on frisait jour et nnit ^ la ville ne ftit point ia^pilétée , 
et les hvit cents eaMMes qu'elle renfermait ne purent 
exécuter leurs projets sacrilèges de pillage et de profana- 
tion ; mais le prieuré de Saint-Symphorieu fut dévasté et 
faieendié. L'aUieye de Saint-Martin se Ait épargnée qnf& 
eoBdition de livrer ce qa'dle avait de plus prédeox et 
douze cents boisseaux de blé (1). 
PoorsuivaDt sa route, l'armée calviniste traversa les 
^ montagnes du Morvaad et arriva à Moolins-Engilbert^ en 
pillant et lirtfant les é^lsen Peadant son oonrt séjour 
dans cette petite ville, elle se répandit dans les environs et 
commit les mêmes dévastations. L'abbaye de Bellevaux, 
ordre de Prémontrô^iut saccagée et réduite en un mimcean 
de déoombies; les ^Aaries- taent brûlées et les mohMS 
égorgés (2). les* églises de Va nde ns s se, de Préporché , 
de Saint-Honoré furent pillées et incendiées. La chartreuse 
d'Apponay ne pouvait manquer d'exciter la cupidité des 
sectaires. Us se ruèrent sur elle comme des lions affamés 
sur leur proie et n'y laissèrent que les murs. Ib se saisirait 
même du prieur, dom Claude Guyot, de doin Jean Offroy, 
son procureur, et les emmenèrent à La Charité, non sans les 
maltraltrer inhumainement H en coûta de grosses sommes 
aluzréllgleax peut les amolier de leurs mains (3). 
Ttedis que ced se paernlt «i sud » une iNmdt du reltr es , 



(1) PuuB, art. CoUffnyi Anqoitil, Bitt. d€ Fr., édtt. de 1845, tome ti» 
p« 576; GooatMi, tome vi; BUt. dê SobU-Mw^Hn. 

(9} UiR. OHM;» «t. Moeim âê Mmn: MAma, Ckuwéq, à» WM ti§, 
p. SOS; Nil M Là Rocnui, le iriMnialt, tome n, p. SIS. 

(3) CSroiilf. «OMiKr.; DuviTiBK, Ufif. ê$ le OMmiie cfiip.» p. IS; 
Transaf!iion Ainnar. du 10 jaitlet 



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LE MORTAND. 



que commandait Jacques de Jaucourt , baroa de VlUar- 
noultyie Mvndt.amL plus graves ex€èB?efi le nord, pUâitt 
et tfiuaiiit aiHsi les églises. L'abbaye de Regny vit ssb 
hommes égorgés et toutes ses terres du Morvand une se- 
conde fois ravagées. Le 15 novembre les habitants 
de TiiBclin^ de Gourtemel et de Montgandie^ pi^ de 
•Qnané-^les^Tombet, fireot oonstater par un adie àxÉOÉetkr 
tique que leurs villages étaient deshabitez, les labourages 
faiiUz et les bâtiments desmoliz , en sorte qu'il n'y restait 
pas la qiiUrième partie des gens ^ y êMo^etu esire, ei 
que eën qui sfy trouvaient alon n'étaient qoBéèfxmm 
mercenaires et femmes vefm qui ne ttaiBaient«ifowit UAta^ 
rages , parce qu'ils avaient perdu , drcs le commencement 
des guerres, leur. bétail et autres biens (1). 
. Dansleps courses dévas^tricfts» les bugttstiats ne trafc- 
tatal pas miens les penonnes que les éiflses A les 
monastères. S'étaient-ib emparés d\nie ville on de quel- 
que cliâteau-fort^ ils en sortaient chaque jour pour courir 
la campagne, et ne rentraient que chargés de butin» et V^ilr 
qnefois en trakianl àlemr aaite;de maibetoeux prlsonalvs 
qu'ils aecabhileHil d'Iqfwes et de coups» quand fis ne leior 
arrachaient pas la vie. Mais c'était particulièrement contre 
les moines et les prêtres que se déchaînait toute leur fureur. 
£n vpici un exemple àJamaiseséi!rabl^,quirmQpMf€^r«q^ 
de cruauté qui animait ces firaicbes itf 01^ 

Un jour , c'était en 4 568 , eomae Ils étaient maîtres de 
Vézelay , quelques-uns des leurs , en courant la campagne 
pour piller jet . brûler ^ surprirent ie 4tAsquki>ie 
P. MHe»- gnidien..de la Gord^j .Knnei^ 'Gadile» 
religieux de ce monastère. Les saisir et les gorotter ftit mi 
jeu et un moment de bonheur pour eux. Les trois malheu- 
reux prisonniers furent aussitôt ramenés sous les murs du 
Gonvenl, où on délibéra , en leur présence » sur le genre de 

■ • • r • . 

(1) Archiv. de la préfoctu: c d'Auxcrra. ' . 



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161 



snpittce qu'on leur fmM Mdtfr. BiflOlAI wie'P«te ^ÊÊbfh 

lique traverse l'esprit d'un #p ces monstres, les autres 
Tadoptent avec une Joie barbare y et de suite on se met 
m éenÀi ûA VtxMbBt. On cicuie donc trois foMi éà let 
tictfiDessoBtèBtetfréèsJiMia'anxépftnlèS) ptëBonsrnMI 
d^one bdirfe, et ehncon s'escrtme- dOBCic Itt'Iêtts 
malheureux captifs jusqu'à ce qu'elles aient volé en éclats. 
En attendant, chaque coup qui porte juste excite panni 
cet cannilMdeB^ orii d'une Joie exécMile et sàafage (1). 

TsÊA d'etoèB eeomd» par M iirélente fûknmiB ^ûmê 
toute l'étendue de la France , les embarras sans nombre 
que^ depuis douze ou quinxe ans^ ils causaient à Charles IX, 
enepéièrent leUement ce prince et la retoe-mèrè, qii'Us 
«éMoreet^ WUn «enaidÉ aesord, d'y eppMef ibe itt-j 
mais une fin atroce que la religion et Thnmnité condam- 
nent également On connaît le massacre général qui eut 
Ueo pendant la nuit de la fête de sakit Barthélémy de 
fw/mMAim, neit 4AeiÉn 4ÉI Ylt pêHr ^lÈB de qnliiiBÉ 
WBÊSÊ& FlaB9Éb Vergés par la inain de iBOf» oontiloyemb 
Exemple terrible de représailles commises contre des géns 
dont les désordres n'avaient que trop poussé un prince 
Mbe»eta celte «ttréndté à jMiato déploràble (2)» 
. .àeetlré^e9ie,'lfenredrafatt qi^^ 
Morvand. Le penple des campagnes , ohjét de la constante 
vigilance des pasteurs, était resté fidèle à la religion de ses 
pères ; mais la noblesse et la bouigeoisie , en anet grand 
Mmbre^ aieietit doné dan» la BomieàotÀ ChftteaÉ qd*» 
non , Corbigtty^ LenMB>et Sanlfeu, dit Orartépée i étdiétt 
empoisonnés de huguenots (3). Plusieurs châteatix, tels que 
Yillarnoult, Ruères, Conforgien, Brazey, Coulon^ le Pott^^ 
lût ^ Montéeoly étaient devenus des lienx de léoaknt podr 

.« ' • »•.•■» » 

(1) TraaoT» MamuerU MU. mt r/jreioy; Mamiii, Cknmt.âifitdÊgt 
A mmmin de VTmim, 1840 , p. SOS. 
ifl^ Vuu», «rt. Gtariet iJ^ 

(S) Dncrijtt. d€ Bourg., toiM Ut. • * 



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162 LE MOBVAND. 

les Beetaim La miÉMMi de Jaooonrt ^ nombreiae et piriftr 
tante ea Momné» était tourte dénniée sra parti. Elle avait 

même poussé le zèle pour la réforme jusqu'à établir, dans 
son ebâteau de ViUamoult, im ministre protestant^ nommé 
laeqnes Lenet, qui, de Vk^ se rendait dans les divers pfè- 
dMS des environs Un antre , Jacques Itiqndey» réridait 
momentanément à Conforglen , où les huguenots deSan- 
lieu et du voisinage se rendaient pour le prêche. Les 
ministres d'Àrnay-le-IHie^ de Châtillon et de Goudies 
liisaient aoQii de Mquentes visites dans eetle partie de 
nos nMwtagnes, tandis qne oenx de Gorbigny et utresse 
montraient souvent sur le versant opposé (1). 

Malgré les excès aussi révoltants que nomhrem aujL- 
qpuds les réformés s'étaient livrés en Morvand» now 
ne voyons natte part qne qodqn'nn ait péri lors di 
massacre de la Saint -Barthélémy. Peut -être furent -ils 
sanv^ y ici comme en Bourgogne , par l'éloquence et 
l'iiumanlté dn président Jeannin» que le Morvand peut 
revtniiqtter comme l'on de sestnfinits» paIsfM naqoit 
à (Anton d'nn père serti dqmis quelques années seulement 
du village d'Alligny. Cet homme illustre , modèle parfait 
de vertu ^ de prohité autant que de loyauté, Tami et le 
oonUdeat de Henri I¥, voyant le comte de Otany prêt à 
faire exécuter, dans l'étendne de son gouvernement , des 
ordres aussi sanglants, l'engagea vivement à en suspendre 
raccompUssement, c ^rce que ^ assurait- il > le rai iu 
» UÊrdtrait pa$ à ê'm repenHn » Quelques Jours s^prèBf en 
nilBt, arriva f ordre de cesser les meurtres (2). 

Ja terrible leçon de la nuit de saint Barthélémy ne 
rendit les sectaires ni plus circonspects, ni moins cruels. 
Tauvenay de Bricquemauit^ calviniste exalté^ seigneur de 
Buères par Anne de Jancourt» son épouse , s'étant écbappé 

(1) CouRTirli , tome m, p. 567; tome t, p. SOS» et tom vi. Moêlm mmwc. 
iS) /Mtf, tone m et ti; Fuira , art. lêmnâik 



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LE I10RTAI9D. 163 

û$ P«ris« 18 retin étm ton diâtm fw Ti» reoniqie 
CB«m prêt deiMs» au saé-^ de SiliiC-Lég«r-d6*Foiir> 

cheret^ et s'y livra aax plus monstrueuses atrocités. Glia- 
que jour, ainsi qu'un tigre aiEainé de sang et de carnage » 
Il en sortait ocNnme d'un repaire ténélNPeiix pour vém 
ses litinrtR angoisaires. Lea moines étaient pins parti- 
culièrement le but de ses violences, n mutilait d'une 
manière cruelle et barbare tous ceux qu'il rencontrait , et 
se liaisait de ces liODleiuL tropliéa im coUier qu'il portait 
aw une impndeute audace. Cette affireuse condnite ne 
pouvait rester long-temps impunie; arrêté et eoBdiit à 
Partes il fut pendu par ordre de Charles IX (1). 

 Saulieu» les réformés ne se rendirent pas molas redoo* 
taUes. Os y oommireat un grand nombre de meurtres, 
eounne aHIcorsy le dergé était spédaleHient Folifet 
de leur haine et de leur férocité ; aussi tuèrent-ils tant de 
prêtres » que les chanoines , quelques années après ^ n'eu 
pottftet tiouver pour deasenk ia paraisse (2). 
• ¥em ee. teams-là» OMinrut Besili Ttxier» Issu d'une 
ancienne famille de Saint-Saulge^ qui possédait le fief de 
Ravisy. Il était lui-même seigneur de quelques terres en 
MûmiMLtâa succession fut la cause d'un grave débat» gui 
MpoM Jusqu'en paitaMit» entre FélioeTizier, sa sari 
etMllle Mlge , dame de Gotrien et vtufe de Paul Tfadcr» 
son frère. Celle-ci prétendait, en vertu de la forclu- 
sion (ft)>.exdure sa l>eile-8œur de toute participation à 

(1) Coaâtir<i,toiMn; âmmot^n dêkkJMèltfÊ, 1847. 

(2) Ibid. 

(3) La forclusion était rexclusion des femelles au proflt des mâles dans 
les successions collatérales en degré égal. « En succession collatérale, 
» dit Tari. XI Y de ia Coutume du Nivernaii, le frère forclost sa sœur, e% 
» aussi les enfims du frère , soient masles ou femelles , foroloenk leur tante 
» sttnir do leur père» et les enliuia deseendans d'elle, soient imbIot oo 
» taneltae, à eearoir Ibreloeiit le«n ditee tantes des immenbles, et non 
» pasdeementles^qui appertfonoentèloor ditte tente oomno plnspro* 

» càsine de la chair du défunct. » L*art. XV exceptait sealemstft les 

ebatelleBiee de Meli-le4>mite» de Uoaoetox et de Neuffontainee. 



164 



LE MOUYAND. 



l'iiérlldse te ûéêmii Taffiiire fut portée devant le» trilm^ 
oam et tetulikéte le 15 mai I57&> par im airet oMbM 

du parlement de Paris, qui décida que la prévôté de 
Gorbigny et tous les lieux où l'abbaye de SaiDt-Léonard 
avait droit de jostioe, le comté de Gbdteaii^GMaoïiy la 
boromile de Leniie»-Gba]loii , celie 4e SilM-4Httrfi»^diih- 
Pay 9 la Jdstiee èe Tésigneux , les tërrM ët 'Seigneuries de 
Ruères, de Parjot, du Pontot, la prévôté de Domecy- 
sur-Gare 9 et généralement tout le pays situé entre l'Yonne 
et la CagOy étaieiit eiemipts de la fordiiMea ctHmfle fMaaai 
iotnlUa> partie de la Bevgogite, eù eet nMge ii^éMie 
point établi. Cette décision , connue depuis sous le nom 
d'arrêt des Tixier, servit dans la suite de base poor les 
droita<ie.stteceMiops dan» le Monand (1). ; 

€e|KeadaiiÉ Charles IX étànt iK^re le Si di inft^ 
àYâge'dé 2&-anf fleolMiiBDty aeo frèfB Henri •^prittaaanili^ 
son royaume de Pologne pour venir régner en France aa 
milieu des troubles et des âustions, et fut sacré à fielBii 
le ilp iMer 1571». Ce |(riiMey fttigiié des divMow qui 
afelttaitinit la FMce» terat y appoi4ér4iii-«eriiieiplur<aiéilt 
de pacification donné à Nérac Tannée 'suivante ; mais ce 
fiit>-an contraire, comme une étinceUe qui mbrasa tout le 
WfWÊnut. Getéditâoooffdait» eB€CBt,4eaàipdttl(M»itrèH 
IMmUeiSiaxrMnnéts aHnileBcatlMditiieawita«$tnMt 
del^ombr&ge, et, apprftendant dès-lors qnfe lé cidi^fatfsm» 
ne devint la religion dominante , ils coururent aux armes , 
résolus de défendre jusqu'à la mort leur croyance et leur 
CDlte. Les novateurs^ de temr cdté» déveliiis ]Aib addadenx 
et plus entreprenants, s'armèrent aussi, et bientôt la France 
entière se trouva divisée en trois camps. Le premier, celui 
de la ligue catholique , se personnifiait dans Henri, duc de 
Guise^ àâL le Balafré; le second^ le psirti h^e^ot» recon- 

' . . . M . * • 

(l) OoT ObqOIub, OBttfHiM 4u Nioêm,, |i. 816 M Mfv.; Nik'M u a«- 

CBILU , p. 419. 



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Baissait pour chef Henri de Béera ; el le Icoislènie ,éSlLde9 

politiques ou des royalistes , se rangea sous l'étendard du 
roi Henri III lui-même qui» de père commim» devint 
ainsi Gbef de parti. La pierre fpiisiil^, ffat svaoïmiule la 
guerre des ircMt JBenrL 

Toujours dévoués à l'antique religion de leurs pères , 
les habitants du Morvand embrassèrent avec zèle le parti 
des Guise ou des cathpli^pxes. U» villes û'Ay^Om $ de 
QuVeaii-CbiaoA, de Lqnoes etdQ /5as|)tte«j qui s^ d4d9rè- 
rent aussi dans le même sens , se monlrèmt ardentes pour 
sa dépense. Mais la plupart des scipmeurs entrèrent dans le 
parti du roi > ou se jettent dans celui des seç^taires. Aussi 
une défiance marquée s'établit dés-tors entre eivx et les 
sqjfits de leurs seigpeuiief» Geux-ei se refusèrent généra- 
lement à acquitter les redevances féodales ; et le guet- 
etrgarde^ devenu plus nécessaire que dans aucqn temps 
autour des forteresses iieigneunales» ne s'exécuta plas m 
très-làifcilement. 

Dans ces entrefoites, il survint une violente épidémie, 
qui ralentit les projets des divers partis. Comme elle sévis- 
sait cruellement dans nos montagnes,, en 1587^ on n'y 
entenditplus parler de divisionsf le soin des malades» ^ 
sépulture des, mprts «icnpaksnt tous les Instants^. et. la 
terreur tenait les esprits en suspens. A Château-Ghinon, 
la maladie n'épargna que deux notables. Le nombre des. 
persoimes atteintes fut si grand» qu'on fut forcé d'impro- 
viser» hors des murs de vilto» une e^èoe de foud^ 
Qt.Fon transportait les pestiférés (1). 

L'année suivante , comme cette terrible maladie avait 
çess^» ou s'était con&idéri^iement ralentie, les mqnans 
de îfotre cm^ée dur^nl reprendiie l'eierciyce ûu^fgfi^tr^ 
garde autour des manoirs de leurs selgneqrs respêettfs» 
Hais la plupart 9 entre autres ceux de la baronnie de 

(1) Arcbnr. nation.; le Kiinrmiê, tome ii; i m m efri 4t to Nikn, 1S47. 



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166 LE HQRVAm 

Ghastellux^ s'y refosèrent formeUement, et il fallut avoir 
recours à une sentence du bailliage d'Auxois pour les y * 
contraindre. Compter sur le zèle et la fidélité de pareils 
gardiens, n'était guère possible 9 encore moins pmdent 
Aussi le comte de Tftvannes^ gouremeur de Bourgogne, 

les tenant pour suspects d'affection pour la ligue et pour 
ennemis du roi, envoya-t-il douze soldats français aguerris 
pour tenir garnison permanente à CkasteUux (!)• 

La ligne ayant acqnis de nouvelles forces à la mort 
du roi, arrivée le 2 août 1589, par suite d'un coup de 
poignard que lui avait porté , la veille , Tinfâme Jacques 
Clément, il fallut doubler la défense des châteaux dont les 
possesseurs combattaient sous un autre drapeau que cebd 
des Guise. La garnison de la forteresse de Ghastcllui Ait, 
en conséquence, portée à vingt -cinq hommes de guerre 
avec un capitaine pour la commander, et une somme de 
ftiiiue sois fut levée tous les mois par ordre de Tavannes, 
sur chaque sujet tenu au guet'-et'garde (2). François de Beau- 
Caire, abbé de Regny, et tous ses moines, ayant embrassé 
le parti de la ligue , en furent punis par la confiscation de 
leurs dtmes et autres revenus du Morvand, en fiiveur 
d'envier de Gbastellux (3). 

La nouvelle de Tavénement de Henri IV à la couronne, 
jeta la France entière dans la plus vive a^tation. Si la 
naissance de ce prince l'appelait au trône, sa qualité de 
chef du parti huguenot Feu excluait par une loi que les 
catholiques regardaient comme tout autrement sacrée et 
inviolable que la loi salique. De tout côté on courut donc 
aux armes ^ et la ligue, déjà si formidable sous le monar- 
que défimt, grandit encore considérablement, et finit par 
se donner un fontôme de roi dans la personne du vieux 
cardinal de Bourbon, qui prit le nom de Charles X. 

(1) ArebiT. de ChtsteUux. 
(S) iMd. tfweiUair§dt»Uim. 
(8) iKd. 



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Ul ]UOHVAiM>. 167 

Nos MomndeMx > coime les aitres cattoliques 4a 
roysmme , sentirent alon Vesprit de M se réveUler es en , 

et jurèrent de mourir pour la défense de leur religion. 
Toutes les villes de la contrée , à l'exception de ceUes de 
Lmy et de MonUas-Bngllbert , que le duc de Nercrs mit 
maintenues dans le service dn roi^ s'apprMrent àimeiiier- 
gique résistance et réparèrent leurs murs pour se défendre. 
De son côté ^ Henri lY ne négligea rien pour amener ses 
^yels à robéissance et les réunir tous sous sou sceptva 
L'aimée mdme de son aTéBement» il emroya le comte de 
Tavamies attaquer la vffle de SauUeu pour la forcer ii 
reconnaître son autorité. Celui-ci se présenta , en elTet , 
sous les- murs de la place avec une armée considérable et 
e» forma le siège. Les babitanisse défendirent d'abord vm 
Tiguenr; mais bientôt réduits àreztréndté. Os temit eoii» 
traints de se rendre. Tavamies ^ pour engager les autres 
villes à se ranger sous la puissance du nouveau monarque, 
se contenta de leur faire prêter serment de fidélité^ et leur 
laissa ensuite le brave Des Barres pour gouvemear^ eC'uae 
garnison de deux cents bommes à la solde du rei (1). Le 
prince écrint. dans ces entrefaites, au sire de Gliastellux 
pour l'engager à se joindre à la noblesse du pays^ à Teffet 
de maintenir les contrées cwriroonaales dans^son senriœ^ 
et bd domia, afaisl qu'à HaBChefort, m eênMdérmiom âê 

leurs bons et fidèles services , tous les bois de moule ^p^eét 
sur la rivière de Chars appartenants aux marchands rési" 
dantê en poyi rebeUe (2)« 

Deux ans après la prise de SanUeu^ Ghamf^oanler^ 
gouverneur de Glamecf^ entreprit de Mre rentrer la viHe 
de LonneS dans le devoir. 11 choisit un lundi de Pâques 
de l'année 1591 > pensant sans doute qu'il l'aurait à 
meilleur compte» parce que ce Jour-là avait Ueu » à Gorbi- 

(1) EzpiLLT, dom Plancur, CoDiT^péi , tome vt. 
(S) ArchïT. de GhaatoUux , hmiAuArê du Uttu. 



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us MOaVAlND. 



gtty, une grande aoleniiHé rdigiense où les hommes se 
rendaient ordinairement en foule. Il parut donc sous les 
murs de la place à la tête des gens de son gouvernement , 
«tila tint assiégée pendant deux jours; niais repoussé avec 
yuntef fi IM lonrcé de ,se retter honteosomeot do côté de 
dont fl se rendit maiire (i). 

Le principal honneur de cette glorieuse défense revint, 
dU-on, aux dames lormoises qui, à l'exemple des hâTOloes 
4» Jfeanvais» im^- craignirent pas de se .présenter sar la 
linMie» ei firent pleuvoir sur les assiégeants Qne-grtts de 

pierres et une pluie d'eau bouillante (2). 

Tandis que ceci se passait vers l'ouest, le comte de 
GbâtaanrooXf dU in maréclial d' Auront, se préparai k 
«q^er.sor le eâté ojj^osé. Le.iS mal de la mMe année^ 
û se présenta sme les mors d'Anton avec nne pnfaaante 
armée, et attaqua la ville à grands coups de canon. Il 
avait fait une longue brèctie au châteL de Rivaux, lieu le 
pifss lért de la ville, lars(i«e le 20 Join^ dans la soirén 
du samedi» appanit an ciel, pewdant U §rmid ^efort dt 
l'assaut, et sur cet endroit de la ville, à grand nombre 
de gens de bien et dignes de foi, la face du bon et précieux 

saint Léger, les.mains jointes et en liabits pontlflcanx, «pd 
pilatt Dion poor la pcoteette et la détaoe de» Anto- 

BOis (3). On vil aossl phmevrs nuifistrats et femum autel- 

rassécs se battre sur la brèche de vingt -deux pas de long, i 
coups de iudlebardes et de pierres (4)» 

D'Aomont, désespérant alors d'emporter celle plaeev 
se nettraavec ae&tronpes ef eon artiOerie à Saoileo^ dont 

les habitants Favaient secondé dans son entreprise , et y 
donna quelques semaines de repos à ses soldats. Au mois 
d'aoAl» jH m sortit pour se parier, par AlUgOf et. Flan* 

(1) Mtfi Di U Rocbiub; le Jinivcmait ; ânmaiir» dt 1817. 
(S) Jfofte m g mterU t; tradition locale. 
(S) nom Pmu, Ait.<ltMM£4|«% MuaUckt, p. 4âB. 
(4) GoobtMi, tome vi ; MmmerU. 



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LB MORVAND. 169 

chesy sur Gàâteaa-CbiDOD^ ville toute dévouée k la ligue. 
Arrivé devant cette place, il eu forma le siège de concert 
avec le duc de Nevers, Louis de Gonzague , qui s'y était 

rendu par le côte opposé. Les assiégés, aidés d'une garni- 
son de deux cents hommes , se défendirent avec un cou- 
rage îmsnL Néanmoins, la ville succomba au bout d'un 
mois et fut emportée d'assaut lyAuniont , exaspéré d'une 
si longue résistance , et pour se venger sur elle de l'échec 
honteux qu'il avait éprouvé, deux mois auparavant, sous 
les murs d'Autun, la livra au pillage, et fit passer la' 
gandion et les cMoyens les plus connus par leur attache» 
ment ft la ligue , au fil de l'épée (1). De là , Il s'adiemlna 
du côté de Lorraes, dont les habitants, effrayés par le 
massacre de Cbâteau-Ghinon » ne se défendirent pas et lui 
ouvrirent leurs portes» H en ressortit bientôt pour se 
porter sur Pierre-Perthuis dont il prit et rasa le château. 

Le comte de Châteauroux espérait que , précédé par 
le bruit de sa récente et horrible victoire , rien ne résiste- 
rait à ses annçs. U vint donc , dans cet espoir, attaquer ta 
vme Uguense d'Avallon, et investit cette place vers hi fin 
du mois de septembre de la même année 1591 ; mais il fat 
trompé dans son attente. Les habitants se défendirent avec 
un courage au-dessus de tout éloge , et force lui fut de 
lever le siège. Néanmoins, peu s'en fallut que la ville ne 
tomba en son pouvoir le 28 du même mois, par l'eflTet 
d'une saucisse ou pétard de cent cinquante kilogrammes de 
poudre qu'il avait fait placer sous un égout^ et qui ût, en 
sautant, une brèche d'environ trois mètres (2). 

Les ligueurs, par suite du danger que la ville avait 
couru, et par crainte des r&yalistes et des bannis qui 
rôdaient sans cesse autour, prirent le parti d'y jeter quel- 

( i ) Nbb DB La Rogbillb , le KivtmoU, tome n; Ànmiaire de 1847 ; Archiv. 

nation. 

(â) CourtépiSk , luino v, p. 597. 

4^ 



170 LB MOEYAND. 

qaes troupes ; mais les habitants n'eurent guères h s'en 
louer^ car ces gens les traitèrent avec beaucoup de haotBVr 
et les pillèrent 

. Malbeureusement le psyrti catboUiiiie afatt dévié.. 4é 
son bot» et la jlopart de ceux qui s'en, disaient les soih 

tiens ^ ne se couvraient du manteau de la religion et ne 
se nommaient défenseurs de la sainte union , que pour 
conunettre plus facilement toutes sortes de vexations. Aussi 
les ÂTallonnais se repentirent biei^ de leor.altMhMUHil 
au parti, et prirent secrètement les moyens de seeeuer 
son despotisme. Ils y réussirent, le 27 mai 1594, par le 
secours d'fdme de Rocliefort-Fluvault , gouverneur de 
Véselaff ^ vint mettre le siège devant la viltof et s'en 
rendit maître en moins d'ime heure. Henri IVdonnaau 
habitants des lettres d'abolition, et i:^ppela le bailliage qui 
avait été transféré à Montréal (1). 

# 

(1) Exnuy , CouBTipii , tome v, p. 606. 



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Nord- 




A.'V 



t) "Jat«t»«<- i)tt'L«iiU . - 



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* 



CHAPITRE X. 



àmmm um m mm IV; m «m aMuUne; TrofdMM à ihmcmIod 

«e M Mirl. 



Le temps où le Morvand et toute la France allaient 
enfin, après de longues et déplorables divisions» jouir du 
ealme et de la paix, approchait Henri IT, en abjurant, 
le 25 juillet 1593, les erreurs de la secte , arait écarté te 
véritable obstacle qui s*opposait à sa paisible possesssion 
de la couronne, et Paris, l'année suivante, lui ouvrait 
ses portes. MentAt la France, heureuse sous son sceptre 
paternel, l'aima autant qu'elle l'avait détesté d'abord; 
mais ce bonheur de la patrie ne devait pas durer long- 
temps. En effet ^ le 1^ mai 1610, le monarque bien-aimé 
tomba sous le couteau de Tinfâme Bavalllac, Jeune fana- 
tique venu tout exprès des bords de la Charente. Cette 
triste nouvelle plongea tonte la France dans le deuil , et 
chaque citoyen, dit un historien, se lamentait comme s'il 
eût perdu son propre père. 

Les habitants du Morvand, que nous avons vu si dévoués 
à ses ennemis, le pleurèrent sincèrement; et lorsque assis, 
chaque dimanche, sous l'orme ou le tilleul de la paroisse, 
ils racontaient queli^ue trait de la bonté du monarque , 
entre autres la pauie au pot, Us maudissaient la main 
parridde qui l'avait enlevé à leur amour. Heureux le 
prince qui sait faire bénir son nom par ses sujets recon- 



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172 



LE MORYAND. 



naissants ; c'est le titre de gloire le plos honorable que 

poisse ambitionner un noble cœur. 

La mort du roi fut le signal de Douvelles divisions. 
La reine régente^ Marie de Médicis^ ayant cbangé tout à 
coup le système politique mlTi Jusqne-là» et dépensé en 
profDsfons, pour se faire des créatures, ce que Henri-le- 
Grand avait amassé pour rendre la nation heureuse et 
puissante 5 les princes du sang et les grands seigneurs du 
TojwmB, le maréchai de BouiUoa à leur tête» se révoliè- 
rent contre son gouvernement , et remfdirent la France 
de factions. La plupart des seigneurs du Morvand grossi- 
rent le parti des mécontents. Presque tous les châ- 
teaux reprirent alors une apparence guerrière > et les 
retr^yants fiirent appelés à en réparer les IbrtlficatiDn» 
et à augmenter leurs moyens de d^eme. De toute 
part, le guet-et-garde recommença autour avec une 
vigUancc extrême. Mais celui de Chastellux surtout , par 
sa position forte^, excitait rattentioo» Le 20 mais 1614, 
le comte de Germont-Tonnerre, lieutenant-général de 
Bourgogne, prescrivit aux sujets de la baronuie de veiller, 
nuit et jour, autour de cette forteresse. Le 13 octobre de 

Tannéç suivante» le prince de Coudé, du canip. de Merry- 
sur-Seine» ordonna qu'il y fût établi «ne campagwie dt 

cent hommes de pied pour être en msiiene propre et eomwufde 
de bien faire la guerre (1). Par une autre ordonnance en 
forme de manifeste , datée du lendemain», il commanda k 
Olivier de diastellux de lever «se compagnie de, soixante 
chevau- légers , et d'étabUr dans son château et place de 
Chastellux un lieutenant et autres officiers pour le com- 
mandement Il l'autorisa eu même temps à faire la guerre, 
prendre villes et places, comme aussi de lever iaiUes et 
subsides et autres Inq^tlons des élections d'Avidkm» de 
Semnr et de Yéaelay, pimr Tentietleu de ces troupes (2). 

(1) AfcViv. de Ghaitellui. 
««A • 



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LË UORVANIX 173 

lie ilioiiCiiilNre'Safifattl» eonii» le baron deCSiasIelliix 

était sorti avec sa compagnie et opérait avec elle dms les 
. environs , le capitaine Pantin , qui couniit le Morvand avec 
' ses gens» s'empara de la forteresse et s'y établit Olivier, 
en 9f9ttt re^a la aeuMley aoooiut a»itdt eo toute bate, 
attaque la plaee avec figaenr et l'emporte. Le capitaine 
ennemi et un soldat trouvèrent la mort dans l'actiou^ et 
les autres furent faits prisonniers (1). 

Ce a rt gnem «ralt amené avee M, cinq ans attpara- 
4e la IMeiraohe, pays mfaié par les guerres/ 
une colonnie de Picards, liommes, femmes et enfants, 
auxquels il distribua des terres h défricher dans diverses 
parties ile ses seigneuries de Aiarigny* l'Église et de 
Qwfé*-]ei-'Son4>eK €'est aM ^'ont été fondés les 
iMuncaïA. de Qmewum, des Mms^de^GhasteUmaf et des 
Champs - de - Bornoxix. Olivier mourut en 1617, et fut 
inbumé dans l'église de Quarré , où Ton remarque encore 
son aMbseléa Hernie^ son fib, lui succéda dans son 
gousmn gBKt de Gravant, et <ditbit du rot Louis Xm, 
en 1621 , l'érection de sa baronnie en comté (2). 

A partir de cette époque, Thlstoire de nos montagnes 
n'ûflto pins- guère, d'intérêt Ce ne sont que des faits 
paiHadtefs et locanx, dont nous parlmns dans les 
notlees des viOe», beoifi ou villages qu'ils concernent 
La féodalité avait alors perdu toute son ancienne puis- 
sance. Les seigneurs n'étaient plus, sous Richelieu et le 
gnuÉt NÉ, dont il prépara le régne g^orieux^ que des 
s^ielsaiwnils et dévenés an diefde l'État, qui avait con- 
centré dans ses mains tous les pouvoirs. On n'entendit 
plus parler de guerres civiles , encore moins de guerres 
seigneuriales» La iïance, forte an dedans, respectée au 
detarsy ne tivatt plna aa poissante épée que contre les 

(1) Grand imtntoiiin, 
(S) lÀw Noir, p. 40 



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174 



Ml MÔlIYAm 



ennemis de la patrie, auxquels elle il sentfr souvent toute 
la pesanteur de son Inrasi LelMt des aunes ne retanil 
plus en Morrand , et ses paisibles échos ne répétèrent 
plus les cris tumultueux des combattants comme dans 
les siècles précédents. La renommée seule y apportera 
désormais le rédi des i^iieux triomphes dus à la vaMr 
incomparable des Gondé» des TuFenne et antres TaOtanls 
chefs de nos Invincibles armées. 

Le Morvand peut se glorifier d'avoir fourni , dans oes 
temps de gloire et d'héroïsme, aux années de la patffte, 
plusiews capitiÉnes très* distingués. Nous eUcroÉs> au 
premier rang , Oiarles ëe Montsanlnin , chefidiery eonrte 
de Montai , et Sébastien Le Prestre de Vauban , guerriers 
renommés par leur courage et leur profonde théorie 
de l'art militahre. Le premier naquit, cnlM9, muk Anhmi, 
manoir seigneurial situé au pied de la montagne de 
Lormes. Il prit de bonne heure du service, et montra 
tant de bravoure , qu'il mérita le titre glorieux de hà'os 
du Èiorvemd, qae lui donnèrent à l'envi ses oontempo- 
ratais et ses frères d'armes. U se fit remsrqncr pnflea*- 

lièreamt dans la défense des places fortes , et Louis XIV, 
dont le témoignage est de la plus grande valeur, disait 
avec une sorte d'oigueil , que ses ewsemi» le respectermau 
toujours dans ses pUues (!)• Il mourut à Danknqw, le 
21 septembre 1696, a^ee le titre de llenteiMHt-fénëral des 
armées du roi , et n'eut pas le temps de recevoir le bâton 
de maréchal que le monarque lui destinait C'est en sa 
faveur qpe la seigneurie de Montal,silHée dansla oemmime 
de Dun-les-Places, Ikit érigée en eemté. Le prince lui avait 
aussi fait don de quatre pièces de canon, prises sur l'ennemi, 
et que Ton voyait alors dans son château de Thostes (2). 
Le second , celui que le Morvand compte encore avec 

(Ij AxQi KTii., iiist. fie France; Coi RT^riE, tome vi. 
{3} Ibid, tome VI ; Pièce$ manutcrites. 



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LK MORVAND. 175 

plos d'orgueil au nombre de ses enfants^ et que soii génie» 
sa science et son conrage ont porté an faite de la gloire 

et au plus haut grad e militaire , naquit le 1^ mai 1633 , à 
Saint-Léger-de-Fourchereti, près de Quarré-les-Tombes, 
où l'on conserîe précieusement son acte de baptême» qu'il 
nous a été donné de lire et de transcrire. 

Vers ce temps-là, l'antique manoir de Vésigneux, situé 
au nord Saint-Martin-du-Puy, était le rendez-vous ordinaire 
de toute la baute noblesse des environs. Le comte Jean- 
Louis de Bourbon-Busset» dont la fortune égalait la nais- 
sance > y faisait alors sa résidence habituelle. H aimait à 
s^y entourer d'une petite cour , et , ciiaque année , dans 
la belle saison» il y donnait des fêles brillantes auxquelles 
les princes du sang eux-mêmes ne dédaignèrent pas de 
prendre part Le grand Cmûé y venait souvent se délasser 
dès fatigues de la guerre » et y respirer Talr pur et frais 
des montagnes (t). 

En 1649» ce prince qui» l'année suivante » devait voir se 
fermer sur hd les portes de Vlncennes» passa à Vésigneux 
quelques jours de repos. Sa présence fut le signal d'un 
concours considérable de seigneurs du voisinage, et le 
château prit l'air le plus animé» un air de fête. On remar- 
quait» parmi la foule des visiteurs» un Jeune homme à 
la chevelure blonde »^ à la figure ouverte» mais dont les 
manières timides attestaient l'inexpérience autant que la 
jeunesse; c'était Vauban, qu'AIbain Le Prestre, son père» 
était venu présenter au héros en qualité de conscrit 
Gcmdé» avec cette perspicacité et ce Jugement solide qui 
caractérisent les grands hommes, s'écria devant toute 
l'assemblée : « Je me trompe beaucoup , ou le petit 
» bonhomme ira loin un jour; i et il l'admit dans son 
régiment (2). Dès-lors» un vaste champ s'ouvrant devant 

(1) Archives de Vésigneux; Mamucrit. 

(3} Archives de Bazocbcsi Manmcrit de 1890. 



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176 



LE MORVANa 



lui , iiolre jeuue Morvandeau put domier auTière à sou 
immense et lurUlant génie ^ et cultiver avec fruit ces4nGom- 
parables taleats militaires qui lui ont vatai une réput^tien 
européenne. 

Son activité était sans égale; « aussi ^ dit Foutenelle (1), 
» c'est le seul homme de guerre pour qui la paix ait été 
» aussi lalMrieuse que la guerre même» > « C'était» sijoute 
» Gourtépée (2) , un Romain qu'il semblait que le dixr 
» septième siècle eût dérobé aux plus heureux temps de 
0 la république. » Il a réparé trois cents places anciennes, 
et en a fait trente-troi» Aeuves. Il a conduit cinquante- 
trois si^es jt dont trente-deux sous les yeux 4» roi« et s'est 
trouvé à cent quarante actions de vigueur. Plein de fidé- 
lité envers son souverain , mais aussi plein d'iudépefidance^ 
il aima toujours mieux servir que plaire. 

Louis XIV 9 pour récompenser ses, immenses services, 
érigea sa selfi^eurie de Baxoches en comté» sous le noin 
de Vauban, et lui fit don de quatre pièces de canon 
à Philisbourg , qu'il plaça dans son château. Enfin ^ prises 
en 1703» le monarque le créa maréclial de France» dignité 
dont il ne jouit pas long-temps» car 11 mourut quatre ans 
après. Le roi et tousses contemporains le regrettèrent sin- 
cèrement. Son cœur , qui avait été déposé dans le caveau 
de r église de Bazoclies^ fut soienneiieuient tiansporté^ 

■ 

en 1809» par ordre de l'Ëmpereur» sous le ddme des 
Invalides» à ÏParis {%\ 

Nos montagnes furent affligées, pendant le cours du 
dix-septième siècle, de divers iléaux» qui les désolèrent 
tour à tour. Le 2k mai 1635 et les deux Jours suivants» 
Il survint de si fortes gelées que les vignes » les sdgles et 
la dernière pousse des arbres furent presque entièrement 
gâtés. Les populations en furent désolées» et l'auteqr du 



(1) Œuvres diverses. 
(S) Tome vi. 

(3) Peurs , arl. U Pnt^t Itaimerit, 



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!«£ MORVAKiO. 177 

mauiittcrii, auquel nous empruntoos ces délaJk » s'écrie 
fd^ d'elDroi : c Dlen veuille apaiser son ire (1). » 

Deux ans après, une terrible épidémie ravagea plusieurs 
localités de la partie nord de notre contrée ; mais aucuue 
n'eut plus à souffrir que la ville d'Avallon* Plus de sept 
cents persmines de tout âge y perdirent la vie dans cette 
fatale circonstance. Un drapeau noir llottait aux sommets 
des tours et du cloclier des églises en signe d'allliction (2). 
Nous lisoiDs dans les archives de Vésigneux que les seL- 
Snears.dn Monrand défendirent h leurs ^ets d'7 metb« 
le pied^ sous peine d'une amende de cinquante livres; 
mais cette précaution n'empêciia pas la maladie de suivre 
son cours. 

De cette époque jusqu'à 1^93, Tbistoire ne nous dit pas 
s'iUurvint des calamités désastreuses; mais alors le paysfiit 
afiligé d'une affireuse disette , qui dura une année entière , 
et qui s'étendit sur toute la France. Les diverses sortes de 
provisions étant consommées, nos maliieureuxpôres eurent 
recours, comm en 1440, aux radnes de fougère , dont 
ib composèrent un pain aussi détestaUe que grossier. Le 
cclebre Tournefort, auquel on en présenta, à Paris, dit 
qu'il était si niauvais^ qu'on l'eût pris facilement pour des 
mottes à l^rûler. Pourtant la France avait alors pour la 
gouverner un des plus grands et des plus puissants princes 
dont son histoire fasse mention ; on ne parlait que de 
gloire, que de triomplies! L'homme peut subjuguer ses 
semhlahles^ faire plus ou moins de bruit durant son pas&age 
sur cette terre; mais» dans la réalité» qu'il est petit et im- 
puissant, surtout quand U faudrait vaincre les éléments et 
arrêter les calamftés (3) ! 

Aucun siècle ne fut peut-être plu/s fécond en établisse- 

(1) Manuscrit , par un curé de Rouvray. 

(3) CouRT^PÉt , tome vi. 

(3} Annuaire de la Nièvre, 1847; Piêem manufcrUe». 



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178 LE MORVAMD. 

meiiis religieux qnc le dix-septième. Aussi formera-t-ll 
toujours un glorieux contraste avec le suivant, qui les 
détroiaii toii& N'en cherchoiis pas la cause ailleurs que dans 
reqpritde fol^qdThlfle tout et qol dmnliiait alors dans 
notre'société française; tandis que^ dans te dix-bnttième, 
c'étaient le philosophisme et Tincrédulité , dont le propre 
est de tuer et de détruire. Ne croirait-on pas que FÉglise, 
prévoyant dès-lors les coops qoe Fimpiété se préparait à 
porter à la reUgfcm^ Toidût tenter d'opposer, par tontes 
ces pieuses fondations» une digue à ses flots impurs et 
dévastateurs. 

fin 1607, les Minimes s'établirent à Avallon, où ils 
fturent appelés par la pleose génénNdté de Léonor de La 

Magdelaine, marquis de Ragny. Ces bons religieux ren- 
dirent les plus grands services aux habitants de la ville 
pendant l'épidémie qui les décima en 1637. Us soi- 
gnèrent avec nn lète admirable les malades, et qoand 
leurs excellents soins ne purent les arracher à la mort dn 
corps, du moins ils leur rendirent la vie de Tâme. Les 
Ursulines, dont l'institut est si précieux pour l'éducation 
des Jennes personnes dn sexe, formèrent quelques années 
après divers établissements en Morvand. Saolien le pre- 
mier leur ouvrit ses portes en 162!i ; c'était une colonie 
de celles de Chaumont-en-Forez. Avallon en reçut de 
Dijon la même année, et Corblgny d'Auxerre. £n 1635, 
celles de Nevers fondèrent à Moulins-JSngilbert une maison 
de leur ordre , qui devint bientôt très-prospère; car, moins 
d'un siècle après on y comptait plus de soixante religieuses. 
Lormes eut aussi son couvent d'Ursulines en 1645. n fut 
fondé en partie par les bienfaits de la princesse de Gari- 
gnan, comtesse de Ghâteau-Ghinon, et de Jean de Mesgri- 
gny, baron de Lormes-Ghallon (!)• 

(1) Goomtirii, tome v et vi; Nit u La Rociibi.u, Bi»t, du Nw«moU; 



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tK MORTANO. 



479 



De leur côlé , les Capucins s'établirent en 1625 à 
Saulieu , où ils furent appelés par les pieuses faveurs de 
Glaodede Ragny^ évêque d'Autim et comte de la ville. 
Sept ans plus tard, Pierre Pitoys» seigneur de Qnlnclse» 
• gonTemenr de Chftteaii-C3iinon , aidé des largesses de la 
duchesse de Longuevllle et de la princesse de Carignan , 
fondait dans cette ville un couvent de ces révérends pères. 
Les libéralités da président Pierre Odebert les appelèrent 
aussi à Avallon en 4659. Lesrellgienx da tiers-ordre de 
SÎdnt-François ^ autrement dits Picpus ou Pénitents, se 
fixèrent en 1629 à Moulins-Engilbert , dans une maison 
fondée par la pieuse générosité de Gabriel Reuillon^ juge- 
lieutenant an bailliage de cette ville, et de Marguerite 
Robert, sa femme. Enfin, les dames de la YlsItaHon , de 
Semur, s'établirent à Avallon en 1646 (1). 

(1) CouHTip^E, tome v, p. 618; àlbum du JSivem.t tome ii; Archiv. d« 
Quincize. ' " ' 



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CHAPITRE XI. 



* 



Le dix-huitième siècle, qui s'ouvre devant nous^, com- 
mença par des fléaux pour finir par une horrible catas- 
trophe. A peine^ en effet, était-on anivé à la neuvième 
année de cette période séculaire, qu'une aflireose disette 
réduisit les habitants du Morvand à la dernière extrémité. 
L'hiver, qui commença le 6 de janvier, fat extrêmement 
rigoureux. Pendant les trois premières semaines surtout, 
le froid fut si excessif, les gelées st fortes, que dès le second 
jour, les rlvièjres, ausd bien que les étangs, firent cou- 
vertes de glace d'une telle épaisseur (fu'elle portait comme la 
terre. Plusieurs manuscrits s'accordent à dire qu'en Mor- 
vand la plupart des ruisseaux et des étangs gelèrent jusqu'à 
fond , et que Ton vit, lorsque le dégel fut arrivé , des mor- 
ceaux de glace de trois pieds d'épaisseur. A peine put-on , 
malgré les plus grands soins, conserver quelques pièces 
de vin dans les meilleures caves» Les arbres se fendirent 
et gelèrent Jusque dans leurs racines ; les noyers , les 
genêts et les arbrisseaux firent presque tous perdus; le 
gibier périt dans les champs. Les seigles et les froments 
furent presque totalement détruits dans tous les pays du 



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LE MORVAND. 181 

Toisfenage. te HMl-Morvandj couvert 4'iuie couobe de 
neige très-épaisse^ liât un p&a moias maltraité. Les écrivate 

ûm temps rapportent que la paroisse de Saint -Brisson fut 
assez heureuse pour conserver plus de la moitié de sa 
féoelte (i). La lunliiey qid soivU ce désastre, fat terriMe. 
Lt sëgle, qui, rainée précédeûfe, se ceiiait^ db^hitt 
ea vingt soi»« mottta sdMtenieiit à cinq livres , mesure de 
Rouvray, et même à vingt -deux livres le bichet ou les 
quarante-deux kilogrammes. Les riches eux-mêmes furent 
riduitt ^ mfHWffff du nalu d'mraîne. 

Le vin» qui se payait, amiie^ eommie, deux ttards la 
pinte , se vendit jusqu'à douze sous , ce qui portait le litre 
à quarante-huit , somme exhorbitante, si on se rappelle la 
valeur de la monnaie àcette époque (2). 

la détrese et.ia miaère engendrent nafnrenement le 
vol et le désordre. Aussi vit-on , ça et là, des troupes de 
pauvres affamés courir les campagnes et se livrer à toutes 
espèces dQ capines, tellement qu'il fallut solliciter des 
ordernianees pour établir des mmiers ou gafdes poiir 
viMer aar las champs ensemencés. Le Mgandage dewiaA 
même M excessif^ que Ton planta des poteaux avec carcans 
où Ton attachait les voleurs pris en flagrant délit. Dans 
plusieurs localités, comme àEouvray, on établit à l'époque 
dis la moimett des patioolUes p»ur veiller aw lesrééoMqp 
pendant la nuit (3). 

A peine cinq années s' étaient-elles écoulées , qu'un 
autre fléau, qui désola successivement l'Alsace, la Franche- 
<4Qmtéj la Bourgogne et le J!91veroais» vint affliger le 
Iforvandb Hue tevdble épiaoetie se r^^dlt sur tona les 
points de la contrée et enleva une ^antité pr o dig ie use 
d'aQim^u^ dq i'Qspèoe^tîovine , si nombrcMse dans aos 

(1) Annuaire de l'Tonne, 1851, p. 818; minroserit de Rouvray. 

(2) Archiv. de Montsauche. 

(3) Manuscrit de l'abbé Berthaut, ouré de Rouvray. 



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i8S LE MORVAim. 

aoiitagnes^ Uout eile fonne la principale ressource. On 
employa divmes mi» 4e tratterneBl»; mais la mibi^ 
die cootiiraaBt toitfoHrt ses ravages^ on eut reoom an 
supplications nombreuses publiques, et des processions 
s'organisèrent dans toutes les paroisses. On se rendit aussi 
en pèlerinage dans les lieux renommés pour cet eiielpar 
la 4éf otion p^^poUre. Hais antte part on ne fit mie il 
grande aflfaienee qu'à la cfaapdle de Saint-Grégoire , sitaée 
au nord-ouest de Sainte-Magnance , village du canton de 
Quarré-les-Tombes. Il y vint des pèlerins de rAutonois» 
de TAniois» du KifemaiSy et Joaqne dn Charollais- et do 
dnlonmys, teUemênt que , selon l'estimation eomntfM, 
le nombre s'éleva à plus de dix mille (1). 

En 1736 , la famine se déclara de nouveau en Morvand. 
L'année précédente^ une ^frayante couciie de neige, de 
plusieun pieds, d'épalneur, avait eeuvert» pendant près 
de six mois 9 le centre de la contrée. Les moissons , presque 
détruites > avaient peu produit , et déjà les populations 
prouvaient une sorte de disette, lorsque des gelées tenft^ 
Mes surfinrent an moisde juin, et détratÉrent reipéinsce 
dn teboureur. 

Du 12 au 15 juillet même, elles se firent encore sentir si 
rigoureusement dans des pays beaucoup plus tempérés 
que le Morvand, comme dans PàwMls et rAmeROU, que 
les chenevières, les vergers, les avoines et leaorges Itarant 
entièrement ruinés (2). 

Un mémoire, présenté alors au contrôleur général de 
Bourgogne, porte que le fimnent valait soÈcante livres le 
setter de Paris, le seii^e trente, le sarrasin autant^ et 
l'avoine vingt-quatre, etque même on ne pouvait en avoir 
pour de l'argent (3). Le Morvand souffrit horriblement, et 

(1) Manuscrit par un contemporain. 

(9) Annuaire de l'Tonne pour 1851 , p. 308 ; Notice mamuoriU. 

(3) Arcbiv. du chftteau de La Roch^n-Breny. 



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U IKATANO. 188 

ua grand nombre de personnes moururent dans les affreu- 
acn eonvoUykHis d'une faim dévorante. 

Neuf ans apiès^ nnorage^ comme de mémoire d'homme 
en n'en a?att m d'an»! terrible ; un orage qui , dans ses 

flancs ténébreux, portait répouvante et la mort, se forma 
tout à coup du côté de Touest^ sur ChâîiUonrm^^BazoU, 
dk Goui^épée (i). BienlAft on le tU s'avaneer a?ec mi 
temrd el kisiibie fracas , qui laissait pressentir telle- 
ment tout ce que l'on avait à en redouter. A son appro> 
che il s'éleva un ouragan épouvantable > les coups de 
tonnerre devinrent écrasants» et la fondre et la grêle 
fl^iutfrent Incimtlnent pour renverser el iioiir détndra 
Tout fut saccagé , anéanti , de l'onest à Fest , depids 
Châtillon-eii-Bazois jusqu'à Sainte-Reine. Nos campagnes 
furent couvertes des débris de maisons renversées sur 
leuis liafaitants* lesiîNréts'encombiéas d'aihres bcisés on 
dâracfaiés (2). 

Ce n'est pas tout; mie épizootle > plus terrible encore 
que celle que nous avons rapportée plus haut, et qui, au 
raifort âss.mémoires du tmi^, épargnait à peine dem 
«BimaQi; sur cmil , fondit sor Tespèee bovine el la détmlsil 
presque tout entière en Uorvané. La diartreose d'Âpponay 
perdit tout le bétail de ses domaines. Plus de onze cents 
pièces périrent dans la paroisse de iklontsauche. Brasqr^ 
Dun-les-Placesi Blarigny-r^Use» Monx» AlUgny» OurouK» 
Plaachei» Qaarré4es-Tmnbe&;... en conservèrent à pdne 
pour cultiver les terres. Pendant deux ans entiers, on n'en 
vit plus sur les champs de foire des environs. A Ouroux 
par exemple» à la foire du 23 novembre de cette année 
17ii5, il n'y eut pour to«| bétail qoa sept ohèms 



(1) Descript. de Dourj , tomo i«r. 

(2) Ibid{ Notice manuscrite. 

{d)Biêt. de la chartreuse d'Apponay, p. 3ô; Arcbiv. de la paroisse do 
Montsiiiche ; Registre paroiss. d'Ouroux. 



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Moins de quinze ans après, en 1758^ des pluies (orren- 
tiellesy qui conunenoèi^nt an mois de juin pm ne iMr 
qu'en septeiAbre^ ne pernrirent pa» ée»enlreries- >é e o i t ea 
Les foins pourrirent dans les prés et les seigles germèrent 
dans les ciiamps. Une disette devait être la conséquence 
de ce contre-temps; elle eut Heu. Biais Tannée qui suivit» 
et sttrioni la qwMôiie > fot si aiwntote qné 
ralut que quinze ou selie sous la meswe de Lormes y elle 
vin dix-tiuit livres le tonneau ou les deux. cent quarante 
Utres (1). • ' * 

En 1770, le Monrand AU afligé d'vn Mver eitrémemenl 
rigoureni. Une épaisse coudie de neige eoun4t pendent 
plusieurs mois le pays tout entier et le tint comme enve- 
loppé d'un funeste linceul Des gelées désastreuses snr- 
tlnrent ensuite et détruisirent toutes les semences, à tel 
point ffu'U n'y tût de seigie éUms tout te HoM-BÊ&nmd,- 
Des pluies continuelles , comme ceOes dont nous venons 
de parler, désolèrent la France entière. Cette année 
encore on ne put enlever les blés, qui germèr^t dans les 
èhamps, et les foins ne toent rentré^ dans tentes nés 
mbnisifnes qu'an mois de s^tembre. Les céréales devinrem 
bientôt fort rares et se vendirent , savoir : le froment dix 
livres la mesure de Lormes , et le seigle neuf (2). La popu- 
lation du Mmand eut màoore à tramser alets une lépnque 
bien dittolle» 

n semble que pendant le cours deee stMe, nos nnd^ 

heureux pères ne dussent sortir d'une calamité que pour 
retomber dans une autre. Une contagion ou peste , qui 
eoBviit le pays de deuU, ravagea nos campegnea en i77S; 
mais nul endroit plus qoe Sautten n'eut k aoulMr de ses 

funestes atieintes (3). 

(1) Archiv. paroiss. de MonUauche et de Marigny. 

(2) Ihid. 

(3) CouRT^PBE , tome vi. ' 



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LI MORVAim. 



485 



fiions toudums enfla à cette époque terrible^ À çeUe 
eite iftifUBÉe gol ira ftoutevener la Fjranoe toat entière» 
la cfNnrrir» de Tortent à Focdiient , de débris et de ruines , 

changer les institutions antiques de la monarchie et du 
royaume^ proscrire la religion et le culte de Dieu, et par* 
demis toiil» Inonder la pairie du sangr de ses enfimts» 

Depnis phistems années, une fermentation sonrde 
régnait dans les esprits. Les finances de TÉtat étaient 
obérées. La philosophie , prêchée par les Voltaire , les 
Jean^acqaes Rousseau, les Diderot» les d'Alembert» a?alt 
porté des Iralts de mort. Llncrédiriité a?alt gagné les 
haoles dasses , asseï aveugles ponr ne pas voir Fablme 
qui se creusait sous leurs pas. Un amour effréné de la 
liberté et de l'indépendance dominait toutes les cons- 
ctenœs» On demandait de toute part des réformes» ot les 
privilégiés ne voulaient entendre à aucune composition. 
Enfin , diacun se sentait mal à son aise. La partie saine et 
éclairée de la nation comprenait qu'un changement et une 
aoiélloration dans le système politique et administratif 
étaient néoessaireB, le roi lui-même les désirait; mais la 
difficulté était d'y arriver. Le moC dVrats générmus , 
échappé comme par hasard , fit fortune et courut bientôt 
dans toutes les bouches ; la convocation en fut résolue. 
Mais avant leur réunton» le monarque Toulut connaître les 
vceax et les besobis du peuple, et il y eut pour cela des 
assemblées du tiers-état dans les grands baillages royaux 
et seigneuriaux. Des cahiers de doléances, où Ton exposait 
les abus à retranc|ier et les réformes à opérer, y fiirent 

A Àutnn, à Saulieu, à Âvallon eurent lieu décès sortes 
de réunions pour la partie du Morvand qui dépendait de 
la Bourgogne ; à Mevers, pour celle qui relevait du Niver- 
nais» et enfin à Saint-' Pierre-le-Moûtler poiur le comté 
de Ghâteau-Ghbion et ses dépendances, et les antres 
franc -alleux compris dans la province. L assemblée du 

43 



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186 LE MORVAND. 

lier»-état de ce iMiUàge royal, à laquelle Mistèraiillef 

députés des paroisses de Château-Chinon, de Lormes, de 
Brassy> deDun-lcs-Places , de Gien-sur-Cure, de Planchez, 
d'OsroHXi de SaintrUUaire, de SaiBl-Légerr^ft-roiii^itti, 

de Sidiit-*Martiii-âa*Puy» rédigea , le ^ mait» m 

cahier de doléances composé de quatre -vingt-dli-lndt 
articles > dont plusieurs sont empreints de beaucoup de 
sagesse^ et nooft moBUeatiea nombreux abus qui existaient 
à cette époque Nous dteHHis , pour eranple^, le quarame^ 
troisième : , 

« Que les justices seigneuriales, qui donnent aux paysans 
» la faculté de plaider , qui augmentent la masse des pro- 

* cédure&> qui:nttltiplieDt les degrés de jundiotion^ 

» favorisent la chicane , qui oocasionBent la luîne dès 
» parties, en les obligeant à perdre beaucoup de temps 
» et à faire des frais énormes pour les plus minces objets; 

• qui manquent presque toutes d'auditoires et de prisons^ 
» et qui n'ont communément pour Juges que dcs-prattoieDS 
> ignorants, qui tiennent leurs audiences dans les cabaiels, 
» et sont dans la dépendance absolue des seigneurs, qui 
» ont le droit et le pouvoir de les destituer arbitrairement^ 
» aolent snp|irimée&.... » 

Convoqués le mai, les états-généranx prirent» le 
17 juin suivant, h la majorité de quatre cent quatre-vingt- 
omse voix contre quatre-vingt-dix, le titre d'Assemblée 
natianaU» Dès^liffs , il en fut fait de la vieille société teur. 
çaise, la révolnliott éttit opérée. . 

Elle débuta terrible , le i& juilkt 1789, pa? la prise de 
la Bastille par le peuple. Les prisons ouvertes mirent en 
liberté une foule de mal^tenrs qui épouvantèrent la 
France. Une terreur penlque, se répandit dans toui la 
royaume et s'empara subitement de nos eampagnardaqniy 
armés de faux, de piques, de cognées, coururent, à 
Tannonce de l'arrivée des brigands, d'un village à l'autre , 
sans Jamais les fencontrec. Tei \iXk99^y dissit-on# est piUé » 



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tB MORVAND. 187 

saccagé» unu y 9st à ffm-et à sang, On*arjrivait» c^étaît 
plus loi». Cette éj^oqie a toqfoon été nommée de|>ois par 

le peuple ; l*«mnée de la peur. 

Si les doctrines philosophiques et aiiticli ré tiennes 
avaient 9 ainsi que nous Tavons remarqué fiius haut» 
iBlèclé les hantes classes, le peuple, M an moins, avait 
conservé l'antlqne esprit ée foi et de reB^n. Les villa- 
geois du Morvand surtout se faisaient remarquer par leur 
attachement profond aux croyances de leurs pères. Aussi 
viient-ils aiee chagrin les spoliations qoi s'opérèrent de 
tonte part, en vertu du décret dn 2 novembre 1789^ qui 
déclarait les biens des églises propriétés nationales. Ces 
biens 9 fruits de legs pieux et de fondations pour la mémoire 
perpétuelle des défunts, avaient été jusque-là, et à bon 
droit, respectés ccnnme une diose sacrée; raliâiation 
et Facqniiltlon devaient naturellement en être regardées 
comme criminelles, comme des actions impies qui porte- 
raient malheur. 

On comprend aisément qne, sous Tinfluence de smn* 
blables idées, qui honorent nos pères, les acquéreurs 
durent se présenter en petit nombre, lorsqu'on vendit 
ces immeubles dans les divers districts du voisinage , et 
que» conséquemment, cette vente iiit, en Morvand, 
pea profitable an trésor pubUc Site ne M avanta- 
geuse , en effet , qu'à quelques partfeulieiB ^ motas déH^ 
cats et surtout moins religieux , qui s'enrichirent à 
peu de frais. On cite tel domaine qui fut payé avec le 
prix d'une partie, dn ohept^ : teile fioiét qui ne coftta 
qœ le montant de quelques pi^es de bcrafs. Une espèce 
de réprobation publique était restée, jusque dans ces 
derniers temps, comme attachée à ces sortes d'acqui- 

Biais ce qw nos bons Morvandeaux virent avec infini- 
ment plus d*horreur, ftat l'indigne profanation des temples 
du Dieu de leurs pères par quelques révoiutionnaiies 



186 



LE MORTANO. 



exaltés, qui renversèrent les autels 5 brisèrent les images 
des saints et les croix, et ciiangèrent ensuite les asiles de 
la piété et de la religion en lieux de rémdons sacriiége& 
On tenait ces actions impies et .odieuses pour si exécra- 
bles, qu'OB ne poQ?alt supposer que Dieu les laissât impu- 
nies même dans cette vie. Aussi, il n'est aucune commune 
du Morvand où l'on ne cite quelque exemple d'un terrible 
diâtiment infligé par la Proyidence aux ^ofanaleiirs cou- 
pables de Boaéglise& H est certain que la main de Dieu 
a para s'appesantir sur la plupart de ces bommes crind- 
nels^ et qu'ils ont fini d'une manière vraiment malheu* 
reuse. 

L'assemblée constituante ayant supprimé les proviaces, 
et décrété» le 26 janvier 17dO, une nouvelle division 

administrative de la France, le Morvand fut alors partagé, 
ainsi qu'il a été dit en commençant » entre les départements 
de la CôteHl'Or> de la Mièvre» de Saâneret-Loire et de 
l'Yonne; puis subdivisé entre les districts de Sanlleu, de 
Semur^ de Chflteau-Ghinon^ de GpiUgny, de MouUns- 
Engilbert, d'Autun et d'Avallon. 

Les districts ayant été supprimés à leur tour par la 
coostltaCioii de l'an vm 9 le pays fiit réparti entre les amm- 
dissements communaux de Beamie et de Semur, de Châ- 
teau-Chinon et de Clamecy, d'Autun et d'Avallon, et telle 
est la division administrative encore aiyourd'liui existante. 
Plusieurs cantons» comme ceux de llrassy » de Gervon» de 
Montreniilon» d'Onroux» de La Hocbe-Milay^ de Rouviay 
et de Saint-Didier-sur-Arroux, furent aussi supprimés. 

L'assemblée nationale ne se renferma pas, comme on 
le sait» dans le cercle des aflàires dviles et politiques. 
Poussée par la passion des innovations qui s*était eaupucé^ 
des esprits, elle voulut aussi opérer dans Forganiiiatfoii 
religieuse les changements qu'elle venait de faire dans 
l'administration civile. Elle décréta donc • le S juillet sui- 
vant» sur le travail de Boifr4<andry» marchand de la rue 




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LE AIORVAN0. 18d 

Saint-Denis^ une nouvelle dreomseriptkm des diocèses ^ 

dont elle réduisit le nombre à celui des départements y et 
auxquels elle assigna les mêmes limites , ce qui amena la 
cùmtkvAion emile du clergé. Le Morvaud, presque tout 
oompris dans Tautlqae diocèse d'Autan ^ ftit alors divisé 
entre ce dernier ^ ceux d'Auxerre^ de Dijon et de Nevers» 
Un serment, contraire à tous les principes canoniques, 
ayant été exigé ensuite de tous les prêtres, U s'en trouva 
m certain nombre d'asseï ftdUes pour se oonfomer à 
cette loi inique. Qn^ques-uns , qui n'en avaient pas sôitl 
d'abord toutes les conséquences, ou qui avaient été 
entraînés par l'exemple de leur évéque , comme dans le 
diocèse d'Anton» se rétractèrent bientôt» et tout le corps 
dn dogé se trmiva ainsi divisé. 

Les ecclésiastiques qui se soumirent et acceptèrent le 
nouvel ordre de choses , furent désignés sous les noms de 
prêtres constituiionnels, intrus, assermentés Wk jureurs* Ds 
restèrent, Jusqi^à l'entière suppression du culte , tran- 
quffies à la téte des paroisses , tandis que les prêtres fidèles 

et courageux, sous le nom d'iri^crmentés ou rcfractaires , 
furent repoussés , poursuivis et traqués comme des bêtes . 
fàvves. Plusieurs d'entre eux ^expatrièrent et allèrent 
ctarcher à l'étranger la sûreté qu'ils ne trouvaient pins 
dans leur malheureuse patrie. D'autres, protégés par 
de pieux fidèles , qui s'exposaient ainsi à la persécution , 
même à la mort» échappèrent h toutes les recherches; 
mais le nombre en fàt Men petit LapUqiart» découverts.et 
arrêtés, expirent dans de sombres cadiots ou au fènd de 
cale de quelque galiote, leur fidélité à Dieu et à leur 
consdence. Parmi ces derniers» nous citerons J. Adelon» 
curé de Menffontahies; Gagnard» euré de BUrigny-l'IsIgiise; 
Moreau ainé» Jésuite réddant à Ghdteau-Chinon ; 'Moreau 
jeune, son frère, curé de celte ville; Berthaut aîné, curé 
d'Arleuf; Berthaut jeune» son frère, curé de Glux; le 
pieux Boussière» qui gouvernait avec beaucoup d'édifica- 



190 LE MORTAND. 

tion la paroisse de Chalaut ; Pirel , qui admiuistrait celle 
de Saint -Hiiairc; PaDoetrat, curé de Poussignol, mort 
dianoloe honoraire de Mevers; Douffecfaon y religieiii 
capidn^ k GiAteav-Gliiiioii; MaHaparty coré 4e toy; 
Durand et SacUer, ses deox tleatoes^ et eoin YMié 
Ducrot> qui remplissait les mômes fonclions à Bazo- 
cbes. 

Tous ces généreux oottfenears de la foi lnrent d'aboié 
reifiennés à Nevers, dans Fanoien grand aéadnaire, mm 

beaucoup d'autres de leurs confrères des environs, puis 
déportés jusqu'à Nantes et à Brest, en ?ertu du décret de 
la conTenliOQ du 26 mai 1792. Qoi pourrait dire toitts 
les pritatiDiis « toutes les sonffirances qu'ib eadurèpeitt pen- 
dant leur dure captivité ! Cîomme le bienheureux Ignace , 
évêque d'Antioclie, ils pouvaient s'écrier que les hommes 
s'étaient, pour eux» changés en bêtes féroces, et que leurs 
gardiens étalent autant de léopards, qne le him qt^Hs 
tâchaient de leur fidre, rendait eniïore plus fnrienx et pies 
méchants (1). On ne leur parlait qu'en jurant, ou en blas- 
phémant. U ne leur était pas permis, même en msUadie, 
* dese proGverqnelqve adondsseinent. AHantes^ils forent 
Jetés am fond de eale d'mie galiote qui lemr sertit pendant 
quelque temps de prison. L'air qu'ils y respiraient , était 
si fétide , si corrompu, qu'un médecin envoyé enfin pour 
lei visiter /se sentit, en entrant, snffoqné et oonvert de 
snenr, etdk^enseretrantpromptemente c SionmeWit 
» Ui quatre cents chiens pendant une nuit seulement , le 
» lendemain on les trouverait morts ou enragés (2). » 

De ces quatone vertœux prêtres, neuf sœcomiièrettt 
sens le poids des maox qn'ils endorèrent, et dnq revirent» 
après un martyre de quinze ou dix-huit mois, leà mon- 
tagnes témoins de leui* zèle et de leur ferveur; ce furent 

(1) GontMCi!Êiû,¥(êd»9aint Ignace p 3 février; Bréviaire paririen, 
0) LégendaiN d^ÉÊkmt |gme i , p. 181, - 



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LS MOAVAMil. . 191 

tes ^^Mt abMs Bevthaut Jeime» Fanneirat , Moieau Jeme, 

Durand et Saclier (1). 

Cependant les quelques prêtres qui avaient échappé à 
tootas tes vechercbes» se Uviatent, malgré te sète barliare 
et la sumiUaiiee teboinaiiie de leurs persécnteiirsy à 
l'enrcice du saint nrinistère , baptisant les nouveaux-nés, 
entendant les confessions des adultes , et célébrant les 
divtes myslèfes UatAt daas une grange obscnre, tantôt au 
ftmd d'une sembre fknrêt» ainsi qve te Ût lon^mi» te 
véiiéraMe Gharles-Gafl^rlel Lmnnaln, cnré de Brassy; et 
toujours une foule considérable , accourue en secret , se 
pressait à ces sacritices nocturnes offerts à Dieu par un 
proscnL 

• Btafin , l'époque des Tloteotes Télémes touehail àsa Jn. 
L'affreuse anarchie qui pesait sur la patrie et l'avait cou- 
verte de deuil, était tombée, le 29 juillet 1794, avec la 
tôte dn faroncbe Robespterre et oeltes de ses terrilites 
snpyôtsi Déltefde des monstres qui loi afitent dâcMré te 
sein , la France respira , un peu moins oppressée , sous le 
gouvernement directorial qui suivit Mais débile comme 
un malade au sortir d'une longue et douloureuse agonte , 
snoensdiam presqpB» flous te poids de ses maïux , él^ 
tait de tous ses vcem une main bardte et forte qui pid 
cicatriser ses plaies et l'arracher à ses funestes angoisses. 
Un seklat; sans auti e reconunandation que sou épée forte- 
ment tsenq^e» se présente s elte l'accepte arec une espèce 
d^emtimisiasme, et hientdt, d'autant {dus Joyeuse.qufelte 
af oit été plus affligée , elte lui posait sur te tôte le diadème 
des empereurs. 

La population du Morvand , naturellement amie de la 
gloire et des hauts faits militaires^ bien que pourtant elle. ' 
ait peu de sympathie pour le maniement des armes , s'attar 
cha fortement au nouvel empereur, et lui voua un amour 



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192 LB MOaVAIiD. 

sincère. L&guenier était pour elle ime espèce de demi- 
dieu , et volontiers elle l'eût cru immortel. En eflfet , long- 
temps après que Napoléon I" eut payé , sur le rocher de 
Saiot6-HâèDe> son tribut k la nature, les Murandeam 
refusaient de ordre à sa mort^ oonune si on béros ne . 
devait jamais mourir. Ils prouvèrent surtout leur attache- 
ment pour le grand homme ^ quand ^ en 1815 ^ il quitta 
rUe d'£lhe pour venir régner encore cent jours à Paris. A 
son pass^ k SauUen, k Rouvray, à Aialkm» Il Ait 
accueil]! aux cris mille lèls r^tés de : Vioe l'Empereur î 
au bruit de la mousqueterie et au son des cloches lancées 
à toute volée. Nos bons campagnards , ivres de joie , se 
portèrent à sa rencontre» et le saluèrent avec le pins vif 
eiâiOQSlasme. On vit, dans ces villes, de vieu mlHtaiveii, 
des larmes dans les yeux, s'approcher de sa voiture et en 
baiser les roues. 

Pourtant, nous devons le dire, son amblUoii, qui coûta 
tant de sang à la France et porta la désolation et le deoB 
entant de femmes, avait enlevé, dtaqne année, m Mor^ 
vand, un bon nombre de ses enfants. Plus d'une mère, 
près de se séparer d'un fils bien-aimé, qu'elle n'espérait 
1^ revoir, avait maudit, dam son cov nkséré» l'aaiew < 
de sa peine. Combien de famiOes s'étaient vnes en outre 
mettre à une dure contribution^ parce que leurs enfants, 
ou retenus par les larmes d'une mère désolée , ou déser- 
tant les champs de bataUle, oii la mort moissonnatt en 
reine, avaient ftd an sdn des forêts 1 Ifimporte; à peine 
les plefors avalent-Us cessé de oonler, que tout était oublié, 
et que l'Empereur régnait sur les cœurs ; tant était grand 
le prestige qui s'attachait à sa perscmne , tant ét^ fort 
l'amour qn'on lui poftattl 



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CBAPIIBE XII. . 



iBfMlM; le caai» âm l«i«to; le Cmré et le «eMune; Feilae; 
■ne feeede 4e velenre; le iMCeanitleB. 



TM l6 Miiét coBMlt teft mm fid ame^^ 
de rsmpire » et que eouonma ^abdication de Hap^Mm , 

signée au château de Fontainebleau , le 5 avril 1814 ; puis 
le départ de ce prince, le 20 du même mois^ pour l'Ue 
d'Slbe 5 fii loi avait été donnée en toute soaveraiiielé afee 
deu mUttonide revennt Un empire devfngt^dnq à trente 
lieues de tour^ et qui ne renfermait pas plus de treize mille 
sujets, ne pouvait satisfaire celui qui avait commandé à 
r£urope entière. Aussi le quittait-il secrètement > le 27 fé- 
vrier de l'année nivante, pour revenir en France reoon- 
qoérfar le trtoe brOIant dont il était descendu. Dans sa 
course rapide et triomphante des bords de la Méditerranée 
à la capitale y Napoléon traversa le nord-est du Moryand, 
^ reçut» ainsi que noos valons de le rappŒterj, daw cette 
partie de son tn^^ , des témoignages d'Une vive sympalUe 
de la part des habitants de nos montagnes. Mais la fortune 
qui l'avait élévé si haut^ et qui parut encore lui sourire UA 



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194 hR MORV/kNO. 

moment^ l'abandonoa enfin pour toiqours; et la baUïUe 
de Wateiloo» perdae le 18 juin 1815 5 Ait la consomma- 
tion de la ruine du puissant empire qu'il avait fondé au 

prix de tant de victoires. 

Maîtresses de la France, les armées étrangères se répan- 
dirent, dans les provincos de la itre di;oite de la Loire» et 
le Honrand fut parcouru en tout sens. Bien qu'elles n'r 
aient séjourné que très-peu de temps , la contrée néan^ 
moins en fut grevée et s' eu ressentit douloureusement 
A leur approche , les habitants des campagnes , efiùrayés , 
8'enfiairent de leurs cbaumières et coururent se cadier» eux 
et leurs troupeaux, au fond des bois; à peine quelques 
villageois plus intrépides se hasardèrent -ils à rester au 
hameau devenu solitaire et sUencieui. 

Dans ces grares circonstances , la petite ville de Lusy 
fat occupée par un corps d'année de trois mille hommes 
de pied et de six mille chevaux, sous le commandement 
du comte de Franqmont , officier - général au service 
du roi de W^urlembeis. Une ville de si peu d'Importance 
ne fCiaiiBik léger ttnt de mmS», ime lit aux Wvtenn 
lMiv0ois4e se ^ter dans la baiMoe> <it nÊmût-immm 

on camp dans la prairie voisine. 

n anfva» dans TintervaUe de lemr s^eur» que le feu 
prit, auinilleadelainit^dansQnmagasindefotdrrages» 
et menaça la vflle û^txB. enâ^fasemént j^nérsft. âiMtdt le 

lugubre tocsin retentit au beffroi, et appela les habitants 
à la défense de leurs foyers en périL Dans un instant, 
tonte la population est sur pied. On accourt tecominem 
ée tous les tetm de la ville : €»n se mêle, m se heiitte» 

on s'interroge, et il s'en suit un bruit confus et extra- 
ordinaire. 

' Tandis {pie^decl se passait dans la ^e , le eamp, de son 
4Alé> éÉMtt dais l'agUàMI et is trMdAei; •017 sfvait M 
àte sotièvement du pays^ Iies^oldats, aia^vo^ des dieft, 
étaient accourus aux armes, et des courriers avaient été 



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LE MOU V AND. 195 

dépdcbéB en tavte bile aux divers détachanarts OMdoBDàs 
dam lé9eiDTlT0ii& Hris la canse da nenvenent de fa vile 

ayant été bientôt connue, le camp rentra dans le calme, 
et , de chaque cOté ^ on eu fut pour la peur et un sommeil 
tveuUé. - 

Les alliés vfm teeat pàs tatitmn cpdltes pour une 

simple alerte. Dans quelques localités du Morvaad et du 
voisinage, des bandes, composées de vieux soldats de 
P£mpire , attaquèrent divers corps d'avant-garde , et tuè- 
rent on J)leaàrent iin eertiin nomlire de oe8^traiig8r& Ltt 
princif^es sarpitaes enmt tteu à là' Qteue^é'ktaï el an 
pont de Clîissey. 

Un canq>, dit des Latois, à cause d'un petit hameau de 
la eommone de Bfoox» près éaqnel il avait été formé, 
ntadssall aussi les ]Nhisciia«ds partisans du goinrerneinent 
impérial. Sa renommée s'étendait au loin , et il était fort 
redouté des ennemis. Pourtant, dans la réalité , il eut tou- 
jours une trè»-mince Impturtance; on n'y vit jamais qu'un 
petit ttomlNfe Mommes. 

A leur passage à Alligny, les alliés, qui s'y étsleut 
réunis en force à cause de la réputation de bonapartisme 
que ce camp avait faite au pays^ en traitèrent assez dure- 
ment les iMbituils. On s'attendait même an pUUge et à 
rineendie; néanmotes, tout se borna mit menaeesetà 
la crainte , si ce n'est à l'égard du curé , homme bon et 
généreux, mais connu par ses opinions politiques qui lui 
avaient vain, dans les eent jews^ la décoration de la 

Ptusleurs officiers de l'état- màjor ayant pris leur loge- 
ment au presbytère , traitèrent d'abord leur hôte avec 
toutes sortes d'égards et de bienveillance. Mais devenu 
bientôt l'objet de. la sumffiimce la pins rfgpottreuse, le 
bon curé comprit que des déliMions inalvefllantesnvalait 
été faites contre lui. En effet , soit vérité ou mensonge , il 
pvait été accusé, outre ses opinions politiques, d'avoir 



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196 LE MORVAND. 

reçB chei lui tes chefii do camp des Lalois, âe a'élre 
enleiida avte eox aw les HMsures à prendre^ el loêne 
d*wétt lalflBé lôBdre dans son propre foyer des baUes pow 

cette destination. 

Quoi qu'il en soU^ le jour du départ arrivé , sa maison 
tsâ dé?afltée^ sqb iiobUief cbargé mt des eharriot», et 
ioi-aiètte emené prisoDider àla sotte deFannée. A qosl 
sort dut -il dès -lors s'attendre ? Les tristes pensées qui 
agitèrent son âme et le blanchirent pendant la première 
nuit qo'il passa à Aotua, rnootrent assez qa'tt sentait toote 
la gravité de sa position. HeoreaseMnt poor lot» son 
é?êque , préveno à temps^ était accooro et l'avait réclamé 
auprès des cbefs. Ceux-ci ^ sur les instantes sollicitations 
do prélat , consentirent enfin à le lui remettre sous la 
condition d'one gra?e conrecUon^ ipd fat. laissée à son 
arldtrage. 

de n'était pas la première fois que le bon curé avait 
va sa tête menacée. Déjà prêtre en 1789 ^ il avait dû, 
pendant la terrenr^ pour éviter la hadiç révolutionnaire^ 
qoitter le costume eeelésiastiqne. poor levélir l'anifrave 
de soldat Gendarme à Amay-le-Dac> sa noavdle proiès- 
sion l'obligea quelquefois à poursuivre^ en vertu d'ordres 
barbares f ses confrères dans le sacerdoce > métier péni- 
ble pour Ud sans doaie> et presque anasi tetriUe qnela 
mort 

n lui arriva donc un jour d'être envoyé, sur une dénon- 
ciation , avec un de ses nouveaux collègues, pour arrêter 
an prêtre^ un de ceux qu'on nommait alors réfrmtuârtu 
Biais qne ûire dans cetle funeste ooeanenoe? Se satoir 
de l'innocente victime pour l'envoyer au supplice , c^ 
répugnait à son cœur d'homme et encore plus à sa 
conscience de prêtre; la laisser publiquement s'échapper, 
c'était se déToner hdHBiéme à une mort certaine 1 TeUee 
étaient les pensées que^ diemin frisant^ fl roulait dana 
son âme.. 



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LB MOAYANDi 197 

tepeiîdaiit w» 4en gendaniM» appNieliii«il île la 

maison qui avait donné asile au vertueux prêtre; déjà 
ils étaient près d'arriver j lorsque s'adressant tout à coup 
à son compagnon d^annes : « Camarade , hd dit-il^ il ne 
» flmt pas qoe le gibier nous éekappe, cernons la maison ; » 
et tandis que, en exécution de ces dispositions, le satellite 
dévoué aux ordres de Robespierre , se postait d'un côté , 
loi accourait rapidement par la porte opposée. Le criminel 
dénon^alenr avait dit vrai ; le prêtre fidèle était là payaiit 
une dette sacrée ; il rédtaft son bréviaire. 

A la vue du redoutable uniforme , Tecclésiastique fris- 
sonne, le livre lui échappe des mains, c Sauve > sauve > 
9 M dit alors une voix amie , sanve Hen vite; sons ce 
» coetnme qnl t^eflWiie^ reeonnais nn confrère» nn ami; 
» néanmoins, sauve-toi bien vite> car Je ne suis pas seul ; » 
et le prêtre, stupéfait, s'échappait rapidement, et le gen- 
darme, grommelant de ce que» disait-il» on les avait 
trompés» r^olgnalt son coBègoe qnl ne soupçonna pas la 
pieuse fraude (i). 

L'année qui suivit le départ des alliés, fut une époque 
bien terrible pour la France. La présence de tant d'étran- 
gers» qu'il fallut nourrir et payer » l'avait épuisée. Les 
récoltes» que des pluies continneUes avaient gâtées» pro- 
duisirent peu et mûrirent fort maL Aussi, une disette 
terrible et dont le Morvand , en particulier , souflfrit beau- 
coup» se manifesta bientôt. Au printemps de Tannée 1817» 
le Ué'devint si rare» qn'û coûtait 12 ou IS fr. la mesure ; 
le pain se payait jusqu'à 00 c. le denoi-Uiogramnie ches 
les boulangers; les pommes de terre se vendaient 16 ou 
18 fr. les deux hectolitres et demi; le vin valait 1 fr. la 
bouteille. 

La plupart de nos Morvandeaux se nrinèrent pour se 
procurer quelque peu de mauvais pain. Un bon nombre 

(1) Ces faite nous ont été racontés par le héros lui-même: 



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198 LE MORVAND. 

jusqu'à h» ndisMMi , fui henrenseinent fbt iprécooe et ^bon» 

dante. On se nourrit, dans les campagnes, d'herbes sau- 
vages cueillies dans les prés, de racines arradi/ées dans 
les toél» j et d'autres Tés^tanx aussi niallaisant9 qpt âé- 
geûtants» On rencontrait » çà et là , des personnes pttes, 
livides , exténuées de besoin , et même tombant de fai- 
blesse le long des chemins. L'enfant, à la mamplle, de- 
Biaudait en vain au sein uiaternel une nourriture que les 
privations avaient taiie; son alné^ rédamant du pain, ne 
recevait^ le plus souvient, que de brûlantes larmes dont 
une mère désolée inondait son visage. Et .pourtant on ne 
ttumuirait point, on n'accusait personne ; on se résignait 
UTos moBurs ont bien changé 1 Jbe pne^le^ctes canpignes 
a toifjours dési^ cette ioneste époque sons le nonide 

mmÊvaise année. 

Dans ces tristes circonstances, une bande de dix-sept 
voleurs, poussés par la passion du mal autant ^e par Ut 
nécessité et le besoin, forma une horrible société ^ pmla 
la crahite et l'effiroi dans la partie sné de notre contrée. 
Ces misérables, réuuis des communes de Préporché,de 
La Roche-MUay, de Semelay et de Villaponcçon, se livrè- 
rent à diveo excès; ils attaquèrent, entre autres , le dift» 
teouâe Bouton, situé près deVerrières-sous-Gl^e, oùPun 
d'eux trouva la mort devant la résistance énergique du pro- 
priétaire. Une seconde bande de huit malfaiteurs, ourdit, 
en revenant d'une foire de iQhâteau-Ghinon » r ahominahlo 
oomplot d'assaasfaier up pauvre meunier de ifilli^Bourçon 
avec toute sa fanille ^ pour enlever l'argent qu'il possédait , 
et l'exécuta en partie avec les horribles circonstances que 
nous rapporterons ailleurs. Ces brigands étaient vulgajyNK 
ment nommés ebauffewn, à cause de la barbarie avec 
laquelle ils brâlaient les membres de leurs victimes pour 
les forcer à déclarer où était leur argent 
Arrêtés par . suite de cet affreux assassinat ^ ces derniers 



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L£ MORVANO. i99 

tÊcuà tAéÉlB dâvait la oonr iirévOtate dt lalQèm» et 

condamnés au supplice capital ^ qu'ils subirent à Gbâtean- 
Chinon. Le terrible instrument de la justice humaine fut 
dressé sur la princij^ale place de la ville > où sept d'entre 
eax toeat exéoit^ en présence d'une foule iaust^iae de 
^ersotties qoe la nouyeaiité da ^eetade a¥aU aHirée& Le 
gouvernement, en punissant ces grands coupables dans les 
lieux qui avaient été témoins de leur uûme» voulut donner» 
]^ là, im exemple salut^e h notre population et la dé^ 
tourner à Jamais de pareils attentats. 

Les années qui suivirent , furent une époque de prospé- 
rité et de bonheur pour le Mor^and comme pour toute la 
France. Les guerres continuelles qui, pendant plus de 
vingt dm, a?«îcMl evs^nglanté le sol de rJËaropeet avaieat 
armcbé tant de braa à Tagricullure , ayant entièrement 
cessé, nos Morvandeaux s'occupèrent activement de la 
culture de leurs champs , tandis qu'un gouvernement doux 
et paternel faisait fleurir le commerce et rindwtrie. Aussi 
le règne de Louis XVIII» qui finit par la mort de ce 
prince, arrivée le 16 septembre 1824, laissa de pré- 
cieux souvenirs parmi eux. « C'était un bon roi celui- 
» là, • répètent-ils souvent encore; mais leur extrême 
créduUlé, eipleilée en leur a àimé qn sentiHient 
bta différent sur son successeur, comme qoqs le dirons 
bientûu 

Par suite du concordat de 1801, le Morvand tout entier» 
ai ce n'est la partie con^fise dans le départemeiU de 
l'Yonne , qui M unie au diooèse de Troyes, était ra^mé 

sous la juridiction des évêques d'Autun. Mais les antiques 
^égcs de Nevers et de Sens ayant été rétablis en 1822, en 
vertu du nouveau concordat conclu le 11 juin 1617 entre 
le Tci de France et le souverain pmitife , la partie comprise 
dans le d^fia^tement de la Nièvre, fut donnée au diocèse de 
Nevers; celle renfermée dans le département de l'Yonne, 
à celui de Sen& Les nouveaux prélats, après les soins 



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MO LB IfOAYANp. 

donnés au albim les plus mgaitesy s*empgsslèNité< 

visiter te»» dloeésàtedn Momnâ» Partout les popola» 

tioDs montrèrent le zèle le plus ardent et accoururent en 
. foule sur leurs pas. Mais nulle part peut-être l'affluenoe 
ne Ait aossi gnuMie qu'à Oiiroaz» à Montsandief à AlUgay, 
ofe Mgr Millanx» éfèqae de Nevers, administra, an mois 
de septembre 1825 ^ le sacrement de Confirmation. De 
mémoire d'homme ces paroisses n'avaient reçu de visites 
^^iscopales, aussi Télan fat-il. général Le nombre des 
fidèles de ces paroisses et des communes voisines M si 
grand) que le prélat se fit contraint^ à caose de llnsafli- 
sance des églises, de confirmer sur les cimetières et les 
places publiques. Le jubilé. séculaire, qui se célébra deux 
ans pins tard» fui aussi une époque d'entlionsiasnie rdi- 
gienx poarleHorvand;Iafoiet la piété, Bue nos boule- 
versements politiques avaient tant affaiblies, se ranimèrent 
alors dans les OFurs. 

La révolution du mois de juiUet 18^, qui reversa la 
trtoe de Gbailes X, trouva de nombreux partisans pamd 
nos Morvandeaux. On répandit alors le bruit que ce prince 

voulait rendre les dîmes au clergé^ rétablir les corvées et 
même faire manger de l*herbe au peuple* C'en était assez 

pour faire applaudir à la chute du mônarque.régnant et de 
sa dynastie , et pour rendre populaire ^avènement de la 

branche d'Orléans. En effet, rien n'effraie autant nos bons 
compatriotes que la pensée du rétablissement de la dUne 
ecclésiastique; c'est pour eux comme un oaudiemar 
qui les oppresse et ne leur permet pas pour ainsi dire de 
respirer. Aussi, à la faveur de cet épouvantail puéril, 
on leur fera croire les choses les plus ridicules, les plus 
absurdes même. Gela se comprend presque de la part 
d'une population généralement pauvre on peu aisée, et 
qui, dWeurs, accorde beaucoup à la créduttté et peu 
au raisonnement. 

* Le règne de Louis-Philippe , qu'on a nommé à juste titre 



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us MORTANft. 201 

le gouvernement d* argent et du bien-cire matériel, a été, 
nous devons le reconnaître, très-favorable sous ce rap- 
port aa Memiiâ^ Ji«iae4à si abandonné. C'est pendant 
les tt-Mr années qn^ a* diiré, qu'ont été Jetés snr les 
rifières et les torrents ces ponts nombreux que nous 
remarquons dans nos montagnes, et qu'ont été exécutées 
ces routes^ aussi belles que commodes, qui les parcourent 
en tons setts» L'agricotHoDre, de son cdté^ a été encouragée 
et a ftit des progrès notables. L'instruction a été pro- 
pagée; mais malheureusement, l'éducation n'ayant pas 
marché de Iront, il s'en est suivi, ici comme dans le 
reste de la Itanee, une désorganisation ftineste dans les 
idées et les principes religieux et moraux , tellemenl 
que nous reconnaissons à peine aujourd'hui le Morvand 
d'antrefoiSi Hais continuons à suivre Tordre des événe- 
ments 

En 1832 , le samedi 28 juillet, un affreux incendie qui, 
en moins de deux beures, consuma le village de Planchez 
et en fit un monceau de décombres, fournit aux habitants 
da Homuid f occasion de montrer lenr esprit de compas- 
sion et de cibarité. Soixante -sept familles avalent été 
réduites à une extrême détresse , sans vôtcments, sans 
pain, sans asile. A cette triste nouvelle les cœurs s'émeu- 
vent; de fontes parts des qnêles s'organisent, d'abondantes 
aomdnes sont recnefllies, et le désastre est promptement 
réparé. Cette même année, un léger tremblement de terre 
agita tout le liorvand. Déj\H cinquante ans auparavant on 
avait ressenti une semblable secooèse. ' 

Men n'est plus nuisible à notre contt^e qu'une longue 
sécheresse. Le sol, par suite de sa nature arcnacée et de 
sa position presque partout très-inclinée , s'égoutte rapi- 
dement et demande^ par conséquent, à être arrosé fré-^ 
quemneMt Bn 18(4, «ne lèmpératare extrêmement élevée 
se déclara au commencement du printemps, et pendant 
deax mois entiers 1^ moissons subirent les rayons brû- 



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I 



202 l£ MOR\ANO. 

lanls d'un soleil de feu. Bientôt la végétation s'arrèia et aos 
campagnes furent menacées d'une épouvantable stérilité. 

Naturellement religieuse , la population du IMorvand 
devait, en cette inquiétante conjoncture, se tourner vei*s 
le Ciel et sentir se ranimer ses sentiments de £6i et de 
conliance. Elle eut, en effet, recouis au Dieu 4e ses pères, 
et réclama hautement ses anciennes miséricordes. Bientôt 
des processions se forment de toute part et se rendent 
pieusement aux lieux les plus renommés par la dévotion 
populaire. La ville de Ctiftteau-Cliinon tout entière , les 
paroisses d'Anost, d'Arleuf, de Cliaumard, <ie Gorancy, 
d'Ouroux, de Planchez, s'acheminent vcisla chapelle de 
Notre-Dame-de-Faubouloin , bâtie sur un rocher, au 
milieu des bois de la commune de Corancy. La cliapelJe 
de Samt-Bemard de Chassy , celles de Notre-Dame-de- 
Grâce ii Bar-lc-Régulier, de Saint-Marc h Dun, de Saint- 
Grégoire ù Sainte -iMagnancc devimrcnt l€ bai de 

semblables pèlerinages. La pluie ^ qui survint le lendemain 
du rendez -vous général à Notre-^Bamc-dc-rFaubouloin^ 
contribua beacoup non -seulement à entretenir, mais à 
augmenter la confiance des fidèles envers Tauguste Vierge 
honorée d'un culte spécial en cette affreuse solitude. 

De cette époque, jusqu'à l'année 18A6, le Morvand 
nous offre peu de faits d'un intérêt général et dignes 
de remarque. Il était alors tout occupé à la confection de 
ses chemins et k fonder les ponts qui devaient servira 
franchir les rivières et les torrents. La plus importante 
des routes qui traversent le Ilaut - Morvand , celle qm 
met en rapport direct les villes de Dijon et de Nevers , 
fut exécutée, de 1836 à 1840, aux frais communs de 
l'Etat et des départements de la Côte -d'Or et de la 
Nièvre. Le pont, sur lequel elle traverse la rivière de 
Cure, auprès de Gouloux, et dont la construction coûta 
quatre-vingts mille francs , est , par sa masse et son élé- 
valion, par sa longueur et l'imporUace ^e ia cbami^ 




208 



qui unit deux montagnes, le plus reinurquuble de tous 
€eax qui existeoi daas noirs «nfticéa. U iui fifilettieltar 
' ment inauguré « Tannée de son adièvement, en p ié— te 
<tfe 1f.'Mpln ittnë, ntm piummsm ^9ÊoML ^ ^ omir de 
cassation et député de Clamecy , des auloritcs admioLstra- 
'Uves de i^arpondissement de Cliâteau^iiinoo et diiiagr«uid 
i QW ÊKom dB'peiyic» el nMimé Ami^aOïi^^ evMnmIr 
4e nmmm à la pitoaMe inflaenee dMpMi MdMdft; 
mais il est plus connu aujourd'hui sous le nom vulgaire 
de Pont'du'Saut t à cause de la magnifique caiscadegni 
•koBdit 4 cmt mèm fiut Imt, et qnt ûhm «ne des 
coriontés-mtorallesda Menoad. IVois aw phit-taixl, en 
inaugurait aussi le superbe pont-aqucduc tle ^lontreuilioii , 
ouvrage digne des llomains ^ et servaut au pasuge de la 
»rigoto4e dérivaiton , f id ports, p» fertfèdMieiwdel^ 
ffvièM â>Yoiu dn le4B«^ 

' L'année 18i^/i vit la bénédiction et la pose de la 
première pierre de la somptueuse basilique des Waccs, au 
eaaion de Loirmas. <]flltexéid6iaei»» ia tto.eolfuandiP 

'têOÊÊL -WM OBioaciÉS iTtiTit été MiTiniM êtSÊiÊÊÊk- Immi 
, ee fit aussi en {véiÉnce de êL Dof in aind, dû|Mg|é 
de l'ai'roodisscmcnt, des çurés cl des maires de toutes les 
communes environnantes, d'uue foule de peuple, et juti 

-iOiiimpi^ cent m foii.ff4pMes» dt dew «aiiiUDdé- 
fMiséis«rle«MHBt4e \Mlnm nonttgvte guldiMhMile 

vidage , au nord. 

Aux mois 4'ao.ût et de sepleiBbre do l'ânnû^ i^k^^a le 
; MMvand t«it.eolitE âii ]teé.|MijtiMrid0 -ifkm tUMtod ^ 
4L HBtUiiM la plus ^idtMMte. n ii^tgiMeît:tf<iB M^i 
' d H a e wiik es , qui s'était répaudu de loulo part avec une 
«e»ees8ivairapjdité. DescUaleucs^ Jiusii IcwguQSiQ^e îi^riQ^, 
::»aiM|t«iraddtt teddHi de rt win» f « ié «teyipi É > itfim- 
.«nUen «t II «a dtaH tfMild4q«iiiqiw V^m- 

dence et la malveillance eu causèrent bientôt ^n pHis 



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204 US MO&YAND. 

Hurigny-rEglIse, de Saint-BraBotor, de Saiiit«GennaiSr 

des-ChampSy de Saint^-Léger-de-Fourcheret^ eurent leurs 
incendies. 

• Soudain mille bruUa étranget se répandent. De&iinées 
d'inceQdfaÉret, élt^Uf peuplent les forêlt» rMeit anteor 

des haies et des buissons ; ici , on en a vu quelques-ans 
fuyant avec ragUité du daim et la rapidité du chevreuil ; 
là^ fmkpies «rtresont été arrêtés* encore munis d'objets 

propies à propagiv Vékéwmi dévastateor. Ghacpie 

jour^ la renommée, qui grossit tout ^ apporte la nonv^e 
de plus terribles incendies et assigne à telle ^e ^ à tel 
kouiy^oa viUage le Jour de son propre désastre* 

BBrayés pat ces contes * nos crédules campagnards 
s'attendent à tout instant an nudUeiir redOMté et m 
prennent plus de repos. Qui n'en a pas été témoin, ne peut 
se faire une idée exacte de l'agitation et de refTervescence 
qui régnaienldansloatel'iftattdiis de la contrée* ra» le 
noté pardcnUèrement A pelae le solea dt«lt<41 descendu 
sous l'horizon, que le son du tambour, les décharges 
répétées d'armes à feu* des cris lugubres* annonçaient au 
Ml goft les populatleas* de retour des travau des 
cbamps* se tenaient sur toms gardes et vefllaiait prte de 
leurs habitations. 

Le sous-préfet et le procureur du roi de chaque arron- 
dlMMent compris en Monraod* se leadiieat ém «ce 
montagnes et en parcoururent les cominmes ptmk fis- 
surer les habitants ; mais leurs avis et leur autorité furent 
méconnus par des gens disposés à ne céder qu'à la peur; 
quelque» personnes* en proie à Texiattation* osèrent même 
leur adrener dès paroles ImqMdneases et te menacer 
de violence. Un fort détachement de dragons , envoyé 
de Nevers* parcourut la partie nivemaise du pays, afin 
d'y réIaUir l'ordre^ Ui semUable détachement » Tcna 
d'Anxerre * en fit autant pour la partie afillonnalBe. 

Qui serait étonné d'apprendre qu'au milieu d'une telle 



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U MORtAND. 905 

agitation et sous Finflaence de semblables idéesi on crat 
Toir parloat des inoendUdres? £q effets un olieaii qtf 
envolait Inaperça d'un baissons on animal dans sa ronde 
de nuit, ou toute autre cause, devenaient autant de sujets 
d'alerte 9 qui mettaient tout un village en émoL £t comme 
les battues n'amenaient ancane découverte» on se livrait 
anstitAt aiix réieilons les plus ridieales , lés pins àbsardes. 

Ici , c'étaient des iphysiekns tfuî tweugUdent le mmée ; là , 
des hommes malfaisants, qui avaient le talent de se méta- 
morphoser en bêtes à volonté!..,. Pauvre peuple! quelle 
Itiste Ignorance au mOien du tièeU de$ hmmièreel 

De la prédpitalkm et de la méprise lésultèirent soirrant 
de graves accidents. A Brassy, à Island-les-Avallon et en 
divers autres endroits, des gardiens de nuit tuèrent ou 
blessèrent des voisins inoffenslâ. Inutile de ^re qu'il «dt 
été f dans ces graves dreonstances , împnident et fort dan- 
gereux de voyager, surtout pendant la nuit. 

Tous ces bruits, toutes ces alarmes, toute cette elTer- 
veseence cessèrent avec la pluie qui tomba vers le 20 du 
mois de septembre. Revenus au calme et à la réflexion» 
nos campagnards, qui avaient accusé les nobles et les 
prêtres d'être les instigateurs et les soutiens de ces malfai- 
teurs imaginaires, eurent en quelque sorte honte de leurs 
discours aussi absurdes qu'injurieux, et déposèrent leurs 
préventions. Mais nos Morvandeaux ne reviennent quel- 
quefois d'une idée ridicule que pour eu adopter une plus 
ridicule encore. A cette époque commença la putréfaction 
des pommes de terre, et cette maladie, qui, chaque année 
depuis, a atteint ce précieux tubercule et menace de 
nous en priver totalement^ fut encore, en divers endroits, 
attribuée aux prêtres. 

Pourquoi le peuple cherdie-t-il dans le deifgé la cause 
de la plupart des maux qui l'affligent? Pourquoi trop 
souvent veut-il voir des ennemis dans ses pasteurs, eux 
qui , par état et par éducation, sont appelés à prendre part 



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206 LB liÛftTANIIi 

à tontM 8M visèMi et à soiài^svtrl^ tout iM n»f«B^ 

en leur pouvoir y ceux qui sont dans la sovIfhiBfe et les. 
PQiaea? Jïous ne pouvons en trouver la source ailleurs que 

pcriUOfaes et soclayi» ft.dans. lus m^wraim docUim 

répandues h profusion dini cm demlers ten^ 

i^r suite de la puti-éfaclion dont nous venons de parler, 
et in la iB#avaifi« rjécoUe de céréaie» qui oui lij^a ea 1646»" 
ini04tt8^.g^ larteafiUe^a- tonte, la Vtvm «I jAvlhsH 
lièrcmeDt bos montagnes, toujours peu «pprovislooiiéeti 
Mais grâce à la charité publique, qui iit'des prodiges de 
généfotitâ» m iHarvaiMieaiix Éprouvèrent uiie géoe'iaAc- 
(NNittmé0 el DOiiiifteilwiiBe. le |>ri]i M n'^isoédaf at. 
huit fram leâoaWe-déeflâltFe » elacehri p«ii tmrtiMtof 
centimes le deiiil-kilograniuic. 

Comme U arrive souvent, l'abondance rempla^ai»ioatOt 
la disette. La r^ter de 1847 ùA jA ppodnoUven qêm le 
mtim poUa dopatai descendu sahiteaent h dooeecontiim. 
Le seigle, qui se vendait, quelques semaines auparavant, 
six francs le doubla décalitre , ne valut plus qu'un franc 
treote-ciim ^ttmei» Lea a^e^ cérda]^ ai la via ndvlraat 
la mé^ie décfoiaumco da pvMu 



# • 



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CHAPITRE Xm 



éU/KOMtuum^ rtllffieax, «tllict rcciKiBiniNM. 



Mb 4m l^Hmee «éqérala > lorMpi'tfM féfoItttM 

subite > inattendue ^ renversa , le 26 février 1848, le trdne 
et la dynastie qu'une autra vévoliitkiià avait fondés dix- 
Imii an» mÊpàimÊH, H mtw la pmli«iili«ii 4ê la 
ffépnklifte^ Cat é^ êo m m, fompt €ùmm la tmèf. 
Jeta tous les honnêtes gêna dans la atUfmr et la conster- 
nation. On craignait avec raison que cette jeune répu- 
lilique na aariMl aitr les tsaoas ù^sau aloéa. JLe sMivaiiir 
te fioaaidptlflaa at das aaéasttona aanglaiitaa ITM 
était eMorasipréaeirt à lowlaïaapriti! Mais le peupla da ' 
nos campagnes , toujours anil de la nouveauté , salua son 
avénamaat avao nne lorta aqtiiaBalaaiBa. D'ailiauia , il 
paialt qna m tom 4e doahier était aiiifé» at tt aapé« 
rait que la république lui fonrniiiit la moyen d'augmenter 
^ son bien-être aux dépens des personnes dont la fortuue 
excitait qaelqœ peu sa JakMisie. Cest avao aiia véi4Ulila 
trislissa tMiatataiia ici 1* faneala chanaainint 

gai #ist opéré dans las esprits de nos Morvandeaux^ 
depuis la douloureuse époque de 17d3. Il nous est éga^ 



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208 MOAYAMa 

lement pénible dédire^ avec tow les honmies sensés^ que 

le gouvernement de Louis-Philippe y avait coopéré en ne 
propageant pas suffisamment et en ne soutenant pas avec 
asses de zèle les principes vrais et scriides ^ sans lesquels 
mille société ne peut subsister Icmg-tempsi L'ei^éiience 
ne Ta que trop prouvé depuis. 

Au récit des événements accomplis dans la capitale , 
nos Morvandeaux couun^côrent à sourire ^ et bientôt à 
parler plus haut que de coutume. Dans plusieurs endroits 
on en vint à l'émeute proprement dite. Les anciens droits 
d'usage et de pacage dans les forCts seigneuriales pu furent 
partout le prétexte et souvent la cause première; on en 
demandait la restitution prompte ^ immédiate. H faut 
convenir que le dépouillement quelque peu injuste de ces 
anciennes concessions , jadis faites toutes à des conditions 
onéreuses et payées à prix d'argent^ ainsi que la rigueur 
éUi lois Ibrest^èras actnelles> imt>iédnlt.l& f&pMkm 
morvandelle^ un état de bien grande gêne pour la nour- 
riture des bestiaux et pour le chauHage. 

; Yens le milieu de. mars^. les babitants. d'Adeuf , réunis 
en grand nombre > se portèrent m âmes. sur. Ghâtmm- 
GiriBon, oii.résidait le régisseur -de ht tem de Ia Tour» 
nelle. Le 20 du même mois, la population de la commune 
de Planchez^ soulevée au son lugubre du tocsin^ accourait 
tont'enttère', année de jÉsUsy'de làax^-de cogMiw,de 
piques, auchef4iettdsBeleg>«tde ro»w idiqneris»<rfrtfto^ 
Ces deux émeutes furent réprimées par l'énergie du sous- 
préfet de Gbâteau-Qûnon^ aj^uyé. de la garde nationale 
de .cette ville , et surtout par de prwkntes eoneessious 
. lÉUesj» nom des propriétaires. • • 

Tandis que ceci se passait vers le centre du pays^on vit 
arriver à bazociies, au canton deJLormes» un .rassem- 
blement de *plns de cinq cent» penoMWj amé eenme. 
les ppéeédeifB. Cette foule d'énmilers^altMnposée des 
habitants des communes de Mai$on>Dieu> de Metz-le- 



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LE MOftYina S09 

GoM et de fllMffs 9 qiU préImiâaieM awl M IM^ 

grer, de gré ou de fbrce, en certains droits dans ies fdiêli 
du voisinage. 

A loir anifét , Ik inveitimt' te «hltm, éoBt Oi tron- 
fimft Mb portes Hsmées, cl se préparèrest à 4m fotwr 

l'entrée. Dans la cour on voyait, rangés en bataille , les bri- 
gades de Lormes et de Yéielay et environ trente biHmaes 
éê mut, hU» woêA, qfà, an Iviiit ùa aoidèvesieiity 
êttàm aemm à la déftase des iiokie» eUttelaiiiSL Qm 

serait-il arrivé alors , si le digne propriétaire , dans la 
cxainte d'un malheur grave» n'avait consenti à stipuler 
airee l'éineiiie ? Le lafig eut ooidé^ sans doBte^ el la terre 
eiA été Joaebéê de ea^Ttm Mais quelques eonoeasioBS» 
faites avec prudence et à propos, calmèrent cette populace 
qai, sur un signal de ses chefs, e£tectua sa retraite sans 
eût aocoB malheor à déplorer. 

La maison de Gbastelhii , comme par ses btenfoUi autant 
que par rancieiineté de sa noblesse, entendit aussi gronder 
rémeute à Tentour de son manoir; mais la garde natio- 
nale d'AvaHoa dissipa bientét rattronpeineiit Nos campa- 
gnards, en foyavt la irépressioft énergique des soidèire- 
ments populaires et la condamnation sévère des chefs les 
plus compromis par les tribunaux , comprirent enfin que 
te mot réfmbUque ne slgi^ait pas littéralement détordre, 
. anarekie, et rtitr^at dans te develr et te cafane. 

Dès-lors le nouveau régime devait naturellement moins 
leur sourire ; mais quand ils virent surtout que^ malgré la 
rareté du nwdérafare, que te manqaé de eonfimce- airait 
M disparaître, il ftllait payer HmpOt de (/uarante-ehuf 
centimes jtar franc frappé par le gouvernement provisoire, 
ils n'eurent plus pour la république que des paroles de 
réprobation 5 et ce mode de gonvernement leur parut le 
pire detoaSi Âisst tes entendait-on réclamer contimielle- 
ment en gouverneur, et quand, au 10 décembre 1848, 
ils furent appelés k élire un président» leur joie fut au 



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pour le prtoGe LMë^^Ntpoléim Bonaparte» permdii^ qa'iis 

nommaient un empereur. 

San» Aw» anétar à éèawtt l'af&Mi Je itt rii e «li^ le 

•I «ne partie de ce village ^ et le toI sacrilège qui , dans 
la nuit du 25 au 26^ dépouilla la vieille église de Duu-les* 
J(\aa» de tous ses vases sacrés» veMM w ébidinf eè 
tcrrtUe MfMit il« Omaie, il aaiMe «ofà ekap» IdH 4M 
Ift FMce M^tM iévolsliett < eette cmdle épldéaale se 
liiarge de l'en punir. Eu 1832, Paris et une partie de 
nos villes de province Aoreni .ùéc^méê par Mite fuient 

qu'ici impuissants }^ Mit elle êivûL fe^McM le Morvand, 

bien qu'elle eût ravagé Auxerre , Clamecy et Nevers. 11 
n'en fut pas de même hmqjàQ, eià i84d, elle fejNtflIt 
tout aiwi ve^uuUQ tff^ te piwlàr^ IM^ Mm nos 
HKiDtagaeSjFn«iBt lieorensoS) eu épmivèmt tristes 
atteintes. La présence du asiatique fut constatée, au 
mois de juin , à Cliâteau-Cl^iiion» pays qui j^yiit povrtaiil 
d'oo air pur et tffto-wl% Ijpr s^dsotte^rftiapenQiu^ 
présentèrent les eftrayaiil» symptdoMsde la mkdie el en 
ressentirent les insupportables douleurs, trente-sept suc- 
combèrent sous la violence des spasmes^ De ce nombre 

furent supérieure de fhmtii et la mm In^nnièra; 
eelle-cl monmt vieti«iedeeaebarllé. U lendemite, tente 

la viUe en larmes aeoompagnait les restes mortels de la 
bonne sœur h leur dernière demeure , tandis que Dlm # 
dans le ciel» couroQoait sfs vertu» f^vrétiennee etMroiiaeà 
A U Cbaiae» près 4e Plancbei» vfogt peflointe fitteel 

emportées au mois de septembre. A Bazoclies on signala 
cinq cas seulement. Le choléra se déclara aussi dans les 
faubourg» de Cûus^# à ÀvaUou) nais il y pen do 
vletime& 

Tandis que nette emile épidémie agissait sur les corps. 



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une antre maladie ^ non mote ttrrlUt dans ns efllKs, 

travaillait les esprits et les corrompait de toute part, 
en Morvand cofiuoe dans le reste de la i'raoce «ou» 
- TOuloBS narler du aocialisme. ies docurinda poryeraest 1^ 
écrita iacaod^res» répandus avec «ne effrayante protoion 
et une infernale persévérance , produisirent bientôt des 
fruits empoiisoaQéâ. Nos Morvandeaux , si accessibles à la 
corruption^ à cause de leur grande crédulité » ne aurent 
pas sa préserver des atteintes du mal qui minait notre 
▼iellle société française , et menaçait de renverser la civi- 
lisalion européenne pour la remplacer par la barbarie et 
et l'impiété, Dé^, m ils avaieut» eu général j> voté 
piMir envoyer à l'assemblée législativo des représentants 
de la nouvelle hérésie politique ; déjà la partie nivenialse 
s'applaudissait d'avoir contribué à l'élection de deux socia- 
listes, sortis de ses montagnes, lorsq^ue les idées démago- 
giques^ grandissant toi4our8^ finirent par diviser les voisiné, 
et même les familles , et portèrent le trouble et la dis- 
corde partout. Ou entendait de tout côté des menaces 
contre Tordre et la paix publics ; les bommes bonnêtes 
et inoflensUs^ souvent même ceux qui s'ét^nt montrés 
les plus bienlaisants 9 s'entendaient assigner effrontément 
ii 1852 , époque fatale où tous les pouvoirs politiques 
devaient être renouvelés j lorsque le Prince-Président de 
la république^ par smi coiip d'Jît^t du 2 décembre i^i, 
vint, en accomplissement de sa promesse , rasmrer les bans 
et faire trembler les mcckants. L'iiydi e du désordre, blessée 
à mort 9 fit entendre d'horribles sifflements. £lle agita ses 
sept têtes et montra autant de gueules béantes et prêtes 
au oamagei k Paris , à Glamecy et dans plusieurs autres 
villes, les nouveaux Uobespierrcs montrèrent ce qu'ils 
réservaient à la société si, par malheiu:, ils avaient été les 
maîtres. Mais vaincus et désarmés partout, ils allèrent, 
dans la personne de leuis chefs , ^pier dans les.prluws des 
erreurs bien déplorables et trop nombreuses.^ A Âvalion,. 



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2i2 U MÔRTAm- 

à Quarré-les-Tombes, à Château-Chlnon , à Lormes, à 
Luzy^ à Montsauche^ à Moalins-Ëngilbert, à Ouroux^ k 
SauUea et dans plusieiirs autres endroits , il y eut des 
arrestations ; mais an bout de quelques semaines de déteh* 
tion , la clémence du Prince-Présfdcnl rendit les inculpés, 
à peu d'exceptions près , à la llLerté. Plaise à Dieu qu'elle 
les aie aussi rendus au repentir et à de meilleurs senti- 
ments 1 

Mais laissons enfin ces récits affligeants pour jeter un 
coup-d'ceil rétrospectif sur la première période séculaire 
qui ¥ient de s'écouler. La main qui détruit est toujours 
plus habile que celle qui édifie» n suffit, à ht fin du der- 
nier siècle , de quelques Instants pour anéantir tous les 
établissements religieux fondés par la piété de nos pères. 
Les abbayes^ les prieurés , les couvents de toute espèce « 
qui avaient coûté tant de sacrifices, et oii la piété èt la vertu 
avalent fleuri si long-temps , disparurent tout-à-coup de 
la surface du sol morvandeau. Plusieurs églises, bâties à 
grands frais, furent ou démolies ou affectées à des usages 
tout profanes. Ce que le dlx-liuitième siède avait pris à 
tâche de détruire, le dix-neuvième s'est ellbrcé dé le 
réparer, non pas sur une aussi vaste échelle, mais du 
moins autant que les circonstances et ses ressources le 
lui ont permis. Ainsi , pendant ces derniers cinquante ans, 
nous avons vu les Ursulines rentrer dans leurs établisse- 
ments d*Avallon et de Corbigny ; les sœurs de la Charité 
chrétienne de Nevers reprendre le soin des hôpitaux de 
Ghâteau-Ghinon et de Moulins-£ngilbert« fonder des mai- 
sons à Lormes, à Saint-Hflaire, à Onlay, à Yandenesse, à 
Ouroux ; celles de Saint-Vincent^de-Paule revenir à l'hôpi- 
tal d'Avallon ; celles de la. Providence de Vittcaux, appelées 
à la direction de celui de Sanlieu, fonder un second établis- 
sement dans cette ville , à Rouvray , à Quarré-les-Tombes ; 
celles de laPrm>idf«icerfePorfi«ia?àMontreuillon, à Alligny, 
h Dun-les-Places ; celles du Saint^Sacrement d*Autun à 



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LE HOUTANa 31S 

Anost^ à l4iceiiay ; celles de Saint^osepk de BeUay s'éta- 
bMr .à Sermayes, à Saint-Léger-de-Foiigeret;. celtes de 
Saint-Paul de Ckartres prendre le gouyemement de l'hô- 
pital de Luz}' ; celles de la Croix-de^Saint- André de Poi" 
tiers former des succursales à Bazoches, à Chastellux; 
celles de la <Sainte-jFVimt^.s'éta])lir à Saint-Honoré^ et 
en&i celles de Llgoy-le-Cliâtel prendre la direction de la. 
uilLe d'asile d'Avallon. On trouve des établissements de 
frères pour les écoles à Avallon^ à .Gbâteau-ClûnoUi «i 
Gorbigay^ à JU>rnies> à AJDigny..... 

Hais le principal de tous ces établissements 5 cdol qni, 
par son importance^ rappelle les anciennes abbayes fondées 
par nos pères, est le monastère de Bénédictins de Sainte- 
Marte^-lor-Pierre-qui-Vire, bâti au sein des forêts^ qui 
couvrent la partie méridionale de la oommime de Saint- 
Léger-de-Fourcheret ^ au canton de Quarré-les-Tombes. H 
a été ainsi nommé d'une claire fontaine^ dédiée à la sainte 
Vieige^ on ne sait qqand^ ni par qui ^ et d'un dolmen drui- 
dique^ monument grossier d'un ^ barbare et d'un culte 
sauvage. Le Ueu où û ^âève^ désert Inculte 5 dont le 
silence n'est troublé que par la voix du torrent qui bondit 
au pied du rocher sur lequel il est construit, fut cédé gra- 
tuitement an vénérable abbé Jean-Baptiste Muard^ fon«. 
dateur et prender siq^iérieur^ par la maiscm de Chastellux, 
dont nos montagnes publieront long-temps les vertus et les. 
bifflfflU^ 

lie nouveau monastère^ ièndé.en Juillet iS41^^ n'étaU 
qu'à deml-acbevé» lorsque les bons religieux voulurent 

prendre possession de leur solitude et commencer leur vie 
anstère et pénitente. La bénédiction des pieux cénobites 
et leur prise d'habits eurent lieu le S octobre de l'année 
suivante,' dans Téglise paroissiale.de 9aiol-I<éger, juste 
au milieu du dix-neuvième siècle. 

A cette cérémonie , si belle et si touchante, assistaient 
plus de quatre-vingts pMm,, toutes les autorités de la 



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LE MOaVA^O. 

comimitfe y la garde nationale et une loide de Mêles de 
tont Age et de toute condition , évaluée à quatre mille 
personnes environ. Des larmes d'émotion et d'attendris- 
sement coulèrent de presque tous les yeux > lorsque les 
hom pères , étendus sur la datte du sanctnaire, pronon- 
çaient les vœux solennels d'an cnga^^cment volontaire, et 
commençaient le sacrifice qui ne doit finir qu'avec leur 
Tie. Le soir^ Rassemblée tout entière, rangée en une 
iongne procession , veidut accompagner à travers les 
forêts, jusqu'à leur solitaire demeure, les dignes reU^eux, 
dont clic semblait ne se séparer qu'à rc^t. Il H'cst donné 
qu'à la i*eUgion de produire, d'un oôté, un dévouement si 
admIraUe, et d'excîter^ de l'autre, un si vif et €l atten* 
drissant enthousiasme ! 

Wflées par les révolutionnaires, en 1703 , les églises du 
Morvaud conservèrent long-temps les traces de leurs mains 
sacrilèges et présentèrent, pendant i)iendes années, f asiiect 
le flhis pauvre, le plns«fllgeant Mvécs de leurs pasteurs 
dans ces circonstances malhcnireuses , la plupart demeu- 
rèrent ensuite dans une longue et triste viduité. Lorsque 
des jours tteffleurs cMurent perBtds asidei^gé de se recmfeer 
et éte féparei^ «es peites, le veuvage cessa, les nonveasi 
pastewrs ^occupèrent aivec zèle du soia de la nmfson de 
IMeu et pourvurent à son embeiiissement autant que leow 
Mbkes ressources le permirent 

Plusieurs de ces églises, ne présentant plus une grandeur 
en rapport avec levionbpe des fidMes qui y venaient prier, 
furent augmentées. Nous citerons , entre autres , celles 
de Lszy, de fiiismes, d'Anost, de €u8sy-en-MofviHid, 
dWang ) 4te Cervon , 4è €kK , Afligny , 4e ^2otioflx , ^ 
La ftoche'en-Breny, de Mellpiié, ^e^ffanehes, éè^Quarré- 

les-Tombes, de Liernais, de •Saînt-îîrisson ; d'autres 

n'oHiant ni Tespace nécessaire, ni nne solidité «uffisaate^ 
cHt'SMS VMOttsfeNtles ^n ^afier , ec WMrt ^^ttes die CUMcao* 
CWbmi I AiMt , ^8e 'Meuessalre , de fi8lnt*^Édicr^#&* 



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I 




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Ummié$ lé» 4SiÉrtr-«M<f r wm émmi «i ^ MH»- 
Piacus. Crtte 4eniièit , Mtie m cwiÉ Be é8 fa i—ini n i » à 

pbis de trois kilouièlres de raDcicuue^ est uii magnifique 
MOAiuBent <Ie style xojpom 4ft w |iii9if de H» iUtQonaoly 

J>tiBto ^ <pt « IwftHialt à iâ m m m M^â ée art 

édifice ; les rocbers de grauU , arrachés par blocs énormes 
d|i sein des moats^nes boisées du vois«aage> s'étaient ^ 
sous la main de l'artiste « Sêçfmé$4t «lâte jamièmiOt 
entassés par assises régulières de la base au sommet; de 
riches verrières brillaient dans ses nombreuses fenêtres , 
et une croix , ruisselante d'or et attestant la munifi- 
cence du fondateur, étincelait à la pointe de sa flèche de 
granit Le moment était donc venu de le consacrér solen- 
nellement au culte. Le 9 septembre 1851 , jour fixé pour 
la cérémonie, Mgr Dominique -Augustin Dufêlre, évêque 
de Nevers , assisté de ses vicaires généraux ^ se rendit aux 
Places, oit il fut bientôt suivi d'environ cent vingt ecclé« 
siastiques tant de son diocèse que de ceux de Dijon 
et de Sens; des autorités civiles, administratives et judi- 
ciaires du département ; des brigades de gendarmerie des 
villes voisines 9 et d'une foule de personnes de tout âge et 
de toute condition , accourues de tous les points du Mor- 
vand et des environs, au nombre de Imit à dix mille. Les 
places qui avoisinent Fédilice , les chemins , les champs 
étaient encombrés de brillants équipages : on eut dit les 
Ghamps-Élysées de la capitale en un Jour de fête. C'est 
au milieu de cette nombreuse assistance que s*accomplit 
cette belle et imposante cOiémouie dont nos montagnes, 
depuis des siècles peut-être, n'avaient pas été témoins, 
et dont elles conserveront long-temps up prédeux sou- 
venir. 

Pie IX , pour récompenser les sacrifices immenses et le 
religieux dévouement du fondateur, Marie-Augustin-Xavier 
Feuillet , lui fit remettre , en ce Jour solemiel , la décora- 



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216 LE MO&VMD. 

tton de chéraller de Mm ordre poiittteaL Quelque temps 
après, Pemperenr Napoléon III, alors président de la 
république, s'associant aux sentiments de graUtude du 
pontife , rélevait au grade d'officier de l'ordre natkMl de 
la Légion-d'Honneiir. Cet heureux et toocha&taooofd du 
chef de la miété religieuse et du chef de la société dvile, 
pour reconnaître une grande et sainte œuvre ^ oflire un 
spectacle vraiment édifiant pour tous ^ encore ^los glo- 
rieux pour cdnl qui 09 est l'objet 



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TROISIÈME PARTIE. 



DESCRIPTION ET HISTOIRE LOCALE OU MORVANO/ 



Le pays des Noires-Montagnes, ainsi que nous l'avons 
déjà remarqué j se partageait autrefois entre le Nivernais 
et la Bourgogne ; de là vint la distinction de la contrée 
en M&rvand nivemais et en Morvand bourguignon. Le 
premier comprenait à peu près toute la partie renfermée 
aujourd'hui dans le département de la Nièvre; le second 
possédait le reste. La ligne de séparation commençait 
aux montagnes de DOne, montait an Benvray, de là à' 
Glux et tirait droit à la montagne des Poiriers, à l'ouest 
d'Anost £Ue se dirigeait ensuite , entre Gien-sur-Gurc et 
Menessaire^ au sommet du Mam-Maux et à celui du 

* Qttel(ia68«ii&i de nos leoteur» aous aocuaeront peut-être d'avoir 
chargé nos notices de trop de détaUs. Noos nous ftûaioiie d'abord 
à nousHnéme ce reproche, et noos consultâmes à cet égard un homme 
dont la parole hii anlorité. M. le comte dd'Montalembert nous disait : 
« Taime beaucoup lee histoiies locales et j'y cherche avant tant les détails. 
» Si je veux lire un ouvrage écrit à grands traits, j'ai recoiurs à une 
y histoire générale. > Kous avons senti la justesse de ce raisonnement, et 
nous avons conservé tous nos renseignements. 

45 



218 LB HORVAND. 

Grand-Habrc ^ au nord-ouest d'Alligny. Passant enfm entre 
Saint-Brisson et Saint-Agnan, elle allait joindre le cours de 
là rivière de (^(^t, gréa deiUliAdie-de-Yigpaii^ à Dan- 
les-PIaces; etne-leiptillak pins josqu'^ïlerr^-PerÛiais, si 
ce n'est à Chastellux, pour donner cette forteresse seule à 
la Bourgogne. ... 

MORVAND NIVERNAIS. 



La partie niVemaise du Morvand était, la plos considé- 
rable comine la plus âjH^efr ki plus sanvage. I.à, les 

montagnes, presque toutes hérissées de forêts, se des- 
sinent en tableau plus soiobre et plus noir ; les vallées y 
sont pins abruptes et plus>profondes, le sol plus maigre 
et la. t9n)péi;at«re plus, froide» Sa in» moil^ «Ititte H^nt^ 
Morvaud> le Morvand par excellence. 
*I^IttQrKa]MLiUVjecnai& s^s jsiil^dîvisQ aju^oocd hui «nlr^ie^ 
aCTDDcMsiSfflnfints. imammx^ de .CMtim'^Ghi^ eii dsi 
damecf» Le- premier^ si o»« a eveept» I». 
Gl)aUlloû-cn-Lazois et quelques, communes de celui de 

Q^iQii^e ^dey^rca n toos e» Moiyaiid^cft «wrt m» d«. 

qu'en partie, . . 

l^'asseHiljicQjiatioualç, en décrétant,,,en 1790,.uBe.n(M4* 
velie division territoriale de la France > eut égard aui 
anciennes juridictions; ainsi la province de Nivernais 
dcR^BilOrdépartement de la Nièvre, le comté- de Cftiilsatr- 
Chinon un district de môme nom , et la puissante ch^el- 
lenie de mouUn&rjg;Qgiibiert un seeoiid- distsiot. qui avait^. 
danMmarissort la»paiioisBe»d6 ewi' a n ct w e d é ptutowei 
Aux bafllages seigneuriaux elfe substitoaid ainsi que nous 
l'avons remarqué plus l^aut^.lp^ jusa(çefi^4e.p^^i>^.ift 



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titre de cautou ; de celte manière, Château-Chiuou, Luzy» 
La Rocfae-AUlay» Mouliiis-£iigill>eit5 Montreuillon ^ Ooroui 
et Montsandie devinrent antuit de cbeis-lieitx. 

La constitution de l'an viii s'affranchit de ces considé- 
rations et ne tint compte que des besoins du pays, de la 
valeur relative des localités ou de leur situation centrale. 
C'est alors qîiè l«( àétai It^eCs ÛcUlt Mtâ ^1I6ns de 
parler, forent réunis pour composer rarrondisseînent com- 
munal de Château-Cliinon, et que les dix cantons de leur 
ûSj^Mœé b'en Mâôifbt ^ Hm iÈ»q. 



'(le èaulèlô , qui ne Coiwptalt dans l'origine que sept 
il^ifi'ôifees , renfermé «tijourd'Wtti ^qtiator;je comniutiès (1). 
mk mAkméj ^tm éh^platAs^Ms j^UsOittiiies^ii^^ 

neuf cent cinq sont en bois ; il donne naisscUice à r4fonne 
^ à plusiéUra ^titres rhièrés^et^illisdëlWx. 

A mmtbrm fmiiêi^ '\m^s?i^c. tme <#éiâ4tiii m 

gaili^iJè '^r eit attèîstée p^r quelques dolmens et autres 
tracés ^ culte drilidiqUe; fe "éâfavëÉlr'de la âoi&iliâlio& 

^ mm ^«nliyiës-çSnmi qie 'là'iM&riiftë'dRIto 'MaMMl 

de ses lioltibrés manoirs; enfiu, la cîvillsation moderne 
dMé de rmstes Aussi Inl^iâfiq^ 



(!) Lè litre de eommune ne fttt généralemeot ûoùàé «u iwroitMs 



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329 



l. 



CHÂTEÀU-QUNON , Castrum Caninwrn ou Canum, 

Cette ville , peuplée de trois mille cent vingt-un liabi- 
tants^ prenait jadis le titre de capitale du Morvand^ dont 
elle occupe à pea près le point central En 1705^ eUe fol 
nommée Chinmi4(i^Moniafnei Elle est bâtie en ampU- 
tliéfttre sur le flanc méridional d'une haute montagne, 
que sa forme et son isolement firent remarquer dès les 
temps les plus reculés et doi^ la rivière d'Yonne liaigne 
le pied. Cette attoatien Aenée- U rend firoHe,et 4ésa« 
gréable en hiver; mais en revanche, le séjour en est 
délicieux et charmant pendant l'été ; on y respire en tout 
temps un air .aussi vif ij^salubre. Les^ruesj peuaMgné^j 
prtwnisnt. généralement vm Mte ng^e et dangfrcywe 
dans la saison des glaces. 

On y remarque trois places de forme Irrigulière^ et dont 
la principale est celle du Champlin qui sert de ebamp de 
fi^. C'était -autrefois le lieu d'e^écutton 40s senteaees 
fflminrilri rendues par les pflkiers du baUfiage ; on y 
voyait alors un signe patibulaire à six piliers. Un men- 
diant j nonqpaé Noël Ribou^» C Qiff abi e d'assassinat» y fut 
soiÉpavif,enl35& Yjam .ce leqgiNà deoi femines di 
même prolesslon, convaincues d'Incen^ie^ y furent l ivrées 
au bûcher. Au mois de juin 1817, les sept voleurs qui 
avaient assasshié le meunier de Fraguy^ y furent exécutés 
en présence d'une foule immense. 

On a bâti» en 1851 , dans la partie inférieure de cette 
place y une magniiique halle dont la construction a coût^ 



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54,000 fr. (1). Le beau palais de justice qui s*élève sur le 
côté ouest de la ville» date de la même auiée (2). 
' Ia seconde place; oéllé de Notre-Dame, Tîilg^rèment 
dite place d* En-Bas, et où viennent aboutir toutes les 
routes qui rayonnent autour de la ville , a été ainsi nommée 
d'une antique statue de la sainte Vierge qui décorait la 
fiinte par laquelle elle communique «véc Hntérleur. 
' Lai trolslènie, celle de' là Mission, autrefois f^ce 
Saint ' Christophe , a été ainsi appelée d'une croix en 
pierre qui y fut érigée en 1821 , à la suite d'une célèbre 
retraite donnée par les pères Jésuites. 
* Gbâfeau-Chhion tire son nom et son origine d'une 
ancienne forteresse féodale qui couronnait le pic qui le 
domine et le couvre au nord. Cet édifice , demeure anti« 
que et Imposante des hauts et puissants seigneurs du pays , 
éprouva 9 à diverses époques , ainsi que la ville dont fi vit 
et protégea le berceau, de grands désastres auxquels il 
n'a pu survivre. Des fragments de tours » des pans de mu- 
railles d'enceinte^ dont chaque année emporte quelques 
parties ; des souterrains sor lesquels croissent des mois* 
sons, et que ni le soc de la charrue, ni le boyau n'ont pu 
endommager ; une double ceinture de fossés , que le temps 
et la main de l'homme ont été impuissants à combler , sont 
tout ce qui re^ anjôurd%nl de ce château. 
' Nous ne connaissons rien de plus beau /de plus grave 
et de plus saisissant que le coup-d'œil dont on jouit du 
haut de ces antiques ruines. Ici , c'est la ville qui git à vos 
jfIt&S»; ]k, une rivière tonrentuemie qui bondit dans m' 
ravin étMt '-ec de grande profondeur. Du nord au sud ^ 
d'âpres et rudes montagnes dressent dans les airs leur 
chevelure de forêts; à l'ouest « s'ouvre une vallée large j 

(1) Elle est due anx plans de rarchiteete Amé , d'Avallon. 

'(9) La prison a été bâtie en 1853. Cest un vaste édifice assez seniblablo, 
dans sa forme extérieure, à une basilique. Sa construcUon a coûté S0,733fr., 
et oeHe du tribunal, 89J55 fr. 



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immmi nmJmmk t^iim^^ 4firVm¥mmm 

d'eau scintiHçut au?; r^^yons (Jh so^ôU ; 40a i:outi5a#|weiMii 

mantigiMii fi4 daBs nrafondciiKi dâ& MaUi6ot- 

p^iCQt ? ^ lut raadac^e^x ^loirtel. ^ul iaIagi^a, ^. le Jeter 
dans les #1:^? c\'qu l^i vint le Vifm Çastrum Çanimni, 

Cil «t iJtfs giast^l-.«^ii<» et ÇffMm- 

^.es; w;s\ ^t pi^é la cwriosUi dles autres, 
Quelques historlograpl^es, de la ville d'Awtuu ont px^-. 
^ ^e (Q^teress^. ^va^t ét^.tl^tiâ l^m ffOk^f 

la. toAd^îjLUua de celle-ci à SamotkèSj^ petit-ûis 4e J^apiict^. 
ils ont aussi fait hpu;^ (jfi ^y^Q-lk k Qi^^m* sa Cemp[).ç.j^ 

Gl^MOA llMpl^jy^ Ait «KC^ ^ psm Q9ini«l 

est si évidenimeut fabuleuse ^i^eigi^ pe. \^ç^qi^(.Q|^ 
([ue comçj^e un rêve, çmiewx. 

dation gallo-romaine, ^.e genre de çonstruçtiou,, les ob|et% 
antiques^ tels que sis^tuettea^ médaille^ des çmpei^eurs^ 

S(SU0i^fi^9 règne entife les arcb^éi^ues si^ soi^ aatifi^ 
4ctsfw^oj^ çtj swr \'^Y\^f^iQ. itf^ ïa(à\ Qm'^min, (^i^k^uesp 



(1) Archiv. nation. 

(jy Pa^mi ces médailles, nous citcroûfS cellei* de Tibère i de Gern^a^iicus,, 
Dioclétien 



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htomidiUre qae préseote la moutAgoe» oii la neige ^ cUseâi- 
ib, apparaît tout riiiver (1). 

MAmo» JUâma» Xtfe. ds. la làoqb^ ^.«ilref y fit 
fOMi qpvJM Bffiiiima» urtt amirèK cette ipi1»gtlig»y 
Mmtaliirei* lMelto#JiiiiMi^«Mrité ég^ ptienee , qu'âs 
représentèrent d'abord avec un corps Immain surmonté 
d'âne, iête de chien ^ et enÂii sons la ligure complète de 
eette f«*ce d!MMl# eni» c'en de là i^i'eHe pril èt 
nom de Castrum Canum m €hâteaw4e9-Mmt (2). ^ 

Adrien de Valois , sntfsint une tradition antique y a tru 
ipe ce château avaU éàé ùméé par Géstf pour se donner 
le ideWr delà ettfMM el Mieriier ie imte (â)^ 
■e.«il fHB eo jieed eepiliiee^ te«t«ieitd wêe. tÊ^âm 
de la guerre et au gouvernement des peuples, devait natu- 
reUemeut s'occuper peu 4e la chasse aux bêtes , encore 
Miet Mimae Manm HmH ei[^? £eis quel^M 
taMi»y.iÉlMQMiitdre9fèi dette snleM treditieK popo** 
laire , ont avancé que les prétendus chiens de César 
n'étaient autre chose que les soldats romains cantonnés 
eneemmet de la montagne» et ebafgéft de donner ia cbaase 
aw peapWes rMtdae dei emUone. â^on acHU , le wom 
Qtmitmm on Gmtum Yidet de ceW de tteetenaat Omn 
Ganinius , que César laissa dans les Çaules pour achever de 
pecUier ie^paiB (4)v 

€ette leipoitMle poÉtiee foe lei Drapesv suimil 
taf (lo^poflle (5) 9 occupèreil aprie les Roilnfis, deHnC» 
au temps de la féodalité , la résidence des maîtres de la 



(1) Ce^iuils avancent n'est pas exact. De toutes les fetMtM moBti|Mt 
dtt y^iiisage , c'est celle où la neige reste moins de temps, 
(s; .... Est et Ca^trum CarUnim, in jBâMmmfUlikÊi polilmt ttb todm 

latratore Ayiuhi sic appellatum. , 

(3) ExnotitiàGalL, Adr. Valemi, p. 134. 

(4) De Jsito (ro^j., caput viif. 

(5) Bi9t.d»lHverH. 



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224 LE MORVANa 

.coatoée^etr le«llge dfuMf ufepHito • fcât ii toi É i 'd» im wi to 

ce manoir seigneurial se composait d'un grand corps de 
logis ^ flanqué d'un gros donjon ^ et de quatre tours 
«pp«lta:> roue Têur'4»»Poim$'d»-^om', VmiJ» 2W» 

trième Tamr^Mnt^Rmtmin. Cm ûam dcfiftito renta^ 

SKiient des chapelles fondées (1) que desservaient les 
mtibm ûe ranclea prieuré cle BfiMMuf^ dam no» 
aUons pajrler (S). 

n €tt fMrobtbte que jusqa'n dlstèmé riMo» MiMiiflt 
guère à Chateau-Ghfnon que la forteresse deCaninius; ma^ 
ilseXorma alors au pied du sombre édifice^ un groupe de 
Mitons dont la prieuré û» SaiaKairitKpfce deiiit eiim 
lAnfyyaiL GenoMst^ySlM jpris de ré^fse, Mimrdy 
était, dans l'origine, une maison conventuelle où l'on vit 
Jusqu'à douze religieux; mais^ en 1768, on n'en comptait 
que qualre. Ses retenus^ tpû mettaient leeaoines àmtae 
de fidre; dwqne seintoe^saifinleraadeB foadatevs, 
ime enmiyne générale adx psuvrca dn vnisfaiage^ t in ten t 
décru dans la même proportion, et, à cette dernière 
époque > ils ne s'élevaient plus qu'à deux mille quatre cenu 
IMmft. Là^ emmne aiUenn» le maUienr des tenps et l^in- 
Jvtloe des heonnes d^^ofaillèrent insensOloneat les pan- 
vres de leur patrimoine. Le prieur avait le patronage» 
entre autres, des cures de Gliâteau-Cbinon et de Châ- 
t{n. et peveevait les dîmes de ces pawrigses (3). L'église 

(1) On appelait chapelle fondée celle à laquelle était attaché un bénéfice. 
(9} BUt. mofwiier. du eomiédê château-ùMmim* 

(3) L'histoire ne nous a transmis les noms que de quelques titulaires. 
Claude Tridon , prieur en 1515, assista, cette môme année, à l'assemblée 
qui se tint à Saint-Pierre-le-Moûtier pour la rédaction de la coutume de 
ce bailliage royal. Alexandre de La Tournelle est connu par un fameux 
procès qu'il gagna, en 1670, à la primatie de Sens, contre le chapitre de 
Saint-Cyr, concernant le patronage de là esr8ddGhàl6i»ClilMi. Roger 
de La ToorneUe était revSto de cette dignité en ms, et dem FtHnieroii» 
en 1TB9. (ArehiT. natioo.) 



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LB MORVAND. 225 

détfé6 SQ'flÉnC fliArlyf 4oBl FéMiitMSBwnt pcftait'te iioiik 

Son style était le roman du onzième siècle dans toute sa 
radesse; il fallait descendre plnsieurs marches pour y 
ealrar (I). Le p«pe Grégi^ ¥neoftlima,*piir ne Mie 
ée 1076, ce pflemé à VMmf% de Ctmff k k^t^e fl 

avait été donné , plusieurs années auparavant , par les 
fondateurs, ^'on croit être les anciens seigneurs tlu 
peys(2). 

Le lumrg et tiUa^ de diâtem-CUiMm se déféloypa 

insen^blement sons Taile des moines et la protectien des 
nobles châtelains. Les habitants ayant obtenu, dans la 
prenûère moitié du treiâôme siècle, une cbarte d'affiran- 
eUssemeirt, s^érigèreiil €B eonniBe et tonè^^ 
mattleii»l penradmiiiislrer les affifÉPespoMfcpies (ft). Deae 
le suivant , ils élevèrent autour de leur bourg une cein- 
ture de murailles pour protéger leurs pefsonnes et leur 
tarttm eaaUe les pëlards alors fort noasbreiUL 

Bd 15è&, eette^ «ecelnte, d'almrd Mdeste cemne le 
bourg quelle enfermait , et faible comme les moyens d'atta- 
qu£ de répoque^ tombait de vétusté et n'offrait plus 
d'aiUeun^ aie défense suffisante oontie les projectUes 
alors en usage. Les Chteau-carinoMls if eilressèrent doac 
au roi Françds I*', et obtinrent de ce prince la permission 
de clore et fortifier leur bourg et viUage déjà circuit de 
murailles (fi), 

LepaiysB'^telIpaerlehei carlesluailtaBtSy déseqpém 

cbstant powreté, de parachever leur entreprise, reconnurent 

(l) îfotice matmcr., 1768. 

(3) Quelques éeiivtiM «n ont Adk honneur aux évéqttM MttHi » aatiaM 
possetseun de It tetre de Ch&tMU-GliliwD. 

(S^ Il se compouit du gonvenear.'de la vttle, d'un lientaiiaiit ds roi, 
d*un maire, de deux éebevins, de doue notables, d'un reoevenr, d*nn 

syndic et d'un greffier, 
(4]l Arohiv. nation. 



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229 iMrwmfém 

it WWMli Ml monarque fil ieiif fferûAt, ^ ]eàtm 
nÊÊÊÊÊÊÊÊm éÊiâiBÊ éè ift slnt Mié^tt 4a lawr «'À ikMMs 

iur ksuf et taureau, deux sur chaque autre pied fourché, 
Méiff MT pi^ rond, lOJll ^mt le poK^ur jqw sur 

non <àLkur$ (1). 
Le roi Henri II, par d'autres lettres patentés du 8 jan- 

y ajouta ni£iiie> quatre ans plus tard, m droit de vingt 
dmierf sur chaque minot de sel, et, en 1580, celui de 
cmrif^pime, (m la ImUlèine du prix 441 via qui sa déiiiiUit 
dia^la vHiàÊÊ Dû mu flôlé* li Bdnfli éù fitiitf aflliiMinr 
de caiâf»aiH3ibi(Mi 9 leiF afoorda , en 4561 » las mfaWany 
de son diiteau qu'il ne voulait pas réparer (2)% 
Aidés de ces seoouiSf les Cbâtm-Gtiiiioiiais parent 

prenniôres» Us élevèrent, en outre, huit ou dix grosses 
tours, hérissées de meurtrières » et creusèr^it des fosiés 

Um^ <H prolioiMto^ fm i'oo SmMmêH m mofw de 
p e a ii' lef ti 

On pénétrait dans la place par deux portes appelées 

l'une Porte-Notre-Dame (4), au sud, et l'autre Porte» 

SmirGkriêtapkùé an nCNrd* à wne de mvaitfaaie du 

(1) Archiv. nation. 

(9) JfoHetmamuer., 1768; le Kitimaii, tome n. 

(i|flee|iwMae>Beneeeaaeigrie«tàlâfW'l»<raw Mii^MimtMamf, 
à reet, remoQtaient par le CbAmpitai en taiisast eatte pla»eikMoi*( 
pdie^ ai ripUaDi vonaJ* oouahant» aarriite l'égUae et le priewé, reveaaieat 

au point do fU|Myrt en longeant la Tgrrtam. Jdnai, aucaae dee treie piaeee 

de la ville ne se trouTait enrennée dans l'enceinte. {Plan de 1096.; 
(4) Cette porte a été élevée avec les matériaux de celle du châtaav^ 



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I 



pitomA Ain iatMi nitlttM iitiliit .êêêêê Ia lin 

fi9 QuU-e 4 ^ Uay Mo^tçi 4« vaquer imi Oçoiu^tifH^ Un 

daût de celui de la province ; aussi lorsqu'il arriva, commQ 
«Bi A ^ 6^ g^UYQmemeaU fwreat remis dao» 

8t fMr« re«if aif fi pMlIcq^ 

Pierre Pitoys I**, écuyer, seigneur de Quinci?e, fat u» 
desi prU^ipaux gouverneurs de la ville ^ et celui qui a laissé 

CAat9^ni4 ir^ kmml^s^ qu'il avait acquise à oetlt 
i&teiition de téo^arde Béliart^ femme de Jean SaUonnyer» 
fiAimûtti â'Aiwûiitaîa* lUi maanifinA ^mm»»»^ ^ cmiiciaA 



(1) La première communiquait avec le Champlin ; Vautre ouvrait fTouest 
(le régli»e , prè» de l'anoien hôpital. 

{^) Leâ gouveraeurs eonnua suQt : Jc^aii 40P4ame, clerc , qui , en 13Ut 
se disait aus^ partie du scel de Dreux de Mella et bailli do Châtouu-Qiiiion i 
Simon Le Monchcux , en 1350; Pakmùde Tridon , issu d'une ancienne 
famUlai 4^ loar^ogae, ea 141^9} Mfite MarA, m Mf $tk Mdaii, 

4,iic de Bû^o^^ne^ Deois doi L% fpu<1\ellOt <l^tltué en \tti par Uoonii^ 
éé ftùomy, marédial d» BonrgogBef'fiit femplaoé parte buro» d*Épiry. 
L*aiiiiée auiraiite, le duc de Bourbon, yaluqueur & Sermages , le rétablit 
dans sa charge. Jehan Bondault, écuyer, seigaeur du Buys, lui succéda 

en 1170. Philibert de La Platière gouveirnait la ville 1490, et Jean de 
Jaucourt, chevalier, baron de ViUarnoult, conseiller et chambeUau de 
Maximiliun d'Autrictio , en 1302 ; Etiepne Tridon , en 155S ; aoble Hubert^ 
tVj^ ^lianipignoles i ç^iexaiier» seigneur de Viilemolin , en 1560; de 
q^^ïftp-(^^^^ ^ lAl9!^à Bi«iri^ f i^ys l^t foncUteur du couvent 4^ 
CapaclDt, en leoO; lobert de Buaighl^MiR. 4^4 go«.veviM«l 4» I^V«p< 

de Mont8«iclM„«« lUftf fUll* H» é&mm* m U tÊ m tk< WMW > 
i^mm^ , m. Al«|i% WuNh MUI# mrn wm t ^Wmm^^ 

Cbinon en 17S9. . v 



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228 LE MORTANO. 

dontii»ran»9n eiiém M MMtftttoM M de M vtta 

îm Wëm, W iMbre de quatre prêtres et deux frères , 
y firent leur entrée en 1640 (1). L'église, dédiée à saint 
Pierre, patron du fondateur, était vaste et Meii Mfie; 
Oa y remoqpiait ne Mie Ishap^ avee une pierre 
#•«1. pied m demi en qumré, placée au-dessus de l'en- 
trie, €t qn! portait une plaque de marbre noir où était 
gravé un écusson armorié au bas duquel on lisait : « Gba- 
» pelle et sépulture des Pttoys; te%nem de QriiHte, 
> Wo«ifte» et MBt-Mnurioe, IMaiMif» d« ee eoin 
• Tttnt (2). 1 . . 

La justice se rendait à Château-Chinon , au nom des 
comtes de la ville, dans un bailliage dont les appels se 
portaient à Salnt-Ptom4e-lloAltèr, etde Vk an parlement 
de Peifs. n avait kd-nitae dans son ressort particulier 
quarante -deux justices seigneuriales. Le personnel se 
composait d'un bailli , d'un lieutenant-génénl'^ d'ttn tten- 
tenant parUcuUer, d'un procnrenr fiscal^ d'un avoeat dn 
fisc, d'un greffier, de plusieurs sergents..... 

Louis XI y avait créé, par un édit du 7 juin 1462, une 
élection que Ciiarles VIII confirma par lettres patentes 
du 20 décembre 1492, et qui subMsta Jusqu'en 1789. 
C'était, dU Née de U RodieUe, la plus peUte dn royaume. 
Ette comprenait quanmfe-denx paroisses ; mais plusieurs 
n'en dépendaient qu'en parUe (3). Uu grenier à sel y avait 



(1) Ils habitèrent pendant trois ans, en attendant qne tour maison ftit 
achevée, au prieuré de Saint-Christophe. Lo supérieur prenait le titre de 
gardim.Lepère Bouffechon , le dernier qui ait été revêtu de cette dignité, 
I» in«té'«n 1793 et conduit à Nevers, où il demeura en prison pendant 
qttiaxeuoit; enfin, il fut déporté, Tannée suivante, jusqu'à Brest, où il 
uoiirai d« prtrattM» et martfr de te «of. 

W I«ft»adateQrynitinbaBié,eneBM,venl6tt,et Pierre Pitoys , llm 
de §eê deioendtats , en wm, (AkU. naUon. et 4e Qataelse.) 

(8) U pereonnel w oompoeeit d*in piéaident, qoi éttft, en m, lacqnee 
Petitier, sieur du Breuil; de qoitr» dh», «ymit letHié de cMieelHen dn 
roi , d'un procureur, de deux reeefeare et d*nn srefler. 



* 

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LB MORVANO. 229 

été foadé ca m6m taiapi tt pm kfkmÈmm fw^àmm (1); 
On tnwvatt enepre. dans oette ifile um whilftiiilfm 

de l'intendance de la généralité de Moulins-cn-Bonrbon- 
nais (2); une macéchaussée^ composée d'un exempt et de 
Wtie cauiaUeni «ne diiMiOB de8.aita.(S); we nattiiM. 
laitfoBMèroéQf Mx.ei larêlt» dont les oMm étalait 
ordinairement les mêmes que ceux du bailliage ; un bureas. 
de contrôle..... 
Ces divers étaUissements. «Mi«>»nitttraiifa dftnaaipnt à 

l^andeime eapftale dn UmnnÊA, malgré aa pelilBsseyine 

importance réeUe qui l'assimilait presque aux grandes 
vill^ de l'époque j et faisait dire comme en proverbe : 

Chàliaa*€iinlon, 
Mila tills al gnaid'ManB. 

Cesieneore cette Imponuiee adaMstrative qoi avait» 
aana dMie » Inspiré ee dielen populaire : 

Maison pour maison , 
^ Mis vaut mieux que CMteau-Qiinon ; 
Prixpour prix, 
Oiàteau-CSiinon vaut bien Paris. 

Cette ville ayant perdu j. en 1790» ses privilèges féodaux» 
devint^ comme nous l'avons va» cbef-Uea d'un district 
formé de son canton» de ceux d'Aonay» de Montrenlllon» 

de Monlsauche et d'Ouroux. Dix ans plus tard , il y fut 
créé une sous-préfecture qui compte aiiyourd'hui treize 



(1) Il était administré par un président, un grenetier, ttn contrôleur, un 
prooannr do nrf » lui Ttctfwtr*,»*»»* 

fS| Lm iMWlioM &WÊk sibdëMfBé équIvÉltieiiC fe ceOei d'un sous-préfet. 

W IfltfowdTInl- let droita réaiUs. BUê eonsiatait en on direetoor» un 
r«eereiir, li momMm 01 «s prsBtef eoflUDis. 



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iiHli^ (1) tir wïïrm U fimmmiiâm, 

en lêlO. Ui tittitolre acttwî d« lâ CôittTtitmë èét, ftprêi 
0M te MâUM^ 1« iââifiS^ étâticM tout ié Mohraâdl 

ûwêmmfÊmA 9MÊm mpuàM u mi mk igiÊtm 

^^^MfcMMIif ktMIMi# ûdÊt fini qillW^ÉI|fI"9MIMf 

sont en boi$. 

Château -ChiDon ne posséda jamais qa'finë (lâroisëé, 

M^ÊÊÊÊÊ^ ^HÊÊÊtlÊB 'J^ÊÊ'Wê flNItoMf ^Nl ^ftMÊtS 9Ê È^ÊÊ^ 

Gbristo^e^ Mais la poptilation s'étant ^tiàé tfàiitMF 
à esifCE â» S4iiiii ccrntiQu^ls ^ les faligleuTi , que 
ooenpalioiis journalises détouniaient da ïmi de leur 
instttnlion» rëaolnreiit y ao MMlM Élcle» de cimfier 
radmînistratioii des sacreneMàtÉi fim«l «ilnller aiMioel 
ils affectèrent un revenu de mille livres. Ils se réservè- 
reni ai«rs le jatirtnifl: éa I» em> el le ommtfèmi 
Jusqu'en 1789^ im» l elafcÉ i mm aviif «tà^taMii Mmt 
le diapitre de Saint-Gyr qui, se fondant sor nn prétendu 
droit de mettre un chapelain dans l'église Saint-Romain, 
que lui aurait donsé^ ver» 1168^ Kévêque Beftiard de 
Saint^Sanlge^ vouliil » dans lakHÉtS/S^attritaer la collation 
de ce bénéfice* 

Le premier curé connu de Château -Ghinon se nommait 
&e«»e^««at$ tti 0> A^ealtef^mptftyrégise 

♦ 

(1) Voici leurs noms : Ccpaycn de Vigneul, nommé le 8 avril 1800; Janole, 
le 9' nOWmbrc 1811; François Sallonnyer de Chnligny, lo 12 aoiU 1810; 
de Laissao, le 14 septembre 1830; le chevolicr do CoiH-chawp, le 5 juiri iflSlr 
F.-M.-R. Gautherin, le 7 août 18:33; Maignerct , lo 21 avril 1816; le comte 
de Malartic, le IC janvier 1847; Hilisberg, le 5 juillet 1848; de Ponger- 
ville , le 17 mars 1849 ; de Bérard , le 7 décembre 1849 ; de Mons , le 1er dé- 
embre ISBI; U^Bnsm^êik laM^ 

(9) On célèbre m léle le 1# mvenibiv. 

GvUlaume de Courg0iit|c^M kl8S; lew rii|ili« p 9»mÊk- 9tm MUO, 
nommé le 15 juiUek 1588, ta Oé^Mt^a^Wili WiftwwHii MKpgipwit» 



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2U 



siale ne se distingait ni par sa magmâcencc , ni par son 
élendirc. C'était^ couBme celle de Satot'ClMstophe ^ ofl 
ptUiétffict iwni 4lQBil^iiiiMBniiC€9^lÉliailditfÉii(i9 

■ a « 

prit potsowioii. le aft novttnhra 1660» Yineenft. iAiot fat mto^^i If 
chapitre de Nevers , lo 7 avril 1587; Vincent louant , installé en 1634, céfa 
■teare, neuf ans pins tard, à Jphan ThoHmelîir; Clamée CmjWâ, rvfÈttllé 
par le pviaur Alexandre de La Toonifilke ^ le 9 juillet 16^9 , se- vit diapeter 

son bénéfice par François Sallonnyer du Perron ^ clioisi par lo chapitre do 
Saint-Cyr, et ensuite par Philippe ilo Vallory qui prit, en décenil)re de la 
même année, le titre de curé de Chàteau-f.hinen ; mais la. sentence de \&Ï0 
M casser, taute division , et Claude Coujané re»ta paisilit» poseeesear «kl 
bénéfice paroissial qu'il résigna , le 2 septembre 1878, & Jehan Thoumelia^ 
nemdki enrf d^ee-nolm. Ctande-ninlè Buteao, pfeux et savant ecdésiasti- 

dapft aticmil la. pa iei stt ei 4» c mtaii K aiiawk tt ennuenna, VmA9 

sa nomihation , un grand catalogue des naissances , mariages et décès , 
très-précienx: pour la généalogie des femilîcs , et qui remonta à 16?r. 
Gaapard-Pmmçeiff Moroau , son successeur, en 1774, lui-mérae deeta et 
savant ecclésiastique, le continua aprôs lui. Ce dernier admiaistcait 
encore la parois.se au moment de la révolution do 1789. Arrêté , quatre ans 
aprèa, avec Philippe, son frëre aîné, jésuite alors résidant à Chàteau- 
Qfainoo,, il fut dj^snu dan& les yrisens' der Mtv«a j^m^Mit quiavs aïois^ 
et enfin transporté jHsqjii'à Nantea, où. ce decnier noacot, puia à Brest^ 
«Tofii-il revint après Ivmort de Robespierre , et se fixa à Avallon, oit il est 
mm. f Ardlk Mlioiii y 

iMmftmuLr pdétM coaUftctfonael, ancien «laidtf ttMqpr adownietiii 
ensuite sacrilégement la paroisse,, et termina savie pan une niertdifn^ 
d'un apostat , au château de Masiîles-lès-Lu/.y. 

Lazai^e^Denis Romand , ancien chanoine d'.Vnton et prieur dfe Vonilloti*^ 
cn-Berry , nommé en 1803, mourut deux au» apré»; Kticnno Paatoris, 
décéda en 1823; Etienne Charollois, homme d'une boute proverbiale, 
andeoTleaire de la paroisse, puis curé de 8aint-Léger-de-Fougerct, et 
tHiÊmim fl t m ii Cl i Hwe -» OMUroir ev MP^ mt» exerçâmeiF «mm* M îtê 
^témim é ùm m ttm itàtÊitm. fhuKFIicie^ «wrien mM^vmgami éf^Smf 
vicaire administrateur dfrkn<ttle, qatlNpfti m mtÊi fW HÊ ÊK^Mtaû e» M9( 
pirni 'piMdaBij^dipection du petW eiiiiHiiiIHyr JhFpBrtllgny ; il^eaTauJourd'Hui 
supérieerdli' grand séminaire de Tl-oyea, etvioaire générafdb^ee dncèMî 
M. Mézièros, curé de Brinon , a été appelé h lui soccédor. 

M. Petitier, ancien président du tributud, adonné, dans sa StatisUquë 
(le la villo de Chàtoau-Chinon , publiée on 1849, p. 5, une llstG-des curés-, 
où no«s remai*c|uons Claudo Lcvitte, en 1570; Pierre Paulet, en 1S88; Bdme' 

Etignard , ea. IfiM ; Seinton^,. en< 1684 Cesi noms ne se^tMNNBHltpir 

daaxiwa BaHie diwlgli atoimuMwn»plrii« M ff^^ mi Ê éam m M Oti^Y 
remarque aussi quelques diflrérencee de datei - - ' 



252 



LB JjfûEVANO. 



pte ientir. CMImM de Ctourgenay, mmmé k la cwe 
vers les dernières années du quinzième siècle » en obtint, 
peu de temps après , la reconstruction (i). On y érigea^ en 
1522^ une oâèbre confrérie da Saint-Sacrement dont firent 
paiflojQiqa'à Bos joiin» tontes les Mtal^^ 
l^e seconde assodathm dite du Saint-Rosaire, avait son 
siège dans la chapelle de ce nom (2). Jean de Pont, écuyer, 
seigneur d'Aringette et de GhaUgny^ ayant contriboé poor 
une sonune assez considérable aux dépenses de l'édifice 
sacré , obtint^ en reconnaissance , la propriété d^ime dia- 
pelle qui porta depuis son nom, et qui appartenait, à la 
fin du dernier siècle, à la maison de Ghabannes, d'Algon* 
lais (5)* En i6i7,on Jbéi^ trois grosses docbes poor cette 
égUse. La iirlnctpale eut pour parrain Pierre Pitoys P', 
écuyer, bailli et gouverneur de la ville, et pour marraine 
très "haute et très - puissante dame Anne de Montafié^ 

comtesse douairière de Châtean-Ghlnon et de Soissonsi 
En 1699^ Pierre Pitoys m, écoyer^ seigneor de Saint- 
Ifonriee, petit>fils du précédent, fonda, dans la première 
des deux chapelles dont nous venons de parler, au moyen 
d'une rente de cinquante ^six Uvres, une messe liaute* 
ciniiie vendredi de l'année^ et six messes basses fixées 
aux prindpales lêtes de la sainte Yierge. H abandonna , 
pour l'acquit de cette rente, k la iabriqae de l'église^ 
Vouche et le pré des Fontenottes. 

(1) Cette aenveUe <gUee ee ctuRpoeait d*ui eluBQr osM, earBMalé 

d'une haute tour avec une flèche eo. bois, et flaaqaé do éeuEOhaipoUos, 

«t d'une nef moins élevée que le reste do Fédifice. 

(2) II y avait encore d'autres conrrëries, savoir :-GeUoe de rÀBoensiOB, 
pour les couvreurs; do Saint-Biaise, pour les drapiers et les cardeurs; 
de Saint-Éloi , pour les selliers , les serruriers , les maréchaux et les 
taillandiers; de Saint-Crépin et de Saint-Crépinien, pour les cordonniers; 
deSaint-Gôme et de Saintr-Damieu, pour les médecins et les chirurgiens; 
doSaiot-Tves, pour leo {Nroeufooraot les avocate; de Saaite-Cathoriue , 
pour loi joDBOB flUoo, ofto«flndoSiteWfiooiis, pour les écoliers. 

(4) Anbhies du thMatu ds U Mniiifio ot do It iom jwéiwtiio do 
CUMMQpGliinon. 




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LE MORVÂMD. 



28S 



Trois 8iècle& après sa fondation , Téglise de Guillaume 
de Gonrgenay était devenue > à son touTj» insnflSisante pour 
le nombre des fidèles de la paroisse. Une célèbre mission, 

donnée en 1821, et dont tous les habitants, riches et 
pauvres, voulurent profiter (1)> fit sentir tout l'incon- 
vénient d'une dimension trop restreinte. Dès -lors on 
pensa sérieusement h, une seconde reconstruction. Une 
pieuse veuve, noiiunce Magdelcinc Prcgermain (2), 
ayant légué à cette intention une somme de quarante 
inille francs, on fit dresser un plan, et, en 1824, 
on abattit Tancien édifice auquel on substitua l'église 
actuelle. Malheureusement on s'adressa à un architecte 
qui n'avait aucune connaissance de l'art religieux, et qui 
a élevé un édifice mesquin, sans mî^esté comme sans style, 
et pour lequel on a dépensé environ soixante-dix mille 
francs (3). En 1849, Mgr D.-A. Dufétre, évéque de 
Nevers, a créé h Chateau-Cliinon un archiprétré dont la 
circonscription est la mOme que celle de l'arrondissement 
communal 

Cette ville renferme deux établissements publics très- 
précieux, savoir : Un hôpital et une école tenue par les 
frères de la doctrine ckrcticnnc. Le premier, sous le nom 
de Maisùn^Dieug avait été fondé primitivement par les 
anciens sdgneurs, sur le côté ouest de la ville, au lieu 

• 

(1) sue Alt ol9ie par Mgr nocb-Etiewie deVicliy>éTAqttedtAutUD,qtti 
administra le sacrement de Confirmation à une foule de fidèles. C'était au 
printemps. Le lendemain , le prélat se rendit à Corancy pour conférer le 
mémo sarromnnt, que DOQs eûmes Tavantage de reoeroir en cette oiioon»' 

tance .solcnnolle. 

(2) Lachaiiello du sml est dt'dic^f! à sa patrone. On y célèbre, tous les 
ans, un service anriivcrsnirc pour lo rrpos de son âme. 

(8) Cette église se compose d'un chœur en abside flanqué de deux cha- 
; pelles, si on pout appeler de ce nom les deux réduits dont U s'agit. La nef 
est séparée des bas-côtés par des colonnes en bois revêtues d'un briqueUs. 
On comprend qu'il n*y existe aucune voûte, et que tout rédifioe est recou- 
vert de ceintres en plâtrage. La tour, qui s'élève au c6té sud du portaU, 
• n*e8t ni plus remarquable , ni ne Doit plus d'honneur à Tarchitecte Teste. 

46 



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2tk UB MORTAna 

dit encore naguère le Vieil- Hôpital. La cliapèllè, aiors 
Oédiée à saint Maurin, diacre nivemais, était à la colla- 
iion du comte qui exerçait ordinairement ce droit par ses 
oiOBciers. te prêtre pourvii de ce bénéfice « qui valait 
soixante livres de revenu, prenait le titre Ae recteur;ii 
était tenu « en conséquence, de célébrer dans cette cha- 
pelle aâ moins unè messe par semaine. 

En 1665 , les admlnistràîleurs de lliôpiUl acquirent ^ 
moyennant une somme de deux mUle livres, ï'eimplacemebt 
actuel, et y transférèrent l'établissement de charité. Cet(e 
situationt aussi agréable que salubre , en rend l'entretien 
moins dispendieux; car 11 n'est plus exposé^ comme autrè- 
'fols, à toute la violence des ouragans. La diapebe èsk 
aujourd'hui sous l'invocation de sainte Reine, vierge et 
martyre de Bourgogne. 

I^s revenus de cette maison s'élevaient > d-^àévant , à 
trois mille livres seulement, et se composaient à'ùn droit 
de dîmes dans la paroisse d'Ouroux , et de diverses rentes 
léguées par les fondateurs et autres bienfaitcui s. Nous cite- 
rons, parmi ces derniers, Claude Qci'geault, ancien curé 
de Dun-ïes-Places, qui s'y relira en 17â9; Jean Rousse- 
lot ^ curé de Saint -Léger- de -Fourcheret et origlnalrè 
de Château- Gbinon, qui lui légua^ en 1771, six mille 

livres (1) Enfin, le marquis d'Aligrc lui iit don, 

en 1650, d'une somme de trois mille francs avec laquelle 
on bâtit une salte qui reçut son now. Gettê attenttén déicMe 
valut encore, vers 1847, à rétablissement, un legs de ti'oîi 
cent mille francs qui donna aux administrateurs les moyens 
d'agrandir lamalson par d'importantes acquisitions. Un mo- 
nument en bronze a été érigé à cet indgne blenïhitemr dans 
la chapelle même , où il est représenté avec L-C.-A. Camus 
de Pontcarré , son épouse , dans l'attitude de la prière. 

Le sceurs de Nevers prirent possession de cet hôpital 

(1) CouaittP^B , Description de Bourg., toice vi. 



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U «OAVâNIi. IIS 

ment, jusqu'aux mauvais jours de la première révolution* 
RevenuM, en 1618 ^ elles y ont Xondé d^uis m mm- 
fenmt poutoiMMit île Je«M illei> 41» leur eaviieBt 1» 
MlllM «ftéM de Mi fête «t dn taflnm 

Les flrères de !a doctrine chrétienne ^ établis en 1845, 
par les soins et le zèle de M. Paul Flicbe, alors curé de U 
paroia»e> ont ansd wmi 4m ilmm anfoiird'Mi trti* 

tfim latine assez suivie , et une école mutuelle. 

Château-Ghinon possédait autrefois une manufacture de 
gros drapSyréfHitésàcausede teor^iaUléelreciiei^étiKMr 
niaMnenieil des iraapes. Cette nuitfMtm «omoiafe 
i dégénérer à Tépoque de Ff nrattoA àm Hottige (1 ) ; *¥K% • 
luxe moderne lui a porté le dernier coup. Le faubourg 
Saint-Christophe, vulgairement le Grand-Faubourg, oouciid 
a«x pledàdt vieux cMtoau , «0t vmmmè itllMiin- 
derteh Ate Ormé^^m<ânê (2), le qwMertta dÉMttMi» 
•n trouve une brasserie et des bains publics. 

Le commerce consiste principalement en vta de Bour* 
goCfiie 4 dent cette vifié «s(t r«Dtrepôt iponr «ne |Mle dd 
lUMit^MorviMid ^ lé Biuwfe) ea IMMe inMde iM>iMr r«nP*^ 
TMenWeilieBt de la capitale ; en bestiaux de toutes espèces, 

en céréales Ses sept foires et le gros mardié qui a 

Meu tous les àmcË8> depsis la Démsaliit jvaqe'àla Sate^ 
9eati,iMiitMfehiréqiieiités. LeswDtesidelavae^iqlditet 
êmdeafttendés, per oWJ i «it awtrofefa ^ <tewte»«iwri^ 
sur chaque bœuf qu'on y conduisait ; huit sur vache et 
pouline non ferrée ; vingt m 4]tieiU(l ferré ; un sur brebis 
et chèm> et dêux déeiim ma fommoL U km éteit<iA« 
M MM) m iÈM'ê^ ntkaifBm vm doMlleida 9Ate 

(1) Archives nation. 

(3) Ainsi nommée d'une source abondante que Ton croit avoir été vénérée 
au temps des Celtes. Les curés de la ville s*y renéeat abaque 
année , en procession pour en bénir Teau. 



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chaque . mesure de froment, de seigle, d'avoine, et de 
sarMin» qui se vendait à la halle (!)• 

Peii de fllta ont. eu plus à souflpir des maux de la 
guerre que celle de ChâteaM-^Ghîaon, Prise en iM2 par 
les Armagnacs, ces gens en rançonnèrent durement les 
habitants, et se répandirent ensuite dans les environs, 
pfflant et brfflant les châteanx. Le duc de Bourgogne, 
Jean-sans-Penr, ayant appris en Beigi^e, où U élaU 
occupé à guerroyer , la grandeur des ravages exercés par 
eux sur les terres du roi et sur celles de son fils , alors 
comte de Hevers, résohit de les déloger, à quelque prix 
que ce «tt, dn château où Us s'étaient ciwtonnés. Il écrivit 
donc , ainsi que nous Tarons observé ailleurs (3), à Margae* 
rite de Bavière, son épouse, de convoquer à cette On les 
msanx du duché, et de pousser acUvement la reddlUon 
de la place. ' 

Les seigneurs de Bourgogne , préiâits dans leurs terres, 
répondirent avec empressement à l'appel de leur suie- 
raùi, et arrivèrent, au mois de juin , avec leurs écuyers 
et lenis hommes d'armes sona les murs de la ville. Ils 
fttrent blentM «uivis par les convois de poudre, conçut, 
arbalètes, boulets et autres machines de guerre, que 
Renaud de Xhoisy, receveur général du duc, y flt con- 
duire par ses ordres^ et l'investirent aussitôt On remar- 
quait para^ les assiégeants, leaa de Rocheiort, cheva- 
lier banneret , ayant sous son commandement un autre 
chevalier banneret, deux chevaliers bacheliers et cent 
vingt-six écuyeis; Girard.de La Guiche, baiUi de Cha- 
roOaiS, à la tête d'an chevalier et de quatre-vingtrsept 
écuyers ; Jean de Saulx , seigneur de Courtivron et chan- 
ceUer du duc, avec un chevalier, quarante-sept écuyers 
et un trompette ; Jean de Neuchâtel, seigneur de Mon- 

(l) Archives nation. 

(s)rovM p. i;«eti39. 



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LE MORVAND. 237 

tâiga^ eh«iralle^ banneret» qol commoidalt à dttfiantè 
antres chefaliers bannerets , dix-hvH ehevaUm bacMleiv, 

cent cinquante-cinq éciiyers, cent quarante-cinq archers 
et arbalétriers , deux trompettes et deux méoétriers ; Guy 
de Bar» baron de Presle el baiUi &Awlo\s , oàndnisaait 
quatre cbevalf ers, huit bacheliers , quarauté-hûit deuyers , 
un trompette et deux ménétriers ; Claviii du Clou , auquel 
obéissaient quarante-six écuyers, un trompette et deux 
ménétriers; Huguenin, seigneur de ftlont-Saint«Jean et 
bailli d'Autun, ayant sous ses ordres un chevalièr bachelier 
et quarante-sept écuyers ; Jean de Saint-HIlalre , bailli de 
Giâlons-sur-Saône , qui dirigeait vingt écuyers; enfin, 
Jean de Neuville, chevalier bachelier, bailli de Saint* 
Pierre-le-Moûtier, avee trois* dievalien bàebdiere et 
quarante-un écuyers (1). 

L*arraée bourguignonne cerna la ville , et la foudroya 
à coups de caoou, pendant un mois^ sans pouvoir s'en 
emparer. On compta, de part et d'autre» durant cet 
Intervalle de temps ^ un bon nombre de soidats nds hors 
de combat. Enfin, le capitaine Baquin-Beul, qui comman- 
dait les assiégés ^ voyant que le duc de Bourbon^ qui avait 
promis de venhr à son secours, n'arrivait pas, et craignaint 
que la ville ne finît par être emportée d'assaut, résolut de 
capituler. On entra donc en pourparler, et on convint 
qu'il lui serait compté une somme de cinq cents livres, 
et que lui et ses gens sorthraient de la place avec les 
honneurs de la guerre, ce qui eut Bieu le dernier mardi de 
juillet. Le môme jour, les Bourguignons entrèrent dans la 
ville qu'ils démantelèrent, et rasèrent le château (2). 

En 1465, Ghâtean-Gbinon, fidèle à Louis XI qui venait 
de le doter d'une élection et d'im grenier à sel, refosa 
de recevoir les olliciers de Charles-le-Téméraire et de 

(1) nom Planchsm , Hitr. ie Bourg., toma m, p. SM. 
(9)/6mI. 



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99$ uinoivAHa 

momatir^ «on autorité Is ia^um dOA a'é(ai( ^ 

dtm m «près s a?^ me «mée Anglais qu'il avait k 

son service, attaquer la ville et l'emporta le U juillet. 

M m territ)le moment pour Château <^CbUi(»ft qu'il 
pnvril pa? ^ pUlaKe^«t rioceiulto^ Mais biaot^l ovivaincii 
A* rimiKirtaim «In <diat«aQ, ce prince ordonna h Jean 

ïrldon» iataod^t« traviiUlar de suite îx ^ restau- 

ratiQp» 

An seMdmo aUctoa viU^ «'étant Jet^e» ei| |iaine 
deniAréf^OtAmalepartf delà Ug^e, attira de nonvean 
9«r elle le Oéan de la guerre. Le maréchal d'Aumout^ uni 
au duc de Nevers, se présenta, au mois d'août 1591 , sous 
murs avec une arméç de trois nulle hommes, fi somma 
les habitants de lui en ouvrir le$ portea. Ceuxrclf que 
soutenait une garnison de deux cents héros , refusèrent 
hautement d'obtempérer à des ordres qui semblaient 
compramettra leur conscience, et se préparèrent ^ une 

iMfnae eirtrenie. P'Aumon^AU donc forcé de former le 
fii^ de la ville qu'il prit d'assaut, après trente jours 

d'investissement , peftdapt lesquels il perdit m bon nom- 
bre d'hommes (i). 

Furieux d'une ai lowuè réslatapce , le vainqeeur entrç 
dana la pla<!e^ en M passer au m de Fépée les braves 
défenseurs, ainsi que les habitants les plus compromis, 
et permet le pillage. Qu'on se ligure iqut ce que la ville 
«Mt h soulKrijr d^ la paru d'une ^oldat^ue e^r^ée et 
«omposée en partie de huguenots ) L'bumanih^ et la morale 
réprouvent en même temps de semblables actes (2). 

Dix ans après cet horrible échec, aiâleau-Chinon eut 

h subir les Xufoura uu euuemi non motps aiLrof^er un^ 

(1) On raotmatissalt encore nignère , sur la rente d'Autan , prie de 
ranolenne erate d$ mitHon, les veetiges du oamp de rannée assiégeante. 

(3) Dom Plancher , Bist. ^ «ipyi^, Mpe |r, p..S08; ^ Jl» ^ Uo- 
cBBiu , Mémoirm, p. S13. 



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LE MORYAND. 239 
♦»««•#•«•••»- .<. 

^idftme qui, au rapport d'up r^lrf» 4e la 
paroisse, n'épargna que denx personnes do corps de^ 

notables, savoir : Denis Pitoys, receveur au grenier à sel, 
et Jean Yaucoret-Grosbois, ravagea la ville et la dépeu- 
pla presgae tout entière, ies vivants ne suffisaient pas à 
enterrer Ifs morts. On improvisa, dans ces fatales circons- 
tances, hors des murs, une espèce d'hôpital où l'on trans- 
portait les personnes <ittaquées de la contagion. La source 
llfès 4e }aqQ^e se trouvait ce lugubre établissement^ se 
nomma depuis la Fantainenief'Pestiférés. En iSU9, le choléra 
s'y étant déclaré, il y eut soixante-treize personnes atteintes 
par l'épidémie ; mais on ne compta que trente-sept décôs. 

Cliateau-Chinon est la patrie du grammairien Bazot; 
de Fabb^ Gjissier» son élève» auteur de plusieurs poésies 
où ])riùent un e^rît enjoué et une verve délicate (1) ; de 
Jean Sallonnyer, inventeur du flottage en trains. 

ANCIEN GOIITÉ. 

L'antique seigneurie de Château-Ghinon ne fut, dans 
rprigi^e^ qii'une simple châtellenie mouvant en fief des 
comtes de Nevers. Hais le roi Giarles YI rayant conlisquée 
en 1 389, l'enleva à la suzeraineté de ces princes et l'érigea, 
ayqc fabarounie de Lormcs et la châtellenie d'Ouroux, en 
comté > après en avoir afirandd tous les sujets* Le po^ar; 
que la Joignit ensuite à la province de Nivernais à titre 
d'enclave et de franç-alleu (2). Cette nouvelle dignité et 
les divers privilèges dont elle jouissait, assignaient à ses 
possjssseurs le premier rang après les ducs et pairs (3) ; 
aussi le comté de Gbâteau-Gbinoii p'eut-ii, depuis cette 
époque jusqu'en 1719, que des sdgneurs issus de sang 

(1} Voyex Tart. RoussiUon. 

(9) L*auteur d'une précieuse notice manaserite sur Chàteau-Chlnon hit 
observer quç le roi eût élevé ce comté au rang de prorfnce, si ses dépen 
dances eussent été un peu plus étendues. 

(3) M. PsTi Tiin , SMiêlique de la vUU de Ckàkait-CkSnon, 



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240 



LE MORVAND. 



royal. Plus de deux cent quarante ficfs, la plupart fort 
importants 9 et situés très-avant dans la Bourgogne et le 
Nivernais» én mouvaient noblement (1). 

On y trouvait jadis quatre bailliages seigneuriaux qui 
avaient leur siège à Chatcau-Chinon, à Lorraes, h Ouroux 
et à Brassy (2), et dont les appels se portaient à Saint- 
Pierre-lerMoûtier, et de là au parlement de Paris (3). Ce 
comté eut autrefois sa coutume particulière ; mais elle se 
composait de très-peu d'articles , parce qu'elle éUii régie 
par celle de la province ; elle n'admettait pas la forclu- 
sion 9 c'est-à-dire l'exclusion des femelles par les mâles 
dans les successions collatérales ( k). 

La terre de Château - Chinon a souvent cîiangé de 
maîtres. Possession de l'église d'Autun^ qui la tenait en 
pur don de la munificence de nos premiers rois chré- 
tiens, elle passa, au neuvième siècle, à titre de fief, 
aux comtes de Nevers , qui déjà prenaient rang parmi les 
plus puissants seigneurs de l'époque. Hervé de Donzy, l'un 

(1) C'étaient, entre autres, Arcilly , Argoulaie près de Montsauche, 
Argoulais près do Chàteau-Chinon , Aringette , Aron , Aunay (le Bas-Fort), 
Beaurcgard, Bernay, Beoret-Boguet, BUames» LeBreale, Brinay, hB^Btvjs, 
Bachot» BttssiàTOB près d'Ouroux, Buzy près d'Anost, ChaiUoux-Ie-Vieus, 
Chaill6ttz-le-Neuf ou Buftsières, Chaligny, Cbamp, Champ-Cheur/Cbamp- 
VÀbbaye, diaiituUe, ChAtin, Chaumard, Chaumes, Chaumien, Commagoy, 
Gorancy, CorceHe, Crot-d'Achun, Estoules , le Grand et le Petit-Guy, 
Dommartin, Drazilly, Fachcn, Frétoy, Grandry,riuipy, Laverdoux,Lavault, 
Lichy, Louvreau , Maison-Comte, îlonessairo en partie, Le Montai , Mon- 
taron , Montbaron et Muiilhois, Moncey, Montsaulnin , Montmort, Mont- 
perroux, Mouassc-la-Fosse, Noury , Le Pa\illon, Poissons, Poussains et 
Poussignol, Poussery, Précy, Quiiicizc, Ravery , Salorges et Lhuis-rAbbé, 
Saintp^ennain-des-Bois, Salnt-Léger-de-Fougoret, Saint-Pérease , Seiv 
magos» Solières en partie, Tard, LaTournoUe^Vandenesse, Vennenonx, 
Vauchisson , Villacot, etc.... N4us citerons , à Tarticle de Lormes , les fle6 
qui mouvaient du comté h cause de cette baronnie. 

(S) Ce dernier, connu sous le nom de Boitliage deBnuty^Dm, avait 
été réuni , vers 1760, à celui de Lormes. 

(3) L'ancienne coutume nous apprend qUQ jusqu'à 1463, les. appels se 
portaient au parlement île Dijon. 

(4) Ârcbiv. nation.,!. 191; Niés de La Rogb., Jl/emotref..., p. 431. 



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LE MORYAKa Ihi 

d'eux y en fit foi et hommage à Gauthier^ évêqae d'inton, 

en 1209. 

Ces seigneurs, ne pouvant jouir directement de leurs 
immenses domaines » cédèrent bientôt cette terre en 
arrière-fief à une très-noble et très-puissante famille qui 

posséda en même temps les châtellenies de Lormes , de 
Glaine, d'Ouroux et de La Roclie-Milay; les seigneuries 
de Biain^ de Brassy, de Duu-les-Places^ de La Montagne, 
de La Toumelle..... Ainsi, cette illustre maison avait sous 
sa main presque tout le Haut-Morvand. Elle forma, dans 
la suite, diverses l)ranclics, qui prirent le nom des seigneu- 
ries qui leur échurent en partage ; de là vinrent les barons 
de Lormes et de Gbâteau-Ghinon, les sires de Glane, de 
LaToumelle 

L — Seguin, le plus ancien seigneur connu de Cliâteau- 
Ghinon et de Lormes, vivait à la lin du onzième siècle, 
n vendit, en 1086, sa terre de Saint-Victor (1), an comte 
de Nevers, et partit , h la suite du concile de Glermont et 
des prédications de Pierre l'Ermite, avec ses fds et ses 
hommes d'armes, pour la Palestine. Mais avant son départ 
U voulut attirer les bénédictions du Giel sur son périlleux 
voyage , et donna, à cette intention, une partie des dîmes 
de ses terres à la cathédrale de Nevers. 

n. — Hugues I" de Ghâteau-Gliinon , que Ton croit fils 
du précédent, ayant succédé à son père, se montra digne 
de ses nobles aïeux, n assista, en il&6, à l'assemblée de 

Vézelay, et vola, Tannée suivante, avec Louis-le-Jeune 
et toute la noblesse du Morvand à la déleuse des Lieux- 
Saints. 

De retour en 1153, il donna, du consentement de 
Parlsie , sa vertueuse épouse , de Hugues et Seguin , ses 

(1) Biches , dont Féglise est encore dédiée & ce saint martyr. 



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sa famille^ aux moines de Regny, le droit d'usage et paean 

0ans sa terfft 0q ]l.Qri^es> et moqrut deux ai)$apr|i$ (Ij. 

m. ~ Hugues II de Blnin ( 2 ) , nom qu'il porta du 
vivant de soq père> fut un noble et pr^ux çheyaUer. 
£o çonpifi q sfi disposait à partir pour Paiestiofs^ 
il donna • pour se rendra le Ciel propice , du consentement 
d'Aremburge, son épouse, de Seguin, Hugues et Adelis, 
ses enfants, d'Enselme, beau-irère , et d'Elisabeth, 
tpma^^ dft Seguin^ les terres ^ prés et bois de SerfttUt^ prè§ 
de P|ançl)e;E, à rab))aye de Regny dépositaire des princi- 
paux bienfaits de ses ancêtres; il fit ensuite confirmer cette 
donation par Ktienne II, évêque d'Autun, par Tliibault^ 
évéque de Nevers^ et par Seguin 5 abbé de Gorbigny (3). 

A40U^ A||^9 ^ We^ d^in^ 0e Glaire» épousa Jean, 
sire de Châlillon-en-Bazoîs, et lui porta cette terre et de^ 
droits sur celle de Château-Chinon. Quant à Seguin ef 
fugues ^ jp^Q^s chev^ei^ pleins de foi et de coura^e^ lis 
prt||rei^(, U9Pj pour la T^nre-jSalnte^ «l'qù i'alné np 
(levait pas revenir. Hugues, dont le cœur débordait d^ 
piété et d'amour fraternel, donna à son retour, en 119S, 
pour le remède de L'âme de ce bien-aimé frère , les dîmes 
qu'il possédait dan§ Iji f^4f^l}pQ}(^ de Ghateaii-:Gb{nqi|^ f| 
l'abbaye de Bellevaux, située dans la paroisse de liman- 
ton (4). 

^ IV. — Hugues m de Lormes (5), fils de ^eguin et 
petit.- liis du précédent , étant jleye^u, à s^ majqrit^i 

(1) Do m G. Viole , BiiL manusc. de Begny. 
(3) Hugo de BUno. 

(3) nom O. Yio&t , Biit, mamm* ée Regny. 

(4) |91oAmi^n446,eB 1U8, par loçlftoed^ MacB»aigp& p( napiorQDe, 
son épouse, qui la donnèrent à Tordre de Prémontré. Ces deux épovx 
chréUens se firent religieux dans la suite. 

(5) Buffo ab mf9^. 



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Menfalaaiwe de ses ai^e^ties» « dMt > cUsoit 4q fMllw 

• chroniques , un seigneur de teste , de résolution et 
i cl*lUMi ei^tresme dévotion, > Sop premier sqia fut de 
pQnfirnier l^ut^ l^s donatiops ûfi «ai fs^ipiUe miqii^Ues II 
en sûouta blaBlôt de Bouvelles, H dma, dn (910, | 
l'abbaye de Regny, la (jraniVdfme de Saint-Germain-des- 
Champs, la moitié de celle de Cli^rpuyc, un moulipj 
JiatigiF et prêt de Brassy , e4 im droit de pacftg^ 

pû«r ee«t porcs dans pa cb^eUeolé de Lomecf» et à 

la chartreuse d'Apponay, douze minées de blé, moitié 
peigle, moitié froment, sur la commanderie de Biches, 

payable li la Toqss^l« U la mAme annâOj lipnwcf 
4e se9 tema au eqnite de If^veniB et partti poqr gnerm 
eOBCr^ les Albigeois (1). 

Il eut, concernant la mouvance de la baronnie de 
Lormes^ de longs démêlés avec Tévêque d'Àuxerre, à la 
aiiite desquels 11 recopnnt son fmuff^ip^ squf la fidélité 
m camt^ de Nmrsf 11 confi^siKi, en méipe temps, 
devoir, chaque année, une rente de ciiKju^pLc livres de 
çij-e h Ja cathédrale Saint-Étiepne (2), 

Vaop^^ g^i préf4da ^ mcffi, c'^»t-a-dire e^ 4 
(iajida, da consentement d'El^de de V^nfYj son épouse, 
la chartreuse du Val-Saint-Georges, près dq Pouques, et 
la dota ricljemeut. (îelte graïulc et sainte œuvre courqnna 
toutes les autres , et mit le comble à ses bienfaits. Klvide 
avait elle-même fondé son obit ou anniversaire, à Begny, 
en 1232 , au moyen de sa pratrtV d'Antouin, du Clos-de^ 
Noes et d'un pressoir qu'elle légua h cette abbaye. Hugues 
iivait aussi douué, dans la même intention, diBS biliPS ^u 
monastère de Saint-Martin d'Autan (S). 

il) poft fi. lumf mm- A iw- cw^vam p. ^ss. 

(3) tkidf nom G. yfiDv; U. ^jte^>Mr<?«'^- 



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244 LE MORVAND. 

T. ^ Drcm I" de H€io oa Hetlot (l)y chevallér» 8éi^^ 
de Bresciiard , fils pntné de Gidllaiiine^ baron de Mot^-Bris, 

et d'Elisabeth de iMont-Saint-Jean, dame d'Ancy-le-Franc, 
ayant épousé Elvidc^ fille unique du précédent , en reçut 
les cbfttdlenies de Okâtean-Ghinon et de LonMS (2). 
€e noble sefgnenr s'empressa de confirmer, après la 
mort de son beau-père, toutes ses pieuses donations. Il 
légua lui-même, en 1248, à l'abbaye de Saiut-Mariea 
d'Auxerre, pour fonder son anniversaire celai de sa 
digne épouse , une rente perpétuelle de cetit sols sur sa 
terre d'Kspoisses ; et à celle de Re^ny, cent soudées de 
terre de fort Nivernais dans sa châtellenie de Lormes, et 
partit ensuite avec Elvide pour la Judée , où il mourut , 
selon Ck>urtépée (3) ; mais il parait plus probable que 
ce ne fut qu'après son retour ^ en 1252 (4)« U laissa trois 
enfants (5). 

♦ 

YI.— ^ Drent II de Mello, l'atné , qui épousa une des filles 

d'Anséric de Montréal et de Marie de Garlandc , comtesse 
de Grandpré, ayant succédé à son père> confirma aussitôt, 
selon l'usage et la nécessité de Tépoque, toutes les fon- 
dations de sa famille, et notamment celle du Yal-Saint- 
Georges. Il soutint, en 1259, contre le comte de Grand- 
pré, oncle de sa femme, uu long procès pour ses terres de 
l'Ile-de-France qui mouvaient du roL Sa mort arriva peu 



(1) La maison de MeUo, roue dea plufi Ulusties du rojaame, était origi- 
naire de Picardie. 

(S) Du RouciiET, nist.généaiog.dêlamÊii€ndeO(mrtmuiyt^'9,nui M» 

DB La Uoch., iVémoires , p. 269. 

(3) Descript. de Bour<j., tt>iuc v, p. 174. 

(4) Dom G. Viole, Uist. manu&c. de Regnyi îiéK db La Rocoells, p. 270; 
le Nivernais, tome ii , p. 195, 

(5) Guillaume, le puinû, eut la terre d^Eapofssea en partage. laabeUe, 
qui épousa, en 1985 , Guy de Hauvoiain ni, aeigfneur de Roany, reçut une 
dot de trente-elx mille Uvrea altoctée but le trésor royal. 



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I 

de tenps après 1282, améeoli û mùtUtqjagkipm pièQQS 

de terre en faveur de Téglise d'Auxerre (1). 

VII. — Dreux III , fils du précédent , seigneur de 
Châleau-Cliinou et de Lormes , s'unit à £ustochie de 
Luzignan (2)^ fille de Geoifiroy, et de Jeanne» comtesse de 
CbâteUeranlt^ qui lai apporta les terres de Jamac> de Ghâ- 
teauneuf et de Sainte-Hermine. H fut reçu chevalier banne- 
ret quelques mois après la mort de son père, et fonda son 
aaniyersaire. et cdlui de son épouse au monastère de Fon- 
tenet en Bourgogne pour une rente de dix Uvres, rache- 
table au capital de cent, sur ses seigneuries de Château* 
t^lûnon et de Lornies. XI mourut |e 23 avril 1310» et laissa 
trois, enfants. 

VIII. — Dreux IV» noble et preux chevalier» se conduisit 
en héros à la bataille de Sahit-Verain » livrée le 9 octo- 
bre 1308» et fut renfermé» pour avoir combattu contre 

l'ordre du roi, avec IMathieu, son frère, souclie de la 
branche de Saint-Parize-le-Chûtel , dans la maison des 
hospitaliers de Salnt-Jean-en-risle» près de GorbeU. C'est 
lui qui , en faisant prisonnier Béraud de Mercueil, dauphin 
d'Auvergne, l'un des principaux champions de l'armée 
d'Odoard de Montaigu , décida» comme nous l'avons re- 
marqué ailleurs (3)» la victoire en fàveur d'Érard de Saint- 
Verain, dont le fils épousa Jeanne de Mello» sa sœur (4). 
Dreux mourut treize ans seulement après son père» et 

(l) Archiv. nntion.; Nlt. nr. [,a Rocublle; Annuaire de la Nièvre. 

(9} Dans .son t'pilaplu?, à Fontcncl , elle (Hait <lito cousitii^ <i"l](lnuar(J , 
roi d'Aiigletorro. La maison do Luzignan, l'une des plus anciennes de 
France, était originaire d'une petite ville du Poitou, dont le château, 
selon le vulgaire, était imprenable, parce que, disait-il, il avait été bâti 
par une fée moitié femme et moitié serpent. Guy jde Luzignin, mort 
en 1194, fut roi de Jérusalem , puis de Chypre. 

(8) Vcyex p. lao. 

(4) GvT Goftotui , JHft. du JTfvem.; Nil ni U Xoghiui , p. 887; LiBonr, 



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âftO LE MORVÀliD^ 

fille de l'amiral 4e 00 ittitt, IvMlèm, JMM il 

Marguerite; il n'eut pas d'enfants de sa seconde union 
avec Éléonore de Savoie > veuve elie-même de Guillaume 
de Ghalioti» Éomtè d'Âuxérre. 

Bàôtil I* dé Meitie««iNBle(i'8ÉelttttOÉlÉies> 

is(5U d'uttè des plus anciennes el des pitts illiâllreft MiftfeNNËi 
du royaume (1), ayant épousé, en 1319, Jeanne de 
MeHOj fille aillée du précédent^ eu reçut la (Mteliefiie de 
GliâteaiMSIiliioft} la k^ouiie île ioime&M.... Sa «Aie 
eirtriÉirilleti dèvafi KaturèfienveM le «eadnlra a«t |rttti 
hautes cliarges da royâume, aussi fut -il fait connéta- 
ble de France en 1330. Il se montra ^ par son coorage^ 
digne d'une telle distinction , et mourut , quatorze ans 
après^ à Parls^ i'oti coup de lance quH reçut dans un 
touVnol donné ^ l'occasion des noces de Pïiilippe de 
France^ duc d'Orléans. 11 laissa un fils et deux filles; 
Jeanne 9 TaSuée , fut mariée à Gautliier de Brienne^duc 
d'Atliènes , son cousin ; lllarîe d^» la seconde , mourut 
saus posiéilXé. 

X. — Haoul II de Bricnne hérita, h la mort de son 
père^ de ses seigneuries et de sa haute dignité. Le roi 
l'ayant chargé, en de défèndre la ville de Caen 
contre une armée d'Anglais ^ débarquée sut les oMes de 
Normandie , il ne put , malgré tous ses elTorts , empêcher 
la place de tomber au pouvoir des insulaires ^ et lut lui- 
même pris et emmené prisonnier eu AngletenrOj où il 
demeura quatre ans. Mais poussé par Vennii ette'désir de 

fl) Bne -Untffc son tooib ae ta petite tille ûb Irfeime-mHkiibe. isatta 
illustre maison a donné un -nH à la Sicile, dons 1k personne de'GMthlW 
de Brienne, qai virait en IISS, et un autre à JérusaleA, dans celle de 
IVan, en 1990. Cederniteir fut créé » fteuf «s aw aprim, S B l p iBlW fr 'dè'CgS»- 
tantinople par les barons français. 



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LE AlORVÀIfD. 

neVoir U pàtrié » Il sé ûéàSk eaSà à VtM^ èé M i^àaç^ 

avec le roi Edouard. 

Le prix de sa liberté fut fixé à quatre-vingt rallie ccus 
âùpUix, qu'il promit de pàyler à aoé étmquè déterminée > 
àvec ta condition que s'il n'avait pâs saâsïiadt à Ms engage- 
ments à cè terme y le motiârqne anglais entiieraH éft érityft 
en possession du comté de Guines, où se trouvaient plu- 
sieurs places qu'il convoitait (1). 

Ce traité malfaenreax^ conclu li l'insn da roi lean^ it 
Mitonner le connétable ée trahison ; t*est ))ourquoi , 
le 15 novembre 1330, immédiatement après sa rentrée à 
Paris , il fut arrêté dans son hôtel de Nesle , et con- 
damné, le 17 isnivant, sans information préalable , sanft 
procès en i^e, à atôlr !i tête tratacBié^ L^éxéeûflo* 
ent iHen y à rhemie de nlnoit , dans son hétel même > 
en présence de plusieurs grands seigneurs de la cour (2). 
Le roi, qui avait en même temps confisqué ses itiens^ 
mit te comté de Gulnes à la couronne, et donna 'eel«l 
d'Eu à Jean-sans-Terre, comte d'Artofs. Ainsi ramMttoA 
d'Edouard n'eut d'autre résultat que d'amener la perle de 
son maliieui eux prl&ouiner. Quaut aux terres de Château* 
Gliinon et de Lormes, le monarque les abandonna à 
Jeanne de Brlennc , pour ses droits dans la ^c<7esslbn 
paternelle , et pour les différents Icj^s que Ulanche d'iiu , 
sa tante , lui avait faits. 

XI ^ ifiàMiler IV de Brtèime*, dit de Berct> do^ 
^'AÏhèAes, trèàu -frère dn )^récédènt, ^t seignenr "itë 

Château -Chinon et de LormeS;, à cause de Jeanne, sa 
femme, jouit de ces terres par indivis avec Jean de 
Ghallon, son onde, jusqu'en 1355, Qu'ils les partagèrent 

(1) ArohiT. DaUon.; Fbuia, Met. hiograjh, 

(9) Nicolas Gium» Jlifl. ds Ftmeti Wt db U Rocb.» p. S76 et suiv.; 
Archiv. nstton. 



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248 US MORVAND. 

Sa portion 3e conipOBa <le la châtellenie de Cbâteau-Ghinon 
avec ses dépendances ^ et de la moitié de la baronnie de 

Lormes qui prit alors le nom de Lormes-Château-Chinon. 
Gauthier, qui avait été créé lui-niéme connétable au mois 
de mai 1356^ fut tué , eu septembre suivant^ à la bataille 
de Poitiers» tandis qu'il voulait vçnger noblement la mort 
de son beau-frère sur les Anglais. 

La duchesse, sa veuve, lui survécut jusqu'au mois 
d'août 1389, et jouit paisiblement de la terre de Cliàteau- 
caiinon. Mais à la nouvelle de sa mort» le bailli de Saint- 
Pterre-le-Moûtier se rendit dans cette ville > et confisqua 
tous les biens de sa succession, sous prétexte que l'abandon 
ne lui eu avait été fait par le roi qu'à Litre de réversion à 
la couronne» en cas de décès sans enfants légitimes» ce 
qui était arrivé, n les mit donc sous la main du monarque, 
malgré les réclamations de Jean et Hugues de Ghallon , 
et de Marie de Sully, femme de Guy de La Trémouille, 
neveux de la défunte et ses légataires universels» qui en 
appelèrent en parlement (1). 

Xn. — Charles VI, maître de Château-Chinon par suite de 
cette seconde confiscation, s'appropria les revenus de cette 
terre» sans égard pour les droits des donataires» et l'érigea 
en comté. Néanmoins, il consentit» le 20 novembre 1394» 
à payer une somme de vingt-cinq mille francs d'or aux 
héritiers de la duchesse d'Alhènes, et se trouva, par ce 
moyen , possesseur légitime du comté , qu'il échangea 
bientôt contre les terres et seigneuries de Gaille-Fontaine» 
de Rozon et de Saînt-Saen en Normandie. 

Xin. — Louis II, duc de Bourbon, devînt comte de 
Château-Chinon en vertu de l'échange dont nous venons 
de parler. Ce prince» sage et modéré» mourut en 1410» 

(1) ArchiT. nation. 



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IB MOETAIia 249 

au moment où la France était livrée au feu des factions^ 
et laissa le comté k son fils (i). 

XIV. — Jean F% duc de Bourbonnais^ ayant succédé à 
son pèrty.vWta ptaviom fofts ses terres dn Morvand* H 
r«iidNi«na, en ikîB, sa ]»art do capital de la renie de 

dix livres due à l'abbaye de Fontenet , et bâtit , vers ce 
temps-là , le manoir seigneurial de liormes qui , de sou 
non^ lut appelé TourTde-BourlKon* 

XT« Gliarles fils du précédent^ n'eut qu'une fille 5 
Isabean de Bonrliony qui éponsa, le SO octobre 1454^ le 
eomie deGharollals, auquel elle porta en dot les biens de 

sa maison avec cent mille francs d'or. Olivier de La Marche 
prétend que les fiançailles eurent lieu à l'insu du père de 
la prineesse par les bitrignes de JeaD-le^Hon^ qid amb^ 
tiomidt le oonlé de Ghâtean-^non poor le )(^dre à la 

Bourgogne , où se trouvaient , juscfuc bien avant dedans^ 
plusieurs fœfs importants qui en mouvaiçnt (2). 

XTL^Charies-le-Téméraire, duc de Bourgogne, étant 
entré en Jouissance du comté à la mort de sa belle-mère» 
en 1465, le posséda Jusqu'à la sienne arriTée le 7 Jan- 
vier iUn, devant Nancy (3). Nous avons vu plus haut 
comment ce prince fougueux et justement sumonuné le 

(1) Archiv. nation, 
(f) IWtf. ttUM, 1. 191. 

(3) Ce prince voulant un jour montrer à haut personnage qui était venu 
le visiter, les clers des villes qu'il avait prises, commanda à son fou de les 
lui apporter. Colui-pi partit aussitôt et no revint pas. Lo duc, lassé d'atten- 
dre, le fit appeler do'nouveau et lui reprocha sa lenteur à exécuter ses 
ordres.* Prince, lui dit-il, je cherchais les clefs de Beauvais. » On sait 
que Chai'les-iu-Téoiéraire avait été repoussé honteusement, en W2, des 
iBurs.de cette vUle qu'il tenait assiégée avec me nombreuse armée. 

L'ainbition du duc avait toi:^ours été d*lmiter Annfbal, général des 
Carthaginois. Satin à Morat, en 1475, par les 8nisses qu'il voulait anéantir» 
il Alt encore cette fois forcé de fuira honteusement. Gomme il se sauvait 
à toute hride, ce même fou courait derrière lui do toutes ses foroesen 
criant : c iUi 1 nwneeigneor, nous voilà hien annibalés. » 

47 



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250 LE MORVAm 

!réméraire, traita si» 9ijiets de Cbàtean-GbittOD» auxquels 
il imprima une sinjçulière terreur de son nom. Ses vassaux 
du Morvand^ qui ne le redoutaient pas moins , s' empressé- 
fènldAini tendra loi el liaiaMipe.pAor MrsiflCi^ «I 
alicasi ne tasÈqm 4 ee deMr« Mous dé élroai ^ ëu 
ses démêlés avec Louis XI; nous en avons parlé assea 
longuement dans notre deuxième partie (1). n ne laissa 
qu'une fille ^ Marie de Bourgogne^ qui époim lê suivant 

XVII. ^ Maximillen^ archiduc d'Àutriclie^ puis empe- 
Mur d'AllmagM ^ étadt deiveau^ par sou suoiage» çood* 
dg(Ulea»-€ldnHi»taniit de Mlu leiitMttrit au um dd 
sa femme (2) , puis en Celui de ses deux enfants, n fit la 
guerre avec la France pendant cinq ans avec des succès 
d&ten. €réé roi des BiMualns en 14â6»U0MW(A««s^a«s 
plus titiMi sur id trOae UapéiiflA dgmu fuoMi IMT tos^ 
de Mw pdrdf Frédéric IV (e PaeiHqm 

xyuL — Philippe-lé-Beau^ fils du précédent > fut ainsi 
surnommé de ce qu'en eflèt il était le prince le plus beau, 

le plus généreux et le plus facile de son temps. Il n'avait 
encore que douxe an» lorsqu'il épousa, en i4dû, Jeaane- 
la*itoUe» fille et lié^iUèra^de Ferdbiand Y, itoi d'Aragoui 
et d'Isabelle, tëx^ de Castillcr Cette union lui valut le 
trône d'Espagne. Il se fit rendre foi et hommage par tous 
ses vassaux du Morvand^ en 1506^ et mourut deux ans 
après, le Jour de saint filicbel, à Burgos» laissant trois 
enfimts en bas^âge. 

XIX. *^ Charles, l'aîné , archiditc d'ÂptrIché > piiis roi 
â'fespagne^ et enfin empereur soûs le nom dé Chartet" 

Quint, porta le titre de comte de Château-Chinon depuis 
la mort de son père Jusqu'au 17 février 1508. Le conseil 
do fonllle disposa aknri de celte seigneurie ^ des comtés 

(1) Voyex p. 147 et suiv. 

(3) Cotte princesse mourut le -2 mars 148d|<i'llllS0tlUto<i9 Ohovai arrivttd 
au milieu d'uoe brillante partie de cbasse* 



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LB MORVANa 251 

d6 Bourgogne « de GbaroUaîs» de Noyersi et des terres de 
Gbaiissln et de Perrière, en fiiTeor de sa tante (1). 

XX* MftfgneHte tfAttMcfeé^ illlé dè ttàxinriMj 
posséda, en Tertn de la concession dont nous iéMû^ dé 

parler, le comté de Château-Chinon jusqu'au 20 mai 1517. 
Alors le roi François I" l'obligea à le céder^ ainsi que les 
seigneuries de Gbaussin et de la Perrière, à la duchesse 
de LoDgueville> en compensation des terres et diâteaui 

de Châtillon-sur-iMeische, Cuhans, Mortaut, Uiies, Vercol 
et Yillefaut, dont elle s'était emparée (2)4 

XXI. — Jeanne de Ilocliberg de Bade, fille de Philippe, 
prince souverain de Neuchatel, et veuve de Louis l*' 
d^ôrtéans , due de Longueville , coittte de Dmiofs , dévtnt 

dame de Ghâteau-Ghinon en 4îf47, eu vertu de la tran- 
saction que nous venons de rapporter. Dix-neuf ans après» 
elle la donna en mariage àson troisième fils ffi)% 

(I ) Àrchiv. nation. ; ifoHeê d» litÀ. 

(S) Cnttc princesse aVaft été fînnc(?c, dès Vàge d« ttoitt thS , fit) dauphlil 
dopuis Charles VIII ; mais elle fut, dans la suite, repoussée et dut céder 
sa place à Anne do Bretagne. Ferdinand V, roi d'Aragon, l'ayant demandée 
pour Jean do Castillu, son fils, elle r»ai"tit,à l'àge do dix-sept ans, du 
port de Flessingno, pour aller joindre ce prince; mais une tempête si 
furieuse assaillit, dans la Manche, le vaisseau qui la portait, que l'équl* 
page perdit un taiomont tout espoir de salut. Marguerite, tranquille et 
résignée au mUien des horrenrt de ftetfe |K>sittoii, écrivit cette épitaphé 
Milae MirtlMl Ion 8Mi§4lpeid } 

* Ci-git Mariât, la gente demoiselle, 

> Qu'eut deux maris et se mourut pucello. > 

Elle échappa pourtant, et arriva en Espagne; mais elle no fut pas 
heureuse pour cela , car elle perdit son époux au bout d'un an. Remariée 
en 1501, à Phililtort II, duc de Savoie, trois ans apr^s , elle était encore 
wuire. Cest cette princesse qui, en exécution d'un vœu fait par Margnerlté 
de Bôurbon, et b0iie-inèfe,Mlit Id magnifique égliad de firou, priis de 
Boiirg-en-BreMe. (flttt. j^Uorufiiidèt CeMM., 1846, p. 57; Archiv. oaUoiiii 
PbllbS.) ^ 

(S) Quelques auteurs ont prétendu que cette princesse n'eut pas 
d*enfants , et que ceuK dont U est ici i|rMetiMi ». étalent Aéf d'un pffeiîier 
mariage de son mari. 



252 I£ MORYAND. 

XXn. ^ François d'Orléans, dac de Longoeville^ fils 

des précédents, devint comte de Château-Chinon en 1536, 
époque de son unlou avec Jacqueline de Rohan, et mourut 
en i54S 5 laissant sa Teuve avec deia eniants, Léonor et 
ftançoise. 

XXIIL ^ Lonis P' de Bourbon» prince de Ck>ndé, Ton 
dies plus chauds et des plus zélés partisans du cahrinisme , 
ayant épousé, en 1555, Françoise de Longueville, fille 
du précédent» en reçut en dot le comté de Ghâteau- 
diinon. H ne parait pas que ce prince» malgré son ardent 
prosélytisme , ait inquiété ses sujets du Morvand pour leur 
religion. A sa mort, sur le champ de bataille de Jamac» 
le 13 mars 15C9, le roi Charles IX confisqua le comté; 
mais il le rendit i)ientôt à sa veuve» qui en jouit sa vie 
durant» et le laissa à son fils unique. 

XXIT. » Charles de Bourbon-Gondé ayant hârité» le 
11 juin 1601, des comtés de Soissons et de Château- 
Chinon, abandonna, six ans après, aux bourgeois de la 
ville» huitcent onse arpents de ifois et buissons, moyennant 
mie somme de mille livres de éf^ie-mmn et me reite 
annuelle et perpétuelle de trois sous par feu, et mourut 
le 1" novembre 1612. Sa veuve, Anne de Montafié, dont 
il avait eu trois enfants» savoir : Louis (1)» Louise et JMlarie» 
lui survécût trente-deux ans. 

En cette princesse vendit» moyennant deu 

cent dix mille livres, à Guillaume et à Nicolas Phe- 
lippe, marchands de bois, de Paris» la superUcie de 
trois mille deux cent quatre-vingt-dix-neuf arpents de 
de forêts, et leur donna vingt ans pour l'exploitation. 
Conwne cette vente avait été faite sans réserve de balivaux 
ni modernes, les habitants du comté, qui avaient droit 

d'usage et de pacage» réclamèrent contre cette dilapida- 

(1) n fut tué à la bataille do Sedan , en I6â6. 



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MO&TAND. 253 

lion. Elle les apaisa en leur abandonnant ^ pour une rente 
de deux sous par arpent, uue partie dttsol de ces bois 
qu'ils défricbèrent (!)• 

XXV. — Thomas-Flrançois de Savoie» prince de Cari* 
gnan , qui avait épousé Marie de BourboA-Gondé» 

fille du précédent, entra en jouissance du comté de 
Cliâtcau-Cbinou et de celui de Soissons^ à la mort de sa 
l)elle-mère, en iùkk. Ce priace» vif et impétueux» mais 
inconstant^ posséda ces seigneuries tant en son nom qu'en 
celui de Marie d'Orléans, sa nièce, fille de Henri II , duc 
de Longuevillc, et de Louise de Bourbon - Condé , sa 
belle-sœur (2), jusqu'à sa mort arrivée en 1656» à Milan.» 
où il commandait» en qualité de généralissime» les armées 
de Ftance et de Savoie, n laissa deux tUs. 

XXVI. — Henri II de Savoie, duc de Nemours et de Géne- 
vois» époux de Marie d'Orléans» duchesse de Longneville» 
dont 11 vient d'être parlé» et Eugène-Maurice de Savoie» 
comte de Soissons, fils putné du précédent, portèrent en- 
semble le titre de seigneurs de Ghâteau-Chinon. Le premier 
n'en Jouit pas long-temps^ étant mort en 1659» au bout de 
deux ans de mariage seulement Le second n'eut Jamais 
que la nue-propriété de cette terre ; car la princesse 
douairière , sa mère , en lui donnant en mariage (3) , au 
détriment de son frère ainé , Emmanuel-Philibert^ prince 
de Garignan (6) » sa moitié du comté et généralement 
toutes ses terres et seigneuries de France» s'en était 
réservé Tusufruit. Elle jouit , en effet , par indivis avec la 
douairière de Nemours j, sa nièce» du comté de Château- 

(1) Archiv. nation. 

(2) KUe mourut le 9 septembro 1637, après vingt ans de mariage. 

(3) Il épousa , en 1057, Olympe Mancini, nièce du cardinal Mazarin. 

(4) Comme ce prince était né sourU-muet, sa mère avait «upposé qu'il 
ne se marierait jamais. 



256 



Ghinon et de celui de Soissons, jusqu'en 1688^ époque où 
titiés en firent le partage. Le premier lai étaot éehu» elle 
eentiAiUi d*eii'pmeTdr les i^eiiiis Jusqa^ftn 4 Jolii 1699 
qu'elle moamt. Cette princesse comptait alors quatre» 
vingt-sept ans (1). Son fils, Eugène-Maurice, décédé dix- 
Dçyf aps pli^ tôt^ ayai^ laissé |rois Hls^ Loui§-Thomas^ 
çQmt^ 4^ Sqisspns; FrPPÇois-EiiKène^^ fpimeiix ^éra* 
iissiipQ des arpiées de l'empereur d'Allemagne (2), e^ 
Pi)ilippe|( m c))evalier de Maltç et a])l)é de Çprbi^ 

• - • 

KXm r-, l4Npi^71iomas4 l'aîq^f de« fil^ an prêchent, 
çntn^, ^ la mprt de la donairîèrq de Garignan, son aïeule, 

e9 jouissance de la terre de Château-Chinon ; mais il n'eii 
fîit jamais paille possesseur. 3cm onpl^» ISpuQ^Ql- 
Pbilibert, ce prisée a^^^rité. m fib 4e m 

ODion avee Angélique-Catherine d'Ëst-Modène (5) , qu'U 

avait co^t^ractée contre les prévisions de sa mère, lui intenta 

m jffQçè^ q\û 3e termina e^i J7Q?, pair m arrêt du parle- 
nt fi^0t h» H 

Tir 

XXVIH, "^^ictor-uVmédée , prince de Carignau > fil^ 
^'£;)HiP^U^-?Wejt« ^ trq^v^j| à ^ sga p^r^i^ 
1^9111^ 4e 1^ moitié «pTtron dfi çe^\^ selgi^nrle, U 

acquit, peu 4c temps apr^, la portion de son cousia» 
(iOUis -Thomas (4), et re^ta ainsi seul maître de tout 

\^ çm^ Mi^s çe^^ aotm^tiQ^ w^^^t fpf çé 4q (atrç 4fi 



(1) JirQfiMfl|anuf^..4f. 
' 19) II est célèbre sous le nom de prince Bugin§, Louis XIV ii*ettt pas 
d*enBenii plus dsngereux. Il porta d*abord le petit collet, et se nomma 
rabbédeCarignan. 

(8) Ce mariage eut lieu en 1684. 

(4) Ce pfjnoe ayant fait de mauvaises aiïaires, ses erôanclaaBMiflimit 
adjuger sa part du comté ; mais VmtonrAm^tlëe les forfa d^M^epler le 
lemboors^eni da leiua créaooes. 



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LE MORVAND. 255 

' gros emprunts (1), il se vit bientôt contraint Inl-mêmé 
de le reirendre ' 

XXIX. — Louis de Magcrani , marquis ûn lieu et de 
Paray, seigneur de Villers-sous-Saint-Leu..M»# conseiller 
du roi 9 président de son grand conseil f maître de ses 

enquêtes. , acquit, le h mis 1719, le comté de 

Château-^hinon, pour une somme de trois cent vingt-cinq 
mille livres. L'acte de vente porte que cette seigneurie est 
une des plus belles du royaume par les droits dont elle est 
décorée^ et que parmi les deux cent qwranie fiefs en 
sont mmeants, il en est ifuatre w cinq qui talent pfur ée 
trois millions de livres (2). 

• 

XXX. *— ftançols-iMarie de Mascrani^ fils de ce dernier^ 
#Kt M grifa procès à soutenir contre les liérKIe» do 
priMtf de CaMgnftii qtti » ani apric U vtMte > aiviit ^ 

soin de prendre des lettres de rescision. L'arpentage des 
forêts, fait en 1728^ par Girard de Montbemard» constate 
que, malgré les défrichements dont nous avons parlé, 
elles présentaient encore une étendue de traU miUe neuf 
cent un arpents. L'estimation de la seigneurie , opérée par 
des connnissaires nommés à cet effet, en porta la valeur 
intrinsèque à im mUHan tr^iê €en$ trente-^trois mille cinq 
cent quatre4nn§t'4eux Utres douze sous huit deniers, d'où 
M. de Buffon concluait qu'il y avait lésion. Néanmoins , un 
arrêt du parlement, do Tan 1757, maintint le marquis de 
Mascrani dans sa possession pure et simj[^ du oimité qu'il 
lraiieiQtiitàMniUB(S). 

%XJ(l ^ looia de CM te«H 3M w P| issu du fn^taffi 

(1) II avait emprunté les fonds nécessaîros pmt «sitfl w^éUM^n d^8 
huupMmVmoiésTiÈilSL 
^ ArqUitv. alto».; MnÊmmrttêsVtm, 



256 tB MOBYAIia 

du précédent avec Catherine-Claudine-GamJlle Douet de 
Vichy, ayant saccédé à son père vers 1770, se fit rendre 
homiage, denxftns^fès^ par to^sfls vasMKXj^^toumnit 

ïers 1776 (1). 

XJLXn. — Laurent Planelli de La Valette, chevalier, 
nai^ de Blaubec, gendre ^f^J^^ïi^Sti^ÊiiigSlIe^ 
solvante» M et hommage, du c^omté .au. roi- Lonls XVI, 
et exigea le même devoir de tous ses vassaux. Forcé de 
passer à F étranger dans les mauvais jours de la révo- 
Intîon de 1739, la- terre de Château -Chinon tut alors 
confisquée au profit de la nation (2), Les forêts ayant été 
rendues aux chanolnesses de Mascrani , eelles-d les vendi- 
rent, au commencement de ce siècle, à la famille Bureau, 
de Paris, qui les repassa de même, vers 1825, au duc de 
caiolseBi-Pralin. le eomte. de Béam, «endre du nowrâ 
acquéreur, en e8l*ai4oiifcPhni propriétaire. - 



CSAmU^mON-CAMPAGNB. 

Cette commune, formée de la banlieue de la ville, 
compte dix -sept cent soixante -seize habitants > et ren- 
ferme une superficie de trois mille hnit cent quatre^rkigla 
hectares dont quinze cent dnquahte-sept sont couverts de 
tbirêts- Gomme elle a toujours été rémiie à cette dernière 

(1) ArchiT. de la sous-préfeot. 

(S) Les représentants CoUot-fTHerbois et Laplanolie', en mitaionl^ 
Ghftteau-Chinon , firent brûler , dans M nnit-dD S6 an 96 vrtû 1988, an pied 
de l'arbre de la liberté, une foule de titres qui auraieni'éléibrtpréclaQZ 
pour rbistoire du pays. dt la vUk, p. 4J 



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LE lIORTAim. 257 

pour le spirituel^ on n'y trouve d'autres édifices religieux 
qae deux chapelles rurales dédiées Tuue à la sainte Vierge^ 
et Tantre h saint Rocb. La prêmière^ Mtie vers 1S4S , an 
bamean de Facben , est devenue le titre d'un des vicaires 
de la paroisse. La seconde, connue sous le nom de Clin- 
pelle-iie'MontboU {i), est beaucoup plus ancienne» £lle 
couronne une montagne conique qui domine le cours de 
FTonne et la pittoresque vallée de Gorancy. Le 16 août 
de chaque année , la ville s'y rend en procession , et quel- 
quefois^ dans les temps de calamités, les iidèles y accourent 
en grand nombre pour implorer Tassistanoe du saint patrouji 
dont le culte était Jadis célèbre contre la peste. 

Près de là, est le Chamjh-d'Éguy , où quelques écrivains 
ont placé, sans foudenient^ le théâtre de la bataille de 1 ^75.' 
L'antique voie romaine , qui venait d'Autun par les Pasque- 
11ns ^ traversait ces parages et se dirigeait ensuite vers 
Entndns par Satait-Hilaire. 

Au sud-ouest, sur l'ancien chemin de Moulins-Engilbert, 
se trouvait autrefois une troisième chapelle dont la fon^ 
dation remontait à une haute antiquité. Elle était dédiée 
à la sainte Vierge , et desservie par les moines de Saint- 
Christophe. Près de son emplacement, s'élèvent deux gros 
tilleuls que l'on aperçoit de fort loin. Leurs troncs sécu- 
laires sont couverts de christs, de madones et autres 
emblèmes chrétiens, qu*y suspendent de pieux fidèles. Cet 
édifice religieux se nommait vulgairement la Chapelle-au- 
Chêne. Tout porte à croire qu'elle occupait la place d'un 
arbre sacré parmi les Celtes du Morvand. La tradition 
locale 5 son nom et sa'situation sur un plateau couvert de 
forêts, près d'une source aussi abondante que limpide, 
ne permettent guère d'en douter. 

Le souvenir des prêtres gaulois et de leur culte grossier 



(1) EiU est ainsi nommée d'un ancien fief qui l'avoisine. 



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^9 LE MORYÂlfD. 

s*e8tj en cratre^ eonamé ém le nom d'Atroys (t) , 
petit hameau bâti au pied de la montagne sur laquelle la 
ville est assise. La tradition rapporte que les druides y 
possédaient un collège. Des fragments de marbre^ quel- 
ques débris d'une beUe mosalqne et divers autres objets 
antiques 5 découverts en ce lieu ^ Indiquent qu'une villa 
romaine avait succédé à l'établissement des docteurs de la 
Çeiaque (2). 

La plupart des hameaux qui composent la commune» 
étalent Jadis autant de fieh et seigneuries mouvants du 

comté. Celui de Champ- Cheur, autrefois Chamfeur et 
Champseur, situé dans une vallée, au sud-ouest, sur le 
Gara^ appartenait^ en 1396» à Jean-Pierre Le Bourgoln; 
puis, en mtO, à Guillaume de La Gourcelle , qui le laissa 
à Jehan Plemère, son gendre. Suzanne , fille de ce dernier, 
porta ce fief h noble Philippe Descureur^ qui en fit fol et 
hommage en 1504 (3). 

Facben , dans les bois, au sud , formait » avec U Grand- 
tlllage et les Morvands, dont il n'est séparé que par une 
valiée où coule un ruisseau ilottable de son nom, une 
seigneurie en toute justice qui fut «nie» dans la suite , ai| 
marquisat de La ToumeUe. Noble Guyot de Vnsn^jt 
ëcuyer , en donna dénombrement au comte de Château- 
Chlnon, en i50/u II n'existe plus de vestiges de l'ancienae 
maison-forte des seigneurs. 

Montbaron, dans la vallée j à l'ouesti et Hontbols, au 
nordi étalent deux fiefs simples qui furent érigés, avec 
Argoulais, en justice et seigneurie, le 24 juillet 178i. Le 
premier^ qui avait donné son nom «à une branche Ae I4 

(1) VallU dniidum, ou ad druides. 

(3) Au-Uessus U'Atruys, on remarque la ferme et l'ancien moulin banal 
de Gravlllot, dont un habitant fut assassiné on 1779. I.e nieurtrier, Ber- 
thault dit Le Hoc , condamné par le bailli de Ciiàteau-Ghinon à être pendu, 
et n'ayant pu être saisi, Ait eiécuté en effigie sur lu place du ChampUn. 

(S) ArclifT. de la aous-préreet. 



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LE MORTAm 



259 



fàmille Salloimyer^ appartenait, en 1504» à Pierre de 
Udûtry, cberalier; et, en iMS, à Charles Trfdon» qui ]» 

vendit^ la même année ^ à noble Jacques Sallonnyer^ 
écuyer, seigneur d'Argoulals. Le second, avec Lhuis- 
Gaudry^ était possédé, à la fin da seizième siècle, par 
noble Jdian Oascoing» écuyer, sleor de Pâltege , dont M 
petit-flls yeaâÊi anssi, en 4701 , ft la maison Sallonnycr. 

Montsaulnin ou Montceaulnin et t6ré, au sud, compo- 
saient une terre en toute justice qui eut des seigneurs par- 
âcidiers. GuiUanme de Montsaotadu en fit dénombrement 
«n 1&07. On y remarquait alors nn cbâtéan qne tes 
Armagnacs ruinèrent quelques années après. La maison 
de ce nom, dont une branche existe encore en Berry, 
fut illustrée, an dix-septièmè siècle, par le cointe de 
Montai , général renommé pour la défiense des places (1). 
Cette seigneurie passa ensuite à Glande de La Rochette , 
écuyer, qui en fit fol et hommage h Charles-le-Téméraire, 
en 1473. Jean, son fils, et honnête komne Pierre Du Four, 
son gen^, renourelèrent ce devoir trente-un ans plus 
tard. Pierre Pltoys en était seigneur au eommeueemént du 
dernier siècle.* 

Précy, dans le flanc d'une montagne, au sud-est, appar- 
tenait, en 1556, h Balthasaid de La Touméile. Pierre- 
Andoche Desportes, qui prenait le nom de ce fief, en donna 
dénombrement à GhAteaii-Chinon , en'l772 et en 1777. 
Les dîmes de ce hameau et de celui de Coujard , dont il est 
séparé par une Tallée où chrcule la route d'Autun , appar- 
tenaient autrefois à Fabbaye de Benevaux , à laquelle elles 
avaient été données , en 1193 , par Hugues de Château- 
ChiuQUA pour fonder l'anniversalro de Seguig, son ftèT^$ 
mon en PalestiA^k JU'abM Fiorrt 4» Pont ii^ttoOts 
99k 1$494 pour uue WMte.immiuih Oe qumitiMfoq Vimih 

(1) foytx VarU Don-Iet-Plaoet, où noua vroM rapporté quelques traita 
de sa vie. 



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260 LE MOBTAHDw 

^ Pierre IV de La Touraelle^ dont les d^ndaot» étaient 
tciiiis h foi et hommage enven le monastèro. 

Vermenonx» au fond de la vallée de l'Yonne, près de 
sa rive gauche, avait autrefois une maison -forte dont 
on retrouve à peine quelques vestiges. Ce hameau était le 
siège d'une.antique seigneurie mk toute Justice qui eut aussi 
des possesseurs de son nom. Elle appartenait » en 15S0, 
à Philibert de Houppes , seigneur de Lichy, et à Étiennette 
de Loron, son épouse. Louis Étignard, dit le marquis de 
Martray^ en lit foi et hommage à Gliâteau-Gbinon^ en 1 7 70, 
et la veQdit ensuite k Jacques Girardot de Ghamont • Aoiir- 
geaU de Paris, qui y joignit les llefe des Anglois, Boute- 
lomg, Tilleux et Traclin, et dont la veuve, Louise-Marie 
Foisshi, renouvela Thommage en 1778 (1), 

Près de Ih, est le Pata-'Chareau, oà les, comtes de 
Ghâtean-Ghinon percevaient mi péage comme à Corancy. 
Plus bas, on trouve les MouLins-d' Yonne, et le fief de la 
Yallée-de-Cour, seul hameau que la commune possède 
sur la rive droite de la rivière. 



ra. 

Cette commune, l'une des plus considérables du Morvand, 
est située sur les bords de l'Yonne , à huit kilomètres à 
l'est de Ghâleau-Ghtaion. E&e occupe un sol généralement 
maigre et très-frold , d'où lui vint le nom ê^AHée^Ueu , que 
l'on retrouve presque sans altération dans celui qu'elle 

(1) ArchiTk de la «oiu-prélSea. de GbAteaumhinoD. 



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LE MORYAND. 261 

porte actn^ment Sa population est de trois mille cpiatre 
cent quarante habitants , et sa snperfide de cinq miUé neiidr 

cent soixante-treize liectai es , dont plus de la moitié est 
occupée par d'immenses forêts (1). Le sommet de Drenet, 
Vm des points les plus élevés de son territoire, ne compte 
pas moins de huit cent qnatre mètres an-dessos da niyeau 
de la mer ; on y remarquait jadis nn signal dressé par les 
oflicicrs du génie. Le torrcut du Touron, qui sort d'un 
étang de même nom, situé près de là » se précipite 
furieux au fond d*un étroit ravin , et emmène dans l'Yonne 
les produits forestiers de la partie nord de la comnmne. 
Les ruisseaux de La Motke, de La Proye et de Prcpcrny 
flottent les Lois du sud 

La commune d'Arleuf était autrefois traversée par une 
voie romaine dont on retrouve des vestiges aux Pasque- 
lins, liameau h'Mi h l'est du chef-lieu, et connu par ses 
excellents fromages. On y a aussi découvert de nom- 
breuses médailles des empereurs Auguste , Yaspasfen, Do- 

mitten, Adrien, Diodétien A Beaoregard (2) , autre 

hameau situé à peu de distance de l'Yonne , dans une 
agréable position , il exista une antique villa , ainsi que 
l'attestent les débris de poterie romaine, de tuiles à 
rebords et antres ol^ets curieux trouvés dans l'endroit * 
Sous la féodalité, ce lieu devint le siège d'une seigneurie 
en toute justice qui mouvait du comte de CliAteau-Chinon. 
Noble Étienne de Salins^ chevalier, seigneur de Domecy- 
sur-le-Vault, en donna dénombrement en 1473. Pierre de 
La Toumelle l'acquit en 150ii, et l'unit à ses domaines. 
L'ancienne maison - forte / qui avait remplacé la villa 
romaine , a disparu elle-même depuis long-temps, ainsi 
que la chapelle seigneuriale qui l'avoisinait 

lies damés, situés dans les bois, an sud, près des lives 

(1) Trois mUla eiaq InctoreB sont en bois. 
{9)EiilAUii,d«Mto«tt». 



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263 LB MORVAND. 

de l'Yonne 4 sont connus par leurs blancbisseriea. 11 est 
curieux de ?oir> des liauleun de Facheii j ces loiBgaes 
pièces de toOe déroulde» sur de vertes prairies qa*eiitoiire, 
de toutes parts, une nature âpre et sauvage. Ce hameau , 
ainsi que les Pasquelins, les Blandins^ les Gorys^ les 
Moreaia» les MoolUeiisrsi les Xrlllq^ets.M^, rappelle le 
nom de ses aociens babitants. On rencontre enoore dstns 

» 

la commune beaucoup de personnes portimt ces déno- 
minations. 

La paroisse d'Arleuf i. Jadis dépendance du comté de 
Oiâteaa-Gliinonj de rélection et du grenier à sel de cette 
ville, relevait, au spirituel, du diocèse d'Autun et de 
rarchiprOtré d'Anost. Le patronage de la cure appartenait 
alors à l'évéque diocésain. J. BerUiauU^ curé en 1769» 
mériu, par sa science et ses ?ertus « d'6tre honoré du titre 
d'archiprétre d'Anost* Ce digne ecclésiastique ayant été 
déporté pendant la persécution, avec son plus jeune frère , 
alors curé de Glux, et plusieurs autres prêtres , jusqu'à 
firent* y mourut martyr de ^ foi,, à l'âge de soixante-trois 
ans. L'importance de la paroisse d'Ârleuf lui a valu d'être 
érigée, par les soins de Mgr JUiilaux^ vers 1627,. en cure 
de deuxième classe* 

. Le dief-lieu» traversé de l'ouest à l'es^ par |a ronte de 
Oiâtean-Gbinon à Autnn^ est bâU au spinmet des monta- 
gnes, vers le centre de la commune. Il est loin d'être 
aussi considérable que pourrait le faire supposer le chilTre 
général de la population. L'église paroissiale, dédiée 4 
saint Fienre-ès-Uens» est un édifice aussi pauvre qju'exigu. 
la chceur , la seule partie qui soit voûtée, fut reconstruit, 
au seizième siècle, par Guy de La Tournelle, seigneur du 
clocber. On voit, ^u milieu^ sa tombe et celle de Claude 
de Gldssey , son épouse, qui fut inhumée à côté de lui en 
1 580. La nef, encore plus misérable que le cliceur, renferme 
le tombeau de Simon Sautereau , auquel le Morvand doit 
l'invention des étangs si utiles au flottage, et celui de 



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LE MOAVANO. 263 

MâHé-Âimd klareeaii^ ta temm. cet Homme honorable et 

fort respecté, mourut en 1768, à Tâge de soixante-^quatré 
ans. Sur le monument, élevé au côté sud de cette partie 
de l'édifice» on Ut ceq[oatrain tracé parime main amie ; 

« G0 marbre Mus laqMl repose»! 
» Deu eman dignoe de ?« regrelty 

9 Ce marbre, que mes plem arrosent, 
» Vous instruira de ieur^ ijienfaits. » , 

Puis une inscription latine rappelle qu'en 1748, Simon 
Santereau creusa^ a ses tirais, à la source des miaseaui, 
des étaiga oè fl réunit les eam d'atentonr» et qn^aa moyen 

de ces réservoirs , il rendit l'Yonne flottable à volonté. Oé 
tombeau se trouvait jadis dans Tunique chapelle ouverte 
au cOlé sud de l'église. Le cimetière primitif, qoi entourait 
l'édifice reUgtettx, montre par son eiigolté qae la paroisse 
était alors fort peu peuplée, le sécond, qui avsdt été étabU 
h la tCte de la prairie voisine , a été abandonné eu 1845. 

Les babitants d'Arlcuf, jadis mam-mortables, serfs et de 
serpe eanditUm, e&rvéables , taillableê à merci une fois 
ehMun an envers lenf aeignenr, n'échappèrent à cette 
dure et triste condition qu'à la fin du dix-huiticmc siècle; 
aussi sont-ils des moins civilisés du Morvand. Leur costume 
est encore celui de leurs aleui , et leur langagfe proverbial 
parmi leurs voisfais. 

Lors de la proclamation de la république, en 1848, 
croyant sans doute que le moment était favorable pour 
rentrer, de gré ou de force, dans les anciens drdts d'usage 
èt pacage dont Ils ont été , comme tant d*aufres, dépoufflés 
en ces derniers temps, ils se levèrent en masse et se por- 
tèrent, armés de faux, de piques, de cognées...., sur 
GhAteau-Chiaonf oà résidait le régisseur de la terre de 
La ToumeUe; mais, reçus vigoureusement par lagarte 



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264 LE MOHTAm 

nationale de cette ville, force leur fut de s'en retoomer 
comme ils étaient venus. 

Aa sud-ouest d'Arleuf , jprès d'une vaste forêt^ on re- 
marque le manoir de La Toumelle^ de TameUd^ édifice 
du dix-huitième siècle. Il a été rebâti sur les ruines d'une 
antique maison-forte « autour de laquelle les manants et 
sujets de la seigneurie devaient Uàte g«et<el-garde en 
temps de gruerre et d'imminent pérfL Hsis quelle différence 
entre ce prosaïque pavillon et l'ancienne demeure des 
sires de La Tournelle ! Dans Tun, tout est vulgaire; dans 
l'autre 9 tout firappait Timagination comme les regards. 
Tours crénelées^ doqjon hérissé de meurtrières, murailles 
épaisses^ fossés profonds, lourds ponts-levis^ chapelle 
castrale, tout annonçait le s^our d'un baut et puissant 
s^gneur* 

La terre de ce nom^ anden démembrement du 

comté de diâteau-Ghinon , dont elle mouvait en plein 
fief, se composait jadis de quatorze domaines et d'une 
masse de. forêts, évaluées à quatre, mille quatre cents 
arpents, ou deux mille deux cents hectares enviroa Ses 
antiques possesseurs portaient autrefois^ ainsi que les 
anciens barons, le titre de sire , qu'ils conservèrent jus- 
qu'à son érection en marquisat, en 16S1* A. cette époque, 
la haute justice de ces seigneurs prit rang parmi les bail- 
liages et son ressort comprit les paroisses d'Arienf, de 
Chaumard et de Gorancy (1). 

La seigneurie de La Tournelle appartenait, au onzième 
siècle, à la puissante maison de Château-Gbinoo et formait 
ordhudrement l'apanage du puiné de la fàmOle. Seguin, 
le premier seigneur connu qui en ait porté le uom, 
était un chevalier aussi distingué par . ses qualités per- 
sonnelles que par la noblesse de son origine. . Il assista, 

(1) La chapelle do FcMbouloin et celle de Seauregaitd formèrent, avec ces 
trois paroisses, les cinq docbers alors nécessaires powuBèsemblal»le 
éreclioo. ' 



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LE MUHVAiSD. 26Ô 

an lièd , à la féémtêoit ûb Ift chaarte par laquelle Gmll-» 

laumc II , comte de Nevers , approuvait les dernières 
acquisitions du prieur de La Gliarité. Trois ans plus tard, 
Hm mdii^Vjicaes âlià l'aneaiblée de Véselaf ei r4tttra< 
aamasolp paré du eigBe sacré de la. cnoiXt Ce wnijiiar- 
mourut peu de temps après son retour de la Palestine , 
laissant de Maguelone, sa noble épouse» m enfauts (1). 
Seguin II 5 ralBé^ M succéda. 
•Ge Jeune aeigneuv fonda, en il5§, du eonienienwflt 
de sestirèreset deses ârois arars, pour le iwmèdedei'âme 
de son vertueux père et pour le salut de celles de ses prédé* 
cesseurs, le prieuré de Giiipy, et le donna, (joati c ans après, 
avec r^ittie du Heu eivquelqnes bévitagefc, k Tabbaye de 
Saint-Martin de Neforai - 

Pierre I", sire de La Tournelle, se montra , par son 
coui:age et «a bravoure , un clievalier digne de ses nobles 
aieux. Nous avons raconté ailleurs (2) ooimnait il abattu* 
sons son eheral, le 35 Juillel 1214 , à Bouitees» le comte 
de Boulogne , l'un des princes alors ligués contre la 
France, ce qui contribua puissamment au gain de 
la bataille. Guillaume, son frère, fut un seigneur non 
moins recnBûnandalila JLe roi Piillfpe-Anguste» euTa^. 
eeptani pour caution du senneql de Pierre de Courtenaf 
prouva par là l'estime (^u'il faisait de sa personne , et la 
bauie considéraikm qu'il professait pour sa maison. 
. £n iasa^ Aenouard de La TouioeUe rteonnut qnè sn* 
mâiêOH-faru était fliou?ante de la châtetteole de caUMeau* 
Chinon, et en fit foi et. hommage au duc d'Atlièues. 
Pierre lY donna dénombrement de ses terres et seigneu-' 
rice. à ebiy^-le-JOeau» en Guyot de Fkàsnay, 
eiievalier , son bean-linère , 'en fit autant pour ses. HA 

9 

I ' 

(1) On croit querévéïpie Uuy de La T<Ririielle , qui gouvemait régliBe.d« 
Gterownl OR nN7, 800 peUt-Ûls.' 

(3Ï) fout* p. 12». 

IS 



V 



266 I K MOIW AND. 

irArleuf et de Facheu. Le sire de La Touruelle uiouiul peu 
de temps après, car Suzanne de BabuUn , son épouse, 
est désignée comme veuve dans Tacte de foi et hommage 
(p^elle rendit, trois ans plus tard, à Charles-Quint, au nom 
de Pierre V, leur lils. Celui-ci acquit, en iCM, de Pierre de 
Pont , abbé de Bellevaux , i\ titre de fief et pour une rente 
annuelle de qnarante-cincf livres, les dîmes de Vrévy et de 
Coujard , dont nous trouvons plusieurs aveu\ faits dans la 
suite par divers membres de sa famille. Guy , son lils , 
enseigne de cent hommes d'armes, lui succéda dans le titre 
de sire de La Tournelle. Le nouveau seigneur fut un des 
premiers à proliter de l'invention de Jean RouveL II fît 
couper tous ses bois de haute futaie , les déposa sur 
bords de TYonne , et recueillit ainsi des sommes considé- 
rables d'argent. C'est par suite des grands bénéfices qu'il 
venait de réaliser, qu'il se détermina à rebâtir le chœur 
delégUsc d'Arleuf , oii il fut inhumé. Il eut de Claude 
de Cliissey, son épouse, une lillc nommée Catherine, 
qui épousa, en 1563, Hugues de Chaulgy, baron de 
Houssillon (1), et un fds, Pierre \I, qui lui succédai 
Celui-ci, du consentement de sa sœur, accorda, en 1587,. 
aux habitants d'Arleuf, des droits d'usage et pacaj^'O dans 
ses forêts, moyennant une somme d'argent de belle-raain 
et une rente annuelle de trois sous par feu. Il était mort 
en 1632, époque où sa veuve, Magdeleine de Moulessus, 
fit foi et hommage, au nom de leurs enfants^ pour ses 
seigneuries, h Anne de Montafié, comtesse douairière de 
Château-Chinon, et, pour les dîmes de Précy et de Cou- 
jard, à Biaise Cornu, abbé de Notre-Dame de Belle vau\. 

Balthazar de La Tournelle , son oncle , chevalier , sei- 
gneur de Poissons, de Montjardin et de Précy, fut uo 

(1) Ce roariogc eut lieu rn prcsonce et du consentetnent de Simon difs 
Loges , cbevalier , seigneur de La Boulayc , bailli d'Ottun; de Balthazar de 
La Tournelle , dont nous «lions parler; de iean de Loroo , seigneur de 
Domecy-sur-Cure et de Lima n Ion.... 



hnmii' vwteiH et emporté. Om raoonlo qvk'vm 159611 Uw de 
5Mi propre main un pauvre inauatit. l'un de ses !mjel&4 et priva 
iùm sufi liumiie 4e soo «liet et «ftt wiPUo< A«iawi,éK 

de pacage dans ses forêts. 
CillMfie^;^ »ire de La TouroeUe « «UiK^eiller d'Ê(M> ^vil 

ttMMmiMi pour lui pnmm Irnà» mm «sHomi.^ èriton» iw 

moi» de juin 1681 , ses seigneuries d' Arleul", U*Àro&, de 
tieauregaid, de CUiauuiard, de MaiiK>n-€omte.o en mn'- 
quisat^ sous le nom audtiqiie de La T wmnto . Cfciikiaiffil^ 

4lals de Bwri^ogue (1). 

Roger ^ son iîls , marquis de La iouroeUe » mourut 
eu 1706 des suites des iites^ires ^u'il avait reçues à 1% 
iNitaUle de RamilUes. Son successeur fut élu de mtàmk 
aux dUte de Brargogue eu iWf et mural M r m fcne 
cette aimée, laissant le maïquisat à Jean-lkiptist^Lonla 
de La Tournellc^ qui épousa Marie>Anne-Julie , fille de, 

GBiitauBifhAnttthifi I eentei dA ChasteUiix* et ititn filhi 
du famuii rlnifiliiif d'AmesseM (2k Oelu^d vradltlei 
marquisat avec toutes ses dépendances , en 1705 , à Julieii*^ 
Guillaume de Pestre, écuyer, comte de Séneffe, conseiller 
du rol^ maUoH-^ouronne de France, et ministre de êe4 
finances. Cette vente produisit pour droit de futur et 
requint, une somme considérable au comte de Gbâtean- 
Chiuon^ eu sa qualité de seigneur féodal (3). 

• * 

( 1 } Tûbletiêi de Bwrgftffw. 

(a) Cotait uno feiuine roniarqualilc par les (jualitt s <iu < (i;iir et <l«' l'osprit. 
Ello a lais.sc un inaiius» rit intitulé : Essai sur la vie île madaim la cotnttate 
deCHuutellux, où brille un «lylo à la loi» simple et clugaot (Archiv. do 
CUfttellux]. 

(3) t'MeliroBii|ii» populaire rapporte qu'il avait pcrUu cette terra dam 
une nuit au jeu. 



2dB LK MOAVAIHII; 

*<Le ncmmu marquis ne laissa qtNm ÊÊè^ imùi j p M m 
Jacqueline de Pestre, qui épousa, en 1774, .losepli- 
Ptem^AMiçoIi'Xavier fbuUon de Uouè, cooseiUer du 
itéymi ftm àtt ftToeat au âiilslel toPiilB^ anqeelelle 
I^orfa' lg"<ii Brt|Mii«t Ce selgnettrenéoma, penéslemp^ 
après ^ dénombrement à Château-Chinon. 

La révolution rayant forcé de chercher son salut à 
l'étratig^y rai ehâteaa de ^La Toornoio fatveoAB km 
«Mâttfmnler'OtmiottiMesoottfliq^ UilMts,- 
rendues plus tard, furent partagées, eu 1828, entre le 
vicomte de Doué et mesdames de Goussay^ de Toustaint et 
do Bridieél, 68ft«iiM»8L 

•IJnolSDdalion 40' eifi^ etfnf» /râliez a^ftilopor tes 
anciens possesseurs de La Tournelle en faveur ées pauvres 

la paroisse ; chaque année le montant est déposé entre 
lOB mains du coré pour être distribué par M aux plos 
fiéedsitotti, 

Aunord d'Âriéuf, dans une agréante valléo, {m vmm fê é 
l'ancien fief de Poissons, possédé, en 1608, par Claude 
de Bigny ^ seigneur de Chandiou^ à cause de son mariage 
avec la fle de Mtbazar de La TouméDe^ semeur de 
Mon^ardfai et de Précy^ ét ^ Lazare fTÉdiooard, son 
épousé.' 



Si la commune qui précède est une des plus Import^mles 
du Morvand^ celle de Ghâtin est une des pto petitosi Sa 
population p'estj en efllst^ quç de trois cent s(dxante haW- 

(4) L'acquéreur paya le montantdu prix avec Icprndiiit des grilles en fer, 
qu'il vendit , et celui des arbres d'une longue avenue qui s'étendait jusqu'à 
Arleuf, qu'il abattit. • * ' 



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LE MOAVANa 269 

C»t8y «t sa supeiMe de dcMiie^.i>èÉliqiiatre»vingt" dii «iuf 

hectares dont six cent vingt-neuf sont en forêts. On n*y 
remarque ni étangs, ni ruisseanx, ni rivières. l^Moeke-de^ 
RemoilUm, siluée dans^lM toit» fiès én ihaptaoi di M 
M>Br/jo8it û*m» gramto cMMté dans. les tBiiwii& 
Chaque Jour, à midi, elle tourne > dit-on, trois fois sur sa 
base. Mais il faut le croire sur la foi du public; caf 
Jaaais «il curieux et indiacrei. notera téomin d^ cette 
niMnâe»a rotatfoi. On pensa géndrataMit^ireftïm 
pierve di'UM^fuo* * 

L'ancienne paroisse de Chîltin , aujourd'hui réunie à 
celle de Saint-Hilaire , était comprise d^na 4a'<c(rc#ua- 
dipUén jde i'aiiehiprèlré. de ChfttiUeti-^iaiëBj «l.iip 
Idvsdt i a« temporel 5 dii^ tomié de .Cli(ltea»43itnMii êm 
égliso paroissiale n'était , au onzième siècle , qu'une cha- 
pelle rurale desservie par les moines du prieuré de 
Saint-Gbristophe , aoxqnela le patronage de la cure fat 
attribué dans la suite. Àu-dtNsus du portail de Touest, 
on remarquait une crosse d'abbé, sculptée en relief, qui 
indiquait que cette église avait été fondée par des moines, 
L'abside romane du cbœur était surmontée d'un clocber 
de même style. A Tbitérieur» régnait tout autour un banc 
en pierre tel qu'on en voit encore dans beaucoup d'édifices 
de cette époque. 

Çe^e églike , ayant été vendue dans la première révo- 
lution^ M démolie ipielque.teinps ^près par racqué]re^.^ 
qui ne craignit pas de cobvertir en dalle de son babitation 
la magnifique pierre de l'autel , et changea en jardin 
IK>tager le cimetière où reposaient les cendres de ses 
pègres. Amsi Tbistoire et la tradition seules aUesteronjL 
désormais à la ^os^rité que là fnA le siège d'unerpa/rois^ 

Gbâtin ne se compose que de trois ou quatre babita- 
tions. Sa situation au sommet d'un mamelon abrité, au 
nord , par une haute montagne boisée , en rend le séjour 
agréable et la vm délicieuse. Les regards s'arrêtent parti- 



perchée sur la dnie opposé*» , comme un aigle sur son aim 
On croit ({uo ce village doM son nom à uo amâtm iBAflûir 
ffMàk'ûÊÊà mu mp ittroum plm cte ? «stfgsi. 
^ Minrd ^rtpiiété imtaMiQM , OiMte défiât dus la 

Mite un flef Mignim^làl nfipaMtiidt, en UTS, kMI*> 

laume de La Ooiircelle, et dont ses fils, Ktlenne, OM?ier 
«t BteMety écuyers, «eignewrs de Pressy et de ViUemolia» 

comte de Château -Ghinon. Etienne- AaMba LétonV 

renouvela ce deroir en 1 771. Celui de Vancher, au nord , 
a possédé par des seigneart de ce nom , et par le& 
mâÉùM^ Umf M MciBmfct 4e fUniitemi (4). Im 
HÉÉieaM de IliniBlilloti , dont aam àvw ynié, était |adifc 

aKernalif avec Corancy. 

, „' »• • Ir • • . • y - • ■ •' . 

y i • " . .. • 

1 \ .1 • . liiWUNiiV, aMtiM^iJW. t*lîl'HANi-V , . . ■ ' . 

'•»•* 

(\irlis .'im ii , Cttrcnliactnn. 

' Hu fètid dîme pfttore$4ae VaHée> qu'arrose la ii?ière 
d'Tomie k cfo^^ntodretit détoiite» ^^tti dé haniSes-nion^ 

tagnes hoisées , apparaît le \ill.igc du Corancy , dominé 
par la jolie flèche de son clocher. Son nom vient , dit-on , 
d^nn dtoyènTOmaln nommé Andos qoi y zàtak posséàé 
ittté ittétatiriè, d*où ttirtis Aneîi^ c'est-à-dfre }ardhi d'An- 

dus. Au bas de ce villa^çc , sur les deux rives de la rivière, 

viennent s'entassco chaque anuée^ les produits forestiers de 

. » • ' • { 

• • • *• * • # 4 » • • 

(i) En 1603, Dimanche Saatereau / veuve de Jean de Tauchêr, vendR 



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iPHi le vouuuage, L'ancieu pout, ^ur lequel fm ir^^r 
ONptei te (Jiâteaa-GiaMMk Ba mandant ces JifgiiM» 

jouissaient d'un droit de péage sur lescharriotsetchmrêHm 
pa&SfXUi dessus, et sur tous les aaimaux allant et revenant 

dm fwru dis mmrênâ , mmf : pour chaiiua buml oa wkn 
$imi iMtfrii j ^eral luné «ii^ » teN ftiMt « pow 

hïM^ el cbèvres iw , pour porc deux dMmes (1). ha * 
nouveau pont^ fondé eu 1840 pour le passage de la route, 
qui a ren^lAcé ranciea ciiemiUi.rQinaiiPft iui If^sm^kM 
lo«aëlé.t se Iraj»? € 4 itt iOlwèue €11 ta^^ 

J^^MiiiiiiM (deCmacy, la clnquièive da ffint— » icih 
Cvnne uuc populalion de treize cent ooie habitants; sa 
superûcie est de (jieux mille aeu£ eent trente-trois bectaA'es^ 
dont teeise cent finipiafitir-ua mi au Sw^^ A« «^tn-ite 
celles qui coaviiçiit leswmKeciMsde IMy amomnet^'eii 
rocber dont le ruisseau flottable de Reinacli , affluent de 
rHoussière, baigne le pied^ ou rencontre une antique 
Dibafi^ dédiée h U saiute Yieige^ qu'on y honore d'an 
fioMê UnH particulier s«9s Je nom de Notre'Dftm^-dêrfm- 
bouUin <3). On croit comimméieiit qu'elle renplaçai m 
niouumcut druidique et que la fontaine voisine, pour 
laquelle le peuple professe une graude dévotioo» é(Ait 
i^HBiêaiesaer^paraû les Celtes. . . , 

Dans les tmuis de **aiamifrfg nublianes» les niimittri de 
Cliâteau-Ulinon , d'Anost , d'Arleuf et autres du voisinage , 
s'y rendent, ainsi que nous Tavous dit ailleurs (3), en lon- 

gi^ procesfiioosy etU est rare qtteçesfé|i^tuji;es^ufdics 
06 soient pe» Aouf onnés de si^ccèti S'aglt*||. de deoMuider Hi 
(iluie apiès une désolante sédysresse, le curé d'Anost » s*U 

(1) Archiv. nation. 

'S] CeU<; cUapoIlc, roPonslruiU! ver» 1680, servit, ;i Tépoque de IVrofiion 
du marquisat de JLa TnurueU«)« à cgmplt'ter ie nombre d«» cinq cloc^&nt 
;ilors iiéi t'ssaircs. 

:i inye: ji. •.*<>•.*. 



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272 r.E MORVAND, 

ne TtiMe irttentivemefttm sa personne > iaiil est «rattde 
1d sinpHcité de nos bofis Morfandem! risque de reee- 

voir, au passage du ruisseau de Relnadi, udc copieuse et 
sjgniiicative aspersion. 

lie hindi de Pâques de diaqiie années et le Jour de 
IMfltétle la saM^Tieilie^ qnl est la CMe delà ehat^dte^ 

twé de Coraney Ta câéftre^ là messe dans ee Ken 
solitaire et sauvage ,, où il est toujours précédé d'une foule 
4e fidèles accourus de tous les environs. La jeunesse sur^ 
tout s*y rend en grand nondNre^ eiv ces ]oar94à > elle hUi 
trè?e avec la dévoilent Ce wài\ de tontes fMfts, é» Jedx, 
des danses et autres bruyants divertissements. La fête revêt 
'alors Tair le plus animé , le plus pittoresque. Mais il est 
•rare ^ eei jours, tout eonsserés à «me joie leUe^ 
enivnnite y se tennhient sons des ahnpicès aussi eiidisn- 
'tèiirs que ceiix qui ont présidé à l'ouverture. 
■' Après les danses, nos jeunes Morvandeaux n'oublient 
Jàaiàfs de s'asseoir antoor des (aMes dressées çk et là 
^ns la ftnrél par :des cabaretiers amlndanti, e( le rln ée 
Bourgogne coule à pleines rasadK Bientôt, les têtes 
s'échautîant , on passe d'une grande camaraderie h des 
Hxes quelquefois sanglantes ; alors les tables sont ren- 
versées avec lea provisions, les Instruménla de cuisine 
volent en éclats , et les marchands, les yeux ellàrés, Itdent . 
avec précipitation , tandis que la gendarmerie, accourue, 
lutte avec énergie au milieu d'une foule hérissée de bâtons 
d'argolet (!)• 

La pardsse de Côrancy est très-ancienne. D^h, en If se, 

nous trouvons un Theobaldns ou Tliil)aut, revêtu du titre 
de prêtre de Corancy, presbyter de Corentiaco (2), On ne 

(i) Nous avons été nouB-méme, dans notre enfanee, témoin de tout ce 
que nous rapportons. Mais là, comme aillf^ursî le temps a apporté de 
grandes modiflcntioiis. 

•9; Rovenio», a»fl. JiMiMNatif. 



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LE mouvând. 273 

iê0m pa§ qaTèRe n^itM Hmêêtk ptr te»«iMl«ii»tei|m«iM 

de Château-Chinon. Cette paroisse, l'une des trois qnl 
composaient le marquisat de La Tournelle, ressortissait 
éii MUiage de Satet-PteiTe-le*Moâtier, de l'éleolioB el 
gy«^er à Ml de Gbilea«^GMiM». Aw ^^pllltttel; éll» WiH 
fMirtfe dn dioeèw d'Anlm et- de l^afdilpprêlré d'Awst Le 
patronage de la cure appartenait alors à l'évêque diocé- 
sain , et les dimes ao enré et au seigneur du. Ueu. L'abbé 
Jean Hereatiy qiti yniieruolt^ cene patoiase en idM^ 
mérita ^ par sa science et se» vertos^ dfMè bodoiédH tfire 
d'archiprêtre , et il fit, cette môme année, la visite de 
toutes les paroisses de la circonscription (1). *»" 
' Vé0Êe, dédiée à saint £iiplireiie^ évé^ d'AoM^ 
émit 00 M te fête le Mit, esliM éMee ipd date di 
quinilêne slMe. Elle fut reconstralte sur les fondements 
d'une église romane qui remontait à 1115. Le cliœur, en 
avant duqnei s'élève le docber, est la^eole partie quiseit 
voûtée. On y remarque deux cbap^es, dites Vmm tlmpfUe 
«fr Mmimm^'Cûmtê, et Italie - ^p ê He ée Ltrim, ce «pii 
rappelle qu'elles étaient autrefois seigneuriales. 

Le presbytère est bâti dans une admirable situation , à 
l'éuest de Téglise. Vendu dans la révc^an^ H* fet alen 
aecyulB par le fénéraMedMUfles Mofejr, elMneiiielMaeiiLite 
de la cathédrale , et curé de Corancy pendant plus d'un 
demi-siècle, qui l'abandonna depuis à la paroisse. Ce 
respectable ecdéslaatliiBe^ dont la {jpteérerité était sans 
bornés,, est mort en i8M> à KAge de qnatreortnift-elx ans, 
à> Château -Chinon, oii il s^t retiré depuis quelques 
années seulement. • 

Le territoire de la commune de Corancy était partagé 
«ntrefoia en dem seigneuries en toute jnsllct el qudqnes 
Ms^ tm mouvants dn eomté de GMtemi^GhUion* lia ier#e 



{!) Archiv. dé la Abrique de Mhère. 



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274 is ifOliVAm 

MMIée It feigowie «kwlwr» apparlunnlj , ira fini»* 

«Sème siède , à la maison de Pont Catherine , liUe de 
#eaB <te Pont 9 écayer, seigpQeur d'AringeU^ » la porta à 

ilu siècle suivant, dans la mai&ou de La Toumelle » qui 
i'OAit au marquifiai* Oa voyait autr^is, au-desM>M« du 
yMme» «M iiWoii xmkvm ft>rt»#iB l'on «iift aioiif<^ 

< Au nord 9 sur une montagne qui s'^ève entre TYoniie^ 

et THoussière , on remarquait un autre manoir seigneunai 

■■^^^m^VW "^^^ ^^V^^^VB^^^^^HV ^'l^F ^^^^^■^^P^^PW^^^^'^ ^^^^^^^^ I^^^^^V^^^^F^^^^ ^^^^^^^^^ 

aièwito , le tcn^s a respecté la demeure du pauvre > eta 
dévoré le palais du riclie dont il ne reste plus que quel- 
ques rutttft. iaciiiiMilB csntfaieiL diapim conmie.mie 
defrédIitH. • 

Lt tme dft ilaHeai Owid» ai^avteMH» au iwÉi^Mi 
siècle, à une nol^ famille qui en portait le nom. Hugrues III 
de Mai$on'Ckwte, l'un de4K9 membres, éiait al)l>é de 

4t lMiiettdiaAi9MflMei..MM MiHdM Mia!LèlA.vilk 

qui suivait le parti des Bourguignons. Un autre membre 
de cette famille, Hugues lY, était aussi ^ vers. oe teiuj^litf 
4âriié du 8einÉrrMiidatP&w de Ydaday 

ikM» «dfMDto était pMédée» eu iS?»^ par finir de 
La Touraelie qid» cette aimée^ fonda à Bellevan Iteni» 
versaire de Jeanne de Ville, sa femme, iobumée dans 
cette abèaye, à cdté de aou pàoe.et de $a mère. £lle 
4M uapagét fiw iiurd à Juw ei ftuguea de <QouhM# qpl uu 
duuiièrent déHMutomeut à CiilleaarGhiMin ^ m 19fl4 

» 

tl} Arofalv. de la MRw-pr^f* 



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précédente , unie au luarquêsat 

fiefs de Lhuis-IablK^ et de Salorges, au sud 5 dau» 

jMHHttaKe an wqais 4e Miiubec , comie 4e CMbm»^ 

(^liinon. Pierre Tridon, sieur de Montbois, en fit autani 
fimir le uioutta 44» RaniDttt, m i j>û4»^ J^qiieg Satloniijfer» 

l*est, dans un terrain extr<^meiiient maigie, était tenu eu 
fief par la ia«iUe i;oguelat» de QiiHwi'Qmmê W ^ 
^mitHU^vm^ Vmnm mlfm 4» riiiipwt 

est la propriété de la famille Petitier, ée Chateau-Chinon. 
\ oucliot, village perdu dans les luûiuagues et les tari^Ls du 

iinJrefft, teJtwi m lieCipi fiit mmî mil au mpfiiiiai 4r 

a 

. . Vl. 

Sur une liauteur qui domino la roule de ChAlean-Cliinon 
;i Ne vers, à liuit kilomètres de la première de ces villes, 
se montre ^acieusement le village 4e Dommartin , ainsi 
nommé du saint thaumatnrRe des Gaules, auquel sa vieille 

valise est dédiée ,, et dont on célèbre la fêle le U juilloU 
De 1^, ia vue se porte presque involoulairement vers Ticst^ 

.1 XoiMmHë. 



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276 LE MORVAMX 

mxr ifitiàtne des hantes mofitagrnes du florf and qnf pfé* 

sentent nn aspect sévère et en même temps fort récréatif. 
£q facCj on découvre la ville de Château-Ghinon couronnée 
IMurlesfoliies dè si» antleiiclidteMi,^ Jadis eoaehéeà 
ses pieds comme ttoe esdvre ft eenx ^ soa madtf^ Des 
fenêtres de ses maisons semblent jaillir , par un beau 
soleil couchant d'été , autant d'éclairs qui produisent m 
charBiant coup-dVeit 

Xa commune de Dommarân esty aprèsedlé de<GhlMi v 
la pluffpedtèdii canton. Sa population n'est, en effeit, que 
de quatre cent cinquante-quatre habitants , et sa superficie 
de treize cent vingt heçtares^ dont deux, cent deux sont 
tau Mflb £He fat debdine iieliiie Mgée en paiédsw; èar 
févêqne Bernard de Safiit-Sanlge la domm^en ildOyli 
son chapitre, qui conserva le patronage do la cure jusqu'en 
1789. L'église paroissiale > surmontée d'un petit clocher 
en bois, n'est gaète ptas graade ^AêpeUenmML 
Bile se cùmpme d'nne aMde remm qui d«tft tedcMiième 
siècle, et d'nne nef plus récente. Le presbytère, qui en 
' était voisin, fut aliéné dans la première révolution. 

Cette paroisse était jadis comprise dans Tancien archi- 
prdtré de QiâlUlon-en-Bai^y et relevait, an dvil, du 
bailliage et du comté de Ghâteau-Ghinon, de l'élection et dn 
grenier à sel de cette ville. Elle renfermait alors plusieurs 
fiefs, dont il nous reste divers actes de foi et hommage 
faits au comtes du pays. Une partie du i^age, arec la 
seigneurie du dodier, appartenait ayx possesseurs de la 
terre de Solières. La famille Millien, de Château-Chinon , 
y avait aussi un fief, et en prenait le nom. P. Millien de 
Dommai'tiu était , à la fin du dernier siècle , receveur des 
tailles et conseiller du roi en TélecUon de cette ville. Le 
Doué, dans une gorge, près da village, an sud, était tenu 
en fief par la famille Pommier, qui en portait aussi le nom. 
Il passa, dans la suite, à la maison de Chaligny. Outeloup^ 
dans la vallée, an nord-est, et le Pavillon, dans une plaine 



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L£ MO&YAJSO. 177 

KMféûiieiiM> an «nd» éUleat ..eœore Ilefii 
dépendants de cette cominone. 

Dommartiu ayant été privé de pasteur depuis 1702 

du Sotatr-BUsdre e4 de.Sai&t«-Mre«fe. 



VU, 

FRÉTOY, autrefois FRÉTQYS , /''ertewm. 

À dQusft kHoiiièties environ, a& oord-est de Château- 
Ghinoii » sur la mite de cette vUle à If ontsaucbe , Je 

voyageur rencontre un petU castel du dix-huitième Mède 
avec deux tours détachées, puis il aperçoit, dans le flanc 
de. la montagne qui se dresse eu face , quelques cliau- 
ttièr^^dechéttves^ppareiicej c'est Frétoy» dief-yea d'unç 
commiitte de ciac^ cent quarante-huit babitaots, et d'uiiek 
surperficie de quatorze cent quatre-vingt-dix-sept liectares * 
dont neuf cent quaiaute-quatre sont eu forêts. 

Q&.vittagef si on en créât qiK^lqm arciidologHes, tinaçjill^ 
90fk mum du latbi J^ertupi, .ou gâteaux tels fM laa 
païens avaient contutne d'en offirir sur les antels de leurs 
fausses divinités. Des ruines, observées autrefois dans une 
foffêt voisine^ passaient , en eflet^ pour les rest^ d'un 
teoifile d'idcdes; an lieu dit le Fau^de^Verdun, petit 
bamean bftti vm 1^20 , près d'im ancien chemin romain , 
on voyait naguère un énorme liètre , au tronc trois fois 
séculaiie^ dont les immenses rameaux ombrageaient les 
Jéax et les danses de la jeunesse des envifoos^ qui y. açcqun 
rait sortoot au sortir des assemblées de Faobooloin» Là, se 
rendaient aussi des marcliands forains et des cabaretiers 
ambulants. Or, ces ruines, cet arbre ^ ces réunions pério« 
diques, cette voie rtmiaine, le nom de Verdun que. porte 



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27d U MORVMAi 

htfft'èt eiK'tt < m g(i)i ne rappellfloNis ptAiImmi m mÊ n 

païens? ' ' ' " 

Là oomiBiiue de lïétoy, qu'cm iKNnioeratt mieu la 
c«mnM 4e iMm-, tm MMy ii'M ptatcim f imt fii . 
de ndin 9 était amtrêfMff ttsê ûèpBoéiMÊ^ #8' ^oMfé ^fe* 

Château -Chinon, et l'annexe de Planchez avec lequel 
elle est eucore aujourd'hui réunie pour, le spiritueL Son 
andeniie ^Use » dédiée à sajit llartiii, occupait le sommet 
du iliôiiticule qui s'élè¥e deitièite le manoir seigneurial 
dont elle ne fut primitivement que la chapelle. La charrue 
a déjà passé et repassé tant de fois dans son emplacement, 
qu'il n'en reste plus aucun vestige. Ce petit bénéfice était 
à la eoftatioii én chapitre d^Atitns^ et les éhxm sqpptr- 
tenaient, par tiers, an ctifé de Plancliez, an cofMfe éH 
Chateau-Chinon et au seigneur du lieu. 

L'ancienne terre de Frétoy» seignenrie en toute jastice» 
était p o i s s édé e 9 an quaionldme slèi^^ paf nie noMe 
fattfffe qui en poHalt le ndtt. J^osepli ée fMcrya et 
Guillaume, sou frère, écuycrs, en firent foi et hommage 
au comte de Château-Ghinon , en 1350. On voit, parla 
charte qui en ftil dressée» qi^fc cette épo^ il eiistaH «on 
eiiuirtlfeie é0ÊÉ cet endfoil» #ettt f' dë FlreCs^s el OugMs , 
son frère , îi leur tour , en donnèrent dénomlirenient 
en 13B9, et Jean II, en l/i59 (2). 

GulUatime^ fils de Jean et de Marg^erile déCanNrr, 
liissà eetlfr teitcni^ edle dé Qidttefte^ à MafgueriHf 

ét Anne dè Fretoys, ses filles, ihariées Tune à notHe 
(iirillaume de Clmmp^j , et l'autre à Simon de Chevigny. 
Pierre Gondecour en était seigneur en 1770» et Pierre 
^a^jfsy "I^Befltoti > dont In JHle épous& l<OQl^**J9(cq|Be9h* 
VSKff ediBtif dCfClRilMniiés » en iTS9 ()}• 

i 1 > Verduu ou Forét-de^-i^Mux , hrciiH» iHvfVM» 

{i) Archiv. nation. 

{S) Ahsilir. de le «oas-préf. 



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sombre vallée qu'arrose le ruisseau ilottable de Remacè « 
e«l atyoard'hui le véiitable cbef-lieu de la commuue, 
Iwantyr fB'U d^il k sa poiiliMi ototiiik^ Ce «iltaf» «( hm 
iMkBMMK de Ilrti Tmlnr, fiodie-llaMi lifi MinniTiPiTi. 
q«i l'avoiaiiieiit, MmUent perdus au mUieu de vastes loréls 
et de hautes luoulagues que la neige couvre peudant la 
pUia grande patUc d« Tbiver* C'e»t un çttdrolt (rè»*lr<Hd et. 



VlII. 



GLUX-EiN-ULÂiNK , Glanam ut itoacth 

Ku jr«Mm(au& Ifi vallée 4le i'YcNUief la plus aombrepla 
plii9 sauvage de loutes les .vallées ûm BliirvaDd , oa airrive % 

après uue course de seize Idlomèti es , au sommet des plus 
hautes montagnes de toute la cootrée ; alors ou foule le 

«al la ^iMBfKiiMMwi Aâ^ C liin . H^nt la mMMKlati/\n agi 

hoilewMiliiit trois babMaiits» et lasuperikle de den «Ole 
4e«x eeiH sept hectares (i). Si ceUe comonme est la plus 

élevée^ elle est aussi la plus froide du Morvaud. Le sommet 
du Beavicay^ au siid» ef. celui de La Uravelle , au nord- 
99eAp anwaisseBt couverts de iMniiaesyde oeigeetda 
firinals peadaat (4x mois de raaaée. £lle est conaae par 
la souice de l'Yonne, qui sort d'un marais situé prcs du 
bameaa des Lamberts^ au nord. Cette source eslsi.pei^ 
ab(9ttdaatc^f u'ette serait UiipwtoraiMf à^lalre UMinier m ^ 
ImpelllaiiKNrttada Itorvaad. Iféanmiiis» att nojeatf u» 

^) LM fiOSlHt OQtf l^llS Mut IWBililBfk. 




I 

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280 LE MOAVAKia 

étaag eM 9Qa fêtait mb emnc^ et griM ^ la dédMlé 

prononcée du terrain et à la rapidité avec laquelle elle se 
préd#ite dans la vallée de son nom^ où elle trouve bientôt 
m wnHiisàtt ùbm le Ruiii0tmHie»'M»iÊm, elk «fllt à 
VédMtméiA ûe Mt à (Hx milte, déeaiiim ëe .Mi d» 
moule qui , chaque année y viennent s'entasser sous la 
chaussée de l'étang. Celui-ci appartenait jadis aux comtes 
de La Roclie*Mila7f «eigneii» da pa|«, fpA VvSmagâmii 
au coïkiinerce pour cent trente livres par an. U ftmalt» 
de ce côté, la limite des justices de La Rodie et de Glaine; 
car ces deux antiques baroonies se partageaient autrefois 
le territoire de GIux. V. . 

La portion de la première., qui était la plus considéra- 
ble , et à laquelle était attachée la seigneurie du docher» 
dépendait de la province de Nivernais; celle de la seconde 
faisait partie de la Bourgogne. Ainsi^ cette paroisse était 
alors située sur les limites de deux provinces ^ comme 
àujoQrd*lnii encore sur cdibs de deux départémems.' Les 
comtes de La Roche-Milay abandonnèrent, en 1655, leur 
titre de seigneurs du clocher, à Nicolas Jeannin de Castille» 
petit-fils^ du célèbre président du parlement de Dijon, 
pour compléter le. nomlire dé cinq dMim néoeMires 
pour Férection de sa baromiie dé MOnjeu en mas^qiAKit 

Aucune commune du Morvand n'a été plus fréquentée 
des Romains que celle de Glux^ à cause du voisinage du 
hKOftvfg dont le plateau dépendait gnlide potito de seé 
tenftoire. Dès fragmente de voies antiques^ des festes^de 
retranchements , des ruines de villas , des urnes cinéraires, 
des médailles sans nombre^ la tradition, Thistoire, tout y 
rappelle la présencés des vainqueurs des €iaule& On re- 
marqué sur le versant dte la montagne satate éi'Memiid 
les ruines d'un ancien couvent de Cordeliers, dont nous 
traitons au long à Tarticle de La Roche-Milay. 

La paroisse de Glux, Tune des plus anciennes du 
Morvand, était comprise dons la dvconseription de l'ardii- 



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LE MORVAND. 381. 

prétré de Moulins-Engilbert y et reievaii du grenier à scL 
de cette ville et de rélecUon de Nevers« si ce u'est la 
partie bourguignonne > qui était de la recette d'Âutun. 
Le patronage de la cure appartenait à Vabbesse de Nevers, 

et les dîmes, si ou excepte celles de LéclieiiauL, ducs à la 
chapelle de &aint^Mariin en NiauL-du-Bcuvray , élalCUt 

perçues par les comtes de La Hoche-Mliay; mais, au 
seizième siècle, ces seigneurs les abandonnèrent au 

curé eu augmeutaliou de sa portion congrue , et à 
coudiiiou de leur payer, chaque aimée, une route de 
dix livres. 

Le vénérable abbé Bertbaut, qui desservait cette par 
roisse en 1792, ftit arrêté et transporté jusqu'à Brest, où 

son frère aîné , curé d'Arieuf, mourut. 11 ne dut lui-niènic 
âou salut qu'aux chcoustauces et à la force de sou tempé- 
rament. 

Le village de Glux, chef-lieu de la commune, est assis 
sur le liane méridional d'une haute montagne, et fait face 
au Beuvray. Il est bien bâti et très-saiuhre , ainsi que 
l'attestent divers cas de longévité. Pierre Goix mourut 
en à quatre-vingt-dix-sept ans; Claudine Gloix, sa 
femme , l'année suivante , à quatre-vingt-douze , et Marie 
Dufrônc, en 1852, à cent deux. Ce village, d'où l'on jouit 
d'une vue extrêmement sévère, était situé en Bourgogne, 
et chaque maison devait une rente aux seigneurs de 
La Roche-Milay pour droit de boui^^eoisic, et les trois 
((uarts du prix en cas de vente. Sa vieille église, terminée 
eu abside , est dédiée à saiot Deuls ; elle n'est ni belle, ni 
vaste, malgré ragrandissement fait en 

La plupart des hameaux portent le nom de leurs pre- 
miers habitants, tels sont les Cléments, les Courants, les. 

Faucillous, les iMUUberts, les Vaillants A Uiuis-ChaisOt 

au nord-est, soas la montagne de Gam/ez, il existe une 
mhie de plomb argentifère qui rq^wse aur une gangue de 
chaux. J. Losagc a\aiit entrepris de l'c^iploiter eu 178j, 

19 



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i82 Lli moryanh. 

le produit le miiieral domiall sbixaoté-qttâM jprour 

cent. 

Dans le courant du dernier siècle^ un samedi » veille de 
la Pentecôte^ tm loiit» enragé descendit ûntmtAf, où Û 
avait déforé une i^auvre hetg^e et plusieurs |>iècé» de 
bétail , et attaqua;, au hameau de Léchenaut, trois hommes 
qui le tuèrent; mais Tun d'eux fut liorribiement déhgmâ 
par ses morsdres. 

Lé 1 septembre ïHk, m orage épouvaotalrfe^ fbndlt sur 
cette commune. La grêle détruisit le reste des récoltés , ei 
tua le gibier dans les champs. Sur le bord du chemin qui 
coudait à Ciiâteau-Ghinou^ dans les bois, on rencontre 
Vhomihe mrru C'est mi amas de petites pierres Jetées sur 
la tihnbé d'un malheareut paysan , assassiné eh ce Uetf 

sauvage et solitaire. Nos Morvandeaux sout persuadés 
qu'une pierre ou un morceau de l}ois , déposé àur la fosse 
du défont » équivaut à de Feau bénite. 



IX. 



MONTIGNV-EN-MORVÂND, M(ms iynitus , ^lim^mimswii. 



Le voyageur qui suit la route do Cliàleau - Chinon à 
LoÉttés^ après avoir traversé les forêts, aunord^ouest, 
enlfe sii^ le territoire de Montigny^^h-lforvand, eommnne 
ût onsé Mil quarante-cinq liabltants et iTiine supefflcie 

de deux mille quatre-vingrts hectares, dont quatre cent 
seiie sont on Jmm» don territoire > qui s'étend sur la rive 



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Kuuclie U€ l'touuu, tui Haut et UécouverL Au centre 
ti'élève 11116 ttMUaKiie Bue, dont le totMMtriwiim la JdU^ 
vallée de Chmf^ Sur le flaec méridiQaàl le Imure le 

ctef^Uee ^ qui a pris Mb ttom de sa sitnatHni élevée ot des 
feux qu uii allumait autrefois sur la inoiUagnc . peudaut la 
uuit^ pour servir de télégraphe, d'où moiilague de feu (1). 
. Gevittwecit^emétiiiaim L'éiliMparDi^^ 
à saisi Léger ^ évêqoe d'AvtM , et aetériemmeel k la 
Saiutc -Trinité , dont la féte donue encore lieu a une 
assemblée considérable , n'est guère plos aon^tueuM que 
leiédiûcsi cpii reatxMvreBt LeebcBW» reemtriét m mI^ 
iMie dMe» M la «irie {Mille fol aoH 
e« bois, qui s'élevait SUT le BSilieu du toit, a été abatte 
en 18ft0, et remplacé par une tour> sous laquelle cxîste le 
portail de l'ouast. JUa iacdatle lui est antérleiire de quel^ 
^e» aMBdes» An lord» oi leiiawpie le predi yt è ie » esp èce 
de eeslel armé d*«ne haite toor^ ok eramt, eB le 
vénérable abbé de Cotignon^ curé de Montigny depuis de 
longues années. 

Cette peroiise» jaitts de l'aniéen arddpit^ 
en-Basois, était un bénéfice à la collation de chiplire éë 
Nevers. Elle comptait alors plusieurs hameaux , tels que 
ceux d'Ëuier, de Paradis, du Pont-de-Pamiecière et de 
FfégennalB^ altematite avec Mbére^ et i|ni, par cenad» 
qeeBt, iUsÉleel partie tantôt éa dtoeàse d'AvlHn» tetW 
de celui de Nevtrs. Les dlOMB se partagealenl «mre le 
et le dmpclain de Tavenault Le baron de Chassr, qui 
tonail celles de Lbids^Béliard en ttef da OMule de Uilteau^ 

GMBOB, eB fit teeBDBge BB il?3k 

Dans la vallée « au sud, près d*un vaste étangs eeBBB 

sous le nom Étang-du-BrHys , et qui doimo naissance à 

un niismu flottable de méute Boin> on reniaflpie iqjUfil* 



(1} Mqm ijfHUu». 



4 



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qnes vestiges d'une aotiquc maisou-lorte qui fat ruinée 
par Aes AroiagMes en 1412. Ce aianoir selgii^^ 
afeosestiépendiiioes^ im fief en toirte jnitice^ qui com- 
prenait une partie du villac^e de Montigny, les hameaux de 
Velle et de Lhuis-Gourdin , et mouvait partie du comté 
de Giâlean-Gbinon et partie de la châteUenie de Mont* 
reilllea Cette terre appaiCenatt^jen 1426^ à BoUe Pierre 
Bondandt, éeoyer^ qui la tenatt de Damfse do Broys, sa 
fenome. Ce pieux seigneur donna, la même année, à la 
cbapelle de Saint-Jean-Baptiste de ïavenault, du consen- 
temeat de bob éponae-, les dîmes Msiêes dams la paroûte 
diB iÊmigny, sur lesiiameanx da Brays, de Iiiuis«Goiirdiny 
de Vaux , de Velle et autres lieux dépendants de sa jus- 
tice, ainsi que trois pièces de prés de quinze chars de 
foin 5 et autant .de morceaux de terrp^.de la contenance 
de ipÊmramt'^ate êaiueUes. Ces dîmes, partie frement et 
partie seigle et avoine, prodnîsalcBC douze minée§y mesure 
de Montreiiillon , par an. En 1760, le chapelain de Tave- 
nault les afferma au curé de Montigny pour soixante livres. 
La part du banm de Gbassy valait ordinairement Yiagt- 
tiois minées (1). 

Jean Bondault, écuyer, seigneur du Bruys, de Marciliy 
et de Tavenault, était, en 1480, gouverneur de la ville ei 
eamiâde,ChâteaU'Chinosu Comme 11 n'avait pas de pos* 
tAM» il légua ses seignendes liPienre I4roy de-Garrean, 
époux de Paule de Marot, sa nièce , dont le fils, Joachim 
de Carreau, engagea, en 1632, le droit de dîmes du liruys 
à JUaise Comu, sJèbé de Bellevaux, ce qui occasionna plus 
tard on procès entre ses stfocwenrs et le chapelain de 
Mmanlt 

En 1750, Pierre Pitoys, dit le marquis de Qulncize, 
s'intilulait seigneur du Bruys, de iUûaliguy*en-Mûi::irand«.«« 



(1) Archiv. Ue Chàteau-Chinon. 



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U IfORTANDb 2S5 

Il vcndii ccito terre, peu cle temps ai)rès, à Aatoine de La 
Forcst, seigneur de Cuzy et de Marcilly. 

Ghassy, au nord, était jadis le siège d'nne importante 
baronnie qui comprenait le hameau de ce nom et une partie 
du territoire de la commune. Comme le manoir seigneurial 
se trouve sur celle de Montreuillou , nous en parlerons à 
l'article qui va être consacré à cette commune. La cba- 
pelle, dédiée à saint Bernard , dépend de la paroisse de 
Montiguy. 

Cliarnoy, au nord -ouest , sur la route de Moulins- 
Engilbert à Ciiassy ^ est un petit castel qui date du dix- 
septième et du dix -huitième âècle. Il formait, avec 
ses dépendances , une seigneurie mouvante de la châtelte* 
nie de Montreuillon , et qui s'étendait sur le village de 
Montigny eu partie. Pierre - Jacques Girard de Vannes, 
lieutenant-général des années du roi , en était seigneur 
en 4750. H avait épousé Françoise de Bèse de La ftalousé^ 
dont il n'eut qu'une fille, Marie-Jeanne-Francoise , qui 
posa , le 16 août 1751 , la première pierre du château de 
Sermoise. L'inscription, qui en rappelle le souvenhr, 
atteste mie grande piété dans cette lioble ÎBXâûë» Gette 
riche héritière <unit, quelques années après ^ haut et 
puissant seigneur Louis-Marie-Cabricl-Césor de Choiseul- 
Bussières, auquel elle porta les grands biens de sa maison. 
Leur fille, Charlette-Ferdinande de ChoHeid, époitoa le 
conte de Sérent, dont nous aurons occasion dè parter 
plus tard. ' ? . . , 

Lhuis- Picard, dans la vallée de l'Yonne, et Vaux, 
hameau considéraliie, bêA dans une gorge, au âud^esT, 
étaient deux flefs mouvants du comlé de Cfaflteau-caitaMm, 
et appartenairt à la maison de CinUseul, qui en denÉA 
dénombremeul en 1773 (1).. 

(IVAreMteardeChftteavhCbriioii. * ' * • ' • 



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« 



Kn descendant la valk^e de rYonnn,on renconlresur 
la rive gauche 4e ceile riviàra» k iliJt^iepi iLUomèlrcs 4e 
(□uliaiMirCliUiQ^ m lmt9 ^omoe owtveU m UmAÂ*vB» 
y^rge oH cwiHe le roisitiii flottable (la Bru^f c'tvt KoiitF 
reiiiUon^ chef-lieu d'une commune de douze cent quatre- 
\iugt-dix hal)itauts4 et d'une superficie de trois iniUe çiuq 
5»at daqwwte-ijqH lMicl«re«ji dontsebe 
nept tout courerte de lor^la. GelteKii occu]^ la partie 
occidentale de la commune, et faisaient autrefois partie du 
domaine priyé des ducs de Nevers, Ou y remarque les mines 
d'un aactoii fli4t4a«-£ert> cinihii im la paya sa«a le wm 
# <fA4i»i^ftWi al où aa tiiamH 
le patronage appartenait au chapitre de Saliit*Gyn 

U bourg de Montreuillon est le plus considérable et le 
mieux bAa.de tout le canton. On croit «u'il fût aiitroAMa 
«mid da Mra U iMroiaBa dont fl n'est h» aèel^ltaii 

depuis environ un siècle et demi, se nommait anciafi*- 
jiement /j^sffone-- lès* Montreuillon , et avait son siège à 
Mm-Maurice, hameau situé sur lualMitta aa aud^oiieil. 
L'égil», dddlda akirt an aaiat laartyr 4e ce nom, a 
dlé4iiMU#» etlln>aiirestd ptaa de mtigaa. ia fsoilntiao 
de la cure appartenait à l'abbé de Saint-Martin de Never^, 
auquel elle fut donnée par Févéque Fromont, en 1121 > 
et confirmée, huit ans plus tard, par une bulle du paq^ 
Honoriua II • et par une seconda d'IiiiHmilt H, datée 



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1£ MÛRVAND. ^7 

()c 1130 (1). Cette paroisse dépendait d0 Tapcien ;urçl^- 
prOlré (le Uiàtillon-en-Bazois. 

y^ljse paroissiale aclueliey dédiée ù Tapôtris saiiit 
Jacques» était celle d'un aoti<pie prieuré foudé an omième 
siècle» et qui avait été donné à Fabbé de Saint-Martin » 
on même temps que la paroisse. Le prieur avait droit 
de l^aute^ moyenne et basse justice dans toutes les dé- 
pendafM^ de son monastère. Il percevait les dîmes 
de toqfe la paroisse» et prenait un quart seulement df9 
celles de Marigny, hameau alors aitematif avec Mhère et 
Saiiit-Mauricr» ; mais il devait au vicaire porpéliicl mu; 
portion congrue bonne et suffisante Edouard Jkrgcdé, qui 
avait été pourvu , vers la lin du dix-septième siècle» du 
prieuré ei de la cuie» les quitta bientôt pour prendre la 
direction do la paroisse de Saint- Arigle do Ne vers. On sail 
(jiril monla^ en 1 705» s^f le siège épiscopal de cette ville. 
Véglis(s de iSaintr Jacques» qu'eptottre le cimetière dç l«i 
paroisse» né se recoiiiman4e à J'alteption qqe par «on 
ancienneté. 1/ abside , de style roman , date du commen- 
cement du douzièine siècle. Un caveau, destiné à la sépul- 
ture 4^ pri^iirs^ régnait jiutr^pls .soui . cette partie de 
rédiilcje» La i^iapeUe du oord^ bâtiç 4ans le style 
flu seizième siècle, est dédiée à la sainte Vierge ; elle 
appartenait aux barons de Chassy. (îelle du sud remonte 
^ quatQr^^me siècle. la u^aisou du prieur était située 
sur le rpia^lW Bruya» dans ta yaUée qui sépare Mont- 
reuillon de fiaint-Maurice. C'est aujourd'hui une prairie. 

Dans le voisinage du bourg, se trouvait autrefois un 
hôpital rural connu sous le nom de Maimi-Dieu ^ et don» 
la phap^lç était ^ la coUatiop 1 éyéque dlooéiialiv 41 
avait été fondé par les andena sei^paews du pays. La 
pbHé géiïérouse il»; jUU iMarie-J*:iiert;i^ie^ ue i alUîyrand 



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288 ÏJL MORVAND. 

(lue (le Péripord , ol AllH^ric-César-Cny romie do Choi- 
seiily a doté ce bourg d'un couvent de trois sœurs de 
la Providence de Portieux, qui visitent les malades et 
^occupent de Téducation des jeunes filles. Cet établisse- 
ment, fondé vers 1850, reçoit uue dotation annuelle de 
mille francs et le chauffage. 

Au douzième siècle, il se tenait à Montreuillon plusieurs ' 
foires et festaUjes dont le revenu ^ avec la juridiction du 
bourg, avait été donné, en 1167, parle comte de Novcrs, 
Guillaume IV, à révèquc de Betliléem, chassé de la Terre- 
Sainte par les Sarrasins, et qu'il avait établi dans son 
hàpital de Panthênor, à Glamecy. Getté concession fut 
confirmée plus tard par le comte Guy, son frère et son 
successeur, el par la comtesse Mahaut, veuve d'Hervé de 
Donzy, en 1223. Il n'y existe aujourd'hui qu'un apport 
avec louée de domestiques, le Jour dé saint Jean- 
Baptistè. Cette assemblée est un souvenir encore vivant do 
pèlerinage antique qui avait lieu, ce jour-la, k l'église du 
prieuré (1). 

Sous la féodalité, Montreuillon était le siège d'une des 
trente-deux châtelleniés du Nivernais et d*une prévôté 

assez étendue. A leur suppression , en 1790 , il y fut créé 
un canton avec justice de paix, qui avait dans son ressort 
cette paroisse et celles de BUmes, de Gliaumard, de Dun- 
sur-Grandry, de Montigny et de' Poussignol ; mais il ne 
subsista que jusqu'au moi^ de février de l'année 1800. 
Ainsi, en dix ans, ce bourp: se vit dépouiller de son 
importance féodale et de sa diguité constitutionnelle, et 
enthi dès-lors dans le rang des simples villages ruraux. 
Mobtreuillon eut autrefbls des seigneurs de son nom. Re- 
naud, l'un d'eux , écuyer, lép^ua. en 1268 , une rente de 
cinq sols de fort Nivernais à l'abbaye de Saint-Léonard de 



• r GrT Co<»riLLK , Hi»t, du Nivern. 



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Corbl<rtiy pour fonder son obit. Kodolphe , son frère , con- 
lirma cette donation trois ans a^rès. En ISôS^Gi^iime 
de Grottonvre fit déBorabrement de cette seigneurie y ^pi 
passa, pea de temps après , dans la malsmi deCtassy (1). 

Saint-Maurice était le siège d'une autre seigneurie avec 
moyenne et basse justice , inouvante de la châtellenie. 
Elle appailenalt^ en à Pierre Pitojs, qui, ptalurd, 
f jotgiritlelief de Mlinea. Pierre IT5 Vwû de eea é ei pea f 
dants, la vendit, en 1760, <\ Simon -Pierre Sautereau, 
pour une somme de huit mille livres. Saint -Maurice 
avait droit de baute Justice depuis ilik, par concession 
do prince de Tergagne» due de Nlrereais. 
• Ghassy, Cassiaemh, château smé de ifunlre toun et 
situé sur la rive gauche de l'Yonne, dans une riche et agréa- 
ble vallée^ est un joli édiûce dont la reconstruetion date 
de 1649. Il remplaça alors une anl^ne niaiion«tele» de 
la(|uelle fi reste eneore «fueiqttes yestiges dv fowfsi- là 
chapelle, dédiée à saint Bernard, est bâtie en dehors de 
l enclos du manoir et des limites de la commune. Elle fut 
élevée par Hubert comte de Ghoiaeul, et rostanvée en 
On sY r«nd des parolnes volsinis en^ prooeirion 
dans les temps de calamités. 

La terre de Cliassy, seigneurie en toute justice avec 
titre de baronnie » était jadis mouvante des ducs de Mevers^ 
à cause de lei»r cbâtellenie de Montreulllon, et s'étendait 
sur trois paroisses. Elle formait, au septième slède» une 
des dix-liuit terres de Corbon, seigneur de Corbigny, qui 
la laissa , avec ses autres domaines , à son fis unique , le 
bienheureux Vidrade ou Waré. Celui-ci ayant donné, par 
son testament passé à Semur aux calendes de féfrfer 706, 
tous ses biens à quatre monastères , Chassy échut à celui 
de Flavigny, qui le perdit bientôt par l injusticc de Charles 



{I) 60T CoQviui» Biit. du Ki9tm.f le IHfftm&ttf N<t m U aoentit. 



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HartçK Jfeii» tvpns vu que ce prince (1) ne mlm\t \mH 
(|<) mettre U main sur les propri^^^ ^bb^yes ppiir Q}} 

• iimf»y appartenait, en l/r24, à noble Jeaq de Quaroblc, 
ptievaiîer^ qui eu donna di^nouibrement, et, pn 1^04, 4 
Philippe dp Yarigny. seifi^«r. 4il fi^mvi». irlMIWW^.^ 

ii ii nm i il ii p le ^num 1^ Amim .ffPwiMF» -im ^'m 

fmèU ftm i lt e ih» Bourgogne, CeM-H^i ar^nt épousé Qaiide 

de Cliastellux, en 1560, en eut une fdie unique, Franeoise 
li'ËfigttiUy, qui |i( p^s^» le 5 janvier 1587^ cette l^aronni« 
à ftançois I» VMm^3 fi^9Ï^W <to i'^i^ 4«l f^f # 
iliiiliiliOiiMl'tfe.fa ^vOm, CQ9i|e Al Chevigoy et 
seigneur 4t -Prmoy ». qui (ut ia wimhf^ Cjlipi^ji 
du jyiorvBJttl (â). 

Glientii» des Mordes, de JVIwtaulier-ep-Nivernais et 
(Ihevigny. Cé5ar-(-abnel de caioifieuj, due d» IJipUn, 

fr 101. 

U'Uu tres-iiobie tn'i.-j>ui;»^wttttJ maison (jcsf tJiuJ , ëelOH le 
^jyuior, lia Hii^'iu-s . comte do Bassifj'uy, en Chaïupa-nc \.\ihhc l.o I.abmi- 
reuv pense, au coati aire, (pifllo est sortie doî comk'S île Langros , tlont 
«M'ieigMilrâ'éàrfMit premiers vassaux . 

^«elature lit les Hciences, filtre autres Quatre niarcchaux de France; dea 
IleutehaRts-gcnéraiix des armées, dos gouverneurs de provinces et de 
Iflae(>$ fortes , des gnuids chamboUaos d« nos «oit , ilcs imhMUtoi ii 

aHi»ff s Ut'S liremièros cour» de î'Eui ope, des ujiiiistres ^l'Kfal , des lucnibi c> 
do.s iliverscs académies iVanciises . des diics, <les pairs... Kn un mot . e"e>l 
mit' lies plus anciennes , des» plus nobles el des plus illustres maisons de 

Elle a formé un grand nombre de braïu lies, purmi lesquelles noii.s 
citerons celles d'Aigre'mont, de Clément, d'Âillecourt, de Beaupré, de 
Chevigny, de Prancières, d'EsguIUy, d'Nostel . de Bujisières,dp Meuse. 
W#Wi»,deJïrartiB,#ilT|:ïljr^ ... 



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li('iiau(l-(^ésar-Loiiis, imréckai iU's armre^,H élu tlo 
ttolUesse aux éUts géui3r«U]|^ , en éUit sei^uour |7^, 
li«r d'Owy, «iiiié p#u (le di^tsw» <ta 1» rite mnWt^ 
YKm\n», m nord 4e Itailr6iiinoiij» 9|wrUlll4l la 
m?me maison. Ce hameau est traversé par la Hgole 
OériviiUcHI 4ont nons avons p«^rlé. C§ile-Qi passe U rivière , 
au iMir4^Q«t An biiiWi w 

€oi»stfiill en iS4f, Ce iMMit, onvrm vr{|b|ieiit 4w 

llomains, et que visitent «wenl les étriwgw» compte 

cent çiuquante-doux mètres ao Iqngaeuri sur uuç li^uleur 
de trente-U'ois mètres ciuquai^te centimètres. II se qqmT 

poie de toei» arciies» «yaiiii ét^nm^ iHût in^ii» d'PHver- 
tore. On en remarque jW leopttd^ un P0i| moîQft çpinMi^ 
r^e, ^ur un ravin* 



XI. 



Formée de deux anciennes paroles, lu commune de 
)*PU^jgnpi est la onzième du canton ; elle renferme SQpi 

piaigre , eomprepd me iniporM^^de demi mill^ ein fini 

quatre-vingt-neuf liectarosj dont neuf cent vingt-lmft «ont 
flCOnp^îs par l«s bois» l\ est tr^iversé, du sm] au nord, par 

lu mm de ttoiO^^sMi^e^ à çt^^m- Ou y 9m«(m 
fM$m ftaiHp, amok «pnn d'«9t|i quptqv^e inpii 

UaportMit La parotoî , dont le ^iega est ^ BUmen, iW^gf 

situé snr une liauteur, et d'où la vue se porte au loin , était 

oigppri^ 4an« l'mm mUwiif^ <^ CitoMUo^Hsii^^oâ^, 
Hiim¥ remit^ de rdMction h du mnier A inl d» 



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292 Itfe IlOltVAm 

Château- Cil iiion. EUo remonte au moins au milieu du 
douzième siècle, puisque noosToyooSi en 1160^^ Vévèqae 
Bernard de Saint-Saulge en donner le patronage an 
ebdpitre de sa cathédrale , qfai le eonsenrà jusqu'en 1789. 
• L'église de Blîmes est dédiée à Saint-Mai tin , dont on 
célèbre la fête le 11 novembre, jour où il se tient dans ce 
village une foire très-ancienne. Cet édifiée » avec abside , 
est du eommenoement du dl^azième slède. La ifeT u 
été agrandie en iBS6 , et le clocher remplacé par une 
tour bâtie au côté nord du chœur, de manière à former, à 
Fintérieur, une seconde ciiapelle parallèle à celle du sud, 
jqiii était Ja& seignewiale. 

Le presbytère , situé à Yettrémfté orientale du vhlage , 
a été construit en 1832 pour remplacer l'ancien, qui fut 
aliéné dans la première révolution. £n 1613 ^ le curé de 
cette paroisse se reconnut débiteur d'une somme de seize 
sous huit deniers envers François de Choiseul^ seigneur 
de Bllmes en partie, pour quelques pièces de terre qu'il 
tenait de lui en bourdelage. Mais il lui était dû à lui-mêjne 
mie rente annuelle de quatre livres par le seigneur de 
Quindie» pour la fODdaaoB d'un teutUm pour le remèée 
de l'âme de Marguerite de Gomoy^ femme de défunt Jean 
de Freloys , décédée en U53. 

L'ancienne église de Poussignol^ dédiée à saint Ftanchi, 
moine nivemais, et qui avait été donnée au chapitre de 
Nevers en même temps que celle de Bltmes/est en partie 
détruite ; ce qui en reste sert aujourd'hui de magasin à 
foin. En 1700, Jean-François Pitoys, écuyer, seigneur de 
Quincize, conseiller du roi et président au préstdial de 
Saint-Plerre-le-Bfodtier» ohtfait du comte de Ghtleau- 
Ghinon la permission d'y construire une chapelle en 
l'honneur de la sainte Vierge , pour la célébration des 
messes fondées par son aïeul; mais h la condition qu'il 
ne poumtt janate prétendre on palrenage de Pégiise, 
m* mppéier Hftie &u ceintut^ sur ses mmrs; révêqiie de 



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LE HOlTAMa 



Neven approuva cette concesiiii^ ia mêoie auiée. Les 
grands dknm de Pouasigiiol, de MÊSf et de PoofliaiBS 

appaiteiiaieiit , en 1&73 , à Pierre de Gbandiou , par 

luoitié avec les religieux de Marcigny-les-NonaiDS^ cl le 
petit di»ne^ en 1622, à Pierre Pltoys (1). 

Poussignol élait , en cotre , le Mése d'un ancien prieuré, 
dans la dépendance de Tabbaye de SaM^Léonavd de Cor- 
bigDv, et qui était chargé d'une rente de onze livres envers 
la chàtellenie de Moiitieuilloii. L'abbé en abandonna, 
vers le milieu du dernier siècle, k titre de ceos, tous les 
lilens à Séliastien Pellé de Chaosse* conseOler du roi en 
l'élection de Ghâ(ea«-€hinon« issn d'une honoralileÊunflle 
originaire d'Aunay. Celui-ci en passa une nouvelle recon- 
naissance en M^ky et se reconnut débiteur de la rente de 
onie. livres envers le cb&telain de MontreuilkuL 

An bameau de Vanmely, qui dépendaK de cette aneienne 
paroisse, il existait une antique chapelle rurale déjà détruite 
en 1788. Une seconde, dédiée à saint Emiland, et connue 
sous le nom de CiutpeUe-Hiu-Lac, se trouvait dans les envi* 
ron& En 1777, elles servirent Tune et l'autre de linU(es 
pour les droits de chasse accordés au seigneur de Quindie. 

Sous la féodalité, la commune de Poussignol-Blimes 
renfermait plusieurs fiefs avec justice et seigneurie. Celui 
de BUmes proprement dit se divisait en deui^ parties, dont 
l'une était mouvante de Umitreuillen et l'antre de Gliftteatt- 
Ghinon. La première, à laquelle appartenait la sdgneurie 
du cloclier, comme renfermant l'église, le cimeUùre et les 
maisons circonvoisines, n'avait que le droit de jusàice 
moyenne et basse. Cbarles de Bllmes, écnyer, fils de Benott 
Le Cas et d'Alixante d'EsguiUy, la vendit, en 1576 , à G«y 
Pltoys, procureur du roi en l'élection et au grenier à sel 

(l) Le vénérable abbé Pannetrat, mort caré de Gorbigny etchaneioe de 
Nevera en 1885, était diré de Poussignol en 1793. Arrêté par ordfo du 
comité révolutionnaire , il fut transporté jttsqtt'è trest, ^oii ii ne revint 
qu'après la chute de Robespierre. 



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L& MORVAM). 



mÈHUÊÊSt ieiaiM-Hiiiflce. £a ITiè^ te ptfaiM éè Vttfa-* 

}^uc, duc de P«rtvernals, accorda, à un des descendants de 
cd dernier, en accfoisseinent de son fiefdte Saint^Mam ice , 

et moyennant une sOittiM liiât cooU livres , le droit 4e 
hMe Jiiitloe à MneiL Mer^ IT Pttors lMdit te en 

L'antre partie de la terre de Blimcs, seigneurie eu toute 
Justice, appartenait, eu 1560, à Jacques d'Ësgoiiiy^lMuroii 
de GlMssy^ qni én fit M ei bomttfige à ChâlèeiMaitneii. 
mnçois de OhcÉNMil, «m «Mdre^ dmit les tMendMls 

la possèdent encore, renouvela ce devoir en 1615. 
Kussy ou ânxy> au sud-est, fief qui reconnaissait la 

même mouvance» appartenafttj en 15035 à nobles hommes 
Jean et Jaàfm de Pont» seigttêtirs d*Arit)getle> et en 4576, 

à Werre^ flh de ce dernier, duquel il passa à sébkstlen 
lYidon, lieutenant-général du bailliage deCliAteau-Cliinon, 
qui en était seigneur en 160a. Qaude Ricbou le possédait 
en40d93 les familles Menditt et ttilUtt en 1683» et Men« 
FItoys en 1725. 

Esloules , seigneurie avec haute , moyenne et basse 
JttsUce, était tenue, en 1567» par Matiguerite de Mon- 
UMney , «im en domin dâmmliiremeiit à^caiftt«àiiKhfaMm. 

dMde de Bigny (1), écuyer, seigneur és GMndIdll, étt 

était titulaire en 1 508 , et Claude Bruandet , dou«e ftns plus 
tard. Guillaume de Vaulin, prêtre, seigneur d*f:stoules, 

msorda^enmo^des droits d'usage à la fimdlie U Cas 
de Mimes, et vendi, pen de temps après, ce flef à lierre 
rttdys de Quindfce. 

fôussignol et Poussains reconnurent presque toujours les 
lÉêmes sei^neors. On voyait dans ce dernier» situé au snd- 
est» aax abords d'une vaste forêt» une antique maison- 

ft) les srsies de Gètts ftukine étaient :*« l*ittti a'tzar« bu hou U tugent 
•emd de quenoulUes de môme. » 



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foi'lo, ilylruilo depuis long-temps» et donl 11 itu reste au-' 

à GuillaiM GrttNty qui iMWtttt ki wmÊt^ ^^ m m miib 

FoiMMit#5 (1) ; pMM^ tm doaméfttanwH Ai Mïle 

suivant, daus la maison de Pont. Jean et Jacques eu 
lirent foi et hommage à Château- Uûnou en 1462^ et 
Piim éê GboMttott m i47d. MMstte PeUé. ^ OMlsto 
éti élail péBMMttT èB 4770; Ktif Ms plti tuM, i «Ma^ 
pour une rente de douze cents livres , de Jeanne, sa sœur^ 
vettve d'Antoine de Chardenon> ciMvaUor de Saint-I/}ui8^ 
nèrt âaBB son hôtel à Dliw, su fMi êÊiktkée Uém^ 
nÉlie DYim SëtatteB^soiMre» éCaft alm «IMimh 

mandataire d'Abon et de Vouillon. 

A sa mort, il laissa ses biens h. SéJ)a8tien de Poussignol et 
k Pierre de Giiampigiiy (2). Le fiis de ce dernier, M. Jean- 
^ittcM-fimM^esl a«4Dimllitti propriétaire ée foMIgiiiilr 

Otiinélsë, Joil ehâtesQ recîotistrtdt ati Ax^-septtèrtK 
siècle et llanqué de deux tours et d'un pavillon, était jadis 
le siège d'une importante seigneurie ayant droit de liaute , 
Mtëtme et basse jdttice» qol ûKWttft iam dtt ooâHé de 
Ghftteaii'Crilncm. Vouthedû Piloti rappelle lesowreiiir «h 

sipfiic patibulaire drossé pour la punition des criminels. Ce 
jnanoir et le village de même nom étaient autrefois alter^ 
natif ëntré Mimes et Foossignol. 

la teitie de Qoinctte appartenait , eu IftSO , à 1^ dé 
Fretoys , qui la tenait de Marguerite de Comoy, sa femme. 
Guillaume, son fils, en donna dcnonibreracut en 1673, et 
la laissa emolte à Margaerite et Anne ^ tes iiUes , mariées , 
Ifnné àGtdfianflie des OiaMps, et Pantre à SittuHi dè dkevl- 
gny, qui en renouvelèrent fhortimage eft Wd. Gtilflaiime 
de Groj»ouvre , écuyer, seigneur de Montreuillon , gendre 

(1) Armes : « D'or, ù deux ehuls-huaiit6«lûMi)l«,«0rei«r«laatf ijcvftuvtf» 

éclairés d'or... à l'ctoilo d'azur eii cJiwf. > 
i?) Ils ctaicut SCS enfanls. ' ' . • . 



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du premier y en fit refaire^ en 1560, le terrier ou il est 
nttiÊÈKiét fliM flfllift IfiiTfl drYtiif fhafliMî anni^n iiM mlfi 

dfa^^B0Mf ttWBS ^pMtl^ SOUS JHl 8Qi|^MQW flWMfS&t* 

Gfamde BroMidet vendit Qnindze^ ep 1629^ à Pierre 
Pitoys P', seigneur de Saint-Maurice , bailli et gouverneur 
de Cbâteau-Gbinon^ d'une noble et ancienne maisoB 
ddlMigogiie* oii elle pofiiéda d'tniporUatceMlgBeinries^ 
coBOie HoolMoBy MeaetrenL-'le^PItoTs, SIereaieT... Ses 
aonnes étaient : « D'azur^ à la croix ancrée d'or^, avec un 
casque en fasce grillé sur les armes et deux levrettes pour 
li^Mrli. » Aane de ittontafié» comtesse douairière de 
(Mteaii^îbiMii» Ud il cesdmi de sea droits de 
mutation 9 à condition qu'il ferait le terrier du comtés Cest 
ce seigneur qui fonda, en 1637, le couvent des capucins de 
Gliâteau-Cbinon, où il se réserva, pour lui et sa famille^ le 
droil de fiéfultnre» Pierre PitoyBU^SQUfiis^lnisuocédaeii 
ses dutrges el dans les seigneuries de Quiadze • du Bruys, 
de Blîmes..., et les laissa à ses trois fils : Jean-François de 
Qumcize, Gaspard d'£stoules et Pierre de Saint-Maurice. 
Ge]iii<<ii5 soips. ie nom 4e Pieiie III, fut grand iiailli d'épée 
dt iMflKage royal et dége présidial de Saint-Pierre-le- 
Moûtier, iMdlU et gouverneur de Gliâteau-Chinon , charges 
qu'il remplissait eu 1732. Il était alors seul possesseur de 
Quincize et des autres terres de sa maison t desquelles U 
naU &it déDpnbrement Mq[»t ans auparavant B Mdssa une 
iUe uramée Françoise, qui épousa Jacques-Louis de la 
Ferté-Meun , comte de La Roche-Milay. 

£n 1759, le marquis de Quincize vendit cette terre, et 
celles de JUImes, d'Estoules et de Saint -Maurice, à 
SîMNBHPierre Sauterean, cooseiUer et secrétaire dn nA, 
pour cent mille livres eu principal, deux mille quatre cents 
de pot de vin et une rente de liuit mille en viager. Ce 
dernier acquit^ en 1777, du comte de Ghâteau-Ghinon, 
des droits de chasse assez étendus^ au moyen d^me somme 
de cent iivresrU mourut vers 1800, et laissa ses terres h ses 



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LE Mon^ A.^f). 397 

deux Dite: iUme-iimiieetMiirie-ileiiie«4e(uuiaSM^ 
de Qwndie, maciéCB, Tiuie à TliomaMjh«rle»-GMtoii 

baron Boissel de Mont?ille , pair de France , et l'autre à 
Louis-Juseph-Victor Pielïort. Le premier revendu Quincize, 
en 1625, «Il JianMi Hoimiier^ I»air de FtaBce* Le petU-fik» 
4« MQQBd, le inmpiie de Cvoix, pooMe encore la Thiberl« 
dénenlmnent delaiHrincipale seigneurie (1). 

Quincize appartient auj ourdi mi à M. Jean - Baplistc- 
Guillaume de Scrmiselles (2), d'une XauiiUe originaire 
de Bourgogne, et avait entrée ami Ûato de la fire- 
vhicei oà Ton n'était admis qn'à titre de gentilhosune de 
race. Plusieui*s ineiubres de cette maisou se sont distingués 
dans la robe et la cairière des aimes.. lierre, seigneur 
d'Ocbigny» prit une part glcnrietee ao sl^e de Candie, et 
M tié en. 1572, k Fessant d'Orsay; Bartbéleml, seigneur 
de Sermiselles..., périt à Detlingue , en ÏT^à, Auguste, 
petit-fds de ce dernier, mourut glorieusement à ^^ agram , 
laissant un iils, le cliev^dier de Sermiseiles, cordon-rouge 
et doyen de Tordre jroyal et niiUtalre de SainUooiSi dé- 
cédé en Les ames de cette noble famille sont : 
« D'azur, à la croix pâtée d'or, embrassée de deux palmes 
de même liées en pointe, » avec cette devise : « Sff€ê4:t 

xn. 

w 

Au iood de la vallée qui se déyek^pe à Touest de 
dliÉtoipi-^caiinon» et ipie parcourt en lerpènla&l'la route 
ée estte vlie à lierers, en aperçoit à peine, an milieu 

(1( Archiv. il(M^>iuuci/.i'. • . • , 

i^) \\ acquit celle terre on IttSî». . ... 

(3)OoiwtMi; J.-G. LiviHom; prûs. BiiuuiRii.,. * 

10 



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l'K MORVAîiU. 

û'mtêê sémilairets une modflile Mfiltie cto vMliige avfc 
quelque» <$haiiinlèm s c'est StlÉt^iniaire , chef-HM i'uM 

comrauue de cinq cent cinquante habitants . et d'une pa- 
roisse peuplée d'enviroofteuf cent trente tidèles, à cause de 
ObAllii qui lui eet Féwi peur le ipliitveL Le tefiUolfe de 
cette eonniiDe, û'mm inperMe de 4eui ndUe eetxanlè- 
(luiiize hectares dont trois cent cinquante -trois sont en 
iMiiftji. est un des moins acddentés du Morvand. Gara 
Parme au sud» et le Venm, qui, là, n'est eneere qu'un 
petit rulneau^ en balgiie le oentrfk Une atttlque vele 
romaine ^ qui le travenolt de Test à Peoest» a été avanta- 
geusement remplacée par de belles routes modernes. 

La paroisse de Saiut-Hilaire , Jadis de raictiiprétré de 
CbâtnUHhen-Baiirfs, fiit fondée» au otmlème eiède, par 
les eeiirneiup» de ChâteaiM3iinon et donnée^ en liSO, 
par l'évèque FromoiU l'abbé de Saint-Martin de Nevers , 
auquel le ciiapitre de Saiut-Cyr contesta bientôt ce patro- 
nage^; nais l'évèque Bernard de Mnt-Saulge le lui ayant 
tOÊÊméetk iS23y dàs-Iors tout débat eesia. 

L'église , dédiée au saint pontife dont le pays porte le 
nom, est un édiltce petit et mesquin, dans lequel ou re- 
narqiie dea constructions de toutes les époquee, et, en 
somme, si misérable, qu'il est un contre-sens à k piété 
bien connue des fidèles de la paroisse. Cette église était 
primitivement sous l'invocation de saint Mamert , dont la 
fête donne encore lieu aqjQurd*bui k une nombreuse assem- 
blée le dimanche qui suit le 11 de mal On portait JaA, 
dans les temps de chaleurs ou de pluies excessives, la statue 
vénérée de ce saint en procession jusqu'à la fontaine de 
Huiê-^GhaituiPt^ eà ou la plODgeait pai* trois inunersious 

miiMimkM tenali k qetie ptttivi* V^lquê 
peu inper9tllle«9e; anasi aoMdheur an euré q«i Mtaf 

son concours en ces circonstances, une grave responsa- 
bilité eût pesé sur lui si le fléau n'avait cessé. 
. Sur diaque côté de T^dUicç il c^(« «lie diHpelte » 



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da MNt est tfédiét; à saint Pierre, et celie du nord ù la siiinle 
Vierge. Cette; deniitM c était aniérieureinent sous le vocaiilc 
(le Saiul-UM4ife, ei Sippà/kemàl k iMBaiaou ù*/»w»oèiiétttm 
WUi?éeii^ fMMi Q e M| i ii tnt*wiigeeli Iq TMcÊmlm iTMt, 

6uiiU-HUaii*e, ù Claude-Jb i aiiçois Salloiinyer de Moiitbaron, 
^meri tKiigAeui' d'Ârgoulais, de hn Atoûtagiie..., moyeu- 

Mtà m-uwiMi rte Mbcooi» Innmt» «ii Aii «iiptMHie^ 
Mlir W)^ MifMe, et à q|)ai«e M powoif à «ton 

etttpeiien. Ce seigneur y fonda , cinq ans plus tard , une 
inesi>e qui d(!vait être cfîlébrée )e 6 juin ^ à perpétuité^ pour 
«ne reato ù% ^piali» ïkwmi tm nayMal ëo «ùvt (1). 

l^il^l'égUflê , se tiomr «B ptfil «lovrattt tm 

i^œurs de Nevers, qui dDOMnH leur» soins ans malades et à 

réducatiou de la jeunesse. Il fut fondé eu 183^i par la pieuse 
jmmiiiceiice de Jeau<J^tistc-Mai\b&iaM?^4it4eiC;ii^ 

l^eUe mllit»tr»ée C h l tei i Clmwa , (fè»-(MqueDté Rf^ 
HHÉM, qui s y rendaient, dit-on , pour se livrer à l'exercice 

et au leanieweei des arment Queltees ardjéoicwv^.e^ 
em reMiver fil aeivioif de ete eiiPiim 
fjMrtiîClwwwrl e»iawiiiM»-MOT (2)« 

Au nord -est de village, dans une gorge, on remar- 
Jt^ç le vieux manoir d'Argoulais, qui, avec ses dépendau- 
^9 Si4}mU> ufi^ tîef mmy^ ^ eapité de Cbâtiw 
«mmi^' lli M e».ertgiWMle» aw^oc joa^ ^ifle^ 
leos^eeee et. kinae^ le 7k Jeillet I7ti , ee faveer de 
Claude-François marquis de ChajDamies du Verger, par 
Bouiw^ti camiuis à terrifià*. il. appartenait , eu lâi^^ 

A.eoWe.Memiie4l9i^» VA le veyHtt^ jyi ei f pfi i 

années après, à Dimanche Vanooret, lieutenant an baiUiage 

de Chateau-Chiûou. Celui-ci eu fit dénombrement en 1559^ 

...... 



et le donna à Jean Sallomyor, éeayer, son gendre ^ 
inventeur du flottage en trains, et qui en jouissait 
(HMore en 1604. François» ils de ce dernier^ en fit foi et 
I wMÎM ilf e m i#»7 , el le Irfata > ëwo^ÊBBMkmif^Tp Im 
de son mariage avec LéonaNto Mttart , laqv^fendtt) eli' 
1657, Touche dite du Champlin, pour bâtir le couvent des 
eapncins ée Uiâteau-Giiinon. Jacques épousa, oi 1667 > 
^ClmiilWmimi nilliiiftiiyéiae 4e MoMMreD fartte, 
et en ettt'l^ Sancmofer; écayer, 

lieutenant criminel au bailliage royal de Saint-Pierre-le- 
MoAtier, et Claude-François de Montbaron ^ seigneur du 
liea'et CârgMi^.. Le prenier ^pcm Charlotte DoUet 
iO'ÎBmdlrall^dintllB'èiit^'viieillev Biafie4ftiBd i<ei ne 
Sallonnyer , mariée , le juillet 1715 , à haut et puisumt 
seigneur Paul comte de Chabannes, seigneur de Huez 
etd'Apiry; leseeoadi^iBttàilreiiçoiieAiidré^elaoqBtt» 
<ml7U5l«i terre de la MKMitagne^ttà 11 tfla dèiHMer. 
Il mourut en 17/iS , et laissa trois fts et me fffle. Cdlensi 
étant décédée quelque temps après, et ses deux frères aînés 
«yiBBt été tués à Faniiée> Jean-Marie de MoatiMiron , le 
f^pme;hklÊf:itÈiîlfi^ et de iew les mlm hkm 
de sa maison. H monrut Ini-inême sans p«rtéMm èhtlettt 
de la Montagne en 1781, et légua ses vastes domaines, 
mais grevés de dettes , aux enfants de Pool de Chabaimes 
€t dé HaifcvHagdcItiiie SâHoiflijfery eos eouslMs (!)• 
' ' lë |mln§, dande-ftançois, marquis de GMMumes, qui 
eut en partage les fiefs d'Argoulais, de Montbaron et de 
Menthols, obtint, ainsi que noos venons de le dire , lenr 
iMettoli en Justice et aeigneaffié msle premier nom, et 
tXâ si( isamte à SaiBl^HBiiM ; <f M de eetlè 1^^^ 

(l) lo Louis-Jacques, abbé commandatairc de Launay et vicaire-général 
de Nevers; 2© Claude-François; 3o Guill.-Hubert , dit l'abbé d'Apirj'; 
4o Louis-Antoine vicomte de Chabanncs; rio Gabriel-Jacques, tué sur mer; 
fi© daude-Jodchim , lieutenant ; 7o Marie-Magdeleine ;<^CharIette-Cé8arée. 



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date rétahMMWWt'ds Ift mIm 4e HMbwwii j—^ig 

Mervand. 

Cette famille, rune des iftkis aadenies^ desplai nobles 
el des ptoi iitaUt» éa wf iewie* ém e— lee-ée^ 
*Bipm, cMleb de la mImb veyrie de Ifwaiee. laidÉe 

de Chabannes^ fille de Jourdain III 5 ayant épousé, en 
1126.^ ftnillamne III de Matba, tau des comtes d'ingou- 

^«DttàlMAffiniBde.feÉlaiear» el.eoinerfaiy par wm 

contrat de awiege^ la nom et récussoa sus aimes daea» 
mère. 

Peu de Jamiiles om eu l'avantage 4e aaatfae t wr. des 
aHteeee amé HbiitîwiV'aiaefqailt dételas «eamstafto* 
fteaiés 9 à difems laiiseai s e areiMa e s da Plaispe, el 

notamment à la famille royale de France. Antoinette de 
Chabaaaes épousa, en U2i , Cbarles de Bourbon» prince 
de Gareaey, comte de Vaadeneiie» aieal 4'JMiiaa da 
laaièaa, lei de MÉwrrealpftpa da Haari I¥| rîilhert ée 
Qiabauucs donna sa main, en iUSk^ à Catherine de 
Boarbon- Vendôme^ grande tante de ce piittce..«.;en tout 
eieq eMÉsaeesr Pe Jà fieat à 1 m lÉgwii i'beaaeaff 
depals qaalea.esaisaas^iieÉis Cl sa ri bt i ihi^ iesé^ 
nières lettres» en forme de brevet , sont de leiei 

U y a eu dans cette maison deux maréchaux et trois 
grands naltres de IlriD|»;,ées gnavenieHis da psoiiaees 
et die ]daa6a -Isiies f aalM salraSf die Pariai fdariavs^ 
HaBteaaiifs^iéBéfaax, des eheiilieia dés ordres 4a rai» 
des chevaliers d'honneur des reines» des chamb^tns de. 
nos rois et des ducs de Bonv^oigne» des pairs de France..»* 

Wa'A pfodaii diveseai baiaciiea HeMlea en Msaraels^' 

en Bourbonnais» en Aaveigne. Les principales sont 

celles des comtes de Dammartin, des marquis de La Palice» 
des seigneurs de Gurton^ de Saignes....; c'est à cette 
dernière branche qu'appartiennent les Gbabannes da Mor- 
vand. Elle s'établit en Nivernais en 1570 » par le OMuriafe 



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IJL UOftYAMKt 



avec Valenline d'Armes, dame da Verger, de Tnicy el-iitr 
Soiate-Golopibe. Ses armes sont : a JJe gueules au liw 
dtèimÊiÊÊÊH ivÉni, imiipaniM ctmrmiMè à'oKé - » . 

CMe^MHi^» silfMir «Amraiaii* M$ m puMHi 
ÙB caifÊÊÊÊm ét-taTil^rlB. M ituifciJil de SrogMe^ M« 
campagnes de la guerre de SepUAns^ et fut fait prisonnier 
ik U déliante viliage de iWtsbausen. Il avait quaraale^ 
dm m UmmfÊhk épaoui» m- iWUf llMMiiaHelto'fle 
Rmmtvét Quincy» ém ilMtdeofcfitocl Mfllfs (1). > 
Jean-BapUste-Maric marquis de Chabannes, l'aîné, che*- 
valler de Tordre royal et BDilUiire de Saint-Louis, &it 
éM# ^nÉDMildMiliieÉr ji It iolÉt lltt*fiék il éMii cipiliiiè 
aM léflMMl du Mf M^Mniaidle* Mis^fW ta révcMlM' 
de 1789 éclata. La Restauration le créa pair de France 
en 1 815> et l'appela bien^t aprôs à i'ia^ctiaii des gardes 
iMMM dtflaMne.;..» 

taifd^oh tl fete ée itso r^r^t mM, ptm mm êê 

sehneflt , i la fie privée , il se netira dans son château 
d'Argoulais, où il a vécu jusqu'en 1851 dans la pratique 
da taiitea Jet ftf tua MIkm ea»M0loMea» ei y eti mon de 
laiÉiitdaJi»l>^l^i^dB<i>idr»iaiigi<»î^ • 
Koé-?lUi]ié de ioligtliA , Mrofoia ûnme oomrease da 
chaplti^e nohle de Remiremont , sa veuve, iille de Charles- 
BH^èMe ooiMe de lioiiir<illi^ Mcten eaiiitaloe de taisteaii 
tili ldid ru M' déâsaiit^wtei» , te lal a aandct qt'tp m. 
fi8s4tiei vertutiDt dpdim ^ donèfei MMlMeMfii'^eMMt 

fitfi moins dtstinj^ués que la naissance . ont laissé de pré- 
cieux sottfeuiFB de bienfaisaoce,, Leur ÛH ^ M. Eugène-- 

.. • • • . ' • ' ... 
• » 

CécUa^ 4» Henriett^uxannc , qiari^ à Gilbert-iUitoiDe comte 4s SartifM 
de aouralAc; S» touisc-Siizanoe, qui épousa l.-lf. -Camille de FourvI^re, 
^'iNMItt «âre»H. • 



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lie»ifliMmtHBOl»iml au r^gimni dt GkÊmyr*'âilm, «leieii 
sovs-lieiiteiiaiit des gardes -du -corps, est aujourdlml 
propriétaire d'Ai^goulais (l). Il avait épousé , eu iH9 ^ 
Anne -Marie- Lucrèce -Zioé 9 fille d'iiime*Akaie«>JMe9hr 
GabfitWeaft-iaoques comte de Ia Tonr-YMimt^ «i. de 
Louise^aMelle-VYançoise Plaaelli de la Valette^ de la. 
famille du deruicr comte de UiAtcau-Cliiuou^ dopt U a en. 
SIX enfaols. 

CliaUgDyf a« sud, était auaii .ne aoden iieC noavaot.de 
Gbâteau-cadium , qui fiit érigé, le 15 Juillet 1 781, par Jean- 
Jacques Bourcerety commis à terrier et fondé de pouvoir 
du comte de cetlo ville, en seigneurie avec haute, moyenne 
et basse justice, en faveur de Paul-Françoia ^aUonnirer de 
GhaUpijr^écnyer^aeignearduliea et de Mont^en-Genevraisr. 
Cette érectloB Ait fUte moyennaDt six cents livres de belle- 
main ^ et une rente noble de si.v Un es qui devait se payer 
chaque année» le 26 décembre» jour de saint Ktieune» Il lui 
tnit eu même temps, accordé des droits de cbasse et de. 
pèche depuis Gbanmotte jusqu'à l'église de Saiat-Hilaire, 
et à La Creuse. Dans Tacte de ratification , daté de Tannée 
suivante, le comte de Cbâteau-Chinon dit qu'il y consent 
pour t0mUm4f,u'U pearie an sieur de Gbaliguy (2). 

Ce ftef appartenait^ es à Edme de La Courcidle, 
(ils de Guillaume , écuyer , seigneur de Cliutiu , qui en lit 
dénombrement la môme aimée , et mourut peu de temps 
après. Jeume des JUiau, sa veuve, le vendit en lâûft, k, 
Jean de Pont, éeuyer, selgpeur de Bussy et d'AringettPé . 
Cehil-cl acquit, au moyen d'une fondation importante, dans 
Tancienne église de Cliâteau-Chiuon, une chapelle dite de 
Pçmi^^wL passa dans la suite k la maisoa d'Argouiais (.^)« 

(1) u a eu deux sœurs : Isattrie-£ugéiiie-Aiine, mariée en 1811 à 
M. Heori-Ainable comte de nreuille, et Louise-Henriette-PauliDe. 
(9) ArehiT. nation, el de Chàte«ii4:hinon. 
.iT Archiv, de U ItouUgnt*. 



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30^4 L£ MORVANi). 

'CMligny étant entré dâoA la famiHe Sallbnnyer » une 

brandie en prit le nom. Guillaume Sallonnyer de Chaligrny, 
écuyer, seigneur du Heu, cupilaine d'infanterie au régi- 
ments Vexin^ ayant éponsé^ en 1731 , Anne RoitsseaQ-, 
' en eat> entre antres enfants, Paùl-Finneoi», ■éeuyer, 
maréclial-de-camp , chevalier de Saint-Lônts et seigneur 
de Mont-en-fienevray. Ce dernier laissa de son union avec 
Jeanne-Pierrette Rapine de Saxi, une filie mariée dans 
la maison de Bèze^ êl un fils^ 'François' Sadhmnyër' de 
riinllî^ny , chevalier de l'ordre de la tégion-d'Hohneur , 
qui a été, pendant quinze ans, sous-préfet de Clulleau- 
Gliînon. 11 mourut en 1833, laissant sa vcuve^ M*"* Ëupbrasie 
Bmiketu dé yftry, avec trois enfants. 

la maison SsHlonnyer* est ancienne dans le Morvand ; 
elle y a possédé un grand nombre de îiofs , dont les plus 
importants étaient Cbandiou et La Montagne. Ses armes 
sont : • I^annr à une salamandre d'or dans les flammés. » 
Elle est, selob quelques écrivais (1) , originaire dé IPrd- 
vence, et eut pour auteur un gentilhomme nommé Imbort 
de Solas, natif de Salon , d'où serait venu le nom de 
Sallonnyer. « Cétatt, disent^ils, nn capitainef de réputa- 
tion, qui entra, en 1990, au senrlee de PiiHIppe-le- 
Hardi , due d€? Bourgogne , et s'attacha , après la mort de 

ce dernier, occis à la jonrnœ d* Azinconrt , en 1415 (2), à la 

personne de Jean, son iils, comte de Nevers et de Rhetel. » 
tt * prince rayant nommé eapltafee^nvarnenl* de son 
châtean de Moidins-lîngHbert , imbèrc y fixa , et y mbnrat' 

dans un Age très-avauct*. * 
Mouasse-Lafosse , dans une gorge, au sud, avec une 
Jolie chapélie gotbique, dédiée à hi sabite YleigOi èt bénite 
en 1836 par M*^ Panl Naudo, évéque de Nevers, était un 

(l) J.>D. CussET , Origine de» nomsi innudtrâ de 1845. 
{i) Us sont dans Terreur, au moins quant à l'époque de It mort du duc; 
carl'HI«»r M CourU^pf^e diswir qu'il mourut à Hall en H^iniiul , en l-Wi. 



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Uroisième fiof mouvaiu du comté de Chàteau-Chinoii, et 
dont^Clawte de dumps de Mot«Léger it loi et hmftaMge 
ett 4730. MnçMe- de Càtig&dm le ponU es Mrl«Ke à 

Pierre-Jean , chevalier . comte de Certaines , seigneur de 
Villemolin^ qui en donna dénombrement en 1772. Cette 
tem est rentrée daas la méiseii de Chanfps de SaUit-Légery • 
qui ni p lwe ld g eneofe aoJcmrdTifit 

On trouvait, en outre, danS'la'coromune de Saint-HIItttre, 
divers antres ficfs moins importants comme Cliampip^ny , 
qui appartenait h Mdme Vaucorct , lieutcnanl-général du 
baMage ée eette vlBe» en 4771 ^ et dont la funtte Pellé a 
pris le nom ; Ctianmotte ; La Mothe-Vadieresse, avee idea 
vestiges d'une ancienne maison -forte près d'im étang; 
Claude de Marry en fit loi et hommage au comte de Ch.lteau- 
cailnoo^ en 150/i; cefiel passa ensniie-dans la fanHleSallôn-' 
nyer, ainsi que oeM des Trenats ; La GenrèêHe, qui à doimé * 
son nom à une ancienne maison qui a possédé les seigneu- 
ries de (ihAlin , de Cliali'^my, de Pressy près de Corl)igny, 
de Yillettolin....; La floehe et La Oreose^ adx SallonnyeF^ 
qni Hb attirent* à la seigneoife 4e'Glialli;nyi en 1^1 ;'La * 
Folotte, il la famille Ét^mard..... ' ; 



XIU. 

■ ^ 

Sancti Leùdegarii de Fogêreto eeelesia» 

Bn quittant la gracieuse vallée de Saint-Ililaire , nous 
entrons dans les monLagnes^ au sud^.et uoiuk arrivons sur 
le torillDiie de Salnt-XégeiHle-EMgeret^ .que la aîmll^ . 
tude de nom a fait confondre par quelques écrivains avec 

Saitit'/Jgn'-de-Fourchcret , noi.uiuiient en ce qui concerne 



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la naissante de Vaoban. Cctic commune , siiuée au mû- 
o«tiid« (Sliftlaui-Gbinon , renforw m» poputetiMi d'euvi* 
m fUittHi ceiHi hMsÊÊÊg et oonpiml ww wi niflc it 

de tlOil flilte ém MM <lk<4Mitf ll60tlMI 49llt M» Ml 

soixaBtfl*-ctnq sont en bois. Elle est arrosée, au sud>oueat» 
par le Qulgnoa, et à Test, par le Garai autrement dit le 
rnifliera de Rafery qoi , de ce eM , feme ae Wmi»m M» r 
re eeeil r e quelfeea beenx poM de ie plea lenif- 

quable de tous est celui dont on jouit de la poMe d'ett 
rocher situé au nord du chef-lieu. C'est un des plus 
éMdei, daa plus variée et des plus gradew fue mm 
ceiMMoiMi 

La paroine de Mnt^Léger , jadis de l'éleclleii et du 

grenier h sel de Château - Chinon , est une des plus 
fliy4fftpflf du Morvand. iL'évêque Bernard de SaiBt*Saulge 
e» dent la eellatlei > eu iieOj m cbepitre de sa caUié- 
dfide 4«i le ceasem jusqu'en liée (1% Les dtaMs appar«* 

tenaient en partie aucoré^ et en partie aux seigneurs qui les 
tenaient en fief du eomte de ChAteaa«-Chinon* UonorakU 
AeiaifM MleM Laaliveii» Ai IMMMM^ 
de celles du cher-Hen. SI on encrait la IradNIdu lMele> 

cette paroisse, comme tant d'autres , aurait eu autrefois 
à souilîrir horriblement de la peste ^ au point que dans un 
hameau il ne serait resté qfu'nn seul habitant, d'où lui 
serait venu le nom de Lkamme qu'il porte aiijourd'hni. 

Le village de Saint-Léger n'est remarquable que par sa 
situation au sommet des montagnes. On y trouve un petit 
établissement religieux fondé en 18/^1 par la pieuse muni- 
ficence de H Albert de Salnt-L^rer^ et tenu par irmt 
de Saint" Joaef de Bourg. L'égflse paroissiale, 
dédiée au saint éTéqne dont le pays porte le nom . est un 
édiiÀoe du douiième siècle ; le chœur, terminé en abside. 

est seul voûté. U y etMe dewt cbupettes. Celle du sud 

1' Gî t r-oQJ ir.ii *ttîêt. »/m Xirtm. 



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.-^yp^irionak autrefois au soigneur do Mouas^, hamoau alon» 
alternatil entre cette paroisse et oeUe «le Saint -HUaire; 
celle du nord, mu laqttelto.ièfM Pi Mtom liii Mii été 
déikMéi •aptrwliiél.iiefnwUBi est Hi prtpilété.éft te ml- 
Mm de Sâim-Léger. Un affireux hicendie ^ allamé par im- 
prudence , consuma , le 16 avril 1852, cette vieille église 
ai dne paftiB àm «toumiàfies qui ïmUmtaL la, oMm, 
riifwwéB ém m mmd» docber M», IoiiéInI' m 
(WtftiirleMage (1). MaHin Gaaéer, qui ft?att n im, 
est le plus ancien des cun'îs connus de cette paroisse. 
U^iiil>é,M0mim, qui la gouvernail ea 1936, quitta bientôt 
et foele IKW 80 eoiMiMver, coimte c/«r» i<» Mni-^K^iiytir, 
àTédimliMi de renUme, et pam eniB, en i«44> dans 
rinée en qualité de iuibi>ionuaire pour travailler à la con- 
version des sauvages. 

A i'oveai é$ SnintrLifir , prêt d'«ne lorél> s'éièvt le 
vaite iAtêm^titm^ nanoir dea atMiént^aisMiniAi paya;, 
reconstruit au dernier siècle sur l'emplacement d'une anti- 
que maison-forte dont il ne reste plus qu'une tour. Les 
d&vm •mvraiiS4l£ tetiûailiMa«iilail piaae kéÊMOÊiPk' 
ikjnw alnatoufs m renient le téjowr tate- a g r é alie* 
fntmait jadis, avec ses dépendances, tne In^ortante sen- * 
gneurie qui mouvait du comté de Chilteau-Chinon , et con- 
férait h son poaa^sseur le droit de pêdws de chasm^ céhd 

lA tam de Saint^Lé^er appartient, ée temps Imné* 

raorial, à la maison de Champs qui en porte le nom* 
Guillaume de Champs de Saint-Léger en était seigneur à 
la iki 4» fuinaitee aidele. Glande, écoyer» aUgnenr de- 
Cilgnip Martini 4e GlMfeniiea» de IIe«aaR.4Mi en donne 
dénombrement en 17^^ Frviçola- Marte ^ capitaine an* 

;1) Le 5 .•îcptomlirc de r.iiinrc suujiitt'. roniiiic t»ii ilécintrait la voûto 
qu'on venait d'achever, celle-ci s'ocoula et tua ijiiajrp ouvriers imprudents 
'X Arrhir. de Chfttean-Chinon. 



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3^ tr iKnrviWR 

régiment de Poitou, et Guillaume, son frère, seigneur du 
Cméc; dWHlieis de ronbre royal et militaii« de SaiAl- 
lMiiytii#MflDl€i]ie«Bagee«117ê<t). • 

IM' fàdâéon-'ûè Ctavips tire Mil ndn dfm wêcSêbê MÊ 
situé dans une sombre vallée , au sud , près de la source 
da Guignoné L'écusson de ses armes porte : • Eoartelé an 
» f#eiitlerèt4eriier#argeiit» àlafteedeMbtecb 
»^VM antrellMc« d'or^ frétée de |fae*s, aàiump n |t < e 
» de trois étoiles de sable, deux en chef, une en pointe; 
» aux 2 et 3 de gaeuies^ k la croix d'or (2). » 

U «ef du aoinia apparleiiaii, en 1690, à lolOe Je» 
dee Ofanes, qui le tenait de eon éfMraie iauiede lai*«laMi 
de Cliamps de Saint -Léger. Une de ses descendantes, 
Elisabeth des Ulmes de Torcy, a épousé, en 1885, M. Bar- 
thélemi-Srnest Guillaume de SermiaeUesy de QulMiaei 

fttvery» sur le nteeau de sefi nm, éleit le flid|e 
d'une «efgneurfe avec Justice liaute , moyenne et basse ^ de 
laquelle Adrien de Montsaulnin, seigneur du lieu, fit foi 
et tMOHuage, eu au comte de Cbâleau-GbiBaD. U 
y «fiituilrefiiAi mt iuatoB<*forte<deÉt un vtyait cuom 
des vestiges, lorsque Glliert de Ge Og ue n un renouvria 
l'hommage en 16ë2. On croit qu'elle fut ruinée par les 
Armagnacs en 1412. 

< Tradiny doHt Pierre de Gotifenon ffuuilt le noii 
eni626,le8^An8tois, Bouteloliget Tffleux^'étideBtMitaut 

de fiefs réunis qui reconnaissaient la même mouvance. 
Louis Étignard^ dit le marquis de Martray, le même sans 
doute' gue mus tromm revêtu du titre de naife de 
GMitemhGMftou, à la fin du dernier sWde, eu éiaft eei-^ 

gneur'en 1770. Il les vendit, la même année, à Jacques- 
Girardot de Chamont, bourgeois de Paris, qui les unit h 
la seigneurie de Yermenoux. 

(1) Archiv. de Chàteau-Cliiiion. 

;9) CrsiNBACH , immire d( la Mh'rt» ' • 



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XIV. 

0 

« « 

A la pointe d'un large plateau qui domine tout le 

Bazois, et au pied duquel viennent s'unir le sol calcaire et 
le terrain granitique^ à douze kilomètres environ àTouefit 
de Gbâteaa-Ghinon^ se montre le village de Saint-Péreua«!» 
dont une partie^ eelle de Test, fiit dévorée , en 18&7, |Kir 
un terrible incendie. L'autre, qui couronne rextrcniité du 
plateau 4 et où se trouvent l'église paroissiale, le presby- 
tère et les restes de Tancien cbâteau seignenrialsiquit d'une 
me magnlflciae sur tonte la vallée, qui se déploie indéfi- 
niment vers Tonest. C'est un des endroits les mieux situés 
de tout le Morvand pour le coup-d'œil. Il s'y tient chaque 
année > le 11 mai, une foire très-ancienne, mais peu 
fréquentée. 

Le nom de ee village rappelle un souvenir préeienx pour 

nos montagnes, celui du martyre d'un saint prêtre auquel 
cette partie de notre contrée doit sa conversion au dirisr 
liattiHDO. Vert la fin du cinquième fliède,PéraHe, pomé 
par le lète de la gloire de Dieu et Tamour du prochain , se 
rendit dans ces parages pour détruire le culte des idoles , 
qui y conservaient encore un bon nombre de sectateurs. 
Le nom de SoUère (1), nous dit encore que ce lieu , était 
un bois eonsacfé an soleil, et celui de Cbandioa (2), que 

• 

(I> SoMff iMew. 

(9) nf Ctm^ 9to ou ompm ntmm. — Le chftteaui de ChandiôQ 
B*oaw phn n^ovrdthiii Aox rtgtrds des amateurs que des débris; 
«Mis ces nifnes grandioses frappent rimaginittinn , émcurciit Tâme. * 
On se etoi »aiti d'un moavemeiit involoutaire de tristcsao aussi bien 



l'endroit où fui élevé le maBoir de ce noui^ si ridie par 
ses mines gigantesques , si intéressant par les souvenirs 
qui s'y rattachent, était voué spécialement au culte des 
dieux du pay& C'est contre ce loyer de 1 erreur que 
s'avança le nouvel apdtre. La lumière de l'Évangile 9 
qu'il at Miter an yeux éiomé^ém paltm^ cmrertit 

un nombre considérable à la foi. Mais tandis que ces 
premiers succès , en animant sou courage et son zèle , le 
portent à entreprendre davantage cony^e le cutte des 
idoles, quelques païens^ ameutés et ftarletRi, M salsisseitt 
de sa personne ^ l'entraînent sur la pointe de la montagne 
et le mettent à mort ^ - > 

Ses rester inortels, reeoeiUis ptii ieB clirétiens qtiH 
avait enliuités à Jésus- Glirist, ftirent enterrés dans fendrtilt 
même de son martyre. Son tombeau devint bientôt célèbre 
par le concours des ildèles des environs et par les miracles 
qui s'y opéraient. IÀ5 comme k Sauiien, on éleva sur le 

quo do rurio.site , eii cuiitemplank 088 longs puw de nùrs que la 
lierrt' cnUice de ses niillo bras, ces immenses cheminées qui s'ûlan- 
i-ent duns les airs , ces tours encore menavanles dons leurs ruiiiv>ï. , 
re portaU de la cour avec tout sou appareil féodiil , et où l'on craiut, 
pour ainsi dire de s'engager, bien fpi'il soit \'nW de sa liersc ; ces 
sombres souterrains, d'où Ion croit encore entendre .sortir les pémis- 
•MMBti de quelques sialèMrMix pripoADitrt..... Ou dit que le biuroa 
ChaoUiou avaU <iriit de faittn monnaie^ Imh de Ckandiou , dont \q9 mm 
étaient: « D*herniincs k la fasce de'guealea, » so distingua, au quatorzième 
«elècie, danela guerfeeontre lea AnglAfe. fierre, a«ii petit^le, eelgneiir 
de Miiv «t de poiMiitnei» qut^pouaa i|âl(tat 4s €Mime»« ^teueUd'^fv 

armé chovalier, lorsque, le prenUer, il vint, en 11 19, ayunt partftssus 90^ 
harnaîis une cotte d'armes vestiie, qui était écartelr'e de Chandiou et de Beau- 
fv^xont, à Saint-LaureiU'les-ChéloHS, toucher l'écu df Jnrqties Deialain 
|M)ur le combattre. Jlist. du bon chevalier Jacquex Delalain. Il vi\ ait encore 
en 14S8, et était alors capitaine-gouverneur de la ville d'Auxerre. 'Lebœi f.^ 
Jean de Chandiou , seigneur du Heu, mort en 1513, avait opuu»c Claude 
de Fournay, à laqucUo Charice de ia Towmelle, aire de YÀllaines, fit 
une a9ii4t|tiitioii de rente U mime- «(iiée. Jluoque» de Cbaiidioii «taifciilriiê 
de Bellevaux en im Cette tern a epparteiiu «uk iBeùon»,iMmii ^^k9t 
^frttdeUFerlé*Mffun. . 



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Lk MORVAM). ail 

«iNMié en «lAtye. hè Mi Ciiiii M - l < Qt—fd ^mpi^ m 

neuvième siècle , ce monastère à TtgUse de Nevws^ à 
laquelle Charles «le -Gros le coDlirma quelques années 
apffès. SdculaiM pto Ur4« tt évrt»i m dMliltre «te çlMi- 
mÂpm. Om cytit qae la mimn ♦» MOfaica te IrotvMt ptès 
ée l'édifice sacré , au sud. L'iacleiiM égUM collégiale eut 
aujourd'hui simplement paroissiale. 

Cet édiioe > encore dédié au eafait ap6M du pa|§^ 
doBi en eélèkra le Mte le 13 fioftadm, eit um oom- - 
trudioB dn dovlèiiie sièeie. H eit Me^agréablemeit 
sKoé 5 mais 11 n'est ni grand , ni beau. Au-dessus de sou 
abside romane s'élève la tour ou clocber^ qui n'a rien de 
vmerqvaMe^ La Ml eet alMliiiée par 
#■ pies triste aepeet 

La paroisse de Salnt-Péreuse , jadis de l'archiprétré de 
diâtiUoii-eu-Bazois , est sans contredit Tune des plus 
aaekimes d» Morvaad. Le patreuge de la eura appaniot 
d'àbord à révé^oe diooéuiii » qol^ eeleii Ckqr-GoQinie (1)» 
le donna , en 1162 , au chapitre de sa cathédrale ; 
mais mie charte de Tannée précédente , rapportée par 
Ht BaUlot (2) , prouve qa'alors il appartenait à l'abbé de 
Saial^ltotti d'Autim. Les dîmes» de Mie gerlies ïmm, 
se pa nag e al e at entre le ciré et le selguenr, à l^exceptloo 
de celles de Solières , qui appartenaient par moitié au 
possesseur de cette terre et au titulaire de la cbapeUe 
^Inc- Jleiae «t Maf-ifere de MonUus-BBglQiert. 

ta terre de 8alBt«Pére«se> seigneorie ea toate Jiisiee 
avec titre de baronnie , mouvait noblement du comté de 
Château-Chinon, si ce n'est la partie de Besne , qui relevait 
des dttcs de Nevers, k cause de leur chàtelienie de Moulius- 



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312 m MORtÀm 

aigilbirt Xi}. LmjmMÊUBit lÉHlai* émiiv^tmwm 
«ncmJeft urines àla poiiite 4t b iDoiitii»Q« à,rwMt 

de l'église , ayant été brûlé avec le village par les 
AnuagnaG^ m jl4i2, ue fut poiatrétaldi; mmSi un nouveau 

M^te wMi detem^ ^ Mit ctïvi fitf ivi à la 

baronnie. Il ne conserve plus de son aspectiéodal <|iie ses 
quatre tours armées de aieurtrières. Ce qn'on lit dans le 
Smmmir du bon wmx iempt, tovobaot Tacte de .foi et 
liMmi^ cendo au Iwon de Ghandioi par 4s $aM- 
.Férease , n'est irallement fondé. 

Cette barounie appartenait, en l/i02, à Jeliau et Odot 
éeJleiitagu^chevidiiers» seigneurs de Couches, qui, ceUie 
Atmé^y en âemiàictl 44iMMPiteeiiien(l à Çtk^m(H>M9im^ 
Nous la trouvons , un demi-siècle plus tard y dans la péft- 
session de Huguenin de Grandi y (2), chevalier, seigneur 
du liea> qui eu fit foi et hoouuage en Mx^%, et la laissa à 
Cililiiliima» son fils» seigneur de U M«ita0ie. Cekiirci 
en IcNtaait encore en i52&; nins ft.avatt alqrs.popr 
co-seigneurs nobles Antoine des Preis , Claude et Jeban4e 
Chalauipnt, chevaliers, barons de Uorliebaron. 

Ckarles de Grandry» seigneur de Jiesue et trésorier du 
.cbi&de Kenrers» étftft^ eu 1$72» bpner^ da.tUre dg maUte 
d'hmtei ortUnme du »*at% et 4eratursU c\m lesIrrÎMiMf 
en qualité ambassadeur pour Sa Majesté (3). Elisabeth, sa 
porta ensuite cette terre et celle de Grandry à haut 
et puissant sfigneiir FaulDaipas (4) , cbevaiier. de Tordie 
du roi, qui les possédait encore en 1695..Uae secqpide 
alliance les fit passer à Jacques de Mesgrigny, baron 
d'Aulo^» qui donna d^uouihreu^eut en 168Q.,Gharles- 

• (1) Archlv. nation, et de Ch&teau-Chinon. 
(9) ÀUàê Grandrye et Grandri«. 
(8) Arcbiv. de Besne. 
(4) Ce nom e'écrivait autrofoia d'Ama. 



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LE IIOKVAN0. 5i3 

Louis-David Lepeletier^ comte d'Aolnay^ baron d'Epiry, 
seigneur de Cervon et de Marcilly, en fit autant en 1771. 
Besne appartient aujourd'imi à M. Tassin de Saint-Péreuse, 
dont le p^re l'acquit an commencement de ce siède. 

Solière y snr une liauteur, an sud-est , près d'une forêt 
et sur le bord de la route de Cliâteau-Chinon à Nevcrs, 
possède un joli château bâti à l'italienne. 11 fut construit 
en 1786 par Jacques-Louis de la Ferté-Meun^ chevalier, 
comte de Solière^ homme redouté du peuple. Son caractère 
sombre se révèle dans le choix même du lieu de sa sépul- 
ture. Il fit construire , de son vivant, un tombeau au fond 
de la forêt à laquelle le château est adossé ^ sur le bord 
d'un étang noir et profond» où il fut» en efièt» déposé en 
1828. L'évêque n'accorda la permission nécessaire qu'à 
condition qu'il y serait élevé une chapelle. Le comte de 
la Ferté-Meun-Ghamplâtreux« son neveu» se mit aussitôt 
en devoir d'exécuter l'ordonnancé épiscopale» et bâtit en 
ce lieu une belle chapelle gothique , que le mauvais état de 
SCS affaires ne lui permit pas d'achever. Il vendit alors 
Solière à M. Graugier de JLa JMLarinière» et celui-ci à 
M. Denis Benoist 

Cette terre , jadis seigneurie en toute Justice (1)^ mouvait 
en partie du comté de Château-Chinon, et en partie de la 
châtellenie de Moulins-Engilbert.£lle appartenait» en 1293, 
k Hugues de Verrières» chevalier» qui» la même année» fut 
inhumé dans l'église Notre-Dame de Bellevaux» dont il était 
bienfaiteur. Guillaume de Marry^ chevalier, seigneur du 
lieu et de Montécot, en était possesseur en 1535. 

Le fief du Chemin» aussi mouvant de Cbâteau-Chinon» 
appartenait» en 1504» à noble Qaude du Verne» écnyer» 
seigneur de Cuy. Celui de Villars^ dont le nom rappelle 
un souvcnii' romain» reconnaissait la même mouvance. On 



(I; Le signe patibulaire se trouvait dans le (iuiMp duPUoH, au aud-e9t. 

S4 



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léeoQvrit autrefois 4€s 4ébri»^Mtl(|iie»» qui pf(Hif«M 

cette localité doit, eu ellet, son origine à une ancienne viUa. 

La conimiMie i&e Saint-Péreuse renferme oeuf cent v ingi< 
sept ha)iitaotft et «ne superficie de mHk aii eeM ^ bee^ 
tares, dont cinq centa sottt en boln Les flânes de la mon* 
lague sur laquelle le vUiage est assis , sont eonverts de 
vignes. Le seigneur avait droit à la treizième line de vin. 

Cette lûcalUé joint d'une grande salubrité , ce qu'elle 
doit à sa position élevée. Jean Beantemps, omten ilkO^, 
comptait alors cent huit ans ; sa sœnr n'en avait que Imis 
de moins iorsqu elle mouiut (1). 

XV. 

DUN-SUK-GRANDAY, Umum in Magna riwo. 

Cette petite commune» située au nord de la précédente» 
est la seule du canton de GhâtUlon-en^Bazpis qui repose 
sur le sol granitique du Morvand. Elle renferme une 
population de six cent quatre-vingt-dix habitants, jadis 
connus pour leur esprit religieux. Son territoire» traversé 
par la route de Moiâfns-Engilbert à Qiassy» et par celle de 
Château-Ghinon à Aunay, est arrosé, an nord, par un 
gros ruisseau, qui forme la principale source de 1^ rivière 
de Venon. On y récolte un peu de vin. 

Le chef-lieu, bâti sur le flanc d'une haute montagne» 
tire son nom de sa situation ; car on sait que Dunum est un 
mot celtique qui signifie hauteur ou montagne. Son surnom 
est celui d'un village dont nous parlerons bientôt. Un écri- 
' vain medeme , s'appuyant sur Torthographe actuelle du 
mot Don» que Ton écrit à tort l>^tfn» a cru retrouver là» 

;i} Archiv. de Chàtoau^Chiiioii; ifimwtre» 18i7. 



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comme à Dw^es-Ptaees^ un fovfeiilr toujours vivant des 

HuDS, nation barbare qui, au ciiiquième siècle, parcourut 
line partie des Gaules le fer et le ieu k la main. Mais s'il eùi 
çomnUé les arehivet de ees deui eommime»» il «DraH ▼» 
que l'ortliographe actuelle ne remonta paa livo irièdei et 
fa'en 4760 on écrivait encore Dun, 

L'église paroissiale , dédiée à saint Jean-Baptiste , dont 
on célôlire la féte le 29 août, eti m petit édifiée lori 
ancien,. Son arebitectiire est le roman dn commeneement 
do doviième siècle. L'abside seule est voûtée. Au-dessus 
de la nef s'élève un pelit cIocIhm- eu bois de chétive 
apparence. paroisse ^ jadis de réieclion de Nevers» dn 
grenier à sel de Uoulins-fingilbert et de Tarctiii^rétré de 
CbâtUlon-en-Basols^ est aujourd'hui du doyennd dt 
Château >Cliiuon. Le patronage de la cure appartenait 
autrefois k l'abbesse de Nevers. 

La commune de Onn fit, pendant dix ans, partie dn 
canton qui avait été créé à Mootreuillon. Bile se compote 
principalement du chef-lieu dont la seigneurie était mou- 
vante du duc de rsevers^ à cause de sa châtellenie de 
MoDtreuiUon) de Creuseveroe ^ bameau bnUé en i%kl , 
en même tenq^ que Mnt-Péreuse; de Cbampausserin^ 
village bâti sur l'autre versant de la montagne , avec un 
castel du seizième siècle, et enfin de Graodry^ dont le 
nom est allié à celui de la commune. 

Ce dernier est situé dans la vallée, au nord, k la 
jonction des deux routes dont nous venons de parler, sur 
la rive droite d'un gros ruisseau, d'où lui est venu son 
nom. U formait autrefois une terre avec haute , moyenne 
et basse justice, qui mouvait en partie du comté éù 
Ghétteau-Cbinon et en parde dé Montreuillon. On y voyait , 
au ([uatorzièmc siècle, un manoir seigneurial dont il ne 
reste plus de vestiges. Cette terre était alors possédée par 
une noble maison qui en portait le nom. fluguenin de 
Grandrye, chevalier, en était selgnéiir ^ 1! 



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516 LE IIO&YÂND. 

tait : « D'argent à trois trèfles de rinople , posés 2 et 1. » 
Guillaiime^ son fils, écuyer, seigneur de La Montagne, 
en Joulssail encore en 1520* Jacquette Àubry^ veuve de 
œ dénier^ acheta^ peu de temps après, une partie de la 
baronnie. dé Saint-Pérense. Élisabeth de Grandrye , fiUe 
de Cliarles , maître d'hostel ordinaire du roi et ambassadeur 
chez les Grisons 9 porta ensuite cette teiTe et celle de Guy 
à Paol Damas, qui en donna dénombrement eh 1635. 
Grandry passa, dans le siècle suivant, aux malsons de 
Mesgrigny et Lepelelicr, seigneurs d'Aunay (1). 

Le fief de Clianipausserln , avec justice et seigneurie , 
était mouvant des ducs de Nevers, à cause de la châ- 
tellenie de BloulIns-EngilberL n devait à rabbaye de 
Bellevaux une rente bordelière de sept sous , une poule 
bonne et raisonnable; plus une autre rente annuelle de 
quinze sous tournois, deux boisseaux un quart de froment, 
dnq d'avdne, mesure de Moulins -Engllbert, et sept 
gelines et demi , bonnes et suffisantes ; le tout rendu à 
Notre-Dame de Bellevaux, le jour de saint Étienne, 
2^ décembre. 

Édouard Goussdt, sieur de Ghampausserin, en 1670, 
laissa cette terre à Jean , son fils, sur lequel elle fut 

vendue pai* décret, en 1686 (2). 

GAMTON DE LUZY. 

Ge canton, formé de la pointe méridionale du Morvand, 
se compose de dix communes. Celles de Gbiddes, de 

Milay et de La Iloclie-Milay, n'en font partie que depuis 
la suppression de celui qui avait été créé dans cette der- 
nière. U renferme une population de douze mille âmes 

(1) Ârchiv. de Bcsnc et de Quincize. 
(S) Archiv. de Quincize. 



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LE UOKYÂJSÙ. 117 

environ 5 et une superficie de trente-un mille cinq cent 
soixaateHieiif hectares^ demi six naille hait cent quarante- 
quatre aont couverts par les forêts. Sa drcoDBCTiptton est 

« 

celle d'un doyenné qui compte douze paroisses. 

L'aspect du pays est , en général , moins âpre et moins 
sévère que dans le reste du Morvand. La vallée de rflalèae;» 
qui le partai^e eu deux parties présque égales^ est riante 
et asses fertile. Quelques écrivains ont assigfné le cours 
de cette rivière comme formant, de ce côté, la limite de 
notre contrée ; mais la chaîne des collines Appenelle , 
aux sommets hérissés de forêts^ présente ùop d'analogie 
avec le Morvand, pour que nous nous rangions de leur 
sentiment. Nous ne nous arrêterons qu'aux Unîtes du 
canton lui-même. 

Les trois grandes époques de notre , histoire nationale 
avaient laissé Ih, comme dans les autres parties de nos 
montagnes 9 de nombreux monuments; c'étaient des 
dolmens druidiques , des voies romaines, des villas, des 
camps retranchés, des urnes cinéraires, des médailles, 
des abbayes et prieurés, de sombres manoirs. .L'Haldne 
et le ruisseau de l* Église, son afituent, sont les deux seuls 
cours d'eau qui méritent d'être cités. De belles routes 
coupent le pays en tout sens. 

1. 

LUZY, Lisci villa, iMziacwn, Lausia. 

Cette petite ville, chef-lieu d'une commune de deux 
mille trois c^nt vingt-six habitant, est .agréablement 
i^tnéé sur les bords de THalène, dans une vallée assex 
large pour former une plaine. Elle est dominée^ à l'Ouest, 

par les hauteurs de l'Appenelle, d'où l'on jouit d'une vue 



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HfkYite et grave tout à la fois. Son territoire , borné à l'est 
par les hautes montagnes de Dàne, présente une superficie 
de quatre mille cent soiiaatewpt hectares doot quatre 
cent vingt aont en boif. 

huf est la plus petite de« irUtes du Monrand et même 
du Nivernais. Son enceinte a si peu d'étendue , que 
l'étranger» en y arrivant, croit entrer dans un gros 
liourg seulement Son indostrie est presque nulle et son 
eommerce peu développé, à cause de sa situation au 
milieu des terres M loin des principaux débouchés. Néan- 
moins, ses six foires annuelles, fondées par les anciens 
seigneurs qui percevaient des droits sur chaque téte de 
bétail que lV)n y conduisait y et le gros marché qui n*f 
tient tous les mercredis depuis la Toussaint jusqu'à lu 
mi^-carême , sont bien fréquentés. Un autre petit marché 
pour les comestibles y a lieu tous les vendredis. 

On remarquait Jadis à Luzy une halle où les ducs de 
Xtvers percevaient le droit de minage sur chaque mesure 
de froment , de seigle , d'avoine et autres céréales qui s'y 
vendaient. Un grenier à sel y fut établi au quinzième 
siècle pour toutes les paroisses environnantes. Le roi 
François pat lettres patentes du 10 janvier 1516, en 
abandonna au comte de Nevevs les ffnuft, rewnm, émolu- 
ments, ainsi que les amendes et forfaitures y relatives (1). 
Jean Ballart en était grenelier en 1570 (2). 

Les savants ne sont d'accord ni sur l'origine de Luzy» 
ni sur l'étymoiogie de son nom. La Mothe-Tors, dans sa 
Bilnracte, imprimée en 1088 , prétend que l'un et l'autre 
sont dus à un noble éduen appelé Liscus qui , le premier, 
y aurait bâti une magnifique villa ou maison de plaisance. 
Gourté()ée et plusieurs antres» s'appuyant sur une ancienne 
tradiiloB piq^aire» ont prétendu que Luiy était autrefbis 

(1) Archtv. de la préfecture. 

m ^(»a|«#tf (Itt f renier à sel se trouvaient près de Fhùpïttl. 



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LE MORVANa S 19 

fovtosÉdMM, ceiioe l'Otympe était pour tet Grm; 
un lieu omaené à la joie «t aux plaisirs puMIcs, m 

rendez -vous pour la jeunesse celtique qui , h certaines 
époques , s'y livrait à la clause, à la musique , aux courses, 
4*ùk kuLiyieuiii etf daAslaauUe^Uuy (i). dllais roplnkm 
qtA nous semble la plus probable» est celte qui fait dériver 
ce nom de deux mois eeltiqoes, iuz étang , et zy âe«x. 
La tradition nous apprend , en elîet, que les belles prairies 
qui avoisinent la ville , u' étaient autrefois que des marais 
fiMgeiiz on étangs qœ Ton dessécba dans la suite à cause 
de rtaalnbrité qui résultait de ce voisinage. 

Quoi qu'il en soit , on ne peut douter que fendrott n*alt 
été habité de bonne heure. Si nous n'osons nous inspirer 
de i'opinion de ceux qjoi y placent un collège de druides, 
dn moins nous tenons pour certain, avec beaneonp 
d'autres , qu'il y eilsta une villa romaine. La voie antiqof 
qui y aboutissait, les médailles de César, d',intonin-4e* 
Pieux, de Gordien.. , et autres objets qu'on y a découverts, 
en sont une preuve qui ne peut admettre le doute. 

A la villa romaine succéda naturellement la forteresse 
féodale dont il reste encore dimposants débris. Ce redon* 
table manoir des nobles barons de Luzy s'élevait au centre 
de la ville qu'il dominait orgueilleusement de sa masse. 
Une ceinture de murailles, hérissée de hautes tours, des 
fossés profonds qu'inondaient continneliement les eaux de 
malène, une porte armée de tonrelles avec mâchiconNs 
et précédée d'un lourd pont-levis, le défendaient contre 
toutes tentatives du dehors, et ne laissaient pénétrer dans 
l'intérieor qoe des gens connus et sûrs. Au-dessus de la 
porte d'entrée brillait f écusson aux armes de la famille , qni 
portait : « De gueules au chevron d'argent, accompagné 
» de U'ois étoiles d'or, posées 2 et 1 (2). » Une chapelle, 

• 

(1) Deso'ipt. de Bounj., tome m, p. 498, 

(2; LiCIIESXAY DEsi Brtl«. 



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320 LE MORVAND. 

dédiée à safaite Catherine , et dont le patronage appartenait 
an seigneur, complétait cette noble demenre (1). 

C'est autour de cet antique manoir que la ville de 
Lazy, comme celles de Gliâteau-Chinon , de Lormes, de 
Moulins-Engilbert, se bâtit dans la suite. Elle ne se com- 
posa d^abord que de qnélqnes cases de paovres scrfe 
attachés an servke dn diftteau on Tenus des campagnes 
pour chercher, à l'ombre de ses fortiiicatious, une sûreté 
qu'ils ne trouvaient pas ailleurs. 

Affranchie au treiâème siècle, l'humble bourgade prit 
bientôt un air .d*aisance inaccontnmée, et sa popidation 
en reçut un notable accroissement Mais sans cesse déchnée 
par la peste et autres maladies contagieuses de l'époque , 
qui y causaient des ravages d'autant plus fréquents et plus 
terribles, que le pays était alors plus insalubre , elle ne 
put prendre un développement considérable. L'hfetdre 
nous a conservé le souvenir d'une affreuse épidémie qui ^ 
au seizième siècle , désola cette petite ville. Le fléau 
sévissait avec tant de violence , que les échevins et les 
notables , désespérant de l'eiBcacité de tout secours 
humain, s'adressèrent au Ciel, et s'engagèrent, par un 
vœu solennel , à se rendre chaque année processionnelle- 
ment à la chapelle de Saint-Sébastien d'Uchon, pèlerinage 
alors trèfr-renommé contre la peste. 

La maladie cessa presque subitement, et les habitants, 
pleins de reconnaissance pour une protection si visible, 
se montrèrent toujours fidèles à leur vœu, et se leudircnt 
en effet, chaque année, le 20 janvier, à Uclion, en pro- 
cession nombreuse, et ne cessèrent leur pieux pèlerinage 
qu'en 1790. Toutefois, la procession se faU encore de nos 
Jours éàos Fintérieur de la ville (2). 

(1) Marie d'Albrct, comtesse de Ncvers, donna, en 1508, ce bonLfice à 
frère Sébastien Fournier, religieux de Saint-Martin de Itîevers , et fils de 
Durand Kournier, son médecin. 

(5; CouRTépéE, Dmript.de Bourg. { Piécet manuscr. 



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LE, MORVAiSa 321 

.. Aa quatondlèBie riède, les lialittaiits de Luif ^.menaeés 
dans lenra penoones et leur fortune par les troupes de 

maraudeurs de l'époque , résolurent de se clore de murs. 
Ils élevèrent donc , avec la permission de leur seigneur, 
antovr de leur b^g, une ceinture de ranrslllee qu*ils 
flancpièrent de liuit grosses tours, dont quelques -uqes 
subsistent encore, et creusèrent, en outre ^ des fossés pro- 
fonds qu'ils inondaient à volonté. Deux portes, armées de 
tourelles, couronnées de créneaux et précédées de ponts* 
levis, donnaleait entrée dans la place, et conq^létaient le 
système de défense. 

Luzy est , sans contredit , l'une des localités du 
Morvand où la foi chrétienne pénétra plus à bonne heure. 
L'iiistoire nous apprend que déjà, au cinquième siècle, il 
y ayalt près de ses murs une église , od un pieux enlant 
du Morvand 9 saint Germain, dans la suite évêque de 
Paris, se rendait chaque jour pour satisfaire à ses devoirs 
religieux. 11 est donc certain que la paroisse est extrê- 
mement andenne, et c'est probaUement à cette cause 
qu'elle dut Tbonneur de derenir un des vingt-cinq arofai- 
prétrés du diocèse d'Autun , dont die n'a cessé de faire 
partie jusqu'au rétablissement du siège épiscopal de 
Nevers,.en 1822. Sa circonscription archipresbytérale 
comprenait environ vingt-dnq paroisses situées sur les 
deux rives de TArroux, plusieurs prieurés, une comman- 

derie de Malte (1) Les dîmes se partageaient entre le 

curé , le duc de Nevers, l'abbé de CIuny> les seigneurs de 
La Roclie-Milay (2) 

(1) Lea paroisées de cet ancien archiprétré étaient Cbarbonnas, Chi4des^ 
Cuzy, Detty, Étang, La Boulayc, 1. 1 Conicllc, Laizy, Milay, Montmort, 
Poil, La Rochp-Milay, Notre-Dame de Luzy, Saint-Pierre de cette ville, 
Saint-Didier-sur-Arroux, Saint-Geiigoux, Saint-Nizier-sur-Arroux, Saint- 
Seine, Semclay, La Tanicro, Thii-sur-Arroux, Vandcnessc-sur-Arroux....; 
la commandcrio de Tourny ; les prieurés de Saint-Àndré-les-Luzy, d*Avrûe, 
de Semelay, de Vanoise , de Thil-sor-Arroux 

(S) Archlv.de la Nièvre. 



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52t U MORVANfi. 

GettA ville pofliédilt}ftdisdMx égitoes paraMitap, dont 

le patronage appartenait à l'évêque diocésain et à l'abbé 
de Cluny, qui l'exerçaient alternativement. Celle de Notre- 
Dame » fiiij»priaiée en 1776> était un édifiée anden» mais 
éireit et doat le chœur seul était voité. EUe pertalt, 
en i19êf des signes évidents de eonsécratton. La nef, 
encore existantj, s'adosse presque aux murs du vieux châ- 
teau, et fait partie de rhôlel-de-vilie. Lorsque naguère 
OB epéra le niveUement de son ancien cimetière pour le 
transformer en place politise, on déeoovrlt le corps #aB 
Tertoenx prêtre en état parfait de conservation, blenfiH 
fût mort depuis de longues années. 

L'église Saint- Pierre, encore aujourd'hui paroissiale , 
est une eonstradion très-ancienne, mate pàtti fort biaarre» 
Le dMnir, de style roman da ourième Mède, est, arec celai 
de liemais , le plus eiigu qne nous connalsBions. H ce 
compose d'une abside , précédée de quatre arcades qui 
supportent la tour du clocher ; c'est la seule partie qui 
ioit voAtèe. On rcmargoe, à l'intérieur, les traces de in 
iMMbt i|ai tomba cor le dodier vers iSSA. La aef, vaste 
carré, cintré en plâtre, est flanquée, au sud , de plusieurs 
chapelles de divers styles. Au fond de celle qui avoisine 
l'autel t on. lit que Pierre et Nicolas Yirot, Françoise 
Bouton et Rrançoiae NauU, leurs femmes, fondèrent, 
en 4695 et en diverses prières h perpétuité, 

noyeimant une rente annuelle de dix~huit livres quinze 
sous. Sur le mur nord de la nef, on voit : 1<> que Jehan 
Simon, curé de céans et arduprêtre de liurj^p fonda ^ 
en 1633, pour une autre rente de douze livres dix sous, 
assise sur son étang de Cowfemt, tem les jours et festes 
de Notre-Dame , les Matines, et les soirs des dictes, à 
Ventrée de La nuit , le Gaude Maria avec un Libéra et un 
De profundis sur sa fosse ; puis, le Jour de Sainte- Anne, 
Matines et la grand'messe des morts ,* 2^ que Biér»m dis 
Jm Vernie fonda aussi, la même année, pour fumet iims 



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rmte perpétuelle , la Qum9tl9 ée mhtteAtmf avec un 
Libéra sur sa fosse , tous les mardis soir ; les Vigiles et 
une -grand' messe des morts, chacun an, le jour de son 
uàmt jMMirani S* «déo» que Marguerite Symoaln, team» 
de Jean Bertrand, légoa, en 1602, une rente de trmê 
ihfre$ tmtrmns, assignée sur le Orand-^Prè^Morin , pour 
faire chanter les Vêpres la veille de Sainte-Marguerite; 
les Vigiles et la grand'messe de Requiem, le jour de la 
iête, à perpétuité. Le dli-septièine sièele Itot féeond en 
bonnes «nvres de ce genre; le dix-linittème loi détruisit 
toutes. Dès-lors fut inauguré le hideux socialisme , ce 
grand contempteur de la propriété privée. 

Jua nef de cette église a été considéralilement agrandie 
en 1818. Le délilal opéré dans ces denrièree années^ ponr 
rentrée en ville de la route de Moulins en Eourbonnaif , 
l'a pour ainsi dire suspendue au-dessus du sol ; on n*y 
arrive qu'en montant un escalier de quinze marches. 

Jean-Baptiste Mailapart, curé de Lusy en M9i^^ M 
amHé , ainsi queses deux ffeaires, Durand et SneHer, et 
renfermé, avec eux et pinsleors autres prêtres^ au grand 
séminaire de Nevers; de l«*i, il fut transporté par la Loire 
jusqu'à Brest, où il mourut de privations et de misère au 
mois de juin 1794* à l'Age de cinquante-cinq ans. Ses deux 
vicaires^ dont ïm, M. fiaelier, dev&it plus tard dumolne^ 
vleaire général et promoteur du diocèse #Antun , durent 
à leur jeunesse et à la force de leur tempérament, le 
boulieur de revoir leur pays et leurs familles. L'année 
précédente, avait expiré ions lu bacbe réfolutionnaim 
Denis Répons, honnête citoyen de Luiy, auquel l'aoeusa* 
teur public ne put reprocher que de prétendues tendances 
royalistes , accusation aussi honorable que banale , mais 
suffisante alors poui: perdre l'iiomme le plus irrépro^ 
chable. 

LuqTs comme tous les bourgs d'alors» eati au dowiiàmQ 
siècle, un étabUssement public deslM an lo ul age mff it 



324 MORYAT^D. 

des pauvres malades ^ et conna sous le nom de Ufnwetiê, 

il cause de la lèpre , maladie horrible et fort commune 
dans ces temps reculés, puis sous celui de maiadrcrie, 
qui rappelle encore son antique destination. Cette maison 
se trourail m portes de la ville ^ ainsi qa*il était d'nsage 
alors de placer ces sortes d'établissements, et avait été 
fondée par les anciens barons du lieu. Plus tard , il fut 
doté d'un hôpital dit de Saint-Jacques ^ à cause de l'apôtre 
auquel la diapelle était dédiée « et dont le revenu, d'abord 
fort .modique 5 faX augmenté des biens du premier établi»* 
sèment que loi attribua un édit de Louis XI¥, du fé- 
vrier 1696 ; le revenu est aujourd'hui d'environ quatre 
mille cinq cents francs. Cet hôpital, dû à la pieuse munifi- 
cence des anciens sdgneurs de l'endroit, est tenu par quatre 
soeurs de Saint-Paul de Chartres, et renferme sept lits. 
Une dame Nault, de Luzy, et lemarquis Émile de leusse (1) , 
ancien propriétaire de Ghigy, en ont été, dans ces derniers 
temps, les principaux bienfaiteurs. 

On remarque, dans la chapelle de cet étaUissement 
de charité, une antique statue de la sainte Vierge pour 
laquelle le peuple professe une singulière dévotion. EUe 
est connue sous le nom de Notre -Dame- de - Palluau , à 
cause d'une ancienne chapelle rurale qui était dédiée à la 
sainte Vierge, et où elle se trouvait autrefois. 

Près de la ville, au sud-^uest, on remarque uuo hante 
muraille conservant encore son ancienne forme de pignon* 
Elle est là, luttant contre les vents et les tempêtes, 
comme un témoin toujours subsistant de la piélé des 
siècles passés. C'est tout ce qui reste d'un antique 

(1) Cet hommo vertueux est mort beaucoup trop tôt pour Luzy. Il se pré- 
parait à doter cotte ville d'un établissement de Frères de la doctrine chré- 
tienne, et destinait ù cette bonne œuvre une somme de cinquante mille 
francs , lorsqu'il fUt atteint, à Gliàlona-«iir<Sa6ne , d'une fluxion de poitrine 
qui remporta en trois jours. Haiheiireaseinent pour le pays, les choses ne 
se trooratent pas assez «rancées, et tQ«t en est resté là. 



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LE MOllVAND. • 325 

prieuré do Bénédictiiis, autrefois maisoB oonTentaelle, el 
GDona sous le nom de Saint-Andrè'ies-lMxy. Ce monastère 
était, à ce que ron croit , un des plus anciens du Morvand. 

Quelques écrivains ont avancé qu'il fut élevé sur les ruines 
d'un coliége de druides , et que les évêques d'Àutun^ ses 
fondateurs/ le donnèrent > au dixième siècle^ à la célèbre 
abbaye de Guny, qui l'unit à la mense abbatiale. Ses 
biens ^ non compris les dîmes, s'afTerm aient, en 1780, 
douze cents Livres, Sa haute, moyenne et basse justice, à 
laquelle furent unies, au seizième siècle, celles des prieurés 
d'Ayrée. et de Semelay, avait le titre de bailliaere, et 
ressortissait , pour les cas royaux, de celui de Saint* 
Pierre-le-Moûtier (1). 

L'église prieurale, dont iaisait partie la liante mu- 
raille qae nous Tenons de parler, était une construction de 
style roman qui remontait au commencement du douzième 
siècle. Elle avait environ trente-trois mètres de long sur 
douze ou (juatorze de large. Le cliœur, précédé d'un trans- 
sept légèrement développé, était bati eu forme d'abside. 
Au-dessus s'élevait une grosse tour de même style, percée 
de fenêtres géminées et surmontée d'un toit ou flèche 
pyramidale. Le silence seul des tombeaux règne mainte- 
nant dans ce lieu qui retentit si long-temps de la voix des 
moines et du chant des louanges de Dieu , c'est le cime- 
tière de la ville. Ainsi , les cendres des fidèles de la paroisse 
de Luzy se mêlent, diaqne Jour, aux cendres de saints 
religieux qui depuis long-temps se sont endormis dans le 
Seigneur, et qui reposaient sous les dalles du sanctuaire. 

11 se tint^ en 1150, dans ce monastère, une nombreuse 
assemblée que présidait en personne Tabbé de Gluny. U 
s'agissait de rétablir bi paix entre Ponce de Montboissier, 
abbé de Sainte-Magdeleine de Yézelay, et le comte 
Nevers, Guillaume IIL Tout le monde counait la cruelle 

(1) TmUit 4ê 1768. 



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persécution que ce dernier et son successeur exercèrent ^ 
an doaâèoie siècle, coaure les bons moines ûe Véielay 
et kvr tupétima^ pour les ioreer à recmttattra leur sue- 
raioeté. 

L'abbé de Cluny, désireux de faire cesser une contesta- 
tion qui tournait au mal de ia religion et troublait le repos 
4e ses fràres, convoqua à Luiy les deux eonteMlaiits, qui 
s'y readicenl accompagnés , Vm de ses aoiues i et Tautre 
des Jurons de la province. Là, on examlua les tHres 
produits par les deux partis; puis l'assemblée, après en 
avoir mûrement délibéré, se prononça contre Guillaume, 
qui confessa ses torts» pronii de ne plus inquiéter à i'aveair 
Fabbé de Yézelay et ses moines, et de vim eft meilleur 
voisinage avec eux. 

L'beureuse conclusion d'une s! grave et si importante 
afiàire , remplit de joie tous les assistants. On s'embrassa 
rasage, et on résolut de se rendre à Quay pour 
célébrer et cimenter une réconolllatkNi à laquelle chacuu 
s'estimait heureux d'avoir travaillé. iMais cette paix jurée, 
cette bonne harmonie solennclleiueot rétablie, ne devait 
durer qiie jusqu'au retour du comte (1). 

fieuf ans après» on vit encore accourir vers ce piienré, 
des diverses partie» du royaume, des évéques «s grand 
nombre qui s'y étaient donné rendez -vous pour aller 
ensuite à i\ome, afm de déposer aux pieds d'Alexandre lil, 
qui venait de ceindre la tiare pomificale» le timoigviaga 
de leur souerission et de leurs respecta Comme FaMé de 
Gluuy s'était déclaré pour l'antipape Victor, ils voutarat 
le déposer, et offrirent, en conséquence, sa charge à 
Ponce de Vézelay. Mais celui-ci , qui n'avait pas oublié les 
bons procédés die son confrère ^ refun cette d&ie^ et tout 
en resta là (3)« 

(1) Chron'que de Véselay, p. 76. 
(S) iMi Fièu» inédikê. 



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lA jwrttor te ftwiait à JUuf anMM dw te» d« U pi^ 
vÉioe^dMMiiftMlliast dont les apy^totepertaieiit àla 

pMe de Nevers , et de là au parlemenl de Paris et les ca» 
royaux au bailliage et siège piésidial de Saint-Pierre -le- 
Moûtier. Le personnel se composait d'un baUU, d'ua 
Iteuteiftiit-géAéral, d'm pr«ciire«f dolisc, d*uii grdBerf 
de plusieurs sergents..... Le ressort de cette Jortice était 
le même que celui de la châtellonie. 

Le grenier à sel était régi par un président, ungrene- 
tier, an contrûteur, un procureur et un receveur. 

iaiy était aiitf«foift le siège d.*uiie «Miqiie baronDie,de 
laquelle miNvraittBt ub grand nombre de fie&y la plupart 
très-importauls (1) , et qui remontait aux premiers temps 
de la féodalité. D'abord propriété de l'église d'Autun, qui 
ravaii reçue de U munificence des roi» de fiance ^ elle 
passa dans la suite aux c(»ntes de Neyers^ qui latitirent 
en fief des évéques de ce diocèse , ainri que le constate 
racle de foi et hommage fait par Hervé de Donzy, en 1209, 
ckGautliier, cinquante-septième évéque d'Aulun, et rap- 
porté par Saulnier dans soa Âutun-CkréUetL Ces seigneurs 
runifeni ensuite ii leur cbâtellenie de Savigny-Poil-Fol, à 
titre ^arrlère-fieC; mais tile resta toujours Tune des qua- 
tre baronnies de l'évêché d* Aulun (2), et le possesseur était 
tenu de porter le prélat lois de son entrée solennelle dans 
sa ville épiseopale. 

Possédée à ce titre, an onzième siècle par une noUa 
tollle qui en prenait le nom, cette baronnie passsdt 
dès-lors pour un des plus puissants fiefs de la pro- 
vince de fiUvernais. Pierre, sire de Luzy» jouissait^ au 



(1) C'étaient, entre autres, Crona, Cu^y, Écrots, Étang , La Perrière , 
Ilazilles, Montarmin, Honteuillon, le Grand et le Petit-Marié» Monceaa-les- 
Loups, Saint-Didier-suF-Arroux, S«Tigny4*Étang,Tourny, Udion 

(S) Les trois autres étaient celles de Couches* de. La Motte-Sain t^ean 
et ^e Hontperroux. ( CouatifHs , tome m , ]i. 41tf.) 



32S LE MOaVAJND. 

commenoemeiit du siècle suivant , d'une considération 
assez grande pour que les papes ne dédaignassent pas de 

s'adresser à lui dans les circonstances graves ; c'est ainsi 
que £ugène III > en recommandant au duc de Bourgogne 
et aux autres principaux seigneurs de châtier les balntants 
de iTézélay^ révoltés contre leur sdgneur-aM)é^ écrivit au 
baron de Luzy : 

« Nous ne croyons pas devoir vous laisser ignorer que 
» les perfides habitants de Yézelay ont chassé leur abbé de 
» son monastère et veulent enlever ce patrimoine à Sahit- 
» Pierre.... Vous connaissant pour homme noble, puissant 
» et soumis au prince des apôtres , nous espérons que vous 
» ne laisserez pas une telle audace impunie. Nous vous 
» mandons de chasser de vos terres les gens de Yézelay 
» qui pourraient s'y trouver^ jusqu'à ce qu'ils aient réparé 
» leur faute. Nous voulons que vous ordonniez à vos sujets 
» de les arrêter comme parjures, traîtres et excommuniés^ 
f et de s'emparer de leurs biens (1). » 

Pierre assista, en 1146, à l'assemblée dé Yézelay, et 
partit. Tannée suivante, avec Luce, sa noble épouse, et 
ses frères, pour la Palestine. Ceux-ci ont formé diverses 
Lranclies, dont l'une a subsisté jusqu'à nos jours. Le baron 
laissa en mourant une fille unique, qui porta la terre de 
Luzy à Shnon de Semur, et mourut jeune. Gelui-d serait, 
en secondes noces, à Marie de Bourgogne, fille du duc 
Eudes II (2). Jeanne, sa fille, issue de son premier ma- 
riage , épousa Jean 1" de Château- Villain, noble et preux 
chevalier, digne de cette brillante union ^ et lui porta en 
dot les baronnies de Inzy et de Semur, et tous les autres 
biens de sa maison. Jean II , leur fils , fut un seigneur de 
haute vertu. A sou retour de la Terre -Sainte, ei) 



(1) Chronique de Yéselay, p. 8]. 
(S) Gonoirii, tome vi, p. Itil. 



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LE MOKVAKD. 329 

i21k. Il fonda^ de concert avec Girard de Beauvoir» 
évèqae û^kvUbaù, à Semnr-eD-Moimais» une collégiale 
pour doiue chanoines, auxquels il accorda le droit de 

pêche dans ses eaux de Loire, à la réserve du saumon (1), 

Jean III de Qiâteau-Villain» ayant contracté des dettes 
dans ses voyages d'oatrenner, se vit contraint^ en 1302 » 
d'engager ses châteani de Bourbon-Lancy et de Sennir ii 
Robert II , duc de Bourgogne , pour six mille livres , avec 
faculté de rachat. Il fit foi et hommage de ses terres au 
comte de Neveis , en 1327» et donna» deux ans plus tard » 
à Marie» sa scEur» dame d'Epoisses» la terre de Dami^erre 
pour sa légitime , et mourut peu de temps après* Guy, son 
fils, lui succéda. Ce dernier, qui avait épousé en 1311 
Isabeau de Châtillon-en-Bazois, ne laissa que des filles» 
dont Tune fut mariée à Louis n de Ghanq^agne » comte de 
Sancerre. 

Louis m, fils puîné du précédent, seigneur de Oharenton, 
de Condé , baron de Luzy... maréchal de France en 1369, 
puis connétable» mourut en \tx(S2, n'étant âgé que de 
soixante an& Ce seigneur ne fût jamais marié; mais 11 
laissa deux enfants naturels: Louis et Jeanne de Sancerre. 
Celle-ci épousa Guichard Daulphin, seigneur de Jalligny 
et de la Ferté-Chaudron , conseiller et chambellan du roi , 
qui fit dénombrement de la terre de Luzy au comte de 
IfarerSi €e seigneur portait : c ÉearteU de Dmdphin et de 
Ckmnpagne, • 

A la mort du bâtard de Sancerre, en 1418, ses créanciers 
firent vendre la baronnie, qui fut adjugée par décret 
à Bonne d'Artois» comtesse de Ne vers» pour une somme 
de dnq mille francs d'or (2), Gliarles de BouifOgne» fils 
de cette princesse» Périgea en ditt^Oenie en ilM, et 
l'incorpora au comté » dont elle ne fut plus séparée. 

* 

(1) CouiiiériSf » tomeTt, p. 186. 

[û] GOT CoQUiLiB , Irif f . du HiMm^ p. 410 ; Nil m U Rocbelu » p. 5S. 

n 



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iMHff8-ld»-£t»y5 idans la iMm^ i TM, chMdatt mxn»- 
tmit an dix-huitième siède , sur remplacement ^'«lie ««tf* 
que ttaisoD-forte, dont il ne reste plus qu'une tour, formait 
a?6e m dépeBtoeea «ne terre avec justice et seigneurie , 
qui iaoBi«it du dmtfon de Luir* Elle lui déeûr^ da titre 
de comté Yen la fin du dli-se^iiôM alèctoiHtr tonto^XIV, 
en faveur de Jean-Gaspard des Jours. 

Qette terre appartenait;, eu 496, à un citoyen romain 
du 9&m d'ileutbère > et à £u»ébie , sa digue éppufle» qiii> 
cette année^ f mit au monde nn fils» qui reçut «a 
baptême le nom de Germain. • Près du bourg de Imf^ 
» dit Hugues, abbé de Flavigny, dans le manoir de la 
« naissance 4e saint Germain, ni chiens^ ni oiseaux ne 
» pewQit enlever de proie qu'amitût Ua ne meorent» ce 
» qui est.proBvé par l*expérienee. » 

Ces deux ^onx chrétiens, plus jaloux de transmettre à 
leur fils l'héritage de leurs vertus que celui de leurs biens , 
confièrent bientôt cet enfant de bâsédiction à un digne 
prêtre de leur iap^e, nommé SciqpahMib Gelni-ci fit passer 
dans le ccenr de son élève des sentiments piei» dont Une 
se départit plus dans la suite , et qui lui méritèrent d'être 
élevé sur le siège épiscopal de Paris, devenu vacant par 
la mort d'Ëusèbe, prélat qui semble, avoir apparUmn anssi 
àia lam^e.de sa mère. 

Les nnteurs de la vie dii saint évêque nons font reiNro 
quer qu'il ne laissait passer aucun jour sans se rraidre» 
même pour 1 office de la nuit , à l'église de Lnzy , distante 
dç dovx lôlomètres dn château de son père. La tradition 
locale porto qiie cette ésibe éUit «elle de fi^-Andfé» 
dont nous avons parlé , et Indique ^encore le lieu o% Il 
passait TU alêne , au sud de la ville. 

Ce grand prélat, l'honneur et la gloire des Gaules> 
aimait singulièrement les montagnes qui l'avaient vu naître; 
aussi venait-il 9 de temps en temps ^ visiter le château de 
sa i)unille> oh 11 était heureux de ^ délaS^ir ttés MtpÉti 



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de son saint ministère. Il mourut à Paris le 28 mai 676 ^ à 
l'âge de quatre-vingts ans (1). 

La tene de Mazilles» après avoir passé en beaacotip de 
mtSias, aniTa enfin à la maison des Jonrs> ^ en prit le 
nom. Cette ancfénne ikmtlle, ainsi nommée d'an fief situé 

à l'est du Beuvray , portait : « D'or au lion d'azur, au clief 
échiqucté d'azur et d'or de trois lires. » Jean-Gaspard des 
Jours, ehevaller, sëignenr du Monceau, de Viliette, de 
Motttannln, de La Goutte.;, marécbal-de'^anip des armées 
du roi, obtint, ainsi qu'il a été dit plus haut, que ses set^ 
gncuries fussent érigées eu comlé, sous le nom de Mazillcs. 
Pierre*Uaude, chevalier de Saint-Louis, comte de Mazilies, 
ancien capitaine au régiment Rayal'drûgantf éû Jouissait 
én 1760. Etienne, son Mtt, aussi chevalier de Saint-Louis, 
ét capitaine de vaisseau , était alors seigneur de La h)fflme« 
ra^'e et de plusieurs autres lieux (2). 

Montarmin, au sud de la ville, de l'autre côté des prai* 
ries 9 vieui eastel du quatonième siècle, était le siège 
d^une seconde seIgneuHe en toute Justice qui monvatt de 
la châtellcnie de Luzy. Il appartenait, à cette époque, ft 
une nol)le famille qui en portait le nom. Henri de Mon- 
tarmin, écuyer, et Jean de La Giapelle, son i)eau-frère, 
en firent dénombrement au comte dé Me^n en 1166. 
Léonard, ils du prendef, décédé vers 1560, 40ana eetef 
par testament à Catherine de Bongars , son épouse. Geile-d 
étant morte peu de temps après^ sans postérité, Guillaume, 
sou père , qui en avait iiéritè > le vit vendre par décret et 
adjuger à Gaspard des Jours, écuyer, seigneur du Monceau 
et de La Montagne en partie. Françtds Yaget, Juge des cbA- 
tellenies de Luzy et de Savigny, en prenait le titre en 1573. 

Cette terre passa ensuite à Charles du Crest, cbevalier, 

(1) FoaTUSA.T, Vie dt saint Germaini Gisnard, BUL de l'église d'Âutunf 
dom trtKk , ïïisi. de saint téget. 
(8) AifiMv. de k If i#vre. 



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332 IB HOaVAMD. 

seigMir de Ponay^ dont la fllle^ Stinçoifle ila Grat, 

épousa Pierre Le Prestre, écuyer^ sieur de Yauban. 
Leur fils^ Réné^ capitaine au régiment de Beaujolais, la 
donna en mariage à Françoise Le Prestre, sa fille ^ mariée 
à.Jacqoes des Jours de Maolles^ dont les desoeiidaDts la 
ponédèrent Jusqu'à la fin du dernier slède. C'est aijour- 
d'iiui la propriété de M. Jadioux , médecin à Paris. 

Monteuillon, au sud-est, était tenu en fief, en 1570, 
par noble PMibertdu Grest> écuyer» seigneur de Ponaj^ 
Jacques, né de son mariage avec Anne le Bouigec^» 
fit foi et hommage au duc de Nevers en 1582. n appar- 
tenait, au siècle dernier, à la famille GâiUery, d'Àutuu, 
qui en jouit encore. 

Le fief de fierthelon, à Luiy» ™o chapelle en Péglise 
de Sabit-Pierre, étÉlt possédé, en 1695, par Jean de 
Jacquinet, écuyer, sieur de FauUn. Charlotte Yaget , sa 
veuve , le vendit , du consentement de François de Faulin 
et d'£Usabetli de Jacquinet, ses enfants, à François 
Gortet, notaire royal, et à Pierrette de Cha^gère, son 
épouse. L'andenne maison seigneuriale, armée de deux 
tom, est aujourd'hui habitée par M. Guyot-d'AmfreviUe, 
issu d'une famille originaire de Normandie. 

Le fief de La Chaise, au pied des Dônes, à Test, a 
donné son npm à une branche de la CunUle Couard. Celai 
de XrésilloB, au noid-est, était possédé, h la fin du 
dernier siècle, par Claude Nault de Champagny, chevalier 
de Saint-Louis et maréchal des armées du roL 

« 

H. 

AYBÉË, Avreium, 

Au nord-ouest deLuzy, dans la^éè dePHalène, près 

de la rive gauche de cette rivière , on remarque un petit 



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LE MORYAND. S3S 

village de îdiéti?e iqpparence : c'est Avrée. L'éfl^ parols- 
fllale^ dédiée à sainte Magdeleine, en occnpe le centre. 

Cet édifice, de style roman, remonte au moins au commen- 
cement du douzième siècle. Au-dessus de l'abside s'élève 
la tour on docher^ dont la haute flèehe a disparu depuis 
long-temps. 

La commune d'Avrée est sitnée à environ sept Idlomètres 
de Luzy, Elle occupe un sol argilo-siliceux, et une super- 
ficie de douze cent soixante-cinq hectares, en y compre- 
nant les deux cents que couvrent les forêts. La paroisse « 
peuplée de trois cent trente -un habitants « est très- 
ancienne. Guy Coquine 9 dans son Histoire du Nivernais, 
rapporte que l'évêque Fromond la donna, en 1121, aux cha- 
noines de l'église de Saint-Cyr, qui conservèrent le patro- 
nage de la cure jusqu'en 17S9. Honoré de Virgile^ écayer^ 
Issu d'une famille noble du Nivernais^ qui portait : t IVasur 
à la bande d'argent, surmontée de trois fleurs de lis 
d'or (1) , » la gouvernait en 1699. Les dîmes se parta- 
geaient alors entre le curé et Vabhé de Cluny qui était 
seigneur du clocher^ à cause de son prieuré d'Avrée^ 
dont II réunit la haute justice à celle de Saint-André-les- 
Luzy au seizième siècle (2). 

Supprimée en 1801 , cette paroisse a été réunie 
successivement à Fléty et à Lanty. Les seigneurs de La 
Montagne y possédaient aussi un fief en toute justice, 
qui mouvait de la châteUenie de Saiigny-Poil-FoL 
Une antique voie romaine, qui descendait du Beuvray, 
passait THalène à peu de distance du cfae^lieu de cette 
commune, et se dirigeait ensuite sur Dedxe. 



(1) meHtnm* de ùmnOltt, 
(9) TtnitrdêVm. 



m. 

GHIDDBS. 

» 

lâ commtine de Chîddes, la septième du canton, est 
située k neuf kilomètres au nord de Luzy. TIlc renferme 
anfi population de onze cent quarante-quatre habitants et 
une snperiicie de deux mille sti cent quatre hectares (1), I4 
voie romaine, dont nous avons parléàTarticIe précédent, 
traversait son territoire au sud ; la route de Luzy à Moulins- 
Engilbert le parcourt à l'ouest Les vainqueurs des Gaules 
y ont laissé d'autres monuments de leur piOssage. Près de 
BlontcliarloQ , dans un champ encore connu sons le nom 
de Ville-Rammne, existait autrefois une antique villa. Des 
fragments de marbre, de tuiles à rebords, de poterie, 
des médailles des empereurs Probus, Alexandre-Sévère, 
Adrien, Dioclétien, Constance -(iblore et Constant I*', y 
ont été découverts en diverses circonstances, La carrière 
de Champrobert et la mine de fer bydraté-pyriteux , dont 
les produits servent aujourd'bui à alimenter les forges du 
Creuzot, furent , selon M. Gillot (2) , connues et exploitées 
par les Romains. An inoulin de Mont-Jonan (3) , on ja 
observé une masse considérable de kaoUn parfaitement 
bhmc. 

Chiddes, Tune des sept paroisses qui formaient les 
dépendances de l'ancien comté de La Roche -iMilay, fit 
partie, pendant dix ans, du canton qui avait été créé 

(1) QoBtre cent soixante-dix sont en bois. 
0») Jmmair§i§laNihr$i le JVikm., p. 185. 



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m 



im têtu dmièM. £Ue 4 taH «lar« dii dfi^^ 

é% l*aiicWpiétr6 ie haij. Is patiipIMCO àêM am 999/0^ 

tenait anciennement à Pabfaé dt GxLUf^ dMKfimateisv 

avec le curé, les seigneurs de La Roche, de Clianlevrier 
«Ifte La Vallée, et, en dernier lieu, h l'évêque cUacâsoin. 
h Viwà, €wré en iàtd, liiliHi de» iiienftattm d» U 
flhartvtuw d^Appotttr. 

Le village de Chiddes tire son nom d'an mot celtique qni 
signifie, dit-on . gite de la bêle fauve (1). Il est agréablement 
flUué rar le pendumi d'une colline, qui produit un peu de 
fin, etpièBtfoBndHees aAiem ùê «rtpidei'IWIfi^ U aM» 
pas oonilddraiile, niilf asici Um kâti. Un teiiflMd lAcefidif 
le consuma presque tout entier en I8O/1. Il s'y tient, cha- 
que anjdée , le jour de Saint-Jean-Baptiste , un apport où 
OB loue dti domiftifpies, tl qui y a été irmi^ d'uvt 

le nom de SamtrJMtMlei-^Quriik* 

Cettp chapelle avec ses dépendances formait un fief ayant 
drait de justice liaute, moyenne et basse, qui mouvait de 
U Roaii^llUar, Bi appiurtoiiait aut ancleM mlgmm da 
GlM^lavfier. Antmir da ViMu régnait tm plaai où n 
rangeaient les marchands et les Hdmmien amêmlmti, qui 
y accouraient de tous les environs au jour de la fête patro- 
nale. Les ^emiers devaient aux seigneurs le iaài § étalage ^ 
mtnojfe at taMarof»/ ias seconds dtaiaitf taons anfars aax 
choean tm§ pintêde pmet un ^^iMti. £e eoré da CUddea 
y célébrait, ce jour -là, l'office ptroisdâl; aux aolm 
fêtes du ^aint Fj-écui:seur, il y disait une rnss^e q iévor 
tUm (2). 

t/dgliae|»axoMaia, dédida, coiçina od^e 4a Milay, ^ 
aaiol Maaite, dMâê laidgkm JlfaâiéeoBa, poii^toocom 



(1) BegMrepofoiitlal. 
(S) AHJhiv.deUBoçlie/ 



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336 LE MORTANIK' 

tu I7M te marques de son antique eonaécratian. Cest m 
édillee ranan dn doudème dède, dont raMde aeale eat 
voMée. le docker, qui sfélère au-deflBiis ds dwar^ eitde 

même style et de même date. 

Les habitants de Chiddes étaient jaiMs» comme re trayants 
dn diàteaa de La RocbeoMilay^ tenus au 8iiet--et-garde 
atttomr de cette forteresse, aux réparalionB de ses fiortii- 
catlons, et détalent contribuer^ pour leur i»art, àia solde 

des soldats du roi lorsqu'il y en avait (1). 

territoire de la commune se partageait ci-devant en 
pMeurs fiefii et seigneuries^ tous mouvante de ce eomtd. 
les principaux étaient Clnnlevrter, Gharaprobert/Gon-- 
loise, Montcharlon, La Verchère et Villette-les-Forges. 

Glianlevrier , vieux castel féodal , bâti dans une gorge, 
an nord, sur les ruines d'une antique maismi-forte, 
était antrefbls le siège d'une seigneurie en toute Justice, 
avec fief et arrière-fief^ qui fat démefldl)réede la barminie 
de La Roche. Les titres concernant cette terre rappellent 
que les manants de sa dépendance étaient tenus au guet- 
et-garde autour de ce chAtean en temps de guerre et 
d'imminent péril; mais non à battre l'eau des fossés pour 
empêcher le coassement des greneuUies, ainsi que le raconte 
Y Album du Nivernais, d'après un opuscule plutôt plaisant 
qu'historique (2). Le seigneur de Chanlevrier devait , pour 
fidre foi et hommage de son fief, se présenta devant la 
porte du château de La Roche, avec ses titres en main , 
mettre un genou en terre ^ et faire serment au suzerain , 
après quoi il était admis au baiser sur la bouche (3). 

Charles le Bourgeois s'acquitta de ce devoir en 1516. 
Gabriel, son petit-fils, te renouvela en 1575, et en 1596, 
sur une sommatimi du bailli de La Rodie; il éteit ators 

(1} Archhr. de La Roche. 
(9) Tï»men,p. 191. 

(3) ArehiT. deURodie. * 



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l£ MORVAND. W 

nrigynr de GhaalsYiiet, de Ghan^obert» 4e Ifirloiip» de 
Moaldiaikm et de Siial-Jeaii-de»^iirti]fti 

En 167/», la comtesse domdrière de La Roche > Marie- 
Elisabeth Morin , saisit féodalement les revenus de Ghan- 
lévrier^ pour devc^ non fait. Trois ans apcès^ elle fit 
nmàâe, noyeuant diusp miUe livres, de soo. ^oll de 
rtÊnme et de quint à Pfenre Bmaemi de Vitry» chevidier 
d'honneur au Châteletde Paris, qui venait d'acheter cette 
terre et les autres selgoeuries nommées plus haut (1). Noble 
Piene -Etienne de Vitry, petit- iils de ce dernier, ayant 
éponsé GabrieUe de Reugny du TreaUay^ dame de Pimb- 
eery» fit hommage de ce dernier fief à GbâteaiM3diioo 
en 1773, et le laissa ensirite à ses cinq cnfimts. Marie- 
Plulippine, l'aînée de ses deux filles, porta Chanlevrier et 
ses d^^dances à Ânnibal-]>ei|is-Philijbert Xhiroux de 
Saint-Félix, dont le» descendants en sont encm posses- 
seurs. 

La famille Thiroux, originaire d'Antnn, a donné plusieurs 
vieigs à cette ville, entre autres Claude 5 élu aux états de 
Bourgogne en 1653 et qui fut anoUi rannée.mivante (2). 
Jean , pieux et savant hénédidln , a beancoop tnmdUfé anx 
qnatre premiers vidumes du Gallia Ckristiaiuu TUnwx 
de Crosne fut^ sous Louis XYI^ intendant de la police à 
Paris. 

Champrobert (â) , dans les montagnes , an nord, est 
connu par sa carrière de marbre blanc à larges facettes, 
et par sa mine de fer, aujourdliui en exploitation. Ce 

hameau possédait autrefois une maison-forte ou château , 
dont on remarque encore quelques vestiges à l'entrée 
d'un bois voisin. U était alors le dief-lieu d'une antique 



il) Terrier de 170G. La famille de Vitry tire sounom de Vitrj-sur-Loire, 
village peu éloign»' de Bourbon-Lnncy. 

(2) Mémoires de la société édtienne, p. 121 ; CotaTép^E , tome vi. 

(3) CampmMtrti, 



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3SS U liOJi¥i^& 

d*biii étefote. Celle lerre M pêHa^ dMiai tulle el tomt 

deux fiefs en toute justice. Pierre Berthler , qui en était 
possesseur en 1399, en (ionaa^ la in^iDe année, déRom** 
ftreamt à Lt Rocèa de Meiegocs eD Hi ntaM 

ett iftl& Oe aoMe cfetfeUer pertril 1 • lyant M dMim 
i me éleile d'argent en pointe, a« dief eeie e d» 
gueules chargé de trois étoiles d*or. » Charles le Bourgeois 
la vendit, en 1677, à Pierre Bruneau de Vitry. Gabriel 
Yesia» préaMeol as aiége pidiidial d'AM», élatt alofs 
aeigveiir de r avire parUeii 

A Coulotse, an sud-ouest, sur la voie romaine, il exMdl 
également un antique manoir détruit depuis long-temps. 
La seigneurie de ce haoïeau appartenait» au qiatonltae 
siècle 9 à r alM de Qmaïf, qvà la eéda peur «m nM peiw 
pétnelie de cpntre-ffogt-ciiiq Hfresdouie eoiis. Piem de 
La Bussière, seigneur du lieu, de Chiddes..., en donna 
dénombrement h La Roche eu 14^5. Guillaume de Paris 
en m autanl en 1615, et Gabriel» son fils, en 1660. Cette 
lem IM teedee par décret» done ans fte laid» eer 
MavgaefNe de La leoe, veore de ee dereier» el adjugée 
à François de Rolland , seigneur de Coyron , duquel elle 
passa, par alliance» à Antoine Saladin, comte de Mont- 
morilloiL Celui-ci la revendit, en 1724, à Glaude-Fraafols 
Stitomvyer de Menlkaron» sef^nev de ta Mootasie» poor 
ttMAe^BB fl^HIe Hvres* 

Tous les habitants étaient tenus de conduire leurs four- 
nées au monlin banal de la seigneurie» sous peine d^amende 
el de la cenUseatlon de leur farine. 

La ▼erdière et le tHlage dv Glim, ao nerd, ief afee 
hante et basse justice, et Monlcharlon , autre fief, avec la 
moyenne et la basse seulement, appartenaient en 1570 à 
Jean de Morogoes» éeeyer» stignev du Plesris»<|alen 
donna dénombrement lt La Rodie-Blilay. JaoQoes de Paifi» 
seigneur fie La Bnssière» étant mort fers iMi» 



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son Mre» tateor de ses eafiuits^ les fendit, Taimée sal- 
vante^ à Pierre Bnineaa de Vttry. Le fief de La Yercbère 
passa dans la suite à la famille Goujard , dont une branche 
porte aujourd'hui le nom. 

l^tte-les-Foiges (1), hameau bâti sur une liaateor, 
an nord-onest» était nn lief double afec moyenne et basse 
Justice seulement. Son nom vient d'une antique villa de 
peu d'importance qu'on y remarquait autrefois, et son 
surnom d'anciens établissements méiallurgiqiues situés dans 
le ttrtsinage. L'un de ces Uelii appartenali à la maison de 
Gbaolevrler, et rtratre h celle de La Bnmière , sur laquêilo 

il fut vendu par décret, et adjugé, en 1672, à lYançois 
de Rolland en môme temps que Couloise. Hector-Antoine 
Saladin de HontmortUon ie revendit» en X72k,k Claude* 
irantoisMiénnyerdeMontbaron^seliwnir du lu Mou^ 
fefne. 

Le moulin banal des Forges , auquel tous les habitants 
étaient tenus de conduire leurs fournées , rapportait aux 
seigneurs» en 4711 « une rente de cent f}itkgt bûisseauss de 
seigle, mesure de Lutf » dem^ ehapemà et deuss gèteam if «u 
denM>&imaH de fletit de fkrin&tkaenn {Tj, 

Asslard, Champcery, Champ - Reornault , Fourchure, 

LaGoutte^Tillct, Rlirloup. autres flefs n'ayant que la 

moyenne et basse Justice» mouvaient aussi de La fioche» 
Blilay. Celui de La Giu^e» ob Ton dit qum existait autreftils 
un couvent, était dans la dépendance des ducs de îfevers. 
Il a donné son nom îi une ancienne famille. Renaud de 
La Garde, écuyer« dont la sœur, nommée Jeannc> avait 
épousé Guyot de Torey» vivait en lAOO. Jean» l'un de 
susdencefidants^ eu étidt seigneur en 1§60» époiine où fi 
fit une liquidation avec Pldlibert de Houppes, son beau** 
frère, 

(1) rWutmaFabricU. 
(9) Arebiv. de U Boeht , 



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LE MORTAND. 



IV. 

t 

I 

FLÉTY, flactiamm 

Jadis Mctton de tocona^HM 4e TaÉUy^ee Village etMs 
dépendances forment me très-ancienne paroisse, qui fEdsait 

autrefois partie du diocèse d'Autun et de l'arciiiprôtré de 
Bourbon-Lancy (1). Le patronage de la cure appartenait 
alors à révéque diocésain et la seigneurie du clocher au 
BMrqnls de La Moele^ qui la céda» an dix-septiène 
siècle^ à la maison Des Jours de Ma^es. Les dîmes se 
partageaient entre le curé du lieu , celui de Savigny, les 
religieux d'Âpponay^ le commandeur de Xoumy et le 
seigneur de Ponay. Cette paroisse» située sur un sol boisé» 
ne compte que dnq cent ?ingt-iiuilfidftleSk Avrée lui a été 
réuni depuis sa suppression jusqu'en 1846. 

Fléty est bâti en tête d'une vallée qui descend sur 
l'Halène. H ne se compose que de quelques édifices au 
milieu desquels on remarque un vieux manoir seigneariai 
La Goutte, eœote armé d'une lumte tour avec mâdii- 
coulis. Le presbytère appartient à l'abbé Deajours, curé 
de la paroisse depuis plus de trente-cinq ans. L'église, 
dédiée à Saint-Léger» datait du onzième siècle , mais elle 
a été réédifiée an seizième» II. ne reste de la prindtive 
construction» que la base du clocher qui s'élève sur le 
côté du nord. Âu sud , il existe une grande chapelle , sans 
style, bâtie récemment. Sous le chœur se trouvait autrefois 
un vaste caveau» aujourd'hui comblé. Cette église ^ qu'en- 
toure le cimetière de la paroisse^ est» dans son ensemble» 
un édifice pauvre et misérable. Elle fiit aliénée en i79S 
avec tous les biens de la cure et profanée. Rendue au 

(1) BUe a été érigée en ^mmonc en 1S53. 



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culte > elle resta néaumoins propriété particulière jusqu'au 
5 octobre 1825^ que la maison de MaziUes la donna à la 
paroiflse. Sur un monticnle qui avoisine le village ^ an nord, 
sont les ruines d'un vieux château. Ce n'est plus qu'une 
motte. 

A Toumy, près de la rive gauche de THalène, il existait • 
jadis une ancienne comnandeiie de MaUe» fondée^ à ce 
fne l'on ixolt» par les sires de tus7« dont elle relevait 0» 
y remarquait, au siècle dernier» une antique chapelle isk 
le curé de Fléty allait célébrer tous les quinze jours. 

L'ancien fief de La Goutte ou de Fléty, avec justice , 
moyenne et basse^ était mouvant de La KoGhe-Milay« U a 
lOBg'temps appartenu à la maison de Ghargère» et en 
dernier Heu , à celle Des Jours de Maziiles. Ceux de Recou- 
loii et de Roche reconnaissaieut la même mouvance et les 
mêmes seigneurs. 

Vaux (1)9 château nM>denie bâti dans le flanc d'une 
montagne 9 an nordronest» a été kmg-tanps la propriété de 
la maison du Crest, de Ponay. Celle de Ghargère, qui en 
jouit actuellement , est ancienne dans le jNivernuis, où elle 
a possédé 9 outre les terres de Vaux et de La Goutte » 
les ûeb et seigneuries de Ghamoy> de Gbigy^ de La Gneul- 
dre, du Grand-Marié 9 de Magny, de Montigny^ de Mo- 
rillon , de La Pommeraye , du Plcssis , de Uailly , de 
Toumy (2),.... Ses armes sont : « D'azur au lion léopardé 
> d'or» lan^assé de gueules et surmonté de trois trèfles 
» d'argent • Elle tire son nom d'une ancienne baronnie 
qui fat érigée , en lôTO, en marquisat^ en même temps 
que celle du Breuil 9 qu'elle comptait aussi parmi ses do-^ 
malnes (3). 

(1) ftm 

(3) Arebhr. de La ftoelie-llilarj 

(3) Ykkiot, aut, dê MaUes V. George de Sovukar, Àt m ai r $ dê !• Hièvn, 
p. 67 et 87. 



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1 



LÂNTY, Landaoïm, 

G(e pem miage ^ qiii ti'ii ({M le titre ie paroisse > 
dépend, au civile de Remilly, situé à un kilomètre au 
Dord-ouest. li est agréablement bâti dans le flanc méri* 
diooal «l'iHie bante noitagiie» d'où la vue se port* an 
loHi eur le BaBol» et le Momad i ori f teitiait[ue ploiiears 
éloê de vignes. AU pied circule la route de Luzy à Decize. 
L'égîise paroissiale, dédiée à la sainte \ierge (1) , est un 
édifice qui remonte au moins au commenceokettt du don* 
Mèiae siMe. Son aMde i précédée d'arcades es f^laln oelii^ 
tre qui supportant une grosse tour percée dé foMetrci 
géminées , Sa nef afec ses baies en meurtrières , le portail 
de l'ouest, tout annonce une construction de cette époque. 

La paroisse de Lanty faisait jadis partie du diocést 
d'Antun et de Tarcbiprélié de IkNirten-Laneft Im intre^ 
nage de la cure appartenait alees à Pdf êqne , et les dîmes 
an tmté, aul seigneurs du lieu et à la chartreuse d' Appo- 
nay. Supprimée en 1801, elle resta réunie à celle de 
Remilly jusqu'en 1847 , qu'un n^veaa tiOre lui fut cott*» 
âM iin ttemler curé Ui Jnetw^Me Mtcbelli^ dépnM 

à nevers pour to rédnctlMi da csMer dee «BléMieS paMi* 

cplea 

Au sud, près d'un grand étang, à l'abord d'une foréi^ 
sont des ruines au milieu desquelles ont cid deSkiiseoMi 
C'est là que s'élevait autrefois le fart de Lanty, sl|osr dnt 
anciens seigneurs du pays. La terre de ce nom était mou- 
vante de la châtellenie de Savigny-Poil-Fol, et jouissait, 
dans toutes ses dépendances^ du droit de baute, inoj^nne 

vDU Nativité. 



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et basse Justice, et des élverst^HTlMies tfodai» d'mitrf^ 

fois. Tous les sujets de la seigneurie^ eoflrtiie i^trtyeiili 
de la torleresse, étaient tenus au guet-et-garde en temps 
de guerre et d'imminent péril, et mul Cra» des réparatiaos 
de f es Myeiis de défensa. 

lA fenre de Uatf a été iiMédé») pettAiMt pliisiem 
siècles 9 par des seigneurs de ce nom qui portaient t 
f D'argent à la fasce de gueules accompagnée de cinq 
• nerieUet de Hdéme, trois eo cfaef, deux en pointe (1)» • 
Ptesiem d'entre e«x prirent une glorieuse part à l'élan 
général qui poussait la noMesse et le peuple ?era leè 
plages lointaines de la Judée > et se signalèrent par leur 
valeur guerrière ; nous citerons ^ en particulier ^ Hugues 
et €iuUiame de Lanty qnl vivaleat au douriène sièele^ 

Miette de La Chappette » dmalrièreda Usty , lit M et 
iMMmage de cette terre en 1361. Henri et laan$ ses pelils^ 
fils, en donnèrent dénombrement en 1467. Léonard du 
Pontot, chevalier, seigneur du lieu et de Boueix, écuyer 
d'ttiHriê éa comte de Nevers^ l'ayant acquise en iô09, la 
Mna à GhaHea 4e Salat-Êlol, «en ils» gentUtemme de la 
chanArodn roi et MUi de Nivernais, auquel le dne Wruk- 
çois I" de Clôves vendit la justice de Remilly. 

Réûé de Lanty 9 possesseur de ce ûef en 1640, est 
connu par son caractère violent et provocateur. Il eut 
plnslears albires avec de redoutables champions» aux- 
quels il . fit néanmoins sentir la pesanteur de son bras 
et la trempe de son épée. Mais le bonheur a son terme 
aussi bien que le malheur; celui qui aimait tant k se servir 
désarmes) devait périr par ta armes jJBténé lut M dans 

w dnel en 466(k 

Le roi , pour punir une action si contraire ana lois, et 
pour donner aux seigneurs de ce caractère un exemple salu- 
taire» confisqua les biens des deux brétailleurs» et donna le 

(1; Maaoilm. 



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Zkil i£ MORVANDt. 

fort de Lanty à Gas|Nffd Le loDg, éeayer, selgiieiic de 
Fbngis^ dont les armes étaleot : « lyargent aa chevron de 

» sable, accompagiKî d'une étoile de gueule de cinq raies 
M en pointe , au chef cousu d'or. » Pierre Du Four, cheva- 
lier, qui lui-même portait : c D'aiiir an dieTron d'or, 
1 accompagné en tbef de deux tours d'arfent, et en pointe 
» d'un oiseau de même (1), » le vendit en 1680 à Fran- 
çoise-Louise de Rabutin , veuve de (iilbert de Langeac , 
marquis de GoligoL L'année suivante^ cette dame épousa , 
en secondes noces et 9i l*faisu de son père» Henri-François 
de La Rivière, gentilhomme connu par son esprit, mais 
dont elle se sépara bientôt (2). Le maréchal de Villars 
était seigneur de Lanty en 1729. 

Le possesseiar de Montenteaume» petit manc^r au toit 
pyramidal» situé au bas du vOlage, Jouissait d*ane rente 
de huit sous, d'une poule et de deux boisseaux d'avelne 
sur la cliarlreuse d'Apponay. Le curé de la paroisse avait 
droit lui-même à une autre rentre d'une livre sept sous 
nir ce mmiastère» à cause du fief de La Chamaye» dont 
Pierre CMgnon » connu par un poème de plus de dnq mflk 
vers sur la vie de Jésus-Glirist, était seigneur en 1638. • 



VI. 

lOLAT, Jfflffiii»:twtt^, MUa^. 

La commune de MQay^ la cinquième do canton» est 

située à six Idlomètres au nord-est de Lnzy. SI elle n'est 

pas une des plus considérables du Morvand, puisqu'elle 
ne renferme que onze cent soixante-quinze liabitants et 

(1) Àrmor. deChaludet. 

(S) L'abbé Millet , Eêscù hittor. cur Champlmy. 



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' UB MORVAMI. 9&5 

une superficie de trois mille sept cent cinquante -sept 
hectares (i) , du moins elle est une des plus importantes 
sous le rapport historique. Sa proximité du Beamy, an 

sommet duquel étaient cantonnées les cohortes romaines 
chargées de la surveillance de la contrée, lui valut d'être 
visitée souvent par ces troupes^ d'où vint à l'endroit le 
nom de Védlée-des-Soldau, et par aiiréviaUon celui de 
HUay. 

Pendant la saison rigoureuse et lors que les frimats 
rendaient le sommet de la moutague inhabitable, les chefs 
et les soldats descendaient dans les vallées et s'y fixaient 
jusqu'au printemps. Le premier mercredi de mai était 
Tépoque du rendez-vous général au camp de la montagne. 
Les habitations, que les oflicicrs des légions s'étaient créées 
aux environs , devinrent plus tard autant de fiefs seigneu- 
riaux; aussi nulle part^ dana le Blorvand» ne sont-ils pjiu^ 
nombreux. Celui de La Roche-Blilay, comme résidence du 
principal lieutenant, devint, dans la suite, le ief domi- 
nant, et eut tous les autres dans sa mouvance ou sous sa 
dépendance. 

On croit qu'il exista autrefois à Milay un temple de £Eua 
dieux, et une ancienne viUa, demeure des ministres atta- 
chés au service de ce temple. Des débris de marlnre, de 
tuiles à rebords, de poterie, que l'on a découverts en 
creusant la terre autour de l'église, nous en fournissent 
une preuve. Les conduits souterrains ea briqnes^ solide» 
ment constrdts, qu'on y a aussi remarqués, n'anraient-ils 
pas été destinés à l'écoulement du sang des victimes? 
L'histoire nous apprend que nos rois donnèrent aux 
églises la plupart des biens qtti avaient apparteon an 
temples dldeles. Or, Milay était, comme noua «Dois te 
dire , une terre monastique qui ne passa en matos.ltlqpwi 
qu'en 1619. 

(!) Deux OMt tniale-kroU sont «n boi«. 

23 



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546 u MoavAmi. 

ta t>arMm étati dmée Jadis paftl« eo Mvmaif ét 

partie en Bourgogne , d'où naissaient dicrerentes Jnil- 
dictions au civil ; elle de^pendail , au spiriloel , du dio- 
cèse d'Àutao et de Tarchiprétré de Luzy. Le patronage 
dë la cure et la seigneurie du clocher appartenafent aotr(^ 
fois à la prieure de Marcigny, qai vendit Ttin et Pantre 
aux barons de La Roclic-Miiay. Ceux-ci perçurent h leur 
tour les dîmes, à charge de continuer au curé de la pa- 
roisse sa portion congrue de trois cents livres. Les Mens 
dépendants du presbytère étalent chargés» envers ces sei- 
gneurs, d'une rente de quatre livres et d*an tiolsseaif de 
froment. Jean Alexandre, curé en 1789, assista à ras- 
semblée préparatoire de Ncvcrs. 

L'église paroissiale, bâtie sor Femphicement de l'ancien 
temple dont nous Venons de parier, se eûtapote d*ttn 
cTiœur en farme d'abside, d'une ttef et dfiff fmnssept 
Elle est dédiée, comme celle de Chiddes, sa voisine, à 
saint Maarlce, chef de la légion tbél>éenne. Ne dirait-on 
pa$ qne nos pères, en plaçant ces deux églises sons l'invo- 
caf ion d'un saint et Illustre militaire , auraient Vdtftf 
consacrer le souvenir de la présence des légionS fématoes 
en ces lieux? Son style est le roman du onzième siècle. 
Dans tes bras du transsept, formant deux chapelles, il 
èûMt deux autres absides légèrement développées 
ipA ént été délnrftes , mais dodt 11 reste encore^ c|ttel<|tf6^ 
traces. Au-dessus du chœur, au point d'intersectief» , 
s'élève une grosse tour que supportent quatre arcades en 
plein ccintre, et qui est percée» sur chaque face, de 
Miéim géiiiaéesi La nef ^ lecMVetifa pir «n iMmaia 
planéfter bofsy est iSciaIfée par pleslem baie» ttt 
menrtrières^ qui montrent qu'elle date dtf fti mêM 
époque. 

La terre de Milay, seigneurie en toute justîce et dt 
frano-allea» c'est-à-dfa« mouvant dhrectement du roi, ce 
qui consacre rorighue que Mwbi avMaflBigaée/ appar* 



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LE MORVAMD. 3^7 

tëiki^ti iëiiipè ifnniémoriàî; au monHU^rii die fiffes iè 

Marcighy. Elle était cliargéc , comme bien ecclésiastique, 
de quarante-six livres de décimes. La prieure, du consen- 
fenieut c(c ses relfgieusely ïat vendit avec toutes sésr dépen- 
dances» lé d mai l'619y moyennant oàé réntc ânnvelîè èl 
perpi^toclïe , franche de ioùiès charges, et payahte en fro^ 
ment jiLv.juà ce qu'il eût tonné, h Réné de Rousselé, clie- 
valicr, Laron de La Roclie-Milay, et à Marguerite de 
tiôàttnorency, son épouse. Le roi idûh Xlfl» à la prière 
de ce seigneur, réunit cette terre à là L'afônniè, par 
lettres patentes du mois d'août sûfvnnt, à'côndition qu'il 
èn ferait fôî et liommage à la cliambre des Comptes dé 
^aris(l). 

La Vallée (2), à rouèst, autre térré ai^ecjùsirçié'frautéy 
tiùi^ivie et baisàe; mouvait plétù' fief dtif dfobJoiV àé 
isL Roéhé-nilay. L'anciénue maison -fo^è à' èt^ iferà- 
placée par une grande habita; ion qui date du dix- 
septième siècle. Ou doit que ce ftit autrefois une sei- 
gneurie écciésiastique , et un' antique prieuré dont TégUsé 
étaiï dédiée â saint Piérrél Èn ^2&Ô» fifugues'dé Ternan', 
^r le point de mourir, légua à Vègïisé Saint-Pterrè-de-td' 
Vaîù'e, une somme de douze deniers. Dans ce testament, 
elle est mise au rang de ce.les de La Rocbé-Milay , de 

Safnl-^éngoux > de Vanbise. » ce' qui prouve qu^alôrs 

élle aV^t ùbé iiiâpôrrance qu'elle ù*â pas' ednsiirvéé: 
Certaines circonstances portent à penser que ce monastère 
avait été fondé par les anciens barons de La Rôche, 
ét donné psir eux aux l'eligieiises de La Fermeté -sur- 
Relire» desquellës il sèrait pas^ daiis la'siiite'S Tabl)^ d^ 
Ûuny. 

Venue en mains laïques , la terre de La Vallée appât- 



(1) Arehï9. de La Roche; T»ritr âê 1706* 

(9) roUt». 



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348 LE MORVAND. 

tenait ^ an quinzième siècle > à la maison de Ganay^ dont 
une brandie porta- le nom. Jacques de Ganay de La YaUée 

en était seigneur en 1523. Jacques 11^ son petît-fils^ qui 
avait épousé Jeanne Sallonnyer, en fit foi et hommage 
^ La Roche-Miiay^ eu 1600. £lle passa ensuite dans la 
maison d'Arlay, et enfin à Charles-Léopold, marqqis de 
Janconrt^ chevalier des ordres du roi^ lientenant-général 
de ses armées et de l'île de Corse, et gouverneur de 
Valenciennes^ qui eu a été le dernier seigneur. Il est mort 
sous la Restauration. 

La Meulolse , au sud^ fief arec moyenne et basse Justice , 
appartenait aussi, au quinzième siècle, à une famille 
de ce nom. L'un de ses membres, noble Jean de La 
Meuloise^ écuyer, fut bienfaiteur de la commanderie de 
Touruy, à laquelle il 1^^ une rente de trois livres quatre 
deniers, Hugues de GhaseuU le vendit» dans la suite» aux 
barons de La Rocbe-Hilay. 

Celui de Chevrette, au sud-ouest, sur la route de Luzy 
à Gliâteau-Chinon, avec moyenne et basse justice dans la 
mouvance du château de La Roche» appartient actuellement 
à la Camille d'And^eviUe. Ceux de La Creudlle» de Lavault» 
de Montcoulon, des Bois -de -Telle» du Grand et Petit- 
Montigny, jouissaient du même droit et reconnaissaient la 
même mouvance. Ce dernier appartenait» en 1615» à 
Glande du Grest» et» en 1699» à Simon de Ghargère. Un 
membre de la famille d'AmfreviUe en porte aujourd'hui 
le nom. 

Aiagny était en 1585 à la trésorerie de Nevers. Le Grand 
et le Petit-Marié» possédés en 1789 par Guillaume de 
Ghargère» appartiennent maintenant an général Ghan- 
gamier. La Planche, avec château» au pied des montagnes 
de Dône» a donné son nom à une branche de la famille 
Coujard. Ges fieis étaient jadis dépendants de la châtellenie 
deLuiy* 



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LE MORTANO. 



349 



vn. 

POIL, Ptoik». 

La paroisse de Poil> section de la commune de La Roche- 
iMilay, occupe une partie du versant méridional de la 
montagne de Beuvray. Elle forme ^ de ce cdté, la Umlte 
du département de la Nièvre et du diocèse de Nerers, 
et compte mille cinquante -neuf fidèles. Son territoire 
était jadis partagé entre le Nivernais et la Bourgogne, 
d'oii résultaient 9 au civile divers ressorts. Au spirituel « 
elle dépendait du diocèse d'Autun et de rarcbiprêtré de 
Luzy. Le patronage de la cure appartenait au diapitre 
d*Àutun^ et la seigneurie du clocher aux comtes de La 
Roche-Milay^ qui la baillèrent, vers la fin du dix-septième 
siècle, en arrière-fief aux seigneurs du Monceau. Les dîmes 
se partageaient alors entre ces derniers, ceux de Meum et 
de Montenteaume , et les curés de Poil et de La Roche. 

Au centre du village , qui ne se compose que d'un petit 
nombre de chaumières, est bâtie l'église paroissiale^ gra- 
cieux édifice de style roman. Saint Romain, martyr, dont 
la féte est fixée au 17 novembre, en est le patron. An* 
dessus de la voûte du chœur s'élève le clocher que surmonte 
une belle flèche en bois. On remarque, sur le côté du 
nord , une jolie chapelle gothique. 

Le territoire de PoU, comme celui de Milay et des autres 
paroisses voisfaies du Beuvray, fût très-fréquenté des 
Romains, qui y ont laissé plusieurs vestiges de leur séjour. 
De là ces nombreux fiefs que Ton y trouvait jadis. On en 
comptait au moins quinze. Jouissant presque tous du droit 
de haute, moyenne et liasse Justice, et mouvants noble- 
ment du comté de La Roche-Milay. 



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ïi9 ^ 

Le pins important était ceid do Monceau» qui compre- 
nait la seigneurie du clief-llen de la paroisse et celle da 

clocher. Le manoir, édifice du dix-septième siècle, avec 
une ancienne cliapelle , était jadis entouré de fossés tou- 
Jomv inondés. Il fut assiégé , en 1589» par le seigneur de 
La Bossière , appuyé de ceux de La Rodie-Milay, de Ghaa- 
migny, de Cuzy, de Demeurans , de La Goutte , de Niault , 
de La Pommeraye, de Ponay, de Rivières, de T^art, 
y^<ttte^ de La YaUée, <le Yarennes ^et M^me, Pi^ 
refnarqîiait, en outre , parn^l les assaillants, }p psipU^ 
La Plantés qui avait sous ses ordres plusieurs soldats, tels 
que Le Bois, ï'Ëspérance, La Forge, Jolis-Cœur, 3leixy 
La Plume, La Prune, La [{ose,,,,,»,. Ils tinrent le château 
étroitement §erré pendant plusieur^^oip son^ po^yo|r {l'ea 
r(|ndre matires; maif le 30 septembre, messire fl*01ivier» 
craignant de voir sa maison eraportéc d'ass^iqt, résolu^ 
de capituler, et ouvrit les portes aux assiégeants. Quelle 
fut I4 cause de cette petite gjiei rc ? A niant que nous pou- 
vons en ^u^ër, elle avait pour hu\ de ^rcer le sqlgocjiir 
du Moifceau à reconnaître Taut^rité de Henri IV, et de 
ramener à so^mf^on. Guillaume d'Olivier, qui avait 
épousé Marie du Chîrroy, était seigneur du Monçaau 
en 1680, et Claude de JUacchand, cinq ans pJU\s 

Cçtte terre avait, ai( qusftorzi^ioe sièçle, po«K»apU]ra 
de son nom. Gir.ird du Sloi^ceau en donna dénombrement 
à La Hoche-Milay en 137/i. Klle passa plus tard dans la 
maison d'Olivier^ puis d^aus celles de Uiajcgèi'e e4 J^^c^ 
de Mazilles. 

Au bas du yilUii^ de Poil . à Ve$t . dans la. partie, hopf' 
guiguonne de U paroisse , se trouvait m petit ûcf çn tou]t/& 

justice, connu sous le nom de VEspinaj;, qui rcssorlissaît 
du présidial d'Autun. Il fut uni d.ansla suite au précédeni^ 
' Conclfsy y au uord^ d^ans une vail.ée qu^ 4piAiPf^ 4g Sd 
m«is,se le ^uvraj» est un château qu,i datp du, règpp, d^ 
ttiiiXV, et qui bipla^a.qpe^ijnli(|ue,ip^-^ 



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tB MORVAND. 551 

nom Tiept ù» sa situation au fond d'une vallée 0 M 
comme enfermé (1). il formait antiréfois» avec 9es dépen-*} 

danccs, une seigneurie avec justice haute, moyenne et 
basse, dont Jean de Chevaimes donna déuorabrement à 
iloche-Miiay en ik9k ; ce seigneur en fit auiapl pour Mon- 

temeanme» autre tercé en toute Justice avec château» et 
les laissa ensuite à ses enfants. Anne , mariée à Jean Yestu > 

secrétaire et conseiller du roi , lui porta cette dernière en 
dot, («aspard, leur fils, écuycr, en fit foi et hom^a^e 
en 156a» et Koiteft de c;raodval-^Rosier» en 1682. 

Concley appartenait, en 16)^9, à Jacqiïes de Chevann^» 
curé de Poil et chanoine d'Aiitun. Il passa ensuite dans la 
maison de Champeaux de Saucy, qui rebâtit le château , 
et doul une descendante épousa Joseph-Senneterre-Népo- 
mucène Goilins^ comte de Gévaudan, aleui du propriétaire 
actuel 

La làmille de Gévandan est originaire des GéVennes en 

Languedoc, qu'elle quitta , il y a près de trois cents ans, 
pour aller se liicr eu Auvergne et eu Bourbonnais, où elle 
posséda divers fiefs, entre autres ceux de Satot^Priest» 
de La PoinK^re» de Reilla|, du Montet,.,...* Ses armes 
sont : t D'azur au sautoir d'arg:cnt , chargé en cœur d'une 
» aîgle éployce de sable et accoaipaguée en pointe de troi^ 
• tiges de lys du second émail. » 

VUlette (2), château bau au pied d'une montagne boi* 
sée, à l'ouest, a été ainsi nommé d*un antique établisse- 
ment ou ferme romaine qu'il remplaça. C'était, au quin- 
zième siôcle, une maison-forte et une seigneurie jouissant 
de tous les droits féodaux du temps, et dont Michel 
Le Noble, écuyer, madré de la ville de Saulieus donna 
dénombrement en 152^, à Gaspard de Vienne. Gilbert 
Anzer^ baiUi de La lipche-Way^ la possédait eu lô85« 

« 

t\\ CêêêêUmêê MMilliyM. 
(9) VOImUi. 



352 LE MORTANÂ. 

Les maisons de Chargère et Des Jours de Mazilles en ont 
joui dans ces derniers temps. 

£stevaux (1) , ancien fief avec château du dix-huitième 
siècle, a été ainsi nommé de sa situation dans une vallée 
à Test' de La Roche-Milay dont il était motivant. On 7 
remarque une chapelle où le curé de la paroisse va 
quelquefois célébrer. Cette terre était divisée en deux 
fiefs ayant chacun son manoir seigneurial, et jouissant 
run et Fautre du droit dé moyenne et basse justice; la 
haute appartenait au séignèur féodal Charles du Crest, 
écuyer, en était possesseur en I6/4O. Trois ans après, 
Françoise, sa fille aînée, dame de Montarmin, ayant 
épousé Pierre Le Prestre, sieur de Yauban, lui porta la 
moitié de cette terre en mariage. Réné leur fils, capitahie 
au régiment de Beaujolais, la laissa ensuite à Françoise, 
sa fille, qui la fit passer à Jacques Des Jours de Mazilles. 
Magdeleine, seconde fille de Charles du Çrest, porta Fautre 
partie à Jean du Gerroy, qui en était encore seigneur 
en 1692. Estevaux est aujourd'hui la propriété de la famille 
Bertrand de Rivières. 

Pierrefilte (2) appartenait, en 1510, à Guillemette 
Berger qui en fit, la même année, foi et hommage à Gaq[>ard 
de Tienne 4 baron dé La Roche ; Léger Bondou, son mari, 
renouvela ce devoir treize ans plus tard. Cette terre fut 
possédée , dans la suite, par les maisons de \illars et de La 
Ferté-Meum. 

On trouvait^ en outre» dans la paroisse de Poil, diffé- 
rents autres fiefe comme La BazoUe , La Chesseigne , GOr- 

celles, Congrière, Le Mois, Montchagny, domaine aux 
anciens curés de Saint-Gengoux, Layer, Tliil, dont Etienne 
de Méru, conseiller du toi, était seigneur en 1799, et 
plusieurs grands étangs avec droit de haute justice. 

(1) Yam». 

(â) Peira Ficta. 



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LE MO&YAND. 



356 



VUI. 

BUflLLT, tmiUasum. * 

Près de la rive gauche de l'Halène, que Ton passe sur un 
pont à trois arches, fondé vers iSkl, à quinze kilomètres 
environ au nord-ouest de Luzy, on rencontre Aenûlly^ 
petit village où l'on remarqae un vieux castel en 
ruines 9 dont Tunique tour est encore armée de mâchi- 
coulis. Il est le chef- lieu d'une commune de onze cent 
quarante-cinq habitants, et d'une superficie de quatre 
mille six cent soixantCTseize hectares (1). Déjà en 1121, 
il était le siège d'une, paroisse qui fut placée , plus tard , 
dans la dépendance de Tanden archiprêtré de Moulins- 
Engilbert (2). Le chapitre de Saint -Gyr, qui tenait le 
patronage de la cure de l'évèque Fromond, le vendit^ 
en 1683 5 à dom Joseph de Yeautorte» prieur d'Apponay, 
pour une somme de six livres en principal et une rente 
annuelle de une livre. 

L'église paroissiale, dédiée à saint Barthélémy, apôtre, 
es( un édifice misérable où Ton ne reconnaît presque 
plus de traces de la construction du opzième siècle. Le 
cbceur, aussi bien que la nef, ne possède qu'un plancher , 
tombant de vétusté ; un mauvais clocher en bois est tout 
ce qui distingue la maison de Dieu des édifices qui l'entou- 
rent. L'ancien cimetière a été abandonné > et un nouveau 
inauguré vers 18/iû. 



(1) Seize cent vingt-cinq sont occupés par les bois. 
(2; Le territoire île cette commune, qui comprenait jadis trois paroisseSt 
en renferme encore dcui aujourd'hui , savoir : Remiily et Lanty. 



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Remilly eut de bonne beure des seigneurs de son nom. 
Jeoffroy de Remilly, cbevalier, ass'sta^ en à l'assem- 
blée de Vézelay , et partit , Faiinée suivante , ponr la 

Palestine. Celle terre, avec haute justice, était mou- 
vante des ducs de Nevers, à cause de leur châleilenie 
de Savigny-Poil-Foli Jaei|a«f Boiacre» écnyer» sei- 
gneur de Cigogne j> conseiller et maître des enquêtes 
de François I** de Glèves , en vendit la Justice , au nom 
de ce prince, en 4555, à noble homme Charles du Pontot 
de Saint-Kloi , gentilhomme de la cbambre du roi et bailli 
du Nivernais. Les religieux d'Apponày aeqnbrent cette sel* 
gtteurle.en 

Près du village, h Test, il eiiste tnie baule tour» 

connue sous le nom de Tour-de-Bault ou Bofz; c'est 
tout ce qui reste du manoir de l'ancienne famille de ce 
nom f dont les armes étaient : « De gneides an cbevron 
» d'or 9 accompagné de trois merlettes de même. » La 
terre de Bault, seigneurie en toute justice, resta dai^ 
cette maison jusqu'au quinzième siècle, qu'elle passa dans 
. celle de Blaumigny. Guyot, issu de cette dernière, en fit 
fol et bommage au comte de Nevers/«i ik99, et Fran- 
çois, en 16 tO. Ces seigneurs portaient ? t D^argent an 
» chevron de gueules, à l'iîtoiic de même en pointe, et au 
» chef de sable. » 

Saint^licbel-en-longue-Selve (1), petit bameau situé 
an nord, de l'antre côté de la rivière, formait une 
• seconde paroisse , dépendant aussi de l'ancïen ardiiprétré 
. de Woulins-Engilbert , et dont la collalion appartenait au 
prieur de Semelay. L'antique église paroissiale , dédiée à 
l'arcbange dont le pays porte le nom, sert aujourd'bui de 
magasin à foin. Ce village tire son surnom desfbrêts eonsl* 
dérables qui couvraient autrefois tous les environs. 



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I 



Neversy à cause de leur châtelleDiii 4e |iO9U|iiB*E|«0fcert| 

apparlendity en 1^66 ^ à Philibert de La Plalière qui, cette 
année, en donna dénombrement à Nevers. Le JjailU dQ 
|4a(|Uffs-li:ngm)ert |a ^smi féadaiemegl ep aim^ piii-» 
}i)}fi|le 4^ If^ Perrli^e, pour devpir «op ll»H. HmufriMl 
4e iOiMoe^ vfiavp de Jeap 0e MeroGreet, <e|giieiir dfli 
Slontécoty en fil foi et hommage en 1575. Elle passa 
ensuite daqs la maison de iMaumigny. Nicole d'Ymonville» 
veuve de François, seigneur do J^ull et de La 0e<^0iei 

fTQqoavel^ ee devoir ea .if$û, 



CHARMEUSE D'APPONAY, A^^niacm,. 

An md^oqeiC de Rentitty^ m berd delà nmle de Imy 

t ikicize , se trouve un groupe de bâtiments dont le voya- 
geur, au premier cowp-d'œil, devine l'ancienne ma^^ni- 
lieeiK^i (i!esi Appauay» mm eeUique qui signifie » dil-reu^ 
wmMOffi^ftmdueiuaL GeC aaeeBEMafedTddiieee^'eaMliée 
aur vole iMiblkitte saae erére, saM tymétrie» presqiw 
en ruines, n'offre plus que l'afllrgcant spectacle de ces 
pauvres couverts de haillons^ que Tou reucoutre fifop 
9fm^k »ur lea graodefli roules^ ^uiM lem niaèce eut 
regards d«e pessaets. 

• A la fin dti douzième siède , ce Heu , aujoiHd^W tWte 
de culture, n'était encore qu'un d<?sert couvert de landes, 
Qk Feua ne remarquait que quelques cases de pauvres serfs 
inootranty çà et là, leurs toile de roseaux. mais9.eii 11$^ 
Tliëobald on 'JfWècmlly évêipie die Mevef», dit eonm- 
tement de Jean, doyen du chaj^itre de sa «alhédliaHa» el 
de tous les chanoines réunis, donna celte ferme , consistant 
em liêisif,pn'*, urw, mm, el ^étiéraleniÊnt tout ce q«t'Ua 
pourraient acquérir» sluj/ enfants de saint Bruno, H con^ 
ditlon d'y fQuder une nu||son de leqr oj^g^ 



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356 UB MORYANIX 

liea samrage s^anlma sons la main des mofnes et mettt 

à peu un aspect dliIKirefit 

Les papes prirent la nouvelle chartreuse sous leur 
protection. Grégoire IX , entre autres, par une bulle du 
15 octobre 1227, ^ée de treb» cardinaiix, défend 
de frcobler les r^teienx dans la posseaskm de leurs 



terres 9 de brûler leurs granges, d'empêcher de s'y faire 
moines ceux qui le voudraient, et de lever sur leurs biens 
aucune espèce de dîmes. Il veut qu'ils puissent bénir les 
églises et chapelles de leur dépendance et se faire ordonner 
où bon leur semblera; il interdit à tout éVêque ou autres 
personnes de les citer en justice , d*exercer sur eux aucune 
juridiction, de leur imposer un prieur autre que celui 
qu'ils auraient librement élu, et de bâtir plus près de 
leur maison qu'à une demi-lieue , sous peine d'excommu- 
nication etd'étre déchus de toutes diarges, dignitéSi... 

Néanmoins, le nouvel établissement, dont la prospérité 
était subordonnée à un défrichement ingrat et pénible, 
acquit peu d'importance pendant les cent cinquante pre- 
mières années. Plusieurs lois, pendant cet intervalle de 
temps, les chartreux, découragés, pensèrent à aban- 
donner leur prieuré du Morvand. Mais l'évêque, en homme 
prudent, avait inséré dans l'acte de donation une seconde 
clause, celle du retour de la terre d'Apponay, avec ses 
accroissements successifs, sans contradiction ni opposition, 
à l'église de Nevers, en cas d'abandon (1). Cette condition, 
si heureusement apposée , empêcha la suppression du mo- 
nastère et la réunion de ses biens à quelque autre maison 
de Tordie. 

Depuis sa fondation jusqu'à sa suppression, en 1790, 

c'est-à-dire pendant l'espace de six cent cinq ans, la 
chartreuse d'Apponay fut gouvernée par soixante -dix 
prieurs, dont plusieurs ont été remaïquaMes, par leur 

(1) Charte de fendalioii. 



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U MORTANII. $57 

naissance» leur science ou leurs vertus (1). I)^, éepnla 
de longues années, par VeSei du zèle de qiielqiies-iina 
d'entre eox, elle était enfin sortie de l'état précaire ob 

elle avait langui long-temps , lorsque^ le 3 août 1520 , un 
terrible incendie consuma tous les bâtiments et réduisit les 
moines k une si profonde détresse , qu'ils furent contraints 
de reconrir à la charité publiqucr Ge désastre arriva sous 
. le gonveniement de dom Jean Vin Oiolsean, quarante-» 
deuxième prieur. 

On ouvrit donc une souscription, où l'on voit figurer le 
roi, le dauplÛD, la comtesse de Nevers, le chapitre général 
de Tordre... , et qid produisit un total de cm^ cent vmgt^ 
sept Uvres trois sam six deniers, somme asses considé- 

(1) Prieurs connus : .... S** dom Guy, en l:î02; .... 7>' dom Mathieu , en li2<>l ; 

8e Jean en 1239; lOc dom Jean II, en 1317; lU- Guillaumo de Condé, 
•n 1818; 19» Jean lU...; IS» Bernard, ôhi êD ISIS; U renotfvela FaMoelctioB 
àn moBastère avec odui de Lugny; 14> Jean 1? Métis,. en 1877; Ifi* Re- 
gnautt, de Pontoisé, en 1889; 16« Pierre, de La Charité , en 1884; 17e R». 
gnault, de Pontoiae, pour la seconde fois, en 1893; 18» Jacques Atze, 
en 1395; 19e Nicolas Bourguignon, en 1397 ; 20e Robert Varri, en 1402; 
21e Jean V Pencer, en 1409; Pierre II Le Boiteux, eu lliO; ■2S'>..., en 1 ll»8; 
24e Pierre III Mat;Llulcine, en 1433; 2ôe Jean VI Uoclict, en 1431; l'ierre IV 
Madgdcleine, en 1435; 37c Jacques Colin, en 1414; 'JS» André Lcri»r(,en 1146; 
S9c Pierre V d'Aquin, en 1459; 30» Pierre VI PoponeUi, en 1462; 32e Etienne 
Piemôre, en 1475; 88e Thomas Quinot, la même année; 84e Antoine de 
C9iarno,en 1478; son rare mérite, sa grande piét^ le firent élire, cinq 
ans plus tard, général de Tordre; il abdiqua en 1490, et revint comme 
simple reUgienz à Apponay; 85* Louis 1er de nieuleflt, en 1481 ; 36<» Jean VII 
Leslu......; 87e Romain Des Prez, en 1489 ; 38e Guillaume II Faulerier, la 

même année; n9e D. Chaslolain, en 1.511 ; 40^ Guy Tliibert, en 1.514; 41e Ni- 
colas Lhuislier, en 1517; 4:ie Jean VIII Choiseau, en 1-518; 43<-- Jean IX Pcr- 
tuiset, en loX.i; 4i<^ Simon PouUard, en I5i4; 45e Louis II de Baulgy, 
tu l.>i4; IGe Noél Vincent, en 1549; 47e Michel Tronsou, en 1550 ; 48» Ma- 
tburin Guillon , en 1561 ; 49e Claude Guyot, en 1565 ; 50e Philippe de La 
Grange, en 1671; 51e pierre VII Bisson, en 1509; 59e Jean X Gauthier, 
en 1616 ; 58e Claude II Gauthier, en 1618; 64e François de Foigny, en 1686; 
55«Anthelme de liaugarny, en 1639 ; 56c Denis-Nicolas, en 1662 ; 57e Jo» 
seph ler Cazet de Yeautorte, en 1671; 58e Jérôme de Carrheil, en 1691; 
59e Edmond Ferlet, en 1705 ; 60' Louis III de La Barre, enl709; 61* Jean- 
Baptiste de Lavault, en 1721 j 69e ^oël II Vieil , en 1723; 63e Louis IV Lan- 



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fé^yjffèrent leur maison et y ajoutèrent un bâtimr^nt pour 
recevoir les hOtes; cm le convertit pltis tard eû fruiterie; 
éous te nom âé gténier de Saiat^Brùnë: 

PiMant lé cfemNIè^ gsf ÈéM; U OnHtétisë ^réé^ 
^alfèréîBeiit B#ef te «M ètf zéféf fÉteHigent de ^irnon 
Fotrllard et cfe Michel Tronson , qui la gouvernèrent, fun' 
pendant vingt ans et l'autre onze. Mais en 1570, sou? 
radmiDistraUon de dom Claude Guyot,* ouf ûésta^ iàxii 
Mssff rediôélabfe' q^é flntendte; vint «mâée sitar te ttéftas- 
feré.- tea- calvinistes', qui couraient la campagne comme 
cm torrent dévastateur, s'en étant emparés , lie pillèrent et 
te dévastèrent. Non contents de cet acte de brij^sùidage»' 
fls garrotèrent te prieur dom G. Goyot et te procoreor 
dom Joaa OfiVoy, et les emmenèrent prisonnters à La 
éharîlé*. tes religieux, déjà victimes du plus allieux trai- 
tement, n'obtinrent la liberté de leurs supérieurs qu'eu 
payant une forte rançon « ce qui les obHgea à vendre lé 
domaine et lé bois dé Aliilery et cinq cents pieds d'arbres 
à choisir dams Us kois de futaie du couvent (2), 

La* Providence, qui avait permis celle nouvelle épreuve, 
sauva néanmoins rétai)lissemeut et le ùl sortir de se» 



cicux , on 1727 ; 61e Hugues Pi'pin . on 1743; 6ô<î Antoine Valladon, en 17W; 
6G- l'ranrois-Mnrie de Coëtivy, en 1750; 67e Marie du Bouioz, en 1755; 
68" Laurent Pupia, en 1758; GO' Joseph II Briot, en 1770 } 70» Maurice 
Bosiguc; il pdssa k Bdltary en 1 80. 

(1) ^rtnçols 1er, roi de France, souscrivit pour tfi'kyr {ftwt; le d&Uphiu , 
pouriOr; lfM«1kenée en doona çnafre; Merle d*AIbret, comtesse deNkfvers, 
dtifiliiati rsumonler du* roi', douxti le chapitre génériil, Mteanfe; PicaM, 
duré do CHiddes, ctfi^tianf«; Pierre lie Goux, procureur à'Beottlîe, cents 
le chapitre de Nevers', vingt; Berthier de Bizy, D'entei M. d'0r\al , dix; lë 
protonotairc de Langeron, autant; Odo des Moulins, quarante; MU» de 
Cheuilly, uneparetUetomméi do Lautret, $iig{ La Donyre de Doozy, quth 
Tante.... 

(iQ'IlS' retirèrent', Ib lô juillet 1578, le domaine et le bois des mains de 



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ttfllbeun pittt nebc qti'aaiynravant. Dan» ce ûesséû§ «ile 

tèrcnt plasfcurs propriétés, que les dréonsptrtncos lès 
avaient forcés d'aliéner; c'étaient dora Pierre Bîsson, 
dom Claude Gauthier , doni Amkdme de Màùgmsj et 
don losepli Càtei de Yediilorte. Le séetmA tnrvaHfà» en 
entre , hettuemip à Ix dém^timi de Féffl^e, qtt'il potfrtnt 

d'ornements et dont îl fit boiser le chœur et le sanctuaire. 
Il fit encore de grandes réparations à la maisou et aux 
domaines , qui étatent en rnine& 

Jkm de Alaugarof , eon0nu!ïnit cette ftomie adnfeiis»- 
fraliOÉ') fonda; en i^M^ leaf Mtinenéi dcf fa ffx^Utâé 
hôtellerie. Le visiteur de la province , dom Augustin 
Joyeux, étant venu, deux ans pius tard, à Apponay, 
troBf a celte construetio» si somptueuse el si étoign^e de 
Im mm^^ié MrfkMemtt, qn'H fui ^ le point d*en 
ordonner la dénoHtlon; U sei#e een^iéipalioft qnt* M 

retint, dit-il, fut la pauvreté du monastère (I). Ce prieur 
retira, le 26 mars des mains de Jeanne, lille de 

. GaetondeCendéy led(MnBine .de'<Sm}t^-Fl}^y^^ 
M eigQiieid fiw nne renie de qomnte^irois • 
%sm* li ebtfti4 , le & juin Hhk , dïr rei^ loufr XTt', podl^ 
son prieuré, exemption du lo^ifemenl des troupes en garni- 
son à Beciae, à Issy-l'Evèque et autres lieux voisins. 11 
f^rt^/si»ann pto »«il>, l»saUe d^clrapitre, et remillàçà 
V» Raie»flre8» qui eméumieni'Hi^nfiii9on, |Hiit de é^mnci 
■wrdif fe ^ .' B» erensa , en entre, MntraiHonr, dH'fbsiié^^quI 
servaient «Y conserver le i)oisson nécessaire à la consom^ 
malion^ journalière des moines, en môme temps' qu'ils 
proiégnafenl fe' prieuré; 
»iwPtolf9^colis^qn(M9a<HSéfoyoib^ • 



(1) Proojv^trdoldtfM. 



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360 



narque^ le 9 janvier 1663^ des lettres pal^i^testqiû CQQfir* 
maieiit ao mopastère toqs les privilèges accordés par les 
rois^ ses ancêtres. Le prince ajouta même une exemption 
d'impôts pour le prieur, les moines, les frères corners, 
gens familiers, serviteurs et domestiques , afin de les obliger 
à continuer leurs prières pour te roi et le bien de l'État (!)• 

Dom de Veaotorte^ le dernier des quatre prieurs dont 
nous avons parlé» était originaire de Bretagne et frère 
de l'évêque de Vannes. Pendant son administration, qui 
ne dura pas moins de vingt ans , il ne cessa de travailler 
à Tembellissement de son monastère et à l'augmentation 
de ses domaines. Aidé des secours qu'il avait oifteaius de 
dom Innocent Le Blasson, grand prieur de l'ordre^ il 
l)âtit, en 1683, deux nouvelles cellules et commença le 
grand cloître» dont la première pierre iut posée le 
20 d'octobre par Jean-Henri Bogne^ doyen du chapitre 
de Nevers. H acheta» la même année» la terre de BemOiy 
et le patronage de la cure de cette paroisse. 

Deux ans plus tard , le duc de Nivernais lui accorda le 
droit de justice haute, moyenne et basse dans l'enclos du 
monastère. Les ducs de la province se montrèrent toiiiours 
asseï disposés à favoriser les moines d'Apponay» parce 
qu'ils étaient leurs protecteurs -nés, à cause de la garde 
gardienne du couvent qui leur appartenait. . 

Gomme l'adversité» la prospérité a son terme, i^ponay» 
après un demi-siède de beaux Jours» devait voir stm état 
florissant gravement compromis. En efiét» l'administration 
de dom Louis de La Barre lui fut extrêmement funeste, 
non que ce prieur dilapidât volontairement ses biens» mais 
parce qu'il se rencontre quelquefois des circonstances que 
les efforts les plus louables ne peuvrat dominer. IV abord II 
eut» en 171 7» des procès ruineux avec la maîtrise de Nevers, 



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LE nOKYAm. 361 

puis il lit creiuer le grand étang voisin du monastère > et 
établit une rarerie pour laquelle il dépensa selie mille 
fivres* et qui ne réussit pas. En an mot, il fat si mal- 
heureux dans toutes ses entreprises, qu'il laissa, lors de 
sa translation à Bellary, en 1721 , le prieuré grevé de plus 
de quarante mille livres de dettes. Dom J.-B. de Lavaox 
et dom Noël Hel avaient entrepris de r^arer ces perles; 
mais ils ne parent y parvenir; cette gloire était réservée 
à dom Louis Lancieux. 

Ce prieur n'avait que vingt-huit ans lorsqu'il fut élu, 
en 1727. Il se montra bientôt administrateur si sage^ si 
édairé, que, dans peu d'années, non-seulement il libéra 
son monastère^ mais se trouva à même d'établir auprès 
une faïencerie, qui n'eut pas un meilleur succès que la 
verrerie de dom de La Barre. A sa sortie d'Apponay, 
en 1743, la maison était dans une benreuse voie de 
prospérité, qui devait se développer de plus en plus. On 
faisait des coupes de bois régulières ^ dont les produits, 
au lieu d'être absorbés par les dettes , étaient placés à 
rente. En 17/i6, malgré la cruelle épizootie qui avait 
enlevé. Tannée précédente, tout le bétail des domaines^ 
dom Hugues Pépin put construire deux nouvelles cellules 
et faire diverses autres réparations utiles. 

Les moines qui, dans cette alTrcuse mortalité de bétail, 
n'avaient pu sauver que deux animaux sur cent, firent des 
pertes énormes. Néanmoins, ftàr tm efet de la pravUUnee 
et de la miséricorde du Seigneur , dit un vieux manuscrit, 
les deux années qui suivirent cette mortalité^ il y eut une 
telle abondance de glands, que Le profit considérable qu'on 
fit sur les pares fut d'une grande ressource et mit en état 
d'acheter des besHaux pour le labourage et d'en peupler 
peu à peu les domames, 

Dom François-Marie de Coétivy, élu prieur en 1750, 
était issu d'une noble famille de Bretagne. Pendant son 
administration, qui ne dura que trois ans, il fit creuser le 

24 



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§m4 pm§ neuf ^ hMit fuffhepm^ PQuv f n»mmf to 

pFmsm 0réinam poissm^, qui ëép^fimieii^ dans Im 

fossés de la maison , et conslruisil deux nouve les cellules, 
1,6 tonnerre tomba, le 30 juin 1752, sur le clocher de 
V^(iS0 «i f c^usa de gra^ dégâUi qu'il r^p»ra« Istk 
4iv^p|t@B dépens s'^evèrent k la sommis-d^ 9ill)« 
l^uelle le général de Tordre donna cm Umv* 
Ces occupations ii absoi bùrent pas tellement son temps , 
qu'il ne trouvât des moments pour l'étude. On lui doit 
le Çtuaiofptfi fLc9 prieurs d'Apponay, qui u'eo compta 
que quatre après loi. effist, «oe période de trepte ans 
06 devait pas s'écouler sans que l'esprit philosophique, 
qui avait bouleversé les tèles cL ruine l'ancienne croyance, 
ne complétât son œuvre de destruction en balayant les 
Glolti«9» 4ppon9? disparut, ea Udâ, de |a scôse r^llgien^e, 
et ses fooioes furent dispersés et jetés dans le toorbHlqn 
4a iponde ; ils étaient alors au nombre de sept C'étaient 
frère Bernard Boursier, procureur; frère Benoît Bourcier, 
vicaire i frère ilené Caborit, sacristain; frère Xavier 
9a8l#rj aQdisps frère Vincent |«edeviUe« frère Joseph 
GfUton » et frère Raphaël BlandeL La oisison et Téglte 
furent dévastées. La cloche . les stalles , le lutrin et deux 
tableaux représentant l'un i'Assoviplion de la sainte Vierge , 
çt l'autri^ le Suçre-Caur (le 4Mm* furept traMfélâs dans 

fMIW miptTFIem de insy. 
Le patrimoine do monastère oeasistait, à cette époque, 

çi) huit domaines, plusieurs pièces de vignes, divers cantons 
de l)Qis, une tnilerie, quelques inaulini, treiUe-liuit étangs, 
g|pao4s et peUt9« et ifuelqves locaterte ie reyaM de $m 
9(Qpr|#t#», çelui dea dîmes de Flé^ et les lystes cenath 
tttfft» IX) s'4)eYitieQt« ao^^e içopwuie, li mz^ trm 

(1) Ces rentes étalent dues par les Bénédictins de Bëze, par la 
eraade llibrique de Lyoo, les Chartreux dé cette ville, les UrsaUaes de 
l|Mfj9%4Ca9fllM|rt, rabtoy» de BeUdvtia, les étal» de ^mifp^$l^ d« 



* 



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f:» Ml» ifam <|« éfdaré» propH^tlfi oa40«ale9> 

furent vendus à Ne vers, en 1798, savoir : les bols , divisée 
en sept lots, six cen^ guarante-huit mille stx cents (met, 

et ief aoimlD^, troi4 <^ U tAiU (ut ^ 

APP09^¥ <Wt «i||onrcP|ivl me hmt qui ^ppara^iul % 

M. Félix , comte de iMérode , ancien mçm})f(6 d^ gQ^y^-; 
uement provisoire de Belgique (2). 

4 4o MMN» flu iQQiuMtèr»» «11 isd-^^ 

nalsQii. n était à saitHe Badegoide. AuMHPQ 

Gbailon, évcque d'Autun, accorda ^ le 8 janvier 14945 

quarante jours 4'iQâulg«iic^ \ ceux qui visite(4i^t 
phaiitfiHfi 

De rantie i^tii de» pmlrMt, av «Olleii ^Tm» ipoii 4« 

grands arbres , par-é€B9Ui lesquels on rpit percer le foit 
aigu de quelques tours, se trouve le manoir féoda) de La 
fioue> sombre édifice du quatorzième siècle, avec des 
restes de fossé& Il a été ainsi nommé de sa situation dans 
on lieu aquatique et marécageux* Ce cbâtean était le si^ 



Méconnais » et par 1^ çonoMu^ie 4^ Biekef , dont la dette était de douM 
miném ou qnamte-luiit boisseaux de blé, moitié seigle, moitié Aroment, qui 

lui avaient été léguées , la veille de la Pentecôte 1:219 , par Hugues III , sei- 
gneur de Lormes et de Chàteau-Chinon , près de partir pour la croisade 
contre lea Albigeois. Les seigneurs de Pouay, du Maiira^t d|9 T^Si^fiqf , leur 
payaient aussi diverses redevances. 

(1) Elles consistaient dons 1 exploitation des biens, les réparations def 
bàtiw^nti , suiqOp?»» 1« n^urri^ure ot le veatiaùr^ d^ W'^l'» l^.*<t^ 
cilles, adoptant k nirat centf livres, les rentes dues au cur^ et à la fiibriqu^ 
de Remilly, au curé de Lanty, k la grande chartreùse, s*éleTant I inent 
Kwe,auebapitwdoll iw »sr i »iftft>i<lif aa l i nnl s ii^^ ffienidiS 
Saint^André-lds-Luzy, aux religieuses de Decite; plus les droits seigneu* 
riaux des biens de Champlevoix 

(3) l'article de La Rocbe«eu-Bren\ . 



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36^ LE MORVAMD. 

d^nie seigrneurfe en tonte Justice qui moanft de la cbâ- 

tellerie de Savigny-Poil-Fol , et donna son nom à une 
ancienne famille aujourd'hui éteinte. Il appartenait , ea 
1290^ à Hugues de La Perrière, cbevalier^ dont le fils» 
Gnyot« en iH fioi et lionunageen 1309* 

Jean de Ponard (i), seigneur de La Verrerie''iMa^ 
Boue, en donna dénombrement en 1601. Anne de Grandval, 
sa veuve, renouvela ce devoir neuf ans plus tard La Boue 
appartient aujourd'hui à la maison du MesniL 

En Jérôme GanheU» pifeor d'Apponay, refusa 
cette tenre peur ûnxê miUe Ihres. Dom lean Fougerenx , 
visiteur de la province, en fut la principale cause. Aussi 
dom François-Marie Coëtivy , qui gouvernait le prieuré 
sdzante ans apès> s'en plaignait en ces termes : « Le 
1 tirês-iéTérend 'père Mm Faiigorent fity avec tout kl 
» respect que je lui dois» une grande sottise de nous empè- 
» cher d'acheter, pour onze mille livres, une propriété 
» que nous n'aurions pas a^jourd'liui pour quatre-vingt 
» mUie^ » 



IX. 



LA RpCUE-MlLAY, Rupes Militis. 

A huit ou dix kilomètres au nord-est de Luzy^ s'élèvent 
de hautes montagnes hérissées de forêts et dont l'aspect 
âpre et sombre frappe les regards, ce sont celles de Ton- 
leurs et du Beuvray, An sein de ces monts sauvages et de 
€«n ^ leur aerveot de eontrelèits, se trouve la eommnne 

(Ij Les armes du cette OgjniUe étaient : « D'or à deux pals d'azur. > 



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LE MORYAxNO. 365 

4e Xa AoduHlli|ar,.U plus JnportiBl^dAeaiteiieiila plus 
éleidiie de Umt le llernnd. Sa popnlatkni^ divisée. entre 

la paroisse deee nom et celle de Poil« est d'environ deux 
mille deux cent soixante-quinze habitants , et sa superficie 
de six mille sept cent soixante -seize hectares (1)» La 
petite rividie de rJËgUse> formée par la féqnion te sources 
nomteenses qol sortent te flancs da Benvray^ estlessii 
eouis d'eau qui mérite d*étre cité. 

Aucune commune n'offre plus d'intérôt, sous le rapport 
archéologique, que celle de La Rocbe-Milay. Les trois 
grandes époqaes de notre histoire y sont attestées par te 
mononients; mais e'est aortoot an sommet du Benvray, 
qui se montre sombre et presque menaçant, au nord, qu'il 
iàut demander des souvenirs et interroger l'antiquité. L'ère 
eeltiqae au galUque a imprimé son cachet sur son plateau 
glacé; répoqne gaDo»romalne 7 a gmé, d'nne manièn 
plns antliei^que , son soovenir ; la féodalité eHoHBième f 
a laissé des traces de son passage. Le druidisme, le paga- 
nisme et le christianisme l'ont occupé tomr à tour. Mais 
n'antidpotts pas sur Tartide spéoial que nous allons JbieDtftt 
consacrer à cette montagne. 

La paroisse de La Roche-Milay^ peuplée de doue cent 
quinze fidèles environ, est très-ancienne. Il en est fait 
spécialement mention dans le testament de Hugues de 
Teman, chevalier, de Tan 1240. Ce seigneur, an raiMeu de 
legs nombreux faits ans (fiférses églises daTOisinage, y 
comprend celle de Saint-Pierre-de La Rache-Milay, pour 
une somme de cinq sols tournois (2). Elle faisait autrefois 
partie da diocèse d'Anton et de Tarchiprétré de Losy. 
La patronage de la cure appartenait alors à Févéqne 
Aocésain^ et les dîmes partie an curé et partie ans s^ 
gneurs. 

(1) Mille neuf cent qnatre-viiistHliXHwar Mal «coupés par las AMréte. 
(3) ArolilT. {TAnton ; Mr. dt Mbu^ M SalnHimmt tome n» p. S5. 



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M II MCfllf AMtt 

para , saiis mission , du gouvernement de cette paroisse , 
m y administra les sacréménts «and Juridiction* Deux curés, 
liÉHftfj«l pM^ TévéQiiëi lie Itttirttit iif«iitfrë ffèMiHon» Il 
fâtlut jtrUèetfer bstlIètilqdèiifeBl cbiltfe im, èl «6 ti« Ml 
qu'&u bout de deut »n^ qu'oti t^tiit eitpukér fee merèettàtrei 
tes pièces de la procédure le représentent comme un 
bomme violent, colère^ ktaiphémànt contre Dieu et les 
laliliftj tfvii^è (i)...;; J^OBé|lh AlëkftndiHI MIMft, en 1787» 

à ni8«nibiée préparatbife qui s8 but a fse^m tnm roi^ 

verture des états générauit; 

Les cdrés de La Roche-Milay étaient tenus autrefois, 
iBÀ vertu d'une rente annuelle et perpétuelle d'utt boisseau 
it9 ski^g lùttdée^ Ml MtMnié Hèele» par taflçdis dd 
MaAtthioreacf; dé menet fUM^mêmie$, le jour de Milles 
de cliaque annéé , après Téprés , une procession iàleûnMe 
Il la grande croiûc du bourg, où avait lieu une station pen- 
dant laquelle ils devaiént rôoUer li iiatite ?oti an De pro* 
flMig* Us' GordellerB d'Aunn ; mmlie «liceésieaft de 
eMn Hb Mmy ^ étiieill obligés > de leur eôté v de lë rwt^ 
dre le 20 juillet, jour de sainte Marguerite, et le 10 no- 
tembre, fête de saint Réné, à La Rdche^Milay , pour 
tfâëUnr 4etil grand^aMMOft^ la ^reaMre pour tdorgucvlte 
ie ltaidft>iibcndiM du fiée , ët la ieeeadki poof MU 
êb Mllmld) «on ibeil IM araditeln^ dtomiareiil ped^ 

cela, le 5 février 1627> ^ pré de Chiffonne de cinq chartées 
de foin (2). 

Lelmil de la Rodké-ttttay eat le pM coMddiMede 
cattldta.ll tftvèonrifmid'iiercM^ber de dent dfaïqitantè mètres 

d'étératloii, au sommet dOfRl il est bâti , et dont le pied 

est baigné par la petite rivière de l'Église. Son surnom 
vient du mot latin miles ou soldat» qui rappelle foe la 

(1) Archh'. de l'éTÔcbé (i'A»tB% 
i^) Arct»iVr 4e M nw:ite. 



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LE MORVAWD. 



367 



pâfi était poaiéilé par le Uenteoiiit comain qai ctiwnitf^ 
ëait au fieaVray» Aussi la Relgneurl» da La Rdché élait^ 
aile 9 au moyen-ftge , le fief principal et dorainatit dd tous 

les environs. Ce bourg, malgré sa position, est enve- 
loppé de hautes montagnes qui eu circonscrivent la vua 
de loutes parts. A rouest, se dresse le pic de Toale«rsj 
autrefois ceuroiuié par un monumem dcmt II eiis(e encore 
d'importantes ruines sur lesquelles les archéologues ne 
sont pas d'accord. Quelques-uns les regardent comme les 
débris de la forteresse primitive des iiauta barons du lieul 
d'autres leur assignent une épocfoe moins reculée. 

Affranchi par Philippe de Vienne, én vertn de lettref* 
patentes du 12 juillet 1655^ le bourg de La Roche prit dès^ 
lors quelque importance , et ses habitants s'honorèrent du 
titre de BonrgioU. Dans ces entrefaites, ils obtinrent de . 
leur seigneur la permission de le fermer de morsi mais ees 
fortifications n'empêchèrent pas qu'il retombât» en 
au pouvoir du comte de Roussi , qui y laissa une petite 
garnison. Quelques savants attribuent à ce général la 
destruction du château de Toulettrs» Tous les sujets de la 
séifnenrie airaient droit» moyennant cinq êtnu de renu ptit 
feUfûe 9e Mrairé avec leur Imtm, en temps de guerre^ 
au donjon de La Roche , où se tiouvait une caserne bâtie 
tout exprès (!)• 

Ce diAtean , qui occupe la poUite du rocher sur lequel 
lé bourg est situé» est on vaste parallélogramme tanqué 
de deux parlUons, et dont la recensimction date du 

règne de Louis XV. Il fut rebâti par le maréchal de 
Viliars» qui Véleva sur les fondements d'uue antique 
forteresse dont il ne reste pins qu'une tour. Bien qu'il 
soit d'une construction lourde et sans caractère , il est 

néanmoius remarquable par sa masse et surtout par sa 

posiiiou. Inabordable de trois côtés, il était autrefois 

'1) Arcbiv* 4e U RoiJb», 



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368 LE MORVAm 

défèiida, an 8iid> par «le doible ceinture de imiralta 
et de fessés autour desquels les habitants des environs 

devaient faire guet et garde en temps de guerre et d'immi- 
nent péril Ils étaient, en outre, tenus de contribuer à 
la solde des soldais du rai, IcMtsqa'il y en -avait au châ- 
teau (1). 

n se tenait jadis à La Roclie-Milay un marché tons les 
lundis et sept foires, dont quatre furent obtenues du roi 
Henri m, en 1582, par Réné de Rousselé. Elles avaient 
lien le premier lundi de mars, le lundi avant la Fête-Dieu, 
le lundi après la Nativité de la sainte Yierge, et le jour 
de saint Thomas (2). On y trouvait alors une halle oti 
les seigneurs percevaient le droit de minage ou le vingt- 
quatrième des céréales de toute espèce qui s'y débitaient 
Celui qui n'en vendait qu'un boisseau, ne devait rien. Ua 
mesure en usa^e dans le comté était de quarante livrer 

Tous les habitants devaient, sous peine d'amende et 
de la confiscation de leur farine , moudre leurs grains 
dans Tun des deux moulins banaux de la seigneurie, 
et cuire leur pain au four public du bow%. Le comte 
jouissait du droit de banvin, de taverne, et percevait, 
en outre, les dîmes sur le froment, le seigle, l'orge et 
l'avoine , à raison d'une gerbe sur vingt-une. 

La justice se rendait à La Roche-Alilay au nom du sei- 
gneur, dansun bailliage dont le ressort comprenait trente- 
trois paroisses en tout ou en partie, et vingt lieues- de 
pays. Sa juridiction s'étendait presque jusqu'aux portes 
d'Autun, et comptait trente -trois justices, tant en pre- 
mière instance qu'en appel, dans sa dépendance. Le 
persomiél se composait d'un bailli, d'un juge-lieutenant, 
d'un procureur fiscal général, d'un greffier, d'un fermier 
à soixante-dix livres par an, de huit procureurs du fait 

(1) ArchlT. de La Roche. 

C») Deux de ces foires se tenaient aa sommet du Beimay. 



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ï£ MOKYAnjDi. W 

COÊmiUk, éd huit notaires baronm^uei et wgeots^ de 
draxhnMen andienden ^ de quatre gardes des easx 
et forêts (1). 

Le lundi d'après la semaine de Quasimodo , le bailli 
avait accoutumé de tenir une assise où tous les juges 
des arri^re-rfiefe oa arrière-justices étaient obligés de se 
présenter en personne. Faute par eux de tom^^anir an 
jour fixé, ils étaient condamnés à dix livres d'amende 
avec défaut pour la première et la seconde fois. A la 
troisième , il était ordonné que leurs justiciaMes plaide 
raient defani le bailli^ en première insinnoe, }nsqa*à 
ce qu'ils ensMnt obéL Cette assise avidt remplacé, an 
seizième siècle , la revue des vassaux eux - mêmes , avec 
varlets et équipages, que passaient, chaque année, les 
liants barons de La Roctie-Miiay» au sommet du Beuvray, 
pendant , la foire du premier mercredi de maL Édonard 
Bertrand a été le dernier bailU de cette Justice (2). 

A la suppression des institutions féodales, en 1790, ce 
bailliage fut remplacé par une justice de paix avec le titre 
de canton^ qui coçiptait dans son ressort les paroisses de 
La Hoche-Hilayj de Gbiddes» de Ifilay» de Poil, de Saint- 
Gengoux et de Yillapourçon ; mais un noureau remanie- 
ment supprima ce canton en l'an 1800 , et dès-lors La 
Roche-Milay et les communes de sa dépendance , si on 
en excepte YiUapourçcm, furent réunies à celui de Ijuey. 
Ce n*est plus ai]yourd'bui qu'une simple commune rurale, 
dont le commerce ne consiste que dans ses foires. Le chef- 
lieu , où l'on n'arrive qu'au moyen de chemins raidcs et 
escarpés, est bien décbu de son ancienne importance; les 
révolutions l'ont tué. 

La terre de La Roche-Mllay se composait, en dernier 
lieu, de quatre domaines, de treize forêts, dont les prin- 

(1) Twrimrilê 1706. 
(3) 



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«f dè 1)1 OmMfi éi ne dlx-tieaf éliiiigs ^kiumh fikHiH*d> 
0ttze mille poissons. Les rentes s'élevaient , années tottlihtt* 
fiesi îi mille dix livres; les droits de lots et vôntes ou de 
mutation produisaient autant Tous les titres qui concer- 
tiâieDt cette aeigneMe» à rekeeptiotb «lu précieux lerrler 
Mqwl mm em^miittMM tes ttfltaUs qui préi*dieiit» ti «m 
partie de eeax qttirohtsuiirre» ftirent brûlés à Moulins^ 
Engilbert en 1792. 

Cette terre 5 autrefois lieauooup plus considérable > 
Ittnudt ime des plus indenttes et dès plus pdlsiaittes 
srtgiMMiHes du MorvaiMli e*Aâlt la seconde barouAie de 
Nivernais. Louis XIV l'érigea , vers le milieu du dix- 
8ej)tième siècle , en comté . en faveur de Réné-Joseph de 
nousselë, ébéirâUer) coioiid d'un r^imeui d*iafaatei4et 
èt àêàà-^nU-eàîiip ét» arméeâ du h^L Elle était montrante 
des ducs de NeveHf i causé de lénr châtellenie dé Môu* 
lins-Engilbert , et comptait elle-même dans la dépendance 
de son donjon ^ trente-trois fiefs avec haute ^ moyenne et 
niisie JUMM i et t>ltts de Ciuiiuaiite n'ayant que la ttioyeutte 
et Ifl besMi Tôui tel M devâl^t le qllidt debM én cÊà 
deiiutation(i]. 

(1) C'étaient : La Bazolle, Le Bazoy-en-Bourgogne, Les Berriards, Champ- 
robertifief double), Chanlevrier, Chauniigny, Chiddes, Conclé, Couloise, 
Etvaox-lUbaude , Étangs de Poil, Étang-Verdcau , L'Ëspiauy, Layer, 
L'HflOinie, Las Jours, Marrr-^soi-ls-VistUé-StènUgne (fief dsiabie), lf«Mé* 
cot, MoBtentoauiQo, Le Ifoncetu, Patigny, La Pleasis, SainMean-des-Cur^ 
tils, La Vallée, Vanoise, La Verchdre,Vînette...... avec haute et basse justice; 

Boi»<<lé-Telle , La Boutièr('-le:«-Sommant, braconne, La BusSière, Buzon, 
Champcery, Chanip-Regnaut, La Chasseigne, Charancy, Chevannes, Chigf» 
le-Moiiial (lief double), Chevrette, La Cha/olte, Corcelle, Couvcau, La Creu- 
zille, Fûurchure, fiissy, la (ioulmne, La Cioutle, La Goutte-Tillot , Guil- 
laume-Blanc , Igornay, Lan, Lavault, Lionge, Marolle, Mirloup, Le Mois, 
Hooestoy , Montchagny , Uoncbarlon , Montcoulon , Petit et Graud-Honti- 
gny. Le Mouceau, Moulan, Ifontregnard et Bivièrea, Orsa, Pierr^fltta 
(flef double), Raogdres, aoehe, Saint^Prix, Sommant, Til]ot,Ts«i4oMlii, 
f oumle-Laixy, VaMtaan , V«i|i(, ?iUetta»4as-Forgas (flef doubls)...*» 



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U MORYANOk 



S71 



W pMeiid qu'âu moftn^âge» tet. haati toornéB La 
" llèdie«lliiay iHteiii àMi prtMimi pour mettre for pioi 
Mis mille honnies et les winer ^en teerm 1!S' avalent 

droit de batlre monnaie , et leur seigneurie s'étendait sur 
sept clochers 4 savoir : La Roclie-Milay» Gbkides» (bIuX} 
MUajr^ Peu» Saietf^GenfOin et VUlapoerçoik Ua nvateati 
eo astre, lieaneeep de dratta daMê vlilKl«>qiialre aeirea 
paroisses 

La seigneurie de La Roclie-Mllay a été possédée par 
plusieurs maisons puissantes auxquelles était due la {on* 
datlett dea ptieiiréa de SesMlay, de La VaUde » de Yaaeéaei 
da GooTeot dea Gordeliers de Beofray»»* filles irsBl di 
bien à divers autres établissements religieux , comme Bel- 
levauxy La Fermelé-sur-Ixeure , le chapitre d' Autun, Sept- 
Fdn&k. Elles prireot Hue part active et glorieuse au 
raonvenent rellgleiii etfoerrier ^» pendant dem ceala 
ans^ entraîna m noMesse et le peuple vers lés mentafoea 
de la Judée « et acquirent^ en outre, de la répuiatiou dans 
les guerres de la patrie. 

La pltts aneienoe que nona connaissions » est eelle de 
Glane, dont l'héritiète» hJàx on AdeUa, a'nnit à JeaUi skn 
de Châtllton«<en*BazolS) Isin d'nne branche endette de la 
maison des comtes de Nevers , et lui porta la baronnie. 
Ce noble chevalier en fit foi et hommage au comte Robert , 
. son parent^ le jeudi avant U Salnt^Làarem 1185^ et 
monmt tn laso, après amir iondé sdn annifersalit à 
9ept«>Mis^ an meyed d'une fmmdM^wmn Utrtê mtf Ut 

lite du Beuvray (2). 



(1) C'étaient Brion, La Chapclle-Aumant , La Comelle, Étang, Fléty, 
Grury, Igornay , Issy-l'Évéqtie , Laizy, Marly, Monthelon, Onlay, Saint- 
Benin-sous-Sainte-Vignc , Saint-Didier, Saint^HODOr^ ^ Saint^Léger-soiM- 
Beuvray, Saint-Prix, Savigny-rÉUng, SmnkKf^ aiiMBMil| te Mitn, 
nzillf, ThiMur'-ArrMX tt Virrièf«8» 

(9) Arclliv. de La Roebe-Miljiy. 



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372 LE MORVAND. 

Oùxm, son fils /sire de Chàmon, de La Boche-lfiiay 
et de Glane^ fat m seigiieiir waaA respecté- qae pub- 
gant I<a douairière de GhMillon^ sa mère, étant mdrte 

en 1236, il fonda son obit à l'abbaye de Bellevaux, pour 
une rente de cent sous de farts Nivernais à prendre aussi^ 
^qne aimée^ sor les reveniB de la foire de Benmy/et 
ratifia celle de éw Upres huit $tm ^ cette yerlDeuse 
dame avait léguée , à titre d'aumône , aux religieuses de 
La Fermeté-sur-Ixeure , alors au nombre de quatre cents. 
Ce seigneur eut, en 1250» un grave différend avec Guil- 
laume m» abbé de Qany, concernant la garde-gardienne 
du prieuré de Semelay , fondé par ses aïeux (1). 

Jean de La Roche-Milay, son fils et son successeur, fut 
un homme ardent et belliqueux. £n 1253, après la revue 
solennelle de ses vassaux» an soamet du mont Beuvray» 
il se rendit» avec eux et les antres seigneur* de sa soite» 
en armes (2) au diâteau-d'Autun afln -de délivrer Guy 
de La Perrière, que les chanoines y retenaient prison- 
nier pour un grave méfait. La forteresse fut en effet 
emportée d'assaut» et Guy rendu à la liberté. Mais un acte 
d'une tdie audace méritait une sévère conetelion; aussi 
lean fat cradamné, au mots de juin suivant, à suivre, 
nu-pieds et en chemise , une procession dans les églises 
d'Autun» de Chalon-sur-Saône, de Langres, de Mâcon et 
de Nevers» oii il possédait des terres. H dut» en outre » . 
tenir sa terre de la Rodie-tfttay en arrière-fief des cha- 
noines, et leur payer, pendant sa vie, une rente de vingt 
livres (3). Cet acte de sévérité pourra paraître excessif 
aujourd'hui ; mais ils ne faut pas oublier qu'il entrait alors 
dans les nuEurs publiques» et qu'U devenait nécessaire à 

(1) Voyez 1 article de cette commune. 
(S) Ctm mmiê m rfi g i ii ri t. 

(IQ GoniTivtfi, tome m, p. 4tt; le SMwroy, p. U; Gaokak», AM. 4f 
VÈgUm ^ânOimf Infcr Imlr.» p. 9S9, 



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LE MORYANI». 373 

une époque où l'empire des lois civiles était nul^ surtout 
oontiedes a rignear s tel9 que celui de La Roche^MUay. 
Jeim céda 9 quelques amées après , sa baromde et la 

terre de La Perrière en fief-lige à Henri de Ghâtillon» 
son frère puîné, qui lui en fit foi et hommage en 1285. 
Celui-ci les laissa à Girard ^ son fils^ seigneur d'une 
graade fierté et d'une soaveraiae ind^^daace. En 1326, 
le nonvean baron soutint, contre Lonis n de Gréey, 
que sa baronnie et son château de La Roche, bien que , 
par le passé , mouvants , jurables et rendables des comtes 

de N€99n, étalent possédés en franc alleu et refosa de 
liÉ en ^adre foi et honmager ht comte, se voyant dans 
la nécessité de traiter avec loi on d'armer pour fsire 

respecter ses droits, préféra la voix d'accommodement et 
promit mille livres pour la mouvance de La Roche-Miiay 
et dnqqante ponr cbacme de ses trois maisons-fortes du 
Baso7-en*^nrgoflpM, de Ghampn^bM et de Montécot ; il 

lui accorda, en même temps, un droit de justice bante, 
moyenne et basse dans sa châtellenie de Moulins-Eiigilbert, 
à condition que les appels se porteraient à Moulins et non 
à La Rocbe. 

Girard de CbâtiUon laissa, entre antres enfants, deux 

iilles, dont l'une épousa Guillaume lY de Mello> seigneur 
de Saint-Bris , et l'autre Girard de Bourbon, sire de Vitry. 
Ces deux seigneurs jouirent de la terre de La Roche-Milay 
par In^Tls pendant la dernière moitié du quatonàôme 
siècle. On croit que Gbaries de Mello^ qui en était seul 
possesseur en 1426, l'engagea, quelques années après, îi 
Nicolas Rolin, chancelier du duc de Bourgogne, pour, une 
rente annuelle de «mf ceMs Uvrei. 

Quoi quH en soit, cette bammie appartenait, vers te 
mHleu du quinrième siècle, à Philippe de Tienne , che- 
valier ^ comte de listinois et de Montagu^ dont la fille ^ 
Ânne, épousa Jean de Vienne, seigneur de Montbis, son 
cousin germain. 



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nti U MOltAME. 

0«s|»ari, Ut pitné do précédant, fa donna dépoipbM« 
ment tn 1510, au Moite Nev«n. fia atiiBenr, alUsr et 
batattltQr, ayant été toé en dnel, en tSS5^ fut, malgré la 

rf^eur des lois cauo niques, inhumé dans Téglise parois- 
siale de La Roche. Celte infraclion grave fut bientôt portée 
à la eonnalaaance de ToOiciaUté diooésaUiet qni ordonna, 
par rorgane do grand^vicaire^ cpie le corpa Ait eitao^ 
et Jeié à le vmri9 an dépoêé en terre profane (1 )• 

Jeanne, sa veuve, fille de Ferri , chevalier, comte 
d'Aumont, se remaria à lean de Sasscnage, et qe laissa 
pas, si on en eroti Moréri t de poatérilé de eette féconde 
nnlon. Bile passa , selon l'usage, la retae des vassnnx de la 
baronnie, le premier mercredi de mai 4547, au sommet du 
Beuvray, pendant la foire, et cette revue , ainsi que nous 
ravons remarqué plus liant, fut la dernière. 

François de 'MontBoreBqr, fils dn eennétable de oo 
nom, aetgnenr de BanteviHe, de Hendeitle et do JLa 
Roche -Milay, grand -maifre de France et maréchal des 
armées, fut envoyé, en 1572, en qualité d'ambassadeur 
auprès d'Élisabetb , reine d'Angleterre y qi|i lut donna 
le collier de son ordre de la Jarretière. A aen retour 
en Franee, ee seigneur ftit enienné à la Bagtfltr, cornue 
ayant trempé dans la conjuration de Saint-Germaiu-en- 
Laye, et mourut en 1579, au château d'Écouen. Margue- 
rite de Monimarency, issue de son nufon aveic l4Hûse de 
Géhert , porta la iMmale à Anpi ci piMani an^ne nr René 
do loMsolé, eiievalier, mascpria de el conaelllfr 
d'JËtat , qui en fit foi et hommage à Nevers, en 159/i. Deux 
ans plus tard , ce seigneur» qite quelques chroniques du 
temps représentent conuae pin», Mi'qnenm et pkm de 
(pomnre* lit aaiair ftodêleaHnt toia les iflii menvpnl de 
tamnio, tant du aiifeniais que de la gwgrgne» pooe 
4Qyair non fait, qu'il renouvela en 1606. 

il) Âtokkvf, d« U Rocbe4f iUy. 



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A n WOft, FrançQU, TaM de lei fi(«, chevalier 

e( aide*- de -camp d(ss armées du roi} baronnie d« 
La Iloche-Milay , qu'il fit ériger en comté. Ce derniejr 
mourut dans un Age encore peu avancé , et laissa sa veuve t 
Ifarie-BUsabeilk Mpnoi ayec deux fiU, |lenri**4DQft-Uéné 
Roamlé| marquis Lac||#« et F^t^bç^-^^^Im- 
Joscph , guidon des gen$ d'armei de la reine» comte 4i 

La RocIie-iMilay. 

Ces deux, seigneurs jouirent easenible, soiis Tf^utoiit^ 
de la comtesse douairière , leur inèret de (a terfii de 
La Rpdie, ainsi q^e du marquisat de I^ché et des sfit* 
gneuries des Bordes, de Gizieux, de la Noizerie, du 

Ponl-d'Alzy, de Taferraeau Ils en firent refaire le 

terrier en 1706, et la vendirent, peu de temps après» ^ 
rimmortel ¥a|nqoeur de Denaiii» UNil9*H^of« due àê 
YUlars et n^rédial de France. Celui-ci étant mort Iq 
17 Juin la duchesse, sa veuve, Jeanne- Angélique 

Rocque de Varcngcville , revendit le comté il Jacques- 
Louis de La ^er^-Meuui| seigpeur de ^oVère« gui i'a 
la^sé ^ sei descinidantS; 

Au pied du rocher sur lequel le château et )e l^ourg sont 
situés, h l'ouest, on rencontre Vanoise (i), petit hameau 
^xpc une chapelle, objet de la dévotion de^ fidèles des 
•UTlnw C'était autrefois un pfrieuri^ de Dénédhitias» # H 

m-Loire, Ce petit monastère avait été fpndé, au onzième 
siècle, par un saint prêtre nommé Hugues de La Roche» 
iSSM de$ anciens çeigneiir^ du p^y^, qui le donna, en lOlQ» 
au célèbre prieuré de Notre-Dame de t4 C|is^fltf Oft y 
remarquait autrefois une belle et vaste église, dite Sainte^ 
Marie de Valnaise^ à laquelle Hugues de Teman» cbeva- 

(1) rottit noMa* 



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376 LE MORVAND. 

lier» seigneur de RoussiUon en* partie et dé La Petite- 
Terrière , Mgaa, en 1240 ; une somme de eimf sous; mais 
il n'en reste plus de vestiges. Comme tant d'autres, le 
prieuré de Vaiioise fut tué par la commende, et, en 1706, 
U n'y avait plus qu'un prieur, qui poumit i*être à simple 
tonsure (i). 

Les dépendances de cette maison , dont la garde-g:ar- 
dlenne appartenait aux comtes de La Roche, consistaient 
en plusieurs pièces de terre, un domaine dit Ilotisseille, 
un droit de dîmes sur treize bameaux de la paroisse de 
Villapourçon, qui îai abandonné , en 1614, par le prieur, 
Antdnie Raconchot, à Réné de Rousselé, pour mie 
rente annuelle et perpétuelle de quatra-vingt-dix bois- 
seaux de seigle, mesure de La Roche, re(fuérable^ cha- 
que année, à la Saint- Martin d'hiver, au château de la 
baronni& Bans la transaction qui eut lieu à cet égard, 
le seigneur dit expressément : « Qu'il y a consenti pour 
» terminer le procès que ce prieur lui avait intenté, pour 
9 imiter les pieuses intentions de ses prédécesseurs, fon- 
9 dateurs de ce prieuré, pour en augmenter la dotation 
» et pour avoir part aux prières et bonnes œuvres qui s'y 
» font (2). » H joidssait, en outre, d'une rente de quatre- 
vingts livres sur la seigneurie de La Roche. 

Le prieur avait droit de haute, moyenne et basse justice 
dans toutes les dépendances de son monastère, de pacage 
pour ses porcs dans la forêt de Toideurs, d*y prendre 
le bois mort et le mort-bois, et enfin le droit de pOche 
dans la rivière de VÉglise, qui coule auprès. Jacques 
Bongars, doyen du chapitre d'Avalion, était prieur de 
Vanoise en 1511, et Barthélémy Coquille, chanoine de 
Neveis, en 1540. 



(1) CuHMrêdêtaCkafUé; Arobiv. deUBoebe. 
(9) Archiv. de La Roche. 



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LK MORVANa 



377 



De l'autre côté de la rivière » dans le liane de la mon- 
tagne de ToalemBy on remarque un peitt village avec mm 
vieille égli» romane fort d^rée^c^estSaint-Geiigeax (1)» 
autrefois le siège d'une très-ancienne paroisse relevant 
aussi du diocèse d'Autun et de l'archiprôtré de Luzy, et 
ai^ourd'hui réunie à celle de La Rocbe-Milay. Les andena 
comtes du pays étalent seigneurs du dodier, patrons dt 
la eare et dédmateurs^ depuis le 5 mai 1<H9 que ees 
droits leur furent concédés par les religieuses de Marcigny- 
les-Nonains. Ils jouissaient aussi de la justice totale dans 
tonte rétendue de la paroisse. Le curé était à portion 
congrue. 

L'église paroissiale 5 dédiée primitivement an saint 
évêque dont le pays porte le nom , fut placé dans la suite 
sous le vocable de saint Laurent, martyr. L'abside, percée 
de trois fenêtres symboliques et la seule partie qui soit 
voAtée» les arcades ^ plein-cintre qaï portent la.to«r du 
dOGher, les baies de la nef et le portail, tout annonce 
une construction du onzième siècle. Kn 12/jO, Hugues de 
Teman, chevalier, lui légua aussi une somme de douze 
deniers. Cette église, dont Gbarles Buifet, qui assista, à 
Nevers, à l'assemblée préparatoire des états-généraux 
de 1789, a été le deniier curé, appartient présentement 
à la famille Bertrand de Rivières, qui en fait son lieu de 
sépulture» On remarque sur le cimetière, qui lui est con- 
tigu, les tombes des divers membres de cette Inmorable 
famille 

A l'ouest, on rencontre le château de Rivières, édifice 
de l'époque de la régence, avec une chapelle, où le curé 
de Saint- Gengoux était tenu de célébrer une fois par 
semaine (2). Pierre Beigier en était seigneur en 15^6. 
Hugues de Bergues, écuyer, obtint en 1623, de Réné de 

(1) SamH Gmuhail eeckiia» 
ti) Atthiv. «to Y&v^hé «'.iutun. 

Si 



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57ë » MOftVAND. 

Pomiiik', iiMiHi de La fiadw-iMiUiy) te dioit de hauie 

pour cMt ^ MmKt*Se§nm'd , qoi était «d m ^rmàn,^ 

plusieurs droits honorifiques à i'êcflisc. En 16/i9, Jean d« 
tea^Mge y ajouta le droit d usage et de pacage dai^ ses 
Miste Jiodiiirt^ée GhèLiUm ttdt )AG9a»â9*QaMkf 
il cM^^^MMt è «M aiMi liwit à ta xmAt fmn 

eknmril'^ nais il fut eipraaément spécifié gue li li 
Sfig;D€iir de Kivières prenait un cerf ou une biche, il 
mÊmdrmê, m diâteaa d« La Aoobe » à peme d'usé aiaesida 

Sur la rive droite de la rivière de TÉglise» au ftail én 

rocher qiii porte le château, se trouve Tancieii ief du 
a¥ee justice moyeane et basse; il a donné son 
iHft à UM âill^ Iwiie y g# le poné^ aa ifBiai^ 

Hècle» 

Gmiveau, au sud, avec une mtiemie ma i wi^ iprte, jouis* 
sait aussi de la moyenne et de la basse justice. Ce fief était 
cbaivÉd'aue rente de quatre livres et trois poule» envers 
WmêgÊmut ÊèuààL M appaiteMU, an qialonldmeiàècte, 
i«a»Mttiiioife9il portât ee MiDL lemne 40 
épousa , vers cette époque , le connétable Jésm de UsBh 
pital, autrement dit de Laniy. Jean Piai d, qui le possédait 
tB #ff>fr, tfctHit t la môme année, de Jeanne dT Aumont , Jboh 
mm9ét U toche» te fmmMom de fortifier i» asalMteK 

la pmiiw de Poil, aeetiea die hi oosumm de La 
Uoche-May» a eu son article particulier. 

« * 

• De tous les points du sol éduenj» où les sottvenirs 
celtiques et romains ont laissé uae enpreûita^' Md peat- 



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être B'a fim généralement attiré l'attention qpB le nont 
Benvray. Situé aux confins du Nivernais et de la Bour- 
gogne , comme une limite de séparation , ou plutôt 
comme un terrain neutre ou ces deux provinces se tendent 
la main^ il a» des deMx çMs de son boriion^ fait souvent 
le?er la téle aux antliiHalres et aux érudtt& L'kistQlre» 
rarchéologie , la linguistique lui ont consacré leurs IdsIiB 
et leurs études ; elles ont interrogé ses terrassements 
gigantesques, ses substructions romaineSj ses voies brisées., 
ses étymologies InconmieaL*** (i) » H semble fpi'en effet 
on se soit attaché à ce monument mystérieux en raison 
même des ténèbres qui l'enveloppent 

Sa destination antique a fait naître les systèmes les 
plus divers, les sentimentales plus opposés. Guy Cottuille^ 
£xpiUy» Adrien de Valois^ placent à son sommets vaste 
flatean formé par deux mamelons, d'où lui est venu son 
nom latin ^ Mons bis fraaus, le siège de l antique Bibracte. 
Chose remarquable ! cette plate-forme , élevée de huit cent 
soixante mètres auHlessus du niveau de la mer» compte > 
ainsi que l'ancienne capitale des Éduens» trois Idlomètres 
de pourtour. Dom BoUet prétend qu'il y oxista autrefois 
une ville celtique nommée Bcubracli; les autours de 
\ Album du Nivernais y voient le Boxum de la carte de 

Peutengar ; d'autres enfin croient n'y reçonnattre que 1^ 
vestiges d'un anden camp romsfai et les restes d'une 

antique villa (2). 

Tous CCS auteurs ont appuyé leur opinion sur des 
preuves tirées du sol UU-même, et tous avec une appa- 
rence de vérité j parce que, là, /chaque époque de 
notre histoire a planté un jalon , et que les construc- 
tions du moyen-âge sont entées sur des débris romains 

• • • 

{1} M. BouioT, leÊÊUvray, p. 3. 

{i) BvLLiT, Dietim, eéUUpu; le Kimn., tome i, introduction, p. xix; 
Mémoire» di la Société- éduêmt, ISll , p. 88. 



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3bO JM MORVÂND. 

reposmi eux-néines sur une fondation gauloise (1). Mais^ 
malgré dès efibris sans cesse renouvelés et des preuves 

péniblement entassées, le Beuvray est resté, sous plu- 
sieurs rapports , un sombre mystère , et ricïi n'a pu 
faire sortir de la conjecture. Néanmoins, il est un fait 
acquis à Thlstoire, c'est que, de tout temps, sous lies. 
Romains comme sous les Celtes, et jusqu'à nos jours, il a 
été uu lieu vénéré , un sanctuaire consacré par la religion 
et les cérémonies du culte. 

« En suivant les longues lignes du double terrassement, 
connu dans les titrés du quinzième siècle sous le nom de 
fosses du Beuvray y il n*êst guère possible, dit RL BnUiot (2)« 
de mettre en doute l'existence d'un de ces retranchements 
formidables, mais grossiers^ dont nos ancêtres couvraient 
les cimes les plus ^levées et les plus abruptes pour s'y 
retraire au premier dang^er. Ces énormes mouvements de 
terrain , soutenus seulement à la base par une faible 
muraille, indiquent suffisamment l'énergie, la force d'une 
race neuve, mais non rintelligence d'un peuple civilisé. 
H ii'entre dans leur composition que deux éléments, la 
matière et la force, et cette simplicité les a rendus éter- 
nels. » 

< Derrière ce rempart national, ce camp des tribus de 
la vallée^ s'abrite un culté en barmonie avec Tesprlt de 
ces peuples cnfantSi Ce qui les frappé, Vest toi^ours la 
force dans la nature comme dans les bommes. Les hauts 
lieux, les arbres, les rochers, les fontaines, tous les 
éléments apparents du monde, tout ce qui étonne leur 
ignorance, tels sont les dieux qui prennent naissance dans 
leur imagination. » 

t Le sommet du Beuvray était marqué d'avance 

pour un pareil cuite. Tantôt voilé de toutes les brumes du 

(1) Le Bmufrayt p. 4* 



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LR MOEYANIk ^i 

Mommd qui s*y donnent rendez-vous, tantôt livrant à l'isUr 

un espace sans bornes qui embrassait presque toute la 
confédération éduenne, il devenait forcément le centre 
religieux de toute la cité. De tous les points du territoire » 
la demeure des dieux protecteurs apparaissait dans ^ 
puissante ms^esté ; elle résumait l'unité des tribus»...* » 

La nature elle-même , en élevant le temple , avait pris 
soin d'y placer aussi l'autel. Ça et là, on voyait sortir du 
sol des rochers grisâtres dont le sacrificateur gaulois prit 
possession. Deux sources limpides» encore vénérées des. 
populations du voisinage sous les noms des deux saints 
qui, autrefois, possédèrent des oratoires sur la montagne, 
coulent de son sommet, et se précipitent, de cascades en 
cascades» jusqu'au fond de la vallée. Du sein des som.- 
bres foréis qui couvrent encore les flancs abrupts du mont 
sacré, s'élevaient des chênes aériens naturellement dis- 
posés pour recevoir les offrandes et les inslrunienls des 

sacrifices Ainsi se trouvait réuni dans un même lieu, 

tout ce qui faisait alors Tobjet de la vénération publique , 
tout ce qui constiCnait le matériel du culte druidique. Il 
était donc naturel aussi que le plateau du Beuvray devint 
le lieu le plus vénéré de l'Kduinie , le sanctuaire le plus 
renommé et le plus redouté de toute la Celtique. 

C'est là, en effet, dit un écrivain de nos jours (1), que 
le peuple des villes et des campagnes se rendait en fouie« 
à certaines époques de Tannée, mais particulièrement au 
printemps, pour assister aux prédications des pontifes du 
pays ou aux plaids des vieillards clioisis pour rendre la 
justice. C'est là, à travers les monuments du culte, quei 
les femmes, les enfants et les vieillards de Bibracte ve- 
naient, dans les temps d'une guerre dangereuse, chercher 
la sécurité et le salut , tandis que les hommes valides , 



(i; PieitRR<>VIX l»E CiRVntOkl. 



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tratKiuilles sur le soin des leurs, versaient leur i^ang sur 
les champs de bataille en combattant les enrahlsseiini 
tterilé^és de la patrie. . < . . 

' Les Ilbmaitts^ après fa eonqnête d68 Oades^ne dédal-* 
^nèrent pas la montagne sainte da Horvâmd. Ils éCdbllrent^ 
sur son sommet, un vaste camp retranché, le plus magnf- 
fl^ua des Gaules. Us ouvrirent des voies militaires pour y 
tfônnér un pins fàdle accès, et permettre anxl^ons, 
éantoniiéer à sa dme, de se porter, avec armes et bagages, 

sur tous les points où la paix et la tranquillité publiques 
pourraient être troublées. Un horreum ou magasin de vivres 
pour les hommes et de fourrage pour les chevaux y fût 
établi, et une somptueuse villa fondéé à côté, l'endroit 
du plateau oti se trouvaient ces'antiques constructions, est 
encore connu sous le nom de Parc-(ics-Ckcvanx (1). 

Exilées sur ce sommet glacé, les légions, après en avoir 
âiassé les divinités de la Gaule j y établirent le culte des 
dieux dé leur patrie, et y Urent rèUvre les fétès qui leur 
i^appelaient les printemps de ritalie. Flore, MaTa, l'une 
déesse des fleurs et l'autre déesse de la jeunesse ; Mercure, 
le dieu des marchands^ et jusqu'à l'impudique Yénus, y 
eurent leurs autels. Les fêtés des nouvelles divinités qui 
^y célébràient avec pompe le premier mercredi de mai ,' 
là revue des cohortes romaines qui avait lieu ce jour-là , 
y amenaient en foule la jeunesse et les curieux , non- 
seulement de Bibracte et de ses environs, mais encore des 
dtés les plus reculées des Gaules. 

De leiîr cdtié, les marchands, attirés par le culte de 
leur dieu protecteur et par l'espoir du gain, y accouraient 
. de tous les pays. Ainsi s'établit cette foire du premier 
mercredi de mai, coniîue, au moyen-âge, sous le nom de 

(1) nés tuiles cannelées ou à rebords , des débris de va^cs , de poterie 
antique , y ont été découverts, siosi que d«s urnes cinéraires et <jles mé- 
dailles gauloises et romaines. 



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Lite-du-Bcui rai/, et ({uc Guy CoquiUe dit avoir tfléiëitlye 
<lans toute la France. < 
. A la revue de» légions, 8acoédft»soml«IM4lléè m 
€ÊmÊfi^^*Mai da. tMie la noWiiiii ûakmBàm»t pri» 
fÊÊû ne rem tom ini twqu te lHinMlw 4f 
Glainc et de La Rocfae-Milay, et un touruoi qui Bejoem 
qa'en i^Ul (1). 

lOeii n'était [phif OHM 5 I^MiatéraMu^ àaipaa» 
iaele to«l mOKalM q«« prlMMil idon. la mmbéI 
Beuvray. A la Toix du Imnt banm La Ro <i a U B ay, ait 
foule de seigneurs, bardés de fer, s'élancent sur leurs 
vigoureux coursiers , et accourent , le casque baissé , la 
laK» en a? ant» suivis de lenrs varleto et de lenra hoeunes 



9 




3 





Urate la vitesse qne petit éomporter leur iwsaiie aranMi 

les évolutions alors en usage , se livrent des combats sin* 
gnliers^ s'entre^cboqueot rudement, et enfin décent an 
pas de course avee armes et iMigagen 
Cast an sortir d'un sendMable tonraol qne la baroK Jeift 

de ChâtiUon-en-Bazois, suivi de tous les seigneurs rénais an 
Rciivray (1), se rendit, en 1253, au Château-d'Autun, pour 
délivrer Guy de La Perrière, Tan de ses vassaux» détenu 
dans les prisons des chanoines , et s'atUra » en pmÉtien de 
Mte audace, le dittiment nempUdre dont nous avnns 
parlé dans rarliclc précédent. 

Au quatrième siècle , les fôtes païennes et le culte des 
dieux de Rome et de la Grèce étalent encore en honneur 
an sommet de cette montagne; Saint llarlin, évéque de 
Toufs, cet apôtre si connu par son aèle pour la destructleto 
des idoles, qui venait de renverser, au péril de sa vie, un 
ctiêne druidique sous les murs même d'Augustodunum (3), 



'1) TerHer de La Hoche, 17(KÎ. 
'S- mm ami' s et tquitatvri*. 
loijes p. 



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«84 LE' HORYAMX 

ne pottntft UÊÉKT MdNMer mr ciâte làqile éaot H avftlt 

entendu raconter des choses révoltantes. 11 se rendit donc, 
«I 376 9 au Beuvray» sans autre secours que celui de la 
piHre^iC vdOHilt, là coomie k Autao, mais non nos courir 
liB ttêlM dai^iers ^' à détniire iu calle sacril^ 
elesx, et érigea, à la place des aotéls des flunnesdivl* 
nités, un oratoire qui bientôt prit son nom , et devint à 
son tour le ^ut d'un célèbre pèlerinage. Xi€s deux sources 
da yiatein^ mgaèrt objet d'an respect ma^, furent 
eHas-iBdMS'dédlées l'one à saint Pierre , «t Fantre à saint 
Martin, d(Mit le nom eH ainsi restée Jusqu'à nos jours « 
deux fois inscrit sur la montagne. 

A ^extrémité méridionale du sommet, on remarque une 
tfoix monoflmtale^ érigée en i 851 par le Gonflé ardiéo- 
logiqne. SUe porte > au dessus de sa base, seulplée m 
relief, Tiroage de Saint -Martin entrant à Amiens et 
exerçant cet acte de charité héroïque connu de tous nos 
lecteurs. Plus bas, on lit: « A saint Martin» apôtre des 
Gaules, souvenir de jon passage an mont Bemnj en 
CGCLxxvi (1). » Cest là y dans son emplaoenient, que s'fie* 
▼ait autrefois l'oratoire dédié l'illustre évêque. Autour il 
existait un petit cimetière qui servait à la sépulture de 
çiinie ou dix-huit familles de laboureurs» dont on voyait 
encore» an dixnseptième siècle» les bahltations épanes 
sur le platea». Vers les Gaign&nnes se tronrail un 
logement destiné au chapelain ou curé; on le gommait 
vulgairement la maûon de Beuvray, 

La collation de ce bénéfice appartenait an prieur 
de Saha-Sffmfàorien d'Antnn» monastère fondé an 
sixième siècle» et dont le« moines regardaloit eux- 



(1) Elle fut bénite solennellement le 10 septcmbio de la même iinuée, 
ea présence d'un bon nombre d'ecclésiastiques, de la société éduetme, et 
<i*tiiie foule de petiple. 



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flitoe» uàMl MirtiB coauiie teiir pdi« (1). Sci ieifHi 
i'te?aleiit wdiBatremeat à mffle lims, et provenal«B| 

des dîmes perçues sur les terres cultivées du plateau , du 
produit de celles du village de rEchenault, de divers 
liéritagm légaéi par les seigneurs de Glalne et de la 
BociM-Mlby poipr le remède de kwrs âmee; de$ ogremiee, 
baieemmm, aUaeimu «mc et admennemt eu Um de Ca» 
tant ès jours des deux foires comme ès deux [estes de Saint- 
Martin, et peuvent bien valoir, de an pour autre, douze à 
f/uimze livres; et enfin de$ droietures et rebdevaneei peiféei 
jmr U$ wiarekands pour étaler ef vendre aux Jours de 
foires, et qui pouvaient produire ehecwi an de dena à 

trois livres (2). 

Les foires du Beuvray avaient lieu , Tune le premier 
Mercredi de mal^ et l'autre le 2 juillet. Cette dernière* 
la noias andeune» était franche. Mais les barons de Ia 
Roche-Blllay 9 eoiinie s^gneors féodaux, percevaient 
des droits considérables sur chaque pièce de bétail que 
l'on conduisait à la première. Un tarif imprimé et attacbé 
à un poteau, anuonçait qu'U leur était dû : ■ Pour 
deux taufs, six sous; pour deux taureaux, çiatres 
pour une vache veaulée, deux sons six deniers; pour 
une vache pleine, deux sous; pour une taure, autant; 
pour un cheval ferré, huit sous; non ferré, cinq; pour 
une cavale ferrée, autant; défierrée, quatre sous; pour 
chaque mouton, Inrebis garnie, chèvre et poic, dnq 
deniers (3). » 

On voyait, près de la chapelle de Saint-Martin, des 
loges établies pour les marchands drapiers; des tentes 
dressées sur le cimetière, où l'on vendait du vin; des 
estottx pour les paeiiers ou marchands de pelles; pour 

( 1) jnM du lepUèHM alècla de l'ablMye. 

(S) TerHêt4»8uhi t9 i i m fh eirt$», 1474; TerHtr i$ U Bodu, Vm. 

(8} /M». 



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î^'JèrraUlons vendant ouvre grosse ou factisse, desi-ii-^ 

èttt dtt fèr^A barres ôa îmçômé en instrument»; pour les 

nttdnieHf; 4éMtaéC'^'«0l'twiéii mt éit àeê hktM en pain; 

pour les cordiers, les fructiers , les verriers, les tépiniers 
on potiers^ les merciers, les pannetiers ou boulangers^ les 
jwrdhaiers et les marchands de harUleu ou tonneliers (1), 
Clei diveis commerçants devaieiiCy potff se lo^er dans 
les «fan», depuis un denier jusqu'à cînq «ous, dont 
le montant se partageait entre le prieur de Saint-Sym- 
phorien et le baron de La Roclie-31llay, à Texception du 
prodntt des loges du cimetière^ qui était ^ potr diaedne» 
de quatre deniers» et qui appartenait au prieur seul. 
• Les nobles barons de Glane (2)^ et les éires de La Roche- 
Milay, après eux , recueillaient des sommes assez consi- 
dérables sur leur foire du BeuTray ; mais Hs en firent 
pMf(ae toiqoins mi pietix usage. En 1220 Jean de Giiâ- 
tBIôtt fonda son antti?etsairé U Sept-Fonts, pour une rente 

dé quatre livres assise sur la lite du Beuvray. Odon, son 
ils, sire de Glane et de La Uoclie . en fit autant , en 1236, 
i>dur Alix de Glane, sa mère, àTabbaye de fiellevaux, 
an moyen d'one antre i%nte de cent tous de farts tHwmdU, 
qtill HSsIgna sur ce revenu; et confirma, f année suivante, 
celle de dix litres huît sons que cette vertueuse dame avait 
légu(îe aux religieuses de La Fermeté-sur-Ixeure. 

£n 1604 , la chapelle de Saint-Martin tombait en mines. 
Le procnrenr du roi de Sabit-Pierre-le-Moûtier« sur les 
fnstantés sollicitations dés poputatlons-dn Benvray^ Hédalna 
du prieur de Saint-Symphorien la réparation de rédifice 
sacré; mais celui d'Autun ayant saisi, dans ces circons- 
tances , le revenn de la chapeife ponr l'acquit des dédmes^ 
les choses en restèrent Uu En 1725, époque où le pla- 

• 1 } Terrier éit IkUni-Sympkorten ;Wi. 
[9) Aujourd'iii Glaine, 



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ÏX, MÔATANÀ. 

icau fut visité par Bénigne Germain , théologal de l'église 
d'Autun, alors occupé de recherches historiques, la cha- 
pelle de Saint-Martin , les chaumières des laboureurs et le 
iconvent de Gordeliers dont nous allons parler /n'oflhdent 
plus qne des ruines (1). 

Ce demieT établissement, le plus récent de tous cent 
^u'on remarquait au Bcuvray, était situé sur le versant 
nord de la montagne^ à peu de distance des ruines de 
la Yllla romaine. Il était connu sous le nom de ctmvent de 
Bihraete (2). Un petit canal qtd rentouralt , quelques tas 
de pierres sur lesquels ont crû des buissons , sont tout ce 
^ui en désigne l'ancienne position. Il avait été fondé , au 
quatorzième siècle , par les sires de La Roche-JUUay , qui 
le dotèrent de plusieurs pièces de terre, dont IHme , assise 
sur le versant méridional, porte encore le nom de Pâture- 

du-CouvenU 

En 1432, le baron Charles de Mello, et sa femme, 
reconnurent qu'Us devaient un franc de rente à Jean 
Espéron, prieur du Salnt-Symphorlen, k cause de la 
chapelle des Gordçliers de Beuvray. Bans une quête (}ue 

firent , seize ans plus tard , à Autun, les frères mineurs de 
ce couvent, ils reçurent luig franc du cardinal Rolin; et 
le 19 juillet 1567, les chanoines de lu catliédrale leur 
octroyèrent, por aulmosnes, afin qu'ils vaquassent plus 
soigneusement à Vestude des lettres sainctes et 'otaîsens, 
un ponson de vin d'anniversaire et deux sextiers de seigle 
par an. 

Ce couvent fut miné par un incendie en i 538. Il renfer- 
mait alors cinq religieux, savoir : firère Pierre Maulpain» 
gardien; frère Bernardin Mouschot, lisseur ou lecteur; 

Jean de Gray, Olynîpe Morelat et Jean de Marry, iils de 
Guillaume, seigneur de La Bussière. Ce dernier donna, pour 

.Ij Le Beuvray, p. 20. 

8} ?0hHijHi9t. de l'ordre de SaiiU' Fran-o:s , p. lU, 



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U MORYANa 

la recaistraethNi et Tentretleii û^ieetuy eùwmt, me somme 
de cent livres tournois h prendre sur ses biens échus par 
la mort de son père (1). Les religieux se fixèrent plus 
tard à Atttun. Mais les barons de La Roche-Miiay ne des 
perdirent pas de Yoe; Réné de Rousselé et Marguerite 
de Montmorency^ son ëponse , leur léguèrent le pré de 

Chiffonne de cinq charretées de foin, pour qu'ils vinssent à 
La Roche, chaque année, le 20 juillet et le 10 novembre, 
pour y célébrer deux grand'messes à leur intention. 

De ces divers monuments chrétiens du Benvray, 11 ne 
restait naguère qu'une croix de bois plantée là, solitaire, 
sur les ruines de ia chapelle de Saint-Martin. Les nourrices 
du voisinage venaient de temps en temps, après s'être lavé 
le sein dans Teau de la fontaine, se prosterner au pied 
de ce monument ébampêtre, et y attachaient une Jarretière 
ou un ruban rouge, afin d'obtenir une sécrétion laiteuse 
plus abondante. Les malades y déposaient aussi quelques 
légères offrandes , et un bâton de coudrier pour demander 
la guérison de la fièvre ou de toute autre infirmité. 

Ce (iréle monument avait enfin çédé lui-même aux vents 
et aux tempêtes et gisait à terre, lorsque le Congrès archéo- 
logique décida que , pour perpétuer les souvenirs histori- 
ques du Beuvray, une autre croix serait érigée à sa place. 
La religion et la science sont sœurs, il est naturel qu'elles 
se tendent une main amie et se prêtent un mutuel appid. 
La croix monumentale du Beuvray redira aux généra-* 
tions futures qu'au milieu du dix-neuvième siècle, alors 
que tous les liens sociaux seçiblaient rompus ou prêts à 
se briser, les deux nobles sœurs resserraient ceux qui, de 
tout temps j les ont unies. 

Le plateau du Beuvray « autrefois si féqnenté et si 
bruyant, n'est guère visité aujourd'hui que par quel- 
ques amis de la science et de l'antiquité. Ses réunions 



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LE AiORVA:^i>. 389 

périodiques des temps passés sont tombées^ ét c*est à 
peine si on en retrouve un fantôme dans la foire actuelle 

du premier mercredi de mai. Vainement l'archcolo- 
gue demanderait à la surface du sol des souvenirs celti- 
ques; l'ère gallo-romaine elle-même n'y revit que dans 
les vestiges de son camp retrandié et de ses voies 
brisées, la féodalité que dans l'histoire, le christianisme 
que dans une croix!!! Aux cris des guerriers, au bruit 
des fanfares, a succédé la voix plus douce, le chaut 
plus langoureux des pâtres du voisinage; le beuglement 
de quelques génisses et le bélemént des troupeaux ont 
remplacé le cliquetis des armes et le hennissement des 
clievaux. Une solitude et un silence, ù peu près complets, 
régnent aujourd'liui au Beuvray; et cette solitude et ce 
silence paraissent devoûr être étem^ !1! C'est amsl que 
tout passe. 

XI. 

SAVIGNY-POIL-FOL, autrefois POT-FOU, 

Sur une hauteur, à dix kilomètres environ à l'ouest 
de Laxy, loin de toute voie de communication^ on ren- 
contre un village uniquement composé de chaumières 

ça et là dispersées, c'est Savigny, jadis siège de Tune des 
trente -deux châtellenies du duché de Nivernais. JNous 
défions le mortel le plus perspicace de deviner, au 
premier conp^'ioeil» quelle Ait son antique Importance» 
Tlus de forteresse féodale, plus de vassaux empressés , 
plus de bailli ni de justiciables, plus de vie, tout est 
mort; Savigny est k peine aujourd'hui l'ombre de lui- 
même. Sa vieille église romane» bâtie sur le point eulni* - 



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390 LE MOBTAXD. 

liant de la colline, doinine tous les environs, (let édifice, 
près d^quûl on remi^que la motte de Vauci^ château des 
ducs de la province j ^ 4^ié à s^iot Georges» martyr, 
et situé en dehors du village, à l'ouest II se compose 
d'une abside avec une voûte à nervures, de deux cha- 
pelles latérales, et d'une nef, vaste carré où se trouvent 
deux anciens autels adossés à l'arcade du chœur. Son style 
est 1^ roman du dou2iôm& siècle. Au-dessus du portail de 
l'ouest, s^élève un petit clocher^ dont la seigneurie appar- 
tenait jadis au possesseur du fief de La Pommeraye. Il faut 
descendre plusieurs degrés pour y entrer. 
' Au bas du village , il existe un vieux castel 4u seizième 
siècle^, aiyourd'bui en naines ; U n'est armé que d'une seule 
tour. 

La paroisse de Savigny remonte au moins au neuvième 
siècle. Elle faisait jadis partie du diocèse d'Autun et de 
rarchiprêtré de Bourbon-Lancy. Le patronage de la cure 
appartenait alors à l'évêque diocésain» et les dîmes partie 
au curé, et partie au seigneur de La Pommeraye et aux 
religieux d'Apponay. Supprimée en 1801, elle resta unie 
à celle de Tazilly jusqu'en 1645, époque où 31. l'abbé 
Gorce, Originaire d'Auvergne > a été appelé à renouer 
la diatne des aMfw tlMdriSi Le premier curé connu 
est Blidiel Radon qui vivait en 1S65. Le nom de Jean 
de Vigsuzaîne, l'un de ses successeurs, n'est venu jusqu'à 
wms que par suitp d'un «grave démêlé qu'il eut avec 
messire d'fnaeael« seignepr de Bois-Q^t^. ancion M 
mouvant jde la diâtelleiiie » ei sitqé ^ l'extiémlté du 
territoire de la commune, à l'ouest Ce seignfsir avait 
obtenu, moyennant la promesse d'un calice d'argent, la 
pe^ipission de bâtûr ûm^ T^llae une çliapeUe qu'il dédia 
k a^ flUcbel; mais» en liemme de inauvaise My H refnn 
pins tard d'fixéi^nter son engagement» c'est pourquoi 11 fat 
cité par-devant le bailli de Savigny, et condamné à Uvrcr 

lH'<>Uiis^ Çiiçx ^ pa^ait.^u ^fû^^we siècle. 



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On croit que l évèque de ^'cvers, Jeau de SuNigin, que 
le clergé de France députa à Rome en i29ù, était issu 
des anciens seigneurs du César-François- Melcliior 
comte de Vogué , maréchal des années du roi et gouver- 
neur de Montniédy, était , à la fin du dernier siècle , sei- 
gneur haut justicier de Savigny, de Fours, de Ternant.... 

Ghanaux^ fief avec justice, appartenait, en 1612 , à 
J«an MaiMM^-éraytr, qui le leiait de Munw de fitor- 
gère, son épouse. 

La Pommeraye , seigneurie aussi en toute justice , était 
possédée, en 1575, par €baries de Cbargère, écuyer, qui,* 
cette «née j en donna dénombrameol an d«o de Nereri^ 
Ses enfimls^ François et Magddeine, en jooissaleei trois 
ans plus tard. l'aionne Des Jours de Mazilles, clicvalier 
de Tordre royal et militaire de Saûit*Louis , ancien capl^ 
taine de Taissean, en était léigDeur en 17^0. 
. Tous ces fleft étiietit moiivaÉls 4e la chftleileBie. de 
Savigny, ainsi qu'un grand iieiid)ni d*aiitra sHnés 4Êm 
les environs. Va\ 1226, la comtesse Mahaut, veuve d'Hervé 
de DiHttzy, fondu son obit Ix Apponay pour une reste &» 
fMnmie éioheU de seègie rez M 'UiàtatU d^OBome ctmbkis à 
pnlodve sur le piodnil de cette cMtcflenie. Cette reitfe 
éqeiTÉlait à quatre-vingts boisseaux deeeigle et cent huit 
d'avoine. Marguerite de France confirma ce legs en 1358, 
et ordoitta à son ckâtelain de l'acquitter chaque année 
eiectmciii ta bavonnle de Lwjr ïut inia« depeis te 
diiitae dèete jusqu'en 1443, àcette châteilenie. 

La commune de Sayigny rcmfehue trois cent se lMan te » - 
treize hal^itants, et une superflcic de mille sept ceut 
trente beotares (1). Le Bost, Cha^tel^ le MimUiirHiiî^ 
Comte, fA Place et I<a MrvéeeoBt ^TsmieetaHeindt 
sa d^MAdanee. 

• • • » . .« . ' i 



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393 



LE MOaVAIia 



SBIlELàY, Simuliacum, 

Sur la rive droite de l'Halène , à douze kilomètres envi- 
ron au nord-ouest de Luzy, on rencontre la commune de 
Semébtr» la qmatrième é« canton. Sa populatk» est de 
'doue cent quatre-vingt-trob habitants, et sa sapericie 
de trois mille deux cent soixante-douze hectares, dont 
huit cent trente -neuf sont en bois. Son territoire, que 
traTerse^ an nord- est > la route de Luxy k AlouUns- 
SnglilMit, et que THalène borne an sud» prodnit un peu 
de vin et beaucoup de céréales. Le cheMieu» situé an bas 
des hautes montagnes du Morvand , est connu par la dé- 
faite d'une compagnie gasconne qui eut lieu en 1423. 
QuelquesécrivaiBBfont venir son nom du celtique j^-m^/Iffc;» 
c'est-à-dire habitatloD sur la montagne » ce 4ui ponmit 
aveir quelque vralseoiblance , si on considère sa poslHon 
par rapport à la vallée de T H alêne ; mab d'autres 
pensent, avec plus de raison^ qu'il est tiré d'un temple 
dédié k Séméléy aère de Baocbus, le dieu du vin. On a 
cm retnmvw des vestiges de cet ancien temple pafen 
en iSSOy dans le village même. Une fouille mit au jour 
une enceinte carrée ayant tous les caractères des cons- 
tructions romaines , et des restes remarquables d'une mo- 
saliiue. Autour de cet édifice gisaient vhogt-^lx squeleUcs 
symétriquement dlqMSés. Des fouillés postérieures ont 
amené la découverte de plusieurs tombes en grès. 

La paroisse de Semelay, jadis du diocèse d'Autun et de 
Tarchiprêtré de Lusy, est très - ancienne. Elle doit son 
mlglne à un antique prieuré de Bénédictins londé> an 
enrièmesièdei par la puissante maison de GbâtiUon-en- 



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Lii MOHVAND. 393 

BtioiB» qui poMédalt alors la seignewle du pays et le 
éomWL au célèbre nonaslère de Qiinsf. n était iml à la 

mense de l abbé. 

Le fondateur s'étant réservé le droit de garde-gardienoOi « 
ses descendants L'exercèrent après loi. Ën 1250, U s'éleva » 
à celte ocearion, un diiéread frave entre GniUauaie III , 
abbé de €l«i7, el Odon de Gbatillon , sire do La Reehe- 
Milay. Les parties, après de longues et infructueuses dis- 
cussions, convinrent enfin de s'en remettre au jugement 
d'Ancel de Pommard 5 évéque d'Aulun, qui réussit à les 
conclUen L'accord fut rédigé par le prélat, et signé par 
l'abbé et le baron. Cehii-ci , content et satisfait , jura sur 
les saints AVan<7i7e5 que jamais il n'inquiéterait le prieur ni 
ses moines. Voulant, en outre, procurer l'observation de 
ce traité par ses successeurs, il soumit» pour cet efiet, tous 
ses biens aux évêques d'Autun, avec droit de les mettre en 
interdit et d'en excommunier les possesseurs, s'ils contre- 
venaient quelque jour à ce qui avait été arrêté (1). 

L'abbé de Gluny avait, comme prieur de Semelay, le 
patronage de la cure, nommait à celles de l*ouilly-en-liazois 
et de Saint-jUidiei-en-longue-Selve, Jouissait du droit de 
dîmes et de Justice baute, moyenne et basse dans son 
prieuré el toutes ses dépendances. Cette Justice fut réunie , 
au seizième siècle, à celles d'Avrée et de Saint-André-les- 
iMX^, et forma dès-lors uo bailliage connu sous ce dernier 
nom. Le terrier fut renouvelé en 176& Le cardinal de 
BouOlon était revêtu du titre de prieur de Semelay en i70i. 

L'église prieurale , aujourd'hui simplement paroissiale , 
est dédiée à saint Pierre, el se trouve dans la partie supé- 
rieure du village. C'est un ])el édiiice de style ron)an et 
de forme basilicaie; sa foadalion remonte au douzième 
siècle. Il se compose d'une abside avec trois fenêtres 

(1) GaUia Christ., tome tv» p. 401 ; GàMénn, Bi»t. dt VigUuiFÀuttf»» p. m. 
Ce prieurd M uni k celui de S«Mit-André-les-Lu7.y vers 1975. 



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594 LB ■ORVAi>p^ 

symboliques, dont les pieds^ralts sont garnis de eoknmesi 
d'un transsept avec deux aMdfotes, et de trois nefe sépa- 
rées par huit piliers carrés, flanqués de colonnes enga- 
gées et cantonnées en croix* Les diapitaux, bien que 
grossièrement sculptés^ sont précieux pour VblaUAre wnM^ 
tectonique. L'artisie y a représenté le Paradis, l'Eaifer, 

ta tentation, d'Ève, la volupté , le crime de Sodome. 

Au-dessus du transsept, sur le point d'intersection, s'élève 
une grosse tour roniano-bysantine, percée sur ses quatre 
faces de fenêtres géminées. La longueur totale de l'édifice 
est de trente-4r<ris mètres, et sa largeur, dans la nef, de 
treiae mètres trente-<lnq centimètres. Un éboulementy 
survenu en 1782, emporta toute une travée, et fit dispa- 
raître le portail qui, dit-oo, était très- curieux. Messire 
Bouclieret, curé de Semday , assista à l'assemblée prépa*» 
ratolre des états-g^ranx de 1789 (i). 

Le territoire de la commune renfisrmalt Jadis plusieurs 
fiefs dont nous allons parler. 

La JSussière (2) , h l'est, caste! du quinzième siècle, bâti 
dans une magnifique situation arec des caves creusées 
dans le roc^ était le dége d'une seigneurie avec Justice 
moyenne et basse , qui mouvait du comté de La Roche- 
Milay. Cette terre appartenait, au moyen -Age, à une 
noble famille qui en portait le nom. Hugues et Guy de 
La Bussière, frères, assistèrent, en 1146, à rassemblée 
de Vézelay. L'année suivante. Ils signèrent, en qualité de 
témoins , l'acte d'une donation que fit Ponce de Montem- 
puis au prieuré de Coulonges , près de Cercy-la-Tour, et 
partirent pour la Palestine. Pierre , chevalier, seigneur de 
La Bussière, de Ghiddes, de Buzoo, des Foiges, de Lan 
et de Harry 9 donna dénombrement de ces êeh en Îhh5, 

Un deml-siède plus tard, Jean de Ganay, cbevafier, 

(I) N. d*Amfr«vnie était curé de cette paroisse en ISM. 
(9) MuxtHu. Il y mit, en I79i), «ne ohapeHe domestique. 



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baroB de Persan^ prenuter iirésldent au pariemeut de Pails 
et chancelier de France , était possesseur de La Bossière ; 

il en fit foi et honiniage en 1507. Guillaume de Marry, 
chevalier, seigneur du lieu, de Villaine-le-liaujon, de 
Montécot» de SoUères..., eu lit autant en 1535 (1). Jeanne^ 
sa flUe> ^^oosa noUe liomme Imtot de Paris^ dont lea 
desceadants embrassèrent chaudement les erreurs de 
Calvin , dans lesquelles quelques-uos ont persévéré jusqu'à 
la lin du dernier siècle (2) , et lui porta les c,'rands biens 
de sa maison. Ce seigneur donna plusieurs pièces de terre 
à des hommes de serve condition moyennant trente-deux 
livres tournois de rente , deux boisseaux de seigle , mesure 
de La Ro<^e-III0ay9 trois gelines et quatre corvées à 
bras (3). .lacques de i aris, seigneur de Monlécot, et 
Guillaume > sou fils 9 eu jouirent après lui. Kdme de La 
BussièrCy ancien olfider de cavalerie , chevalier de Saint- 
Louis , en était possesseur en 1789. d'est aujourd'hui la 
propriété de RL Gharleuf. 

Au nord-est du manoir, se trouvait naguère un dolmen 
remarquable, vulgairement nommé Pierre -de -Prébis. 
Une curieuse légende populaire racontait ainsi l'origino 
de ce grossier monument : « Un jour le diable s'empara 
d'un bûdieron, beau jeune homme du reste , et se prépa- 
rait à l'emporter au noir séjour, lorsqu'il lit rencontre 
d'une belle dame blanche, dont le cœur compatissant fut 
touché du triste sort du pauvre campagnard. Le délivrer 
des griffies de satan, fut la première pensée de la noble 
Prébis, car tel était le nom de la belle dame dont la ren- 
contre avait été si opportune. Mais quel moyen va-t-elle 
prendre ? £Ue connaît Torgueil qui bouillonne au fond de 

(1) Il était mort en 1538 , époque où -Jean , son fils, ae fit moiae aa cm* 
veat dea Gordeliera de Beuvray. Charlotte de BouUUat» aa veave» ae re» 
' maria à I^ilibert de Barrault , seigneur de Hqntmort. 

(S) Voyes l'art, do Cervon. 

(8) Archiv. de La Rocbe; Mbwn du jfivtrn., tome it. 



y" 



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196 LB HORVAND» 

tout l'êlre de l'esprit infernal, et c'est à cette passion, 
principe de sa perte , qu'elle s'adresse tout d'abord. » 

« Prince da pins puissant en^ire^ noble et géaémx 
UndÊer, lui dit-:eUe« tous ne mépriserei pm ma prière; 
Jefieus vous redemanda ce Jeune bonne c|ul n'est cber 
à plus d'un titre , et vous promets que ma reconnaissance 
ne restera pas au-dessous du bienfait Un tr6ne digne de 
vous sera élevé par mes soins dans ce lien mène» et vous 
règneres sur toutes ces montagnes» » 

« I*j consens, répondit Fange déehu avec un sourire 
qui ressemblait à un grognement , et où perçait la four- 
berie, j'y consens pourvu qu'il soit dressé avant qu'appa- 
raisse Tastre maudit dont les rayons fSitiguent mes rei^ds 
et me forcent à quitter cet hémisphère, t 

t Déjà les premiers feux de l'aurore avaient doré les 
campagnes, déjà le sommet des montagnes commençait à 
blanchir au loin, et l'esprit de mensonge ne doutait pas 
que le soleil ne parût sur l'boriion avant l'exécution de la 
promesse : c Deux voyages, au moins, an flanc de la 
montagne , se disait-il en ricanant , deux voyages dans 
un si bref délai , seraient chose au-dessus du pouvoir des 
puissances de mon empire. » 

« Aussitôt la condition est acceptée, et Préliis, pronq|>te 
comme l'édair, vole à la montagne, en arrache trois 
rodiers , puis , plaçant le plus gros sur sa tête , et saisissuit 
les deux autres de chacune de ses mains délicates, elle 
revient, plus rapide que la biclie, déposer son pesant 
fardeau aux pieds du diable, qui commençait à frémir de 
rage. » 

« En un clin-d'ceil le principal bloc couronne les deux 

autres et le trône est élevé. Il était temps, car à peine 
l'admirable Prébis, rayonnante de joie , s'était-elle élancée 
sur la pierre pour suivre des yeux Lucifer dans sa fuite , 
que les rayons du soleil vinrent dorer sa blonde cheve- 
lure. » 



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LË MÛR V AMD. 397 

Depnif plmlMirs asnées d^à le dolMD a disparu» malc 
te sMveiilr de la dame Manche est resté. 

Marry- sous -la -Vieille -Montagne, hauineau situé au 
Dord de Seinelay, était une seigneurie en toute justice , 
qui mouvait aussi du comté de La iiodie-Milay. Oa 
y voyait autrefois uoe maison- forte , qui a totalement 
disparu. Cette terre a donné son nom à d'andens seigneurs» 
qui la possédaient au douzième siècle. Guy de Marry , 
cbevalier» assista, eu 11 ^6, à l'assemblée de Vézelay, et 
partit ensuite pour la Palestine. Ses descendants embras- 
sèrent plus tard les erreurs de Calvin. 

Partagée vers l'an 1$00» elle forma, depuis cette 
époque, deux fiefs aussi en toute justice, dont l'un fut 
uni par Guillaume de Marry, chevalier, à celui de Là 
Bossière ; l'autre fut annexé k la terre de La Montagne- 
Saint-Honoré. * 

Le llartray» à l'est ; jolie maison de campagne sur une 
hauteur, était un troisièiiie ficf mouvant de la cliàtellonie 
de Luzy et charge d'une rente en seigle envers l'ancienne 
diartreuse d'Apponay. Louis de Gotignon eu était pos- 
sesseur en 1699. C'est ai||ourd'liui la propriété de la 
fkmiUe Bonnean , dont un des membres porte ce nom. 

Au fond de la vallée qui se développe au sud-ouest , se 
trouve un monticule, où l'on remarquait encore naguère 
«ne vieille tour , qui servit à César-François Cassini de 
Tbury pour faire la carte des environs; c'est tout ce qui 
restait alors d'une ancienne maison-forte connue sous le 
nom de Monlécot (1). Ce chiUeau était le siège d'une 
seigneurie avec justice haute , moyenne et basse , qui 
relevait en fief des ducs de Nevers, et en arrière-iief des 
eomtes de La Roche-lllilay> par suite d'un aeeord fait 
«n 1$26 entte Girard de Cbâtillon et Louis II de Crécy. 
Ou croit qu'il Lirait son nom de Gotus, fameux Éduen qui, 

(1} Df Monte Coti. Il y existaU autrefois une chapelle dédiée A sainl M«rc. 



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39A Lt MORVANI». 

cinqii.inle-qualro ans avant Jésus-Christ, disputa la dignité 
de vcrgobrel à ConvictoUtan et faillit mettre sa patrie en 
révolatlon. 

Aux douzième et treiiième sfèctes^ la terre de Montéeot 

appartenait à la noble maison de ChâtilIon-en-Bazois , de 
laquelle elle passa à Pliiiibert de Chaniprobert, ou de 
Poligny. Jeanne y fille de ce deroier^ la porta ^ en 1414, à 
Jean de Gharency, écuyer, qui en donna^ la mémt année» 
dénombrement au ciiâlean de 1^ Rodie-MUay. Kn 1513 , 
elle était possédée par Philippe de Morogues, seigneur du 
Plessy, de Cliamprobert.... issu d'une antique famille, 
qui portait : « D'azur au chevron d'or, accompagné en 
pointe d'one étoile d'argent, an chef ooosu de gueules, 
chargé de trois étoiles d'or (1). » Jean, son fils, et 
Guillaume de Marry. son j^endre, en jouissaient en 1530." 

Robert de Montéeot , que l'on croit avoir été fils de 
Jean de ftlorogues, ayant refusé d'eii faire foi et hommage, 
vit saisir féodalement son fief, en 1579, par les officiers 
du baron de La Roche-Milay. 11 Ait appuyé dans cet acte 
d'insubordination par lo seigneur de Ternant , qui pré- 
lendit que cette terre mouvait de sa baronnie; mais un 
arrêt, daté de Tannée suivante, maintint le sire de La 
Roche dans ses droits de suzeraineté. 

Jacques de Reugny l'engagea , vers 1554, an chapitre 
d'Autun , dont le doyen fit loi eî liommaj^e en 1605. Un 
siècle pUis tard, elle appartenait h Jacques de Paris, sei- 
gneur de La Bussière , duquel elle passa à Charles de Huel, 
puis à Edouard Pautrolot de Grillon. Gelui-d soutint, en 
1767, pour le droit de préséance à l'église de Semelay, 
un long procès contre le sire de La Montagne; mais 
Jean-Marie vSalIonnyer de Montbaron, ayant démontré, 
au moyen d'anciens titres de fondation, que ce privilège 
appartenait à ses prédécesseurs, Ait maintenu dansée droite 

•' l ' Mémoires «f« ratielnault. 



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LE MORVAND. 3d9 

le nctsy, pavlUoii aeigneniial sltoé an pieé de la 

butte de MoDtécot , était un autre (ief en toute justice . 
qui reconnaissait la même mouvance. 11 a appartenu aux 
maisons de Meuclièse, de Huel en 1650, de Grillon un 
alède piitt tard, et eito à ceUe de Gbaigère. 

Geint de Frénouiet^ ansel avec Jostlce hante» moyenne 
et basse, relevait de la seigneurie de La Montagne. Il 
était possédé, en 1719 « par Pierre-Antoine de Jauconrt, 
«wrqnls d'JSspeuillea. 

. XIII. 

0 

TAZILLY, Taziniacum. 

Ce village > cbef-Uen d'une commone de treize cent m 

ihabitants et d'une superficie de quatre mille cinq cent 
quatre-vingt-sept hectares (1) , est situé dans une large 
vallée» à huit kilomètres environ à l'ouest de Luzy. On 
tnmve dans ses environs dn minerai, de fer de deuxième 
«pullté et quelques dos de vignes. Le sol sur lequel 11 est 
bâti, est plutôt argilo-sillcenx que granitique. Deux routes 
importantes. Tune au nord-est et l'autre au sud-est, tra- 
versent la commune ; mais elles laissent TaziUy k quelque 
distance dans les terres. 

Nous avons parié de la paroisse de Fléty» qui est formée 
d'une section de cette commune» Il nous reslQ à traiter de 
celle de Tazilly (2). 

Cette paroisse ^ la plus considérable des deux , faisait 
jadis partie du diocèse d'Autun et de Tarchlprêtré de 
BonrlMm-Lancy. Le patronage de la cure af^artenalt 

(1) Cinq cent quatre sont en forêts. 

{9) Plétjr a ^lé érigé en commune en M9S. 



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400 LE MORVAMIK 

alotB a« clmpidre TeiwiBt ^ déelimlieur imrm* «m mrtle ; 

le marquis de La Noclc , seigneur do clocher, el le comte 
de La Roch€-i>lilay, se partageaient le reste des dioies. 
L'église paroissiale * dédiée 4 saint l>enis Taréoiiagile» en 
de style rosian, et date du toimmiiieiil éA éûwàètàê 
sièele^ Elle m coofKise d'one absfede é(ffoile> flanquée 
de deux chapelles formant ime espèce de transsept, et 
d'une nei percée de baies à meurtrières , qui aBDOUceai 
la même époque. Au-dessus du chœur s'élève uae grosse 
tour romane 9 que supportent quatre arcades en pleln- 
datre. Cette église, encore entourée du cimetière, con- 
serve des marques de l'incendie qui la consuma au seizième 
siècle. Antoine Perrin, curé de Tazilly en 1787, assista à 
l'assemblée préparatoire tenue à Nevers avant l'ouverture 
des état8*généraux. 

Ce village eut autrefois des seigneurs de son nom. 
Guillaume de TaKilly, l'un d'eux, fit foi et hommage de ce 
llef à Ternanl en 1461. Le marquis de Montbrun , seigneur 
de La JKoclc^ le possédait au dernier siècle. A peu de 
distance 9 à l'est ^ on remarque le castei de Marsandé» 
construction dti sefrième» avec «n^ liante tour. Il apparu 
tient à la maisoA Mathieu. Jean, écuyer, l'an de aea 
membres, était, en 1650, seigneur de Saiut-Uonoré en 
partie. 

Cliigy4e^Aloiiial , au sud, chateaa modenie, MttI sur 
une hauteur, d'oh l'on jouit d'un Joli eoup-4'M, dMt 
autrefois un fief diable avec Justice moyenne et basse» 

qui mouvait de La Roche-Milay. Il a long-temps appar- 
tenu à la famille du Crest de Ponay. Charles, écuyer > 
seigneur de Moiitarmfii, de Ponay...». > y avait fsadé,. 
en 1663, une chapelle, oh les tikuiolne» de Tertoim 
ètaleat tenus de célébrer la messe tous les vendredis en 
carCme, et de dcn.v vendredis l'un le reste de rauncc. 
Denis-François de Gersalion , sieur de Mdy . et l'un des 
deux cents chevan^légers de la garde du roi^ fit foi et 



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LE MORVAND. 



hominage, en 1706, du principal fief. Pierre Brusetu de 
Vitry , seigneur de Ghanlevrier, le posséda ensuite. Le 

marquis de Leusse, propriétaire de Chigy en 1825, a 
laissé cette terre i\ M. Bignon , son gendre. 

lie second iief a appartenu a la maison de Chargère. 
Antoine Moncbanin» procureur fiscal d'Issy-l'Évèque» en 
fit foi et hommage à La Roche-Miiay en 1706. 

Ponay-lès-Savigny , dans une gorge , près d'une forél , 
au nord-ouest, est un castel qui, au dix-septième siècle, 
remplaça une maison -forte, et semble tirer son nom 
des anciens étangs qui TaToisinaient Ce château était 
autrefois le siège d'une seigneurie avec haute justice, qui 
mouvait de la châtellenie de Savigny. Jean des Choux, 
écuyer, en était possesseur en l'an 1300. Marguerite, sa 
fille, la porta, peu de temps après, à Jean de Semur, che- 
valier, qui en donna dénombrement k la cour des comptes 
de Nevers. Robert, fils de ce dernier, jouissait encore de 
Ponay en 1398. n le laissa, uu peu plus tard, à Guyot de * 
Semur, qui eu renouvela Tiiommage en 1^37. Gilbert du 
Crest, issu d'une ancienne maison, qui portait ; « D'argent 
à trois iKindes de gueules, » en était seigneur an milieu 
du seizième siècle, n était mort en 1570, époque où Anne 
Le Bourgeoi», sa veuve , fit foi et hommage du fief de 
Chigy. Cette dame en lit autant pour Montarniin et Ponay 
en 1577. Hugues, leur fils, laissa, à son tour, cette terre 
a Charles, dont il a été iMurlé plus haut Jean du Crest, 
écuyer, ancien olfider au régiment d'Alsace , qui en pre- 
nait le nom, en a été le dernier seigneur. 



PIN DU PR£M1£K VOLUME. 




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TABLE DES MATIÈRES. 



AxANT-pnoPos. — Exposition des motifs. — Sources el i-ensei- 
gnemento. — Divisîoo de l'ouvrage. 

prëmièae partie. 

COliP-D'QBIL âUR LB PAYS. 

Chapitbk l*'. — Etymologie du mot liorvaiid. Situation de 
cette contrée. — MontogneB , leur élévation au-dessus du niveau 
de la mer, leur nature. ^ Forêts. — Flottage A bûches perdues , 
en trains. Rivières et ruisseaux. — LTonne et ses affluents. 

— La Cure , ses affluents et l'étang des Sétons 4 

Chapitre II. ^ Mines et Métaux. — Thermes de SaintrUonoré. 

— Sol du Morvand , sa nature , cause de sa stérilité , moyens de 
le rendre plus fertile. — Productions , le seigle , la pomme de 
terra» le svraain, la vigne, la navette, le chanvre, les petits- 
navets , les fruits , les simples. — Animaux domestiques. ~ Les 
boMfe, leur espèce, leur utilité. — Les chevaux, leur vigueur, 
leur réputation. — hu moutons. — Les porcs. Animaux.sau- 
vages. — Aspect général du pays. Température. — Orages. — 
Monuments de l'antiquité. — Dolmens druidiques. — Fées ou 
prêtresses gauloises. — Époque gallo-romaine. — Postes militaires. 

Voies anciennes. — Lo moyen-âge 41 

CHAPiraB m. — Caractère des Morvandeaux , leur origine , 
leur tempérament, leur amour des procès. Leurs mœurs , leur 
esprit religieux , leur régutarité d'autrefois, leurs jurements et 
auperatitions. —Usages païens, vames observmices. . . S5 

Chapitre IV. — Nourriture des Morvandeaux , leur snnlo 
robuste, leurs vtHements. — Costumes. — Industrie agricole. — 
f>migralions , leurs roiiséqueuces. — Patois , sa formation. — La 
Yeuvr et h Ttèmr fies Rameaux . légende morvandelle. . 35 



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TABLE DES MATIÈRES. 

DEUXIÈME PARTIE 



mSTOIRË GÉNÉRALE DU MORVAND. 

Chapitre l^, — Cou(»-d'œiI sur la Gaule celtique , sa situation , 

son éU'tidue, sa capitale. — K[i]ii;ratiQns gauloises. — Usages des 
Celtes , leur caractère , leur religion, — Les druides . leurs 
croyances , leur autorité , leur culte. — Gouvernement du 
peuple éduen 49 

Chapitr e 11. — Alliance des feduens et des Komaina. — Guerre 

des Séquanes. — Émijjxation dos Helvètes. — Troubles à Bibracte, 
assemblée à Decize. — Eporédorix et Virdumare. — Soulèvement 
a:éiiéral contre les Romains. — Vorcingétorix élu tj;énéralissime , 
sa défaite , sa retraite sur Alise. — Conquête des Gaules. . 60 

Chapitae III. — Révolte et guerre du Morvand. — Tribus 
insoumises, leur défaite à Moux , à Montsauche, à Dun-les-Places. 

— L(?s druides en Morvand au sixième siècle. — • Les Romains 
construisent des voies militaires , des villas , des thermes. — Le 
culte de Rome est substitué à celui de la Gaule. — Proscription 
des druides par Auguste. — Le christianisme aux prises avec le 
(irnidismti 7Q 

Chapitae IV. — L'Evangile est préchée en Morvand. — Saint 
Andoche à Autun , à Sauiieu , son martyre. — Le Beuvray , sa 
consécration au culte païen , concours à son sommet. — Saint 
Martin à Autun, au Beuvray. — Les barbares envahissent les 
Gaules. — ^ Les Bour^^tignons et les Francs. — Saint Germain à. 
Sauiieu , sa mort à Ravcnne , son convoi à travers le Morvand y. 
^sainte Magnance. — Attila et les Huns, leur irruption ^ leur 
défaite 81 

Chapitre V. — Progrès de la religion chrétienne , elle devient 
dominante. — Fondation d'abbayes. — Saint Merri en Morvand , 
sa retraite à La Celle-les-Autun , il est découvert par ses moines. 

— Les Sarrashîs envahissent les Gaules, leurs ravages. — Ils sont 
vaincus par Charles Martel. — Saint-Andodie de Sauiieu , Saint* 
Martin «i'Autuu^ Saint-Prix de Flavigny sont dépouillés de leurs 
biens par ce guerrier. — Mort de Charlemagne , règne tumultueux 
<le son fils. — Les Normands parcourent la France, ils sont 
wincus rlans l'Avallonnoi.^ î>.'î 



TARl.K DM MATIKRRS. 

('HAPtTRR VI. — La féodalité , son ori ;ine , aes ronst^jiKmces. 

— Aspect dos campagnes et des villes au moyon-âge. — Prieurés 
et paroisses établis. — Siège et prise d'Avallon par le roi Robert. 

— Horrible famine de 4030. — Pèlerinages pieux. — Première 
croisade. — Le pape Calixte II à Saulieu. — Assemblée de Vézelay, 
deuxième croisade. — Artaud de Chastellux et les preux du 
Morvand. — Mauvais succès des croisés, leur mort en route. — 
Parlement de Pierre - Perlhuis , condamnation do Grérard de 
Vienne. — Fondation de la chartreuse d'Apponay. — Troisième 
croisade 404 

Chapitre Vil. — Affranchissement de Vézelay, d'Avallon , de 
Saulieu , de Château-Chinon , de Lormes , de Luzy, de Corbigny... 

— Ligue contre la France. — Bataille de Bouvines. — Pierre de 
LaToumelle, son courage» — Hugues do Lormes ^ ses bienfaits. 
— 11 fonde la chartreuse du Val-Saint-Georges. — Croisade de 
Thibault IV, comte de Champagne. — Maladie de saint Louis, 
son vœu. — Quatrième croisade. — Seigneurs du Morvand. — 
La lèpre , sa nature , ses effets. — Léproseries fondées. — Saint 
Louis à Vézelay. — Guerre du comte de Nevers et de l'évéquo 
d'Autun. — Bataille de Saint-Verain. — Dreux de Mello. — 
Invasion des Anglais, leurs ravages. - Le roi Jean e.->t fait pri - 
sonnier. — Les écorcheurs, leurs brigandages 420 

Chapitre VIII. — La France est divisée en deux factions puis- 
santes. — Los Armagnacs s'emparent de Château-Chinon. — Les 
Bourguignons assiègent cette ville , ils y entrent par composition. 
— Assassinat de Jean-sans-Peur. — Le daii phin , depii is Charles VII , 
est exclu du trône , guerre à cotte occasion. — Claude de Beauvoir 
prend Cravant , il rend cette ville au chapitre de Saint-Etienne 
d'Auxerre. — Siège et prise d'Avallon. — Famine . pain de racines 
de fougères. — Meneasaire et Reclennes brûlés par les troupes du 
dauphin. — Rédaction de la coutume du Nivernais, assemblée 
à Moulins-Engilbert. — Louis XI monte sur le trône , troubles. — 
Charloft-le-Témorairo brûle Chàtoau-Chinon. — Il envoie le conito 
de Roussy tomber sur le Nivernais. — Prise de Moulins-Engilbert. 

— Bataille de Sermages. — Louis XI en Morvand. — Le duc de 
Bourgogne meurt , réunion de cette province à la couronne. — 
Prise de Saulieu et dei châteaui de Maraut, Villarnoult.... — 
Grand hiver, gelée des 3<*igles, processions 437 

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i06 TABLE DES MATIÈRES. 

Chapitre IX. — La féodalité tombe. — Louis Xlt en Morvand. 
Saulieu ravagé par la pi^ste. — Robcurs défaits à Lucenay. — 
Translation des reliques de saint Lcizaro ci'Avallon. — Lulhor 
doi;malisc\ — Les huguenots à Corl)igny. — Siège d'Avallon par 
le duc des Deux'Ponte. — Les calvinistes brûlent les églises , leur 
cruauté) leurs prêches» — Arrêt des Tixier. — Ligue catholique. 

— Épidémie , elle ravage Chàleau-Chinou. — Henri IV parvient à 
la couronne. — - Prise de Saulieu, — Attaque de Lormes , il est 
défendu par les femmes. — Prise de Château-Cbinon. — Pillage 
de cette ville. — Lormes se rend. — Attaque d'Avallon , prise de 
rPtt.fi vilifl ■ . . . . . . , . . . . . IM 

Chapitre X. — Mort de Henri IV, troubles à cette occasion. — 
Garnison à Chastellux , prise et reprise de cette forteresse. — Le 
comte do Montai. — Le maréchal de Vaubnn et le prince do 
Condé. — Grandes gelées. — Peste à Avallon. — Disette terrible. 

— Établissements religieux en Morvand 474 

Chapitre XI. — Hiver extrêmement rigoureux. — Disette. — 
Épizootic , elle ravage la France. — Famine. — Orage furieux. — 
Nouvelle épizootie dans toute l'Europe. — Les seigles germent 
dans les champs , les foins pourrissent dans les prés. — Étals- 
généraux, la révolution éclate. — Nouvelle organisation de la 
France. — Constitution civile du clergé, persécution. — Mort de 
Robespierre. — Amour des Morvandeaux pour Napoléon l". i 80 

Chapitre XII. — Chute de l'empire, invasion. — Les alliés en 
Morvand. — Le camp des Latois. — Le curé d'Alligny , épisode. 

— Disette et famine. — Exécution do sept voleurs à Chùteau- 
Chinon. — Louis XVIII. — • Visites épiscopales. — Révolution de 
juillet 4830. — Gouvernement de Louis-Philippe. — Incendie de 
Planchez. — Sécheresse , processions. — Pont de Gouloux. — 
Bruits d'incendies, troubles. — Putréfaction des pommes de 
terre lO.-^ 

Chapitre XUL — Révolution de février 4848, proclamation 
de la république. — Émeutes, leur répression énergique. — 
Incendie à Brassy . vol de vases sacrés à Dun-les-Places. — Le 
choléra. — Le socialisme. — Établissements religieux. — Menas» 
tère de la Pierre qui- Vire. — - Églisi^ rebâties ou agrandies. — 
Basilique des Places, sa censécratiQn . json fondateifr. . . %01 



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XÀSLK D8S MATIKR^. iiil 

TROISIÈME PAUriË. 
DESCRIPTION ET HISTOIRE LOCALE DU MORVANO. 

Pages. 

Ancienne division de la contrée M7 

Morvand Nivernais 215 

CANTON DE CHATEAU-CHINON M5 



Château-ChinoD , sa situation et description , étymologie de 
son nom , son vieux château et le prieuré de Saint-Chris- 
tophe , fortifications « gouverneurs de cette ville , établis- 
sements féodaux et seigneuriaux ^ couvent de capucins , 
paroisse, curés, confréries, église, hôpital, commerce et 



industrie , malheurs et désastres , épidémies 

Ancien comté de Château-Chinon et ses dépendances. . . 2M 

Seigneurs châtelains et comtes 2il 

Château-Chinon-Campagne, chapelles , fiefs 256 

Arleuf, commune, paroisse, église, château, terre et 

marquis de La Tournelle 2M 

Châtin , état civil et religieux 268 

Corancy, paroisse , église , chapelle do Faubouloin , assem- 
blées , terre de Maison-Comte 2Î0 

Domraartin, situation , église, paroisse 22S 

Frétoy , ancienne famille de ce nom , le Fou-de- Verdun. . 277 
Glux-en-Glaine , ses antiquités, source de ITonne. . . 279 
Montigny-en-Morvand , seigneuries du Bruys , de Chamoy. 2â2 
Montreuillon , prieuré , chàtellenie , Saint-Maurice, baronnic 

de Chassy, pont-aqueduc 286 

Poussignol-Blimes , paroisse, prieuré, chapelle, cliàteau de 
Quincize , fiefs d'Estoules, de Poussains. ..... 2âJ 

Saint-Hilaire-en-Morvand, paroisse, seigneuries d'Argou lais, 
de Chaligny, de Mouasse; maisons de Chabaunes, de 
Chaligny, de Champ-de-Saint-Lé.^er 297 



Saint-Léger-de-Fougeret , paroisse , incendie , château , fiefs. 
Saint-Péreuse-eu-Morvand , situation , ancienne collégiale , 

châteaux de Solières , de Besne, de Chandiou , baronnie. 
Dun-sur-Grandry , étymologie, église; Grandry, berceau 

d'une famille de ce nom ; Champausserin Mi 

CANTON DE LUZY, aa situation , aspect du poys. . . 



40tt TÀttl.tt Dt^S MAIIKHES. 



Luzy, étymologie , forteresse , peste , fortifications, églises, 
hôpital» prieuré de Sainl-André , «npomblée d'évéques, 
baronnie, ses dépeudanoes, barons; comté de MazïUes, 
Sain^Germain , de Paris; Montarmin, Monteuillon. . "317 

Avrée , paroisse , prieuré 838 

Chtddes, paroisse, èhapelle de Saint- Jean -des- Ciirlils, 
Chan lévrier , Champrobert , carrière de marbre , mine de 

fer ; Couloise , Villelte-les-Forges , La Garde 334 

Flély, La Goutte, Tourny avec commaDderie de Malle, 

château de Vaux 340 

Lanty, terre et seigneurs de ce nom 342 

Milay. d'où vj/^nt ce nom , église , ruines romaines, ancienne 

terre, La Vallée, La Meuloise, Magny 344 

Poil, sa situation, seigneurie du Monceau, siège de ce 
château ; Goncley, ftunille de Gévaudan ; Villette, Este- 
vaux, PierreÛtte, Thit 849 

Remilly, ancienne famille de ce nom, Tour de Bault, 

maison de Manmigny , Saint-Bfirhel-en-Longue-Selvis. . 353 
Chartreuse d'Apponay , sa fondation , son gouvernement , 

ses malheurs, ses prieurs ; La Boue 355 

La Roche-Milay, sa description; le bourg, son ofTrancliis- 
sement; paroisse et étirés, balliai;e, canton, Touleurs. 
château ; ancienne baronnie, ses dépendances, son érection 
en comté ; barons et comtes , prieuré de Vanoise , Saint- 

Gengoux ; château de Rivières , Cou veau 364 

Le Beumy, sa situation , son nom , sa destination antique , 
camp romain , assemblées^ tournoi , foires , saint Martin , 

sa chapelle , couvent de Cordeliers 378 

Savigny-Poil-Fol ; paroisse, église, châtellenie, Le Bois- 

Gizet , La Pommeraye 389 

Semelay, prieuré, église, antiquités, La Bussière, légende, 

Marry, Montécot , Le Martray, Le Plessy 392 

Taziliy; paroisse, église, châteaux de Ghigy-le-Monial , do 
Marsandé, de Ponay 399 



VIS DE LA ÏABLR I>|: PHEMIEH VOLUMK. 



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ERRATÂ. 



Page 44 , ligne 5, Waller-Rawelegh , lisez : Waltcr-Rawlegh. 
28 , dernier alinéa , ligne 3, patriarchales, lisez: patriarcales. 
4i , ligne 45 , se tarent , lisez : se turent, 
50 , dernière ligne , Moroau de Monteur , Usez : Moreau de 
Mautour. 

64 , ligne 9 , de vergobret , lisez : du vergobret. 
66 , ligne 24 , Kercy, lisez : Quercy. 

4 01 , ligne 22 , pieux ce monarque, Usez : ce pieux monarque. 

112, ligne 3 , Pascal H , lim : Calixte II. 

4 39 , ligne 24 , avec honiiéuia , lisez : avec les honneurs. 

4 66, note (2), inventaire des litres, lisez : inventaire des titres. 

476 , deuxième alinéa , ligne 48 , pièces de canon à Philis- 
bourg , qu'il plaça dans son château. Enfin , 
prises en 4703. . . lisez : pièces de canon prises 
ù Philisbourg, qu'il plaça dans son château. 
Enfin , en 1703.... 

482 , ligne 4, supplications nombreuses publiques , et des pro- 
cessions , lisez : des supplications publiques 
et des processions nombreuses. 

227, notes, ligne 47, Robert de Rabutin, lisez : Roger de Ra- 
butin. 

249 , note (3) , ligne 4>«, montrer à haut , lisez : montrer à un 
haut. 

270 , ligne 2 , comme un aigle , lisez : comme une aigle. 
Itid, ligne 7 , et dont ses fils , lises ; et dont les fils. 

342 , ligne 1 3 , de Montagu , lisez : de Montaigu. 

347 , ligne 10, collines Appenelle, /«ses .-collines de TAppenelle. 
321 , ligne 22, partie jusqu'au , lisez : partie qu'au. 
325 , ligne 15 , venons do parler, lisez : venons de citer. 
342 , ligne 9 et 1 0 , ceintrc qui supportant » lisez : cintre qui 
supportent. 

316 , ligne 28 , plein ceintre , lisez : plein cintre. 
367 , ligne 47, qu'il retombât , (tK qu'il ne tombât. 



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